République Tchèque - Suède (12 mai 2001)

 

Demi-finale des championnats du monde 2001.

C'est un match au sommet, presque une finale avant la lettre, entre les deux équipes les plus impressionnantes des championnats du monde. La Suède compte sur le renfort de Mats Sundin, arrivé dans un jet privé payé par la télévision suédoise TV3, mais a perdu Peter Andersson, dont la douleur déjà connue à Lugano s'est réveillée face aux Russes en faisant une charge. Renberg, incertain car touché au pied, est bien présent.

On ne pouvait rêver début plus tonitruant : les Tchèques prennent l'engagement, Kubina lance l'action, Rucinský sert de relais derrière le but et Robert Reichel marque après seulement vingt secondes de jeu ! La Suède a une bonne occasion d'égaliser en deux contre un : Axelsson donne à Huselius qui feinte Hnilicka mais manque son revers. À trois minutes de la pause, Sundin, bien placé, reprend hors cadre. Moravec, démarqué par une contre-attaque rondement menée, perd son duel face à Salo. Pas de mensonge sur la qualité de la marchandise : on assiste à un match de très haut niveau.

L'apport de Sundin, même fatigué, se fait sentir en début de deuxième période : il part de la zone neutre, fait le tour de la cage et donne l'égalisation à Modin. Dans la foulée, les jambières de Hnilicka dévient un lancer de Huselius et arrêtent un tir d'Ottosson. Trois énormes occasions, dont un but, en deux minutes. Décidément, la Suède est ressortie du vestiaire transfigurée, beaucoup plus agressive. Kim Johnsson s'avance par deux fois à droite du but : la première, il veut lever le palet au-dessus de Hnilicka mais l'envoie sur la transversale, et la seconde, le gardien tchèque repousse sa tentative. Pendant huit minutes, la Suède est proprement énorme, mais les Tchèques refont surface, et Výborný est à l'origine de belles contre-attaques sans s'avérer très efficace dans le dernier geste. Salo réalise un monumental arrêt-réflexe en se détendant comme un félin sur un rebond de Moravec.

En début de troisième période, une pénalité est sifflée contre Kubina alors que Cajánek avait été tout aussi largement accroché juste avant, ce qui provoque l'indignation des Tchèques, d'autant plus qu'Andreas Johansson ne laisse pas passer l'occasion de donner l'avantage à la Suède d'un superbe lancer de la bleue pleine lucarne. La rencontre est très tendue et quelques petites explications éclatent. À huit minutes du terme, Cajánek se défait de deux Suédois en entrée de zone et tire sur Salo. Alors que celui-ci est gêné par Öhlund qui lui arrive dessus, Ujcík se jette comme un mort de faim sur le rebond. Les deux équipes se neutralisent ensuite jusqu'à la sirène.

C'est donc en prolongation que doit se décider ce duel de haute technicité. Après une minute de jeu, Sundin se crée la première occasion du revers. À la troisième minute, Röhlin accroche Patera et est envoyé en prison. Une fois encore, la Suède étouffe le jeu de puissance tchèque. Le palet échappe même à Kaberle à la bleue, et Alfredsson part en deux contre un avec Sundin. Mais la rondelle décidément fuyante se refuse au renfort venu de Toronto sur la passe de l'attaquant d'Ottawa. Le courant ne passe pas aussi facilement entre les deux cités rivales de l'Ontario. Après six minutes, Moravec n'arrive pas à reprendre le palet dans l'enclave et en casse même sa crosse.

Ce n'est plus l'équipe tchèque de la demi-finale de Nagano qui disputait la prolongation la peur au ventre, c'est désormais une formation sûre de sa force, qui a l'expérience de la victoire et qui en impose aux Suédois dans les dernières minutes de la mort subite. Néanmoins, le dénouement est le même : tout se joue aux tirs au but. Cette fois-ci, Cechmánek ne peut plus rentrer pour l'occasion comme lors du coup de poker d'Ivan Hlinka au même stade de la compétition en 1999. Hnilicka doit maintenant assumer tout seul son nouveau rôle d'unique titulaire. C'est au capitaine suédois Jörgen Jönsson d'ouvrir le bal. Il exécute son pas de danse à la perfection et trompe le gardien tchèque du revers. Procházka l'imite et remet les équipes à égalité. Hnilicka ne se laisse pas prendre à la feinte d'Alfredsson et Salo repousse de la jambière le tir de Reichel. Andreas Johansson et Pavel Kubina échouent à leur tour. Relativement lent, l'homme providentiel Mats Sundin cherche à placer son palet, mais Hnilicka réussit une magnifique parade. Ujcík donne alors l'avantage à la République Tchèque. Fredrik Modin a la pression sur les épaules : il tire, lève les bras... mais le palet a en fait frappé la transversale avant de rebondir juste devant la ligne. Le recours à la vidéo ne sauvera pas les Suédois de l'évidence : les Tchèques accèdent à leur troisième finale consécutive et affichent l'insolente réussite des équipes qui dominent leur sport et que rien ne peut ébranler, tant la victoire leur semble promise par quelque pacte avec le destin.

