Suisse - Autriche (28 mars 1985)

 

Championnats du monde du groupe B 1985.

La Suisse s'était passablement inquiétée en amont de ce match. Fredi Lüthi avait manqué l'entraînement d'hier à cause de problèmes d'estomac. Une radio passée par Jacques Soguel avait révélé une arthrose à l'épaule due à une élongation ligamentaire mal soignée. S'ils étaient absents, la deuxième ligne aurait été privée de ses deux centres potentiels. Mais en fin de compte, ils sont présents tous les deux.

C'est au contraire l'Autriche qui est affaiblie. Elle se présente sans son gardien numéro 1 Stankiewicz et se donne visiblement peu de chances de battre la Suisse qu'elle considère comme sa bête noire. Son entraîneur helvétique Rudolf Killias viendrait-il en aide à ses compatriotes ? C'est simplement qu'il poursuit ses propres objectifs et n'a plus d'espoir de se mêler à la lutte pour le titre

Le défenseur austro-canadien Bernie Hutz prend 2'+2' d'entrée, et c'est à la dernière seconde de cette double pénalité mineure qu'Urs Bärtschi ouvre le score, servi seul face à la cage par Bruno Rogger. Un beau but de Lüthi puis un mauvais placement du gardien remplaçant Robert Mak sur le tir de Dekumbis creusent le score à 3-0 dès la première période.

Par son très bon forechecking, la Suisse gêne les sorties de zone autrichiennes et récupère beaucoup de palets. Elle accélère bien sur les transitions et domine nettement le jeu. Un but inattendu d'Edi Lebler sur un tir anodin est vite effacé par un magnifique jeu en triangle d'école conclu par Soguel. Le puissant Bärtschi complète un doublé personnel et les Autrichiens hargneux n'ont plus que de l'antijeu à opposer. L'entraîneur Bengt Ohlson se permet même de satisfaire la demande du public local en donnant quelques présences au remplaçant Jakob Lüdi, le seul joueur de Fribourg-Gottéron dans l'effectif.

La journée a donc été favorable à la Suisse qui creuse un peu plus l'écart à la différence de buts (+16 contre +11) sur la Pologne, car celle-ci a rencontré une opposition beaucoup plus vive de la part des Norvégiens.

Commentaires d'après-match

Bengt Ohlson (entraîneur de la Suisse) : "Nous avons débuté de façon timide, mes joueurs étaient sous pression et ne se sont libérés qu'après le premier tiers. Je suis particulièrement fier d'eux, ils ont atteint un degré de sérieux qui me paraît exceptionnel pour des Suisses. Après cela, il ne me reste plus qu'à demander la nationalité helvétique. La victoire a été plus facile que prévu mais l'Autriche est privée ici de trois de ses meilleurs éléments. C'est un tournoi un peu fou, maintenant la médaille est acquise, mais on aurait pu se retrouver dans la situation de Tokyo où il a fallu nous battre sous une extrême tension pour nous en sortir."

Roland von Mentlen (entraîneur-adjoint de la Suisse, dans 24 heures) : "Après Tokyo, beaucoup de choses furent remises en question. Là-bas, l'emploi journalier était programmé à la minute près. Repas, exercices, récupération, tout était réglé comme à la caserne... Les joueurs se retrouvaient parfois au lit au beau milieu de l'après-midi ! Sans en avoir trop envie, on l'imagine. C'est vrai, on a eu alors le tort de donner toute l'importance au joueur... en ignorant l'être humain. C'est pourquoi, avant les stages, nous avons approché chaque hockeyeur individuellement. Et chacun de ses problèmes personnels - s'il en avait - a été aplani. Ils ont ainsi l'esprit libéré lorsqu'ils pénètrent sur la glace. Il ne faut pas se leurrer. La marge de progression technique des Suisses est désormais infime. L'évolution spectaculaire qu'on enregistre ces temps-ci provient de leur mentalité nouvelle. Je dirais que par rapport à leurs capacités, et au temps dont nous disposons ensemble, les Suisses sont aujourd'hui à leur top-niveau."

Rudolf Killias (entraîneur de l'Autriche) : "Je ne jouais pas perdant en titularisant Mak dans les buts, il a démontré sa valeur en brillant dans les play-offs autrichiens. Un gardien ne peut pas supporter une telle pression sur les épaules durant sept matches d'un tournoi mondial : il fallait laisser respirer Stankiewicz. Je compte sur lui pour le match le plus important contre les Pays-Bas, où nous avons besoin d'un point pour nous sauver. Si nous avons commencé à quatre défenseurs, c'est que je pensais que le match serait plus serré. Ensuite nous avons évolué à trois paires pour ménager les forces des joueurs pour la suite. Nous n'étions pas si mauvais, au dernier tiers nous avons fait des essais pour le match contre les Pays-Bas et nous n'avons plus encaissé aucun but."

 

Suisse - Autriche 5-1 (3-0, 2-1, 0-0)
Jeudi 28 mars 1985 à 16h30 à la patinoire Saint-Léonard de Fribourg. 6600 spectateurs.
Arbitrage de M. Schimki (RFA) assisté de MM. Benedetti (ITA) et Penz (RFA).
Pénalités : Suisse 14' (4', 2', 8') ; Autriche 18' (6', 2', 10').
Tirs : Suisse 47 (15, 14, 18) ; Autriche 30 (5, 11, 14).

Évolution du score :
1-0 à 06'24" : Bärtschi assisté de Rogger (sup. num.)
2-0 à 14'16" : Lüthi assisté de Soguel
3-0 à 18'11" : Dekumbis
3-1 à 27'23" : Lebler
4-1 à 29'11" : Soguel assisté de Mazzoleni et Schlagenhauf
5-1 à 30'27" : Bärtschi assisté d'Eberle
 

Suisse

Attaquants :
24 Jörg Eberle - 14 Arnold Lörtscher - 12 Urs Bärtschi
19 Jacques Soguel (A) - 22 Fredi Lüthi (2') - 27 Peter Schlagenhauf
23 Reto Dekumbis - 10 Pietro Cunti - 11 Lorenzo Schmid (C, 4')
15 Jakob Lüdi

Défenseurs :
20 Bruno Rogger - 4 Andres Ritsch
5 Marco Müller (2') - 2 Fausto Mazzoleni (2')
21 Reto Sturzenegger - 7 Heini Staub (4')

Gardien :
1 Olivier Anken

Remplaçants : 28 Richard Bucher (G), 3 Marcel Wick (D), 16 Thomas Müller (A). En réserve : 25 André Mürner (G), 6 Eddy Rauch (D), 17 Willy Kohler (A).

Autriche

Attaquants :
22 Fritz Ganster - 9 Gerald Rauchenwald - 21 Helmut Petrik (2')
11 Edward Lebler (4') - 17 Herbert Pök - 5 Rudolf König (C)
16 Kurt Harand - 20 Gregory Holst (2') - 13 Martin Lindner

Défenseurs :
4 Giuseppe Mion - 3 Richard Cunningham (A)
19 Martin Platzer - 14 Bernie Hutz (5x2')
7 Harald Tammer - 8 Konrad Dorn

Gardien :
1 Robert Mak

Remplaçants : 25 Brian Stankiewicz (G), 6 Peter Szybisti (D), 18 Leopold Sivec, 24 Franz Kullich (A). En réserve : 10 Kelvin Greenbank (enfant malade).

 

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