Suède 2017/18 : présentation

 

Il y a trois ans, la SHL suédoise a entamé une révolution, en réduisant le nombre de matchs de championnat et en l'élargissant à deux clubs supplémentaires. L'élite suédoise demeure un circuit ouvert mais les conditions drastiques à remplir pour les promus (capitaux propres, capacité de la patinoire, etc) instaurées par ses dirigeant la rendent hors de portée pour la plupart des clubs de l'Allsvenskan. Les différences économiques se sont accentuées entre la SHL et l'Allsvenskan, et ce n'est pas le juteux contrat TV qui va arranger les choses. L'accord avec le groupe de chaînes payantes C-More va octroyer beaucoup plus aux clubs de l'élite (environ 4,5 millions d'euros par exercice et par club) en comparaison aux clubs de l'Allsvenskan (300 000 €). À terme, le fossé entre les deux divisions va se creuser, comme c'est le cas actuellement en Finlande.

Cette porte de l'élite, qui n'est plus qu'entrouverte, inquiète considérablement les dirigeants des clubs du second échelon, qui craignent une SHL fermée, non pas sportivement mais au regard de ses exigences économiques. Une promotion qui deviendra difficile, la plupart ont tiré la sonnette d'alarme, voyant l'intérêt de leur championnat s'estomper, mais quelques clubs se sont résignés à une certaine fatalité. Västervik (Linköping), IK Pantern (Malmö) et Troja-Ljungby (Växjö) ont signé des accords de partenariat avec des équipes de l'élite. Les clubs pré-cités sont certes des structures modestes, et la marche de la SHL leur semble beaucoup trop haute à franchir. Mais ce genre d'association est vu d'un mauvais œil par les autres pensionnaires : les équipes de l'Allsvenskan sont-elles condamnées à devenir des faire-valoir ?

Cependant, le Mora IK, promu de la SHL 2017-18, n'a pas l'intention de jouer les touristes, de l'aveu de son directeur de club, Peter Hermodsson. Hermodsson, dirigeant au caractère bien trempé, est l'un des plus virulents dans cette affaire, pointant du doigt "les exigences déraisonnables de la ligue", il est maintenant prêt à mettre au défi "les grands clubs médiatiques".

Mais si la ligue a pris ces dispositions, ce n'est pas innocent, c'est parce que ses clubs sont lésés à un autre niveau. Comme tous les grands championnats européens, la SHL suédoise est confrontée au départ prématuré de ses meilleurs jeunes. La Suède est le troisième producteur de NHLers après le Canada et les États-Unis. Il y a dix ans, ils étaient une cinquantaine de Suédois en NHL. Dix ans plus tard, 80 hockeyeurs suédois ont participé à l'exercice NHL 2016-2017, et 70 à la dernière saison AHL. Ils sont donc beaucoup plus nombreux et de plus en plus jeunes à quitter le pays pour l'Amérique du Nord.

Ce phénomène, valorisant pour le hockey suédois mais pénalisant pour ses clubs, est pris très au sérieux par la fédération suédoise. Son président Tommy Boustedt a d'ailleurs accompagné le président de la ligue Jörgen Lindgren pour une réunion en Floride afin de faire connaître leur situation et de mettre la pression sur la NHL. Et dans leur logique, il est indispensable que les équipes de l'élite prennent davantage de poids dans le but de tenir une position forte, avec pour revendication de garder quelques années supplémentaires leurs meilleurs jeunes. Voilà pourquoi l'élite suédoise veut se réformer.

 

HV71 : déjà la reconstruction pour le champion

Peu d'observateurs auraient donné le HV71 comme favori pour le titre de champion de Suède 2017. Mais contre toute attente, les hommes de Johan Lindbom ont réussi l'impensable. Dauphins de Växjö en saison régulière, ils ont offert à la ville de Jönköping sa cinquième couronne, à l'issue d'un scénario hollywoodien qui a pris fin en prolongation lors de la dernière manche décisive. Il s'agit d'une double victoire pour Lindbom. Arrivé dans une équipe en pleine crise il y a deux ans, il a mis fin aux tensions exacerbées par son prédécesseur Andreas Johansson en inculquant une nouvelle dynamique qui a permis de développer et gagner en l'espace de deux exercices. C'est une belle histoire aussi puisque, avant d'être sacré en tant qu'entraîneur en 2017, Johan Lindbom avait remporté le tout premier titre de l'histoire du HV71, en 1995, en tant que joueur.

Cependant, c'est une toute autre équipe que devra conduire Lindbom, amputée d'une quinzaine de ses champions de Suède. Le champion en titre ne part donc pas favori pour la saison à venir. Le buteur de l'or Simon Önerud est parti en KHL alors que quelques espoirs ont été arrachés. Ajoutez à cela quatre retraités. Pär Arlbrandt et Erik Christensen ont souhaité finir sur une médaille d'or. Le capitaine Chris Abbott n'a lui pas eu l'occasion de disputer la finale, grièvement blessé en playoffs avec deux vertèbres fragilisées au cou. Comme son frère jumeau Cam avant lui, Chris Abbott a finalement raccroché prématurément ses patins. Martin Thörnberg, qui a remporté quatre des cinq titres du HV71, remplace logiquement Abbott au capitanat. L'homogénéité du groupe a été l'une des clefs du succès en 2017. Johan Lindbom devra donc créer une nouvelle dynamique mais il lui faudra le temps de façonner son équipe.

