Allemagne - France (11 avril 2002)

 

Match international.

Cette fois, Karl Dewolf est bien présent sur la glace de Schwenningen pour un ultime test. Il a pris la place, numérique, de Nicolas Pousset. L'équipe d'Allemagne a été remaniée par la titularisation de cinq nouveaux joueurs. Aucun des quatre blocs germaniques n'est identique à ceux de la veille. Même le gardien a été changé. Pourtant, les joueurs d'Hans Zach démarrent, comme hier et comme leurs supporters, tambour battant. Sur une échappée d'Andreas Morczinietz, Patrick Rolland doit faire preuve d'un certain talent pour endiguer l'action du joueur d'Augsbourg (4'21). Les Allemands bénéficient d'un avantage numérique que les Français annihilent bien (7'05). Si bien qu'ils vont même jusqu'à se créer une belle chance par l'intermédiaire de Yorick Treille qui trouvera, à la parade, Markus Janka, le gardien allemand (7'03). Les Bleus rentrent enfin dans la partie. Ils vont à leur tour jouer une pénalité. Malgré deux lancers précis dont un de Vincent Bachet bien placé et isolé dans le slot, ils n'ouvrent pas le score (10'50). Ensuite, Stéphane Barin hérite d'une bonne chance mais ses trois tentatives sont mises en échec par le portier adverse (12'36). L'équipe de France va bien mieux depuis cinq minutes. Une crosse haute allemande sur Yorick Treille va peut-être permettre aux Bleus d'ouvrir le score (13'56). Les joueurs d'Heikki Leime vont encore se créer deux possibilités de tir mais sur un palet mal négocié à la bleue, Daniel Kreutzer, bien lancé par Tobias Abstreiter, s'en va seul et d'une belle feinte l'attaquant se joue de Patrick Rolland. Le joueur de Kassel ouvre la marque au plus fort de la domination française (1-0 à 15'45). Ce but va légèrement casser le rythme et il ne se passera plus rien de notable jusqu'à la fin de cette première période.

Le tiers médian sera opportuniste. Il y aura moins de lancers mais curieusement plus d'occasions et trois buts. Mais d'abord, les Français, n'accordant qu'un petit lancer aux Allemands, vérifient une fois de plus que leur jeu en désavantage numérique fonctionne très bien (24'07). Pour ensuite égaliser de près sur leur quinzième tir de la soirée, Richard Aimonetto reprenant une passe courte de Yorick Treille (1-1 à 24'18). Moins de deux minutes plus tard, Arnaud Briand voyait son envoi dévié par le gardien d'en face (26'12). Les supporters, un peu décevants compte tenu de leur réputation, déchantaient. Ils allaient retrouver de la voix, quand Erich Goldmann leur faisait prendre les devants en reprenant instantanément dans le haut de filets une passe précise de l'incontournable Tobias Abstreiter lancé en contre sur la droite par Daniel Kreutzer (2-1 à 29'00). C'était le treizième lancer allemand. Quelques secondes plus tard, les coéquipiers d'Arnaud Briand ne passaient pas loin du KO sur un tir de Robert Francz si Patrick Rolland n'était pas intervenu avec brio (29'23). Sur l'arrêt de jeu suivant, Hans Zach testait un nouveau jeune cerbère. C'est le "Torhüter" d'Iserlohn, Dimitrij Kotschnew, qui se plaçait devant le filet allemand (29'41). Il n'eut pas le temps de s'échauffer. Yven Sadoun était démarqué dans le haut de l'enclave et héritait d'un excellent travail des ses compères de ligne, Richard Aimonetto et Jonathan Zwikel. L'ailier droit ne se posait pas de question. Il envoyait une mine dans le haut de l'épuisette à la gauche du portier (2-2 à 30'14). Seulement, au lieu de subir cette égalisation, les joueurs d'outre-Rhin réagissaient aussitôt par l'intermédiaire de Klaus Kathan qui ne trouvait qu'un bon Patrick Rolland sur la trajectoire de son essai (31'26). Dans cette seconde partie de tiers, les Bleus auront deux jeux de puissance en leur faveur (32'24 & 35'05). Ils parviendront à bien s'installer et arriveront à lancer trois fois dans le cadre mais ils ne parviendront pas à marquer. Les deux équipes batailleront encore mais les défensives prendront le dessus jusqu'à la fin de cette période.

