Épinal - Strasbourg (6 octobre 2001)

 

Match comptant pour la troisième journée du championnat de division 1 2001/2002

La patinoire semblait agréablement remplie pour ce premier derby de l'Est de la saison de N1. Dès le coup d'envoi, Strasbourg se rue sur le but d'Yvan Bock, prenant à la gorge la défense spinalienne qui essaie de dégager comme elle peut, de changer ses lignes quand elle en a le temps, ce qui va permettre à Medeiros qui est posté à la ligne bleue de partir seul face au portier bleu et de gagner son duel. Les Spinaliens ne parviennent pas du tout à retrouver leurs marques, commettent erreurs sur erreurs, Strasbourg est le maître incontesté sur la glace et concrétise sa domination en exploitant une nouvelle bévue défensive locale. Ce n'est que lors d'une supériorité numérique que Haapasaari part de son camp, entre dans la zone adverse et mystifie d'un tir puissant Äikää masqué par son défenseur. Dès lors, le réveil a sonné, Épinal pousse, et 1'30 plus tard, sur un nouveau jeu de puissance, Regenda sert Drzik à la bleue qui déclenche un missile... qui fait mouche ! Dès lors, la partie est équilibrée, mieux, Épinal retrouve plus que ses couleurs, comme ce poteau de Mysicka. Hélas, sur l'une des dernières relances de la période, Bazany centre-tire sur Bock et MacLennan dévie le tir devant Bock, et le public, décontenancés.

Le deuxième tiers est à peine commencé que la défense locale oublie incroyablement Sevcik devant la cage, ce dernier ne se pose pas de questions et remet l'Étoile Noire à deux longueurs... et Épinal de re-balbutier son hockey, mais il est vrai qu'il ne va pas être aidé par les zèbres du soir, durant ce deuxième tiers. En effet, Strasbourg entre avant le palet en zone offensive, le hors-jeu n'est pas sifflé par l'arbitre, puis dans l'action, Vorel est pénalisé pour une "papinade" strasbourgeoise, le temps de remettre en jeu, et Épinal est sanctionné pour retard de jeu... Le hors-jeu était sifflé qu'il n'y aurait pas eu ces deux boulettes ! Et pourtant, à 5 contre 3, les Dauphins tiennent. Mieux, Regenda s'échappe et bat Aïkää d'un tir sous la barre... mais le rêve est de courte durée, le but est refusé, l'arbitre ayant vu Épinal jouer à 4 ! On sent pourtant que la physionomie de ce tiers a changé, Strasbourg, fort de son avantage, ne se contente plus que d'attendre le contre tandis qu'Épinal se rue, plutôt de manière précipitée dans la zone offensive, la déconcentration leur faisant oublier des règles simples de positionnement ou de dégagement. Et lors d'un changement de ligne plutôt mal négocié, MacLennan se retrouve seul face à Yvan Bock pour une nouvelle crucifixion. De son côté, Épinal joue de malchance quand Trébaticky et Chassard touchent le poteau, un Chassard qui ne va pas se décourager et s'en va, sur une belle ouverture de Maurice, tromper en deux fois le portier noir et jaune. Mysicka exhorte alors le public à les encourager, Épinal puise à nouveau dans ses ressources mentales pour remonter la pente... Mais de nouveau, dans les 30 dernières secondes, suite à une nouvelle papinade strasbourgeoise, l'Étoile noire se retrouve en jeu de puissance dans le camp spinalien, et Desrosiers décroche un centre-tir qui s'en va mystifier Bock qui n'avait pas vraiment bouché l'angle.

Comment venir à bout de cette équipe qui semble bien organisée ? La réponse va peut-être venir de l'arbitre, qui a peut-être "réalisé" sa performance du deuxième tiers et va essayer de compenser ses erreurs. Tout d'abord en pénalisant MacLennan d'une charge. Haapasaari, servi par Mysicka, ne va pas se poser de questions. Ensuite en accordant un tir de pénalité bien sévère que Kadlec, dans une furia impressionnante, va concrétiser. Ensuite en pénalisant Strasbourg d'un retard de jeu... Épinal assiège alors le but adverse, on se dit que tout est possible, la foule a retrouvé sa voix, mais les passes sont imprécises, les tirs pas forcément cadrés. On note quand même que Strasbourg n'affiche plus la même sérénité, cherche plus à dégager qu'à partir en contre, quelques signes d'énervement de Desrosiers ou Saint-Marc montrent "qu'on balise un peu". Rageant dans ces cas-là de voir Trébaticky envoyer Hohnadel la tête face à la bande. La sanction est juste, deux minutes de pénalité qui vont tuer Épinal une fois pour toutes... Saarinen arme un tir que Bock, masqué par David, ne peut capter. Terminé, les dix dernières minutes voient Strasbourg, de manière insolente, verrouiller, et Épinal, fatigué et plus très lucide, manquer la énième dernière passe.