Révélation de la saison, le jeune gardien Linus Söderström a gagné un contrat avec les Islanders de New York. Mais si Jönköping a vu partir bon nombre de ses champions, que les fans se rassurent, Söderström a été cédé en prêt et restera donc dans le Småland. Une bonne chose car Fredrik Pettersson-Wentzel, le potentiel numéro 1, est toujours ennuyé par sa hanche, et ce depuis l'automne dernier. D'ailleurs, Pettersson-Wentzel n'est pas seul joueur de Jönköping qui a joué de malchance. Grand artisan du titre avec 11 points en 16 matchs de playoffs, l'attaquant Oscar Sundh a contracté une méningite cet été qui l'a particulièrement affaibli. Après le grand chambardement de l'intersaison, le HV71 aura besoin de toutes ses forces vives pour éviter de connaître une lourde déconvenue. Les arrivées de deux pointures finlandaises, le défenseur expérimenté Topi Jaakola - un habitué de la sélection suomi - et le puissant attaquant Max Wärn - ancien coéquipier de Damien Fleury à Pékin - ainsi que le travailleur Robin Figren, ne seront pas de trop.

 

Brynäs IF : de nouveau aspirant au trophée Le Mat

La place de finaliste du Brynäs IF était presque aussi inattendue que le sacre du HV71. En déposant les armes à l'issue du septième match en prolongation, le club de Gävle n'est pas passé loin d'un quatorzième championnat de Suède. C'est sur cette note que Thomas "Bulan" Berglund quitte son poste d'entraîneur puisqu'il était convenu que Roger Melin le remplace. Le tacticien de 61 ans, qui a déjà exercé une quinzaine de saisons en élite en tant que coach, avait mené Brynäs jusqu'à l'or en 1999. Son retour était prévisible car Melin ne quitte jamais définitivement les clubs avec lesquels il a bâti sa réputation, lui qui avait déjà fait un come-back à Linköping et à l'AIK.

Roger Melin sait obtenir le meilleur de ses joueurs. Mais force est de constater que Berglund y est déjà parvenu avant lui. De la promotion 2016-2017, plusieurs éléments ont émergé, et parfois de manière inattendue. C'est le cas de l'attaquant Johan Alcén, qui a inscrit plus de points en playoffs (10) qu'en saison régulière (7), devenant un vrai phénomène puisqu'il a été élu joueur préféré du championnat par les Suédois à l'issue de la saison. Beaucoup étaient aussi dubitatifs quant à l'arrivée de Daniel Paille. Après avoir perdu sa place en NHL, l'ailier canadien de 33 ans a largement convaincu pour sa première expérience européenne, se révélant particulièrement précieux sur divers aspects du jeu. Brynäs a vu également plusieurs jeunes devenir des acteurs influents comme Linus Ölund et surtout Oskar Lindblom, élu meilleur attaquant du championnat. Une éclosion remarquable qui est tombée à pic, comblant l'absence de la recrue vedette Tomáš Záborský, très peu sollicité en raison d'une blessure à l'épaule.

L'exercice à venir devra se négocier sans Záborský, Lindblom, les jumeaux Westerholm et le défenseur offensif Jonathan Pudas. Néanmoins, et contrairement au HV71, l'épine dorsale a été conservée. Il faudra patienter un peu avant de revoir le jeune Juuso Ikonen, remarquable après un passage décevant à Djurgården : il a été appelé par la Finlande pour effectuer son service militaire. Melin pourra toujours s'appuyer sur un duo de gardiens fiable avec le jeune Felix Sandström et l'expérimenté David Rautio - impérial en playoffs ! - ainsi que sur les Simon Bertilsson, Elias Fälth, Ryan Gunderson, Jörgen Sundqvist, Jonathan Granström, Jesper Jensen et le Canadien Kevin Clark. Pour sa première saison en Suède, ce dernier, meilleur buteur du championnat, a maintenu un rendement offensif impressionnant et servira d'exemple aux deux nouveaux attaquants nord-américains très rapides, Louie Caporusso et Aaron Palushaj. Le Brynäs IF, redevenu sain financièrement après une hémorragie entre 2014 et 2016, peut de nouveau aspirer au meilleur. Surtout si d'autres espoirs parviennent à éclore. Malheureusement, le plus talentueux d'entre eux, Jesper Boqvist, s'est fracturé le poignet en CHL, il ne sera pas de retour avant décembre. Les premières performances en Champions Hockey League - 4 victoires sur 4 - sont toutefois prometteuses.

 

Frölunda HC : champion d'Europe, c'est bien ; champion de Suède, c'est mieux

Le projet de Frölunda avait victorieusement abouti au titre de champion acquis en 2016, mais celui-ci a vacillé en 2017. Il n'y a certes pas de honte à avoir en perdant au septième match de la demi-finale face à Brynäs, qui aura fait preuve de davantage d'efficacité. Le club de Göteborg a d'ailleurs pu se consoler avec un deuxième trophée européen CHL en deux ans. Si s'imposer en Champions Hockey League fait désormais partie des objectifs, le championnat national conserve toujours plus de poids, ce qui explique le double sentiment du directeur sportif Fredrik Sjöström, satisfait de l'aventure européenne mais déçu d'arrêter la saison au stade des demi-finales. Pour autant, Sjöström et la direction de Frölunda ont renouvelé le contrat des deux grandes personnalités du club. L'infatigable centre Joel Lundqvist (35 ans) compte jouer jusqu'en 2020. L'entraîneur Roger Rönnberg officiera lui - si tout se passe bien - jusqu'en 2022, soit un mandat de près de dix ans !

La structure Frölunda HC n'a jamais caché son orientation vers le long terme. Mais Rönnberg aura la lourde tâche de donner une nouvelle impulsion après le demi-échec, et ce en dépit des départs importants. Le défenseur offensif Henrik Tömmernes, les précieux attaquants Johan Sundström, Robin Figren et Nicklas Lasu sont autant de pièces majeures qu'il sera difficile à combler. Les Indians ont toutefois rapidement investi le marché des transferts en engageant un des meilleurs défenseurs du championnat (Adam Almqvist), un revenant toujours affûté (l'Américain toujours productif Ryan Lasch) et un duo dynamite (les jumeaux Westerholm). Frölunda a décidé de miser également sur Max Friberg (24 ans), champion du monde junior par le passé mais dont le développement s'est cassé en Amérique du Nord.

