Finlande 2018 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2017)

 

Pour la troisième année consécutive, la Liiga finlandaise s'est disputée à 15. L'ouverture du championnat, qui a accueilli ces dernières années les clubs de Vaasa, Kouvola et Mikkeli, a été consommée et n'est donc plus d'actualité. Les équipes de Mestis, qui ne peuvent plus être promues sur dossier et encore moins sportivement, doivent désormais se contenter de devenir des filiales des clubs de l'élite, à l'image de la NHL et de l'AHL, ce que redoutent d'ailleurs les clubs voisins de l'Allsvenskan suédoise.

La Finlande assume désormais son modèle emprunté et tente même de promouvoir son produit au-delà des frontières. Pour la première fois de l'histoire, un match de l'élite finlandaise s'est disputé à l'étranger, à Tallinn en Estonie, devant 5000 spectateurs. L'événement fut un succès, comme le match en extérieur pour fêter les 100 ans de l'indépendance de la Finlande. Une rencontre exceptionnelle au Parc Kaisaniemi d'Helsinki où le Français Charles Bertrand a inscrit un but lors de la victoire de son équipe, Kärpät. Assurément un grand moment, qui a précédé le triomphe des "hermines".

 

Oulun Kärpät (1er) : champion, un état d'esprit

De 2014 à 2016, les Kärpät avaient connu trois belles années, conclues de deux titres de champion et d'une médaille de bronze. Après un exercice 2016-2017 catastrophique, les "hermines" d'Oulu étaient attendues au tournant, et elles ont finalement répondu présent en offrant à la ville du nord un huitième titre de champion de Finlande. Si le trophée a été obtenu après la sixième manche de la finale grâce à l'unique but de l'improbable Aleksi Mäkelä, les Kärpät ont disposé d'individualités très fortes qui l'ont mené vers le titre.

Évidemment, la performance qui retient notre attention est celle de Charles Bertrand, qui a terminé meilleur buteur de Liiga avec 32 unités. Après huit saisons et demi en Finlande, la boucle est bouclée pour le Parisien qui finit sur une excellente note. Bertrand prend le chemin de la KHL et de Novosibirsk, qu'il rejoint avec son distributeur Julius Junttila. Le duo, escorté par le travailleur Mikael Ruohomaa, aura été la locomotive des Kärpät, qui a permis de remporter la saison régulière avec 195 buts (le meilleur bilan de ces dix dernières années) et le trophée suprême. Meilleure attaque et troisième meilleure défense de la saison régulière, Oulu s'est toutefois remis à son gardien, Veini Vehviläinen, lors d'une demi-finale âprement disputée avec le HIFK, et une série finale terminée avec difficulté 4-2 contre Tappara. La récompense est belle pour ce gardien de 21 ans qui a surmonté le deuil de son père avec l'aide de ses coéquipiers.

Le coach Mikko Manner, qui a su renforcer l'impact physique de son équipe pour sa première saison comme entraîneur-chef saluait l'implication et la mentalité de son groupe en début de saison. Les Kärpät devront conserver ces vertus pour défendre leur titre. Si la KHL a quelque peu déplumé les champions pour la saison à venir, Manner aura encore à disposition un effectif haut de gamme, avec notamment le retour du populaire Mika Pyörälä, parti entre-temps à Berne. Les yeux seront également braqués vers Aleksi Heponiemi, centre de 19 ans qui a réussi le tour de force de devenir le premier joueur européen à figurer à la fois sur la première équipe "All-Star" et à remporter le trophée du joueur au meilleur esprit sportif sur le circuit junior WHL.

