Suède - Allemagne (7 mai 2002)

 

Quart de finale des Championnats du monde 2002 de hockey sur glace.

Le syndrome du Bélarus plane sur la Suède, confrontée en quart de finale à un "petit" présumé, l'Allemagne. Mais le pays organisateur a pu accueillir un joker important avec Markus Näslund, le deuxième meilleur marqueur de la saison NHL. C'est Davidsson qui en fait les frais et sort de l'effectif. Quant aux Allemands, ils ont profité des changements autorisés avant les quarts pour appeler le jeune David Sulkovsky en remplacement d'Abstreiter blessé, et pour remplacer un fils d'une grande famille de hockey tchèque par un autre (Martin Reichel, dont la femme est sur le point d'accoucher, par Tomas Martinec). Hans Zach fait remarquer à juste titre avant le match que les renforts suédois arrivent directement des play-offs NHL, alors que les siens débarquent de vacances, et semblent parfois un peu à court de condition. Un handicap de plus à l'heure de se frotter aux "gros" en quarts de finale...

L'Allemagne entre bien dans le match mais cède à la dixième minute quand une petite passe en arrière de Jonas Johnson libère intelligemment Axelsson. Il fallait cette petite finesse pour tromper une défense allemande toujours fidèle à son sujet et bien positionnée. Elle en est récompensée en fin de tiers par un superbe tir de la bleue de Christian Ehrhoff, qui égalise en supériorité numérique alors que les Suédois ont été pénalisés pour surnombre. Et l'incroyable se produit : à la toute dernière seconde, Soccio dévie un lancer de ce même Ehrhoff. On discute pour savoir si le but a été marqué avant ou après la sirène, mais il est bel et bien validé. La Suède croit revivre ses pires cauchemars : elle a eu le contrôle du palet mais est tombée à pieds joints dans le piège tendu par les hommes de Hans Zach.

Les Allemands coupent toutes les positions de tirs aux Suédois, qui s'énervent à force de batailler dans les coins. Une deuxième pénalité scandinave, pour une charge avec la crosse de Falk, plonge le public dans l'angoisse, quand on sait les conséquences de la première... Mais c'est Tjärnqvist qui place un contre en infériorité, même s'il voit un Seliger magistral reprendre le rebond. La tâche des attaquants suédois, déjà en difficulté pour se défaire de la défense adverse, se complique en pensant à ce gardien qui s'est révélé cette saison. Mais le harcèlement paye : dans la dernière seconde d'un jeu de puissance suédois, après deux parades consécutives, Seliger perd de vue le palet qui s'envole à la verticale. C'est Ronnie Sundin qui l'a le mieux suivi des yeux et qui le cueille à son point de chute pour l'égalisation. Le but allemand se transforme alors en camp retranché ; les assauts des lignes jaunes aux trois couronnes ne connaissent aucune trêve. Mais les Scandinaves n'arrivent pas à faire la différence, comme dans un certain match dont on leur a tellement rebattu les oreilles. Finalement, le sauveur est le défenseur-buteur Pierre Hedin, qui place une accélération décisive et est bien servi devant le but par Andersson.

Les Suédois se souviennent qu'ils menaient exactement sur le même score (3-2) aux Jeux Olympiques face à qui vous savez avant d'aborder le troisième tiers-temps. Tout le monde retient donc son souffle. L'Allemagne joue le jeu et parvient à garder les Scandinaves à distance tout en plaçant des contres. Elle n'hésite pas à prendre des risques et est souvent à deux doigts de se faire contrer le palet par le pressing très haut du "torpedo" suédois. Impuissante au deuxième tiers, elle arrive maintenant à être dangereuse et Tommy Salo doit arrêter un bon tir de bleue de Benda. Mais sur la mise au jeu, une longue passe de Näslund trouve Huselius, qui glisse le palet entre les jambières de Seliger au grand soulagement de tout un peuple. Touchée mais pas accablée, l'Allemagne continue à prendre sa chance dans le même esprit. Malheureusement, Christian Ehrhoff s'énerve et prend une pénalité stupide pour avoir ceinturé et délicatement déposé sur la glace son gros bébé Zetterberg. La supériorité est concrétisée par Ronnie Sundin qui dévie un tir de Markus Näslund. Tomas Martinec commet lui aussi un geste inutile et répréhensible, ce qui provoque le 6-2 de Näslund. L'Allemagne ne mérite pas ces fautes coupables car elle a parfaitement tenu son rang. Les Suédois ont en effet dû cravacher pour exorciser leurs démons et vaincre enfin le signe indien.

Élus meilleurs joueurs du match : Per-Johan Axelsson pour la Suède et Christian Ehrhoff pour l'Allemagne.

Les trois meilleurs Allemands de la compétition : Marc Seliger, Jan Benda et Jürgen Rumrich.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Hardy Nilsson (entraîneur de la Suède) : "L'Allemagne a bien joué tout au long du tournoi. Je pense que nos joueurs étaient un peu nerveux en rentrant sur la glace. Nous n'avons pas joué aussi vite que nous le voulions, mais nous avons commencé à mieux patiner en deuxième période et à mettre de la pression. Nous avons pris confiance en nous. Notre adversaire n'était pas seulement l'Allemagne, mais également nos propres nerfs."

