Hayley Wickenheiser

 

Les gens disaient : "les filles, ça ne joue pas au hockey, ça ne sait pas patiner". Je leur répondais : "Regardez bien".

Bien des femmes ont contribué à leur émancipation dans le monde sportif. Rares sont celles qui, comme Hayley Wickenheiser, ont eu une telle influence sur le développement de leur discipline. Son talent, sa détermination et son implication lui ont permis de construire un palmarès rutilant dans l'histoire du hockey sur glace. Et si les femmes ont débuté à le pratiquer dans le sillage des hommes à la fin du XIXe siècle, l'assiduité de Wickenheiser, sur et en-dehors de la patinoire, et sa faculté à repousser les limites ont largement contribué à la démocratisation du hockey féminin à partir des années 90, longtemps condamné à l'anonymat et à l'amateurisme. Durant sa carrière, Hayley Wickenheiser a poussé bon nombre de portes jusqu'ici réservées aux hommes, se dressant pour l'histoire comme une icône du sport féminin.

 

Les Oilers, source d'inspiration

Le 12 août 1978, Tom et Marilyn Wickenheiser deviennent les heureux parents d'une petite Hayley, qui sera l'aînée de trois enfants. Hayley Wickenheiser est née à Shaunavon, dans la province canadienne du Saskatchewan. Mais le cœur de la jeune fille va battre rapidement pour le hockey et une équipe de la province voisine de l'Alberta : Edmonton. Les Oilers s'affairent à bâtir l'une des plus grandes dynasties de l'histoire de la NHL et, devant Hockey Night in Canada à la télévision, la petite Hayley garde en mémoire les mouvements des pros pour les reproduire sur la glace. Elle s'entraîne sur la patinoire de fortune de l'arrière-cour de la résidence familiale, en compagnie de sa sœur Jane et de son frère Ross, mais aussi tout le voisinage. La virtuosité de Mark Messier, Kevin Lowe et évidemment Wayne Gretzky, ses trois favoris, l'incitent déjà à travailler et à se dépasser.

Premiers coups de patin à trois ans, premiers jeux de hockey à cinq, et à huit sa mère se décide à l'inscrire à l'école de hockey de Swift Current, à 100 kilomètres au nord de Shaunavon. Marilyn doit d'abord essuyer un refus, la direction de cette école de hockey se disant exclusivement réservée aux garçons. Mais Marilyn en fait une affaire personnelle et, à force d'insister, Swift Current accueille finalement sa première hockeyeuse en herbe. Hayley a de qui tenir, maman faisait déjà tout son possible pour parasiter une norme sexiste. Il s'agit d'une victoire, mais il en reste tant dans une discipline régie par la masculinité. Et la jeune fille est tout de suite dans le bain. N'ayant pas de vestiaire attitré, Hayley, coiffée à la garçonne, doit se changer sur la banquette arrière de la voiture, à proximité des chaudières ou dans d'autres recoins isolés de la patinoire. En dépit des moments parfois difficiles au milieu des garçons, le seule fille de l'école de hockey peut compter sur ses parents, également sur Ken Billington, son entraîneur de hockey à Shaunavon. Billington ne voit pas une fille mais une hockeyeuse, il sera un vrai mentor qui fera abstraction des préjugés pour lui enseigner ce qu'il enseigne à ses garçons à chaque session. Ken Billington demeurera dans le cercle des proches de Hayley.

"Il faut trouver le moyen de croire en soi-même lorsque personne ne croit en vous. C'est difficile quand on est une jeune fille, en particulier à l'adolescence. À ce stade de votre vie, vous êtes plus influençable, plus fragile dans la confiance et l'estime de soi. Alors avoir de bonnes personnes qui vous entourent, c'est très important." [Yahoo]

Par ailleurs, précisons que Hayley est cousine avec Doug Wickenheiser, choix de premier rang du repêchage NHL en 1980 sélectionné par le Canadien de Montréal. Il a toutefois connu un destin malheureux. Malgré les promesses entrevues en junior, il n'est jamais parvenu à tenir son rang. Seulement huit jours après la naissance de ses jumeaux, il a appris qu'un kyste à son poignet était cancéreux. Après avoir vaincu cette tumeur, Doug Wickenheiser n'a rien pu faire face à un cancer au poumon qu'on lui a diagnostiqué trois ans plus tard. Il est mort à seulement 37 ans en 1999.

Le Canada, sa raison de jouer

En 1990, la famille Wickenheiser quitte le Saskatchewan pour Calgary. Dans la plus grande ville de l'Alberta, les équipes de filles existent, et Hayley est désormais en mesure d'intégrer le niveau peewee (11-12 ans), elle se joint aux Bantam AA Bruins. 1990 coïncide également avec le premier championnat du monde féminin officiel de l'histoire. En 1987, il y a bien eu un Mondial féminin, mais organisé par la fédération féminine de hockey de l'Ontario, un premier essai qui avait eu le mérite d'inciter la fédération internationale de hockey à instaurer (enfin) des championnats du monde féminins officiels. Le Mondial de 1990, organisé à Ottawa et première édition d'une longue série remportée par le Canada, a d'ailleurs connu un beau succès populaire avec 10 000 spectateurs lors de la finale contre les États-Unis, et un million de téléspectateurs. Dont une nouvelle résidente de Calgary âgée de 11 ans scotchée devant son téléviseur.