 

Tappara Tampere (2e) : l'éternel finaliste

Tappara a donc échoué aux dépens de Kärpät, lâchant à ses adversaires une avance de 3 manches à 0 lors de la série finale. Une offrande dont n'a pu se relever "la hache" de Tampere en dépit d'une nouvelle année remarquable. Le club le plus titré de Finlande (à égalité avec TPS) a accédé aux six dernières finales, une performance unique au pays. Cette incroyable réussite revient, avant les joueurs, au bureau le plus compétent de la Liiga, qui parvient à conserver une ambition forte et à l'assumer chaque année. Certains rétorqueront que Tappara a eu moins de 50% de réussite en finale ces dernières années, défait quatre fois sur six. L'architecte d'une finale perdue, c'est une étiquette qui commence à coller à la peau de l'entraîneur Jukka Rautakorpi, qui a perdu six finales en Liiga finlandaise : cinq avec Tappara (2001, 2002, 2013, 2014, 2018) et une avec HPK (2010). La prudence du club, assis sur la certitude d'aller loin durant la saison, a préservé la confiance vis-à-vis du technicien de 54 ans, qui effectuera sa onzième année derrière le banc de Tappara.

La santé sportive du club a permis de consolider un noyau extrêmement solide avec les Veli-Matti Vittasmäki, Toni Utunen, Otso Rantakari en défense, et les Kristian Kuusela, Jan-Mikael Järvinen et Otto Rauhala en attaque. En revanche, la grosse inconnue pour la saison à venir se situera devant les filets. Le jeune gardien tchèque Dominik Hrachovina, qui avait rejoint Tampere en 2011, était remarquable ces deux années, mais du coup extrêmement convoité. Hrachovina parti en KHL à Astana, le Tappara s'en remettra à un autre jeune gardien, Christian Heljanko, qui a bien émergé mais qui paraît encore inexpérimenté. Tappara en a bien conscience, recrutant un grand frère : Niklas Bäckström (40 ans), dont l'expérience NHL sera précieuse. Sera-t-elle suffisante pour une septième finale ?

 

IFK Helsinki (3e) : signé n'est pas aligné

L'exercice 2016-2017 avait offert des émotions partagées aux supporteurs du HIFK : une neuvième place de la saison régulière, avant que les joueurs de la capitale ne se réveillent et atteignent le dernier carré des play-offs. L'exercice 2017-2018 a permis d'entrevoir un groupe davantage constant, meilleure défense du championnat et une attaque détonante. Et il s'en est fallu d'une rien pour que le HIFK évince le futur champion, Kärpät. Maigre consolation, l'IFK Helsinki a arraché une médaille de bronze, qu'il n'était pas parvenu à obtenir un an avant.

Le duo de gardiens composé du vétéran Niklas Bäckström et du jeune Kevin Lankinen a fait plus que le job ces deux dernières années à Helsinki. Leur départ laisse néanmoins un gros point d'interrogation car Atte Engren n'a pas toujours été rassurant. Et même si le groupe dispose encore de bons défenseurs, il faudra tourner la page Miro Heiskanen, défenseur prodige en partance pour la NHL et qui avait pris une dimension impressionnante dans le jeu en dépit de ses 18 ans. Erik Thorell s'est quant à lui affirmé définitivement comme un vrai leader. Le Suédois aurait pu former une doublette redoutable pour la saison à venir puisque le HIFK avait recruté Antti Suomela le 29 avril dernier. En provenance du JYP avec lequel il a remporté la Champions Hockey League, Suomela est le meilleur marqueur 2017-2018 avec 60 points. Mais, au grand désarroi du HIFK et de ses fans, le spectaculaire attaquant de 24 ans n'endossera pas le maillot helsinkien. En juin, San José a fait signer un contrat d'un an à Suomela... qui s'envolera donc en Amérique du Nord. Le départ sera probablement difficile à digérer pour le HIFK, qui pensait avoir fait fort sur le marché des transferts. L'ironie de l'histoire, c'est que ce genre d'infortune n'est pas une première pour le HIFK puisque Antti Raanta (2013) et Michael Keränen (2014) furent à l'époque recrutés avant de faire faux bond pour tenter l'aventure nord-américaine. HIFK devra s'en relever.

 

TPS Turku (4e) : orphelin des deux icônes

Deuxième de la saison régulière pour la deuxième année consécutive, le renouveau se confirme à Turku pour le Turun Palloseura. Après un quart de finale en 2017, le TPS a même franchi un pas supplémentaire en accédant aux demi-finales en 2018. Une demie tout de même assez décevante avec un balayage en quatre manches, dont trois conclues d'un seul but d'écart. En dépit des regrets, le cap a été maintenu par l'entraîneur Kalle Kaskinen et TPS poursuit sa progression. Les unités spéciales ont été efficaces et l'attaque s'est même bonifiée, c'est ce qui a fait la différence cette saison.