Kim Johnsson (Suède) : "Nos unités spéciales ont vraiment bien joué. Il est important que le jeu de puissance fonctionne. Nous savions qu'ils seraient très vaillants, ils nous ont rendu la vie dure, mais à la fin, ils n'ont rien pu faire face à notre endurance."

Hans Zach (entraîneur de l'Allemagne) : "Nous avons pu rêver durant un tiers-temps. Les Suédois sont des experts du palet et des patins. Mon équipe a disputé un tournoi énorme. C'était peut-être le meilleur Mondial de son histoire. Maintenant, je pars pour Cologne, où je donnerai quelques conseils aux gens chargés de la formation, avant de retrouver ma condition de pêcheur à Bad Tölz. Je vais vraisemblablement prolonger pour deux ans, car je suis trop jeune pour une pension de quatre ans."

Jürgen Rumrich (capitaine de l'Allemagne) : "Les Suédois ont réagi très fort après nos deux buts, ils nous ont enfoncé après le quatrième but. Mais nous avons effectué un très bon tournoi et nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli. Notre objectif futur doit être de s'établir parmi les huit meilleurs. En ce qui me concerne, c'était mon dernier match. Si Hans Zach m'appelle un jour et me dit qu'il a trop de blessés, bien entendu, je l'aiderai. Mais sinon, c'était la fin pour moi. J'en ai discuté avec Zach, c'est pour moi le bon moment. Je préfère m'arrêter alors que je suis encore au plus haut, et pas lorsque les gens commenceront à se demander quand ce Rumrich s'arrêtera enfin. Cela me fait 166 matches internationaux dont 50 en championnats du monde. Pas autant qu'Udo Kiessling qui a eu plus de 300 sélections. La fin de ma carrière n'a donc rien d'un évènement révolutionnaire."

Christian Ehrhoff (Allemagne) : "Malheureusement, ça a pris l'allure d'une petite dérouillée. Je pense que nous aurions mérité un meilleur résultat, même si nous sommes globalement contents de notre tournoi. Nous nous sommes mis en difficulté avec des pénalités et des présences trop longues. Nos défenseurs ont dû rester trop longtemps sur la glace. Nous aurions dû dégager plus souvent. Finalement, l'endurance a fait la différence. Les Suédois étaient probablement un peu plus forts. La déception de la défaite surpasse le fait que j'ai été impliqué dans les deux buts. Je ne pense pas que les scouts de San José soient plus intéressés à moi aujourd'hui qu'hier."

 

Suède - Allemagne 6-2 (1-2, 2-0, 3-0)
Le 7 mai 2002 à 20h00 au Scandinavium de Göteborg. 10064 spectateurs.
Arbitrage de Sergei Karabanov (RUS) assisté de Daniel Stricker (SUI) et Niklas Kronborg (NOR).
Pénalités : Suède 10' (4', 4', 2'), Allemagne 16' (4', 6', 6').
Tirs : Suède 33 (11, 16, 6), Allemagne 16 (9, 2, 5).

Évolution du score :
1-0 à 09'18" : Axelsson assisté de Huselius et Johnson
1-1 à 17'35" : Ehrhoff (sup. num.)
1-2 à 19'59" : Soccio assisté d'Ehrhoff et Benda
2-2 à 31'15" : Sundin assisté de Zetterberg
3-2 à 36'50" : Hedin assisté d'Andersson et Nylander
4-2 à 49'15" : Huselius assisté de Näslund et Tjärnqvist
5-2 à 52'24" : Sundin assisté de Näslund et Huselius (sup. num.)
6-2 à 55'16" : Näslund assisté de Huselius et Sundin (sup. num.)
 

Suède

Attaquants :
Kristian Huselius - Jonas Johnson - Per-Johan Axelsson
Ulf Dahlén - Andreas Johansson - Markus Näslund
Henrik Zetterberg - Jorgen Jönsson - Mattias Weinhandl
Michael Nylander - Nichlas Falk - Niklas Andersson
Mathias Johansson

Défenseurs :
Ronnie Sundin - Magnus Johansson
Pierre Hedin - Thomas Rhödin
Daniel Tjärnqvist - Kim Johnsson
Thomas Johansson

Gardien :
Tommy Salo

Remplaçant : Stefan Liv (G).

Allemagne

Attaquants :
Tomas Martinec - Stefan Ustorf - Jürgen Rumrich
Klaus Kathan - Leonard Soccio - Andreas Morczinietz
Daniel Kreutzer - Boris Blank - Andreas Loth
David Sulkovsky - Wayne Hynes - Eduard Lewandowski

Défenseurs :
Patrick Köppchen - Christoph Schubert
Jan Benda - Christian Ehrhoff
Erich Goldmann - Jochen Mölling
Dennis Seidenberg - Andreas Renz

Gardien :
Marc Seliger

Remplaçant : Robert Müller (G).

 

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