Interview de Sébastien Rousselin

 

Passé par Angers, Dijon et maintenant Anglet, le défenseur Sébastien Rousselin, auteur du but vainqueur en prolongation de la dernière finale de Coupe de France, revient quand il en a l'occasion voir son club formateur Viry-Châtillon, comme pendant la trêve internationale lors de cette interview réalisée dans la patinoire de Colombes pendant Viry-Dunkerque.

- Cela vous tient à cœur de revenir suivre Viry ?

C'est mon club d'origine, j'y ai fait toutes les catégories. Et puis, mon beau-frère (Guillaume Jeannette) y joue, c'est le papa de ma nièce. Quand je n'ai pas de match et que je peux revenir, je passe voir Viry. Je suis content que ça ait l'air de s'arranger. Avec tous les problèmes qu'il y a eus, je trouve qu'il y a encore une équipe solide. Je trouve ça super beau, tous ces joueurs qui sont restés pour les couleurs de leur maillot, de leur ville. Sébastien Roujon a beaucoup de mérite. Ce n'est pas facile non plus pour le président de devoir gérer ce club sans patinoire. Et regardez-le, il est là à ouvrir la porte de la prison, au service de ses joueurs. Viry, c'est ça, c'est une famille.

- Pensez-vous que Viry aura un avenir un peu plus réjouissant ?

Lorsque la patinoire sera rénovée, je pense que ça ira mieux. Être dans une patinoire fixe, ça aide mentalement et surtout physiquement, pour les entraînements. Aujourd'hui, il y a des joueurs qui bossent ou qui font des études, et ils doivent par exemple aller s'entraîner à Asnières entre 20h et 22h alors qu'ils habitent dans le 91. Mais malgré ces contraintes, ils ont toujours la même envie de jouer. J'approuve vraiment ça.

J'ai vécu tous les titres en cadets et en juniors avec eux, et à l'époque, je ne pensais même pas partir. Je me suis d'ailleurs déjà posé la question de revenir jouer à Viry, en prenant un travail à côté. Mais c'est vrai qu'on a envie de jouer en élite, pour l'équipe de France, et pour le plaisir de jeu. Ne serait-ce que pour les patinoires : entre Colombes et Grenoble, c'est sûr que ce n'est pas la même chose.

Cette notion de plaisir, c'est un petit peu ce qui nous manque en élite quand le hockey est notre travail à plein temps. Avec tous les problèmes en ce moment à Anglet, on oublie qu'être sur la glace et jouer est avant tout un plaisir.

- Vous attendiez-vous à cela en arrivant à Anglet ?

Non, vraiment pas. J'arrivais dans un club demi-finaliste de coupe et bien placé en championnat. Je savais comment le club était structuré, je connaissais des gens qui m'avaient renseigné. Et je venais en tant que renfort, pas en tant que simple joueur qu'on prend en complément, ce qui ne m'était jamais arrivé dans ma carrière par rapport à mon niveau. Je ne m'attendais pas à ce que ce début de saison soit aussi difficile. Cela fait quand même trois ou quatre matches que l'on tourne à deux lignes.

- Le groupe a-t-il essayé de s'opposer à l'éviction de Guillaume Karrer et Dominic Maltais ?

On a essayé d'être solidaires. Mais le président menaçait. Apparemment cela ne les dérangeait pas de virer tout le monde. En fait, ce qu'ils nous ont expliqué, c'est qu'ils ont voulu nous gérer comme une équipe de rugby. Mais nous, c'est du hockey sur glace, et le fonctionnement n'est pas le même.

- Que s'est-il passé ?

Ils ont commencé à vouloir toucher aux salaires, moi je n'approuvais pas trop, même si on les récupérait après. Cela ne me paraît pas une bonne manière de motiver le groupe. Ce n'était pas une question de problèmes financiers, simplement une sanction sportive, parce que perdre trois matches de suite à domicile, à Anglet, ça ne se fait pas.

- Maltais et Karrer seront-ils remplacés ?

Normalement, le recrutement de Sylvain Favreau, l'ancien attaquant de Strasbourg et de Lyon, est fait à 99%. Par contre, il n'y aura pas de remplaçant à Karrer. C'est évidemment dommage car c'est un joueur énorme, international.

- Pensez-vous qu'Anglet puisse quand même remonter la pente ?

On a vécu une mauvaise passe, mais on est en train de le faire. On a quand même mené 3-1 contre Morzine. Malheureusement, il nous a manqué un peu de fond, et surtout l'habitude de gagner. On a essayé de jouer défensif, on aurait mieux fait de garder notre jeu. On est une équipe jeune, qui n'est pas en confiance en ce moment. Mais je pense qu'on accrochera les play-offs.

- La relégation, vous ne l'envisagez pas ?

Je préfère ne pas y penser. C'est vrai que quand tu es treizième, la relégation, elle est là, mais tu n'as pas envie de t'imaginer jouer les barrages. Le groupe se remet d'aplomb. Quand on voit qu'on peut chercher Morzine, on peut chercher n'importe qui.

- Quelles équipes pensez-vous pouvoir laisser derrière vous en fin de saison ?

Déjà, on joue Villard samedi. C'est irrémédiable, il faut les battre. Mont-Blanc et Chamonix ont de bonnes équipes, mais paraissent prenables. Dijon traîne sa pénalité. Après, dire qu'on laissera telle ou telle équipe derrière, je ne sais pas. Si on est dixième ou onzième dans trois semaines, on aura déjà fait un grand pas. Après, tout est possible. En play-offs, on peut tomber contre Épinal par exemple, tout peut s'enchaîner.

- Avez-vous été surpris par les problèmes de validation de Dijon ?

Très. Je n'ai joué qu'un an à Dijon, mais de ce que j'avais pu constater, le club était bien au niveau de ses comptes, il a toujours pris ce qu'il pouvait prendre, pas au-dessus de ses moyens. Je n'ai pas compris ce qui s'est passé : était-ce une question de papiers ou de finances ?

Leurs neuf points de pénalité nous arrangent bien au classement, mais je ne trouve pas ça normal, tout comme pour Amiens. À partir du moment où on décide de les faire repartir, il faut qu'ils aient les mêmes règles que les autres.

- Le CPHD n'a-t-il pas payé son manque de structures ?

Il est certain qu'à Dijon, c'est le président qui fait un peu tout. Il n'y a pas de secrétaire, pas de comptable. Maintenant, si la fédération tient à ce qu'il y ait certaines structures dans les clubs, il faut qu'elle le dise.

- Une place de défenseur se libère en équipe de France après la retraite de Stéphane Barin. Vous pensez avoir vos chances ?

J'ai toujours donné mon maximum. Cela fait trois ans que je suis régulièrement sur la liste des remplaçants en équipe de France. La saison dernière, je suis allé au Danemark avec une équipe jeune, puis à Turin parce qu'il y avait des blessés. Mais pour l'instant, je suis dans un rôle de remplaçant, il y a du monde devant moi.

J'ai fait une bonne saison sur cinq en élite. C'est ma sixième, à moi de prouver. J'aimerais évidemment participer à des championnats du monde, surtout ceux-là en Chine avec l'objectif de remonter.

Propos recueillis le 11 novembre 2006 par Marc Branchu

 

Retour au sommaire