Lokomotiv Yaroslavl - Metallurg Magnitogorsk (24 mars 2002)

 

Demi-finale du championnat de Russie 2001/2002, première manche.

L'entraîneur tchèque de Yaroslavl, Vladimir Vujtek, sait que la qualification pour les demi-finales ne peut-être qu'une étape, et que la direction du club s'est fixée des objectifs plus hauts, à savoir le titre, qui ne serait que la conclusion logique d'une saison régulière largement dominée. Mais il faudra d'abord pour cela passer sur le corps du champion, le Metallurg Magnitogorsk, une bête blessée qui promet de défendre chèrement sa peau. Vujtek le sait, et s'il ne tient pas à dévoiler les faiblesses qu'il a détectées chez son adversaire, il est en revanche dithyrambique sur ses qualités : "Magnitogorsk est une des équipes les plus intelligentes du championnat. Elle peut tout aussi bien jouer son jeu que prendre l'adversaire à son propre piège, comme elle l'a fait en quarts. Le Metallurg est très efficace en avantage numérique. Les pénalités sont souvent déterminantes en play-offs, et une équipe douée en jeu de puissance possède un solide avantage". Malgré les prix élevés, le prestige de l'adversaire fait que les derniers tickets partent dans les heures précédant le match et que la patinoire de Yaroslavl fait désormais salle comble.

Du côté du Lokomotiv, Pavel Vorobiev a été placé en deuxième ligne et démontre rapidement que la blessure au coude qui l'a tenu éloigné des patinoires pendant la plus grande partie de la saison est désormais de l'histoire ancienne. De plus, Dmitri Vlasenkov, revenu à la fois de maladie et d'Atlanta, fait son grand retour. Du côté du Metallurg, en revanche, l'infirmerie cause énormément de soucis. Aleksandr Korechkov est absent, de même que Zemlianoï et Gladskikh. Quant à Golts, diminué, il n'aurait jamais joué ce match s'il s'était agi d'une simple rencontre de championnat. Et les affaires de Magnitogorsk ne s'arrangent pas en première période puisque Zotkin doit quitter la glace, touché sur un lancer puissant de Guskov. Pour compléter la quatrième ligne d'attaque, on doit alors faire appel au défenseur Litvinenko. Ce jeune Ukrainien inexpérimenté s'est montré très nerveux dans ce match, et a pris la première pénalité pour une faute sur Vorobiev, l'occasion de voir que le Metallurg joue parfaitement le coup en infériorité numérique.

Moins rapides et plus fatigués que leurs adversaires, les visiteurs adoptent une stratégie défensive dans ce premier tiers-temps. Acculés dans leur zone, ils laissent le contrôle de la glace au Lokomotiv, qui se créent de multiples occasions. S'il n'y avait pas l'excellent gardien ukrainien Igor Karpenko dans les buts de Metallurg, le match serait plié très rapidement. Au lieu de ça, il faut attendre la quatorzième minute pour voir le premier but. A son origine, un autre Ukrainien, l'attaquant Vadim Chakhraïtchuk. Il n'a pas la réputation d'un joueur au style particulièrement élégant, mais fait mentir ses détracteurs lors de cette action. Il se débarrasse d'un premier joueur un peu trop collant, Andreï Sokolov en l'occurrence, puis dribble joliment Vadim Glovatsky, avant d'envoyer la star locale Andreï Kovalenko vers un face-à-face d'école gagné contre Karpenko. Cependant, les prédictions de Vujtek s'avèrent exactes : sur la première pénalité de Yaroslavl, sifflée contre le gardien Podomatsky, le jeu de puissance de Magnitogorsk fait mouche par Valeri Karpov. En exploitant au mieux leur seule occasion, les visiteurs rejoignent les vestiaires avec un score de parité.

Ce seront donc les prisons qui décideront du sort de ce match. Le Metallurg passe ainsi plus d'une minute à cinq contre trois, et le Lokomotiv, près de deux minutes. Mais ce sont les joueurs de Magnitogorsk qui sont le plus souvent à la faute, et cela leur est finalement fatal à vingt-deux secondes seulement de la fin de la deuxième période. Le "tank russe" Andreï Kovalenko, auteur encore une fois d'un grand match, se fait oublier par les défenseurs Vadim Glovatsky et Sergueï Voronov et inscrit le doublé grâce à une jolie passe de Vyatcheslav Butsaïev.