Au dernier engagement, préventivement, Stéphane Barin ne reprendra pas le jeu. Néanmoins, Heikki Leime fera jouer ses hommes à quatre lignes. Les ailiers droits permutaient une fois de plus que leurs partenaires. Les Allemands allaient rapidement surprendre les Français. Andreas Morczinietz ne laissait aucune chance à Patrick Rolland (3-2 à 41'33). Un but qui faisait mal au moral. Surtout conjugué à la sortie d'Allan Carriou, groggy à la suite d'une violente charge le long du plexi (41'46). Après le match, l'arrière rouennais, conscient mais un peu amnésique, sera emmené à l'hôpital pour des examens complémentaires qui devraient confirmer ou non le premier diagnostic - commotion cérébrale - du staff médical français. Sans doute choqués par ce KO impressionnant, les Bleus allaient mettre beaucoup de temps à revenir dans la partie. Des cinq minutes d'attaque à cinq accordées par l'arbitre à la suite de l'accident d'Allan Carriou, les Bleus n'allaient réellement en jouer que la moitié. Cela leur permit tout de même d'adresser trois tentatives sans qu'aucune ne soit concluante. Les Français ne se découragèrent pas pour autant. Dans un 3 contre 2, Yorick Treille ou Jonathan Zwikel auraient pu trouver la faille (49'36). Sur l'offensive suivante, la "Nationalmannschaft" créait la cassure par l'intermédiaire de Daniel Kreutzer. L'Allemand réussissait le doublé à la faveur d'une nouvelle assistance de Tobias Abstreiter (4-2 à 50'19). C'était un nouveau coup au moral des Français, les locaux ajoutaient même un cinquième but par le défenseur d'Essen, Erich Goldmann. À son tour, il inscrivait le doublé dans cette partie sur un nouveau service de Tobias Abstreiter (5-2 à 54'54). Au regard des deux premiers tiers, le score est bien sévère pour des Français généreux dans l'effort et auxquels il ne manquait pas grand chose encore ce soir, pour faire trébucher une équipe allemande qui, ne l'oublions pas, fait partie de l'élite mondiale et qui a été quart de finaliste aux derniers Jeux Olympiques de Salt Lake City.

Hans Zach s'estimait satisfait de ce deuxième test et de la performance de ses jeunes gardiens, mais l'Allemagne déplorait le probable forfait pour les championnats du monde de Thomas Greilinger, qui s'était blessé à l'épaule.

Désignés joueurs du match : Tobias Abstreiter pour l'Allemagne et Olivier Coqueux pour la France.

Thierry Frechon

 

Interviews (par Thierry Frechon) :

Nano Pourtier (avant le match)

- Est-ce que le stage du point de vue de l'organisation se déroule correctement ?

Sans problème aucun. Nous avons fait quatre bonnes journées à Mulhouse, après deux bons matches contre le Danemark, hier (mercredi) aussi contre les Allemands et ce soir (jeudi) le dernier match de préparation et nous partons en car dès demain (vendredi) pour Eindhoven.

- S'il y en a, quelles ont été les leçons retenues du Mondial de l'an dernier du fait du mauvais résultat obtenu ?

D'abord, pour nous ce n'était pas un mauvais résultat puisque nous avons quand même terminé deuxièmes de ce tournoi même si nous n'avons pas joué les équipes moins fortes que nous comme nous le souhaitions. Ensuite en terme d'organisation, l'an dernier cela c'était bien passé. Cette année, compte tenu de l'événement il fallait faire d'autres choix. Nous avons choisi les équipes du Danemark et de l'Allemagne qui sont à peu près de notre niveau car c'est délicat de se préparer contre des équipes beaucoup plus faibles contre lesquelles on n'acquiert pas assez de rythme. Il n'y avait pas de leçon à retenir ni sur l'organisation, ni sur la préparation de l'an dernier mais plutôt sur la façon de jouer les matches.

- Dans le cadre d'un championnat du monde, le pays qui reçoit prend toute l'organisation à sa charge ou l'équipe de France est-elle autonome ?

