Bilan des Jeux Olympiques de PyeongChang

 

Résultats de la compétition

 

Que retenir de ces Jeux olympiques sans la présence des joueurs de NHL ? Qu'ils sont considérés avec moins d'intérêt, voire avec plus de dédain, en Amérique du nord, mais qu'ils sont suivis avec autant - voire plus - d'attention en dehors des grands pays de hockey, là où les JO constituent une vitrine unique et irremplaçable. Oui, le niveau de jeu n'a pas atteint les sommets de Turin et surtout de Vancouver, mais la finale restera inoubliable et rentrera de l'histoire de ce sport.

Gernot Tripcke, directeur de la DEL, la ligue professionnelle allemande, se plaignait le mois dernier que les JO coûteraient un total cumulé de 5 millions d'euros à ses clubs. Calcul sorti du chapeau, censé traduire l'impact négatif sur la billetterie des effets de la coupure olympique sur le calendrier. Osera-t-il aujourd'hui se livrer encore à de tels calculs comptables à courte vue qui embrayaient sur les raisonnements de la NHL ? Ces Jeux rapporteront tellement plus au hockey allemand, une visibilité et une renommée qu'il n'aurait jamais pu égaler même en finançant pour des sommes bien supérieures à toutes les campagnes de publicité imaginables.

Le bilan de ce tournoi olympique restera donc évidemment positif : la Russie a restauré son honneur, l'Allemagne s'est passionnée pour le hockey sur glace comme jamais depuis l'époque antérieure à la création de la DEL (1994), des graines prometteuses ont été semées en Corée, et les autres nations pourront utilement se remettre en question.

 

Russie (1er) : le rêve ultime

Privée de son drapeau, de son hymne et d'une partie de ses athlètes, la Russie a obtenu la seule consolation qui pouvait sauver ses Jeux olympiques, la médaille qui lui importait le plus : la victoire de son équipe masculine de hockey sur glace. 26 ans après le succès d'Albertville, sous la dénomination de l'éphémère CEI et déjà sous la bannière olympique (les deux seuls non-Russes, Darius Kasparaitis et Igor Kravchuk, avaient continué à jouer sous les couleurs russes par la suite), la Russie est donc de nouveau championne olympique, même si elle ne l'est toujours pas officiellement en son nom propre.

L'entraîneur Oleg Znarok a donc pu se permettre de toiser son monde en se demandant s'il daignerait continuer à son poste malgré "la presse qui lui a rendu la vie si difficile", renversant ainsi le rapport de force qui se serait instauré en cas de défaite. Il est vrai qu'il a réussi son pari. Quand il a envoyé en tribune son centre le plus offensif Vadim Shipachyov après la défaite initiale contre la Slovaquie, les profils énergiques et besogneux sont devenus prépondérants dans l'équipe, plus "znarokienne" que jamais.

Le talent brut était alors essentiellement concentré dans la nouvelle ligne-phare où les étincelants ailiers Nikita Gusev et Kirill Kaprizov bénéficiaient de la science du jeu et de la couverture défensive du centre Pavel Datsyuk : ce dernier, nouveau membre de la "Triple Gold Club" après avoir déjà remporté la Coupe Stanley et le championnat du monde, confessait avoir atteint son rêve ultime et "ne plus avoir de rêve" après cette victoire qu'il place au-dessus de ses deux Coupes Stanley. On en souhaite d'autres, loin des glaces, à ce joueur universellement respecté. Gusev et Kaprizov ont en tout cas prouvé en finale qu'ils savaient être décisifs à des moments importants et difficile, ce qu'on demande à des grands joueurs au-delà de leurs évidentes qualités techniques.

Paradoxalement, la réussite de ce trio a donné du plomb dans l'aile au mythe "soviétique" des lignes façonnées en club. Des joueurs de la classe de Gusev (SKA Saint-Pétersbourg) et de l'espoir Kaprizov (CSKA Moscou) se sont trouvés les yeux fermés sans avoir été partenaires, et Datsyuk a remplacé Shipachyov qui était le centre habituel de Gusev au SKA. L'argument du "club de base" de la sélection nationale est donc amoindri. Sauf que ce système renforce nécessairement l'adhésion obligatoire aux principes de jeu de Znarok et accroît l'autorité de l'entraîneur. Le débat sur le juste équilibre entre l'intérêt de la concurrence en KHL et les intérêts particuliers du sélectionneur n'est donc pas totalement clos.

