KHL 2016/17 : bilan

 

Résultats du championnat russe

La KHL, où les différences de niveau et de moyens ont atteint des proportions énormes, a décidé de traverser une phase de réduction afin de pouvoir de nouveau s'étendre à l'international. Certains des clubs ont donc déjà été sacrifiés, et d'autres paraissent simplement en sursis.

Classement (après play-offs) : 1 SKA Saint-Pétersbourg, 2 Metallurg Magnitogorsk, 3 Lokomotiv Yaroslavl, 4 Ak Bars Kazan, 5 CSKA Moscou, 6 Dynamo Moscou, 7 Avangard Omsk, 8 Barys Astana, 9 Dynamo Minsk, 10 Torpedo Nijni Novgorod, 11 Traktor Chelyabinsk, 12 Vityaz Podolsk, 13 Jokerit Helsinki, 14 Salavat Yulaev Ufa, 15 Admiral Vladivostok, 16 Kunlun Red Star, 17 HK Sotchi, 18 Slovan Bratislava, 19 Sibir Novosibirsk, 20 Neftekhimik Nijnekamsk, 21 Avtomobilist Ekaterinbourg, 22 Amur Khabarovsk, 23 Severstal Cherepovets, 24 Medvescak Zagreb, 25 Yugra Khanty-Mansiysk, 26 Spartak Moscou, 27 Lada Togliatti, 28 Dinamo Riga, 29 Metallurg Novokuznetsk.

 

SKA Saint-Pétersbourg (1er) : à vaincre sans péril...

Jamais la KHL n'avait été autant dominée par une équipe. Sensible dès l'automne avec une série astronomique de 15 victoires, la suprématie du SKA a surtout été évidente en play-offs. Deux défaites seulement en quatre tours témoignent d'un titre qui n'a pas souffert de la moindre contestation. Rien ne pouvait enrayer la machine à gagner qui avait renforcé son effectif incomparable au cours de la saison. Elle est donc devenue championne en l'absence de deux des trois plus gros salaires de la KHL, Pavel Datsyuk et Vyacheslav Voinov, blessés. Et ce alors que le plus haut salaire d'entre tous, Ilya Kovalchuk, était moins performant sans Datsyuk à ses côtés.

Même le poste de gardien était couvert contre les imprévus. La sortie de Mikko Koskinen, touché au pied en finale de conférence, n'engendrait plus aucune inquiétude depuis la série d'invincibilité de sa doublure Igor Shestyorkin début octobre (272'08" sans prendre de but). Le jeune gardien russe Shestyorkin est devenu mentalement plus stable et a pris exemple sur son modèle finlandais pour économiser son énergie : il a appris à jouer plus près de sa cage et à compter plus sur son positionnement.

Les vedettes du SKA n'ont pourtant pas échappé aux critiques. La ligne-vedette Gusev-Shipachyov-Dadonov continuait d'accumuler les points par ses combinaisons en supériorité numérique, mais leur jeu à 5 contre 5 ne plaisait guère à leur entraîneur Oleg Znarok. Mais malgré une certaine indolence par moments, le SKA restait si talentueux qu'il pouvait dominer la possession. La plus belle, la plus spectaculaire des équipes de KHL, assurément. Mais pas la plus aimée.

" À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ", écrivait Corneille. Pour le SKA, ce titre "trop facile" annonce un violent retour de bâton. La KHL, qu'il présidait autrefois par le truchement d'Aleksandr Medvedev, s'est retournée contre lui en décidant l'instauration d'un plafond salarial. Le champion tout puissant, dont le trio-vedette lorgne vers la NHL, sera de plus en plus ligoté.

 

Metallurg Magnitogorsk (2e) : meilleurs vieux de l'Oural

Magnitogorsk n'a pu gagner qu'un match (le deuxième) en finale, et uniquement au prix d'une héroïque prestation défensive, puisque le SKA a totalisé 103 tirs (cadrés, non cadrés, bloqués) ce soir-là. Cela en dit long sur les différences de niveau qui se creusent en KHL puisque le Metallurg avait lui-même été sans rival dans la Conférence Est.

L'entraîneur Ilya Vorobiev a hérité des principes défensifs de son père et presse peu sans palet, mais il prône un hockey riche en combinaisons quand son équipe a la possession. Avec ses diagonales, ses permutations et ses passes en retrait, le Magnitka étire les défenses et s'installe pour de longues présences. Cela fait quatre ans que le trio Zaripov-Kovar-Mozyakin joue ensemble et il est toujours aussi difficile de leur prendre le palet.

Face à une adversité affaiblie, les vétérans russes ont explosé tous les records. Sergei Mozyakin a dépassé les 1000 points en carrière en championnat, mais a aussi établi le record de buts en une saison (play-offs inclus) en surpassant les chiffres les plus élevés de l'ex-URSS. La majorité de ces buts ont été inscrits avec son slap ravageur. L'autre ailier Danis Zaripov a pris le record de buts en play-offs, avec trois triplés au passage. Le centre tchèque Jan Kovar ne se contente pas de les alimenter en passes, mais distribue aussi des mises en échec et s'engage à fond dans les bandes.

Les points se sont aussi accumulés au compteur de Chris Lee, ancien attaquant sans grand avenir (division III de NCAA) qui s'était reconverti à l'arrière à 25 ans. Devenu un défenseur offensif incontournable, il n'a pas déparé en intégrant à 36 ans l'équipe du Canada aux championnats du monde et a maintenant les JO dans le viseur.

 

Lokomotiv Yaroslavl (3e) : une identité de jeu

Pour rivaliser avec des adversaires plus riches, le Lokomotiv Yaroslavl s'appuie sur un jeu très schématique qui laisse peu de place à la créativité. En phase défensive, l'entraîneur Aleksei Kudashov a mis en place un 1-3-1 que ses hommes appliquent bien pour bloquer complètement la ligne rouge centrale.

Mais si le Lokomotiv a encore terrassé un géant (le CSKA) pendant les play-offs, c'est aussi parce que le jeu de puissance a alors fonctionné à la perfection. Les 5 étrangers y étaient regroupés sur la même unité disposée en parapluie : Jakub Nakladal occupe la pointe, Staffan Kronwall se place dans le cercle droit pour des reprises puissantes, et Petri Kontiola dans le cercle gauche pour organiser le jeu. Brandon Kozun est présent devant la cage avec ses mains rapides pour les déviations, pendant que Max Talbot ouvre les lignes de passe en bougeant les défenseurs adverses et en bloquant leurs crosses.

La qualification face au CSKA a donné lieu à un beau défi physique mais a été chèrement payée avec la blessure d'un joueur-clé, Kozun. Un handicap avant d'affronter le SKA en finale de la Conférence Ouest. Le Lokomotiv a mené dans les trois premières rencontres, y compris deux fois à Saint-Pétersbourg avant de s'incliner sur des buts décisifs de ses anciens joueurs Patrik Hersley - défenseur trop offensif pour le style de jeu de Yaroslavl et transféré au SKA en octobre - et Sergei Plotnikov. Le travail et la détermination n'ont jamais failli, mais le Loko n'a pu décrocher aucune victoire. Le SKA reste maître de toutes choses, et il le prouvera à l'intersaison en recrutant le défenseur Vladislav Gavrikov, révélation de la saison de Yaroslavl qui a brillé aux championnats du monde. Il s'agit d'un pur produit du Lokomotiv.