"Je n'avais pas réalisé que les femmes jouaient au hockey jusqu'à ce je regarde les Mondiaux 1990. Cela m'a confirmé que ce que je faisais était important. D'autant plus que durant ma jeunesse, on m'avait fait comprendre que je n'en faisais pas partie. Et là, j'ai pris conscience que je pouvais en faire partie, et il y avait 10 000 personnes pour le prouver. J'ai pensé : "c'est ce que je veux faire un jour, enfin je peux jouer pour quelque chose." [CBC Sports]

C'est une révélation. Elle n'est donc pas seule, fini les complexes et la solitude. Gagner sous le maillot de l'équipe du Canada, voilà sa raison de jouer. Et cette attaquante qui n'a pas froid aux yeux va vite se faire connaître. Son investissement sans compter et ses bonnes performances avec Calgary lui permettent d'intégrer en 1991 l'équipe de l'Alberta, une sélection composée dans l'optique des Jeux du Canada, compétition calquée sur les JO mettant en opposition les différentes provinces du pays. À ces jeux disputés à Charlottetown sur l'Île-du-Prince-Édouard, la gamine de 12 ans épate la galerie face à des joueuses pour la plupart plus âgées qu'elle et rompues à l'exercice, le seuil maximum étant fixé à 17 ans. Hayley inscrira 3 buts et 6 points dans ce tournoi, dont le but en finale synonyme de médaille d'or. Elle est donc déjà décisive et sera élue meilleure joueuse de la compétition. À 12 ans.

Ce talent au-dessus de la normale n'échappe pas au staff de l'équipe nationale. Hayley Wickenheiser dispute son premier championnat du monde en 1994 à Lake Placid, alors âgée de 15 ans et 4 mois. Geraldine Heaney, Danielle Goyette et la gardienne Manon Rhéaume contribuent particulièrement au parcours en or du Canada. Sans complexe, la toute jeune "Highchair Hayley" (highchair - chaise haute - comme est surnommée la benjamine par ses coéquipières) apprend beaucoup, notamment aux côtés de Stacy Wilson, France Saint-Louis et Judy Diduck, envers lesquelles elle sera particulièrement reconnaissante. "Wick" obtiendra même une assistance en finale face aux États-Unis (6-3). L'édition suivante des championnats du monde féminins n'intervient que trois ans plus tard, cette fois-ci au Canada. Hayley Wickenheiser a désormais 18 ans, elle a eu le temps de mûrir, et le talent explose. Elle va amasser 9 points durant la compétition, le deuxième meilleur total derrière celui de la Finlandaise Riika Nieminen. Déjà décisive en demi-finale contre la Finlande, Wickenheiser le sera également en finale face aux Américaines. À 3-3 en prolongation, Wick profite du cafouillage dans le demi-cercle adverse pour glisser le palet du but gagnant vers Nancy Drolet. Nouvelle médaille d'or mondiale et première présence dans l'équipe-type du tournoi, Hayley Wickenheiser, qui s'affirme déjà comme leader, commence à construire sa légende.

Le cauchemar de Nagano

Wick prend son envol, et le hockey sur glace féminin aussi. En juillet 1992, le Comité International Olympique rend la discipline olympique à compter des Jeux de Nagano en 1998. Avec les quatre premières médailles d'or mondiales de l'histoire en poche, le Canada part évidemment favori. Mais lors du tour préliminaire, les Canadiennes tombent de haut en s'inclinant 4-7 face aux États-Unis, durant un match qu'elles maîtrisaient pourtant 4-1. Cette défaite, amère, va d'ailleurs prendre une tournure très particulière. À l'issue du match, l'Américaine Sandra Whyte confie à son adversaire Danielle Goyette qu'elle peut dédier cette défaite à son père, décédé deux jours plus tôt des suites de la maladie d'Alzheimer. Des propos pas bien malins qui laisse Danielle Goyette fondre en larmes.

L'une des plus grandes rivalités du hockey est en train de naître. Jusque-là souverain incontestable, le Canada fait désormais face à des Américaines qui n'en peuvent plus de jouer les figurantes en finale. Et le 17 février 1998, les États-Unis vont connaître leur premier sacre dans l'histoire du hockey féminin. Cammi Granato et ses coéquipières s'imposent 3-1 malgré le but de la revancharde Goyette. La premier titre olympique de l'histoire du hockey féminin est décerné aux États-Unis, au détriment du Canada, qui avait jusqu'alors tout gagné. Hayley Wickenheiser est effondrée sur le banc et, comme toutes ses coéquipières, son sentiment oscille entre tristesse et colère, elle qui ne supporte pas de perdre.

