Linz - Villach (31 mars 2002)

 

Première manche de la finale du championnat d'Autriche 2001/2002.

La saison historique de Linz trouve sa consécration dans cette facile qualification pour la finale (la première depuis 1989 avec un club ne venant pas de Carinthie ou du Voralberg), pour laquelle les billets se sont vendus comme des petits pains sur les bords du Danube. Les "Black Wings" l'abordent avec confiance puisque tous les blessés ou malades sont à nouveau sur pied. Mais l'avantage de la glace ne paraît pas une garantie de succès, dans la mesure où chacune des deux équipes s'est imposée deux fois chez l'adversaire en saison régulière. Fort de sa grande expérience, Villach est en pleine confiance. En demi-finale, le VSV a battu Klagenfurt après avoir perdu les deux premières manches, renversement de situation qui ne s'était jamais vu dans le derby de Carinthie. Son entraîneur Ron Kennedy, qui a remis en place à cette occasion le style traditionnel du club à base de fore-checking intensif, veut aussi mettre l'accent sur la vitesse de patinage et surtout sur la discipline défensive, en raison de la force adverse en jeu de puissance. Après avoir accordé deux jours de repos à ses joueurs, il a insisté sur ces points lors de la préparation. L'équipe est déjà à Linz depuis la veille, en raison de l'heure précoce de la rencontre (14h15).

En ce dimanche de Pâques, la patinoire de Linz fait salle comble et résonne d'une ambiance des grands jours. Le premier tir cadré est pour les locaux et pour Eichberger, et la première pénalité pour les visiteurs, contre Stefan Wiedmeier (accrocher). Linz s'installe et Peintner et Alekhin prennent de bons lancers, mais Villach résiste bien. Ce n'est que lorsque Villach se retrouve à son tour en supériorité numérique qu'il se montre enfin dangereux. Pavel Nestak, suppléé par le patin d'un de ses défenseurs alors que le palet prenait le chemin des filets, s'interpose aussi sur des tirs de la bleue de Stewart et Kromp. La pression a changé de camp. Les visiteurs ont désormais l'emprise sur le match et se créent les meilleurs occasions, par un contre de Wiedmeier ou encore par Pewal, qui rabat le palet de sa main et le reprend de volée, et en toute fin de tiers par Kaspitz dont le tir dévié sur une passe est capté par la bonne mitaine de Nestak. Linz doit dans cette période une fière chandelle à son gardien tchèque, car, pour ce qui est de l'attaque, le bilan est pauvre et trop souvent limité à des lancers de la ligne bleue.

Linz, qui a pour coutume de faire la différence au deuxième tiers, ne déroge pas aux bonnes habitudes et marque dès la reprise par un tir du poignet de Rick Nasheim, bien servi par Philipp Lukas, jeune attaquant désireux de faire impression sur le coach adverse Kennedy, qui est aussi celui de la sélection et qui l'avait écarté en dernier de l'effectif olympique. Le gardien de Villach, Gert Prohaska, s'interpose ensuite sur une échappée de Puschnik, mais s'incline une deuxième fois, en infériorité, face à Markus Peintner, qui se démarque par une course diagonale et reprend une passe de la droite de Raimund Divis, auteur d'un bon travail le long de la bande. Atteints au moral par ces deux buts en trois minutes, les joueurs de Villach s'énervent et Herbert Hohenberger se rend coupable d'un mauvais geste. Ron Kennedy demande alors un temps mort pour calmer et recadrer sa troupe. L'effet dure le temps d'une infériorité numérique bien négociée, au cours de laquelle une passe hasardeuse de Hucko en zone offensive est interceptée par Hinks qui échoue sur Nestak. Mais Linz repasse bien vite à l'attaque et il faut que Prohaska sorte le grand jeu sur un rebond périlleux, sur un lancer lointain ou encore sur une combinaison Szücs-Peintner. Peu à peu, Villach retrouve de la contenance en zone neutre et parvient à réduire le score contre le cours du jeu à la mi-match grâce à une magnifique une action individuelle de Wolfgang Kromp : il tire sur Nestak depuis la zone neutre, récupère le palet détourné contre la bande, évite une mise en échec manquée de Nasheim, repique au centre et glisse la rondelle sous le bras du gardien tchèque. Peu après l'engagement, Christian Perthaler se blesse sur un duel et est brièvement remplacé sur le premier bloc par le tout jeune international Oliver Setzinger, que Bernd Damm supplée en troisième ligne. Cinq minutes plus tard, après que Kromp a manqué l'égalisation alors qu'il avait la cage ouverte, Perthaler revient sur la glace et obtient une bonne occasion non transformée. le palet passe d'un côté à l'autre dans la foulée, mais ni Kaspitz pour Villach, ni Setzinger pour Linz, ne mettent à profit leurs contre-attaques. Les locaux paraissent tout de même avoir repris le contrôle du match en s'appuyant avant tout sur leur assise défensive.

