Metallurg Magnitogorsk - Lokomotiv Yaroslavl (27 mars 2002)

 

Demi-finale du championnat de Russie 2001/2002, troisième manche.

Le Metallurg, qui reste sur une série de quatorze victoires consécutives à domicile en play-offs, ne peut plus se permettre la tactique défensive employée à l'extérieur. Après deux défaites, il est au pied du mur et doit désormais tenter le tout pour le tout. Mais il devient très vite évident que Yaroslavl en a encore sous le pied, alors que Magnitogorsk est obligé de se livrer à fond pour rivaliser. Les risques pris se paient par des erreurs défensives, qui permettent à Jan Peterek de partir deux fois en contre-attaque. Igor Karpenko arrête la première, mais pas la seconde après un quart d'heure de jeu. Certes, Evgueni Korechkov parvient à égaliser trois minutes plus tard en supériorité numérique après avoir désorienté la défense du Lokomotiv. Mais l'équipe locale ne parvient pas à conserver ce score de parité jusqu'à la pause, car Tkatchenko égalise d'un mouvement éclair sur une passe de Kryukov. L'arbitre se demande comme beaucoup comment le palet est rentré, et fait appel à la vidéo pour que le ralenti permette de décortiquer l'action de Tkatchenko, une superbe reprise instantanée.

Yaroslavl tente de faire monter la pression en début de deuxième période, mais cela a surtout pour effet de renforcer Magnitogorsk qui bénéficie de quelques contres. Le Metallurg prend confiance et atteint alors sa meilleure période. Il met toujours autant de motivation dans son jeu mais est mieux ordonné et réussit des mouvements plus fluides en attaque. Après cinq minutes de jeu, Kuznetsov s'échappe sur la gauche et passe à Karpov qui trouve la lucarne depuis la bleue et égalise. Peterek tente de répliquer deux minutes plus tard en décalant idéalement Korolev, mais celui-ci ne profite pas de l'ouverture. Magnitogorsk rassemble ses dernières forces pour attaquer mais un tir à cinq mètres de Klimentiev heurte le poteau de Podomatsky. Et en fin de compte, l'élan offensif des locaux est cassé par une pénalité contestable sifflée contre Gusmanov.

À la reprise, le Metallurg fait tout ce qui est en son possible pour prendre l'avantage et pousse avec l'énergie du désespoir. Alors que Krasotkin purge les dernières secondes d'une pénalité sifflée pour une charge incorrecte sur Mikhaïlov, celui-ci est descendu en zone neutre par Chakhraïtchuk. Mais l'arbitre n'a pas vu ce vilain geste, seulement l'attaquant étendu sur la glace, qui devra être soigné par le docteur Noviokov car il saigne. Les spectateurs rumineront d'autant plus cet incident après une fin de match défavorable. Alors qu'on sent qu'un but peut venir à tout moment, ce sont les visiteurs qui marquent les premiers, à l'avant-dernière minute. La faute au défenseur Alekseï Litvinenko, qui, au lieu de relancer vers un partenaire alors qu'il a plein de solutions, ralentit à sa ligne bleue. Pour l'expérimenté attaquant tchèque Jan Peterek, c'est du pain béni : après avoir plongé sur le palet, il se relève et va feinter le gardien pour s'assurer un doublé ô combien important. A une minute et une seconde de la fin, Valeri Belousov sort son gardien, et Podomatsky doit s'employer pour empêcher l'égalisation de Kalyuzhny. Mais c'est Andreï Kovalenko qui inscrit le dernier but dans la cage vide à trois secondes de la sirène. Le club "métallo" de l'Oural est éliminé.

Dans la nuit, il a neigé à Magnitogorsk, et ce pour la deuxième fois en trois jours, du jamais vu à cette période de l'année. La météo s'était mis au diapason de l'évènement. L'équipe dominatrice du championnat russe ces dernières saisons a été ensevelie de manière implacable, et sans avoir rien à se reprocher. Il faut dire qu'il ne reste plus personne en réserve, et que Golts a dû encore une fois jouer diminué pour permettre d'aligner quatre lignes d'attaque complètes (pour sept défenseurs). Avec ce handicap supplémentaire des nombreuses absences, dont celle de l'essentiel Aleksandr Korechkov, il n'y avait rien à faire, car le Lokomotiv était tout simplement trop fort. Avant de se rendre à cette évidence, le Metallurg aura tout essayé, défendre ou attaquer. Il aura ainsi remarqué que, si sa combativité et son expérience sont intactes, son potentiel offensif si impressionnant autrefois est en déclin, et c'est donc en toute logique qu'il cède son titre. Avec six victoires en six matches de play-offs, Yaroslavl est bien parti pour faire un beau successeur.