Ce qui manquait jusqu'à maintenant, c'était un gardien numéro 1, Oskari Setänen et Rasmus Tirronen se partageant la tâche avec plus ou moins de réussite. Un numéro 1, c'est a priori chose faite. Henrik Haukeland découvrira la Finlande après trois bonnes années en Suède. Le gardien norvégien de 23 ans a d'ailleurs été le principal artisan de la promotion de Timrå en élite suédoise la saison dernière. Le jeune homme a donc le mental et les épaules pour s'imposer dans un marché très passionné et devenir un titulaire indiscutable.

En revanche, l'offensive perd ses deux icônes. Éric Perrin repart vers son club de cœur (JYP) et Tomi Kallio met fin à une carrière extrêmement riche. Les deux larrons, 83 ans à eux deux (!), ont mené l'attaque de Turku avec respectivement 52 et 59 points, saison régulière et playoffs réunis. Une sacrée performance alors que la plupart, à leur âge, ont déjà pris leur retraite depuis un bon moment. Mais au-delà de leur contribution importante en terme de statistiques, le Turun Palloseura perd indéniablement deux leaders motivés par la culture de la gagne. Ce seront donc aux Ilari Filppula, Oula Palve, Simon Suorenta, Lauri Korpikoski et Ilkka Heikkinen de reprendre le témoin pour élever davantage le TPS et mobiliser les nombreux espoirs. Ce sera sans le plus doué d'entre eux, l'ailier Petrus Palmu, parti à Vancouver. Au même poste, Markus Nurmi devrait toutefois prendre une autre dimension, ce que cherchera à faire toute l'équipe.

 

JYP Jyväskylä (5e) : difficile de satisfaire de grandes ambitions

Après trois participations consécutives aux demi-finales, le chemin s'est arrêté dès les quarts en 2018 pour JYP. Le jeu défensif a été moins tranchant. Mikko Mäenpää et Mikko Kalteva sont toujours les leaders à la ligne bleue, mais leurs pépins physiques ont fragilisé la forteresse. Et devant les filets de Jyväskylä, Juho Olkinuorna, dont on pensait qu'il avait la carrure de titulaire, a été beaucoup trop inconstant pour insuffler une totale confiance à l'équipe. Également enquiquiné par les blessures, Eetu Laurikainen a grappillé du temps de jeu tout au long de l'année pour finir par des prestations rassurantes en playoffs. À lui de mieux porter le costume de gardien numéro 1.

En revanche, le jeu offensif a été très satisaisant. JYP a détenu le meilleur jeu de puissance de la Liiga, bien aidé par quatre joueurs qui ont dépassé la barre des 50 points : Antti Suomela (le meilleur marqueur de Liiga), Jani Tuppurainen, Juuso Puustinen et Jarkko Immonen. Deux d'entre eux (Suomela et Puustinen) s'en iront vers d'autres contrées, mais le club de Finlande centrale a rapatrié l'icône. Éric Perrin a joué pour JYP de 2010 à 2015, avant qu'il ne soit transféré au TPS pour des raisons économiques. Toujours productif à 42 ans avec 52 points en 60 matchs la saison dernière, le joueur étranger le plus prolifique de Liiga a accepté la proposition de JYP, un retour qui sonne comme sa dernière année de hockeyeur. En dépit du poids de l'âge, Perrin est un atout offensif majeur mais aussi un cadre mobilisateur, il saura guider les plus jeunes. En particulier le jeune international tchèque David Tomasek, qui évoluait dernièrement avec Sacha Treille et Jordann Perret à Pardubice, et Anttoni Honka, le plus grand espoir de l'organisation à seulement 17 ans. Ce dernier, petit-frère du texan Julius et du tourangeau Aleksi, est un petit défenseur éligible à la draft NHL 2019 qui a particulièrement impressionné ces derniers mois. Il y a du talent à Jyväskylä. Le nouvel entraîneur Lauri Merikivi devra le valoriser par de grandes performances. Son prédécesseur a fait les frais de "l'immense déception" de la direction. Cela faisait dix ans que Marko Virtanen était présent dans l'organisation, et entraîneur en chef de la section senior depuis 2013.

