Suède - Russie (5 mai 1997)

 

Championnats du monde 1997, poule finale.

Seule équipe à aborder le tour final avec le plein de points, la Suède prendra une belle option sur la qualification en finale en cas de victoire. Elle paraît maîtriser la situation en début de match : travail dans la bande pour récupérer les palets, forechecking qui gêne la relance adverse, assurance technique et passes intelligentes en zone offensive. Pourtant, il suffit d'une incursion russe, et d'un travail derrière la cage de Sarmatin aidé par les "blocks" de ses coéquipiers, pour que la panique s'installe dans la défense scandinave. Une première alerte suivie d'une contre-attaque encore plus sérieuse, avec un une-deux parfaitement exécuté par Barkov et Prokopiev. Le premier nommé n'a plus qu'à viser la cage vide, mais Ronnie Sundin détourne miraculeusement le palet. La Suède souffle tandis que Marcus Thuresson ramène le jeu en zone offensive, mais il se fait contrer par Prokopiev. Un relais aérien de Barkov, et voilà Aleksei Morozov dans le dos d'Öhlund pour la deuxième vague qui submerge la digue suédoise (0-1, 09'47").

Oleg Belov accroche Norström sur un rebond, le jeu de puissance suédois s'installe mais est un peu statique. À sa sortie de prison, Belov sert face à la cage Yashin, gêné par la crosse haute de Sundblad. La supériorité numérique s'inverse donc. Les Russes, eux, n'arrivent même pas à entrer en zone. Ils sont plus dangereux à cinq contre cinq, comme le prouve Erofeïev sur une passe de derrière la cage de Prokopiev. Mais ils sont parfois victimes de leur nonchalance, à l'image de Fedotov qui abandonne le palet en milieu de glace à Andersson dans les dernières secondes du tiers.

Le jeu n'est pas très fluide en deuxième période. On accroche beaucoup et l'arbitre canadien M. Joanette siffle trop peu. Pour enflammer le match, on peut attendre un coup de génie d'Aleksandr "c'est mon palet et j'ai pas le droit de le prêter" Korolyuk, mais le roc Ragnarsson est un obstacle trop massif en un contre un pour le gamin russe. La Suède a la possession la grande majorité du temps, grâce à une domination aux mises au jeu (Arvedson gagne les plus importantes), à sa maîtrise technique, et un peu aussi aux palets perdus par l'adversaire. La Russie n'a pas produit grand-chose, jusqu'à ce que Belov file sur l'aile droite et centre au second poteau pour la reprise à bout portant d'Aleksei Yashin (0-2, 39'03").

Après ce but assassin en fin de tiers, il ne reste plus qu'à enfoncer le poignard. Aleksandr Prokopiev déroute ses adversaires avec le palet : Ragnarsson anticipe la passe, Salo s'avance en croyant à un tir, et l'attaquant exilé à Vitkovice vient délicatement glisser le palet en angle dans les filets (0-3, 40'30"). La Suède se découvre évidemment, à l'instar du défenseur Magnus Svensson qui semble croire qu'il sauvera son pays à lui seul par une montée de palet. Elle reste donc à la merci des contres russes. La belle passe de Yashin pour Belov, qui tire juste à côté, n'est qu'un avertissement. On assiste ensuite à un modèle de contre-attaque : Anatoli Fedotov, derrière sa cage, relance à gauche pour Prokopiev et celui-ci envoie immédiatement Barkov seul face à Salo qui ne peut qu'effleurer le palet de son bouclier (0-4, 46'20").

À la fin de sa sixième supériorité numérique, la Tre Kronor finit par marquer. Un tir contré arrive dans la crosse du doyen de l'équipe Anders Carlsson avec un angle ouvert à côté de la cage (1-4, 58'18"). Ce but ne fait cependant pas oublier les difficultés du powerplay suédois, et en particulier de l'unité qui devrait en être le dépositaire, celle de Michael Nylander. Le n°92 n'a pas toujours eu des choix heureux ce soir. Pour que ses contrôles patients du palet derrière le but n'aient pas pour seul effet de ralentir le jeu, il faut que ses coéquipiers s'activent pour lui offrir des solutions de jeu.