 

Allemagne (2e) : le nouveau miracle

N'en déplaise aux relativistes et aux blasés, la médaille d'argent de l'Allemagne brillera du même métal que toutes les autres. Cela fait 40 ans que ce pays fête le bronze d'Innsbruck sans que personne ne se préoccupe de la non-participation de la Suède et du Canada (en protestation alors contre la non-admission des professionnels de NHL...). En sport comme ailleurs, les absents ont toujours tort. Et les Allemands méritent entièrement ce qui leur arrive.

Dans l'état d'esprit, dans le patinage, dans l'attitude au combat, les Allemands ont fait exactement ce qu'il fallait. Ils savaient disposer d'un talent limité à l'exception possible du jeune Dominik Kahun, leur attaquant le plus spectaculaire. Leur entraîneur Marco Sturm leur fait jouer chaque match pour gagner et pas pour faire bonne figure. La foi renverse les montagnes, telle fut l'expression la plus employée. Qui eût cru que l'Allemagne pût décrocher cette médaille et même ressentir une pointe de déception d'être passée à un souffle de l'or ? Dire qu'elle n'avait pas glané la moindre victoire aux Jeux olympiques depuis seize ans (et c'était dans un tour préliminaire)...

Sturm était arrivé dans le tournoi avec un grand doute concernant ses gardiens, dont aucun n'était franchement numéro 1 en club. Après avoir raté ses premiers pas internationaux aux Mondiaux, Danny aus den Birken n'avait toujours pas convaincu lors d'un premier match médiocre. Mais il s'est lui aussi transcendé pour l'évènement. Et le hockey sur glace a enfin été sur le devant de l'affiche : 5,3 millions de téléspectateurs et 37% de parts de marché pour la demi-finale le vendredi à 13 heures, puis 3,7 millions de téléspectateurs et 59% de parts de marché pour la finale le dimanche à 5 heures du matin.

 

Canada (3e) : le résultat est plus honorable que le ressenti

Le bronze est un résultat tout à fait honorable pour le Canada dans ces circonstances. Même si le pays est habitué à l'or, rappelons qu'il ne l'avait jamais obtenu aux JO depuis l'arrivée de l'URSS (1956) et jusqu'à ce que la NHL interrompe sa saison pour confier tous ses joueurs. Cette équipe a tenu son rang en dominant sur ses points forts habituels (les engagements et le jeu de puissance).

Mais ce qui n'est pas passé, c'est la manière. Être dominé par le talent russe en finale aurait été considéré normal et excusé. Être éliminé par une équipe allemande courageuse et mentalement plus prête l'est moins. Ceux qui avaient été les leaders de l'équipe canadienne ont failli en ce jour fatidique, et une défaite contre l'Allemagne a quelque chose d'humiliant pour les Canadiens. Le hockey sur glace (avec l'argent des féminines déçues) a tout de même ramené deux médailles au beau total du pays, là où la principale déception est venue du ratage complet du curling.

Cette frustration rendra peut-être service au hockey sur glace. S'ils avaient obtenu l'or, les Canadiens se seraient peut-être accommodés plus facilement de JO sans la participation de la NHL, l'équipe olympique devenant une variation supplémentaire de sa suprématie. Maintenant, ils auront envie de revanche et feront du lobbying pour que la NHL revienne dans quatre ans à Pékin.

 

République Tchèque (4e) : résignés à l'échec

Après une phase de poules correctement maîtrisée, les Tchèques ont pu croire que leur était venue et que le succès était sur le point de revenir. Vingt ans après Nagano, des journalistes à la plume hâtive comparaient déjà le gardien Pavel Francouz à la légende Hasek. Avec une défense solide, la médaille n'avait jamais paru autant à portée, peut-être même une médaille du plus beau métal.

Patatras ! La République Tchèque a encore échoué à la sordide quatrième place, son plafond depuis cinq ans. Elle a enchaîné sa huitième compétition internationale consécutive sans médaille, un fait impensable pour le hockey à la tradition si riche. Là où la génération du tournant du siècle collectionnait les trophées sans forcément être intrinsèquement supérieure aux autres grandes équipes mondiales, les joueurs actuels ont perdu cette culture de la gagne. Ils n'ont plus la mentalité de vainqueurs et ont vu leurs rêves s'échapper dans une défaite "attendue" contre la Russie car répétée depuis deux ans au fil de sept défaites de suite face à cet adversaire.