C'est le pays qui reçoit qui organise et qui met en place toute la logistique pendant les jours officiels. À savoir, nous arrivons le 12 au soir donc en terme financier la journée du 13 avril est à notre charge et après du 14 au 20 avril c'est l'organisation qui en à la charge.

- C'est donc l'organisation officielle qui décide que telle équipe s'entraînera sur telle glace à telle heure.

Tout à fait, les entraînements officiels découlent du classement mondial. Un certains nombre de choix nous sont proposés suivant notre classement et nous devons donner notre accord écrit sur les horaires d'entraînements. Quant au(x) jour(s) d'avant, c'est un arrangement à l'amiable entre les Pays-Bas et moi-même pour choisir les horaires de glace.

- Pour en terminer sur l'organisation, les Français n'ont aucun souci à avoir ?

Aucun souci. Mis à part des petites blessures (propos tenus avant le match donc avant l'accident d'Allan Carriou), Karl Dewolf est arrivé blessé, Yven Sadoun aussi, a priori ça devrait aller. Nous avons des petits soucis quand même avec le club suédois de Björklöven puisqu'ils ont du mal à nous libérer les frères Rozenthal.

- Les frères Rozenthal sont tout de même annoncés pour le début des championnats du monde !?

Oui, mais on a toujours pas définitivement réglé le problème puisque, au départ, l'entraîneur de Björklöven devait nous les laisser à disposition, mais au cours d'une réunion à laquelle les frères Rozenthal ont assisté, il a été décidé par le club suédois de ne pas les laisser à notre disposition avant le 18 avril et aujourd'hui, comme par hasard, l'entraîneur est devenu injoignable. Pour nous, cela pose quelques soucis et je suis actuellement en train de gérer le problème.

- Quels sont les objectifs de l'équipe de France pour ce championnat du monde ?

Les objectifs restent toujours les mêmes, remonter dans le groupe A. Cela ne va pas être facile notamment avec le Bélarus qui a terminé quatrième des derniers Jeux Olympiques. Donc rien est gagné, rien est perdu, c'est à nous de gérer les matches comme il le faut. Ceci étant, cela ne sera pas une mince affaire face au Bélarus.

Arnaud Briand (après le match)

- Quel bilan peut-on tirer de ces quatre matches amicaux avant les championnats du monde ?

Dans un sens ce n'est pas trop mal, nous avons réussi à ressouder l'équipe après les départs de Philippe (Bozon) et Pépé (Denis Perez). C'était important que chacun se rende compte du travail qu'il avait à faire et des responsabilités à prendre. On a vu ce soir que nous avons faibli dans certains domaines, ça fait prendre conscience à tout le monde que nous ne sommes pas arrivé, qu'il va falloir être beaucoup plus vigilant qu'on ne l'a été.

- Avez-vous l'impression, hormis un mauvais passage dans le troisième tiers de ce soir, qu'il y a des progrès dans le jeu de l'équipe notamment sur les supériorités numériques ?

Oui, c'est parce que l'équipe commence à s'habituer à jouer dans les situations (jeu de puissance). On a changé aussi notre façon de faire, ça prend naturellement quelques matches et cela va de mieux en mieux, mais ce qui est surtout dommage c'est que nous encaissons des buts du fait de nos propres erreurs, nous faisons une petite faute et tout de suite c'est une contre-attaque adverse qu'il est difficile de reprendre. C'est surtout ce genre d'erreurs qu'il faudrait amoindrir, je pense.

- Quelles sont ces types d'erreurs ?

Ce sont plutôt des petites erreurs de concentration. C'est souvent le cas pendant les matches amicaux, avant les championnats du monde, il y toujours la petite peur, le petit truc... Ça n'aide pas non plus, et puis c'est le quatrième match en cinq jours, avec en plus ce que l'on a fait à l'entraînement depuis deux jours c'est assez fatigant aussi... C'est plus à ce niveau-là que ça ce joue, je ne pense pas que ce soit trop grave, c'est de l'inattention. C'est bien que ça arrive maintenant, ça nous fait réagir et on se rend bien compte qu'il faut être concentré à chaque fois qu'on embarque sur la glace.

- Quels sont les objectifs de l'équipe de France pour les championnats du monde ?