L'avantage de Yaroslavl est en effet de toujours disposer d'une bonne école de formation, dont les meilleurs éléments sont prêts pour l'équipe première grâce à une identité de jeu affirmée dès les juniors. La ligne de 20 ans Polunin-Kraskovsky-Koshkov a été une belle découverte et elle incarne l'avenir du Loko.

 

Ak Bars Kazan (4e) : le système n'a plus ses leaders

Après un début de saison moyen, Kazan a profité d'un calendrier facile pour prendre la tête de la Conférence Est à la trêve de novembre après 12 victoires en 14 rencontres plutôt abordables. On vantait alors le parfait équilibre d'une équipe au temps de jeu équitablement distribué, où le danger pouvait venir de chaque ligne. Tous pratiquent le même système bien rodé de Zinetula Bilyaletdinov, qui ne déroge jamais à certains principes comme le repli du troisième joueur.

Face à des adversaires de niveau supérieur, cette qualité devenait cependant un défaut. Ak Bars n'a plus de joueurs-clés capables de renverser un match. Les deux ailiers étrangers ont longtemps été critiqués. L'heure de vérité sonnait en play-offs. Le premier trio Azevedo-Tkachyov-Sekac a mené l'équipe à la victoire importante dans le derby contre Ufa au premier tour. Mais il a été inexistant - et finalement séparé - dans la qualification contre Omsk, obtenue par tout le groupe pour fêter les 1000 matches de l'entraîneur Bilyaletdinov.

En finale de Conférence contre le champion sortant Magnitogorsk, tous les attaquants furent logés à la même enseigne : celle de l'inefficacité. L'ancien héros de Kazan pendant douze ans, Zaripov, porta le coup de grâce contre son ancien club et rappela aux nostalgiques les temps glorieux où Kazan avait des leaders de haut niveau pour sublimer le collectif.

 

CSKA Moscou (5e) : une domination non aboutie

En trois saisons comme entraîneur du CSKA, Dmitri Kvartalnov a obtenu un pourcentage de victoires de 74,6%, digne des temps glorieux du club militaire à l'époque soviétique. Il a remporté trois fois la saison régulière, mais n'a jamais su confirmer dans la course à la Coupe Gagarine. Une élimination cruelle après avoir mené 3 victoires à 0 contre le SKA la première année, une défaite au match 7 de la finale la deuxième année, et pour cette troisième année, la moins bonne performance, une élimination en cinq manches dès le deuxième tour contre le Lokomotiv Yaroslavl.

Les adversaires majeurs, ceux qu'il faut battre en play-offs, connaissent maintenant le système à forte intensité de Kvartalnov et se sont adaptés à gérer la forte pression physique. Le système seul ne fait pas la différence, il faut que les individualités se montrent à la hauteur. Or, hormis Stéphane Da Costa entre deux passages à l'infirmerie, elles ne sont jamais vraiment épanouies. Les recrues notamment n'ont pas compensé les départs en NHL de Zaitsev et Radulov.

Ce CSKA dominateur en saison régulière a donc manqué de figure médiatique forte, alors même que le remplissage des tribunes est désespérant. Six des plus faibles affluences de l'histoire de la Coupe Gagarine sont dues au CSKA. Cela peut contribuer à une certaine lassitude des joueurs moscovites qui ne semblaient plus trouver le même plaisir.

Kvartalnov a donc été renvoyé, payant aussi sa gestion discutable des gardiens : il a enlevé le poste de titulaire à Ilya Sorokin à la première défaite en play-offs, mais quand Viktor Fasth a faibli à son tour, Sorokin n'était plus là, officiellement "un peu fiévreux". Le président Igor Esmantovich, qui a pris la direction exécutive du club en rétrécissant les pouvoirs de Sergei Fedorov, va donc pouvoir reconstruire d'une feuille en grande partie blanche, avec de gros moyens financiers.

 

Dynamo Moscou (6e) : prise de contrôle officieuse

Le Dynamo Moscou a toujours manqué d'un vrai meneur offensif, et cela ne s'est pas arrangé cette saison avec un entraîneur - Sergei Oreshkin - ayant du mal à se faire respecter des vétérans. Même le cadre de l'équipe Aleksei Tsvetkov a été laissé une fois sur le banc. L'attaquant tchèque Lukas Kaspar a été écarté et placé deux fois sur la liste des transférables avant d'être réintégré plus tard. Le seul à maintenir un haut niveau de performance était donc le gardien Aleksandr Eryomenko : le champion du monde 2008 et 2009 a obtenu à 35 ans les meilleures stats de sa carrière à 95% d'arrêts.

Pendant une première moitié de saison médiocre, le Dynamo flirtait avec la barre de qualification. Puis soudain, il s'est mis à enchaîner les victoires. Avec quels changements ? Les séances d'entraînement ont été raccourcies à 45 minutes pour être plus intenses. Un nouveau préparateur physique, Ivan Skobrev, a été engagé. Et alors que toutes les lignes évoluaient en jeu de puissance en début de saison pour s'en imprégner et pallier les rotations contraintes par les blessures, de vraies unités spéciales ont été mises en places. Beaucoup voient dans ces ajustements la "patte" de l'entraîneur-adjoint Vladimir Vorobiev, dont la prise de pouvoir sera officielle l'an prochain. Malgré sa suggestion de retourner chez les juniors ou la réserve, Oreshkin sera renvoyé.

Le Dynamo n'a pourtant pas à rougir de ses play-offs. Il y a obtenu une aide inattendue avec 3 buts de la zone neutre (!) du défenseur Andrei Kuteikin. Mais ce sont les 3 buts en prolongation de Maksim Karpov qui ont permis de battre le Torpedo et de gagner une manche contre le SKA. Il n'y avait pas mieux à faire pour le Dynamo contre l'équipe de son ancien entraîneur Oleg Znarok, rival honni contre lequel le club moscovite a pris plusieurs amendes pour des banderoles et des chants insultants de ses supporters...

La saison sportive encourageante ne masque pas les graves problèmes du club : le Conseil d'Administration central du Dynamo omnisports, qui détenait certaines clés financières et notamment le terrain sur lequel est implantée la base d'entraînement de Novogorsk, a décidé de se substituer au club de hockey financièrement à bout de souffle... mais sans assumer les dettes, dont les salaires impayés. La KHL a donné son blanc-seing à la manœuvre, au risque d'entamer sa crédibilité.

 

Avangard Omsk (7e) : une philosophie trop passéiste

Depuis sa saison 2013/14 ratée, l'Avangard plafonne. Il a été éliminé au deuxième tour des play-offs pour la troisième année consécutive. Ce fut rageant face à un adversaire, Kazan, presque équivalent : il avait terminé la saison régulière avec le même nombre de points, le même nombre de buts encaissés et un but marqué de moins ! Mais Omsk a tout de suite perdu l'avantage de la glace, sur un but en prolongation qui a fait mal. Le gardien tchèque Dominik Furch, moins convaincant que l'an passé, aurait dû arrêter ce tir...

Cette série était la revanche entre deux entraîneurs qui s'étaient déjà affrontés... dix ans plus tôt en finale du championnat 2007. Fedor Kanareïkin s'était alors imposé avec Magnitogorsk contre l'Ak Bars déjà coaché par Bilyaletdinov. On fait le même reproche à ces deux entraîneurs  : celui de ne pas avoir évolué depuis l'époque de la Superliga, et de préférer un jeu passif de contre-attaques à un hockey plus moderne.