Le pire est qu'une certaine résignation règne. Les Tchèques ont épuisé leurs idées. Ils se bornent à constater que leur système de formation s'est sclérosé. Ils ne sont pas totalement éjectés du haut niveau mondial, mais en être si près entretient surtout l'illusion. Ils n'ont pas pris le pli des qualités de vitesse indispensables dans le hockey moderne, et cela ne se résout pas en un jour.

 

Suède (5e) : la troisième catastrophe ne peut être une coïncidence

En cinq tournois olympiques dans ce siècle, la Suède a glané une médaille d'or, une d'argent... et a échoué trois fois en quart de finale, en position de grande favorite, face à une nation "inférieure", en dehors du traditionnel top-6. Trois fois sur le même score, 3-4, face au Bélarus (2002), face à la Slovaquie (2010) et donc face à l'Allemagne (2018). Pourtant, dans le même temps, les Suédois sont ceux qui échouent le moins en quart de finale aux championnat du monde (3 fois sur 17, même si les trois occurrences datent des six dernières années). Dommage que cela tombe si souvent sur la compétition la plus importante dans le domaine du sport.

Mais quand ces échecs se répètent, difficile de plaider une simple coïncidence, même si les circonstances étaient différentes. Là aussi, certains se lamenteront d'une mentalité de perdants, née dès les juniors où les Suédois dominent en poule mais n'ont glané qu'une fois l'or. Mais les juniors, justement, n'échouent jamais en quart de finale et dominent toujours les équipes à leur portée. L'explication est donc peu convaincante. On peut critiquer le choix du gardien (Fasth plutôt qu'Enroth), mais il n'était pas coupable seul. On peut dénoncer le temps de jeu ridicule du futur numéro 1 de draft Rasmus Dahlin, mais il est entré en jeu en quart de finale pour mettre une assistance... et commettre une perte de palet fatale.

Remontons plutôt à l'heure de gloire de la Suède en 2006. À trois mois d'intervalle, elle a obtenu l'or olympique avec une équipe à 90% NHL, et l'or mondial avec un effectif aux proportions inverses. Elle visait en quelque sorte un doublé similaire, en intervertissant les tournois : elle a gagné le championnat du monde avec une équipe 90% NHL... mais s'est fourvoyée dans ces Jeux privés des stars de la ligue nord-américaine. Autrefois équipe de système, la Suède est devenue de plus en plus dépendante d'individualités. Or, elle ne les avait guère, sauf Linus Omark dont la créativité géniale n'était pas comprise ou soutenue par ses collègues. Or, les joueurs devenus plus individualistes partent de plus en plus tôt outre-Atlantique, et leurs qualités - indéniables - ne bénéficient plus toujours à l'équipe nationale.

 

Finlande (6e) : au mauvais moment

Il est incroyable de voir combien la Finlande produit de plus en plus de juniors d'exception après une décennie de vaches maigres. Ses deux gamins de 18 ans ont été enthousiasmants : le buteur Eeli Tolvanen a mené le meilleur powerplay du tournoi, par sa qualité de tir mais aussi par ses passes intelligentes ; le défenseur Miro Heiskanen, même si son jeu n'est pas exempt d'erreurs, étincèle quand il porte le palet à l'offensive.

La fin de série après trois médailles consécutives n'est évidemment pas appréciée, mais les bases sont présentes pour de nouvelles générations radieuses. Ces JO sont simplement tombés au mauvais moment, dans une phase de transition, et avec un sélectionneur (Lauri Marjamäki) qui avait déjà perdu une grande part de son crédit. Il lui reste une quatrième compétition - les championnats du monde en mai - pour que son mandat se termine au moins sur une bonne note après trois tournois franchement ratés.

 

États-Unis (7e) : le virtuel n'existe pas

Les États-Unis observaient ce tournoi avec une frustration liée à la conviction que, si la NHL avait daigné jouer le jeu, ils auraient aligné la même équipe de leur histoire, laquelle aurait eu une occasion unique de se couvrir d'or. Beaucoup de conditionnel dans cette phrase... Avec des "si", on met Washington en bouteille, même si la frange de Trump dépasse du bouchon. Les compétitions virtuelles n'existent pas. Elles sont un fantasme dérivatif, qui fait bien peu de cas des joueurs qui ont réellement porté le maillot américain et qui ont fait de leur mieux. Mais même avec les joueurs de NHL, les Américains n'auraient été qu'un des principaux challengers (pas plus qu'une équipe aux trois couronnes ou qu'une autre sans drapeau) et pas le favori numéro 1 pour l'or. Un indice : ce dernier aurait porté un symbole végétal.