Une vie pleine de nouveaux défis

L'argent de Nagano digéré, il est temps pour elle de marquer l'histoire. En 1998 et 1999, Hayley Wickenheiser, qui a à peine passé le cap de la vingtaine, devient la première femme de l'histoire à se voir inviter au camp des recrues d'une équipe NHL, en l'occurrence Philadelphie. Bobby Clarke était le manager des Flyers mais aussi celui de l'équipe masculine du Canada à Nagano, c'est lui qui était à l'origine de cette initiative. Pour autant, la surdouée ne s'est jamais fait d'illusion. L'essentiel pour elle : parfaire son hockey face à des joueurs de haut calibre et sensibiliser le grand public au hockey féminin, au besoin de moyens et d'une ligue professionnelle.

Parallèlement à sa carrière de hockeyeuse, Hayley Wickenheiser s'est engagée sur la voie de la médecine. Elle a été étudiante à temps plein en kinésiologie à l'Université de Calgary en 1996-1997 et 1998-1999, puis le temps d'un semestre à l'Université Simon Fraser. À mi-chemin de l'obtention de son diplôme, elle décide toutefois de ne pas poursuivre son cursus, le hockey ayant pris le dessus. Côté glace, elle évoluera au Calgary Oval X-Treme entre 1997 et 2001 en ligue féminine, sous les ordres du coach Tomas Pacina. Celui-ci deviendra ensuite son compagnon. Tomas est déjà père de Noah, et cet enfant va bouleverser la vie de Hayley Wickenheiser. L'athlète, jusque-là obnubilée par les entraînements, le rythme des matchs, la nutrition et le sommeil, nouera une relation très forte avec le jeune garçon. Elle le reconnaît et devient sa mère adoptive, une maman alors âgée de 23 ans. Noah prendra une place importante dans sa vie, il enlacera sa mère, dans la victoire comme dans la défaite. Même si Hayley se séparera de Tomas une dizaine d'années plus tard, les deux parents ne cesseront de prendre les meilleures dispositions pour que leur enfant puisse avoir une vie normale.

"Je pense que je suis devenue plus patiente dès lors que je suis devenue maman, et plus empathique. J'ai appris à apprécier le temps à la patinoire et à aimer ce que je faisais. Mais quand je quitte [la patinoire], je peux laisser cela derrière moi bien plus facilement qu'avant." [The Chronicle Herald]

La carrière sportive de Wickenheiser s'enrichit de deux nouveaux titres de championne du monde, évidemment toujours aux dépens des États-Unis, en 1999 - grâce à un but gagnant en finale de Goyette - et en 2000 - une victoire finale 3-2 en prolongation après un déficit de deux buts. Mais cette carrière sportive prend un virage inattendu lorsque la hockeyeuse fait place à la softballeuse. Elle pratique le softball, un sport dérivé du baseball, depuis toute petite, elle a d'ailleurs poursuivi sérieusement cette carrière alternative depuis 1994. Cela n'a pas échappé à l'entraîneur national Ron Clarke qui la sélectionne... pour les Jeux olympiques de Sydney en 2000 ! Si l'équipe du Canada termine à une malheureuse dernière place, Hayley Wickenheiser se joint à sept autres athlètes canadiens ayant participé à la fois aux jeux olympiques d'été et d'hiver. Dans ce registre, elle est d'ailleurs seulement l'une des trois femmes canadiennes avec Sue Holloway (canoë-kayak / ski de fond) et Clara Hughes (cyclisme / patinage de vitesse). Wick retrouvera le softball en 2008 aux jeux de Pékin, cette fois-ci en tant qu'analyste pour la chaîne CBC.

La revanche olympique

Après le tournoi olympique de softball en 2000, le tournoi olympique de hockey en 2002 est la prochaine échéance internationale pour Hayley Wickenheiser, écartée des Mondiaux 2001 en raison d'une blessure au genou. Ces JO 2002 sont particulièrement attendus par le staff canadien. Dix joueuses de la sélection, dont Wickenheiser, ont connu le revers de Nagano en 1998, et celles-ci ont bien l'attention de prendre leur revanche sur la glace américaine de Salt Lake City. Depuis Nagano, l'atmosphère est devenue pesante entre les deux nations, entre phrases chocs et provocations. L'équipe du Canada apprend par exemple que les Américaines ont installé par terre dans leurs vestiaires un drapeau canadien sur lequel elles ne manquent pas de s'essuyer les pieds.