La Suède, qui possède l'équipe aux plus gros gabarits du tournoi, avait dominé la première phase en matant les Nord-Américains. Mais, comme son nul contre la Lettonie l'avait démontré, les rencontres face aux pays de l'Est dévoilent certaines carences offensives, dues sans doute à un manque de dynamisme général. Cette phase finale est donc complètement réouverte par ce résultat.

Désignés joueurs du match : Jonas Höglund pour la Suède et Aleksandr Prokopiev pour la Russie.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Igor Dmitriev (entraîneur de la Russie) : "Ce n'est pas la première fois que j'entends nos adversaires dire qu'ils ont perdu par leur faute. Cette victoire ne peut pas être accidentelle. Après tout, nous avons battu deux fois les Suédois sur leur glace avant le championnat (1-0 et 3-0) et même s'il s'agissait de matches amicaux, nous avons gagné un avantage psychologique. C'est bien que nous ayons été ceux qui aient ralenti la progression suédoise vers les médailles, en même temps que nous avons amélioré nos affaires. Le championnat ne fait que commencer. Yashin est un homme maintenant. Il est beaucoup plus fort mentalement, un bon leader pour nous."

 

Suède - Russie 1-4 (0-1, 0-1, 1-2)
Lundi 5 mai 1997 à 16h00 à la Hartwall Arena de Helsinki. 13 262 spectateurs.
Arbitrage de Marc Joannette assisté de Timothy Kotyra et Darren Gibbs
Pénalités : Suède 10' (2', 2', 6'), Russie 18' (2', 6', 10').
Tirs : Suède 30 (7, 11, 12), Russie 16 (6, 5, 5).

Évolution du score :
0-1 à 09'47" : Morozov assisté de Prokopiev et Barkov
0-2 à 39'03" : Yashin assisté de Belov
0-3 à 40'30" : Prokopiev assisté de Barkov et Morozov
0-4 à 46'20" : Barkov assisté de Prokopiev et Fedotov
1-4 à 58'18" : Carlsson assisté d'Öhlund et Lindbom (sup. num.)
 

Suède

Attaquants :
Niklas Sundblad (-2, 6') - Marcus Thuresson (-2) - Jörgen Jönsson (-2)
Niklas Andersson (-1) - Anders Carlsson (A, -1) - Per Svartvadet (-1)
Per Eklund - Michael Nylander - Nichlas Falk
Jonas Höglund (-1) - Magnus Arvedson (-1) - Stefan Nilsson (C)
Johan Lindbom (en fin de match)

Défenseurs :
Mattias Norström (-1) - Tommy Albelin (A)
Marcus Ragnarsson (-2) - Magnus Svensson (-2)
Ronnie Sundin (-1) - Mattias Öhlund (-2)
Roger Johansson (4')

Gardien :
Tommy Salo

Remplaçant : Johan Hedberg (G).

Russie

Attaquants :
Aleksandr Prokopiev (+3) - Aleksandr Barkov (+3) - Aleksei Morozov (+2, 4')
Vyacheslav Butsaïev (+1, 4') - Aleksei Yashin (+1) - Oleg Belov (+1)
[Prokopiev ou Butsaïev] - Aleksei Chupin (A, 2') - Mikhaïl Sarmatin (2')
Denis Afinogenov - Vadim Epanchintsev - Aleksandr Korolyuk (2')

Défenseurs :
Anatoli Fedotov (+2) - Sergei Fokin (A, +3)
Dmitri Erofeïev (+1) - Sergei Bautin (C, +1, 2')
Andrei Skopintsev (+1) - Dmitri Krasotkin
Marat Davydov (2')

Gardien :
Maksim Mikhaïlovsky

Remplaçant : Sergri Fadeïev (G). Absents : Sergei Petrenko (épaule), Andrei Nikolishin (genou droit).

 

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