 

KalPa Kuopio (6e) : quand la santé (financière) va

Il y a quelques années, le budget de KalPa était sur le fil du rasoir, une santé financière extrêmement inquiétante. Des économies drastiques, une politique orientée vers des jeunes joueurs et une longue saison 2016-2017 (jusqu'en finale) avait permis de remettre du beurre dans les épinards. Et désormais, il y a plus de beurre que d'épinards puisque, pour la deuxième année consécutive, le club savonien a généré un bénéfice d'un demi-million d'euros ! Ces excellents résultats financiers ont redonné de l'ambition à l'équipe de Kuopio. L'objectif est clair : accéder aux demi-finales. Les hommes entraînés par l'homme fort du club, Sami Kapanen, devront donc franchir une marche, eux qui ont échoué en quart de finale face à Tappara.

La finale 2017 était totalement inattendue mais on s'attend désormais à ce que KalPa atteigne le dernier carré. Cela passera par une reconstruction du bloc défensif, qui a vu partir Eetu Sopanen (retraité), Juuso Riikola, Mathew Maione et Santeri Lukka, transférés. Évidemment, Alexandre Texier sera particulièrement scruté. Le jeune prodige français est rapidement devenu l'une des principales flèches offensives, repositionné à plusieurs reprises au centre plutôt qu'à l'aile. Sa plus grande difficulté sera de se remettre de son opération à l'épaule qui nécessite une convalescence de trois mois, il a dû décliner l'invitation du camp de développement de Columbus prévu en juin. Mais il y a pire. L'autre grand prospect NHL de Kalpa, Joni Ikonen, a lui aussi été opéré et devra en revanche observer un repos de six mois. Une très mauvaise nouvelle, tant pour le joueur, en pleine progression, que pour le club, qui a fait des jeunes la base de son alignement. Le populaire Jaakko Rissanen, de retour après un séjour difficile en KHL, devrait montrer la voie avec les Balázs Sebok, Alexander Ruuttu et Mikko Nuutinen, en attendant que les jeunes talents retrouvent leurs moyens.

 

Saipa Lappeenranta (7e) : en pleine progression

Cela fait quatre ans que SaiPa n'a pas passé le cap des quarts de finale. Pour autant, l'obstacle pourrait bien être franchi très prochainement. Malgré des débuts difficiles après la rentrée 2017, l'équipe de Lappeenranta s'est affinée au fil des mois, pour finir par offrir une franche opposition au TPS Turku en quart de finale. L'entraîneur Tero Lehterä réclamait de la patience, et effectivement, la progression a bien eu lieu. De quoi rassurer les supporteurs alors que leurs favoris avaient terminé au fond du classement en 2017.

On savait que Jussi Markkanen n'était plus l'homme fort devant la cage du Saimaan Pallo, préparant déjà son futur au sein du club en devenant actionnaire. Markkanen a finalement été nommé au printemps manager de l'équipe. La cage est de toute façon très bien gardée avec Frans Tuohimaa, qui a réalisé de brillantes performances en jouant 51 des 60 matchs de saison régulière. Ce portier de 26 ans a les cartes en main pour devenir l'un des tous meilleurs de Liiga à son poste. Plus incertaine, la défense, fortement renouvelée et très jeune pour la saison à venir, devra rapidement s'endurcir. Kalle Maalahti, devenu un maître à la ligne bleue, et l'international biélorusse Vladimir Denisov, arrivé mi-février et dont le contrat a été prolongé, seront garants de sa réussite.

