Italie - Grande-Bretagne (29 avril 1994)

 

Championnats du monde élite 1994, premier tour, groupe A.

Cette rencontre revêt une importance cruciale entre des Italiens qui prétendent à une qualification en quarts de finale, et des Britanniques concentrés sur l'objectif maintien. Il faut dire que les opposants du jour affichent tous deux un zéro au compteur, après deux rencontres jouées. Pourtant les trajectoires ne sont pas les mêmes : le calendrier transalpin a expédié d'entrée les deux cadors du groupe (défaites 1-4 face au Canada et 0-7 face à la Russie). Les hommes de Bryan Lefley ne comptaient guère sur ces matchs pour prendre des points, leur tournoi peut alors vraiment commencer. La Grande Bretagne a également connu les foudres de la Russie de Valeri Kamensky (3-12), mais la défaite face à l'Allemagne (0-4) place déjà la sélection en position délicate.

Le début de la partie ne rassure guère les supporters britanniques. On joue depuis quelques minutes à peine que l'Italie se transmet le palet avec une facilité déconcertante, jusqu'à Paul Beraldo laissé seul, qui vient tromper Martin McKay d'une déviation glissée sous les jambières du gardien. Peu de temps après, une mise au jeu en zone défensive, sur laquelle se jette McKay pour geler la rondelle alors qu'il n'y avait aucun danger, témoigne de la fragilité des Britanniques cueillis à froid. Autre signe inquiétant, la grossière faute de Tim Cranston, qui vient plaquer au sens littéral Orlando sur la glace, et la non moins évitable pénalité contre le portier McKay qui joue illégalement un palet qu'il avait en main derrière sa cage, porte un temps de double infériorité pour les blancs. Un lancer de Iovio heurte alors le poteau, mais l'arbitre slovaque Anton Danko arrête le jeu. Il prend le téléphone de la table de marque pour consulter l'arbitre vidéo. Après de longues secondes d'attente et un ralenti absolument muet, le jeu reprend sans accorder de but. Ce n'est que partie remise car au retour à quatre des Britanniques, la défense laisse la sélection italienne prendre de la vitesse et Bruno Zarillo vient littéralement déposer Stephen Cooper avant de tromper McKay en prolongement de son dribble.

Il faut attendre la huitième minute pour voir une première - timide - réaction des joueurs d'Alex Dampier, lorsque Frank Morris lance directement sur Rosati. Mais sur le contre, l'Italie s'amuse à nouveau. Cette fois-ci c'est Gaetano Orlando qui part seul, donne une leçon à Shannon Hope et vient trouver le côté droit de McKay qui lui fait défaut depuis le début de match. On joue depuis moins de dix minutes, et l'Italie compte déjà trois buts d'avance !

La tête dans le sac, les Britanniques entrevoient peut-être une respiration quand l'arbitre slovaque appelle la première pénalité italienne, contre Georg Comploi. Cooper tente alors un shoot à la ligne bleue mais Michael Rosati dévie. La libération semble venir en fin de supériorité : après un travail de Kevin Conway, le gardien de Bolzano est obligé d'intervenir mais se découvre et le Québécois André Malo en profite pour lancer et marquer pense-t-on... Le but est finalement annulé car devant la cage, le chevelu Rick Fera a dévié du plat du pied.

À égalité d'hommes en revanche, la Grande Bretagne est balayée. Nouveau cas d'école, les attaquants locaux partent à deux, s'amusent de l'arrière-garde adverse, Orlando glisse le palet sous les jambières de McKay mais l'enceinte ne parvient pas à déterminer s'il a passé la ligne ou non. C'est reparti pour un nouveau coup de fil de l'arbitre et un nouveau ralenti à l'angle qui ne dévoile rien : on en reste à 3-0. Une avance confortable qui ne dispense pas l'Italie d'être vigilante car sur un palet anodin, mis derrière la cage par la Grande-Bretagne, Rosati est tout proche de se laisser surprendre par le rebond sur la balustrade. Il a plus l'occasion de briller sur un petit exploit personnel du Gallois Nicky Chinn : " Mike " Rosati bloque le palet entre son gant et sa culotte et a le bon réflexe pour ne pas le relâcher.

