États-Unis - Canada (21 février 2002)

 

Finale du tournoi de hockey sur glace féminin des Jeux Olympiques 2002.

En attendant la finale masculine "espérée", l'Amérique du Nord se passionne pour un autre derby. Face à des Américaines invaincues depuis trente-cinq rencontres, les Canadiennes, dirigées par Danièle Sauvageau, la policière de Montréal, veulent récupérer leur suprématie qu'elles perdent peu à peu. Elles sont immédiatement en action, et en moins de deux minutes, Piper contourne dangereusement la cage. DeCosta, préférée à Tueting dans les buts américains, tente de lui enlever le palet, mais Caroline Ouellette surgit pour exploiter le rebond. Les Américaines sont dominées mais gèrent parfaitement les infériorités numériques. Elles sont en revanche beaucoup plus difficiles à contrôler en jeu de puissance et se retrouvent souvent en bonne position, mais Potter tire au-dessus alors que Granato ne réagit pas assez vite pour prendre un rebond intéressant. À deux minutes de la fin, les Canadiennes se retrouvent à trois à cause d'une mise en échec de Brisson et d'une charge avec la crosse de Sunohara. Mais les Américains crispées sont moins à l'aise en double avantage, et les Canadiennes protègent bien leur but jusqu'à la pause.

Mais l'accumulation des prisons finit par coûter cher, et un lancer de Mounsey dévié deux fois au passage atterrit dans les filets de Saint-Pierre. Le Canada réplique par une contre-attaque de Goyette et un rebond de Wickenheiser, la "Gretzky du hockey féminin" comme l'ont surnommé les journalistes canadiens. Tout est à refaire pour les Américaines. Pendant un nouveau jeu de puissance, une illusion d'optique laisse croire que le palet est rentré dans les filets avant de ressortir, mais c'est en fait le poteau qui l'a repoussé. Peu à peu, des espaces s'ouvrent pour des contre-attaques canadiennes, qui trouvent l'ouverture dans les dernières secondes par Hefford qui a réceptionné une longue passe à la bleue.

Avec deux buts de retard, les Américaines sont en mauvaise posture. Le destin leur fait signe alors qu'elles sont en jeu de puissance et que la crosse de Kim Saint-Pierre se brise en deux en dégageant un palet, mais elles ne se saisissent pas de l'occasion et commettent un hors-jeu, ce qui permet à la gardienne canadienne, à qui une de ses coéquipières avait provisoirement donné son bâton, de retrouver un outil plus adapté. Les Américaines se découvrent de plus en plus, ce qui donne des occasions aux Canadiennes plus rapides mais ne change rien à l'impuissance américaine en zone offensives. Le Canada a laissé passer à plusieurs reprises sa chance de tuer le match, et les Etats-Unis convertissent à quatre minutes de la fin une dernière supériorité numérique grâce à un lancer à ras la glace de Karyn Bye. DeCosta laisse son filet désert à une minute de la fin après un temps mort demandé par Benjamin Smith, mais un dégagement interdit la contraint à y retourner à vingt-sept secondes de la sirène, et les Américaines ne peuvent plus empêcher leur défaite.

À Nagano, les Canadiennes, grandes favorites, avaient connu une immense déception. Elles ont aujourd'hui pris une revanche éclatante chez des Américaines données gagnantes, mais tétanisées par l'enjeu. Ces dernières n'ont pas réussi à imposer leur jeu et ont tenté trop peu de lancers, s'engluant dans la toile défensive adverse sans trouver de solution. Les Canadiennes avaient dernièrement perdu huit fois en huit matches en amical contre leurs voisines du sud, mais ont répondu présent le jour J et gagné le match qu'il fallait pour remporter la médaille d'or olympique qui leur était passée sous le nez il y a quatre ans.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vicky Sunohara (attaquante du Canada) : "Nous avions dit que si nous remportions l'or nous grimperions une de ces montagnes autour d'ici et que nous planterions le drapeau canadien au sommet. Je l'ai rappelé à Lori et Jayna après le match. L'hymne était un grand moment. Je ne voulais pas écouter le leur. Ce n'est pas que je n'aime pas leur hymne. C'est juste que je ne voulais pas l'écouter après ce match."

Geraldine Heaney (arrière du Canada) : "Nous avons eu cette arbitre avant et nous savions qu'elle ne nous laisserait rien. Nous nous sommes dit que, peu importe sur qui on tombe, nous devrons la battre elle et les Américaines. Elle aurait pu tout aussi bien enfiler leur maillot."

Benjamin Smith (entraîneur des États-Unis) : "Il y a eu quelques phases au début où nous pressions pas mal. Nous avons eu quelques cages ouvertes en jeu de puissance, qui n'ont pas abouti à des buts. A posteriori, peut-être avons-nous eu trop de supériorités."

 

États-Unis - Canada 2-3 (0-1, 1-2, 1-0)

Jeudi 21 février 2002 à 17h10 au E-Center de West Valley City. 8599 spectateurs.

Arbitrage de Stacey Livingston (USA) assistée de Johanna Suban et Henrieta Hujdusova.

Pénalités : États-Unis 12' (4', 4', 4'), Canada 26' (8', 10', 8').

Tirs : États-Unis 27 (11, 9, 7), Canada 29 (9, 10, 10).

Évolution du score :

0-1 à 01'45" : Ouellette assistée de Piper.

1-1 à 21'59" : King assistée de Granato et Mounsey (sup. num.).

1-2 à 24'10" : Wickenheiser assistée de Goyette.

1-3 à 39'59" : Hefford assistée de Kellar et Brisson.

2-3 à 56'27" : Bye assistée de Mounsey et Potter (sup. num.)

 

États-Unis

Gardienne : Sara DeCosta.

Arrières : A. J. Mleczko - Tara Mounsey ; Lyndsay Wall - Angela Ruggiero ; Sue Merz - Courtney Kennedy ; Chris Bailey.

Attaquantes : Tricia Dunn - Julie Chu - Andrea Kilbourne ; Katie King - Jenny Potter - Karyn Bye ; Natalie Darwitz - Cammi Granato - Krissy Wendell ; Shelley Looney - Laurie Baker.

Canada

Gardienne : Kim Saint-Pierre.

Arrières : Geraldine Heaney - Colleen Sostorics ; Isabelle Chartrand - Thérèse Brisson ; Cheryl Pounder - Becky Kellar.

Attaquantes : Vicky Sunohara - Jayna Hefford - Lori Dupuis ; Cassie Campbell - Hayley Wickenheiser - Danielle Goyette ; Tammy Shewchuk - Kelly Bechard - Jennifer Botterill ; Dana Antal - Caroline Ouellette - Cherie Piper.

 

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