En parlant de progression, impossible de ne pas parler de Topi Nättinen, qui a mené l'offensive en doublant quasiment sa production de la saison précédente. Surprise majeure, cet attaquant de 24 ans devra désormais assumer le rôle de leader. L'avantage, c'est qu'il ne sera pas perturbé par le changement puisque SaiPa est parvenu à conserver ses meilleurs atouts : Nättinen évidemment, mais aussi Jonatan Tanus, Elmeri Kaksonen, Cody Kunyk, David Goodwin et Ahti Oksanen. Le noyau est conservé et les lignes d'attaque seront améliorées grâce à quelques renforts de l'étranger, et grâce aux espoirs qui tenteront de percer. Parmi eux, on pense évidemment à Bastien Maïa. L'ailier français de 21 ans a disputé 19 matchs de Liiga, avant de se blesser. Il aura eu toutefois le temps de s'illustrer avec la section U20 en inscrivant 33 points en 26 matchs. Prometteur au sein d'une équipe qui souhaitera poursuivre sa progression.

 

Ässät Pori (8e) : maîtriser l'équilibre

Qu'il semble lointain, ce titre de champion de Finlande en 2013. Depuis, les "as" de Pori n'ont jamais trouvé la sérénité, que ce soit sur la glace ou dans les couloirs. L'entraîneur Jyrki Aho a été congédié en cours de saison, suivi par la directrice générale Eeva Perttula, qui a fait les frais des mauvais résultats financiers. La rénovation de l'Isomäki Areena a augmenté les coûts d'exploitation et le club n'a pu éviter plusieurs centaines de milliers d'euros de pertes sur le dernier exercice.

Sportivement, les Ässät ont fini à la huitième place de la saison régulière, un exploit au vu de l'indiscipline chronique de l'équipe avec 912 minutes de pénalité, soit 148 minutes de plus que le deuxième moins bon élève de Liiga ! Certes, Pori est une équipe physique qui travaille dur, mais son abnégation est souvent tombée dans l'excès. Et en playoffs, cette formation indisciplinée n'a pu faire plier les Kärpät, futurs champions. En plus de cette discipline, l'équipe manquait clairement d'équilibre. En 2016-2017, ce qu'elle avait gagné en défensive, elle l'avait perdu en offensive. Ce fut exactement le contraire durant l'exercice 2017-2018. Cet équilibre, c'est Mikael Kotkaniemi, qui a remplacé Aho derrière le banc, qui devra le trouver. Lui et son fils étaient les deux lueurs d'espoir du club. Kotkaniemi père a la pleine confiance de la direction, il est parvenu à obtenir deux adjoints qu'il souhaitait, Melina Niemi et Joni Petrell. Kotkaniemi fils est le nouveau phénomène du hockey finlandais : 29 points à seulement 17 ans et troisième choix de l'édition 2018 de la draft NHL, repêché par Montréal. Malheureusement pour les Ässät, Jesperi Kotkaniemi, qui a fortement impressionné le conseil d'administration montréalais au camp des recrues, a rédigé un contrat avec les Canadiens qui souhaitent le garder à vue en Amérique du Nord. Les Ässät tenteront de s’accommoder du départ de leur prodige, autour de leur gardien italien Andreas Bernard, l'un des meilleurs de la Liiga.

 

Rauman Lukko (9e) : une serrure trop fermée ?

La frustration est grande à Rauma, où la saison de hockey s'est terminée précipitamment, comme c'est le cas depuis trois ans. Douzième en 2017, Lukko a fini neuvième de la saison régulière en 2018, éliminé en play-in. Le club de la province de Satakunta avait pourtant entamé la saison avec neuf victoires à ses onze premières rencontres, avant de ralentir la cadence à mesure que la saison s’avançait. Certes, la "serrure" de Rauma aura encore une fois été fidèle à son surnom, avec une défense solide et d'ailleurs le meilleur jeu en infériorité numérique de la Liiga. Mais encore une fois, il aura manqué de l'inspiration en offensive. À la rentrée 2017, Damien Fleury était l'un des arguments offensifs à rallier Rauma. Mais son passage en Finlande a tourné court, l'ailier tricolore, d'un commun accord avec le club, résiliant son contrat fin octobre.

