Interview de Christophe Tagliapietra

 

L'ancien joueur et entraîneur a été élu président du club de Compiègne à la fin juin, succédant à Claude Perdrix (voir l'interview de celui-ci en 2001)

- Comment êtes-vous arrivé dans le club de Compiègne ?

En fait, j'ai connu Compiègne en 1998 quand Simon Genest m'avait fait venir pour jouer en division 2. La D2 s'est arrêtée, mais je suis resté dans la région. En 2000, alors que j'étais en pleine mutation professionnelle, Claude Perdrix m'a proposé de travailler pour le club (D3, U18, U13 et école de hockey). Cela se passait bien avec les joueurs, j'ai validé mon BE, mais très vite je me suis trouvé à l'étroit et sans réel challenge.

J'ai alors connu une malheureuse expérience à Romorantin comme Directeur sportif : licenciement économique le surlendemain de la période d'essai ("club très sérieux"), saison foutue, j'en ai donc profité pour suivre une formation européenne de préparateur physique (Lyon, Lausanne, Turin, Bruxelles).

Puis tout a redémarré, grâce à des contacts avec Patrick Francheterre et Dave Henderson pour encadrer les stages de préparation physique de l'équipe de France et des U20 (deux ans de suite). En même temps, j'avais mes premiers contacts avec Marc Bigand et Claude Ghioni pour entraîner la D1 du Vésinet : une aventure humaine exceptionnelle ! Elle a duré trois saisons. Mais le hockey n'est plus mon métier depuis 2004, je m'occupe de la téléphonie et du nomadisme dans une grande banque et je me déplace énormément (170 sites en gestion). De plus, nous allions avoir avec mon épouse notre troisième fils. La maison à Compiègne avec les enfants, le boulot à Charenton avec les déplacements et le hockey au Vésinet avec aussi ses déplacements, ça faisait beaucoup : j'ai fait un choix.

Six mois ont passé et mon premier fils qui a 7 ans aujourd'hui a commencé à parler de hockey. J'ai résisté... pas trop longtemps. Nous avons commencé à patiner tous les dimanches matins. C'est là, en avril 2008, que Claude Perdrix m'a proposé de revenir m'occuper des jeunes, j'ai accepté, mais seulement pour les U9 et le plan de détection de la COS Nord. C'est sympa, les mômes, surtout quand ça débute, nous avons fait une belle saison (56 matchs).

- Il n'est pas si fréquent que les dirigeants de clubs soient issus du monde sportif. Qu'est-ce qui vous a poussé, en tant qu'entraîneur, à franchir le pas et à vous présenter comme président ?

En avril dernier, j'ai eu des contacts pour reprendre en D1, c'est vrai que ça m'a chatouillé, mais c'est là que je me suis dit : "pourquoi aller chercher ailleurs ce que j'ai à ma porte". Je savais que Claude Perdrix souhaitait raccrocher d'ici un an ou deux.

Nous avions certains points en commun, mais aussi de très grandes divergences, et coprésider n'était pas possible vu nos caractères respectifs. J'ai fait, c'est vrai, en sorte que les choses s'accélèrent pour provoquer des élections. Très vite, les candidatures ont afflué (21), et aujourd'hui nous sommes 15 au comité directeur. Les gens sont motivés et une véritable dynamique est lancée, ça bouge à tous les niveaux !

- De quoi va s'occuper l'ancien président Claude Perdrix ?

Claude reste au comité départemental, à la ligue et s'occupe aussi, je pense, des calendriers sportifs à la COS Nord. Je crois qu'il souhaite s'investir au sein de la fédération. Il est aussi membre de commissions à l'office des sports de Compiègne. Nous avons de bons contacts, il aide même notre trésorière dans les dossiers urgents.

- Quels sont vos priorités comme président du Hockey Club Compiégnois ?

Mes priorités sont simples...