Évidemment, ce paillasson est mal perçu et devient vite une source de motivation. Hayley Wickenheiser, comme sa coéquipière Danielle Goyette, amassera 10 points durant le tournoi et contribuera à la revanche olympique. Wick marque le deuxième but de son équipe, d'un lancer-frappé, lors d'une victoire 3-2 en finale face aux rivales américaines. Interviewée à l'issue de la rencontre par le toujours très coloré Don Cherry, Wick, élue meilleure joueuse du tournoi, ne manquera pas d'égratigner ses adversaires en leur proposant de signer des autographes sur le drapeau souillé. La réplique restera dans les annales de la télévision canadienne. Parenthèse fermée, Hayley obtient sa première médaille d'or olympique, sous les yeux de ses idoles Wayne Gretzky et Kevin Lowe. À l'occasion de ces JO 2002, la sélection féminine apporte d'ailleurs à la délégation canadienne son premier titre olympique de hockey après cinquante ans d'attente et les jeux d'Oslo de 1952, la sélection masculine menée par Mario Lemieux, Joe Sakic et Martin Brodeur ne s'imposant que trois jours plus tard, eux aussi face aux États-Unis.

Défier le genre

La carrière de Hayley Wickenheiser prend une nouvelle dimension lorsque, en 2002, elle prend une décision symbolique, à 24 ans : traverser l'océan Atlantique pour se frotter à un circuit masculin. Wickenheiser signe au HC Salamat, situé à Kirkkonummi, à l'extrême-sud de la Finlande. Salamat évolue alors en Suomi-sarja, le troisième échelon finlandais. Et sa venue attise la curiosité, une centaine de médias du monde entier scruteront ses premiers entraînements. Pas de quoi perturber la hockeyeuse qui a la tête sur les épaules. Le 31 janvier 2003, Hayley Wickenheiser devient la première femme à inscrire officiellement un but dans une ligue "professionnelle" masculine. Les bonnes performances de Wick et de l'équipe permettent la promotion du club en Mestis, l'étage supérieur.

La Canadienne évoluera en Finlande durant deux saisons, marquant 3 buts et 16 assistances en 40 matchs. Elle se joindra plusieurs années plus tard à un autre circuit masculin, la Division 1 suédoise (troisième échelon national), le temps d'une saison. Après un essai infructueux à Arboga, Wickenheiser parvient à convaincre le Linden Hockey, club de la ville d'Eskilstuna. Eskilstuna vit davantage pour le handball que pour le hockey. Mais, là encore, le recrutement d'une femme suscite la curiosité. Quant à la hockeyeuse, elle continue d'apprendre. Le fait de jouer dans les normes masculines - les mises en échec étant interdites chez les femmes - est un enrichissement en dépit des coups parfois difficiles à encaisser le long de la balustrade.

"Le truc, c'est que j'arrive à peu près à leurs coudes. Donc généralement, c'est un coude dans la tête. J'essaie de me protéger autant que possible. Mais j'essaye d'être suffisamment intelligente pour anticiper et éviter ce genre de position. Mais parfois, ça arrive, et ça fait mal. Vous n'avez pas d'autre choix que de vous relever et continuer à jouer." [Toronto Star]

Cela en dit long sur la détermination de la Saskatchewanaise dans un environnement à priori hostile. Son entraîneur Mattias Karlin la fait jouer 18 minutes par match, dont les configurations en supériorité et en infériorité. Mais les coups et l'intensité ne sont rien à côté de la solitude qu'elle vit mal. Et, dans son intérêt et celui de sa famille, elle préférera jouer principalement à Calgary durant sa carrière.

Wickenheiser n'avait pas disputé les Championnats du monde 2001 en raison d'une blessure mais elle n'aura pas l'occasion de se rattraper à ceux de 2003. Ni elle ni personne. Les Mondiaux sont organisés en Chine mais, une semaine avant le début de la compétition, une épidémie de pneumopathie prend racine au sud du pays. Le gouvernement canadien fait alors pression sur l'IIHF pour annuler l'édition 2003 pour des raisons sanitaires, ce sera chose faite. Une décision judicieuse puisque l'épidémie, minimisée par les autorités chinoises et qui atteindra les pays voisins, contaminera 500 personnes, une vingtaine de décès sera comptabilisée.

Wick arrive à son sommet

Retrouvant le chandail canadien aux Mondiaux 2004, Hayley Wickenheiser inscrira les deux buts de la finale face aux États-Unis, la gardienne Kim Saint-Pierre se chargeant du blanchissage. Entre 1990 et 2004, le Canada a donc remporté les huit championnats du monde féminins. Et Wickenheiser continue d'enfiler les buts, devenant la première hockeyeuse à atteindre le cap des 100 réalisations en équipe canadienne en 2005.

Mais cette suprématie va s'effriter, la désillusion de Nagano n'étant qu'un avant-goût de l'avènement des rivales du sud. Et les Championnats du monde 2005 sonnent comme un coup de tonnerre. Les Canadiennes n'encaisseront aucun but durant le tournoi organisé en Suède. Et pourtant, en finale, elles ne parviendront pas à tromper la vigilance de Chanda Gunn. 0-0 après les 60 minutes puis après la prolongation, la séance de tirs au but sourira aux USA puisque Wickenheiser, comme Jayna Hefford et Caroline Ouellette, manquera son essai. Cette défaite est d'autant plus difficile à avaler que l'équipe féminine du Canada échoue d'une couronne pour égaler le record de neuf titres mondiaux consécutifs, record établi par l'équipe masculine soviétique.