Même s'ils sortent plus de leur zone comme sur le travail de Morrison proche d'ouvrir le compteur, les lions continuent de subir la domination locale. Et ce qui devait arriver arriva, Gaetano Orlando récupère une passe longue distance pour partir en un contre un face au gardien. Une feinte de corps et le palet est déposé... sur la droite de McKay, pour le doublé du diable de Milan (4-0). Ça ne s'arrange pas pour la Grande Bretagne. Sur un palet neutralisé, Shannon Hope se rend coupable d'une crosse dans le visage de Georg Comploi. Mais pour le coup, rien ne se passera plus d'ici la fin de cette première période déjà très chargée, si ce n'est un échange d'amabilités entre Chris Kelland et Stefano Figliuzzi, qui fera redémarrer la partie à quatre contre quatre.

La deuxième période semble démarrer avec de meilleures intentions chez les Britanniques, qui ont fait monter au jeu le back-up écossais Moray Hanson. Le chevelu Rick Fera tente une percée en solitaire tout en dribble, et il bute au dernier moment sur Rosati. Quelques minutes plus tard, une belle phase collective aboutit à un lancer de Scott Morrison, capté par le gardien. Mais l'ensemble reste fragile, et Chris Kelland est sanctionné d'une interférence. Il est vite rejoint par Shannon Hope, et cette double infériorité pour 1'30 replace les trois lions dans une situation de grand danger. Si McEwen réalise un gros travail pour grappiller du temps, la phase de jeu suivante est la bonne pour les Italiens, qui mettent la vitesse pour se retrouver en position préférentielle, en l'occurrence Zarrillo qui dévie en se jetant pour Lucio Topatigh n'ayant plus qu'à pousser la rondelle dans les filets (5-0).

À peine de retour au complet, Conway va à son tour visiter le banc de prison, n'arrangeant guère les affaires bretonnes. D'autant que Frank Morris cherche à se faire justice lui-même après une charge de Pavlu, en lui assénant un coup de poing qui n'échappe pas aux arbitres, tandis que Beraldo est sanctionné dans le même temps. La situation de 4 contre 3 est une aubaine pour la vitesse transalpine. Le palet tourne vite, beaucoup trop vite pour les blancs et le défenseur Anthony Circelli vient conclure un superbe mouvement collectif (6-0).

Il devient urgent pour la Grande-Bretagne d'éteindre l'incendie, surtout qu'elle joue toujours en infériorité numérique. La lumière jaillit pourtant d'un lancer de Matt Coté que Rosati dévie d'un réflexe. Patrick Scott est au rebond en passant derrière le gardien (6-1). Pour autant on croit peu à un retour dans la partie, et la suite immédiate le confirme : Pavlu fait le travail en éliminant la défense adverse d'une passe éclair, Stefano Figliuzzi est totalement seul et il trompe Hanson sans effort dans ce match débridé (7-1). Tout au plus deux minutes d'accalmie et Longstaff va à son tour en prison. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, les quatre Britanniques oublient Orlando qui récupère le palet en bord d'enclave et le glisse sous les jambières de Hanson. Huitième but italien, le quatrième en supériorité numérique, et triplé pour le joueur de Milan (8-1). Là oà le jeu s'équilibre finalement, le score ne se stabilise pas dans le tiers-temps. Il reste moins de dix secondes et l'Italie place une nouvelle accélération ravageuse. Zarrillo feinte la défense britannique en tournant le poignet au dernier moment, il met Circelli sur orbite qui termine le travail (9-1).

La rencontre est pliée depuis un bon moment quand débute la dernière période. Cela se ressent au train de sénateur imposé dès les premières minutes. À vrai dire, il ne se passe rien du tout pendant huit bonnes minutes et un lancer non cadré de Fera suivi d'une bagarre sans raison apparente entre Frank Morris et Chris Bartolone, visiblement uniquement monté au jeu pour cela. En toute fin de supériorité, Fera se retrouve en position idéale mais il se précipite et manque le cadre une nouvelle fois. Situation inverse peu de temps après avec Ian Cooper pénalisé. Mais alors qu'il venait de délivrer un lancer dangereux, Sacratini prend une sanction et ramène les sélections à égalité numérique. Et c'est même un 4 contre 3 après une minute quand Beraldo accroche son adversaire parti en contre. Revenus en double supériorité, les Britanniques se montrent dangereux par Cooper, à peine sorti de prison, puis Rosati fait un arrêt miracle devant Tony Hand. Une nouvelle pénalité contre Figliuzzi redonne quelques secondes de 5 contre 3 pour les trois lions. Mais c'est tout de même suite au retour sur la glace de Beraldo que le joueur des Devils de Cardiff, Doug McEwen, est mis sur orbite pour défier Rosati en un contre un. Il joue le coup à merveille et dépose le palet entre les jambières du gardien italien, sous les clameurs des supporters britanniques, comme toujours venus nombreux (9-2).