Dommage, le score est peut-être sévère mais justifié : Épinal a donné 6 des 7 buts, deux par naïveté du gardien, les quatre autres par erreurs grossières de défense ou de tactique - changements de lignes inopportuns. Si l'on rajoute les trois poteaux, on se dit qu'Épinal aurait pu, et dû, mieux faire. Surtout que l'on a vu de belles actions, les jeunes, Chassard en tête, ont fait mieux que mouiller le maillot. Il reste surtout à mieux discipliner, et mieux placer, l'effectif, qui, hormis la ligne de Mysicka, ne se trouve pas tellement, comme on a pu voir Trébaticky ou David se lancer seuls dans des actions intéressantes mais sans finition. Par contre, il y a un petit problème de gabarit physique (Kadlec, Haapasaari, Maurice, David, Mysicka, même si ces deux derniers savent se défendre !) qui risque de poser des soucis face à des équipes plus physiques qui joueront le bonhomme.

Strasbourg, de son côté, est impressionnant de vitesse, de cohésion, la première ligne est vraiment dangereuse car elle attend le contre, et se retrouve déjà très bien... Flinck est un peu surprenant, il joue plus en faiseur de jeu pour ses deux ailiers. En défense, Besseyre, Dumuis, Bazany et surtout Saarinen connaissent bien leur boulot (à signaler d'ailleurs qu'ils ont fait presque tout le match à eux quatre), Saarinen excellant aussi dans le rôle de défenseur-relanceur-canonnier. Mais on a pu voir, lors du dernier tiers, qu'ils peuvent douter et perdre un peu leur jeu.

A mon avis, on retrouvera ces deux équipes en play-offs, et je pense que d'ici le mois de mars prochain, les automatismes, comme le physique, seront bien rôdés, ce qui nous vaudra un match d'excellente facture. D'ailleurs, je n'avais plus vu de matches de N1 depuis 1998, et je dois constater que le niveau a considérablement monté (il n'y a qu'à regarder les effectifs qui font penser à un "sanctuaire" d'anciens de l'Élite), les approximations, si elles existent encore, sont bien moins présentes... Une bonne alternative à l'Élite actuelle.

Petite note, très agréable, concernant l'entrée des joueurs spinaliens sur la glace : "à l'américaine" sous un seul projecteur, sous les pétards et les feux des supporters.

J'ai apprécié :

Pour Épinal : Mysicka pour sa "gnac", Chassard et Dehaëne pour leur combativité.

Pour Strasbourg : Saarinen et MacLennan pour leur omniprésence, Hohnadel pour la combativité.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Épinal - Strasbourg 5-7 (2-3, 1-3, 2-1)

1000 spectateurs. Arbitrage de M. Sangiorgio assisté de MM. Henry et Stiot.

Pénalités : Épinal 22' (8', 8', 6'), Strasbourg 16' (8', 2', 6').

Tirs : Épinal 31 (11, 10, 10), Strasbourg 32 (16, 11, 5).

Evolution du score :

0-1 à 02'17" : Medeiros assisté de Dumuis

0-2 à 09'08" : Schuchewytsch assisté de Hohnadel et Saarinen

1-2 à 13'07" : Haapasaari assisté de Drzik (sup. num.)

2-2 à 14'44" : Drzik assisté de Regenda et Ribanelli (sup. num.)

2-3 à 19'22" : MacLennan assisté de Bazany

2-4 à 21'04" : Sevcik assisté de MacLennan et Flinck

2-5 à 32'40" : MacLennan assisté de Sevcik et Bazany

3-5 à 35'08" : Chassard assisté de Maurice et Mysicka

3-6 à 39'39" : Desrosiers assisté de Bazany (sup. num.)

4-6 à 42'14" : Haapasari assisté de Mysicka (sup. num.)

5-6 à 45'27" : Kadlec (tir de pénalité)

5-7 à 51'31" : Saarinen assisté de Flinck et Bobillier

 

Épinal

Gardien : Yvan Bock.

Défenseurs : Vladimir Domin - Benoît Guillemot ; Jozef Drzik - Radoslav Regenda ; David Vorel - Borislav Ilic ; Djamel Zitouni - Émilien Gillot.

Attaquants : Roman Trebaticky - Frédéric Dehaëne - Cyrille David ; Karel Kadlec - Tomas Mysicka - Jussi Haapasaari ; Christophe Ribanelli - Anthony Maurice - Guillaume Chassard ; Guillaume Géhin - Nicolas Martin.

Strasbourg

Gardien : Sami Aikää.

Défenseurs : Thibaut Dumuis - Jesse Saarinen ; Gabriel Cadoret - Marian Bazany ; François Besseyre - Joris Goulenok ; Grégoire Mehl

Attaquants : Mark MacLennan - Tomi Flinck - Daniel Sevcik ; Maxime Schuchewytsch - Stéphane Hohnadel - Julien Desrosiers ; Olivier Escuder - Baptiste Bobillier - Mathieu Saint-Marc ; Harold Walter - Damien Mehl

 

Retour au Championnat de France de division 1