France - Finlande (25 avril 1996)
Championnats du monde 1996, premier tour, poule B.
Avec seulement un point en deux matches, les champions du monde finlandais comptent sur ce match pour se rassurer, face à un adversaire qui leur pose rarement des problèmes. Ils ont battu la France 5-0 l'an passé en quarts de finale sur la route de leur premier titre mondial, puis 5-0 et 6-1 en préparation il y a quelques semaines. Pour les Bleus, qui jouent en blanc ce soir, rester à moins de cinq buts d'écart peut donc apparaître comme une bonne jauge, même s'il faudrait faire mieux pour encore rêver aux quarts de finale.
La réalité reprend vite le dessus. Franck Pajonkowski retient la crosse de Janne Ojanen sur un rebond et Michel Vallière doit déjà multiplier les arrêts sur cette première infériorité, dont une superbe mitaine alors qu'il est couché sur la glace pendant un tir de l'enclave du défenseur Janne Niinimaa, qui a pour mission de se placer devant la cage en powerplay. Puis à quatre contre quatre, après une explication Niinimaa/Pouget, Mika Nieminen marque en deux temps, mais la botte de Vallière a déplacé la cage sur le premier tir. Il faudra sortir toute la boîte à malices face à ces insaisissables Finlandais. La France, archi-dominée, est occupée surtout à essayer de se dégager. Sur sa seule incursion en zone offensive, elle concède même une contre-attaque à 3 contre 2. De quoi la refroidir encore plus.
Jusqu'à quand les Bleus - en blanc - tiendront-ils ? La deuxième période commence à 4 contre 4, et Teemu Selänne s'ouvre alors un boulevard. Discrètement accroché à la hanche par Zytynsky, l'homme aux 108 points cette saison en NHL ne trouve pas la faille entre les jambières de Vallière car celui-ci pose sa crosse sur la glace. La Finlande a toujours autant de lancers, et ses actions sont encore plus franches : une déviation à bout portant de Sami Kapanen sur un tir de la bleue de Niinimaa, une percée individuelle de Juha Ylönen, un tir de l'enclave d'Esa Keskinen, un double tir de Selänne...
Et quand il vient aux Français la folle idée d'attaquer, le résultat est encore pire : Stéphane Barin perd le palet en zone offensive face à Keskinen qui lance le contre et décale Kai Nurminen dont la reprise passe sous le bras de Vallière (0-1, 27'57"). Le jeu de transition finlandais est épatant. Raimo Helminen trouve ainsi une belle passe en zone neutre pour Ville Peltonen qui s'est faufilé derrière Lemoine à la bleue et qui peut se présenter devant Vallière. Il fixe le gardien et se décale pour avoir la cage ouverte (0-2, 28'45"). C'est aussi Peltonen qui retient Pousse pour offrir à la France sa première supériorité numérique du match. François Rozenthal passe le verrou finlandais à l'énergie et trouve de derrière la cage une reprise d'Arnaud Briand, mais ce sera la seule occasion de ces deux minutes. Il y a en a une autre au retour au complet, mais Barin rate le cadre sur un décalage de Pat Dunn.
La Finlande semble devoir reprendre sa domination, mais une belle passe en zone neutre de Bob Ouellet envoie Philippe Bozon seul pour un but identique à celui qu'il a marqué hier : feinte de tir et conclusion du revers dans le haut du filet (1-2, 33'55"). Les blancs ne se réjouissent pas longtemps, car un puissant lancer en entrée de zone de Sami Kapanen les remet tout de suite à deux buts (1-3, 34'20"). Dunn est sanctionné pour une charge avec le coude et Lemoine retient Nieminen qui l'a dribblé. À trois contre cinq, les Français sont forcément très repliés. Les deux Finlandais à la pointe sur le premier powerplay finlandais, Teemu Selänne et Timo Jutila, sont donc plus avancés par rapport à la bleue, et cela rend la reprise en lucarne du premier sur passe du second encore plus imparable (1-4, 36'06"). Barin fait trébucher Nurminen le long de la bande en entrée de zone, et le scénario à deux joueurs de moins recommence, mais avec l'autre unité spéciale finlandaise. Hannu Virta s'avance et déclenche une succession de rebonds, jusqu'à la pénalité de Woodburn pour avoir déplacé la cage. La France ne s'en sort pas. Vallière repousse de la jambière et plonge sur un rebond qui passe quand même sous lui (1-5, 38'22"). Après cette longue infériorité, la pause fait du bien.