C'est clair que nous, joueurs, on aime gagner et puis aller le plus loin possible, donc... On va jouer pour la montée tout simplement et j'espère que ce sera possible, que l'on ne fera pas les petites erreurs que l'on a pu faire dernièrement.

- Quelles sont les nouvelles des blessés, Allan Carriou qui n'a pas repris le jeu après une charge au cours de la troisième période, Karl Dewolf qui a fait son retour aujourd'hui et Stéphane Barin qui n'est pas remonté sur la glace au troisième tiers ?

C'est très décevant pour Allan (Carriou), je pense qu'il a une petite commotion, il est parti à l'hôpital par sécurité dans un premier temps. J'ai bien peur que ce soit terminé à une courte échéance pour lui car touché à la tête il risque de souffrir. En ce qui concerne Karl (Dewolf), lui, il s'est plutôt bien remis, il avait dit jusqu'au 10, il a fait un essai en ayant fait beaucoup de soins. Les kinés ont bien travaillé avec lui, et il a pu s'entraîner un peu plus tôt avec nous, ça a l'air d'aller, c'est déjà une bonne chose. Et Stéphane (Barin), c'est préventif. Il a pris un petit coup à l'épaule donc Heikki (Leime) a décidé de prendre aucun risque en troisième période, c'est la semaine prochaine que l'on aura besoin de Stéphane.

 

Allemagne - France 5-2 (1-0, 1-2, 3-0)
Jeudi 11 avril 2002 à 20h00 à Schwenningen. 3200 spectateurs.
Pénalités : Allemagne 17' (6', 4', 2'+5') ; France 8' (4', 2', 2').
Tirs : Allemagne 25 (10, 5, 10) ; France 33 (14, 8, 11).
Supériorités : 0/3 (0/1, 0/1, 0/1) et 3 tirs pour l'Allemagne ; 0/6 (0/2, 0/2, 0/2) et 10 tirs pour la France.

Évolution du score :
1-0 à 15'45" : Kreutzer assisté d'Abstreiter (inf. num.)
1-1 à 17'18" : Aimonetto assisté de Treille
2-1 à 29'00" : Goldmann assisté d'Abstreiter et Kreutzer
2-2 à 30'14" : Y. Sadoun assisté d'Aimonetto et Zwikel
3-2 à 41'33" : Morczinietz assisté de Soccio
4-2 à 50'19" : Kreutzer assisté d'Abstreiter
5-2 à 54'54" : Goldmann assisté d'Abstreiter
 

Allemagne

Attaquants :
David Sulkovsky - Martin Reichel - Vitalij Aab
Klaus Kathan - Leonard Soccio - Andreas Morczinietz
Tomas Martinec (2') - Tobias Abstreiter - Daniel Kreutzer
Boris Blank (2') - Nikolaus Mondt - Robert Francz (2'+5')

Défenseurs :
Jochen Molling - Nico Pyka
Christian Ehrhoff (2') - Daniel Kunce
Erich Goldmann (A, 2') - Frank Appel
Lars Brüggemann (2') - Christian Schönmoser

Gardien :
Markus Janka puis Dimitrij Kotschnew à 29'41"

En tribune : Marc Seliger (G). Absents : Thomas Greilinger, Robert Hock, Thomas Daffner, Stephan Retzer (blessés), les joueurs de Munich, Mannheim et Cologne (c'est-à-dire Seidenberg, Smazal, Schubert, Ustorf, Lüdemann et Renz)

France

Attaquants :
Stéphane Barin - Arnaud Briand (C) - Guillaume Besse
Yven Sadoun - Richard Aimonetto - Jonathan Zwikel
Yorick Treille - Olivier Coqueux (2') - Laurent Meunier
Benoît Bachelet (2') - Laurent Gras - Brice Chauvel

Défenseurs :
Benoît Pourtanel - Vincent Bachet (2')
Jean-François Bonnard (2') - Simon Bachelet
Allan Carriou - Baptiste Amar
Karl Dewolf

Gardien :
Patrick Rolland

Remplaçant : Cristobal Huet (G). En tribune : Fabrice Lhenry (G).

Absents : Anthony Mortas (jeune papa), François et Maurice Rozenthal (retenus avec Björklöven).

 

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