Il est vrai que Kanareïkin, arrivé pendant la pré-saison, s'est vite défié de la recrue majeure Derek Roy, tout juste champion de Suisse avec Berne. Le Canadien, trop technique à son goût et trop peu besogneux dans les coins et en défense, a été envoyé à Chelyabinsk début novembre sans même avoir un autre étranger en vue sur le marché. Un autre ancien joueur de NHL, l'ailier américain David Booth, est arrivé un peu plus tard sans marquer son passage.

De fait, le centre tchèque Vladimir Sobotka, qui a pris son mal en patience après être resté contre son gré, et l'ailier Nikolaï Lemtyugov, auteur de la meilleure saison de sa carrière, n'ont jamais trouvé de troisième partenaire idéal pour la première ligne. Sans son vieux compagnon Popov viré pendant l'été (et assez performant au CSKA), Aleksandr Perezhogin a sérieusement décliné jusqu'à se retrouver en tribune pendant les play-offs. Heureusement que la deuxième ligne a bénéficié des belles progressions de Valentin Pyanov, de retour de blessure, et d'Ilya Mikheev, jeune joueur formé au club. Les attaques placées n'ont néanmoins jamais été le fort de l'Avangard, qui a vite tourné la page Kanareikin.

 

Barys Astana (8e) : la performance sans la testostérone

Après le licenciement du bouillant Andrei Nazarov, le principal club du Kazakhstan a changé de style de coaching. Plus de cris ni de fureur. Eduard Zankovets exprime son point de vue dans des débriefings précis, dans lequel il décortique les aspects tactiques à la vidéo. Cette approche plus pédagogique a bien fonctionné avec les jeunes joueurs. Le système de jeu, qui privilégiait la possession du palet, était sans doute plus adapté à la composition de l'équipe.

La diminution des effluves de testostérone sur le banc n'aura donc pas affecté la performance du Barys. Le club avait la réputation de se rater en play-offs, il a cette fois passé le premier tour pour la seconde fois seulement de son histoire. Le Traktor a été éliminé en six manches malgré l'absence de Bochenski. Konstantin Pushkaryov a su le remplacer en première ligne sans nuire à la performance des Nord-Américains. Ils ont inscrit les quatre buts décisifs de la qualification : un pour Nigel Dawes, deux pour Dustin Boyd et un en prolongation pour l'attaquant de la deuxième ligne Martin Saint-Pierre. Même s'ils se sont montrés actifs, les joueurs d'Astana n'ont cependant rien pu faire au tour suivant contre le premier trio déchaîné de Magnitogorsk.

À Astana, la désillusion est surtout survenue en fin de saison. Après le retour manqué du Kazakhstan dans l'élite mondiale, Brandon Bochenski a annoncé sa retraite à 35 ans pour se concentrer sur sa famille. Il était le meilleur marqueur étranger de l'histoire de la KHL avec 397 points en 399 parties sur sept saisons. Courageux et collectif, Bochenski était un leader sur la glace et dans le vestiaire et laissera un vide sur la première ligne, tant en club qu'en sélection nationale.

 

Dynamo Minsk (9e) : intérêts divergents

Si l'équipe nationale du Bélarus est parfois déprimante à voir jouer, le Dynamo Minsk a de quoi susciter plus d'enthousiasme de la part de ses nombreux supporters. Il n'est certes pas un modèle de constance et a ses mauvais jours, mais dans ses bons jours, il est redoutable, ne baissant jamais les bras avec peu de points faibles et de belles qualités individuelles.

Une belle cinquième place de conférence a couronné la saison, et la série contre le Lokomotiv Yaroslavl paraissait la plus ouverte à l'Ouest. Malheureusement, le gardien Ben Scrivens ne s'y est pas montré à son meilleur niveau. Le Canadien, sans doute la principale star du club, est parfois un peu lent à jouer le palet derrière sa cage. Ses défenseurs ont aussi tendance à perdre le contrôle du puck sous la pression, et le Loko a su exploiter cette faille en les poussant à la faute. Malgré l'élimination, le bilan sportif reste satisfaisant.

Néanmoins, les intérêts du Dynamo et de la sélection nationale continuent de diverger. En décembre, le club a coupé dans ses dépenses en écartant trois gros salaires aux performances jugées moyennes : le défenseur tchèque Lukas Krajicek et surtout les naturalisés Nick Bailen et Charles Linglet. On se demandait alors si ces deux joueurs, une fois chassés du pays et avec une perspective olympique refermée, mettraient le même entrain à revêtir le maillot biélorusse. C'est toujours le cas pour un Linglet reconnaissant et nullement rancunier, mais pas pour l'instant pour Bailen, sans qui la défense du Bélarus reste faible.

Les dommages collatéraux peuvent survenir dans les deux sens : après la piètre prestation aux championnats du monde, le président de la République, Aleksandr Loukatchenko, a réclamé que le Dynamo ait moins d'étrangers. Rester à ce niveau de performance serait alors compliqué.

 

Torpedo Nijni Novgorod (10e) : quelques bêtises coupables en play-offs

Le système de jeu de l'entraîneur letton Peteris Skudra est agressif et intensif en patinage sans palet. Il n'a pas toujours fonctionné offensivement, faute de buteur efficace, mais a été solide défensivement. Quelque mérite en revient aux gardiens Ilya Proskuryakov, auteur d'un excellent début de saison, et Mikhaïl Biryukov, qui a bien suppléé le décevant Kasutin en arrivant en décembre.

Dommage que ces deux portiers aient commis deux erreurs en play-offs contre le Dynamo Moscou : Biryukov a encaissé un but de la ligne rouge au premier match, et Proskuryakov n'a pas contrôlé un palet facile en prolongation du quatrième match. Or, la moindre erreur était capitale dans cette série où quatre manches sur cinq sont allées jusqu'au temps supplémentaire.

Le Torpedo a terminé avec un effectif diminué. Les ex-joueurs de NHL Aleksandr Frolov et Nikolai Zherdev ont été écartés par choix du coach, pour des faits de jeu. Deux éléments importants se sont blessés, l'attaquant Vladimir Galuzin en troisième période du match 4 et le défenseur Dmitry Shulenin... en s'échauffant avant le dernier match. Il s'est cassé deux orteils contre un banc en essayant d'atteindre la balle en jouant au football. Le prix de la blessure la plus idiote sera donc le seul trophée de la saison du Torpedo.

 

Traktor Chelyabinsk (11e) : un nouveau style plus physique

Le Traktor Chelyabinsk a fait un retour remarqué dans le haut du tableau en se construisant une nouvelle identité : un hockey défensif et physique. Ce style de jeu convenait comme un gant au Canadien Paul Szczechura, devenu le nouveau leader offensif, mais un peu moins aux joueurs tchèques qui ont progressivement perdu en influence.

S'il ne doit en rester qu'un, ce sera celui-là : moins entouré de compatriotes tchèques, le gardien Pavel Francouz (en photo) se disait "désespéré par moments" que le jeune Vasily Demchenko lui soit préféré au Traktor en début de saison. Il a fini par se faire à l'alternance systématique mise en place, puisqu'il a dominé toutes les statistiques en saison régulière. Solidifié par cette concurrence, Francouz a pris la place de numéro 1 dans les cages de la République tchèque et l'a défendue face à Mrázek lors du championnat du monde.

