Bilan des championnats du monde 2019

 

Ce championnat du monde qui a longtemps paru prévisible, avec des écarts de niveau importants, s'est achevé par de grandes surprises, aussi bien pour la relégation - au grand détriment de la France - que du titre. Il restera donc mémorable, ce Mondial qui s'est déroulé en permanence devant des tribunes pleines, dans une très belle ambiance. Mais il sera peut-être le dernier de la sorte. Deux patinoires de moins de 10 000 places, ce n'est plus du goût de l'IIHF. La Slovaquie n'organisera plus de championnat du monde si elle ne se dote pas d'une patinoire plus grande, René Fasel l'a répété publiquement et en privé. Et comme Košice ne va pas changer sa Steel Arena qui ne date que de 2006, le président de la fédération slovaque a évoqué une possible patinoire de 12 000 à 14 000 places en Slovaquie centrale (c'est-à-dire du côté de Zvolen ou Banska Bystrica). Mais on voit mal comment une telle salle se remplira au quotidien dans ces villes de moins de 80 000 habitants.

Une nouvelle ère semble s'ouvrir, celle de la course au gigantisme. C'est la Russie qui l'a lancée en annonçant la construction de la plus grande aréna du monde à Saint-Pétersbourg (22 400 places, plus qu'au Centre Bell de Montréal) pour se faire attribuer les Mondiaux 2023. Les Tchèques - détenteurs du record d'affluence en 2015 - ont obtenu d'organiser de nouveau ceux de 2024 à Prague et Ostrava, tandis que la Suède et le Danemark co-organiseront le championnat du monde 2025. Que de très vastes salles, qui maximiseront les recettes mais risquent de restreindre les pays organisateurs potentiels...

Quant au passage des tournois internationaux sur petite glace, il a suscité des opinions variées. Il n'a finalement pas été soumis au vote : l'IIHF a décidé de "tester" sur quatre ans les tailles de patinoire NHL pour tous les championnats du monde (senior, U20 et U18) organisés de 2022 à 2025. Des tribunes agrandies, des pistes réduites, mais une incertitude qui subsiste sur les dimensions de référence : pas sûr que cela incite les investisseurs à se presser pour les projets suivants.

Résultats et comptes-rendus des Mondiaux 2019

 

Finlande (1re) : l'incarnation du collectif

Le championnat du monde 2019, qui a accueilli 120 joueurs de NHL, aura donc été remporté par le quart de finaliste qui en comptait le moins dans ses rangs. Avec deux joueurs pendulaires entre NHL et AHL pour toute estampille de la grande ligue, avec des hockeyeurs qui ont été virés des plus petits clubs de la KHL, la Finlande a successivement battu les effectifs de stars de la Suède, de la Russie puis du Canada. Ces joueurs majoritairement issus de la "petite" Liiga finlandaise n'avaient même pas l'expérience pour eux, puisqu'ils étaient 18 à faire leurs débuts dans la compétition.

Le travail accompli pendant le mois de préparation par l'entraîneur Jukka Jalonen, avec un effectif que l'on n'avait jamais vu aussi dégarni et dépeuplé, aura donc été exceptionnel. Avec un jeu très discipliné sans palet, compact dans son camp mais aussi capable de forechecker très fort, et un jeu très direct et en première intention avec le palet, la Finlande a appliqué son système à la perfection. On pensait qu'elle avait trop peu de talent, à l'exception du prometteur Kaapo Kakko qui a étincelé à 18 ans par sa protection de palet qui lui a permis d'inscrire des buts magnifiques. Mais une fois qu'elle a remonté deux buts aux Suédois en quart de finale, toutes les barrières se sont débloquées. Jalonen a refait le même coup qu'en 2011, déjà en Slovaquie : comme un symbole, le but décisif en finale a été inscrit à la même seconde (42'35), et encore une fois par un joueur de quatrième ligne (Nokelainen en 2011, Anttila en 2019).

Jamais une équipe n'aura autant incarné les vertus d'un collectif. C'est le vainqueur le plus surprenant de l'histoire des championnats du monde, indéniablement. On se souvient des Tchèques revenus de nulle part en 2010, mais ils comptaient dans leurs rangs un certain Jaromir Jagr. La Finlande n'avait évidemment aucune vedette de ce calibre, et aucun des joueurs finlandais n'aurait pu intégrer les effectifs battus de la Russie ou du Canada. Et pourtant, ensemble, ils ont remporté l'or. Ils sont devenus les héros de toute une nation dans le match le plus regardé de l'histoire finlandaise (plus de 3 millions de téléspectateurs sur une population de 5,5 millions).

Le héros de tout un peuple n'est plus un jeune premier talentueux, comme Saku Koivu en 1995 et Mikael Granlund en 2011. C'est maintenant un vétéran bien moins élégant à voir patiner, le capitaine de plus de deux mètres Marko Anttila. Il n'avait marqué que 2 buts à ses 22 premiers matches de championnats du monde. C'est pourtant lui, théoriquement le prototype du joueur à vocation défensive, que Jukka Jalonen a envoyé sur la glace à l'avant-dernière minute du quart de finale contre la Suède, avec un but à remonter. Mais quelle idée ! Une idée de génie : Anttila a inscrit le but égalisateur, avant de marquer l'unique but de la demi-finale Canada-Russie puis un doublé en finale. En quatre jours, Anttila est devenu un buteur providentiel.