Le développement, c'est toujours le cœur du projet de Göteborg qui veut en collecter les bénéfices. Le jeune défenseur phénomène Rasmus Dahlin connaît une couverture médiatique impressionnante. Il est vrai que certains le désignent comme le plus grand espoir défensif de la Suède depuis Victor Hedman, et que certaines agences le programment déjà en première position du repêchage NHL en 2018. À 17 ans, Dahlin pourrait obtenir davantage de responsabilités après une première saison senior plus que prometteuse. Mais il devra gérer une pression médiatique peu commune en Suède. Un autre défenseur sera à surveiller : Filip Westerlund, 18 ans et choix de second tour à la dernière draft NHL. Frölunda a également attrapé dans ses filets un autre espoir de choix, l'attaquant Lias Andersson. Fils d'une ancienne gloire du club (Niklas Andersson), son avenir à Göteborg semble toutefois nébuleux puisque ce premier choix 2017 des Rangers de New York a beaucoup séduit l'entraîneur des Blueshirts Alain Vigneault. Andersson tapera donc à la porte NHL avant de connaître son sort, tout comme Carl Gundström (Toronto). Des incertitudes dont se serait passé Roger Rönnberg s'il veut poursuivre le projet ambitieux de Frölunda.

 

Malmö IF : une si longue attente

Il y avait bien longtemps que Malmö n'avait pas autant brillé sur la scène suédoise, la longue agonie en Allsvenskan ayant fait naître les rumeurs les plus folles, dont une qui envoyait les Redhawks en KHL. Celle-ci comme toutes les autres sont désormais au placard. Malmö a retrouvé ses ambitions avec une deuxième saison consécutive en élite suédoise convaincante, malgré des hauts et des bas en saison régulière. Derniers qualifiés pour les playoffs, les Redhawks ont toutefois été irrésistibles en play-in face à Luleå, puis en écartant en quart de finale le vainqueur de la saison régulière, Växjö. Pour la première fois depuis 2001, Malmö a atteint le dernier carré de l'élite.

Des unités spéciales remarquables et un gardien au sommet ont tenu une grande influence sur les bons résultats de l'équipe. Contrarié par des douleurs à la hanche la saison précédente, Oscar Alsenfelt a retrouvé son meilleur niveau devant les poteaux scaniens, établissant d'ailleurs un record de blanchissages en championnat (9) - subtilisé à Fredrik Norrena - avec également un excellent pourcentage d'arrêts (94,5%). À l'aube de l'exercice 2017-2018, la prolongation de contrat du meilleur gardien de Suède est déjà de bonne augure en dépit de quelques départs importants. Citons notamment André Benoît, Andreas Thuresson, Noah Welch et Ilari Filppula.

Le directeur sportif Patrik Sylvegård et son jeune assistant Mathias Tjärnqvist, jeune retraité, se sont principalement orientés vers l'AHL. Daniel Zaar et Max Görtz ont été rapatriés mais Malmö a aussi mis la main sur Andy Miele, également convoité par Linköping et Växjö. Un des attaquants de Ligue Américaine les plus productifs de ces dernières années, ce centre de 29 ans a l'avantage d'avoir joué plus jeune avec un autre Américain du groupe, Rhett Rakhshani. Le duo renoué devrait faire le bonheur des habitués de la Malmö Arena. Miele, qui a disputé deux championnats du monde avec les États-Unis, est d'ailleurs bien décidé à taper à la porte de l'équipe olympique, en l'absence des joueurs NHL. Outre ses attaquants AHL, Malmö s'est également offert une pointure en défense avec le très qualifié Tuukka Mäntylä, qu'il ne serait pas surprenant de voir défiler également à PyeongChang avec la Finlande. Mäntylä sera le patron de la défensive aux côtés de l'inépuisable Jens Olsson, ex-Rouennais. Voilà de quoi permettre aux Redhawks de garder de hautes ambitions pour un nouveau sacre qu'ils attendent depuis 23 ans.

 

Växjö Lakers : touché en plein vol

Après son titre en 2015, Växjö avait totalement loupé son départ lors de la saison 2015-2016. Ce départ n'a pas été manqué en 2016-2017, les Lakers remportant avec panache la saison régulière pour la première fois de leur histoire. Mais cette fois-ci, c'est le finish qui a posé problème, les Lakers se faisant écarter prématurément des playoffs par Malmö. Pour autant, le coach Sam Hallam conserve toute la confiance de la direction puisqu'il a été prolongé de cinq années supplémentaires. Il a probablement manqué du tranchant aux Lakers, certainement un Geoff Platt. L'attaquant canadien naturalisé biélorusse a commencé la saison dans le Småland avec 15 points en 25 rencontres, avant de repartir au CSKA Moscou. Le leadership et le jeu défensif de Teemu Laakso a terriblement manqué aussi, lui qui fut une pièce-maîtresse en 2015. Le défenseur finlandais a souffert de maux de dos, ne disputant que deux matchs avec les Lakers.

Laakso a finalement quitté le navire, résiliant son contrat d'un commun accord. Le sniper Olli Palola (21 buts / 48 points) et Dennis Everberg (18 buts) ont pris le chemin de la KHL. Calle Rosén, Philip Holm et Emil Pettersson tenteront eux de convaincre leur équipe NHL. Emil Pettersson part non sans amertume puisque Växjö avait mis sous contrat son petit frère, cinquième choix de la draft NHL 2017 en provenance de Timrå : Elias Pettersson a toutefois connu un été malheureux puisqu'il a aggravé une blessure antérieure en jouant pour la sélection nationale junior. Il manquera le début de la saison, comme une autre acquisition, le défenseur Ben Youds, blessé lors du premier match de préparation.