Fleury avait inscrit 6 points en 19 matchs et avait expliqué ses raisons dans les colonnes du magazine Slapshot. Le coach Pekka Virta était apparemment virulent et insultant envers les joueurs étrangers. Bonjour l'ambiance. D'ailleurs, les autres joueurs français de Lukko n'ont pas été plus en réussite. Après une première saison en Liiga encourageante, Valentin Claireaux a semblé plus en difficulté. Le contrat du Saint-Pierrais n'a d'ailleurs pas été prolongé. Quant à Sebastian Ylönen, il n'a joué que 121 minutes durant la saison régulière (avec un pourcentage d'arrêts de 94,7%) quand le titulaire Kaapo Kähkönen en disputait 3275 ! Ylönen avait finalement terminé l'exercice en Mestis, avant de faire le choix de revenir en France, à Anglet. Le marathonien Kähkönen avait donné satisfaction ces deux dernières années, il a gagné le droit de tenter sa chance en NHL, au Minnesota. La NHL (et Pittsburgh) a également fait les yeux doux à Juuso Riikola, défenseur international de KalPa... recruté durant le printemps par Lukko avant de voir l'entente dilapidée par les Penguins. Les piliers Rony Ahonen et Janne Niskala, aidés par le nouveau gardien Oskari Setänen, devront une fois de plus verrouiller la serrure. Tout en trouvant l'inspiration en attaque.

 

Lahden Pelicans (10e) : Ville, le grand frère

Quart de finaliste en 2016 et 2017, les Pelicans de Lahti ont fait moins bien en 2018, défaits par SaiPa en play-in. Il faut tout de même admettre que la place en quart ne s'est pas jouée à pas grand chose, Lahti se faisant éliminer en prolongation à l'issue de la dernière manche décisive. Mais il faut admettre aussi que le billet en play-in a été arraché dans la douleur, la faute à une défense très perméable, où le leader Mikko Kousa ne savait plus où donner de la tête, et où le gardien Janne Juvonen a souvent été délaissé. Juvonen était pourtant un gardien prometteur sur lequel le club de Lahti avait misé. Parti, il sera remplacé pour la saison à venir par Juho Olkinuora, qui tentera de rebondir. Une refonte de la défensive devra l'y aider.

Durant l'été 2017, les Pelicans connaissaient un coup dur en perdant leurs trois meilleurs marqueurs. Pour autant, l'offensive a été ensuite très inspirée, en grande partie grâce à la valeur sûre Jesse Saarinen et au jeune ailier Iikka Kangasniemi. Ce dernier a toutefois choisi un club plus clinquant, HIFK. La jeune garde du club devra prendre ses responsabilités, à l'image d'Aleksi Mustonen et Miska Siikonen. En tout cas, ils seront encadrés pour une figure extrêmement respectée : Ville Nieminen, qui a été nommé entraîneur en chef pour les trois années à venir. Outre le fait d'avoir produit une carrière de joueur exemplaire, le vice-champion olympique et vainqueur de la Coupe Stanley est vite devenu un technicien très courtisé. Les Lahden Pelicans ont finalement mis le grappin dessus, en scandant "sa vision moderne du hockey". Nieminen est en plus un coach à l'écoute de ses joueurs et très sensible à leur évolution. Valentin Claireaux, qui l'a eu comme entraîneur lorsqu'il jouait à KeuPa, nous l'avait d'ailleurs confirmé sur Hockey Archives en interview. Ville Nieminen sera donc la (bonne ?) solution pour faire grandir les Pelicans.

 

Tampereen Ilves (11e) : le fair-play ne suffit pas

En 2017 s'achevait une saison satisfaisante pour les Ilves avec un premier quart de finale en six ans. Mais les "lynx" de Tampere ont régressé, une tâche dans la deuxième année de mandat du coach Karri Kivi. La défense et les gardiens n'ont pas été à la fête, loin de là, et particulièrement en début de saison, encaissant 190 buts sur les 60 matchs de la saison régulière, un des pires totaux de l'histoire du club. Encore heureux que les Ilves aient été très peu pénalisés : 460 minutes, moitié moins que le pire élève de Liiga. Mais les renforts que s'est empressé d'aller chercher le club durant l'automne ne lui a pas permis de remonter au classement.