 

Canada (2e) : l'équipe des ultimes secondes

Même si le Canada ne vise que la médaille d'or, il peut repartir satisfait de son tournoi. Il a réussi à constituer un vrai groupe et à réussir un bel effort collectif, alors même que (ou parce que ?) il n'avait pas de superstar. On pourrait le comparer en cela à la Finlande, mais la comparaison serait un peu exagérée. Le terme "pas de superstar" pour le Canada recouvre des joueurs qui valent 40 points de moyenne pour les défenseurs et 50 points de moyenne pour les attaquants sur la saison NHL.

Les leaders ont tenu leurs rangs. Au premier rang desquels Mark Stone, le plus coté des joueurs, qui a confirmé ses nets progrès accomplis depuis deux ans en devenant un meneur de jeu intelligent et plusieurs fois décisif, couronné MVP de la compétition par le vote des médias. Remplaçant tardif du blessé Tavares, Pierre-Luc Dubois a bien assumé la place difficile de premier centre et a amené de l'impact physique dirigé vers le but adverse, tout comme Anthony Mantha.

La défense a aussi été remarquable par sa mobilité qui lui a permis de bien couvrir la glace, avec de bons patineurs comme Thomas Chabot mais aussi un Darnell Nurse en progrès par rapport à l'an passé. Aucun joueur n'a vraiment déçu, et c'est le plus beau compliment sur l'homogénéité de ce groupe bien formé. Mais ce qu'on retiendra surtout, c'est sa capacité à ne rien lâcher jusqu'à la fin. Et ce ne sont pas que des mots : le but vainqueur à l'avant-dernière seconde contre la Slovaquie et l'égalisation à la dernière seconde contre la Suisse en quart de finale sont entrés dans les mémoires.

 

Russie (3e) : les supporters ne pardonnent pas

La médaille de bronze ne fait plaisir à personne en Russie. Elle n'est pas à la hauteur des moyens déployés. Elle doit surtout une fière chandelle à Andrei Vasilevsky, le meilleur gardien du monde. On n'accusera pas non plus les défenseurs, qui se sont efforcés de se joindre à l'offensive. C'est bien l'attaque de rêve qui n'a pas produit comme il le fallait.

Tout au long de la compétition, seul le duo Nikita Kucherov - Nikita Gusev, s'appuyant sur ses automatismes d'amis d'enfance, a été régulier et a porté son équipe. Mais elle a été totalement neutralisée par les Finlandais qui ont réussi à les bloquer. La ligne Grigorenko-Malkin-Dadonov n'a pas pesé et a commis trop d'erreurs. Les critiques se sont évidemment concentrées sur les stars et en particulier sur Aleksandr Ovechkin qui a, comme souvent en équipe nationale, eu une production bien moindre qu'en NHL (3 points en 10 matches) même s'il a mis son impact physique habituel.

L'internet russe est devenu rageux. Evgeni Kuznetsov - qui avait pris sa part de responsabilité dans le bilan d'Ovechkin puisqu'il était son centre et devait lui donner plus d'occasions - a subi l'attaque la plus violente. Dès le lendemain du championnat du monde, une vidéo a été envoyée par la messagerie Telegram à diverses personnes, dont des journalistes. Elle montrait un Kuznetsov indifférent en train de téléphoner dans une chambre d'hôtel avec devant lui des lignes de cocaïne préparées sur une table basse et en fond d'image une jeune femme brune dormant dans un lit. De quoi exciter l'imagination... Kuznetsov a eu l'intelligence de recadrer rapidement les choses : cette vidéo a été tournée l'an passé à Las Vegas, après la victoire de Washington dans la Coupe Stanley, dans une chambre occupée par des amis où il dit n'avoir fait que passer. Si on peut s'interroger une fois de plus sur l'entourage des hockeyeurs russes, la vidéo n'a en tout cas rien à voir avec la performance de la Sbornaïa aux championnats du monde et ne pouvait avoir pour autre but que de salir le joueur au moment "opportun".

À part les déchaînements de haine, la Russie a-t-elle tiré un bilan ? Le sélectionneur Ilya Vorobyov, toujours sous contrat, a déclaré que son équipe ne pourrait jamais jouer comme la Finlande, que ce n'était pas dans sa culture et que les supporters russes n'aimeraient probablement pas ça. Ceux-ci ne pardonnent pas grand-chose de toute manière. Les Russes continueront donc de jouer comme des Russes, avec le risque de buter une fois de plus sur l'éternel obstacle finlandais.

 

République Tchèque (4e) : l'émotion, à défaut de médailles

Et de sept longues années sans médaille pour le hockey tchèque ! Il a terminé à une frustrante quatrième place après avoir pourtant dominé aux tirs le Canada puis la Russie dans deux rencontres néanmoins très différentes : la demi-finale fut le moins bon match des Tchèques, le match pour le bronze fut le meilleur mais s'est heurté à un excellent Vasilevsky.

