Canada - États-Unis (17 février 1994)

 

Jeux olympiques 1994, groupe B, troisième journée.

Après deux victoires initiales sur l'Italie et sur la France, le Canada passe son premier test face aux États-Unis. Un premier test important car les Américains ont été le mètre-étalon de la préparation : les joueurs à la feuille d'érable ont concédé 8 défaites contre cet adversaire rencontré de manière régulière, contre 1 match nul et seulement 2 victoires. Ces piètres résultats avaient contribué à ce que les Canadiens abordent le tournoi sans se considérer parmi les favoris.

En manque de victoires après deux matchs nuls pour commencer le tournoi, les États-Unis sont décidés à mettre la pression. Todd Marchant fait ainsi perdre le palet au défenseur canadien Mark Astley dès les premières secondes. Cette agressivité se trouve sanctionnée quand l'arbitre siffle une charge avec la crosse de Jeff Lazaro en zone offensive, mais même en infériorité numérique, le pressing américain incarné par David Sacco est très actif. Toutefois, quand on presse aussi haut, il ne faut pas perdre sa position. À la cinquième minute, Peter Laviolette monte en zone neutre sur Brian Savage qui l'évite d'un mouvement de bassin. Avec un défenseur en moins, Dwayne Norris se retrouve libre quand le centre Marchant le lâche au marquage. Seul face au but, il reçoit un palet transmis par Savage et marque du revers en lucarne (1-0).

Le Canada contrôle le match, en partie parce que ses adversaires se succèdent en prison, mais c'est à son tour de prendre deux pénalités en fin de premier tiers. David Harlock accroche Campbell puis Brad Werenka commet une charge incorrecte. Les Américains sont d'abord trop attentistes et tardent à prendre un tir pendant ces jeux de puissance enchaînés, mais au moment où ils s'achèvent, après une minute en deuxième période, la passe dans le milieu de David Roberts pour David Sacco traverse en fait la glace et offre une cage ouverte à Brian Rolston dans le cercle opposé (1-1).

Le sifflet a changé de camp. La crosse haute de Lovsin en zone offensive est sans conséquence. Mais peu avant la mi-match, Harlock retourne en prison pour avoir retenu Sacco dans le coin, puis, 13 secondes plus tard, Greg Parks revient à toute allure vers son but pour infliger un violent cross-check à Ciavaglia, d'autant plus inutile que Corey Hirsch a gelé le palet et que l'attaquant américain n'est même pas à portée du gardien. Les États-Unis se voient donc offrir un long 5 contre 3 et Brian Rolston se place dans le milieu pour reprendre à ras glace une passe en retrait de Mark Beaufait (1-2).

La partie reste animée avec du patinage et une belle activité des deux équipes. Soudain, sur un palet anodin envoyé à la cage dans un angle très fermé par Kariya alors que Kontos approche, Garth Snow voit sa crosse glisser de son gant : il écope alors d'un tir de pénalité pour avoir jeté son bâton. C'est Petr Nedved qui s'élance, et il feinte à droite pour égaliser du revers (2-2, photo ci-dessous). Les Canadiens reprennent alors possession de la rondelle, y compris - mais pas seulement - pendant une pénalité de Brett Hauer.

La troisième période reprend à peine qu'Edward Crowley, dont le nez saigne à cause d'une crosse haute de Greg Johnson. La faute est nette au ralenti, la tâche de sang sur la glace aussi, mais curieusement l'arbitre n'inflige aucune pénalité au Canada. Celui-ci prend l'avantage une minute plus tard : David Harlock contre une attaque américaine par un poke-check, Dwayne Norris récupère le palet et place un slap croisé en entrée de zone au-dessus de la botte droite de Garth Snow (3-2).

Le duel nord-américain ne perd pas en intensité et se fait même de plus en plus physique. Le Canada semble un peu plus incisif et acharné dans les duels, et c'est lui qui obtient le premier un avantage numérique quand Rolston retient la crosse de Parks, mas l'impact physique de Crowley, de Lazaro, puis de Hauer permet aux penalty killers américains de ressortir sans cesse le palet. Vingt secondes après le retour à 5 contre 5, c'est au tour de Petr Nedved pour avoir accroché Beaufait au passage de la ligne bleue. En infériorité numérique, Greg Johnson s'échappe dans le dos de Marchant qui le fait trébucher : deuxième pénalty dans le même match ! Mais cette fois, Snow bloque avec son bâton le tir du revers de Johnson.

Les Américains doivent revenir mais s'exposent à des contre-attaques canadiennes rapides : Garth Snow doit sortir le grand jeu devant un lancer croisé de Kariya et surtout sur un arrêt-mitaine aussi acrobatique que spectaculaire face à un revers à bout portant de Jean-Yves Roy, servi face au but par Wally Schreiber à la fin d'une action née d'un palet perdu à la bleue par Matt Martin à deux minutes de la fin. Cet arrêt prend encore plus d'importance à la dernière minute, quand Tim Taylor prend son temps mort et remplace Snow par un joueur de champ. Rolston est alors accroché par Greg Johnson devant le banc canadien.

