Norvège - France (2 mai 1994)

 

Championnats du monde 1994, premier tour, groupe B.

Durant ses deux premières années dans l'élite mondiale, l'équipe de France a perdu tous ses matches de poule avant de se sauver en barrages. Elle a encore été dominée jusqu'ici par tous ses adversaires, mais elle attendait surtout ce match contre la Norvège, qui a engrangé deux points pour sa part. Assez pour se satisfaire d'un match nul, mais pas assez pour avoir assuré son maintien. L'an passé, les deux équipes s'étaient aussi affrontées au dernier match de la poule, et les Norvégiens avaient gagné 5-4.

Mais aujourd'hui, après une minute de jeu à peine, le plus jeune joueur de l'équipe de France, Lionel Orsolini, part en contre à la ligne bleue et ouvre le score (photo de droite). Petter Thoresen égalise tout aussi rapidement en profitant d'une mauvaise passe-abandon mal ajustée de Pat Dunn à la ligne bleue défensive pour se présenter seul face au gardien Petri Ylönen, le feinter et marquer du revers (une assistance sera curieusement attribuée sur ce but alors que Thoresen a bien volé le palet à Dunn). Les Bleus s'enflamment un peu dans leurs sorties de zone en ce début de match. Quand Philippe Bozon essaie de déborder toute l'équipe adverse en partant de l'arrière de sa cage, Espen Knutsen le bloque dans la bande, prend le palet et part en 2 contre 1... mais Ole Eskild Dahlstrøm n'arrive pas à reprendre sa passe. Une obstruction est sifflée contre Pajonkowski mais la France tue la pénalité avec une volonté sans faille, ce qui donne confiance pour la suite. Le match est plaisant et animé avec de l'engagement de part et d'autre.

L'équipe de France prend de plus en plus franchement le contrôle du jeu en deuxième période et le but ne semble qu'une question de temps. Mickaël Babin bute sur Jim Marthinsen en reprenant une passe de derrière la cage de Benoît Laporte. C'est finalement Pat Dunn qui s'impose physiquement face à Svein Enok Nørstebø pour prendre le rebond après un lancer excentré de Steven Woodburn. Le gardien Marthinsen enrage et hurle sur son capitaine Petter Salsten - qui sort du banc et n'était pas sur la glace - pour que ce genre de but ne se reproduise plus. La Norvège est nerveuse alors que les Bleus maîtrisent ensuite leur sujet avec une belle sérénité. En fin de deuxième période, Pajonkowski plaque Maghnussen au sol mais la pénalité est rapidement annulée par un autre retenir sifflé contre Kristiansen.

La Norvège prend un coup sur la tête en début de troisième période quand Jim Marthinsen n'arrive pas à refermer son bras sur le tir en entrée de zone d'Éric Lemarque, qui lui ricoche dessus avant de finir dans les filets. Cette fois-ci, le gardien ne peut s'en prendre qu'à lui-même et paraît plus abattu qu'en colère. Malgré deux infériorités, les Français tiennent fermement la victoire. À l'avant-dernière minute, la pénalité du capitaine Petter Salsten prive les Norvégiens de leur ultime espoir. Christophe Ville, revenu au meilleur de sa forme maintenant que sa carence en fer a été repérée et compensée, remonte toute la glace pendant la supériorité numérique et laisse le palet derrière la cage à Stéphane Barin. Celui-ci sert en retrait Pierre Pousse qui marque en deux temps le but qui valide le maintien. Marthinsen rattrape même de justesse le 5-1 avant la ligne sur un tir de Pierrick Maia qui s'est échappé de sa mitaine.

La France a rempli son objectif. Deux des vétérans franco-canadiens encore présents annoncent la fin de leur carrière, le défenseur Michel Leblanc et l'attaquant Benoît Laporte. L'avenir du sélectionneur Kjell Larsson reste toujours en suspens. Le Suédois aimerait rester jusqu'aux Mondiaux de 1995 qui auront lieu dans son pays. Le problème est que son salaire a plus que quintuplé au fil des ans et atteint 1,5 million de francs, trop lourd pour une FFSG qui cherche des économies. La fédération voudrait réduire de moitié la rémunération de Larsson, qui est prêt à consentir une baisse, mais pas à ce point. Les négociations se poursuivent mais chaque jour qui passe semble les mener un peu plus dans l'impasse.

Désignés joueurs du match : Espen Knutsen pour la Norvège et Lionel Orsolini pour la France.

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Kjell Larsson (entraîneur de la France) : "Nous avons été beaucoup plus forts psychologiquement que les Norvégiens. Notre objectif était de rester pour la quatrième saison d'affilée dans le groupe A. Nous l'avons atteint. Je sais que certains nous reprochent nos résultats, mais la preuve a été apportée qu'il ne sert à rien de briller trop tôt. Voyez, c'est la Norvège qui va devoir jouer maintenant le match de barrage... J'ai reçu plusieurs propositions, mais je n'ai encore rien décidé. Je préfère attendre une dizaine de jours. Je ne suis pas opposé à rester en France car le maintien dans le groupe A change sensiblement le contexte. Mais pour continuer dans de bonnes conditions, il faut que je dispose des moyens nécessaires."