Le sélectionneur Miloš Riha était en larmes avec une voix chevrotante lors de la conférence de presse donnée à Prague après le retour au pays. Il s'excusait de n'avoir pu ramener de médaille ("Je le prends sur moi. Je suis désolé pour l'équipe. Je suis si fier de la République tchèque, nous sommes encore une grande nation de hockey.") en même temps qu'il saluait ses collègues, tout le groupe et tout le staff pour tout le travail accompli. Et son attaquant Michael Frolik, à ses côtés, de confirmer que personne ne s'était jamais plaint, coupant court aux inquiétudes nées du renvoi en tribune des joueurs NHL Jakub Vrana et Filip Chytil. Selon Riha, tous les joueurs lui ont fait part de leur envie de revenir, y compris ceux écartés en préparation.

S'il y a bien une chose que Riha a toujours incarnée, c'est l'émotion. Il semble avoir réussi à gagner le respect de ses hommes, à les mettre en confiance et à mettre en place sa vision de l'équipe. Cela ne résout pas tous les problèmes du hockey tchèque, qui devra faire un travail de fond dans la formation, mais cela maintient le lien très fort entre un pays et son équipe nationale. Ce tournoi aura aussi fait de Filip Hronek le nouveau défenseur offensif que les Tchèques attendaient depuis une décennie. Même Jagr, dont la parole est d'évangile, l'a qualifié de "nouveau Zidlicky". Quant au défaut majeur - les pénalités inutiles - il est malheureusement récurrent. Riha a exhorté ses hommes à endurer les coups sans commettre des gestes de réciprocité souvent sanctionnés.

 

Suède (5e) : adieux programmés... ou subis

Les Suédois étaient particulièrement motivés pour offrir de dignes adieux à deux figures de la Tre Kronor. Le responsable du matériel Anders Weidestal, alias "Pudding", a pris sa retraite à 65 ans après 35 années de bons et loyaux services où il aura vécu - et reçu uniquement par procuration - 28 médailles dont 10 en or (deux aux JO et huit aux Mondiaux) ! Les hockeyeurs suédois tenaient également à offrir une belle sortie à Rikard Grönborg, l'entraîneur qu'ils ont souvent connu dès la sélection junior et qu'ils respectent.

On ne peut donc guère douter de la motivation des joueurs, et pourtant ce groupe, construit avec les mêmes recettes que les deux années précédentes autour des joueurs NHL, n'a jamais vraiment décollé. L'attaque suédoise s'est certes déchaînée et a permis à William Nylander de battre le record de points pour un joueur suédois aux Mondiaux (qui avait été établi en 1962 par Nisse Nilsson) et d'effacer sa saison difficile à Toronto. Mais ce contrepoint de la saison NHL a aussi fonctionné dans l'autre sens : Elias Lindholm, meilleur marqueur suédois cette saison en NHL, a été très peu inspiré et traversé le tournoi comme une âme en peine. L'équipe scandinave n'a donc jamais paru donner sa pleine mesure.

Mais c'est surtout en défense que la Suède a totalement failli, avec pourtant les mêmes joueurs-clés qui avaient excellé l'an passé (Oliver Ekman-Larsson, Adam Larsson, John Klingberg). Les Scandinaves ont enchaîné les trous d'air contre la Lettonie, la Russie (6 buts en un tiers-temps) et la Finlande en quart de finale. Les gardiens Henrik Lundqvist et Jacob Markström ont ainsi paru un peu abandonnés, et ils ont eux-mêmes été très faibles. On ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que ce Mondial raté (88,7% d'arrêts) était le dernier de Lundqvist, même si le portier de 38 ans n'a pas fermé la porte à une autre apparition en jaune et bleu. Cela sent la fin également pour Loui Eriksson, le champion du monde 2013 devenu trop lent pour le hockey moderne, dont la présence critiquable à 3 contre 3 sur le but fatal en prolongation a "couronné" un Mondial catastrophique avec une fiche de -8.

 

Allemagne (6e) : de bonnes bases pour la suite

L'Allemagne a consolidé sa place dans le top-8 mondial avec aplomb en assurant confortablement sa qualification olympique. Elle a commencé par quatre victoires, ce qui ne lui était plus arrivé depuis... le tout premier championnat du monde à Chamonix et Berlin. Elle n'a raté qu'un match, face au Canada (1-8), et heureusement ce fut le match regardé par deux fois moins de téléspectateurs parce que la dernière journée de la Bundesliga de football avait lieu au même moment. Lors des autres rencontres, les Allemands ont rivalisé avec tout le monde et les audiences ont été bonnes pour la "petite" chaîne Sport1, qui a dépassé 5% de part de marché pour la première fois depuis plus d'un an à l'occasion des quarts de finale (1,5 million de spectateurs de moyenne et 2,3 en pointe).