Bien sûr, les chances de médailles étaient amoindries. Les Américains ne sont pas passés loin du carré final, battus aux tirs au but par des Tchèques revanchards, mais ils n'auront battu qu'un seul adversaire, la Slovaquie. Sauf qu'ils l'ont battu deux fois, preuve de ténacité (et d'une formule de tournoi perfectible, imposée par la NHL pour raccourcir la compétition et continuée sans elle car le calendrier était déjà publié...).

En tout cas, comme on l'observe souvent aux championnats du monde (y compris au milieu de joueurs de NHL), ce sont les meilleurs talents universitaires qui ont le plus brillé dans l'équipe à la bannière étoilée. En tête, Ryan Donato, qui a marqué 5 des 11 buts (3 sur 4 en supériorité numérique) : ce buteur naturel est entraîné par son père, l'ex-joueur de NHL Ted Donato, à l'université de Harvard.

 

Norvège (8e) : pas de quoi se faire remarquer

La Norvège a établi un record historique de médailles pour un pays aux Jeux olympiques d'hiver (39, battant le record américain de 37 aux JO de Vancouver), et comme toujours, l'équipe de hockey sur glace a peiné à exister au pays du ski au cours de cette quinzaine olympique.

Cette fois, les Norvégiens n'ont pas terminé derniers. Ils ont gagné le match qu'il fallait, contre la Slovénie pour accéder aux quarts de finale, en soi une performance historique. Mais ils y ont été inexistants dès le début de match contre la Russie. Un exploit au-dessus de leur niveau n'a jamais paru à leur portée. La Norvège manque toujours un peu de variété. Son offensive repose énormément sur les frères Olimb, redoutables en possession de palet, mais moins en efficacité. Les deux frangins n'ont pas marqué le moindre but dans la compétition, et la réussite aux tirs de l'équipe était en dessous de 5%.

 

Slovénie (9e) : les exploits olympiques se répètent

La Slovénie n'a pas atteint les quarts de finale cette fois-ci, mais elle aurait mérité d'y être. La petite nation alpine a montré tout son culot lorsqu'elle a battu les États-Unis en ouverture de ces Jeux en jouant toute la prolongation à trois attaquants. Elle a réédité l'exploit contre la Slovaquie, aux tirs au but, s'offrant ainsi un double scalp. Phénoménale deuxième de poule, le sort lui désignait les Norvégiens, qu'elle a dominés... mais pas éliminés. Cette neuvième position reste le deuxième meilleur classement de son histoire, et les deux fois, il a été obtenu aux Jeux olympiques !

La belle histoire de ce petit pays à la poignée de licenciés a longtemps été illustrée par le trio Jeglic-Ticar-Sabolic. Formés ensemble à Jesenice, les trois hommes formaient une triplette unie par la même énergie, par le même mouvement, rééditant les anciennes troïkas soviétiques. Leurs chemins les ont conduits, séparément, jusqu'en KHL. Mais depuis neuf mois, la réputation d'un des membres de ce trio, Ziga Jeglic, est entachée. Son coup de patin volontaire sur Thomas Rüfenacht en rentrant au banc lors de Slovénie-Suisse aux championnats du monde de Paris était déjà affreux. Son contrôle anti-dopage positif lui a valu opprobre et bannissement des Jeux. L'explication donnée ? Un traitement contre l'asthme pris depuis un test de spirométrie l'an passé en Slovaquie (il jouait alors au Slovan Bratislava avant de changer d'équipe KHL cet été). Véritable besoin médical, ou prescription de complaisance pour améliorer la performance d'un sportif ? La question est après tout superflue dans ce cas puisqu'il avait "omis" de présenter une autorisation thérapeutique.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la place de Ziga Jeglic a été prise au dernier match par Anze Kuralt. Consécration méritée pour l'ailier d'Amiens qui a terminé avec la seule fiche positive de son équipe (+2) et a reçu les compliments du sélectionneur. Il est le grand gagnant de ce tournoi, où le capitaine Jan Mursak a brillamment mené l'offensive avec son compère Jan Urbas à ses côtés.