Quelques semaines plus tôt, le Traktor avait abordé les play-offs à l'Est en position de tête de série, mais s'était incliné au premier tour contre le Barys Astana. L'affrontement entre les deux équipes, très défensif et peu spectaculaire, aura tout de même apporté un élément encourageant : Vitali Kravtsov y est devenu le plus jeune buteur de la courte histoire des play-offs de KHL, à 17 ans et 2 mois, plus précoce que les anciens prodiges de Chelyabinsk, Kuznetsov et Nichushkin. À suivre...

 

Vityaz Podolsk (12e) : une saison au poil

En plus du Traktor, il y a une autre équipe de KHL dont le jeu était en net progrès cette saison : le Vityaz Podolsk. Longtemps adjoint de Bilyaletdinov à Kazan, Valeri Belov a mis en place un système au positionnement très précis dans le jeu sans palet, et capable de doser la patience et l'agressivité selon l'adversaire.

Le succès du système s'est incliné individuellement dans tous les joueurs. L'expérimenté Aleksei Kopeikin, dont les tirs en angle fermé sont redoutables, a battu son record de carrière avec 51 points, de quoi donner des regrets au Sibir qui avait laissé partir son ancien capitaine. Et qui eût cru que le vieux Maksim Afinogenov, que Belov aurait insisté pour garder car il saurait utiliser sa vitesse, inscrirait 47 points à 37 ans ?

Chose encore plus rare dans la KHL, les cinq étrangers ont tous donné satisfaction : les attaquants Miro Aaltonen, Mario Kempe et Roman Horak, le défenseur Jakub Jerabek et, pour sa troisième saison, le gardien Harri Säteri. Ils ont tous pris de la valeur avec cette bonne saison... et ont tous signé avec des franchies NHL pour l'an prochain.

Les spectateurs de Podolsk, plus nombreux avec l'amélioration des résultats, ont donc enfin eu droit eux aussi aux play-offs de la KHL. Les dirigeants les ont remerciés avec des billets bon marché, à 8 euros pour les meilleures places. Ils se sont arrachés et les queues furent mémorables. L'élégant président du club Mikhaïl Golovkov a tenu à marquer l'évènement à sa manière : dans son costume impeccable, il était mal rasé pour observer la même tradition que ses joueurs. Mais face au tout puissant SKA, les barbes de play-offs n'ont pas poussé bien longtemps : quatre manches sans rémission. Malgré l'ultime lourde défaite 1-7, le public a réservé une ovation méritée à son équipe pour l'ensemble de sa saison.

 

Jokerit Helsinki (13e) : irrégulier mais toujours présent

Après avoir changé d'entraîneur (Jukka Jalonen a remplacé l'autre ex-sélectionneur finlandais Westerlund), les Jokerit ont semblé perdre la stabilité qui faisait leur force. Ils restaient capables de grandes performances, mais aussi de prestations catastrophiques. Le centre danois Peter Regin est resté à très bon niveau, mais s'est senti bien plus isolé. Et on ne comprend guère comment le solide défenseur titulaire de l'équipe de Finlande, Topi Jaakola, a pu finir avec une fiche si épouvantable (-19 en saison régulière et -4 en play-offs).

Le comble de l'irrégularité a été atteint au mois de janvier : les Jokerit y ont battu deux fois le futur champion SKA, mais n'a gagné qu'une seule des onze autres rencontres face à des adversaires théoriquement plus abordables. Ils n'avaient alors même plus leur destin en mains pour la qualification en play-offs, menacée par Sotchi.

Les Finlandais ont finalement sauvé la 8e place de la Conférence Ouest, et se sont retrouvés face au CSKA. Le système compact de Jukka Jalonen a certes permis de tenir tête au vainqueur de la saison régulière (avec trois rencontres en prolongation), mais il a été trop inoffensif en attaque pour décrocher la moindre victoire.

Certains pensaient que l'aventure KHL se terminerait là du fait d'un attrait de la nouveauté dissipé et d'un intérêt amoindri, mais Harry Harkimo a confirmé que le club s'était réengagé pour 5 ans dans la ligue russe, où il passera donc ses festivités du cinquantenaire.

 

Salavat Yulaev Ufa (14e) : les ambitions plombées

Les ambitions de jeu rapide et spectaculaire de l'entraîneur Igor Zakharkin ont été plombées toute la saison par les blessures de joueurs-clés : Soïn en permanence, Grigorenko en début de saison, Hartikainen et les deux Makarov pour les play-offs. Surtout, le centre suédois Andreas Engqvist ne s'est jamais remis de sa blessure au dos en septembre, et on a mis fin à son contrat trois mois plus tard. Le remplaçant arrivé très tardivement, Tomas Mertl, n'était pas à son niveau, et Zakharkin s'est plaint jusqu'à la fin de ne pas avoir deux véritables premières lignes offensives à disposition.

Orphelins d'un véritable premier centre, les deux ailiers Linus Omark - revenu pour les play-offs avec une jambe tout juste déplâtrée - et Kirill Kaprizov ont pourtant connu une belle saison. On peut même parler de révélation dans le cas de Kaprizov, qui était considéré comme un talent techniquement doué mais pas exceptionnel. Il a pourtant battu les records de points et de buts en KHL pour un junior (records détenus jusque là par Kuznetsov). Malgré sa petite taille, il n'hésite pas à se frotter à plus grand que lui dans les coins.

Si la saison du Salavat a connu beaucoup de creux, c'est aussi à cause de gardiens chancelants. Sous les 90% d'arrêts en saison régulière, Niklas Svedberg n'inspirait toujours pas confiance à ses équipiers qui "réclamaient" parfois sa doublure Andrei Gavrilov : ce dernier a néanmoins des défauts techniques, il joue avec courage et agressivité mais sort si loin de sa cage qu'il devient une proie facile pour les rebonds. Et pourtant, de manière inexplicable, Svedberg est encore devenu performant en play-offs, comme l'an passé.

Les play-offs, Ufa a pourtant failli les rater. Une série de neuf défaites a été arrêtée in extremis à l'avant-dernier match contre Kazan : suffisant pour retrouver ce même adversaire de toujours au premier tour. Les Bachkires ont livré une opposition digne, mais sans espérer renverser la hiérarchie. Plusieurs fois au bord du licenciement, Zakharkin a alors remis sa démission, attendue car il jugeait le manager Leonid Veisfeld trop peu à l'écoute de ses doléances et des besoins de l'équipe en cours de saison.

Mais ce qui navre les fans, c'est le départ de Kaprizov au CSKA Moscou. C'est la première fois qu'un club ambitieux laisse partir un espoir de ce calibre chez un concurrent. Rien ne l'obligeait puisque les jeunes sont sous contrat. Mais ce transfert apparaît "forcé" par des intérêts supérieurs. En effet, le bailleurs du fonds du CSKA, la compagnie pétrolière Rosneft, a racheté en octobre Bashneft, sponsor principal du Salavat... Ce transfert symbolise donc l'hégémonie de deux gros clubs (CSKA et SKA) sur la KHL, qui devient de plus en plus étouffante.