Les Allemands ont même été la seule équipe à battre dans le temps régulier la Finlande, future championne. Leur entraîneur finlandais Toni Söderholm, très entouré ce soir-là par les journalistes de son pays, a donc réussi son examen de passage. Il était bien entouré par un staff imposant. Kari Jalonen - son ancien entraîneur au HIFK qu'il respecte grandement - avait même accepté juste avant le Mondial de faire office de "conseiller". Le coach de Berne, qui avait de toute façon prévu de se rendre aux Mondiaux, travaillait bénévolement pour donner un feedback à son ancien joueur sur sa communication. Les Allemands savent qu'ils ont parfois gagné contre le cours du jeu (Slovaquie, Finlande), mais l'objectif de prendre confiance en leurs moyens a été clairement atteint.

Ne pas appeler le gardien expérimenté Dennis Endras était un risque, d'autant que Philipp Grubauer est arrivé tardivement avec une gêne musculaire à la cuisse, mais Mathias Niederberger a aussi été bon. Le renouvellement générationnel pourra se faire dans les cages. La crainte du manque de densité en défense était fondée puisque le duo Reul-Schopper a été dépassé par le rythme et a accumulé les mauvaises passes. Mais le nouvel espoir Moritz Seider a dépassé les espérances : à 18 ans, et alors qu'il a manqué trois rencontres à cause d'une charge contre la bande de Nagy, il a été le plus jeune défenseur à marquer 2 buts dans un Mondial senior depuis... Reijo Ruotsalainen en 1978. On lui souhaite la même carrière.

 

États-Unis (7e) : un échec collectif... et individuel ?

Jamais un "duel" pour la première place de draft n'aura été aussi médiatisé que cette année aux championnats du monde. Mais c'est aussi peut-être parce que, au-delà de la mise en scène des commentateurs, les deux joueurs concernés (Jack Hughes et Kaapo Kakko) ont chacun réaffirmé leur ambition et leur conviction d'être choisis en numéro 1 à la prochaine draft NHL. Est-ce parce que l'esprit de l'époque est de plus en plus individualiste ? Être affublé de l'étiquette de meilleur talent de sa génération est-il le plus important pour la carrière future ?

En tout cas, cette année, l'éclat individuel a coïncidé avec la réussite collective. Kaapo Kakko est devenu le plus jeune joueur de l'histoire à cumuler les titres de champion du monde U18, U20 et senior. Jack Hughes est resté dans l'ombre. A-t-il perdu sa place de numéro 1 ? Sur ce championnat du monde, il n'y a pas eu photo. Mais il faut rappeler que, contrairement à un Auston Matthews qui avait passé une saison en Suisse avant de disputer les Mondiaux 2016, il n'avait encore jamais joué face à des adultes. À ce stade, Hughes est moins mature et moins prêt que son concurrent. Quant à prédire s'il deviendra ou non un meilleur hockeyeur que Kakko, c'est un métier, celui de scout, et on souhaite bon courage à ceux de New Jersey, qui devront trancher dans un mois à la draft, et à qui on rappellera toute leur vie, le cas échéant, qu'ils ont fait le "mauvais choix".

Plus problématique, le bel effectif étoilé des États-Unis, qui paraissait si joli sur le papier, a connu des résultats très moyens. Il n'a obtenu qu'un résultat notable, un succès en prolongation sur la Finlande grâce à "l'âme de l'équipe" Dylan Larkin (qui a ensuite manqué le quart de finale sur blessure). Les Américains finissent à leur plus mauvaise place depuis sept ans, malgré Kane et compagnie.

Là où la Finlande a adopté une approche européenne en assignant un rôle clair à chacun avec des lignes stables, Jeff Blashill a semblé vouloir ménager tout le monde en changeant sans cesse ses lignes en cours de match dans une approche plus nord-américaine du coaching, mais si extrême qu'elle a dérouté jusqu'aux supporters américains. Les joueurs n'ont jamais vraiment trouvé le bon rythme pour exploiter leurs qualités de patinage : pendant que les anonymes Finlandais entraient sous le feu des projecteurs, les stars américaines quittaient le tournoi dans l'anonymat !

 

Suisse (8e) : frustration accumulée avant le Mondial à domicile

La Nati a d'abord parfaitement rempli son contrat en battant avec autorité les quatre équipes moins bien classées qu'elle. Le bilan face aux grosses équipes semble néanmoins aussi net : quatre défaites. Il faut toutefois le relativiser. La Suisse n'a perdu face aux Tchèques que par un but en cage vide, parce qu'elle avait sorti son gardien pour essayer de gagner. Et bien sûr, il y a cette défaite en prolongation face au Canada, où les Helvètes ont laissé échapper la victoire à 0,4 seconde de la fin.

44% des téléspectateurs suisses étaient devant leur écran pour assister à ce dénouement, ce qui est certes moins que les 73% de la finale de l'an passé mais contribue à maintenir le hockey sur glace dans sa lutte au coude-à-coude avec le football pour capter l'attention du public helvétique. Après une finale perdue aux tirs au but puis un quart de finale perdu sur le fil, la Suisse aura en tout cas accumulé son lot de frustrations. De quoi la lâcher pour prendre sa revanche au bon moment, en 2020, lors des championnats du monde de Zurich et Lausanne ? Si le pays a souvent accueilli la compétition, jamais celle-ci n'aura suscité une telle attente, avec une équipe convaincue de pouvoir jouer le titre.