L'entraîneur-adjoint Dany Dubé hurlera au scandale ("C'est complètement ridicule. Ici en Europe, on en est rendu là. Il y a une pénalité automatique quand un joueur lève les bras et se jette sur la glace. Ça devrait être le contraire. Le joueur qui joue la comédie devrait être chassé pour avoir retardé le match."), mais si Brian Rolston - qui a heurté la bande dans sa chute - a joué la comédie, il y est allé un peu fort puisqu'il a dû être remplacé alors que c'est lui qui est le buteur désigné dans ses situations surnuméraires de fin de match. À défaut, les Américains s'appuient sur le slap d'un autre joueur dans le cercle droit, Todd Marchant (3-3). Le gardien Hirsch est parfaitement masqué par Peter Ciavaglia sur cette égalisation providentielle. Elle ne paraît pas un scandale arbitral - surtout en considérant la faute non sifflée avant le troisième but canadien - mais il est vrai comme le dit aussi Dubé que le Canada a plutôt dominé à cinq contre cinq.

Commentaires d'après-match

Tom Renney (entraîneur du Canada) : "Ce match était un bon gain pour les deux équipes. L'entraînement sera facultatif demain. Nous avons joué beaucoup de hockey et nous sommes un peu fatigués. Les Slovaques seront un bon test, ils pratiquent un style similaire au nôtre."

Tim Taylor (entraîneur des États-Unis) : "Nous devons être contents de ce match. Revenir comme nous l'avons fait, cela démontre le courage et la combativité de cette équipe. Une fois de plus. Nous avons joué une très bonne équipe. Nous pouvons garder la tête haute. Cela nous donne une bonne idée de nous-mêmes avant d'affronter la Suède, une des équipes les plus sages et expérimentées de ces Jeux olympiques. Ils pratiquent un jeu de possession. On sait qu'on n'aura pas beaucoup le palet, et que, quand on l'aura, on fera face à un formidable système défensif dans lequel tous les joueurs s'impliquent pour couvrir la zone neutre. C'est Mike Dunham qui sera le gardien titulaire."

 

Canada - États-Unis 3-3 (1-0, 1-2, 1-1)
Jeudi 17 février 1994 à 20h00 au Håkons Hall de Lillehammer. 9245 spectateurs.
Arbitrage de Börje Johansson (SUE) assistés de Stephan Eriksson et Johan Norrman (SUE).
Penalités : Canada 14' (4', 6', 4'), États-Unis 12' (8', 2', 2').
Tirs cadrés : Canada 32 (11, 9, 12), États-Unis 29 (8, 12, 9). Tirs totaux : Canada 48 (21, 9, 18), États-Unis 53 (12, 23, 18).
Engagements : Canada 39 (16, 11, 12), États-Unis 40 (10, 15, 15).

Évolution du score :
1-0 à 04'46" : Norris assisté de Savage et Warriner
1-1 à 21'06" : Rolston assisté de Sacco et Roberts
1-2 à 29'43" : Rolston assisté de Beaufait et Roberts (double sup. num.)
2-2 à 32'09" : Nedved (tir de pénalité)
3-2 à 41'16" : Norris
3-3 à 59'32" : Marchant assisté de Roberts (sup. num.)
 

Canada

Attaquants :
16 Wallace Schreiber (-1) - 12 Greg Johnson - 25 Jean-Yves Roy
9 Paul Kariya (+2) - 93 Petr Nedved (2') - 27 Christopher Kontos (+1)
8 Fabian Joseph (C, 2') - 22 Greg Parks (2') - 7 Todd Hlushko
18 Todd Warriner (+1) - 14 Brian Savage (+2) - 10 Dwayne Norris (+2)

Défenseurs :
24 Mark Astley - 44 Brad Schlegel (A, +1)
28 David Harlock (+2, 4') - 4 Derek Mayer (A, +1)
5 Brad Werenka (-1, 2') - 6 Ken Lovsin (2')

Gardien :
1 Corey Hirsch

Remplaçants : Manny Legacé (G), Adrian Aucoin, Chris Therien. En réserve : Allain Roy (G).

États-Unis

Attaquants :
14 Craig Johnson (-1) - 23 Todd Merchant - 17 Peter Ferraro (-1)
8 Jeffrey Lazaro (A, -2, 2') - 16 David Sacco (A, -1) - 25 James Campbell
10 David Roberts (+1) - 20 Mark Beaufait - 19 John Lilley (-1, 2')
18 Theodore Drury - 12 Peter Ciavaglia - 11 Brian Rolston (+1, 2')
27 Darby Hendrickson

Défenseurs :
7 Peter Laviolette (C, -1) - 33 Edward Crowley (-1)
26 Barron Richter (-1, 2') - 5 Brett Hauer (-2, 2')
3 Matthew Martin (2') - 4 Christopher Imes (-1)
21 Travis Richards

Gardien :
30 Garth Snow [sorti de 59'18" à 59'32"]

Remplaçant : Michael Dunham (G). En réserve : Jonathon Hillebrandt (G).

 

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