 

Admiral Vladivostok (15e) : coup de foudre immédiat sur la glace

L'Admiral a été porté dès le début de saison par un duo offensif. L'ailier Robert Sabolic a toujours eu un bon lancer, mais on sait qu'il a besoin d'une bonne interaction, comme il l'a en équipe de Slovénie avec ses collègues d'enfance Ticar et Jeglic. Or, dès qu'il a été placé avec Vladimir Tkachyov, centre de 21 ans qui n'avait presque pas joué en KHL (quatre apparitions), ce fut le banco. Ils se comprenaient parfaitement sur la glace. Le centre technique Tkachyov est ainsi devenu le rookie de l'année avec ce partenaire idéal.

Le succès de Vladivostok n'a pas négligé la défense. Doté de bonnes statistiques, le gardien Igor Bobkov a rendu hommage aux nombreux tirs bloqués par ses défenseurs. Et dans ce domaine, le maître a été Anton Volchenkov : c'était déjà son point fort quand il évoluait en NHL, mais on ne s'attendait peut-être pas à ce solide retour au jeu à 34 ans après une année sabbatique.

La qualification de l'Admiral a été obtenue de peu, mais il n'a pas été un adversaire si facile en play-offs, du moins sur sa petite glace. En l'absence de Sabolic blessé, Maksim Kazakov a été le buteur majeur en plantant cinq fois dans les filets d'Omsk (son club formateur qui l'avait rejeté en début de saison). L'Avangard a donc dû s'incliner deux fois au bord de la mer de Chine, mais en revenant pour le match 6, il s'était adapté en jouant plus physique et est sorti vainqueur.

 

Kunlun Red Star (16e) : l'improbable challenge

Le projet d'équipe chinoise en KHL a été soutenu au plus haut niveau par deux gouvernements, la Russie et la Chine. Pour autant, réussir la greffe auprès de la base est un tout autre défi. Petite-fille d'un général de la guerre russo-japonaise, mais ayant grandi aux États-Unis où elle a été diplômée de l'université Columbia, la présidente du club Emma Liao sait que son défi principal réside dans le marketing. Elle vise avant tout les étrangers, les étudiants, mais aussi les fans des deux sports qui ont pris une longueur d'avance dans leur développement dans l'Empire du Milieu, le football et le basket.

Le public chinois reste plutôt interloqué actuellement, surtout à Shanghai où les tribunes sont restées vides. Se concentrer sur la ville olympique Pékin pourrait aider une organisation encore balbutiante. Quant au développement des jeunes Chinois, il reste embryonnaire. Le principal espoir local Rudi Ying a appris le hockey sur les patinoires des centres commerciaux de Pékin avant de partir pour Chicago à 9 ans. C'est une vedette en Chine parce que son grand-père Ruocheng Ying (Le Dernier Empereur) et son père Da Ying (Adieu ma concubine) sont des acteurs célèbres. Ses 65 minutes de temps de jeu cumulé sur la saison sont toutefois restées discrètes avec une fiche de -1, 2 minutes de pénalité, 3 tirs cadrés, 1 tir bloqué et 3 mises en échec, mais il n'a après tout que 18 ans.

La réussite de cette première saison tient dans la combinaison rapide de cette troupe multiculturelle. Elle a été particulièrement efficace en avantage numérique avec les lancers des défenseurs finlandais (Tuukka Mäntylä, Janne Jalasvaara...) à la ligne bleue et plutôt des attaquants nord-américains pour conclure (Chad Rau, Sean Collins). Le Français Damien Fleury y est parvenu à l'occasion mais n'a pas eu son meilleur rendement aux tirs (6,8% seulement).

L'entraîneur russe Vladimir Yurzinov a fait le plus difficile en construisant une équipe à partir de rien, et Mike Keenan, réticent à relever ce challenge improbable l'an dernier, pourrait tirer les marrons du feu en le remplaçant désormais. Le Canadien, engagé dans la perspective du projet olympique de 2022, a déjà reçu un objectif sérieux pour la saison prochaine selon le communiqué du club : passer un tour en play-offs.

 

HK Sotchi (17e) : post olympium animal triste

Le soufflé olympique est vite retombé dans la ville-hôte des Jeux olympiques 2014. Dans une patinoire qui sonne de plus en plus creux, le HK Sotchi, qualifié pour les play-offs à ses deux premières années d'existence, a cette fois échoué à la neuvième place d'une Conférence Ouest relevée.

Le gardien Konstantin Barulin a pourtant été toujours aussi solide, mais l'attaque a été nettement moins productive. Pourtant, les leaders offensifs étaient toujours les mêmes : André Petersson, Andrei Kostsitsyn et Ilya Krikunov. Il faut dire que les joueurs avaient quelque excuse à être distraits de leur objectif : en pleine dernière ligne droite pour la qualification, ils avaient trois mois de retard dans le versement de leurs salaires.

Les dirigeants ont évidemment trouvé un autre responsable : l'entraîneur Vyacheslav Butsaev, qui n'a plus fait de miracles à sa troisième saison. Ils ont donc cherché un spécialiste capable de comprendre à la fois les mentalités russe et "occidentale". Il s'agira de l'ancien défenseur de NHL Sergei Zubov, qui n'a qu'une seule année d'expérience comme entraîneur-chef (au SKA en 2015/16).

 

Slovan Bratislava (18e) : un cadeau de Noël pour mettre fin à la grève

Des retards de paiement, les joueurs du Slovan Bratislava en ont également subi. Ils ont menacé de faire grève et de ne pas rechausser les patins après les fêtes de Noël si les trois mois d'arriérés ne leur étaient pas versés. Le cadeau déposé au pied du sapin a d'ailleurs fait effet : le club slovaque a alors marqué des points pendant dix rencontres consécutives (dont neuf victoires). Malheureusement, cette belle série est arrivée trop tard pour rattraper le retard.

L'entraîneur Milos Riha a aussi avancé comme excuse les blessures, et il est difficile de lui donner tort. Elles ont certes épargné les Nord-Américains, en revanche les attaquants tchèques d'expérience Vaclav Nedorost et Radek Smolenak sont allés deux fois à l'infirmerie. Les blessures de trois internationaux slovaques, Andrej Meszaros, Marek Daloga et Michal Sersen, ont indéniablement affaibli la défense. Cela aura par contre permis à l'international italien d'origine canadienne Nick Plastino, jamais absent, de réussir une belle première saison en KHL en devenant le leader des lignes arrières.

 

Sibir Novosibirsk (19e) : la fin d'une belle époque

Une période faste s'est achevée au Sibir Novosibirsk. Après s'être mêlé aux grands clubs pendant quatre ans, le club sibérien a subi une sévère déconvenue en ratant les play-offs. Il avait pourtant tout pour y accéder. Il avait fait le plus difficile avec cinq victoires de suite fin janvier, dont deux contre les rivaux directs Kunlun et Admiral, mais perd des points dans les quatre dernières rencontres face à des équipes à sa portée, éliminé à égalité de points avec les Chinois.

Il est certain que l'absence d'Alexander Salak a été une lourde perte. Une glissade, un mauvais choc contre un poteau lors d'un match chez le Spartak en octobre, et le gardien tchèque a dû être opéré des ligaments du genou gauche. Le Sibir avait remporté 25 points en 15 rencontres avec Salak, soit un rythme de 100 points sur une saison complète qui l'aurait mis dans le top-4 de sa conférence. Recruté en remplacement, le gardien Danny Taylor, au style moins agressif, n'a pas su faire oublier Salak qui était aussi un leader de vestiaire.

Au match qui a suivi la sortie de Salak, c'est le meilleur marqueur Maksim Shalunov qui s'est blessé à son tour. Mais son absence a permis de révéler Konstantin Okulov, tant par son dynamisme que par son lancer (17 buts !). Il a été vite repéré par l'équipe nationale... et par les recruteurs des grands clubs.