Développer une belle "École de Hockey", nous avons la structure et les hommes. Franck Perdrix reste notre entraîneur et nous avons aussi Jeremy Lebreton qui est en cours de formation BE1. Mais aussi Adrien Ernecq, arbitre en Magnus, membre du nouveau comité et titulaire lui aussi du BE1 qui va donner un coup de main, ainsi que Bogdan Drewniak, vice-président du club, ancien directeur de la patinoire, initiateur pour la ville et entraîneur du club par le passé (il a appris a patiner à de nombreux joueurs de Compiègne comme son fils Nicolas, ex-Amiens, Sébastien Aris de Montpellier, Augustin Gillardin de Nice et Dimitri Bogus qui va jouer en Pologne), qui dispose de brevets fédéraux et va s'occuper de l'école de hockey et des U9. Pour ma part, je donnerai un coup de main aux U9 et à la D3, mais je ne veux pas avoir de multiples casquettes, je préfère orienter la politique de formation et définir le plan avec les entraîneurs. "Le président préside, les entraîneurs entraînent".

Nous avons à ce sujet lancé une nouvelle formule pour rendre le hockey plus accessible à tous, en proposant une adhésion à 150 € équipement compris, et nous proposerons le prêt des patins (non pas ceux de la patinoire, mais des vrais patins de hockey).

Ensuite il y a la D3, il faut que l'équipe soit sexy, quelle gagne des matchs pour attirer public, partenaires et nouveaux licenciés. Compiègne à la chance d'être le seul club du département, à nous d'en tirer les avantages. Par contre, notre sport passe inaperçu dans la région et dans la ville élue la plus sportive de France cette année. Pourtant nous avons de grandes écoles, l'UTC, l'ESCOM, l'ESC, de quoi accueillir de nombreux étudiants, et puis la gare du nord à Paris c'est 40 minutes en train.

Je souhaite que l'on monte rapidement en D2, et qu'à la fin de mon mandat, on commence à parler de la D1. Simplement il faut bien structurer les bases et continuer sur une gestion saine, ne pas dépenser ce que nous n'avons pas, on se disant que, avec, si... on voit ce que ça donne ! À ce sujet nous travaillons activement sur la communication et le partenariat.

Sportivement, il faut qu'a terme 75% de l'effectif soit issu du club, mais pour le moment nous allons devoir recruter, le plus difficile c'est de faire venir de bons joueurs en D3, malgré le challenge sportif que nous proposons, avis aux amateurs.

Ce qui est important aussi pour une bonne synergie de l'équipe, c'est que les joueurs soient sur le même modèle que celui que nous avions mis en place au Vésinet en D1, tout le monde travaillait y compris les 2-3 étrangers. C'est important pour l'équilibre, surtout quand on s'entraîne seulement deux fois par semaine, et financièrement c'est un mieux pour tout le monde, facile à gérer et à concilier au moins jusqu'en D1. Et puis j'ai été aussi élu dans ma commune l'année dernière, ça facilitera certainement les contacts.

Les autres équipes ne seront pas en reste et un gros plan de formation va être mis en place au cours de la saison, j'ai ma petite idée là-dessus, nous y reviendrons plus tard... Je n'oublie pas non plus les loisirs, d'ailleurs de nombreux anciens du club souhaiteraient reprendre, si le nombre est suffisant on va les inscrire au trophée D4. Il y aura aussi une équipe de loisirs plus cool, avec de nombreux parents. Il en faut pour tout le monde.

Pour le reste, nous avons une nouvelle équipe de dirigeants très motivée aux nombreuses compétences, tous travaillent fort sur de nombreux dossiers en pleine autonomie. C'est important d'impliquer les personnes dans la vie du club, la réussite du club sera la réussite de tous.

Quand je fais quelque chose c'est pour gagner, pas juste participer. Et puis j'ai été aussi élu dans ma commune l'année dernière, ça facilitera certainement les contacts.