Les deux équipes se recroquevillent dans le troisième tiers-temps et les actions se font rares. Linz adopte une tactique de contre-attaque, mais ni Eichberger ni Salfi ne transforment leurs occasions. Quant aux attaquants de Villach, ils ne trouvent toujours pas la faille chez Nestak : Searle, Kaspitz seul face au but, Floriantshitz et Kromp échouent chacun leur tour. Villach se fatigue et, perdant patience, abandonne tout sens tactique pour se lancer dans des passes hasardeuses balancées pour tenter de porter le danger devant le but adverse, que la défense locale contrôle parfaitement. Linz gagne en confiance et repasse à l'offensive dans les dernières minutes, par Perthaler, Szücs ou Peintner. Le score ne bouge cependant pas et Ron Kennedy peut sortir son gardien à quarante secondes de la sirène. Par trois fois, les joueurs de Linz manquent le filet désert. Ils auront de quoi le regretter après les derniers instants fatidiques. Tom Searle dégage désespérément sa zone, le palet est dévie par le patin de Nasheim, rebondit contre la balustrade derrière la cage et revient devant le but où Kromp, tout seul, tire sur Nestak, avant que Hinks ne transforme le rebond... à la toute dernière seconde. Incroyable moment d'inattention des joueurs locaux dont certains étaient déjà en train de célébrer leur victoire ! Le public, qui croyait également le succès acquis, gratifie l'arbitre d'une bordée de sifflets pour réclamer un dégagement interdit sur l'action. Quelques excités arrosent même de bière le banc de Villach.

La prolongation ne donnant rien, tout se joue aux tirs au but. Les deux premiers tireurs de chaque camp manquent leur tentative, et Salfi est le premier à réussir pour les visiteurs. Setzinger rate à son tour, alors que Hohenberger creuse l'écart. Peintner marque un penalty de la dernière chance, mais le héros du jour, Rod Hinks, met fin aux débats. Une victoire dans de telles circonstances est évidemment d'une importance psychologique capitale pour Villach. Les joueurs de Linz paient sans doute leur inexpérience des finales lors de ces dernières secondes fatales qu'ils risquent de se remémorer encore longtemps.

 

Commentaires d'après-match :

Markus Peintner (Linz) : "Aucun de nous n'a été dans sa forme habituelle, moi aussi j'ai commis de coûteuses erreurs défensives. Mardi, nous devons prendre plus de précautions et agir de façon plus attentiste."

Gert Prohaska (Linz) : "Mes réflexes n'ont pas été bons sur les deux buts adverses. Mais cela parle pour le caractère de cette équipe qu'elle ait su remonter après avoir été menée 0-2."

Herbert Hohenberger (capitaine de Villach) : "Au premier tiers, nous étions réfléchis, après le 0-2 nous avons cessé de suivre nos concepts tactiques. Mais notre victoire dans le derby en demi-finale a blindé notre confiance et nous avons su ensuite jouer calmement - et réussir à égaliser. Au prochain match, nous ne devrons pas aborder le match avec agressivité, mais mieux construire le fore-checking."

 

Linz - Villach 2-2 (0-0, 2-1, 0-1, 0-0) / 1-3 aux tirs au but

Dimanche 31 mars 2002 à 14h15 à la patinoire de Linz. 3400 spectateurs.

Arbitre : M. Schiffauer assisté de MM. Neuwirth et Mandler.

Tirs : Linz 36, Villach 36.

Pénalités : Linz 4', Villach 8'.

Évolution du score :

1-0 à 20'30" : Nasheim assisté de P. Lukas et Kuchyna.

2-0 à 23'36" : Peintner assisté de Ra. Divis et Alekhin.

2-1 à 30'26" : Kromp assisté de Searle.

2-2 à 59'59" : Hinks assisté de Kromp.

Tirs au but :

Villach : Pusnik (raté), Lanzinger (raté), Salfi (réussi), Hohenberger (réussi), Hinks (réussi).

Linz : Puschnik (raté), P. Lukas (raté), Setzinger (raté), Peintner (réussi).

 

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