La performance de cette année est en effet juste le niveau normal de l'équipe. Les hockeyeurs suisses ont bien joué, mais n'ont pas réalisé d'exploit particulier. Pour autant, ils n'étaient pas très loin des meilleurs. L'an prochain, avec le soutien de leurs supporters, sauront-ils se transcender pour décrocher le Graal ?

 

Slovaquie (9e) : un grand pays de hockey malgré tout

En matière de frustration, la Slovaquie a peut-être dépassé la Suisse. Après tout, son championnat du monde à domicile, c'était cette année. Or, elle a aussi perdu à la dernière seconde contre le Canada, faisant un temps perdre leur sang-froid à ses supporters qui ont ensuite sifflé l'hymne des vainqueurs, puis a vécu un retournement fatal (de 2-1 à 2-3) dans les deux dernières minutes contre l'Allemagne dans un match qu'elle avait dominé.

Ce dénouement si cruel allait-il miner l'ambiance dans le vestiaire au point qu'elle dégénère ? On a pu se le demander après des déclarations de Libor Hudacek : "Le coach Ramsay était nerveux parce qu'on ne jouait pas comme il le voulait. Mais nous sommes des Européens. Des Slovaques. Nous avons joué comme nous l'avons voulu. C'était différent de ce qu'il imaginait, mais nous avons pris du plaisir avec nos supporters." Vertement critiqué à la télévision pour ses commentaires jugés intolérables, Hudacek a été contraint à un rétropédalage en précisant dans un communiqué de la fédération slovaque que ces commentaires avaient été mal interprétés et qu'ils se voulaient justement ironiques sur l'esprit indiscipliné des hockeyeurs slovaques.

L'éventuelle prolongation de contrat de l'entraîneur Craig Ramsay, le manager Miroslav Šatan a annoncé qu'elle serait décidée lors du Congrès de la fédération fin juin. Mais au même moment, l'entraîneur des gardiens Jan Lasak envoyait un signal contraire en commentant à la presse le départ du Canadien : "Il nous a appris tellement de choses, surtout aux jeunes, c'est fantastique. Il nous a montré comment nous comporter, en tant qu'hommes et que professionnels. Je suis même encore plus ému par ses adieux que par la cérémonie de retraite de [Ladislav Nagy]." Malgré l'absence de performance spectaculaire, le bilan du sélectionneur Ramsay est plutôt positif : la Slovaquie a été éliminée deux ans de suite en marquant 11 points, soit plus que lors de sa dernière qualification en quart de finale en 2013.

Le top-8 est néanmoins encore resté inaccessible. Classée neuvième pour la cinquième fois en six ans, la Slovaquie se retrouve évidemment à cette même place au classement mondial. Une place qui signifie qu'elle devra, pour la première fois depuis son "repêchage" pour les JO de Lillehammer organisés peu après son indépendance, passer par des qualifications pour aller aux Jeux olympiques. Mais qu'on ne s'y trompe pas : elle reste un grand pays de hockey. Une équipe nationale dont toutes les rencontres ont eu entre 55% et 60% de parts de marché à la télévision reste incontournable, même après la retraite du dernier des glorieux (Nagy).

 

Lettonie (10e) : la régression n'est qu'apparente

La Lettonie n'a régressé qu'en apparence par rapport à son excellent championnat du monde de l'an passé. Elle est toujours cette équipe très difficile à jouer, qui ne ménage pas ses efforts et qui a tenu tête à tous les favoris. Elle a toutefois pâti de blessures de joueurs-clés, dont celle pendant le tournoi de son deuxième centre Rodrigo Abols. Le jeune centre de NHL Teodors Blugers a alors été très utilisé par Bob Hartley, ce qui rendait difficile d'assumer ses tâches défensives et offensives avec un temps de jeu aussi élevé.

L'autre grande différence par rapport à l'an passé, c'est que la Lettonie est tombée dans un groupe plus difficile. Elle n'avait plus face à elle l'Allemagne et le Danemark, mais la Suisse, que l'on peut désormais compter dans le concert des grandes nations. Or, la Suisse a fait inverser sa place avec l'Allemagne pour les Mondiaux 2020 de Zurich et Lausanne... et les Baltes vont donc retrouver une nouvelle fois les Helvètes. Ils sont certainement les principaux perdants de ce changement au gré des organisateurs.

La Lettonie se projette toutefois plus loin. Les Mondiaux 2021 à domicile, bien sûr, mais pas uniquement. Alors que la rumeur disait que Bob Hartley pouvait quitter son poste, le président de la fédération Viesturs Koziols a indiqué qu'il partageait un objectif majeur avec son coach : les prochains Jeux olympiques. Son salaire a été réduit maintenant qu'il est employé par l'Avangard Omsk en KHL et un autre spécialiste étranger ne coûterait pas moins cher. La Lettonie gardera donc son système de jeu, dans lequel elle a pleine confiance, et abordera en grande favorite la qualification olympique de Riga en septembre 2020, face à la France, à l'Italie et sans doute au Kazakhstan.