Avant la clôture des transferts, le CSKA a en effet approché le Sibir pour essayer d'engager son duo dominant Shalunov-Shumakov. Le manager Kirill Fastovsky a refusé, en dépit de la situation financière difficile (malgré une patinoire pleine, le club ne génère que 20% de ses revenus et dépend des gros bailleurs de fonds publics car le tissu économique local est faible). Il a voulu jouer le jeu jusqu'au bout, sportivement, mais n'a retardé l'échéance que de quelques mois puisque ces joueurs arrivaient en fin de contrat cet été.

Endetté (on parle d'un trou de 10 millions de dollars), le Sibir risque d'avoir du mal à se remettre cette fois du départ programmé de ses vedettes. Après ses débuts rêvés, avec le bronze de 2015, l'entraîneur Andrei Skabelka a fini par perdre l'emprise sur son vestiaire au cours de sa troisième saison. Son autoritarisme ne passait plus, notamment les mesures disciplinaires vexatoires (interdiction de rentrer chez soi et entraînement forcé pendant la trêve internationale). Les compliments envers la "brute" Evgeny Artyukhin étaient mal perçus car tout le monde ne le percevait pas aussi positivement (fiche de -14 et 115′ minutes de pénalité). Tout sera donc à reconstruire avec un nouveau coach.

 

Neftekhimik Nijnekamsk (20e) : les entraîneurs jetables

Habitué à être une des équipes les moins médiatiques de KHL, le Neftekhimik Nijnekamsk a pourtant fait des efforts pour attirer l'attention. Sa gestion des entraîneurs tient du livre Guinness des records... ou d'un livre de plaisanteries. Le 3 octobre, le club tatar a perdu 5-4 à Astana (après avoir mené 2-4) et Evgeni Popikhin s'est fait licencier avec ses deux assistants. Le Neftekhimik a alors engagé Nikolaï Solovyov, qui avait réussi "l'exploit" d'être viré six jours après le début de saison par le Metallurg Novokuznetsk. Et ce coup-ci, Solovyov a tenu... trois semaines et demie !

Fin octobre, le Neftekhimik en était donc déjà à embaucher son troisième coach. L'ex-entraîneur Vladimir Krikunov a alors donné ce conseil à Sport Express : " Cela ne sert à rien de changer d'entraîneur. Cela fait trois ans qu'ils changent sans arrêt. Changez une fois le manager Viktor Levitsky et tout ira bien. J'ai travaillé deux fois trois ans à Nijni Novgorod sans cette personne et on n'avait pas de problème à atteindre les play-offs. " Krikunov a visiblement gardé un plus mauvais souvenir de ses deux derniers passages au club - plus brefs... - avec Levitsky, qu'il décrit comme un ignorant dans son recrutement !

Au troisième essai, Levitsky a embauché un autre entraîneur viré ailleurs un peu plus tôt, le sulfureux Andrei Nazarov. Sous surveillance car soupçonné d'inciter à la bagarre et aux mauvais coups, Nazarov durcissait nettement le ton par rapport aux calmes Popikhin et Solovyov. Il a rendu l'équipe plus rugueuse et agressive, mais aussi plus constante dans son effort de patinage. Comme à Astana, il s'est s'appuyé essentiellement sur son trio importé (Sexton-Brulé-Gynge).

La valse des entraîneurs n'a cependant pas totalement transformé les résultats de l'équipe : il y avait 1 point de retard sous la barre de la qualification avec Popikhin, 6 avec Solovyov, et finalement 3 avec Nazarov.

 

Avtomobilist Ekaterinburg (21e) : la panne de Golyshev

Sur la lancée d'une présaison prometteuse, l'Avtomobilist Ekaterinbourg semblait bien parti avec son hockey énergique et agressif. Mais ce style de jeu qui requiert énormément de patinage nécessite une condition irréprochable. Très tôt, l'équipe a semblé accuse la fatigue. Comme elle n'avait plus la supériorité sur ses adversaires dans l'intensité, elle ne pouvait plus maintenir la pression qui faisait sa force.

Le jeune entraîneur Andrei Razin, qui avait calmé les excès de sa première saison, semblait ne plus trouver de solutions. Début octobre, après une sixième défaite consécutive, il avait déjà voulu remettre sa démission, mais ses joueurs lui avaient demandé de rester. Il a tenu jusqu'à la fin du mois, mais a été finalement soulagé de se faire virer. " Mieux vaut une fin horrible qu'une horreur sans fin ", a-t-il commenté... Compte tenu de la faiblesse de la Conférence Est, la situation au classement n'était pas désespérée, avec seulement trois points de retard sur la zone des play-offs. Le nouvel entraîneur Vladimir Krikunov n'a pourtant pas pu remonter la pente, confronté au même problème d'inefficacité de l'attaque. Personne n'attendait que ce soit l'attaquant "secondaire" Artyom Gareev qui finisse meilleur marqueur de l'équipe, avec de beaux records personnels de 18 buts et 32 points.

La disette offensive s'est cristallisée autour du deuxième buteur du championnat de la saison précédente, Anatoli Golyshev. Il a d'abord symbolisé l'impuissance de Razin, qui avait choqué la Russie en septembre en l'envoyant une semaine dans l'équipe-ferme de VHL parce qu'il n'avait mis qu'un but en douze rencontres. Même au niveau inférieur, le jeune attaquant de 21 ans n'a pas retrouvé le sens du but. Tout lui souriait un an plus tôt, mais cette fois la chance lui tournait le dos. Son pourcentage de réussite aux tirs de 19%, insoutenable dans la durée, est retombé dans la médiocrité en dessous de 6%. Le paradoxe est que Golyshev a été régulièrement appelé en équipe nationale pendant cette saison noire, et qu'il y a été efficace ! Mais une fois rentré en club, il redevenait ordinaire, sans retrouver l'envie manifestée en sélection, mais sans avoir non plus des partenaires de même niveau.

 

Amur Khabarovsk (22e) : un transfert qui traduit un malaise

Avec une composition un peu moins bouleversée qu'à l'intersaison précédente et des joueurs étrangers capables de tirer l'équipe (Tomas Zohorna, Teemu Ramstedt, Kristian Kuusela, le défenseur Jan Kolar et le gardien Juha Metsola), l'Amur Khabarovsk aurait pu prétendre à se mêler à la lutte pour les play-offs. Le retard pris dès le départ, quand il a fallu s'adapter au système du nouveau coach, n'a cependant jamais été complètement rattrapé.

Le principal motif d'espoir est en effet devenu le symbole de sa reddition ! Pour la première fois de l'histoire, l'Amur avait vu l'un des siens sélectionné en équipe de Russie : le défenseur de 21 ans Artyom Zub. Certes un champion du monde avait déjà été formé au club (Plotnikov), mais il n'avait enfilé le maillot national qu'une fois parti à Yaroslavl. L'enfant du pays Zub pouvait faire rejaillir le prestige de la Sbornaïa sur le club, incarner son avenir et devenir sa figure de proue pour le public.

