Suède - Russie (9 mai 2000)

 

Championnats du Monde A 2000 à Saint-Pétersbourg, deuxième tour, groupe E,.

La Russie, humiliée, ridiculisée, lessivée, n'a plus rien à gagner dans cette rencontre, si ce n'est la onzième place du tournoi (devant l'Italie...), et surtout son honneur. Que penser de ses chances alors qu'elle rencontre pour la première fois un favori de la compétition, en la personne de l'équipe de Suède ? Mais si elle retrouve son talent et sa fierté, elle est capable de vaincre, comme le prouve Kharitonov, du Dynamo de Moscou, qui ouvre le score, à la plus grande joie du public, qui semble toujours prêt, même après tant de désillusions, à encourager son équipe. Les Suédois, qui jouent pour la deuxième place du groupe après la surprenante défense suisse contre le Belarus, nivellent le score peu après. Si les Scandinaves ne savaient pas trop par quel bout aborder la rencontre, suivant qu'ils auraient à affronter un mourant attendant le coup de grâce ou un animal blessé et dangereux, ils sont rapidement fixés : les Russes jouent à leur niveau et constituent une opposition de valeur, même s'il semble toujours leur manquer un élan commun. Ce qui fait défaut à cette équipe, c'est que tous les joueurs ne paraissent pas pousser dans la même direction.

Alors que Kamensky est en prison pour coup de coude, Aleksandr Kharitonov profite d'un palet perdu par les Suédois à la bleue pour placer son deuxième contre de la journée et marquer en infériorité numérique. À la trente-troisième minute, une frappe de Mattias Norström est mal captée par Podomatsky qui relâche le palet. Le but est ouvert, les Suédois se ruent sur le palet, mais Zhitnik bouge la cage à dessein sans être sanctionné par l'arbitre. Le jeu s'accélère encore, et le second gardien suédois Mikael Tellqvist doit s'employer pour mettre fin aux initiatives russes, même quand elles sont purement individuelles comme celles de Pavel Bure.

Le scénario du début de troisième tiers est la copie conforme du précédent : cette fois, c'est Bure qui purge deux minutes pour coup de coude, et les Russes, en infériorité numérique, partent en contre à 2 contre 1. Ce coup-ci, Kharitonov ne conclut pas lui-même, mais sert Prokopiev pour le troisième but. Les Russes ont la main sur le match et, tour à tour, Sushinsky en contournant la cage et Petrov en contre échouant sur Tellqvist. Ricard Persson tente de lacérer de sa crosse le visage de Bure, mais les Russes ne profitent n'exploitent pas la supériorité. C'est ensuite une magnifique action de Kharitonov, Sushinsky et Kudashov, mais ce dernier est imprécis dans le dernier geste. Une passe molle entre deux défenseurs suédois, de celles qu'apprécie Bure, et le rapide ailier accuse réception du palet pour aller gagner son duel avec Tellqvist d'un bon tir du poignet. Le public en est encore à fêter le but de Pavel que les Suédois réduisent la marque, faisant tomber provisoirement une chape sur la patinoire.

Mais le vacarme assourdissant reprend de plus belle à l'heure du gong final. Après quatre défaites consécutives, la Russie gagne son deuxième match du tournoi et se réconcilie avec son public, mais cela ne fait qu'aviver les regrets quant aux sommets qu'auraient pu atteindre cette équipe si elle s'était unie. Cette rencontre est assez symbolique de la prestation russe dans ce tournoi, puisque les joueurs du championnat russe (Kharitonov, Sushinsky, Prokopiev) se sont mis en valeur et que Pavel Bure a brillé individuellement mais n'a jamais intégré une équipe dans laquelle les stars de la NHL ne se sont jamais fondues. Le public russe, peu rancunier envers son équipe, lui a donné l'absolution et réservé une ovation. Kozlov, Prokopiev et Kharitonov ont offert leurs crosses à des spectateurs.

Quant aux Suédois, ils ont fait les frais du réveil des Russes, et laissé échapper la perche de la deuxième place tendue par les Suisses après leur défaite contre le Belarus, ce qui les aiguille tout droit vers un duel contre leurs voisins finlandais. Comme les Norvégiens plus tôt dans la journée, les Suédois ont semblé subir le contrecoup d'un match disputé à fond la veille.