Kivi aura une priorité : reconsolider la défensive qui a été défaillante. Devant les filets, Riku Helenius, un des jokers de l'automne, a donné satisfaction et s'est mué en numéro 1. Sami Sandell, si souvent ennuyé par le passé par les blessures, a lui pris les commandes d'une offensive particulièrement prolifique. Son long salut aux supporteurs lors du dernier match de championnat laisse néanmoins à penser qu'il pourrait raccrocher les patins. Une nouvelle génération a toutefois émergé, menée par Emeli Suomi, 22 ans et qui a littéralement explosé. 40 points la saison dernière pour ce joueur qui porte le nom de son pays, et qui pourrait bien atteindre le cap des 50 points. Les problèmes financiers, résorbés avec notamment une quête de plus de 100 000 euros des supporteurs, ont poussé à un recrutement mesuré, et les jeunes seront une fois encore privilégiés. Cette très jeune escouade des Ilves tentera donc de retrouver les quarts de finale.

 

Hämeenlinnan Pallokerho (12e) : tension au HPK

2017 était une lueur d'espoir pour HPK avec une cinquième place au classement, mais en 2018, le club d'Hämeenlinna a été happé par ses vieux démons, terminant à une bien triste douzième place. C'est la troisième fois ces quatre dernières années que HPK ne se qualifie pas pour les playoffs. Une situation qui a inquiété au plus haut point toute la sphère d'Hämeenlinna. Les fans ont exprimé leur colère dans les tribunes de la Ritari-areena et sur les réseaux sociaux. Et les journalistes ont poussé dans leurs retranchements la direction du club, en particulier le manager Antti Toivanen. Ce dernier reprochait aux journalistes de faire pression pour un changement structurel de l'équipe. Mais Toivanen n'a pu empêcher l'inéluctable, le grand chambardement a bien eu lieu.

En mai dernier, un nouveau conseil d'administration a été nommé et en conséquence, un nouveau manager. Mika Toivola, expérimenté en la matière et que certains désignent comme un leader charismatique, succède à un Toivanen très contesté. Le bureau de HPK change, mais l'équipe n'entamera pas pour autant de révolution. Le coach Antti Pennanen est toujours en poste et encadrera une très jeune formation (22 ans de moyenne d'âge !) dont le talent est encore à exploiter. Le gardien Emil Larmi, le défenseur Niclas Almari, et les attaquants Teemu Turunen et Eetu Tuulola ont déjà montré des signes très encourageants. Aux leaders Mathias Porseland, Otto Paajanen, Janne Lahti, Philippe Cornet et Ville Viitaluoma d'aider ce jeune groupe, et d'apaiser les tensions par les résultats.

 

Mikkelin Jukurit (13e) : le technicien Dufva déjà remercié

Multi-titré en Mestis, les Jukurit effectuaient leur deuxième saison de suite en Liiga. Et malheureusement, ils ne sont toujours pas parvenus à accrocher les playoffs. L'apprentissage en Liiga est toujours difficile, l'écart entre l'élite finlandaise et la Mestis semblant se confirmer avec des promus en queue de peloton, dont fait partie le club de Mikkeli. À sa promotion en 2016, on avait pourtant misé sur une ancienne connaissance, Risto Dufva. Avant d'exercer en Liiga, Dufva a passé huit ans derrière le banc de Mikkeli avec quatre titres Mestis à la clef, une valeur sûre. Mais même ce technicien idôlatré pour son succès passé n'a pu empêcher la plongée en eaux troubles.

Un important noyau de joueurs a été conservé, en témoigne la prolongation d'une vingtaine de joueurs, signe que la direction fait confiance à ce groupe et qu'elle est bien consciente de sa marge de progression. Le savoir-faire et l'expérience du défenseur Aleksi Salonen, médaillé d'argent avec Tappara, offrira tout de même du leadership. S'il n'y aura pas de grands changements sous les maillots, en revanche, hors glace, c'est une petite révolution. Heikki Viitikko, homme d'affaires qui a fait fortune dans l'immobilier, a intégré le capital de l'organisation et peut se targuer d'avoir assaini les caisses, auparavant dans le rouge. Il espère même hausser la masse salariale à 1,5 million d'euros. Mais à ses yeux, un changement de cap était nécessaire dans la direction de l'équipe. L'icône Dufva a laissé la main, remplacé par Pekka Kangasalo, et Mikko Hakkarainen prend place sur le siège de directeur sportif. Ces changements seront-ils suffisants pour rendre les Mikkelin Jukurit plus compétitifs ?