C'ést Pavel Vorobiev qui a provoqué la pénalité d'Oleg Davydov qui a entraïné ce but, et c'est encore lui qui s'échappe en début de troisième tiers-temps, lancé par Chakhraïtchuk qui a récupéré le palet dans un duel en zone défensive. Pour empêcher le breakaway, un joueur de Magnitogorsk est à nouveau poussé à la faute. Il s'agit cette fois de Valeri Nikulin. A six secondes de sa sortie programmée de prison, Sergueï Korolev, dont les passes ont souvent bien démarqué ses compagnons de ligne sans succès, décide de conclure en solitaire. Il réussit un mouvement de crosse d'une grande vitesse d'exécution et loge finalement le palet sous la barre de Karpenko. Le Lokomotiv Yaroslavl ajoute ainsi la dernière touche à une victoire indiscutable. Les deux précédents duels en play-offs entre ces deux équipes s'étaient soldés par de faciles victoires de Magnitogorsk, et le Lokomotiv n'avait jamais pu marquer plus d'un but au premier match. Cette fois, il en a inscrit trois, et le score aurait sans doute pu être plus sévère.

 

Commentaires d'après-match :

Vladimír Vujtek (entraîneur de Yaroslavl) : "C'était un match dur, mais correct, un vrai match de play-offs. Je dois féliciter mes joueurs d'avoir continué à bien jouer en deuxième et troisième périodes après un premier tiers-temps qui s'est terminé à 1-1 malgré dix-huit tirs à cinq en notre faveur. Certes, notre adversaire a eu plus de pénalités, mais elles étaient méritées. Nous avons su en profiter. Cependant, nous avons encaissé un but sur notre première infériorité. Les gars ont donné tout ce qu'ils avaient dans cette séquence, mais n'ont pas pu garder leurs cages inviolées. Pour ce qui est des situations à trois contre cinq, c'est quelque chose qu'on ne souhaite pas même à son adversaire. Pouvez-vous vous imaginer notre état, quand nous avons dû jouer une bonne minute à trois ? Ils auraient pu s'assurer la victoire, mais ne l'ont pas fait. Et quand cela a été notre tour de nous retrouver en double supériorité, nous n'avons pas non plus concrétisé. Leurs défenseurs ont détourné les tirs et se sont bien battus dans les coins. Nous avons gagné le premier match, mais c'est loin d'être fini. Magnitogorsk avait aussi perdu la première manche en quart contre Togliatti, et avait remporté les trois suivantes."

Valeri Belousov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Il y a eu trop de pénalités injustifiées contre nous. Je dis qu'elles étaient injustifiées, mais en réalité, pour être honnête, elles se sont produites parce que notre adversaire était plus rapide que nous, quoi que l'on fasse. Dans ces cas-là, on finit par être poussé à la faute. Et il est impossible de battre une équipe aussi sûre d'elle en jeu de puissance quand on doit jouer à quatre. Dans ce genre de situation, il est possible de faire quelque chose sans être pris de vitesse. Les joueurs le savent parfaitement, mais ils n'ont pas été capables d'éviter les prisons."

 

Lokomotiv Yaroslavl - Metallurg Magnitogorsk 3-1 (1-1, 1-1, 1-0)

Dimanche 24 mars 2002 à la Lokomotiv-Arena-2000 de Yaroslavl. 9046 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre : M. Karabanov.

Tirs : Yaroslavl 34 (15, 12, 7), Magnitogorsk 14 (5, 5, 4).

Pénalités : Yaroslavl 12', Magnitogorsk 30' (dont 10' à Litvinenko).

Évolution du score :

1-0 à 13'57" : Kovalenko assisté de Chakhraïtchuk.

1-1 à 18'13" : Karpov assisté de Klimentiev (sup. num.).

2-1 à 39'38" : Kovalenko assisté de Butsaïev et Štrbak (sup. num.).

3-1 à 43'11" : Korolev assisté de Tkatchenko (sup. num.).

 

Lokomotiv Yaroslavl :

Gardien : Podomatsky (6).

Défenseurs : Štrbak (6) - Krasotkin (5,5) ; Zhukov (5,5) - Amelin (5,5) ; Guskov (6) - Vassiliev (6) ; Kuznetsov (5,5) - Sobolev (6).

Attaquants : Butsaïev (6,5) - Chakhraïtchuk (7) - Kovalenko (7,5) ; Vorobyev (6) - Samylin (6) - Antipov (6) ; Tkatchenko (6,5) - Korolev (6,5) - Peterek (6) ; Vlasenkov (6) - Kryukov (6) - But (6).

Metallurg Magnitogorsk :

Gardien : Karpenko (6,5).

Défenseurs : Klimentiev (6) - Sokolov (5,5) ; Litvinenko (5) - Nikulin (5,5) ; Piskunov (5) - Davydov (5) ; Voronov (5,5) - Glovatsky (5).

Attaquants : Gusmanov (5,5) - E. Korechkov (5,5) - Golts (5) ; Kalyuzhny (5,5) - Kaïgorodov (5,5) - Osipov (5) ; Subbotin (5,5) - Karpov (6) - Kuznetsov (6) ; Mikhaïlov (5,5) - Kudinov (5,5) - Zotkin (non noté).

Les notes (sur 10) sont celles attribuées par le quotidien russe Sport-Express.

 

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