Que l'on se rassure, les autres recrues sauront assurer en leur absence. Le gardien Joacim Eriksson parti, Viktor Fasth a été enrôlé. Le gardien de 35 ans, retenu pour les deux derniers championnats du monde, avait joué un rôle clef lors de la promotion en élite en 2010 des Lakers, lorsque ceux-ci évoluaient encore en Allsvenskan. Après cinq saisons entre la NHL et la KHL, Fasth retrouve les Lakers mais il n'est pas le seul maillon fort à arriver dans le Småland. Växjö est parvenu à compenser le départ de Laakso par le recrutement de Daniel Rahimi, nouveau patron de la défense qui épaulera les Eric Martinsson, Arvid Lundberg et Oliver Bohm, en développement constant. Le Finlandais Janne Pesonen fait également son retour en SHL, lui qui avait rayonné avec Skellefteå (16 buts en 20 matchs) malgré les blessures. Pesonen pourrait figurer sur la même ligne que Tuomas Kiiskinen, dont le contrat a été prolongé après une troisième saison consécutive à 30 points ou plus. Avec également Andrew Calof, Adam Brodecki, Martin Lundberg, Robert Rosén, Växjö a les cartes en main pour viser le titre.

 

Linköpings HC : les Lions de nouveau féroces ?

Linköping est souvent un candidat au trône de Suède mais les deux derniers échecs en quart de finale ont apporté beaucoup de frustration. Néanmoins, là encore, loin de là l'idée de remettre en cause l'entraîneur. Dan Tangnes a été prolongé et officiera pour une troisième année consécutive derrière le banc des Lions, mais les attentes vont clairement accentuer la pression sur lui. Si le jeu défensif a dans son ensemble tenu la route, l'attaque, pourtant point fort récurrent les années passées, s'est avérée particulièrement faible. L'offensive a beaucoup trop reposé sur les épaules de Broc Little, un point par match en saison régulière mais dont le rendement s'est essoufflé en playoffs.

Les blessures n'ont rien arrangé, en particulier Garrett Roe et les frères Olimb. Le LHC misait d'ailleurs beaucoup sur les frères norvégiens, mais leurs tracas ne leur ont pas permis de s'exprimer comme ils savent le faire en temps normal. Mathis et Ken-Andre Olimb seront attendus au tournant pour la saison à venir. Quelques recrues de premier choix ont toutefois été appelées en renfort avec des têtes bien connues de la Saab Arena. Tony Mårtensson a passé cinq saisons à Saint-Pétersbourg puis deux à Lugano, mais chaque année il restait dans le viseur du staff. Toujours affûté en dépit de ses 37 ans, Mårtensson s'est enfin décidé à revenir dans l'Östergötland, retrouvant son vieux complice, le capitaine Niklas Persson. "Pie" a d'ailleurs été prolongé. Outre Mårtensson, reviennent à la maison Chad Billins et Nick Sörensen. Le défenseur américain - qui avait obtenu un ratio remarquable de +27 avec Linköping - et l'ailier suédois ont tous deux échoué à s'imposer en NHL, respectivement à Vancouver et Anaheim.

L'aventure a peut-être tourné court pour Billins et Sörensen mais Linköping a mis la main sur un capital d'expérience NHL conséquent. Rejoignant la Suède après une saison en KHL, Derek Roy a connu de belles années à Buffalo durant ses douze saisons en Ligue Nationale et sera un centre précieux. Après huit ans en NHL, Jonas Gustavsson entend bien conquérir un deuxième championnat suédois. Avec "Monstret" (le monstre), Linköping obtient a priori un gardien solide dans la sphère SHL. Les départs ont donc été largement compensés par des joueurs de confiance et d'expérience, permettant ainsi à Linköping de conserver le même objectif : obtenir le premier titre de l'histoire du club.

 

Skellefteå AIK : 2017, simple incident de parcours ?

Finaliste du championnat depuis 2011, le Skellefteå AIK avait habitué à l'excellence. Mais en 2017, le SAIK a chuté de haut. Incapable de retrouver le bonne dynamique d'antan, en dépit des retours de Joakim Lindström, Oscar Möller et Bud Holloway, le club a terminé à la sixième place de la saison régulière, son plus mauvais résultat depuis 2009. Et en quart de finale, c'est Frölunda qui a triomphé en sept matchs, malgré une avance de 3-1 dans la série pour Skellefteå. L'échec sportif s'est en plus conjugué à un échec financier, l'organisation générant un résultat négatif de 1,7 million d'euros.

La fin d'une époque ? Oui et non. Oui car certains cadres, historiques mais vieillissants, quittent le navire. À cause de son genou capricieux, Jimmie Ericsson (499 matchs en élite suédoise, 133 en playoffs) semble se diriger vers la retraite, c'est du moins ce que pense le directeur sportif Mikael Lindgren. Par ailleurs, ce dernier voit partir à destination de Leksand son petit-frère Fredrik, qui aura porté les couleurs de Skellefteå durant quinze saisons (!). La fin d'une époque, non, car Stefan Klockare et Bert Robertsson entraîneront de nouveau en binôme, suite au remerciement de Fredrik Öberg, ex-entraîneur de la section U18 à qui l'on avait confié les clefs de l'équipe-reine. Il faut tout de même admettre que, avec six finales de rang avant sa prise de fonction, le poids de la performance semblait particulièrement difficile à gérer pour Öberg.

