France - États-Unis (13 février 1994)

 

Jeux olympiques 1994, groupe B, première journée.

Deux ans après avoir tenu tête aux Américains dans un quart de finale olympique de légende, l'équipe de France commence sa nouvelle campagne olympique face à ce même adversaire. Mais cette fois, les Bleus sont à l'extérieur. Le public est très américain, les "USA" fusent dans la patinoire de Lillehammer. Même la première dame des États-Unis, Hilary Clinton, est présente en tribune avec sa fille Chelsea.

L'exploit d'Albertville semble toutefois difficile à rééditer pour l'équipe de France. Ses deux meilleurs attaquants sont absents : Philippe Bozon est désormais en NHL et Christian Pouget est blessé. Le solide arrière Jean-Philippe Lemoine, revenu de convalescence, n'était pas prêt selon le sélectionneur Kjell Larsson (ce qui n'était pas l'avis de Lemoine lui-même). Loin de leur domination de 1992, les Bleus ne font plus que défendre. Ils ne réussissent que quatre tirs cadrés en première période, ce qui suffit pour inscrire un but sur une déviation involontaire du patin droit de Christophe Ville (but attribué à Franck Saunier). Cela leur permet de répliquer à l'ouverture du score précoce de John Lilley, sur une passe de derrière la cage de Mark Beaufait. Mais les États-Unis ne tardent pas à reprendre l'avantage quand un tir de Peter Ferraro se fraye un chemin entre les jambières de Petri Ylönen.

La domination américaine est patente en deuxième période, mais l'utilisation de la vidéo - une nouveauté de ce tournoi olympique - aboutit à refuser deux buts aux États-Unis, sous la bronca du public : l'un à cause d'une déviation de patin droit de Peter Ciavaglia qui a redirigé un tir de Ted Crowley, l'autre parce qu'un joueur est dans le demi-cercle du gardien. Contre le cours du jeu, Franck Pajonkowski vole le palet à Brett Hauer en zone neutre et part seul au but pour égaliser d'un tir qui ricoche sur la botte de Mike Dunham, à deux minutes seulement de la seconde pause.

Le gardien américain encaisse ensuite un tir du poignet du jeune Benjamin Agnel dès le début de la troisième période. La France donne une leçon d'efficacité à des Américains nerveux qui ont gâché sept jeux de puissance : c'est même elle qui marque en infériorité numérique sur une contre-attaque de Pierrick Maia qu'il conclut d'un lancer du cercle droit. À 4-2, la revanche d'Albertville - que l'on n'osait espérer - paraît bien engagée.

Malheureusement, c'est à ce moment que Petri Ylönen encaisse deux mauvais buts : tout d'abord un tir lointain et apparemment anodin du capitaine Peter Laviolette depuis la zone neutre, un tir du poignet dans un angle impossible de Brian Rolston, totalement à gauche de la patinoire, qui prend le gardien franco-finlandais en délit de mauvaise couverture de son poteau. La France a encore un dernier avantage numérique et met la pression : Dunham bloque entre ses cuisses un rebond du revers de Christophe Ville, puis ses jambes agiles repoussent aussi les lancers de Pousse et Maia.

Une pression finale inutile : les Bleus se contentent d'un match nul qui les aurait sans doute satisfaits dans un autre scénario. Mais ce soir, les Bleus doivent venir consoler Ylönen, déprimé par ses deux mauvais buts, qui frappe la glace de sa crosse et a les mains tremblantes. Ils lui rappellent notamment ses deux bonnes premières périodes.

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe et le Los Angeles Times)

Kjell Larsson (entraîneur de la France) : "Bien sûr nous avions déjà fait match nul (4-4) lors du tournoi de préparation de Rouen. Mais je ne pensais vraiment pas que nous opposerions une aussi belle résistance pendant les Jeux. La France a gagné un point précieux et les États-Unis en ont perdu un car ils étaient favoris. Le plus encourageant, c'est qu'on n'a jamais baissé les bras. On s'est accroché jusqu'au bout. Notre jeu est basé surtout sur la défensive et la contre-attaque soudaine. Nous n'avons pas eu beaucoup d'occasions de surprendre nos adversaires mais, sur les cinq contres que l'équipe de France a tentés, il y a eu quatre buts. C'est un très bon pourcentage."