Mais toute la partie est résumée quand, moins de 10 secondes après la remise en jeu, les Italiens, pourtant inoffensifs depuis le début du tiers, placent une légère accélération qui profite à Vezio Sacratini. La défense laisse un temps infini à l'attaquant de Varèse, et Hanson n'est pas exempt de tout reproche sur ce but (10-2). S'ensuit une pénalité contre David Longstaff. Il est vite rejoint par André Malo, auteur d'une bien vilaine charge de frustration. Mais les Italiens laissent tourner l'horloge et signent donc une première victoire dans ce tournoi, qui relance dans la course aux quarts de finale sachant qu'il reste des adversaires directs à affronter (l'Autriche puis l'Allemagne). Quant aux Britanniques, ils constatent le fossé existant entre l'élite et le Mondial B, et doivent en cet instant se projeter essentiellement sur le barrage de maintien, sauf à parvenir à battre l'Autriche après l'intouchable Canada.

Désignés joueurs du match : Gaetano Orlando pour l'Italie et Patrick Scott pour la Grande-Bretagne.

Sébastien Bernard

 

Italie - Grande-Bretagne 10-2 (4-0, 5-1, 1-1)
Vendredi 29 avril 1994 au Palaonda de Bolzano. 2700 spectateurs.
Arbitrage d'Anton Danko (SVK) assisté d'Erich Strasil (AUT) et Patrick Norrman (SUE).
Pénalités : Italie 4' (2', 0', 2') ; Grande-Bretagne 4' (2', 0', 2').
Tirs : Italie 21 (11, 6, 4) ; Grande-Bretagne 32 (8, 15, 9).

Évolution du score :
1-0 à 04'17" : Beraldo assisté de Iovio et Chitarroni
2-0 à 07'30" : Zarrillo assisté de De Angelis (sup. num.)
3-0 à 08'22" : Orlando
4-0 à 15'31" : Orlando assisté de De Angelis
5-0 à 25'38" : Topatigh assisté d'Orlando (sup. num.)
6-0 à 28'50" : Circelli assisté d'Orlando et De Angelis (sup. num.)
6-1 à 30'42" : Scott assisté de Morrison (inf. num.)
7-1 à 31'40" : Figliuzzi assisté de Pavlu et De Toni
8-1 à 34'54" : Orlando assisté de Zarrillo et De Gaetano
9-1 à 39'53" : Circelli assisté de Zarrillo
9-2 à 56'08" : McEwen assisté de Conway (sup. num.)
10-2 à 56'20" : Sacratini assisté de Ramoser
 

Italie

Attaquants :
16 Bruno Zarrillo (+6) - 17 Gaetano Orlando (A, +6, 2') - 27 Lucio Topatigh (A, +5)
9 Emilio Iovio (+1) - 24 Mario Chitarroni (+1) - 8 Paul Beraldo (4')
10 Lino De Toni (+1) - 91 Stefano Figliuzzi (+1, 4') - 28 Martin Pavlu
19 Patrick Brugnoli (+1) - 32 Vezio Sacratini (+1, 2') - 11 Roland Ramoser (+1)

Défenseurs :
37 Michael De Angelis (+6) - 25 Anthony Circelli (+6)
4 Robert Oberrauch (C, +2) - 3 Phil De Gaetano (+2)
23 Giovanni Marchetti - 20 Georg Comploi (2')
47 Luigi Da Corte - 29 Christopher Paul Bartolone (2')

Gardien :
34 Michael Rosati

Remplaçant : 30 Bruno Campese (G). En réserve : 33 David Delfino (G).

Grande-Bretagne

Attaquants :
2 Nicky Chinn - 13 Rick Brebant (-4) - 16 Ian Cooper (-2, 2')
24 Frank Morris (-6, 4') - 11 Rick Fera - 17 Kevin Conway (-1, 2')
10 Doug McEwen (-1) - 4 Tim Cranston (-3, 2') - 9 Tony Hand (-3)
19 Scott Morrison - 14 Patrick Scott - 25 David Longstaff (-1, 4')

Défenseurs :
5 Stephen Cooper (A, -3) - 6 Shannon Hope (-2, 4')
27 Andre Malo (-3, 2') - 3 Mike O'Connor (A, -2)
21 Chris Kelland (C, -2, 4') - 18 Brian Mason (-1)
7 Matt Cote (-1)

Gardien :
30 Martin McKay (2') puis 18 Moray Hanson

En réserve : 1 John McCrone (G), 22 Terry Kurtenbach.

 

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