Mais une élimination en quart de finale n'entachera pas le processus de formation terriblement efficace de Skellefteå. Quand Frölunda s'obstine à recruter de jeunes joueurs au développement bien avancé, le club du Västerbotten préfère les former de A à Z, la plupart des jeunes rejoignant l'organisation lorsqu'ils sont U10 ou U12. Chaque année, l'équipe première récolte les fruits de sa formation, et pour la saison à venir, il faudra en suivre particulièrement deux. Anton Öhman est un défenseur de 21 ans dont le développement a été perturbé la saison dernière par une douleur à l'aine, c'est un pilier en devenir. Tim Söderlund a impressionné les journalistes de Chicago au camp d'été des Blackhawks, ce petit attaquant vif et dynamique a beaucoup de similitudes avec un ancien produit du SAIK, finaliste de la dernière Coupe Stanley avec Nashville, Viktor Arvidsson. En comptant sur cette jeune génération, en prolongeant le gardien Joni Ortio - un point fort de la saison 2016-2017 - en admettant que Jonathan Pudas et le Canadien Morgan Ellis puissent combler le départ du meilleur défenseur de Suède (Niclas Burström), et si le centre américain Matt Anderson (74 points en deux saisons SHL) enfilent les points comme Lindström, Möller et Holloway, alors Skellefteå a le potentiel pour retrouver la finale.

 

Färjestads BK : le pouvoir aux débutants

Depuis la finale perdue en 2014, les résultats de Färjestad se sont détériorés, avec une nouvelle élimination en quart de finale, contre le HV71. Après avoir viré Tommy Samuelsson, le club de Karlstad avait alors décidé de renouer avec les anciennes recettes, Leif Carlsson passant du poste de directeur sportif, repris par Håkan Loob, à celui d'entraîneur. Mais la nouvelle contre-performance a finalement poussé au congédiement de Carlsson. La pilule passe mal d'ailleurs pour le dirigeant de 52 ans qui a dédié 23 ans de sa vie à l'organisation, gagnant deux championnats en tant que joueur, deux en tant que membre du staff. La surprise est d'autant plus grande que les rênes ont été confiées à un coach inexpérimenté, le successeur de Carlsson est Johan Pennerborn. Une nouvelle fois, c'est toute l'équipe dirigeante qui est bouleversée puisque les historiques Håkan Loob et Thomas Rundqvist quittent l'organisation de Karlstad. Peter Jakobsson s'empare du poste de directeur sportif. Lui aussi est inexpérimenté en la matière mais l'ancien défenseur du FBK, vainqueur du doublé 1997 / 1998, demeure (pour l'instant) dans le cœur des fans.

Ce tout nouveau staff a déjà un chantier à rebâtir : la défense, particulièrement affectée par la valse des transferts. Le leader de la ligne bleue Magnus Nygren, un des meilleurs défenseurs du championnat, sera particulièrement difficile à remplacer, surtout qu'il n'est pas le seul pilier à quitter Karlstad. Le solide Tomas Skogs a choisi de relever le défi du promu Mora. Comme Nygren, le Norvégien Jonas Holøs a succombé aux sirènes suisses, ne cachant pas que l'offre de Fribourg était bien plus intéressante que la proposition de prolongation de contrat du FBK. Concernant son compatriote Ole-Kristian Tollefsen, l'incertitude demeure en raison d'une commotion cérébrale subie en février dernier, aucune date de retour n'est pour le moment fixée. Le géant finlandais Ilari Melart a été recruté mais pour des raisons fiscales - il doit résider hors du territoire suédois pendant six mois - il manquera le début de saison. Sebastian Erixon, Jesse Virtanen, Mikael Wikstrand et Anton Grundel auront la lourde tâche de garder la maison FBK et de protéger un duo de gardiens tout de même de qualité, Lars Haugen et Stefan Stéen.

En attaque, Joel Eriksson Ek a été un vrai rayon de soleil, élu meilleur junior SHL en 2017. Le surdoué parti définitivement lancer sa carrière prometteuse au Minnesota, il faudra là aussi tourner la page. Exit Milan Gulaš, dont les performances déclinaient, le rendement offensif reposera surtout sur deux homonymes sans aucun lien, Martin Johansson et le nouveau capitaine Alexander Johansson, ainsi que sur Johan Ryno, Joakim Nygård, Per Åslund et Marcus Nilsson. Rasmus Asplund est l'un des espoirs les plus talentueux de Buffalo. Après avoir obtenu 19 points, ce centre peut encore renforcer son développement et atteindre le seuil des 30. Enfin, Dick Axelsson, chouchou du public par le passé, effectue son grand retour, mais il a connu ces dernières années des hauts et des bas, dernièrement à cause d'une blessure au genou. Il y a du talent à Karlstad mais les nombreux points interrogations qui entourent ce groupe ne permettent pas de déterminer de quoi sera fait l'avenir de Färjestad.

 

Luleå HF : Bulan, ce héros

Comme pour Färjestad, les grandes manœuvres de Luleå au printemps 2016 ont été vaines. Stefan Nilsson avait succédé à Joakim Fagervall au poste d'entraîneur mais un bilan insuffisant l'a éjecté de son siège. Nilsson a été alors recasé par le conseil d'administration au poste de directeur sportif, l'historique Lars "Osten" Bergström quittant ses fonctions. Un autre Nilsson, Petter (aucun lien), l'a alors remplacé en février dernier, sans pouvoir redresser la barre. Luleå a été écarté par Malmö dès le stade des play-in. Les fans n'ont eu guère d'explications de la part de Petter Nilsson, plus occupé à sortir un violent monologue à l'encontre des arbitres du jour, et de l'arbitrage en général d'ailleurs, au micro de la chaîne C More. Tout cela pour un but refusé. Le problème ne se serait pas posé si l'offensive tenait la route. Le LHF a inscrit 118 buts en championnat, son plus faible total en 19 ans...

Petter Nilsson remercié à son tour, le club du cercle polaire accueille un visage familier du Luleå HF. Thomas Berglund, qui a mené Brynäs jusqu'en finale, est de retour dans le Norrbotten. "Bulan" était assistant-coach lorsque les Ours polaires avaient remporté la saison régulière en 2012, puis atteint la finale du championnat l'année suivante. Le sauveur Berglund disposera d'un groupe surtout débarrassé de ses flops, des investissement coûteux qui n'ont pas donné satisfaction. Les défenseurs Daine Todd et Julius Junttila de même que les attaquants Kael Mouillierat et Jacob Lagacé n'ont pas donné satisfaction, ils ont été priés de plier bagage.