Ce rêve a duré un mois après son apparition en équipe de Russie. Le 30 novembre, Zub était transformé au SKA, dont l'entraîneur n'est autre que le sélectionneur national Znarok. Comme en URSS à l'époque de Tikhonov qui forçait au regroupement des meilleurs joueurs dans "son" CSKA ? Pas tout à fait. Nul besoin de pression politico-militaire et d'incorporation sous la contrainte. Juste le banal motif d'une compensation financière bien utile pour boucler les fins de mois et payer les salaires... Les espoirs de play-offs ont été abandonnés dans sa transaction.

Ce transfert traduit bien le malaise d'une différence de moyens et de niveau qui devient abyssale en KHL. L'Amur perd un défenseur stable et prometteur qui sait utiliser son gabarit et relancer. Le SKA affaiblit un non-concurrent pour engager un 11e défenseur dans son effectif pléthorique. Avec le danger de cirer le banc, Zub a su faire son trou et a même été emmené jusqu'au Mondial. Mais l'équilibre du championnat n'y gagne pas.

La KHL en a bien conscience. Les solutions qu'elle a proposées ne plairont cependant ni à l'Amur (mal noté et menacé d'être parmi les prochains exclus par la réduction annoncée du nombre de clubs), ni le SKA, qui risque d'avoir les mains liées par un plafond salarial.

 

Severstal Cherepovets (23e) : une pépite par an

Pour ses débuts en KHL, l'entraîneur Aleksandr Gulyavtsev avait une mission impossible : la conférence ouest est aujourd'hui trop relevée pour que le Severstal ait une chance de se qualifier. Le "banco" du recrutement (essayer de reformer une ligne qui avait brièvement fonctionné au Yugra il y a plusieurs années) a fait un flop total : les ailiers Igor Skorokhodov et Vitaly Sitnikov ont été écartés dès l'automne, et le centre Igor Magogin a fini à 8 malheureux petits points. Le poids de l'offensive a reposé donc comme prévu sur Dmitri Kagarlitsky (48 points).

Malgré ses faibles moyens financiers, le Severstal est impressionnant à sa manière : ses quatre meilleurs marqueurs ont tous été formés au club ! Et ce n'est pas faute de se faire dépouiller. Le meilleur élément de la génération 1995 (Pavel Buchnevich) est déjà parti en NHL chez les New York Rangers ? Qu'importe, la génération 1996 prend déjà le relais : Daniil Vovchenko, excellent manieur de palet au lancer puissant, s'est bien développé aux côtés d'un mentor de choix, le vétéran local Yuri Trubachyov qui amène toute son expérience. Et le plus important est que Vovchenko a prolongé son contrat jusqu'à la saison prochaine.

  

Medvescak Zagreb (24e) : la saison qui a tout gâché

Le passage du Medvescak Zagreb en KHL s'achève au bout de trois années sans avoir profité à personne. Hormis des intérêts économiques liés aux exportations de gaz russe, le club croate (petit marché sans culture hockey) n'a jamais paru appuyer la stratégie de développement de la KHL. Pour le hockey en Croatie, les perspectives étaient également inexistantes puisque le niveau de la ligue est bien trop élevé pour que les joueurs croates s'y développent.

L'expérience a pourtant eu un côté sympathique au début, sous l'effet de la curiosité initiale, vite dissipée. L'équipe à ossature nord-américaine apportait une opposition intéressante par effet de contraste.

Mais cette dernière saison a été celle de trop et ternira ce souvenir. Pour combler ses dettes, le Medvescak a vendu ses joueurs à tour de bras comme le font parfois les clubs russes de bas de tableau, mais sans réservoir pour les remplacer et en atteignant des excès jamais vus. Après le départ de 18 joueurs plus l'entraîneur (!), le Medvescak a fini la saison à deux lignes et demie, sapant la crédibilité de la KHL (qui ne le regrettera donc pas) et la sienne.

Le Medvescak retournera donc dans la ligue autrichienne, adaptée sportivement et géographiquement, et qu'il n'aurait sans doute jamais dû quitter. Espérons que le public croate adhèrera à ce "retour en arrière" avec le même enthousiasme qu'à l'époque, et que le Medvescak ne se soit pas brûlé les yeux sur les murs de poussière de la KHL...

 

Yugra Khanty-Mansiysk (25e) : un simple sursis

Neuf matches. C'est le temps qu'il aura fallu au Yugra Khanty-Mansiysk pour virer son entraîneur Pavel Ezovskikh. C'était alors déjà le troisième coach à perdre sa place dans la KHL ! On ne peut mieux illustrer la dichotomie entre les objectifs irréalistes de certains dirigeants et la réalité des moyens. Que pouvait sérieusement espérer ce club sans joueur étranger et avec quelques recrues déclinantes hors d'âge ?

Le manager Evgeni Khatsei a mis deux mois supplémentaires pour fixer son choix définitif d'entraîneur : son ancien coéquipier - et même compagnon de chambre en déplacement - Andrei Razin. Impatient d'avoir une seconde chance après son éviction d'Ekaterinbourg, il a accepté la mission impossible de viser les play-offs. Razin a débuté... contre son ancienne équipe, très motivée, et a perdu 0-1. Il n'a guère pu tenir comme promesse que celle de tirer le maximum de ses joueurs jusqu'à ce qu'ils soient " pressés comme des citrons ". Le seul à avoir beaucoup de pulpe, c'était finalement Evgeni Lapenkov avec 36 points.

La rumeur annonçait en avril que le Yugra Khanty-Mansiysk se ferait exclure de la KHL : finalement, il a échappé au couperet, tombé sur la seule tête du Metallurg Novokuznetsk. Mais il ne s'agit sans doute que d'un sursis. Suivant les recommandations d'un audit externe, la KHL veut se réduire d'ici deux ans à 24 équipes, en enlevant uniquement des clubs russes, pour accueillir plus de candidats étrangers. L'évaluation doit prendre en compte la performance sportive et l'attractivité : on voit mal comment le Yugra pourrait être favorablement classé dans l'un ou l'autre critère.

 

Spartak Moscou (26e) : des joueurs insultés dans leur vestiaire par les fans

Le Spartak fait partie des clubs entrés rapidement en crise. Le meilleur marqueur de l'an dernier Konstantin Glazachev, qui avait refusé une offre de l'Admiral pour rester dans la capitale, a vite été envoyé en tribune par son entraîneur German Titov. Puis c'est ce dernier qui s'est fait virer le 10 octobre. Il s'est alors plaint d'un manque de patience car les play-offs étaient encore à portée. Mais le calendrier de début de saison était abordable et son manager Aleksei Zhamnov a répondu qu'il ne décelait aucun progrès dans le jeu. Aleksandr Yarushin, qui entraînait l'équipe-ferme de VHL (le Khimik Voskresensk), a pris la suite, mais il manquait de charisme pour occuper un poste aussi regardé dans un club aussi prestigieux.

Le Spartak n'a pas de joueurs russes démontrant des performances de premier plan, malgré l'arrivée du triple champion du monde Dmitri Kalinin, capable d'amener de la stabilité défensive même s'il est en fin de carrière. Il faut donc que le club moscovite vise dans le mille à chaque recrutement de joueur étranger. Ryan Stoa et Lukas Radil ont été les seuls attaquants efficaces, rien à redire sur eux. C'est la pêche suédoise qui a eu des trous dans le filet. Markus Svensson est un bon gardien mais a semblé accuser la fatigue à cause du calendrier et des voyages de la KHL. Mais surtout, le défenseur Marcus Högström (qui n'avait que deux saisons et demie en élite suédoise au compteur...) fut une erreur de casting.