 

Commentaires d'après-match :

Valeri Belousov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Je félicite Yaroslavl de leur qualification pour la finale du championnat russe. Nous avons tenté tout ce que nous avons pu, nous avons été plus actifs qu'à Yaroslavl, mais il n'y avait pas moyen de revenir, notre adversaire était plus fort. Aujourd'hui, nous avons joué pour gagner, ce qui explique aussi certaines de nos erreurs."

Sergueï Klimentiev (Magnitogorsk) : "Même nous, nous ne pensions pas pouvoir gagner à Yaroslavl, mais nous comptions les pousser à une quatrième ou une cinquième manche. Cependant, à cause des blessures de nos meilleurs joueurs, nous n'avons pas pu rivaliser. Pour ce qui est des matches à Yaroslavl, j'avais été frappé par l'arbitrage. Dans le premier match, nous avons presque tout le temps joué en infériorité. En Russie, les arbitres avantagent les équipes à domicile. J'ai évolué en Amérique du Nord, et je peux comparer. Il faudrait faire venir des arbitres neutres d'Europe ou d'Amérique pour les play-offs. ceci dit, ils étaient plus forts, et même au deuxième match, nous aurions pu être battus plus lourdement si Karpenko n'avait pas été là. [...] Dans le championnat russe, c'est moi qui compte le plus grand nombre de points parmi les défenseurs cette saison, mais ce n'est pas difficile de bien jouer avec des compagnons de ligne comme les frères Korechkov, Sokolov, Kuznetsov ou Gusmanov. [...] Après cette élimination, la direction du club essaiera probablement de renforcer l'effectif cet été, mais j'espère rester au 'Magnitka'. Travailler avec un entraîneur comme Belousov est un plaisir. Malgré notre échec, je le considère comme un des meilleurs de Russie."

Vladimír Vujtek (entraîneur de Yaroslavl) : "Magnitogorsk était mené deux manches à rien et était sous pression. À domicile, ils ont été forcés d'attaquer, et ont bien joué le coup même si nous avions réussi à ouvrir la marque. J'ai souvent répété que Magnitogorsk jouait intelligemment et cela s'est confirmé. Il a fallu la persévérance de Peterek pour obtenir ce résultat. C'est sûr qu'un but comme celui qu'il a marqué en fin de match, on n'en voit pas souvent dans le championnat russe. Bien sûr il y avait au départ une erreur du défenseur, mais la suite de l'action était exceptionnelle. Ce furent trois matches de haut niveau, et nous sommes contents d'être déjà en finale."

 

Metallurg Magnitogorsk - Lokomotiv Yaroslavl 2-4 (1-2, 1-0, 0-2)

Mercredi 27 mars 2002 au palais de glace de Romazana, Magnitogorsk. 3800 spectateurs (guichets fermés).

Arbitrage de M. Zakharov.

Tirs : Magnitogorsk 23 (8, 7, 8), Yaroslavl 20 (8, 6, 6).

Pénalités : Magnitogorsk 8', Yaroslavl 10'.

Évolution du score :

0-1 à 15'12" : Peterek assisté de Vlasenkov et Guskov.

1-1 à 18'08" : Klimentiev assisté de Kalyuzhny et E. Korechkov (sup. num.).

1-2 à 19'22" : Kryukov assisté de Tkatchenko.

2-2 à 25'32" : Karpov assisté de Mikhaïlov et Kuznetsov.

2-3 à 58'16" : Peterek.

2-4 à 59'57" : Kovalenko (cage vide).

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Karpenko (6).

Défenseurs : Klimentiev (6,5) - Sokolov (6) ; Litvinenko (5) - Nikulin (5,5) ; Voronov (5) - Glovatsky (5,5) ; Davydov (6).

Attaquants : Gusmanov (6) - E. Korechkov (6,5) - Kalyuzhny (6) ; Subbotin (5,5) - Kaïgorodov (5,5) - Osipov (6) ; Piskunov (5,5) - Kudinov (5,5) - Golts (5,5) ; Mikhaïlov (6,5) - Karpov (6) - Kuznetsov (6).

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Podomatsky (6).

Défenseurs : Štrbak (6) - Krasotkin (6) ; Zhukov (6) - Amelin (6,5) ; Guskov (6,5) - Vassiliev (6) ; Kuznetsov (6) - Sobolev (6).

Attaquants : Butsaïev (6) - Chakhraïtchuk (6) - Kovalenko (6) ; Antipov (5,5) - Samylin (5,5) - Vlasenkov (6) ; Tkatchenko (7) - Korolev (6,5) - Peterek (7,5) ; Vorobiev (6) - Kryukov (6,5) - But (6).

Les notes (sur 10) sont celles attribuées par le quotidien russe Sport-Express.

 

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