Il faut avouer que les gardiens ne sont pas exempts de tout reproche. Habituellement solide, Joel Lassinantti a montré des signes de fragilité, il est vrai portier d'une défense plus désorganisée qu'à l'accoutumée. Son concurrent Filip Gustavsson, cédé par Pittsburgh, tentera de remettre en cause le poste de titulaire mais il lui faudra franchir un cap. Autour de Brendan Mikkelson - qui joue toujours avec intelligence et autorité - et le Monsieur Loyal Jan Sandström - qui jouera sa 17e saison à Luleå - la défensive devra se remobiliser, il faut espérer que le jeune Slovaque Christian Jaros soit prêté par Ottawa pour la saison.

En tout cas, Luleå a rapatrié une valeur sûre. Passé dernièrement par la Suisse et la Finlande, Niklas Olausson avait marqué plus de 100 points durant ses trois dernières saisons avec Luleå avant son départ à l'étranger. D'emblée nommé capitaine, Olausson aura à charge de redonner des couleurs à une attaque anémique. Luleå a aussi pris des risques dans son recrutement. Joey Hishon tentera une énième fois de relancer sa carrière, à 25 ans. Hishon a été le premier choix du Colorado au repêchage NHL 2010 mais une grave blessure a totalement anéanti ses débuts prometteurs et ses objectifs de Ligue Nationale. Le centre canadien a souffert régulièrement d'une commotion cérébrale, tout comme Patrick Cehlin la saison dernière, lui aussi fraîchement débarqué. Peu actif sur le marché des transferts, le coach Thomas Berglund devra disposer d'une équipe en santé pour atteindre au moins les quarts de finale..

 

Djurgårdens IF : une jeune troupe sous pression

Le retour en élite suédoise a été difficile pour Djurgården, club stockholmois au passé prestigieux, qui n'est pas parvenu à passer le cap des play-in au cours des trois dernières années. Mais c'est un traitement de fond qui anime l'organisation avec un nouveau projet sportif et une nouvelle philosophie de jeu. L'entraîneur Robert Ohlsson a été nommé il y a un an, un plan à long terme a été convenu en concentrant les efforts sur les générations à venir, qui ont obtenu du succès à l'échelle nationale dans les rangs juniors. Miser sur la jeunesse, l'objectif est louable. Mais il va en contradiction avec l'impatience des supporteurs, toujours très exigeants. Il est vrai que l'apprentissage a été difficile, le DIF améliorant par deux fois la saison dernière un triste record : le nombre de défaites consécutives, huit puis neuf. Ces deux séries noires ont d'ailleurs entraîné une baisse de la fréquentation. Mais n'apprend-t-on pas aussi dans la défaite ?

Les jeunes sont au cœur du projet, et il n'y a qu'à jeter un œil en défense. Marcus Högström (28 ans) et Alexander Urbom (26 ans) font figure de vétérans et devront encadrer la brigade défensive la plus jeune de la ligue, qu'ont rejoint à l'intersaison Marcus Fagerudd, William Lagesson, Jesper Pettersson et Tom Nilsson. Et en attaque, ces jeunes loups se nomment Linus Johansson, les frères Davidsson - Marcus et Jonathan - Lukas Vejdemo et Gustav Possler. Possler s'était fracturé la cheville en début de saison 2016-17, ce qui a contrarié son développement. Mais, que ce soit pour Possler ou les autres, le déclic peut arriver à tout instant, et Djurgården en récoltera alors les fruits, inéluctablement.

Le leadership sera particulièrement déterminant. Désigné capitaine à la rentrée 2016, Henrik Eriksson - qui n'a inscrit aucun but en saison régulière - a été destitué quand les défaites se sont accumulées, au bénéfice de Calle Ridderwall. Recruté en cours de saison, Niclas Bergfors, qui a fait un retour raté en Suède à Linköping, a connu un temps d'adaptation comme les autres ex-KHLers Tom Wandell et Simon Hjalmarsson. Il faut espérer que le revenant Andreas Engqvist, de retour de KHL après une blessure au cou, soit d'entrée à son meilleur. Cette mobilisation des cadres sera déterminante puisque le prolifique Matt Anderson est parti à Skellefteå et que Daniel Brodin, touché au ligament croisé juste avant les Championnats du monde, sera indisponible jusqu'en janvier 2018. Djurgården a tout de même mis sous contrat fin août le vétéran René Bourque, dont l'expérience de 725 matchs NHL sera précieuse. Une chose est sûre, la cage sera bien gardée. Le vieillissant Mikael Tellqvist, qui ne performait plus au haut niveau, s'en est allé, Joacim Eriksson, qui le remplace, a des allures de titulaire incontestable et devrait gommer l'une des faiblesses de la saison précédente. De quoi rassurer cette jeune troupe qui doit également s'accommoder de la pression de la capitale.

 

Karlskrona HK : de faibles espoirs dans un contexte précaire

Karlskrona a des allures d'insecte dans le monde de la SHL mais la lucane ne s'est pas contenté de faire de la figuration. Le KHK avait d'ailleurs occupé la position de leader après 14 journées, grâce à une défense de fer et des gardiens en confiance. Mais, malgré toutes les bonnes volontés du monde, Karlskrona n'a pu évidemment tenir la cadence face aux ténors du championnat, surtout à cause d'une offensive devenue totalement muette. La saison sportive était une totale réussite en automne mais un fiasco au printemps. Et les tensions en coulisses ont refait surface. Le Karlskrona HK a une santé financière préoccupante avec un déficit qui a atteint les 600 000 euros, dont des impayés de location de la patinoire. Des mesures ont été prises, notamment en réduisant le staff autour du coach Ove Mollin. Patric Larsson, le père de la star NHL Oliver Ekman-Larsson, a pris le siège de directeur sportif tandis que Charlotte Gustavsson devient présidente du club, leader affirmée dans le managérat qui avait d'ailleurs présidé un temps le MODO Hockey. Elle aura la lourde charge d'éviter à cette ville de l'extrême sud du pays une autre faillite après celle de 2000.