Les contre-performances ont déclenché la colère des supporters, d'une manière aussi abrupte qu'inédite. Après le derby perdu contre le CSKA le 23 janvier, ils ont fait irruption dans le vestiaire, parce que le staff les a laissés entrer. Ils ont exprimé leurs sentiments dans les termes les plus crus. La situation a paru pour le moins inhabituelle aux étrangers, qui ne comprenaient pas tout de ce déversoir d'insultes.

La vidéo a ensuite circulé sur les réseaux sociaux. Les dirigeants du Spartak, ne voulant pas se fâcher encore plus avec les fans, ont déclaré ne pas y voir de mal. Ce n'est pas du tout l'avis de la KHL. Elle a publié un communiqué pour expliquer qu'elle considérait " inacceptable ce comportement des fans qui discrédite l'image de la ligue et du hockey comme sport familial ", et exprimer son " extrême surprise [...] que cette action se soit déroulée en présence des membres du staff du club "...

 

Lada Togliatti (27e) : bon pour la casse ?

Depuis son retour en KHL en 2014/15, les affluences du Lada Togliatti ne cessent de décliner. L'euphorie de retrouver le haut niveau est passée, et il ne reste que la tristesse de suivre une équipe peu compétitive multiplier les défaites. Au moins, lors des 0-0 et 1-0 de la "belle époque" (celle du bétonneur à succès Piotr Vorobiev), le Lada marquait des points... La nouvelle patinoire ne crée pas par magie des spectateurs dans ce qui reste une petite ville.

Et si Togliatti avait été exclue de la KHL une première fois en raison de la faible capacité de son ancienne patinoire, elle risque fort de l'être à nouveau dans les prochaines années, pour performances insuffisantes tant sur le plan sportif que financier.

Les joueurs ont bien du mérite quand on sait qu'ils sont restés des mois sans être payés. Dans ce contexte déprimant comme une Lada en panne sur une route déserte par un froid polaire, on ne peut que saluer la saison digne de Nikita Filatov : 40 points et même une fiche positive de +1. L'ex-espoir n'aura plus une grande carrière désormais, mais cela rappelle qu'il avait de vraies possibilités.

 

Dinamo Riga (28e) : Ozolins aura les clés

Les derniers bilans annuels financiers publiés par le Dinamo Riga ne sont pas meilleurs que son bilan sportif. Ses recettes, apportées à plus de 90% par le sponsoring, sont en baisse de 15% à 10 millions d'euros. La billetterie, qui joue un rôle marginal, a diminué pour sa part de 35%...

Pour autant, et malgré sa position actuelle en bas de tableau, le Dinamo Riga ne fait pas partie des clubs menacés. La Lettonie, avec laquelle les tensions sont fortes, constitue un axe stratégique important pour la géopolitique russe, et les dirigeants du club, liés à une filiale de Gazprom, ont maintenant étendu leurs pouvoirs jusqu'à la fédération nationale.

Le hockey letton patine donc dans une seule direction, et le Dinamo reste le club de base de la sélection nationale. Avoir renoncé à Andris Dzerins parti en République Tchèque s'est révélé être une erreur coûteuse : le meilleur marqueur de l'équipe nationale est un des rares joueurs baltes avec un sens du but très développé. En son absence, l'attaque a marqué moins de 2 buts par match en moyenne. Tout a tourné autour de Miks Indrasis et Lauris Darzins, bien trop seuls. L'apport des étrangers a été nettement insuffisant, et l'ex-joueur de NHL Tom Sestito est passé de 19 buts à 7 buts cette saison.

Pourtant, Riga était plutôt correct défensivement. Le gardien Janis Kalnins a notamment été performant pour son retour au pays après trois ans d'exil en Hongrie. Cette solidité défensive est un élément à mettre à l'actif de Sandis Ozolins, engagé fin octobre comme entraîneur-adjoint chargé de la défense. Après avoir assumé le coaching pendant un an, pour un résultat dont il ne peut guère se vanter (car le départ de Dzerins était de son fait), le directeur sportif Normunds Sejejs va donc se remettre en retrait et laisser l'ancienne star devenir entraîneur en chef.

 

Metallurg Novokuznetsk (29e) : première victime sacrificielle

Voilà donc le premier club sacrifié sur l'autel de la nécessaire réduction de la KHL. C'est assez logique car le Metallurg n'a jamais pu décoller du bas du tableau. Il y est parvenu l'an passé avec de bons étrangers, mais cette saison, il n'en avait plus aucun, hormis deux internationaux du Kazakhstan (le défenseur Aleksei Vassilchenko et le capitaine Fyodor Polishchuk). On ne comprend donc pas à quoi a servi l'augmentation de budget annoncée... sauf peut-être si l'on se dit que le budget ne suffisait pas en pratique à payer les joueurs.

Pour le coup, la saison à Novokuznetsk a été assez digne. Le club n'a pas vendu tous ses joueurs en plein championnat et a été "calme", hormis deux départs fin novembre : le défenseur Andrei Pervyshin sur son propre souhait et l'ancien petit génie aux 14 buts en play-offs 2012, Mikhaïl Anisin, qui a définitivement perdu sa place en KHL avec 0 but, 2 assists et -1 en vingt rencontres. C'est d'ailleurs en se séparant d'eux que le Metallurg a enchaîné 4 victoires de suite... Autant, malheureusement, que dans les deux mois qui suivent !

La saison s'est tristement finie, et le nouveau directeur général Sergei Zinoviev a compris qu'il n'y avait plus rien à changer ni à sauver. L'activisme du début de saison a montré ses limites : un record de KHL a été battu puisque Nikolai Soloviev a été viré alors que la saison régulière avait commencé depuis 6 jours à peine ! Le directeur sportif Valeri Zelepukin l'a remplacé pendant un mois, puis a laissé l'ancien adjoint Sergei Berdnikov finir la saison comme coach. Quel fou aurait été volontaire pour débarquer avec la volonté de sauver Novokuznetsk ?

De sauvetage, il n'y a pas eu non plus à l'issue de la saison. Inquiets des rumeurs, les supporters ont adressé le courrier d'usage à Moscou, à la présidence de la République. Ils ont fait valoir les mérites formateurs indéniables de leur club, qui a formé quatre internationaux actuels (Orlov, Telegin et les gardiens Bobrovsky et Sorokin). Ils ont même rempli la patinoire (pour la première fois depuis trois ans) lors... des play-offs de MHL, la ligue junior ! Ils ont ainsi fait la preuve de leur capacité à se mobiliser quand le jeu en vaut la chandelle. Malheureusement, en KHL, les tribunes sont vides car l'enjeu est nul aux tréfonds du classement. Ou plutôt, il était nul...

Dernier dans toutes les catégories d'analyse (y compris la principale, les résultats sportifs), le club sibérien sera désormais relégué en VHL. Tout l'enjeu sera de savoir s'il pourra aussi bien y former des jeunes. Pas évident dans un système russe qui a concentré tous ses efforts sur la KHL et a délaissé les autres clubs. Si la KHL se réduit, ce qui est sans doute nécessaire, encore faut-il améliorer la pyramide. Un point totalement oublié dans les discussions. Le Metallurg veut en tout cas croire en l'avenir : il a annoncé que le budget serait inchangé et que le directeur général Sergei Zinoviev (engagé pour être l'ambassadeur célèbre du club) resterait en poste.

 

Marc Branchu

 

 

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