Interview de Loïc Sadoun (21 juillet 2002)

 

- Tout d'abord, peux-tu te présenter sur la glace comme en dehors ?

Loïc Sadoun

Dans le jeu, hé bien on va dire que je ne pratique pas un jeu "bourrin" mais plutôt technique. Le jeu dit à la "canadienne", c'est vraiment pas mon truc, balancer au fond et cogner, je n'aime pas ça. Je préfère le beau jeu bien pratiqué, agréable à regarder et à jouer. Sinon, je me qualifie plus comme un "passeur" même si j'ai montré que je sais aussi marquer (14 buts cette saison). Le hockey sur glace, pour moi, c'est un amusement, donc si je fais ça, c'est pour m'amuser avant tout.

Sinon, dans la vie courante, mes passions sont le golf, que j'espère pouvoir pratiquer à Brest, mais aussi la télé et puis de manière générale le sport. Enfin, pour ce qui est de mes origines, mon père est d'origine algérienne et ma mère est bretonne d'où nos prénoms à mon frère Yven et à moi...

- Quelle est ton impression sur cette saison passée chez les Flammes Bleues, durant laquelle tu auras vécu le meilleur comme le pire ?

Vraiment géniale, cette saison ! On avait un groupe extraordinaire avec une super ambiance. Il n'y avait vraiment pas d'individualités mais un groupe uni. La preuve, on sortait parfois ensemble le soir... Je pense d'ailleurs que c'est ça qui a fait notre force et qui nous a permis de gagner et de brandir la coupe Magnus à la fin, tout simplement. Même si début janvier on s'est fait un peu peur en perdant quelque peu notre jeu et donc des matchs, le groupe est resté uni et la trêve olympique est tombée au bon moment et nous a permis de repartir sur un bon pied avec les idées claires.

Sinon, pour ce qui est du "pire", à vrai dire on ne s'y attendait pas vraiment, même si on avait été mis au courant de la situation du club et de ses problèmes financiers. Un plan de redressement sur trois ans était prévu et des offres de salaires revues à la baisse nous étaient parvenues, mais la disparition pure et simple du HCR n'était pas envisagée... C'est vraiment un déchirement de voir un tel groupe exploser et de devoir le quitter, c'est dur...

- Et plus globalement, sur tes quatre saisons passés à Reims ?

Que du bon, vraiment que de bons souvenirs, même si à mes débuts à Reims j'ai vécu quelques galères avec un coach finlandais qui ne voyait que par la taille et le poids (NDLR : Jari Gronstrand). Du haut de mes 21 ans à l'époque et de mes 1m80 pour 75kg, je n'étais pas vraiment dans ses plans. Mais j'ai travaillé, et puis au fur et à mesure avec la confiance du président, j'ai réussi à m'imposer, et au final je n'en retire que de bons moments et de bons souvenirs...

- Quel a été le moment ou la saison la plus forte de ta carrière de hockeyeur ?

Tout simplement mon passage à Reims, les deux titres de champion, et plus particulièrement cette saison.

- Que voulaient dire les "Albatros de Brest" pour toi avant même d'y venir ?

Je savais que c'était un grand club, avec un glorieux passé et justement désireux de renouer avec celui-ci tout doucement. Et puis ça symbolisait la Bretagne, et donc un peu mes origines aussi quelque part...

- Tu étais annoncé à Dijon avec ton frère Yven, cependant à la dernière minute tu signes à Brest, que s'est-il passé ? Qu'est-ce qui a motivé ton choix final ?

A l'annonce de la disparition des Flammes Bleues, Dijon m'a fait une proposition qu'ils n'ont pas su respecter par la suite, donc à partir de là, M. Bounoure ayant déjà manifesté son intérêt auparavant et m'appelant régulièrement pour se tenir informé du déroulement de l'affaire, je me suis engagé avec Brest. En effet, M. Bounoure et moi, on s'appelait très souvent ces derniers temps, donc c'est tout naturellement que j'ai signé avec lui, et j'en suis ravi !

- De Reims, tu ne viens pas seul, peux-tu nous en dire un peu plus sur tes deux autres compères, Gaël Guilhem et Wilfried Molmy ?

Wilfried et Gaël sont deux jeunes joueurs puisqu'ils ont tout juste vingt ans. Ce sont de bons joueurs qui ont tout à prouver en venant à Brest. Ils ont des choses à apprendre même si ils ont déjà beaucoup appris du haut niveau à Reims. S'ils ont la confiance des dirigeants, ils peuvent montrer de très belles choses sur la glace, en tout cas une chose est sûre, c'est qu'ils ont du talent, et la seule chose qui leur manque à l'heure actuelle, c'est qu'on leur donne un peu plus leur chance peut-être.
Et qui sait... Peut-être que mon frère grossira le rang des arrivées d'anciens Rémois...