Cependant, la concurrence accrue des États-Unis n'entame pas la motivation de l'équipe du Canada, qui se donne tous les moyens pour réussir le tournoi olympique 2006. Jusqu'à prendre des mesures extrêmes. Wickenheiser et ses coéquipières sont mobilisées durant tout l'hiver à Calgary avec entraînement quotidien et une cinquantaine de matchs de préparation, dont vingt-deux contre des équipes de de Midget AAA. Jouer contre des garçons de 15 à 17 ans, l'initiative a déjà été adoptée en préparation des JO 2002, mais à l'époque à une échelle plus restreinte avec "seulement" huit matchs au programme. La préparation des JO de Turin est donc encore plus intense, mais elle porte ses fruits. Le tour préliminaire tourne à la correction pour les équipes adverses, les Canadiennes cumulant un score de 44-1 après quatre rencontres. Le Canada déroule et tient la cadence, y compris en finale... face à la Suède, la Damkronorna piégeant en fusillade les USA en demi-finale. Wick s'est cassée la main à l'entraînement mais cela ne l'a pas empêchée de marquer 17 points dont 5 buts, de remporter la médaille d'or et d'être nommée meilleure joueuse de la compétition !

À ce moment, Hayley Wickenheiser, à l'aube de la trentaine, pèse sur le hockey féminin comme aucune autre hockeyeuse avant elle. La numéro 22 succède à Cassie Campbell comme capitaine de l'équipe du Canada dès les Championnats du monde 2007. Wickenheiser mène le tableau des marqueuses avec 14 points (8+6) dont un but en finale, rencontre largement gagnée 5-1 face aux États-Unis. En marge de ce nouveau trophée, la native de Shaunavon remportera le prix Bobbie Rosenfeld remis à l'athlète féminine de l'année, prix décerné par des journalistes sportifs de la presse canadienne.

Si l'équipe nationale est la vitrine de ses performances, Hayley Wickenheiser obtient également de la réussite en club puisqu'elle sera sacrée trois fois championne (2005, 2007, 2008) avec Calgary dans la défunte Ligue féminine de l'ouest. Elle obtient ensuite la possibilité de poursuivre son cursus universitaire de kinésiologie, interrompu en 1996, en restant à Calgary. Et la tentation de se joindre aux Dinos de Calgary University, engagé sur le relevé circuit interuniversitaire canadien (CIS), est grande puisque l'entraîneuse de l'équipe de hockey n'est autre que son ancienne coéquipière de l'équipe du Canada - et grande amie - Danielle Goyette. Et force est de constater que ce nouveau retour aux études se déroule à merveille. Elle remporte le trophée Brodrick remis à la meilleure joueuse CIS en 2011. En 2012, elle inscrit un doublé lors du match du titre en 2012, le premier de l'histoire des Dinos, remporté aux dépens des Carabins de Montréal de la Française Marion Allemoz, qui commençait son aventure nord-américaine. Enfin, le diplôme de kinésiologie est validé.

Un investissement de tous les instants

En 2011, Hayley Wickenheiser est faite officière de l'Ordre du Canada pour ses performances sportives et sa contribution au développement du hockey féminin. Car la hockeyeuse est particulièrement soucieuse de transmettre son savoir et ses compétences auprès des plus jeunes. En 2010, Wickenheiser crée d'ailleurs le "Wickfest", un festival dédié aux hockeyeuses. Elle est par ailleurs extrêmement active auprès d'associations caritatives diverses et variées, tel Spread the Net, Champions, KidSport ou Right to Play. Hayley a également réalisé plusieurs missions humanitaires, en 2007 au Rwanda avec plusieurs athlètes canadiens, puis en 2011 au Ghana en compagnie de son fils Noah.

Cet investissement personnel pour les autres sera d'ailleurs salué une nouvelle fois le 8 Juin 2017, Hayley recevant un doctorat honorifique en droit, délivré par l'Université du Saskatchewan. Peter Stoicheff, président de "U of S" n'a eu guère de difficulté à défendre son choix : "Hayley Wickenheiser a été le visage du hockey féminin depuis des décennies, elle a été un remarquable modèle pour les jeunes joueuses, de la cote ouest à la cote est. Hayley est une avocate passionnée par la jeunesse de tous les sports, travaillant pour une importante variété d'œuvres de charité et de programmes communautaires, comme la collecte de fonds pour les filles qui ne peuvent pas se permettre financièrement de jouer au hockey. Elle laisse un héritage inégalé dans cette discipline, et elle aura inspiré toute une génération de futures athlètes olympiques." [Sportsnet]

En 2014, Wickenheiser obtient son nom sur le Canada's Walk of Fame, l'allée des célébrités du Canada de Toronto. Elle n'est pas seule invitée puisqu'elle y figurera aux côtés de l'acteur Ryan Reynolds, qu'elle connaît bien. Pour les besoins d'un film, Wickenheiser a été sollicitée pour enseigner le patinage à la future star du blockbuster Deadpool.