- Compiègne a été un des clubs les plus emblématiques de D3, par exemple en organisant un carré final "excellence" pour les équipes ne participant pas aux poules finales. Qu'en sera-t-il ?

Je ne connais pas trop la D3 actuelle, maintenant jouer les "play down" sans "down" ce n'est pas spécialement motivant, mais cela a le mérite d'avoir été fait. Personnellement, l'esprit "champion du down" ne m'intéresse pas, et il faut que ça rentre dans les esprits à Compiègne et au-delà. Il ne suffira pas d'être bons, il faut être les meilleurs tous les week-ends et mettre la barre haute, donner l'envie aux gens de se dépasser !

Cette année nous participerons aussi à la Coupe de France. C'est une saison de transition où l'état d'esprit et le goût de l'effort vont être les maîtres mots. Tant mieux si les résultats suivent immédiatement, je veux voir ce que les entraîneurs et les joueurs ont dans le ventre, et nous - comité - ça nous laisse le temps de préparer dans la sérénité la saison 2010-2011.

- L'organisation actuelle de la division 3 vous convient-elle ? Que faudrait-il améliorer ?

Je préférerais une poule unique, un vrai championnat, même sans play-off, ce serait mieux. Bien évidemment certains diront que ça coûte cher, mais si tu joues pour gagner, pour monter c'est comme ça, comment tu feras si tu montes ? Maintenant si tu joues pour jouer et que monter ne t'intéresses pas, tu joues en D4. il vaut mieux être à 12, 14 ou 16 mais avec une vraie compétition.

- Comment sont les relations entre les clubs de Compiègne et d'Amiens aujourd'hui, et comment envisagez-vous qu'elles évoluent ?

Amiens et Compiègne semblent toujours avoir été proches, maintenant je souhaiterais que notre association avec les Espoirs continue, mais avec une plus grande dimension et une vraie ambition de montée, ce doit être un partenariat gagnant-gagnant. Nous avons débuté les discussions avec le président Thomas Henno, nous ferons le point début août. Pour le mineur, il y a aussi, je pense, des projets a monter ensemble, mais chaque chose en son temps.

- Un petit mot sur le club du Vésinet dont vous vous étiez occupé : qu'en reste-t-il aujourd'hui ?

C'est vraiment dommage, surtout que le plus dur avait été fait avec l'énergie dépensée par Marc Bigand et Claude Ghioni durant l'exil à Colombes. Dommage que la construction de la patinoire s'arrête une fois le gros œuvre quasiment terminé, bonjour le gaspillage.

Sans compter le dévouement de nombreux joueurs de la D1, il fallait le faire, deux entraînements par semaine de 22h à 23h30 dans des conditions pas toujours faciles. Je me rappelle aux discussions pour recruter des joueurs, il fallait batailler pour leur vendre le projet sportif, mais ils ont cru et ils ont eu raison (deux fois les play-offs en trois saisons). Et les petits de l'école de hockey qui s'entraînaient à 7h ou 8h le dimanche matin, il fallait que les parents soient motivés.

Ce qui m'a fait le plus mal, c'est de voir à distance s'écrouler l'équipe la dernière saison avant la dissolution du club, tous les week-ends je suivais les résultats sur le net et c'était l'enfer.

Je sais que nombreux joueurs que j'ai entraînés continuent à jouer à Courbevoie, Meudon, Cergy, Asnières, et Édouard Outin désormais à Gap. Il y avait un super groupe qui travaillait, même si nous avions des "cas", c'était parfois très chaud, même aux entraînements, mais c'était notre force. Et puis le duo Bigand/Ghioni était exceptionnel, sans oublier Christiane (elle se reconnaîtra) ! Cela restera un bon souvenir, et je garde de nombreux contacts notamment avec Julien Lefranc, Benoît Paillet et Claude Ghioni.

Aujourd'hui c'est à Compiègne que vais essayer de rendre au hockey tout ce qu'il m'a apporté.

Propos recueillis le 29 juillet 2009 par Marc Branchu

 

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