 

Danemark (11e) : des adieux trop discrets

Le Danemark a très rapidement assuré l'essentiel dans son championnat du monde. Il a d'abord remonté un retard de deux buts pour défaire aux tirs au but la France, son adversaire direct au classement IIHF, et s'offrir ainsi un tournoi de qualification olympique en Norvège, chez le cousin et rival avec comme perspective une première participation aux JO. Les Danois ont ensuite assuré leur maintien sans jamais trembler, en assommant d'entrée la Grande-Bretagne pour un net succès 9-1. Auteur de 4 points dans ce match (5 au total), Lars Eller a alors mis fin à son tournoi, toujours gêné par une blessure à la jambe survenue en play-offs NHL qui avait rendu sa participation incertaine jusqu'au dernier moment.

À ce stade, le tournoi était déjà presque fini pour le Danemark. Entre ces deux victoires, il avait perdu (1-2) contre l'Allemagne, qui se dirigeait déjà vers les quarts de finale. Ses chances étaient très réduites et il n'a guère existé contre les grandes nations. Il ne pouvait même plus rattraper la Slovaquie avant le dernier match.

Cette rencontre sans grand enjeu aurait donc pu servir à honorer Stefan Lassen, qui avait annoncé le matin même qu'il prenait sa retraite internationale. Sauf que l'entraîneur Heinz Ehlers ne le savait pas ! Il l'a appris par la presse, deux heures et demie avant le coup d'envoi, en sortant de la réunion tactique où il venait justement de décider que Lassen serait en tribune. Trop tard pour changer l'équipe annoncée aux joueurs, trop tard pour lui donner un match d'adieu. Ehlers s'est dit désolé en saluant le professionnalisme de Lassen qui n'avait pipé mot. Il s'est donc arrêté à 184 sélections. Et le Danemark devra être vigilant au renouvellement de sa défense où il produit bien moins de talent qu'en attaque.

 

Norvège (12e) : il est urgent de préparer l'avenir

On le sait, Roy Johansen et Dave Henderson se respectaient beaucoup : les deux sélectionneurs avaient partagé une rare longévité (15 et 14 ans) à la tête de leurs sélections nationales respectives, la Norvège et la France, qu'ils ont fait remonter puis établi dans l'élite.

En succédant à Johansen, Petter Thoresen avait, un peu comme Philippe Bozon, expliqué qu'il voulait donner une nouvelle impulsion et emmener l'équipe plus haut. Que pouvait-il dire d'autre ? Il se heurte néanmoins à une difficulté de renouvellement de plus en plus patente. Le fiston Patrick Thoresen vieillit. Mathis Olimb tricote toujours autant avec le palet, mais il ralentit le jeu en l'absence de son frère au jeu plus direct et rapide.

Le forfait du gardien Lars Haugen a été plus problématique encore qu'on le craignait. Loin du niveau qu'il affiche en Liiga finlandaise, Henrik Haukeland n'a pas réussi à assumer la place de titulaire dans les cages, la perdant même au profit de Henrik Holm. La défense inquiète aussi. Alexander Bonsaksen, responsable sur plusieurs buts, est de plus en plus en difficulté défensive. Que se passera-t-il le jour où le capitaine Jonas Holøs ne sera plus là ? La belle histoire du jeune Christian Bull, auteur d'un triplé aussi salvateur qu'inattendu contre l'Autriche, est sympathique, mais l'excellent patinage de l'espoir mieux coté Mattias Nørstebø ne parvient pas à compenser sa faiblesse dans les duels et il est souvent cloué sur le banc. La Norvège ferait bien de profiter d'années plus faciles, où son expérience doit la mettre à l'abri du maintien, pour préparer l'avenir.

 

Grande-Bretagne (13e) : l'habitude de croire aux miracles

Les Britanniques s'étaient donnés deux chances de rester dans l'élite. Contre le Danemark, l'affaire était déjà pliée après treize minutes et trois buts encaissés. Contre la France, lorsqu'ils se sont retrouvés menés 0-3 après deux buts en six secondes, ils semblaient prêts à s'écrouler. C'est alors que leur entraîneur Peter Russell a demandé un temps mort et leur a rappelé leur retour un an plus tôt contre la Hongrie dans le match pour la promotion où ils étaient menés de deux buts. À partir de cet instant, l'équipe la plus fébrile n'était pas la Grande-Bretagne, qui n'avait rien à perdre, mais bien la France.

Si le mot "miracle" avait déjà été utilisé pour qualifier les deux montées consécutives des Britanniques, que dire alors de leur maintien dans l'élite ? Deux années consécutives au plus haut niveau, ils n'avaient plus connu cela depuis... le Mondial de Paris en 1951. Et si le héros britannique du tournoi fut le gardien Ben Bowns, l'histoire retiendra que le but vainqueur a été marqué par Ben Davies, celui-là même qui avait fait un raté grossier en première période en faisant une passe pour personne alors qu'il était en breakaway.