Benoît Laporte (attaquant de la France) : "Michel et moi avons fini notre carrière en beauté. Si nous avons été si enthousiastes à notre âge (35 ans), c'est parce que nous voulions laisser un bel espoir aux jeunes qui arrivent derrière. Pour eux, le groupe A mondial sera une belle motivation. Et je sais que nous pouvons leur laisser les clefs avec confiance. Une fois la trentaine passée, le plus dur à supporter c'est les stages, car ils sont trop longs. Il était temps que ça finisse. Pensez, depuis la Coupe d'Europe avec Rouen, j'ai eu seulement quatre jours de congés."

Lionel Orsolini (attaquant de la France) : "De toute façon, le renouvellement entre les générations va continuer à se faire en douceur. En attaque il y aura vraisemblablement seulement deux nouveaux joueurs. L'entraîneur n'aura donc pas trop de mal à les remplacer. Mais c'est vrai qu'ils risquent d'être un peu moins efficaces que Benoît Laporte par exemple, qui est capable de réussir des coups de génie. Pour que la nouvelle équipe de France puisse continuer à progresser, il faut que M. Larsson ou son successeur fasse confiance aux jeunes dès le début et évite de zapper avec nous, sinon nous perdrons rapidement confiance. Ce fut, par exemple, mon cas après la mise à l'écart juste avant les JO de Lillehammer."

Marc Branchu (photos de Roger Biot)

 

Norvège - France 1-4 (1-1, 0-1, 0-2)
Lundi 2 mai 1994 à 13h00 à Canazei, Val di Fassa. 700 spectateurs.
Arbitrage de Mikhaïl Galinovsky (RUS) assisté de Valeri Nosov (RUS) et Simon Murray (GBR).
Pénalités : Norvège 10' (0', 4', 6'), France 12' (2', 2', 8').
Tirs cadrés : Norvège 17 (8, 2, 7), France 27 (7, 12, 8).
Tirs bloqués : Norvège 8 (3, 2, 3), France 14 (6, 6, 2).
Tirs non cadrés : Norvège 9 (5, 2, 2), France 6 (2, 4, 0).
Engagements : Norvège 26 (8, 8, 10), France 39 (8, 17, 14).

Évolution du score :
0-1 à 01'10" : Orsolini assisté de Poudrier
1-1 à 02'23" : Thoresen assisté de Salsten
1-2 à 33'20" : Dunn assisté de Dubé
1-3 à 44'41" : Lemarque assisté de Moyon
1-4 à 58'54" : Pousse assisté de Barin et Ville (sup. num.)
en noir, la feuille de match officielle ; en rouge, les corrections de Hockey Archives
 

Norvège

Attaquants :
18 Ole Eskild Dahlstrøm (-1)- 20 Erik Kristiansen (-1, 4') - 11 Vegar Barlie (-2)
21 Trond Magnussen (-2) - 41 Espen Knutsen (-1) - 33 Øystein Olsen (-1)
16 Per Christian Knold (+1) - 23 Morten Finstad (-1) - 24 Sjur Robert Nilsen (+1)
37 Marius Rath - 10 Geir Hoff (A) - 22 Petter Thoresen (A, +1)

Défenseurs :
2 Petter Salsten (C, +1, 6') - 4 Carl Oscar Bøe Andersen (+1)
26 Jørgen Salsten (-1) - 7 Tommy Jakobsen (-1)
15 Svein Enok Nørstebø (-2) - 12 Jan-Roar Fagerli (-2)
8 Anders Myrvold

Gardien :
30 Jim Marthinsen

Remplaçants : 1 Robert Schistad (G), 29 Tom Johansen. En réserve : 35 Steve Allman (G).

France

Attaquants :
12 Philippe Bozon (+2) - 32 Franck Pajonkowski (+1, 4') - 18 Éric Lemarque (+1)
9 Patrick Dunn - 10 Pierre Pousse (A, +1) - 28 Roger Dubé
6 Lionel Orsolini (+1) - 21 Christophe Ville (+1) - 7 Stéphane Barin (+1, 2')
14 Benoît Laporte - 17 Pierrick Maia (A) - 11 Mickaël Babin (-1)
8 Arnaud Briand

Défenseurs :
16 Jean-Philippe Lemoine (+1, 2') - 5 Steven Woodburn
27 Serge Poudrier (+1, 4') - 24 Denis Perez (C, -1)
3 Christophe Moyon (+1) - 20 Michel Leblanc (+1)

Gardien :
29 Petri Ylönen

Remplaçants : 31 Michel Vallière (G), 23 Gérald Guennelon. En réserve : 30 Fabrice Lhenry (G).

 

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