Antoine Richer (attaquant de la France) : "Lors du quart de finale des JO d'Albertville, les Américains nous ont marqué deux buts à l'aide du patin. Mais la vidéo n'était pas encore utilisée. Cette fois, l'arbitre n'a pas commis la même erreur. J'estime donc que ce n'est que justice, même si nos adversaires étaient intrinsèquement plus forts. J'espère que nous pourrons faire aussi bien contre le Canada. En tout cas, ce résultat va nous motiver encore plus."

Petri Ylönen (gardien de la France) : "C'est vrai que j'ai réussi au moins trente arrêts décisifs. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser aux deux derniers buts. Dire que nous aurions pu gagner. Je m'en veux surtout pour le troisième but. Celui-là, il est pour moi."

Mike Dunham (entraîneur des États-Unis) : "J'aurais dû arrêter le deuxième but et le troisième. C'est dur de rentrer dans un match avec seulement quatre tirs en première période. Cela m'a fait sentir de retour à l'Université du Maine [NDLR : avec qui il a été champion NCAA en 1993 avec une seule défaite dans la saison]. Il faut prendre le positif. Je me sens mieux maintenant avec un match derrière moi. On peut se préparer autant qu'on veut, mais en venant finalement ici et en se rendant compte de l'enjeu, j'étais un peu nerveux. C'était un match que je jouais pour ne pas perdre. Nous savons que nous sommes une bonne équipe et que nous aurions dû gagner ce soir. Ils ont fait un match solide, mais je pense que si on continue à jouer comme on l'a fait offensivement, tout se passera bien."

 

France - États-Unis 4-4 (1-2, 1-0, 2-2)
Dimanche 13 février 1994 à 20h00 au Håkons Hall de Lillehammer. 8145 spectateurs.
Arbitrage de Marko Lepaus (FIN) assisté de Lonnie Cameron et Pierre Tremblay (CAN).
Pénalités : France 16' (6', 4', 6') ; États-Unis 6' (4', 0', 2').
Tirs cadrés : France 14 (4, 3, 7) ; États-Unis 32 (16, 9, 7).
Tirs totaux : France 28 (9, 8, 11) ; États-Unis 58 (20, 22, 16).
Engagements : France 35 (10, 16, 9) ; États-Unis 39 (14, 11, 14).

Évolution du score :
0-1 à 05'04" : Lilley assisté de Beaufait
1-1 à 15'16" : F. Saunier
1-2 à 17'43" : P. Ferraro assisté de Johnson
2-2 à 38'18" : Pajonkowski
3-2 à 42'36" : Agnel
4-2 à 47'48" : Maia assisté de Poudrier et Laporte (inf. num.)
4-3 à 51'23" : Laviolette
4-4 à 53'58" : Rolston assisté de Ciavaglia
 

France

Attaquants :
32 Franck Pajonkowski (4') - 25 Antoine Richer (C) - 10 Pierre Pousse (-1)
4 Franck Saunier (2') - 21 Christophe Ville (A, 2') - 7 Stéphane Barin
14 Benoît Laporte - 17 Pierrick Maia (-1) - 18 Éric Lemarque (-2)
26 Stéphane Arcangeloni (+1) - 8 Arnaud Briand (+1, 2') - 15 Benjamin Agnel (+1)

Défenseurs :
22 Bruno Saunier (2') - 19 Stéphane Botteri (2')
27 Serge Poudrier (-1) - 24 Denis Perez (A, -1)
5 Steven Woodburn (+1, 2') - 3 Christophe Moyon (+1)

Gardien :
29 Petri Ylönen

Remplaçants : Michel Vallière (G), Gérald Guennelon, Sylvain Girard. En réserve : Fabrice Lhenry (G).

États-Unis

Attaquants :
14 Craig Johnson - 23 Todd Merchant (+1) - 17 Peter Ferraro (+1)
10 David Roberts (-1) - 20 Mark Beaufait (+1) - 19 John Lilley
18 Theodore Drury - 12 Peter Ciavaglia (-1) - 11 Brian Rolston
8 Jeffrey Lazaro (A) - 16 David Sacco (A, -2, 2') - 25 James Campbell
27 Darby Hendrickson (-1)

Défenseurs :
33 Edward Crowley (+1) - 7 Peter Laviolette (C)
3 Matthew Martin (+1) - 4 Christopher Imes
5 Brett Hauer (2') - 26 Barron Richter (2')
21 Travis Richards

Gardien :
1 Michael Dunham

Remplaçant : Garth Snow (G). En réserve : Jonathon Hillebrandt (G).

 

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