On remarquera avec intérêt que Davies est un des trois Gallois de l'effectif, alors qu'il n'y a qu'un club au Pays de Galles, rattaché à la fédération anglaise. Dans le même temps, Colin Shields, meilleur marqueur de l'histoire de l'équipe nationale, raccroche les patins à 40 ans, comme il l'a annoncé fin mars. Or, Shields était le dernier Écossais restant (si on ne compte pas le coach Russell). L'Écosse a longtemps formé la moitié du hockey britannique, avec sa propre fédération qui est toujours séparée, et qu'elle n'ait plus aucun international l'an prochain constituera aussi un fait historique, plus inquiétant celui-ci. Le hockey ne sera en tout cas pas un argument de la cause indépendantiste.

 

Italie (14e) : survivants de dix jours d'enfer

Les performances de l'équipe d'Italie ont donné beaucoup de grain à moudre aux partisans d'une réduction de l'élite mondiale à douze équipes, mesure qui a toutefois peu de chance d'être adoptée pour d'évidentes raisons de développement du sport. Il faut dire que le bilan comptable est peu flatteur : si l'on ne tient pas compte de la séance décisive de tirs au but, les Transalpins ont marqué 4 buts et en ont encaissé 48, soit exactement les mêmes totaux que la Corée du Sud l'an passé, nation totalement novice à ce niveau.

Ce qui a choqué les observateurs, c'est l'incapacité des Italiens à marquer puisqu'il leur a fallu attendre 342 minutes pour enfin trouver le chemin des filets. Mais ils ont aussi joué de malchance puisqu'ils ont frappé deux fois le poteau et une fois la transversale dans cet intervalle. En réalité, le vrai déficit de l'Italie dans ce tournoi ne résidait pas dans sa capacité offensive, qui n'a jamais été très élevée. Lors de ses précédents passages dans l'élite, elle avait adopté une stratégie très défensive qui avait permis de limiter les dégâts. Cette année, elle semblait parfois partir la fleur au fusil et rendait trop facilement le palet. Limitée par sa lenteur, elle n'a jamais su limiter les occasions adverses. Elle a ainsi soumis son gardien Andreas Bernard à une charge de travail presque inhumaine, de 40 à 60 tirs à chaque match. Et pourtant, malgré une entrée en matière très difficile, Bernard a survécu à cet enfer pour maintenir son équipe en remportant le duel de gardiens au moment essentiel face à l'Autriche.

Si l'entraîneur Clayton Beddoes a franchement moins convaincu par son système de jeu que Stefan Mair il y a deux ans, il a néanmoins obtenu l'essentiel, le maintien. Le mérite de ce groupe est de n'avoir jamais lâché mentalement pendant dix jours très difficiles, y compris après la perte sur blessure de ses deux joueurs de LNA suisse, jusqu'à la délivrance. Les Italo-Canadiens, dont l'apport collectif n'était pas toujours évident, ont su répondre présent le jour J pour être décisifs. Et avec le maintien concomitant de la Grande-Bretagne, l'Italie, qui a gagné trois places au classement IIHF, n'est même plus dans les deux nations les moins bien classées de l'élite. Elle peut espérer encore se maintenir l'an prochain face à un Kazakhstan qui ne lui réussit pas trop mal.

 

France (15e) : quelles leçons de l'échec ?

Après onze années consécutives dans l'élite mondiale, sous la conduite de Dave Henderson et Pierre Pousse, l'équipe de France est lourdement retombée sur terre en redescendant, l'année où elle rencontrait l'adversaire sur le papier le plus faible. Les réactions outragées ont été à la hauteur de la déception, et les critiques ont fusé, tant sur les joueurs que sur l'entraîneur. Tout y est passé, comme toujours dans ces cas-là. Passons sur ceux qui refont la composition a posteriori. Les absents qui étaient en état de venir à Kosice n'auraient changé l'équipe qu'à la marge et n'auraient rien changé au problème. Quant à savoir si Henri-Corentin Buysse aurait mieux réussi s'il avait joué contre les Britanniques à la place de Florian Hardy, qui peut l'affirmer ? Le coach a pris sa décision, et s'il semble avoir hésité jusqu'à la veille au soir, c'est qu'elle n'était pas facile.

Le principal tort du sélectionneur Philippe Bozon ne réside-t-il pas dans le discours qu'il tenait avant sa nomination ? À mots couverts, il critiquait le jeu trop prudent sous l'ère Henderson. Peut-être rêvait-il, consciemment ou inconsciemment, de recréer la transition qu'il avait vécu en tant que joueur, quand Juhani Tamminen, reprenant l'équipe de France que Kjell Larsson avait bâtie sur la défense, l'avait libérée et amenée en quart de finale en 1995. Mais avant le Mondial, Bozon tenait déjà un discours bien plus prudent. Il savait bien que l'équipe de France n'aurait pas la partie facile sans ses meilleurs joueurs. De fait, la ligne Bozon-Claireaux-Fleury a longtemps été la seule à fonctionner. Alexandre Texier ne pouvait pas encore porter l'équipe sur ses jeunes épaules après une saison physiquement et mentalement usante, et il a fallu le repositionner du centre à l'aile pour le libérer de responsabilités défensives trop pesantes.