Désignés meilleurs joueurs du match : Andreas Johansson pour la Suède et Jaroslav Špacek pour la République Tchèque.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Andreas Johansson (élu meilleur suédois du match) : "Nous avons assez bien joué pour gagner. Je pense que nous avons mis plus de pression qu'eux. Mais peut-être sommes nous restés trop passifs après notre deuxième but."

Martin Procházka (attaquant de la République Tchèque) : "La chance sourit à celui qui en veut le plus. C'est la différence entre nous et les autres."

Viktor Újcík (attaquant de la République Tchèque) : "Les gars m'ont recommandé pour les pé:naltys et M. Augusta m'a demandé si je pourrais marquer. Je lui ai clairement promis que oui. Cela a rendu la chose encore plus difficile. Quand j'étais debout au milieu de la glace, je me suis dit que j'aurais mieux fait de me taire... J'ai regardé le gardien tout le temps. Je m'appuyais sur trois options, un tir sous le bouclier, un tir au-dessus de la mitaine ou une feinte du revers. Quand j'ai vu le gardien s'avancer, j'ai éliminé la feinte. Il restait deux choix, l'instinct a prévalu. Au-dessus du gant ! C'est là où j'avais le plus confiance en moi."

 

République Tchèque - Suède 2-2 (1-0, 0-1, 1-1, 0-0) / 2-1 aux tirs au but
Samedi 12 mai 2001 à 15h00 à la Preussag Arena de Hanovre. 10500 spectateurs.
Arbitrage de Leonid Vaisfeld (RUS) assisté de Derek Nansen (USA) et Riku Peltonen (FIN).
Pénalités : République Tchèque 12' (2', 0', 10', 0'), Suède 16' (2', 4', 8', 2').
Tirs : République Tchèque 29 (6, 9, 11, 3), Suède 37 (9, 13, 14, 1).

Évolution du score :
1-0 à 00'20" : Reichel assisté de Rucinský et Kubina
1-1 à 21'32" : Modin assisté de Sundin et Alfredsson
1-2 à 45'03" : A. Johansson assisté de Öhlund (sup. num.)
2-2 à 51'55" : Ujcík assisté de Cajánek et Martínek

Tireurs suédois : Jönsson (réussi), Alfredsson (manqué), A. Johansson (manqué), Sundin (manqué), Modin (manqué)
Tireurs tchèques : Procházka (réussi), Reichel (manqué), Kubina (manqué), Ujcík (réussi)
 

République Tchèque

Attaquants :
Martin Ručinský (A, +1) - Robert Reichel (C, +1, 2') - Radek Dvořák (+1)
Jan Tomajko (-1) - Jiří Dopita (A) - David Výborný (-1, 2')
Martin Procházka - Pavel Patera - David Moravec (4')
Tomáš Vlasák - Petr Čajánek (+1) - Viktor Ujčík (+2)
Jaroslav Hlinka

Défenseurs :
Jaroslav Špacek (+1) - Pavel Kubina (+1, 2')
Radek Martínek (+1) - Karel Pilař (+1)
František Kaberle (-1) - Filip Kuba (-1, 2')

Gardien :
Milan Hnilička

Remplaçants : Dušan Salfický (G), Martin Richter. En réserve : Vladimír Hudáček (G).

Suède

Attaquants :
Andreas Johansson (-1, 2') - Jörgen Jönsson (C, -1) - Mikael Renberg (A, -1)
Daniel Alfredsson (A, +1) - Mats Sundin (+1, 2') - Fredrik Modin (+1, 2')
Kristian Huselius (-1) - Kristofer Ottosson (-1) - Per-Johan Axelsson (-1, 2')
Mathias Johansson - Andreas Salomonsson - Henrik Sedin
Henrik Zetterberg, Jimmie Ölvestad

Défenseurs :
Leif Rohlin (-2, 2') - Mattias Öhlund (-2, 2')
Daniel Tjärnqvist - Kim Johnsson (4')
Christer Olsson (+1) - Björn Nord (+1)

Gardien :
Tommy Salo

Remplaçants : Mikael Tellqvist (G), Kristian Huselius. Absents : Andreas Hadelöv (G), Peter Andersson (blessé), Daniel Sedin (hernie discale).

 

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