Âpre combat pour le Canada

Aux Championnats du monde, le vent tourne. L'équipe des États-Unis n'a plus aucun complexe à avoir en produisant autant de talents que sa voisine du nord. Alors que la suprématie américaine est déjà affichée au football ou au basket, la sélection de hockey récolte les fruits de la révolution universitaire américaine, qui oblige les universités à investir de manière égale sur les programmes sportifs masculins et féminins. Émerge alors une nouvelle génération, portée par les jumelles Lamoureux, Hilary Knight, Brianna Decker et Amanda Kessel, qui s'adjugera sept des huit couronnes mondiales entre 2008 et 2017. Hormis le titre en 2012, les Mondiaux ne sont plus forcément source de réjouissances pour Wick, à l'image de ce slap adverse qui la frappe sur le pied gauche. Elle est alors obligée de subir des infiltrations et n'échappera finalement pas à l'opération en 2015. Dans le même temps, elle perd le capitanat de l'équipe nationale au profit de Caroline Ouellette, une décision qui a surpris, à commencer par la Montréalaise.

Les Jeux olympiques tombent à pic pour combler la frustration répétitive des championnats du monde. Et Hayley Wickenheiser, portée en exemple, est en passe de devenir un symbole olympique fort : en prononçant le serment olympique aux Jeux de Vancouver 2010, puis en étant désignée porte-drapeau pour les Jeux de Sotchi 2014. Cette dernière tâche lui tient particulièrement à cœur, dans une Russie qui malmène la diversité sous toutes ses formes.

"Je pense sincèrement que les Jeux olympiques doivent inclure le monde dans sa diversité et traiter chacun avec respect et dignité. Je suis favorable à ce que chaque athlète soit en mesure de pratiquer sa discipline, quels que soient sa race, son genre ou son orientation sexuelle. Je porterai ce drapeau canadien avec la conviction que je représente tous les athlètes, dans leur diversité." [Toronto Star]

En marge des JO, et c'est devenu une habitude, l'équipe féminine du Canada se frotte à des équipes Midget AAA, et cette fois-ci à toutes les équipes de la ligue, sans exception. Et ne croyez pas qu'il ne s'agit que de matchs préparatoires. La Ligue de hockey Midget AAA a convenu avec Hockey Canada de mettre en jeu les deux points de la victoire. Les meilleurs adolescents du pays jouent la carte à fond, toutefois sans contact, dans les règles du hockey féminin. Sauf Dane Phaneuf, le petit frère du défenseur NHL Dion, qu'il est impossible de brider. Comme son frangin, Dane Phaneuf a un goût immodéré pour le défi physique, Wickenheiser en fera l'expérience avec une charge très appuyée du joueur des Edmonton South Side Athletics. Pas de quoi perturber l'attaquante de 31 ans du Canada, rompue aux subtilités du jeu masculin, qui laissera éclater par la suite sa rage en se faisant justice elle-même !

"Il m'a donné une puissante mise en échec derrière le but. De toute façon, durant toute la rencontre, ils ont été irrespectueux, avec des commentaires que je tairais. J'ai attrapé le gamin par le cou pour le calmer. Il fallait que ça s'arrête. Mais j'ai cessé le combat. Il a eu une pénalité, j'en ai une. Ce fait de jeu n'aurait jamais attiré autant l'attention si je n'étais pas qui j'étais, et s'il ne portait pas ce nom là." [Toronto Sun]

Beaucoup d'animosité, voilà de quoi se mettre dans le bain avant les deux finales 2010 et 2014 face aux ennemies du sud, deux finales qui vont particulièrement marquer les esprits. Celle de 2010, gagnée 2-0 par le Canada, attirent 16 805 spectateurs à Vancouver. Wick, et ses coéquipières en profiteront pour rester avec le public - et l'équipe masculine présente en tribune - une demi-heure après la cérémonie de remise des médailles avec bière, champagne et cigares. La finale 2014 de Sotchi voit s'écrire un scénario haletant. Les Américaines mènent 2-0 jusqu'à la 56e minute, Jenner réduit le score, les Américaines tapent le poteau de la cage vide, avant que Poulin n'égalise pour le Canada dans la dernière minute. En prolongation, Wickenheiser, qui joue toujours en dépit des douleurs au pied gauche, provoquera en échappée une faute de Knight lourde de conséquence puisque cette supériorité offrira le doublé à la nouvelle star Marie-Philip Poulin et la médaille d'or au Canada. Wickenheiser parlera alors de "Miracle on Ice", en référence à la victoire américaine sur les Soviétiques en 1980, mais un miracle cette fois-ci inversé en défaveur des États-Unis.