 

KooKoo Kouvola (14e) : quand les blessures s'en mêlent

Trois ans en Liiga, trois ans de régression pour KooKoo : 11e en 2016, 13e en 2017 et 14e en 2018. Alors certes, de bonnes pioches avec Josh Green, Mikko Lehtonen, Ryan O'Connor ou Jake Newton ont pu s'épanouir à Kouvola. Mais les blessures ont eu une grosse influence sur le résultat. Les acquisitions Henrik Forsberg (qui n'a joué aucun match), Eetu Pösti et Siim Liivik sont passées par l'infirmerie, de même que le pilier défensif Robin Jacobsson. L'entraîneur Tuomas Tuokkola s'est justifié des mauvais résultats en précisant qu'il ne pouvait jamais disposer de vingt joueurs à la fois. Nommé à l'automne 2016, Tuokkola est d'ailleurs toujours en poste.

L'arrivée d'Alexander Bonsaksen, incontournable défenseur norvégien auréolé de deux titres finlandais et d'une médaille d'argent avec Tappara, permettra d'ajouter de l'assurance en défensive. Pour autant, KooKoo est loin de crouler sous les jeunes espoirs. Deux pépites notables néanmoins, qui devraient franchir un palier pour la saison à venir : l'attaquant Sami Tamminen (20 ans) et le défenseur Santeri Salmela (17 ans). Si le club de Kouvola est épargné par les blessures, il devrait faire mieux sur la scène finlandaise. En espérant que les problèmes exta-sportifs épargnent la bonne humeur du groupe. La patinoire, dont la construction date des années 80, est vétuste et devra faire l'objet d'une urgente rénovation. Par ailleurs, le KooKoo Kouvola s'est également retrouvé devant la justice, sommé de payer 55 000 € de primes impayées à sept anciens joueurs et un ancien entraîneur. Pas forcément le meilleur environnement pour préparer sereinement la saison à venir.

 

Vaasan Sport (15e) : le piège d'un succès précoce

Le Sport jouait sa quatrième année consécutive en Liiga mais ce club de la ville portuaire de Vaasa a réalisé sa plus mauvaise performance, terminant lanterne rouge. L'équipe avait plutôt bien démarré la saison, classé sixième du championnat après un mois d'exercice. Mais comme la saison précédente, Vaasa s'est effondré. La frustration est grande chez les supporteurs après deux saisons catastrophiques, alors que leurs favoris avaient atteint les playoffs en 2016. Ce succès avait nourri de plus grandes ambitions, qu'a finalement été incapable de tenir le Vaasan Sport. Et inéluctablement, comme souvent dans ce genre de situation, c'est l'entraîneur Tomek Valtonen qui en fait les frais. Nommé coach lors de la promotion en Liiga en 2014, Valtonen s'est finalement fait piéger par ce succès précoce en 2016, dirigeant une équipe incapable de trouver une seconde impulsion. Il avait pourtant prolongé son contrat jusqu'en 2019, finalement résilié.

C'est surtout la défense qui a posé problème, avec 206 buts encaissés durant les 60 matchs de la saison régulière. C'est 37 buts de plus que l'exercice précédent, qui déjà n'était pas fameux. C'en était trop pour Tomas Kurtén, le directeur général du Sport, qui a souhaité tourner la page Valtonen, désireux "d'un nouveau départ et de construire l'avenir". C'est le nouvel entraîneur Ari-Pekka Pajuluoma qui devra remobiliser l'équipe. Tout n'est évidememnt pas noir lorsqu'il faut faire le bilan Valtonen, qui laisse quelques jeunes joueurs qui se sont émancipés sous son mandat. C'est le cas d'un trio offensif très efficace, avec Aleksi Ainali, Antti Kalapudas et Joel Kiviranta, et un défenseur de haut calibre en Joni Tuulola, sur lesquels Pajuluoma pourra s'appuyer. Un coach mental, Lasse Norrgård, a également été nommé, histoire que cette troupe puisse tourner la page et écrire une nouvelle page.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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