 

Slovaquie (10e) : cherche attaquants désespérément

La Slovaquie avait commencé le tournoi de la meilleure des façons, en battant le favori russe, mais elle a tout gâché en perdant - comme déjà il y a quatre ans - contre la Slovénie. Au lieu de la deuxième place de poule qui lui tendait les bras, elle a fini dernière à égalité de points et a affronté une équipe américaine qui ne lui avait déjà pas réussi.

Le nouvel entraîneur Craig Ramsay a certes essayé de changer le système de jeu en pressant un peu plus, mais il n'a pas révolutionné l'offensive une fois la possession du palet acquise. La Slovaquie a déploré à la fois le manque d'agressivité devant la cage, pour chercher des buts "sales", et l'absence de vrais buteurs. De fait, les deux meilleurs marqueurs ont été des défenseurs (Peter Ceresnak et Dominik Granak) et aucun attaquant n'a mis plus d'un but. Mais ce défaut a déjà été observé les saisons passées et la sélection un peu douteuse n'a peut-être pas arrangé les choses. Se priver de quelques joueurs parfois capables de débloquer la situation était peut-être risqué.

 

Suisse (11e) : de mauvaises excuses

La plus grande désillusion de ce tournoi olympique est celle vécue par la Suisse. Elle s'était persuadée que ce tournoi sans renforts NHL représentait une chance inespérée de se mêler à la lutte pour les médailles. Ce fut le cas... pour l'Allemagne, rival historique plus habile à tirer les marrons du feu. Le staff a vite cherché des excuses en évoquant des joueurs crevés et une ligue qui aurait pu laisser plus de temps de préparation. Une critique mal perçue par les représentants des clubs, et pour cause. Rappelons que les Suisses ont été éliminés par l'Allemagne, dont la ligue s'arrête encore moins et n'observe pas la trêve internationale de décembre...

C'est un fait, les leaders attendus ont paru en méforme. Le trio Hollenstein-Haas-Praplan n'a soudain plus marqué de buts et a multiplié les pertes de palet. Il est possible que la ligue suisse manque d'intensité et n'incite pas les joueurs à sortir de leur zone de confort. Mais c'est à l'entraîneur Patrick Fischer d'accroître leur motivation et de décupler leur état d'esprit. Or, c'est lui qui avait assimilé le match de préparation à Kloten à une corvée imposée par les sponsors (nombre de représentations de l'équipe à domicile). Il n'est pas très cohérent ensuite de réclamer d'avoir les joueurs plus tôt... Ce match négligé fut en fin de compte une parfaite répétition générale, perdue sur le même score (1-2 en prolongation) que le match éliminatoire face aux Allemands.

Les clubs ont enfin renvoyé Fischer dans les cordes sur sa capacité à mettre en place un powerplay digne de ce nom : imprécis et lente, la Suisse a encore eu un bilan catastrophique en supériorité numérique, et ce fut la différence la plus importante avec l'Allemagne, qui est devenue constamment performante dans ce domaine depuis que Sturm est là.

 

Corée du Sud (12e) : le pays du matin calme et des patineurs

Si elle a terminé à la place attendue, la Corée du sud n'a pas à rougir de son tournoi. Elle a subi une seule gifle (0-8 face à la Suisse) et a en revanche tenu tête avec brio à trois grandes nations, la République Tchèque (1-2), le Canada (0-4) et la Finlande (2-5). Des résultats très honorables pour de premières confrontations à ce niveau, qui demanderont à être confirmés aux championnats du monde.

Même s'il n'était pas la discipline la plus populaire au pays du short track (mais les sports de neige ont connu une désaffection encore plus forte du public dans ces JO), le hockey sur glace a en tout cas eu droit à une couverture médiatique sans précédent en Corée du Sud. Comment franchir l'étape supérieure ?

Les Coréens ont un très grand avantage pour la pratique de ce sport : ils savent patiner, et patinent très bien. Ils manquent en revanche de science du jeu et de sens du hockey, ce qui se ressent dans les actions collectives. C'est parce qu'ils commencent le hockey organisé uniquement au niveau des écoles secondaires, et que la formation est donc entièrement déléguée aux lycées et universités. Cette absence de clubs comme on en connaît en Europe reste le principal handicap car il faudrait trouver un système pour anticiper la pratique du hockey. L'intérêt né de ce tournoi olympique y aidera-t-il ?

 

Marc Branchu

 

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