Désignés joueurs du match : Per-Johan Axelsson pour la Suède et Aleksandr Kharitonov pour la Russie.

Viktor Kozlov, Igor Kravchuk et Aleksei Zhitnik sont désignés comme les trois meilleurs joueurs russes de la compétition.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Stephan Lundh (co-entraîneur de la Suède) : "Nous avons effectué notre pire match, en encaissant deux buts pendant que nous étions en supériorité numérique. L'équipe russe, au contraire, a joué son meilleur match du tournoi. C'est très dommage de ne pas voir le pays organisateur en quarts de finale."

Hardy Nilsson (co-entraîneur de la Suède) : "Nous n'avions pas la même rapidité que dans les autres matches. Ce sont des pannes individuelles qui ont conduit aux buts russes."

Aleksandr Yakushev (entraîneur de la Russie) : "Nous avons eu un peu de réussite. Et les joueurs, se rappelant leur promesse de gagner en ce jour du 9 mai [férié en Russie car anniversaire de la victoire sur les Nazis], n'ont pas lésiné sur les efforts. Ils ont montré presque tout ce dont ils étaient capables. Nous avons joué comme d'habitude. C'est la tactique des Suédois qui était différente de celles employées par nos précédents adversaires, recroquevillés en défense. Mais nous n'avons gagné qu'une bataille, nous avons perdu la guerre. Naturellement, le moral dans l'équipe n'est pas au mieux.

 

Suède - Russie 2-4 (1-1, 0-1, 1-2)
Mardi 9 mai 2000 à 20h30 au Dvorets Sporta de Saint-Pétersbourg. 12100 spectateurs.
Arbitrage de Pekka Haajanen (FIN) assisté de Nadir Mandioni (SUI) et Christian Oswald (ALL).
Pénalités : Suède 16' (4', 6', 6'), Russie 10' (2', 6', 2').
Tirs : Suède 15 (5, 5, 5), Russie 27 (4, 9, 14).

Évolution du score :
0-1 à 03'27" : Kharitonov assisté de Khavanov
1-1 à 03'53" : Axelsson
1-2 à 26'24" : Kharitonov assisté de Prokopiev (inf. num.)
1-3 à 42'21" : Prokopiev assisté de Kharitonov et Khavanov (inf. num.)
1-4 à 56'06" : Bure
2-4 à 56'21" : Nordström assisté de Andersson et Nord
 

Suède

Attaquants :
Per-Johan Axelsson (+2) - Jörgen Jönsson (C, +2) - Kristian Huselius (+1, 2')
Fredrik Modin (-3, 2') - Samuel Påhlsson (-3) - Michael Nylander (-1)
Daniel Sedin - Kristian Gahn - Henrik Sedin
Mikael Håkansson (-1) - Jonas Rönnqvist (-3) - Peter Nordström (2')
Fredrik Lindquist

Défenseurs :
Peter Andersson (A, -1, 2') - Björn Nord (-1)
Daniel Tjärnqvist - Mattias Norström (A, 2')
Ricard Persson (-1, 4') - Mikael Magnusson (-1, 2')

Gardien :
Mikael Tellqvist

Remplaçant : Andreas Hadelöv (G). En réserve : Tommy Salo (G), Rikard Franzén.

Russie

Attaquants :
Viktor Kozlov - Aleksei Yashin (2') - Pavel Bure (C, 2')
Oleg Petrov - Aleksei Zhamnov (A, -1) - Maksim Sushinsky (-1)
Aleksandr Kharitonov (+3) - Aleksandr Prokopiev (A, +3) - Maksim Afinogenov (+1)
Valeri Kamensky (2') - Aleksei Kudashov (-1, 4') - Andrei Kovalenko

Défenseurs :
Igor Kravchuk - Sergei Gonchar
Dmitri Mironov (-1) - Aleksei Zhitnik (-1)
Andrei Markov (+3) - Aleksandr Khavanov (+3)
Maksim Galanov

Gardien :
Egor Podomatsky

Remplaçant : Ilya Bryzgalov (G). En réserve : Maksim Sokolov (G), Andrei Nikolishin.

 

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