France - Allemagne (8 novembre 1998)

 

Qualification pour les championnats du monde 1999, zone Europe, groupe B.

France et Allemagne, qui s'affrontent aujourd'hui pour garder leur place dans l'élite mondiale, n'ont ni la même aura ni la même puissance dans le monde du hockey. Les trois supporters français venus à Ljubljana, alors que les Allemands sont venus à plusieurs cars d'allemands et remplissent les tribunes de leurs maillots de toutes les couleurs, donnent une idée du rapport de force. Les Allemands sont une puissance économique majeure de la fédération internationale et lui apporte ses principaux sponsors, dont une marque de bière qui a contraint la Norvège à adopter une dispense spéciale à sa loi contre l'alcool pour permettre l'organisation du prochain championnat du monde après un bras de fer au cours de l'été.

Mais après 23 ans de présence ininterrompue dans l'élite, l'Allemagne ne fait plus la fière. Elle compte une dizaine de trentenaires et se sait déclinante. L'absence de limitation des étrangers en DEL après l'arrêt Bosman a porté un coup sévère à leurs internationaux. Les clubs ont maintenant l'obligation d'aligner cinq joueurs à passeport allemand sur la feuille de match, mais cette mesure ne vient-elle pas trop tard. Le nouveau sélectionneur Hans Zach est paradoxalement le plus grand critique du désintérêt des clubs pour la formation, et il a accepté le défi sans rien cacher de son opinion sur les problèmes de fond. Il est payé sur honoraires en parallèle de son poste d'entraîneur à Kassel, où il montre l'exemple en intégrant des jeunes. Les deux seuls juniors de l'équipe, les débutants Daniel Kreutzer et Thomas Dolak, jouent d'ailleurs pour lui à Kassel.

Au pied du mur, avec un point de retard sur l'équipe de France, les Allemands pressent fort dès le début de match. Mais les Bleus tiennent et ne s'en laissent pas compter dans les duels. Au quart d'heure de jeu, Christian Pouget gagne un palet le long de la balustrade et trouve une longue transversale vers Philippe Bozon qui se présente seul devant Peppi Heiss et lui glisse le palet entre les bottes. C'est le scénario inverse des jours précédents : ce sont cette fois les Français qui ont ouvert le score plutôt contre le cours du jeu.

Au début de la deuxième période, à quatre contre quatre, Stéphane Barin reçoit même un cadeau de la défense allemande qui lui permet de doubler la mise. Les Allemands dominent quand même pas mal, et il est parfaitement logique qu'ils réduisent la marque par leur capitaine de substitution Mark MacKay. Les Bleus subissent et s'en remettent à leur gardien Cristobal Huet pour des arrêts essentiels.

Il sera néanmoins difficile de tenir comme ça jusqu'à la sirène. En troisième période, les Français parviennent à repousser les Allemands en zone neutre et à ne plus les laisser s'installer. Philippe Bozon ajoute un troisième but salvateur, en finesse avec son complice Pouget. Les Allemands, qui ont besoin d'une victoire, sont maintenant trop loin.

L'équipe de France peut savourer et croire de nouveau à son avenir. Le nouveau président de la Fédération Française des Sports de Glace, Didier Gailhaguet, arrivé la veille, tient un discours positif et annonce même un contrat de 3 ans au sélectionneur...

Les Allemands ont bien remarqué comme symbole que les buteurs français jouent en DEL, le duo Bozon-Pouget à Mannheim et Barin à Krefeld. Leur habituel capitaine et joueur de légende Didi Hegen annonce sa retraite internationale sur cette triste relégation, sans avoir pu jouer ce dernier match à cause d'une blessure au poignet. Il voulait déjà s'arrêter avant et a été convaincu de rempiler une dernière fois, mais lui qui aura toujours connu l'Allemagne en élite sait qu'une page se tourne après une génération glorieuse.

Commentaires d'après-match (dans Hockey Magazine) :

Mikael Lundström (entraîneur de la France) : "Nous avons fait le match que je souhaitais. Un match sur un mode plus défensif mais là encore, extrêmement satisfaisant. Après une année hors de France, je découvre véritablement de nouveaux joueurs à la fois talentueux et ardents. Cela me fait plaisir car, au niveau international, on ne peut pas tenir avec seulement trois lignes et des joueurs-clefs sans cesse sous pression. Regardez contre l'Allemagne : les Bozon et Pouget, juste un peu moins sollicités et donc plus explosifs, ont pu faire la différence ! Je le dis et je le redis : mieux vaut être dans le groupe A pour préparer l'avenir. Notre billet pour Oslo est donc une très bonne chose. Nos jeunes vont pouvoir poursuivre plus rapidement leur apprentissage international."

Hans Zach (entraîneur de l'Allemagne) : "Le hockey allemand avait déjà atteint le fond avant ce tournoi. Nous sommes plus bas que nous ne l'avons jamais été. La formation des jeunes a une valeur de zéro. Il faut un programme ciblé."

 

France - Allemagne 3-1 (1-0, 1-1, 1-0)
Dimanche 8 novembre 1998 à 16h30 à la Hala Tivoli de Ljubljana. 2000 spectateurs.
Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Milan Masik (SVK) et Sergei Serdyuk (KAZ).
Pénalités : France 12' (4', 4', 4'), Allemagne 8' (0', 4', 4').
Tirs : France 14 (7, 5, 2), Allemagne 31 (11, 14, 6).

Évolution du score :
1-0 à 14'24" : Bozon assisté de Pouget
2-0 à 21'14" : Barin
2-1 à 23'02" : MacKay assisté de Benda
3-1 à 45'28" : Bozon assisté de Pouget

 

France

Attaquants :
Christian Pouget (+1, 2') - Arnaud Briand (+1, 2') - Philippe Bozon (+1)
Richard Aimonetto - Robert Ouellet (+1, 2') - Stéphane Barin (+1)
Maurice Rozenthal - Anthony Mortas - Lionel Orsolini
Laurent Gras (2') - Franck Guillemard (2') - Benoît Bachelet
Stanislas Solaux

Défenseurs :
Denis Perez (+1) - Gérald Guennelon (+1, 2')
Jean-Philippe Lemoine (C, +1) - Karl Dewolf
Jean-Christophe Filippin (+1) - Grégory Dubois
Stéphane Gachet

Gardien :
Cristobal Huet

Remplaçant : François Gravel (G). En réserve : Fabrice Lhenry (G).

Allemagne

Attaquants :
Michael Rumrich (+1) - Mark MacKay (C, +1) - Jan Benda (+1)
Andreas Lupzig (-1, 2') - Peter Draisaitl (-1) - Leo Stefan (-2)
Sven Felski (2') - Martin Reichel (-1) - Klaus Kathan (-1)
Daniel Kreutzer (-1) - Tobias Abstreiter (-1) - Thomas Dolak

Défenseurs :
Jason Meyer (+1) - Jörg Mayr (+1, 4')
Brad Bergen (-2) - Jochen Molling (-2)
Daniel Nowak - Josef Lehner (-1)
Michael Bresagk

Gardien :
Josef Heiss

Remplaçant : Klaus Merk (G). Absent : Dieter Hegen (poignet).

 

Retour aux qualifications pour le championnat du monde