La Finlande gère son avance au dernier tiers-temps, et la pression se relâche enfin un peu pour les Français. Ceux-ci parviennent même à réduire le score, grâce à une relance de Philippe Bozon pour Christian Pouget seul à la bleue dans l'axe, qui fusille Ari Sulander (2-5, 46'35"). Alors que Briand et Nieminen ont été pénalisés, Dunn est encore mis à l'index pour un coup de coude. La France se retrouve à trois contre quatre, mais Arnaud Briand, en sortant de prison, vient chiper le palet par derrière à Selänne qui organisait le jeu et ne s'y attendait pas du tout. Les tricolores sont quand même encore à quatre contre cinq, et Michel Vallière effectue un bel arrêt sur un breakaway de Ville Peltonen. Ce n'est que partie remise pour le héros des Mondiaux 1995. Un malentendu entre Perez et Woodburn le laisse arriver seul et marquer en toute facilité après un une-deux avec Nurminen (2-6, 57'45"). Roger Dubé marque un dernier but opportuniste alors que le palet lui revient via le patin de Kapanen (3-6, 59'15").
C'était exactement le match qu'il fallait pour que la Finlande se rassure. Ses leaders offensifs que sont Peltonen, Selänne ou le duo Nurminen/Keskinen ont débloqué leurs compteurs. L'entraîneur Curt Lindström, qui joue à onze attaquants pour laisser des places libres à des jokers NHL, a pu tester plusieurs lignes inédites au cours de la partie. Et le jeu de puissance paraît pour sa part déjà bien défini et au point. La qualité technique et la rapidité des transitions finlandaises n'autorisaient aucun espoir. L'entraîneur de l'équipe de France, Juhani Tamminen, sait pertinemment que, s'il y a un adversaire vraiment hors de portée de ses protégés, ce sont bien ses compatriotes. Il en a encore eu la confirmation ce soir.
Désignés joueurs du match : Michel Vallière pour la France et Kai Nurminen pour la Finlande.
Marc Branchu
France - Finlande 3-6 (0-0, 1-5, 2-1)
Jeudi 25 avril 1996 à 16h00 à la Albert-Schultz-Eishalle de Vienne. 2500 spectateurs.
Arbitrage de Gerhard Müller (ALL) assisté de Fotis Alexiou (CAN) et Tim Kotyra (USA).
Pénalités : France 28' (12', 8', 8'), Finlande 16' (6', 2', 8').
Tirs cadrés : France 10 (3, 5, 2), Finlande 48 (17, 21, 10).
Tirs bloqués : France 0 (0, 0, 0), Finlande 2 (2, 0, 0).
Tirs non cadrés : France 5 (0, 1, 4), Finlande 25 (12, 8, 5).
Engagements : France 39 (14, 11, 14), Finlande 38 (13, 17, 8).
Évolution du score :
0-1 à 27'57" : Nurminen assisté de Keskinen
0-2 à 28'45" : Peltonen assisté de Helminen et Virta
1-2 à 33'55" : Bozon assisté de Ouellet
1-3 à 34'20" : Kapanen
1-4 à 36'06" : Selänne assisté de Jutila et Ruuttu (double sup. num.)
1-5 à 38'22" : Nurminen (double sup. num.)
2-5 à 46'35" : Pouget assisté de Bozon (sup. num.)
2-6 à 57'45" : Peltonen assisté de Nurminen et Nieminen
3-6 à 59'15" : Dubé assisté de Pousse
France
Attaquants :
26 Christian Pouget (A, +1, 2') - 19 Robert Ouellet (+1, 2') - 12 Philippe Bozon (+1, 2')
32 Patrick Dunn (-1, 4') - 20 Franck Pajonkowski (-1, 2') - 7 Stéphane Barin (-1, 2')
9 Maurice Rozenthal (-2) - 8 Arnaud Briand (-2, 2') - 14 François Rozenthal (-1)
28 Roger Dubé - 10 Pierre Pousse (+1) - 25 Antoine Richer (C, +1)
Défenseurs :
16 Jean-Philippe Lemoine (+1, 4') - 27 Serge Poudrier (+1)
5 Steven Woodburn (-1, 6') - 24 Denis Perez (A, -1)
17 Michel Breistroff (-1) - 11 Taras Zytynsky (-2, 2')
4 Serge Djelloul (+1)
Gardien :
31 Michel Vallière
Remplaçant : 29 Petri Ylönen (G). Absent : 21 Christophe Ville (épaule).
Finlande
Attaquants :
22 Christian Ruuttu (+1, 2') - 8 Janne Ojanen (2') - [poste tournant]
88 Teemu Selänne (-1) - 40 Mika Nieminen (A, 2') - 16 Ville Peltonen (A, +1, 2')
9 Esa Keskinen - 29 Juha Riihijärvi - 27 Kai Nurminen
24 Sami Kapanen (+1) - 14 Raimo Helminen (+1) - 21 Juha Ylönen (2')
Défenseurs :
6 Janne Niinimaa (-1, 4') - 5 Timo Jutila (-2)
32 Kimmo Timonen (+12 - 26 Mika Strömberg (+2)
23 Hannu Virta (+1) - 3 Petteri Nummelin (2')
Gardien :
31 Ari Sulander
Remplaçant : 30 Markus Ketterer (G).