- Sur le plan personnel, quels sont tes objectifs en venant dans la cité brestoise ?

Tout simplement gagner, lever encore une fois la coupe Magnus. J'espère aussi qu'on aura un groupe soudé et que ça se passera bien. Sur la glace, je gueule beaucoup, mais de façon positive, je suis très exigeant envers les autres comme pour moi, je ne suis jamais content de moi, donc logiquement, je ne veux que gagner

- Que penses-tu de l'effectif monté par Bounoure cette saison ?

Je ne le connais pratiquement pas, si ce n'est mes deux compères de Reims, ainsi que Jérôme Veret et Sébastien Oprandi que je connais très bien. Jérôme, avec qui je jouais étant encore "gamin", est resté un très bon ami.

- En toute franchise, quelle place penses-tu possible d'atteindre cette année avec l'effectif breton ?

Je ne sais pas trop, c'est difficile à dire pour l'instant. Des équipes comme Rouen, Amiens ou Mulhouse me font déjà forte impression par leur recrutement, donc, pourquoi pas finir derrière eux, mais bon à l'heure actuelle, c'est difficile de se prononcer là-dessus, il faut attendre le début de saison et les premiers matchs pour pouvoir donner déjà un premier pronostic.

- Par rapport à l'actualité, que t'inspire la situation dans laquelle se trouve le hockey français à l'heure actuelle ?

C'est compliqué, j'essaye de pas y penser pour me concentrer sur mon jeu. C'est vraiment le bazar et c'est dommage d'en arriver là... Les présidents gèrent leurs clubs comme ils l'entendent, donc à partir de là ils font ce qu'ils veulent et tout dépend d'eux. Ce que je pense, c'est que tout simplement certains présidents ont les yeux plus gros que le ventre et dépensent plus que ce qu'ils ont, donc forcément il arrive un moment où ça casse.

Quand on voit un club comme Angers qui ne vit pas au-dessus de ses moyens, qui ne flambe pas et qui au final reste constant dans le haut niveau d'année en année, cela prouve qu'on peut parfaitement gérer un club de hockey. C'est juste certaines mentalités qu'il faut changer, je pense...

- Le Super 16 te semble-t-il être un bon choix ?

Oui, c'est un très bon choix. Il faut remettre le hockey français à sa place. L'Elite, ça ne pouvait plus durer... Jouer six fois dans la saison contre la même équipe, c'est de la folie, ça en devient lassant pour tout le monde, ce n'était plus possible. Avec cette nouvelle formule, ce sera beaucoup plus intéressant puisqu'il y aura plus de clubs donc plus de matchs différents, plus de suspense, bref ce sera beaucoup mieux pour tout le monde...

- Quels sont tes favoris pour cette saison ?

Comme je l'ai dit tout à l'heure, Rouen, Amiens, Mulhouse me font forte impression et me paraissent les plus gros prétendants au titre sur le papier au moins... Mais il ne faut pas oublier non plus Grenoble, ou Angers aussi pourquoi pas. Et puis bien entendu les Albatros...

- As-tu un avis ou une opinion sur la politique tant controversée de M. Bounoure ?

Je ne connais pas très bien M. Bounoure si ce n'est par téléphone, mais je sais qu'il veut bien recruter des Français, seulement est-ce que les joueurs Français veulent bien venir à Brest ? Beaucoup ne souhaitent pas venir à Brest parce que c'est loin, tout simplement... Et puis peut-être que certains ont des préjugés sur les Albatros du fait de la "politique" Bounoure.

M. Bounoure au moment de la liquidation du HCR nous disait qu'il souhaitait recruter le maximum de joueurs rémois, encore faut-il que les joueurs soient d'accord... En tout cas, M. Bounoure est comme M. Marcelle, c'est un homme qui a du caractère et qui dit haut et fort ce qu'il pense, quitte à envoyer "chier" M. Gailhaguet et la fédé.

- Enfin désires-tu faire passer un message aux supporters brestois ?

J'espère bien m'intégrer dans le club et parmi les supporters. Je suis vraiment heureux d'avoir signé chez les Albatros. N'hésitez pas à venir me voir pour discuter, je suis ouvert, même si je peux avoir très mauvais caractère sur la glace, en dehors je suis cool. J'espère aussi que vous viendrez nombreux nous supporter. Cependant il me faudra peut-être un peu de temps pour m'adapter et me mettre à mon "régime maximum"...

Propos recueillis le 21 juillet 2002 par William Boussard (www.albatrosbrest.com)

 

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