Salt Lake City 2002, Turin 2006, Vancouver 2010, Sotchi 2014, Hayley Wickenheiser devient quadruple championne olympique. Quatre titres olympiques consécutifs aux Jeux d'hiver lui permettent alors de se joindre à un club fermé de cinq athlètes, qui comprend deux autres hockeyeuses : Caroline Ouellette et Jayna Hafford. Wickenheiser rajoutera ensuite un titre avec Calgary en CWHL, ligue féminine créée en 2007 et aujourd'hui un des deux circuits majeurs du hockey féminin avec la NWHL. Elle avait fait ce choix de décliner des offres d'équipes masculines, souhaitant privilégier un hockey féminin qui se professionnalise petit à petit en Amérique du Nord.

La médecine ne peut plus attendre

Elle a eu pendant un temps le tournoi olympique 2018 de PyeongChang en ligne de mire. Ce sera pourtant le premier de l'histoire du hockey féminin sans le monument Wickenheiser. À 38 ans, au bout de son chemin, Hayley Wickenheiser annonce officiellement le vendredi 13 janvier 2017 la fin de sa carrière de hockeyeuse. Le lendemain, elle est honorée en préambule de la bataille de l'Alberta entre les Oilers et les Flames. Edmonton, son club de cœur depuis toute petite ; Calgary, sa ville d'adoption où elle a joué la majorité de sa carrière ; elle ne pouvait rêver meilleur moment. Durant sa carrière, sa faculté à être au-dessus du lot a souvent forcé la comparaison avec Wayne Gretzky. Évidemment présent lors de cette cérémonie, "The Great One" s'est vite déchargé pour adhérer à une autre comparaison : "Tu as influencé tant de vies. Tu as joué avec cœur, détermination, finesse, vitesse et technique. Tu es la Gordie Howe féminine."

La comparaison avec Mr. Hockey paraît d'ailleurs plus juste : tous deux ont grandi dans une petite ville du Saskatchewan, tous deux ont été de grands joueurs physiques qui tiraient de la droite. Mais que ce soit Howe ou Gretzky, à un moment ou un autre, le corps et l'esprit ne sont plus au hockey. C'est maintenant au tour de Hayley, qui ne veut plus retarder son entrée en école de médecine. Et elle s'est déjà fixée un objectif : intégrer un service de traumatologie aux urgences.

"J'ai côtoyé beaucoup d'hôpitaux à travers le pays ces dernières années. Le trauma d'urgence ressemble beaucoup au hockey. Vous travaillez en équipe. Chacun a un ego qu'il met de côté. Vous avez beaucoup de pression pour des décisions qui doivent être rapides. Il y a un flot d'adrénaline, et je pense que c'est ce qui m'attire." [Globe & Mail]

Une icône indélébile

Treize médailles aux Mondiaux dont sept en or, cinq médailles olympiques dont quatre en or, Hayley Wickenheiser a construit l'un des plus beaux palmarès du sport canadien. La numéro 22 a joué vingt-trois ans pour l'équipe du Canada. Elle compte 276 sélections, 168 buts, 211 passes, 379 points, des chiffres qui seront difficiles à atteindre pour les nouvelles générations.

Que de chemin parcouru depuis ses débuts. Petite, Hayley camouflait son apparence de fille pour se noyer dans la masse des garçons. Aujourd'hui, quel que soit leur âge, aucune d'entre elles ne se cache, et voir des jeunes filles choisir le hockey comme sport de prédilection n'a plus rien d'insolite. Les complexes et les préjugés, certes encore présents, se sont atténués. Emmanuel Colliot, manager de l'équipe de France féminine, la définit par des superlatifs qui font écho à une vraie icône du sport : "Plus grand palmarès, une joueuse persévérante, un modèle pour les jeunes joueuses, une hockeyeuse avec un sens du jeu hors du commun, une leader, pour moi la plus grande joueuse de hockey de l'histoire à ce jour." Tout est dit.

L'essor du hockey sur glace féminin au Canada a d'ailleurs été particulièrement spectaculaire durant son activité. En 1990, on recensait 7 500 licenciées. En 1993, lorsque Wickenheiser commençait tout juste à se faire connaître en équipe nationale, le nombre de hockeyeuses au Canada était estimé à 16 000. En 2017, on en recense 87 000. L'évolution est spectaculaire. En relevant les défis, certains plus fous que les autres, elle a tiré le hockey féminin vers le haut. Sa complice Danielle Goyette ne peut que confirmer : "Elle est le genre d'athlète qui n'a jamais accepté qu'on lui dise non". Ce que je veux dire, c'est qu'elle voulait repousser les limites du hockey féminin. Elle n'était pas obligée de s'entraîner avec des hommes, mais elle a toujours voulu s'entraîner avec des gens plus forts qu'elle, pour s'assurer qu'elle allait au bout de ses limites. Elle est allée en Europe pour jouer au hockey avec des hommes, avec contact. Je ne connais pas beaucoup de filles qui seraient passées par là." [la Presse]