Cette restructuration était nécessaire mais il faudra encore se serrer la ceinture pour éviter le pire. Mais évidemment, ces dispositions ont grignoté les ambitions du club, surtout après le départ de la star du KHK, Alexander Bergström. Dix ans après la Division 1, l'ailier de 31 ans, qui a atteint le seuil des 40 points, est parti en KHL et manquera terriblement en attaque. Au poste de gardien, le départ du roc inébranlable Johan Holmqvist (39 ans), parti pour Gävle pour se rapprocher de sa famille - ce qui devrait le mener à la retraite - paraît par contre moins handicapant. Johannes Jönsson avait fini par voler la vedette à "Honken" et Karlskrona a embauché l'un des meilleurs spécialistes de l'Allsvenskan en Henrik Lundberg. Le second échelon suédois est d'ailleurs une bonne alternative pour recruter à pas cher. Les attaquants Ludwig Blomstrand et Carl Perddon sont deux autres spécialistes de l'Allsvenskan. Quant à Cory Murphy, le solide défenseur canadien devrait remplacer sans problème Niklas Arell à la ligne bleue.

À force de performer en Allsvenskan puis en SHL, le Karlskrona HK s'est développé et ses sections juniors en cultivent les fruits. Pour la première fois de l'histoire du club, y compris le défunt Karlskrona IK, un joueur du cru a été choisi au repêchage NHL, en l'occurrence le jeune gardien Arvid Holm. Mais pour récolter les fruits, il faut attendre qu'ils mûrissent, et ce temps, Karlskrona en manque terriblement. Dans un contexte fragile avec un effectif limité, les Jönsson, Murphy, Joel Kellman, Marcus Paulsson et Mattias Guter devront porter à bout de bras l'équipe pour éviter la relégation.

 

Örebro HK : rebâtir après les réglements de comptes

La situation financière n'est pas plus enviable à 400 kilomètres au nord de Karlskrona, à Örebro puisque l'ÖHK est endetté à hauteur d'un million et demi d'euros, dont des retards de rémunération de certains joueurs. Et là aussi, la direction a été chamboulée. Le président Ulf Gejhammar a démissionné cet été et s'est permis de régler ses comptes, en partie envers le directeur général Pontus Gustafsson, accusé de mener une chasse aux sorcières à travers les réseaux sociaux. Dans ce climat délétère, les supporteurs n'ont pas pu se consoler avec les résultats de leurs favoris, en recul depuis deux ans, en dépit des changements derrière le banc. Après deux points en 5 matchs, Kent Johansson, en poste en 2013, a rapidement démissionné mais la saison n'a jamais véritablement commencé.

Les résultats en recul ont forcé un nouveau cycle, un vrai chambardement. Dès la fin de la saison, le club a annoncé le départ de Julius Hudacek, Petr Zámorský, Martin Johansson, Bobbo Petersson et Johan Motin, puis des flops finlandais Siim Liivik et Joel Mustonen. Au total, ce sont seize joueurs qui quittent les bords du lac Hjälmaren. Reconstruire quasiment de A à Z, et ce malgré le contexte difficile, c'est un défi de taille qui s'annonce pour le staff et l'entraîneur Niklas Sundblad.

Cependant, l'Örebro HK ne souhaitera pas se contenter des miettes puisque quelques pointures ont été recrutées. Citons notamment Eero Kilpeläinen, un des meilleurs gardiens de la Liiga, l'imposant défenseur Ondrej Vitasek, fraîchement vainqueur du championnat tchèque avec Liberec, et le revenant Jere Sallinen, qui fut un contributeur majeur du maintien de l'ÖHK parmi l'élite en 2014. En s'appuyant sur ces joueurs, ainsi que sur Viktor Ekbom, Joakim Andersson - qui n'a joué aucun match de la saison 2016-2017 en raison d'une opération à la hanche - Tom Wandell et Libor Hudacek, Örebro devrait pouvoir retrouver les playoffs. Surtout que le club a également attrapé dans ses filets de jeunes joueurs encore prometteurs : le défenseur ex-vice-champion du monde junior Linus Arnesson, les attaquants Rodrigo Abols et Filip Ahl, productifs en ligue mineure outre-Atlantique, et les jumeaux canadiens Tyson et Tylor Spink, que beaucoup comparent aux jeunes retraités Chris et Cam Abbott, qui ont fait les beaux jours de Luleå. Voilà de quoi donner un peu de baume au cœur des supporteurs après les différentes déconvenues.

 

Rögle BK : faire oublier le triste record

Rögle avait assuré son maintien en 2016 sans passer par les phases de qualification, phase que le club d'Ängelholm n'a pu éviter en 2017. Il faut admettre que le RBK s'est souvent traîné en queue de peloton, notamment à cause d'une série noire interminable de treize défaites consécutives, triste record de Väsby (1987-1988) qu'a égalé la troupe d'Anders Eldebrink. Si le maintien en élite a été assuré aisément aux dépens de Karlskoga, un grand ménage a été effectué dans les vestiaires cet été, dont le très contesté capitaine Christopher Liljewall.