Pour autant, il n'est guère évident d'imputer l'échec au système de jeu. Les Bleus ont craqué par des erreurs individuelles dont ils n'ont jamais su se départir tout au long du tournoi, mais ceux qui ont involontairement relancé la Grande-Bretagne par des pertes de palet (Tim Bozon et Kevin Hecquefeuille) avaient plutôt commis peu d'erreurs depuis le début. C'est un cruel paradoxe, mais les Français ont paru manquer du mot que Philippe Bozon avait le plus prononcé : la confiance.

Hormis la pique remarquée sur les gens qui racontent des âneries depuis leur canapé, le président de la FFHG Luc Tardif, pourtant pas habitué à la langue de bois quand il dressait le bilan du jeu des Bleus à la fin des compétitions internationales, a tenu un discours plus mesuré. Pas les propos de celui qui va rejeter la faute sur le coach, qui a abandonné son poste de club pour passer à plein temps comme prévu. In fine, le hockey français n'a pas besoin de règlement de comptes, mais bien de la mobilisation qu'il appelle de ses voeux. Et cela concerne aussi bien la mobilisation autour de l'équipe de France que cet esprit de groupe qui a été la clé des succès obtenus par les Bleus depuis dix ans, bien au-delà des individualités.

Il y a néanmoins un point où Luc Tardif s'est fourvoyé : la Suisse ne joue absolument pas avec 7 naturalisés, le seul qui puisse entrer dans cette catégorie est son troisième gardien... Comme la France reste treizième au classement IIHF, on peut d'ailleurs faire ce constat intéressant : les douze équipes classées devant elle au classement mondial n'ont pas de naturalisé (tout au plus un seul, Lindström, chez les Norvégiens). Ce sont en revanche des équipes plus mal classées qui - effectivement - recourent massivement aux naturalisations (entre 4 et 6) : Bélarus, Italie, Kazakhstan, Corée du Sud, Grande-Bretagne et Hongrie. Mais sont-ce des modèles durables à suivre, au-delà des résultats d'une seule journée ? En somme, la France doit décider si elle veut regarder devant ou derrière, si elle veut plutôt s'inspirer du Danemark, pays avec un énorme travail de formation dès le plus jeune âge, ou du Kazakhstan, pays acheteur de hockeyeurs dans son équipe KHL et distributeur de passeports...

 

Autriche (16e) : une pointe d'arrogance

L'exemple de l'Autriche prouve qu'il n'existe pas de recette toute faite, sauf pour ceux qui critiquent a posteriori. L'entraîneur suisse Roger Bader - qui est sous contrat jusqu'à la qualification olympique de septembre 2020 et a été confirmé à son poste - a ainsi fait les choix inverses de Philippe Bozon avant le match décisif, pour le même résultat contraire. D'une part, et malgré un temps de récupération plus long de quelques heures, il a reposé ses trois meilleurs attaquants la veille. Cela a failli fonctionner puisque l'un d'eux, le joueur de NHL Michael Raffl, a inscrit deux buts... mais faut-il attribuer ce doublé à son repos ou plutôt au fait que la défense italienne privée de Larkin n'avait pas les moyens de s'opposer à lui dans l'enclave ? D'autre part, Bader a fait le choix du nouveau gardien (David Kickert) et pas du gardien d'expérience (Bernhard Starkbaum)... et Kickert a été faible sur ce match-clé (bien plus que Hardy en comparaison).

Les gardiens autrichiens ont de toute manière tous été médiocres, avec un pourcentage d'arrêts cumulé en dessous de 84%, le plus bas de tous les participants. Roger Bader s'est plaint à plusieurs reprises de devoir composer une équipe nationale avec des gardiens qui sont tous des doublures dans leurs clubs respectifs (ce qui est un peu exagéré car Kickert est plutôt "1 bis" à Linz). Il a aussi pointé du doigt ses attaquants-phares qui n'ont pas vraiment été dignes de leur statut. Dominic Zwerger, peut-être à cause de la petite blessure à la hanche qui a perturbé sa préparation, était en totale méforme. Peter Schneider n'a jamais pu transposer sa production offensive de l'EBEL, où il a été élu joueur de l'année. Les frères Raffl ont pris des pénalités inutiles. Tous ont semblé gamberger pas mal de ne pas pouvoir faire la différence..

Finalement le plus efficace, Michael Raffl a aussi été le plus tranchant dans ses déclarations en critiquant une certaine arrogance des joueurs autrichiens qui les a fait sortir de leur plan de jeu face à l'Italie. Mais cette arrogance s'est ressentie dans tout un environnement qui se montrait volontiers dédaigneux envers le pays voisin, pensant la défaite impossible. Le commentateur de la télévision autrichienne Michael Berger a même eu des propos méprisants durant le tournoi en commentant les rencontres italiennes. Ce genre d'attitude se paye et était malvenu de la part d'un pays qui n'avait réussi à rester dans l'élite que depuis un an mais qui se "croit toujours meilleur qu'il ne l'est" pour paraphraser les propos de Raffl après le match.

 

Marc Branchu (photos de Michel Bourdier, Jonathan Vallat [RUS, TCH] et Nicolas Leborgne [DAN])

 

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