Interview d'Éric Sarliève

 

Entraîneur de Valence depuis un peu plus de deux ans, Éric Sarliève vient de démissionner alors que la première phase de division 1 bat son plein et que le club drômois est toujours bredouille. L'ancien joueur de Clermont-Ferrand explique les raisons de ce départ.

- Quelle est la raison de votre démission ?

La situation devenait de plus en plus délicate, puisque le club avait décidé de ne pas conserver deux de nos trois joueurs étrangers sans pouvoir les remplacer. De plus, le capitaine de l'équipe avait pris également la décision de ne pas continuer la saison.

Il faut également savoir que la municipalité ne fait pas tout ce qu'il faut pour qu'une équipe de division 1 vive à Valence. Nous disposons de très peu de créneaux d'entraînement, et sur les trois heures hebdomadaires allouées à l'équipe première, il y a une heure où nous travaillons en demi-glace, avec une séance publique sur l'autre moitié de la patinoire. Cela peut paraître improbable, mais c'est la réalité. J'ai estimé que je n'avais ni les moyens ni les conditions pour réussir ma mission.

- Quand avez-vous informé l'équipe de votre décision ?

J'avais déjà rencontré les dirigeants du club il y a de cela plus d'un mois pour leur faire part de mes désirs en termes de joueurs, mais également pour les informer de nos conditions de travail. J'ai ensuite, en début de semaine, informé les dirigeants que je ne continuerais pas l'aventure avec eux. J'ai décidé cela avant le 15 novembre, date limite de recrutement, afin que le club puisse se retourner et trouver mon remplaçant.

- Valence a fait bonne impression en début de championnat, mais a souvent dû se contenter de courtes défaites ou de résultats nuls. Qu'a-t-il manqué pour obtenir des victoires ?

Un buteur, tout simplement. Joueur que le club ne pouvait pas prendre. Statistiquement, nous avions quatre lancers de plus par match que nos adversaires (32 à 28), mais pas de buteur.

L'effectif était très jeune au commencement de cette saison puisque 9 juniors sur 18 faisaient partie de l'équipe et étaient tous présents sur une des trois lignes.

- La défaite en Coupe de France face à Toulon, une équipe de bas de tableau de division 2, est survenue de manière inattendue. Que s'est-il passé ?

C'est la parfaite illustration de ce que je vous disais, 50 lancers contre 15 et une défaite aux tirs aux but.

- Ensuite, Valence a sombré en championnat contre le promu Garges. Y a-t-il un ressort de cassé ?

Psychologiquement, je pense que les joueurs ont été touchés par la défaite de Toulon, et je pense effectivement que quelque chose s'est cassé à ce moment-là. Il m'a semblé alors évident qu'il fallait créer un électrochoc.

- Comment voyez-vous l'avenir des Valentinois dans ce championnat après votre départ ? Y a-t-il des risques qu'ils poursuivent cette pente descendante ?

Je souhaite sincèrement que le club remonte la pente et prépare activement la deuxième phase. Un peu de sang neuf devrait créer cet électrochoc et permettre à l'équipe de faire une bonne seconde phase et de se maintenir. L'économie de mon salaire devrait permettre au club de prendre un entraîneur-joueur qui emmènera les autres joueurs dans son sillage. L'équipe le mérite, et les jeunes du club, bien encadrés, également.

- Quels sont désormais vos projets personnels et comment envisagez-vous votre avenir dans le hockey ?

Je suis retourné depuis jeudi dans ma région d'origine de Clermont-Ferrand, je vais certainement assister à quelques matches de Super 16. Je vais en profiter pour préparer mon diplôme de préparateur physique et proposer mes services au niveau du hockey mineur dans les clubs qui en auraient besoin.

- Quel bilan tirez-vous de votre passage à Valence ?

Un bilan mitigé au niveau de l'équipe première puisque, après une première saison positive en division 2, avec une montée en D1, nous n'avons pas pu confirmer. L'année d'apprentissage a été difficile, en raison de notre manque de moyens financiers et de structures, puisque nous avions récupéré la patinoire aux alentours du 20 novembre. Et la saison en cours se termine pour moi à la fin des matchs aller.

Le bilan est positif au niveau du hockey mineur, puisque j'en étais également responsable. Les minimes et cadets jouent en élite, les poussins et benjamins sont en devenir, il y a un effectif doublé à l'école de hockey pour un total d'environ 80 enfants, et la possibilité de créer deux équipes moustiques. Ajoutez à cela la mise en place d'un encadrement de qualité, le bilan du mineur est plus que positif.

Juste une petite précision, lors de mon entrevue avec les dirigeants, j'ai souhaité ne pas poursuivre l'aventure avec l'équipe de division 1, estimant que toutes les conditions pour réussir n'étaient pas réunies, mais j'étais prêt à continuer au niveau du hockey mineur. Le club n'a pas pu me conserver pour poursuivre ce travail-là, je le regrette, mais je le répète, je souhaite bonne chance à mon successeur.

J'aimerais profiter de cette interview pour remercier tous les bénévoles qui font un boulot extraordinaire pour que le hockey vive à Valence, ainsi que les joueurs avec qui j'ai passé de bons moments. Bonne chance à vous.

Propos recueillis le 31 octobre 2003 par Marc Branchu

 

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