Et même jeune retraitée, la native de Shaunavon n'en a pas fini avec les garçons. Début juillet 2017, Wickenheiser était sollicitée par les Oilers d'Edmonton pour enseigner son savoir durant le camp de perfectionnement. Transmettre son savoir est à ses yeux si important qu'il sera probablement impossible pour elle de se détacher du hockey, même en s'orientant vers la nouvelle voie de la médecine. Elle a accompli tellement, elle n'a pas que joué au hockey, elle a combattu toute sa vie. Sa carrière et ses tours de force ont été une inépuisable source d'inspiration pour plusieurs générations, qui garderont longtemps Hayley Wickenheiser comme exemple.

Nicolas Jacquet

 

 

Statistiques

                                                MJ    B   A  Pts    Pén
1994    Canada                   Mondial         3    0   1    1     0'
1995    Canada                 Pacific Rim       5    3   6    9     8'
1996    Canada                 Pacific Rim       5    5   4    9    12'
1997    Canada                   Mondial         5    4   5    9     4'
1997/98 Calgary Oval X-Treme      EWNC          
1998    Canada                Jeux olympiques    6    2   6    8     4'
1998/99 Calgary Oval X-Treme      EWNC
1999    Canada                   Mondial         5    3   5    8     8'
1999/00 Calgary Oval X-Treme      EWNC
2000    Canada                   Mondial         5    1   7    8     4'
2000/01 Calgary Oval X-Treme      EWNC
2001/02 Canada               Prépa olympique    19   12  11   23    16'
2002    Canada               Jeux olympiques     5    7   3   10     2'
2002/03 HC Salamat             Suomi-sarja      12    1   3    4     6'
                                (playoffs)      11    1   6    7     4'
2003/04 HC Salamat               Mestis         10    0   0    0     2'
2004    Canada                   Mondial         5    3   2    5     2'
2004/05 Calgary Oval X-Treme      WWHL          18   22  36   58    20'
2005    Canada                   Mondial         5    5   3    8     6'
2005/06 Canada               Jeux olympiques     5    5  12   17     6'
2006/07 Calgary Oval X-Treme      WWHL          14   27  21   48    16'
2007    Canada                   Mondial         5    8   6   14     0'
2007/08 Calgary Oval X-Treme      WWHL          19   19  30   49    20'
2008    Canada                   Mondial         5    3   6    9     6'
2008/09 Linden                 Division 1       21    1   2    3    10'
2009    Canada                   Mondial         5    4   4    8     4'
2010    Canada               Jeux olympiques     5    2   9   11     0'
2010/11 Université de Calgary      CIS          15   17  23   40    32'
                                (playoffs)       2    0   3    3     6'
2011    Canada                   Mondial         5    3   2    5     4'
2011/12 Université de Calgary      CIS          16   17  15   32    60'
2012    Canada                   Mondial         5    3   7   10     4'
2012/13 Université de Calgary      CIS          22   16  27   43    14'
                                (playoffs)       6    1   5    6    18'
2013    Canada                   Mondial         3    0   0    0     2'
2013/14 Canada                    AMHL          26    5   8   13    10'
2014    Canada               Jeux olympiques     5    2   3    5     0'
2014/15 Université de Calgary      CIS          15    5  14   19    16'
                                (playoffs)       0    0   0    0     0'
2015/16 Calgary Inferno           CWHL          23    3  13   16    10'
                                (playoffs)       3    1   2    3     0'
2016    Canada                   Mondial         5    0   1    1     0'
2016/17 Calgary Inferno           CWHL           1    0   0    0     0'
Totaux aux Jeux olympiques                      26   18  33   51    12'
Totaux en championnats du monde                 41   31  37   68    34'

 

Palmarès

- Championne olympique 2002, 2006, 2010,2014.

- Vice-championne olympique 1998.

- Championne du monde 1994, 1997, 1999, 2000, 2004, 2007, 2012.

- Vice-championne du monde 2005, 2008, 2009, 2011, 2013, 2016.

- Championne universitaire CIS 2012.

- Championne Canadian Women's Hockey League 2016.

- Championne Western Women Hockey League 2005, 2007, 2008.

Honneurs individuels

- Meilleure joueuse et meilleure marqueuse des Jeux olympiques 2002 et 2006

- Meilleure joueuse et meilleure marqueuse des Championnats du monde 2007

- Meilleure attaquante des Championnats du monde 2007, 2009

- Membre de l'équipe-type des Championnats du monde 1997, 1999, 2005, 2007, 2008, 2011, 2012

- Meilleure joueuse universitaire canadienne 2011

 

 

Retour à la liste des biographies