À la place de Liljewall, Rögle s'est dirigé vers un joueur de confiance, rapidement dans le radar de la direction. Ted Brithén revient en Scanie après quatre saisons au HV71, dont la dernière a été conclue par un sacre national. Brithén était un leader reconnu à Jönköping et n'aura aucun mal à donner le ton. Rögle avait également dans son radar André Petersson mais il a prolongé son aventure en KHL, le RBK s'est alors rabattu sur Juhamatti Aaltonen, autre ancien joueur du club. L'international finlandais est depuis plusieurs années un buteur redoutable mais il a été dans le feu des critiques en fin de saison, au HIFK comme en équipe nationale. Un centre comme Brithén devrait toutefois permettre à l'ailier de 32 ans de retrouver sa confiance. Ceux-ci s'ajoutent à quelques renforts nord-américains en défense, dont Craig Schira et Cade Fairchild qui se sont blessés en préparation, et à une toute nouvelle doublette devant le but, avec les jeunes Ville Kolppanen et Emil Kruse.

Les jeunes talents, c'est une part importante du club qui s'est attaché les services des frères Sandin, Rasmus (défenseur très prometteur) et Linus (auteur de performances percutantes en Allsvenskan). Mais le plus grand talent de Rögle sera-t-il encore en Scanie ? Timothy Liljegren a souvent occupé le haut classement des prospects, avant de chuter à la dernière draft NHL (17e) à cause d'une saison gâchée par une mononucléose, puis une blessure à la cuisse. Toronto a jeté son dévolu sur cet arrière de 18 ans au potentiel intact, et il a déjà tapé dans l'œil de son directeur général, Lou Lamoriello. L'agent de Liljegren Martin Nilsson était plutôt optimiste quant à l'idée d'un prêt de son protégé pour la saison. Lijegren étant un talent rare, il serait particulièrement difficile pour une organisation modeste comme Rögle de le voir partir vers l'Ontario.

 

Mora IK : se maintenir, sans paillettes

Si Rögle est parvenu à sauver sa peau en SHL, ce n'est pas le cas de Leksand, relégué en Allsvenskan au profit du grand rival dalécarlien, Mora. C'est une superbe récompense pour le Mora IK et le travail accompli par son entraîneur, Jeremy Colliton. Arrivé en Suède en tant que joueur en 2013, une commotion cérébrale l'avait empêché de vêtir le maillot du MIK pour finalement enfiler le costume de tacticien, qu'il a porté à merveille. Trois ans et demi après sa nomination, le Mora IK a retrouvé l'élite suédoise après neuf ans d'absence sous les ordres de ce coach de 32 ans, remportant d'ailleurs pour la première fois de son histoire l'Allsvenskan.

Le gardien tient toujours une lourde responsabilité pour un promu. Christian Engstrand était un coup de poker devant le but, lui qui a connu un passage à vide en KHL. Mais le portier de 28 ans est devenu un pari gagnant en réalisant des performances remarquables devant les filets du MIK. Malgré le changement de dimension, la maison Mora paraît solide avec Engstrand, mais aussi des défenseurs fiables comme Daniel Grillfors et Tomas Skogs, ainsi qu'une doublette canadienne chapardée au Lukko, Keaton Ellerby / Steven Seigo. Et malgré d'importants mouvements durant l'intersaison, le club de Dalécarlie a réussi à garder quelques flèches offensives, et non des moindres. Mathias Bromé (23 ans / 49 pts), Jacob Nilsson (23 ans / 42 pts) et Emil Aronsson (21 ans / 32 pts) continueront à régaler alors qu'un autre jeune talent a posé ses valises en Dalécarlie. David Kaše (20 ans), qui côtoie la sélection tchèque depuis les catégories U16, tentera lui aussi de s'émanciper dans cette jeune et percutante offensive.

Très courtisé, Colliton s'est finalement servi de ce tremplin pour retrouver l'Amérique du Nord, désormais entraîneur en AHL. Un autre phénomène du banc le remplace : Mattias Karlin. Cet entraîneur de 38 ans a guidé le Västerviks IK, modeste club de l'est du pays, à la promotion en Allsvenskan en 2016... et à une troisième place durant cette première saison dans le second échelon en 2017. Karlin, un coach sans paillettes révélé sur le tas, le choix est cohérent à Mora quand on connaît les critères du directeur du club, Peter Hermodsson. Hermodsson, qui n'a pas sa langue dans sa poche, ne voulait pas d'un dirigeant "construit par les médias". Mattias Karlin, qui entraînait en quatrième division il y a cinq ans, aura la lourde responsabilité d'assurer le maintien au petit poucet de la SHL.

 

 

Allsvenskan

 

Le fossé entre la SHL et l'Allsvenskan risque de s'accentuer mais les grands clubs populaires qui végètent dans le second échelon, dont le rétrogradé Leksand, auront l'ambition de franchir le pas au plus vite. Encore faut-il tenir ses promesses sur la glace. Le promu 2017 en SHL, Mora, n'avait plus joué en élite depuis près d'une décennie et ses trois poursuivants au classement de l'Allsvenskan - Karlskoga, Västervik et IK Pantern - n'y ont jamais évolué. C'est d'ailleurs le BIK Karlskoga qui a eu l'honneur de batailler face à Rögle pour un ticket (certes perdu) en SHL, au détriment de l'AIK, obligé de disputer une troisième saison consécutive en Allsvenskan.

Durant l'exercice 2016-2017, Timrå a connu du mieux mais MODO, Västerås et Södertälje n'ont fait que de la figuration. Le MODO Hockey a toutefois bon espoir de construire un nouveau cycle ambitieux puisque les jeunes hockeyeurs d'Örnsköldsvik sont parvenus à réaliser un doublé historique dans l'histoire du club : "Övik" a été sacré champion de Suède 2017 U18 et U20. Construire sur le long terme, c'est une idéologie couramment respecté par bon nombre de clubs suédois. À condition que les talents ne succombent pas trop vite aux sirènes nord-américaines...

 

Nicolas Jacquet

 

 

Retour à la rubrique articles