Suisse 2015/16 : présentation

 

Le HC Davos n'est pas seulement la référence en Suisse : en Europe, c'est aussi le seul à briser l'hégémonie des Suédois et des Finlandais sur les quarts de finale de la Ligue des Champions. Les mauvaises langues feront remarquer qu'il s'appuie pour cela sur trois attaquants suédois et finlandais : Dick Axelsson, Marcus Paulsson et Perttu Lindgren.

La force du champion de Suisse est néanmoins la stabilité de son système et de son contingent. Les joueurs-clés que sont Andres Ambühl et les frères Wieser sont des cadres fidèles. L'intégration des jeunes est une telle habitude que les adieux forcés des frères Von Arx sont déjà oubliés. Davos est donc le seul club suisse à pouvoir proclamer qu'il commencera la saison avec 3 étrangers sur les 4 autorisés. Il n'a pas tout à fait tenu parole. Engagé initialement comme pigiste pour la phase de poules de CHL, Jan Brejcak, un gros gabarit défensif comme la Slovaquie en produit tant, a été prolongé du fait de la longue blessure au genou de Félicien Du Bois. Une arme offensive supplémentaire est ensuite arrivée avec Devin Setoguchi, qui compte 524 matchs de NHL à 28 ans.

Bien sûr, Berne a réussi à chiper le gardien Leonardo Genoni pour la saison prochaine. Mais personne n'a réussi à déloger le "sorcier" Arno del Curto, qui ne semble guère décider à quitter les Grisons même si toute la Suisse rêve de le voir en sélectionneur national.

Lorsque la CHL et la Coupe Spengler seront passées, Davos se concentrera sur le championnat. Et quelque soit sa place finale en saison régulière, personne n'aura envie d'affronter cette équipe à la grande expérience des play-offs.

 

Le club qui se voudrait pourtant dominant en Suisse, c'est celui de la capitale économique Zurich, qui est aussi le pôle attracteur dans le hockey sur glace. Les ZSC Lions ont en effet réussi le transfert le plus marquant de l'intersaison en faisant venir Auston Matthews, le méga-talent américain et numéro 1 annoncé de la draft 2016. S'il n'a pas été drafté dès cette année, c'est qu'il faut avoir 18 ans avant le 15 septembre pour être éligible, et Matthews est né le... 17 septembre. À deux jours près, celui qui est mûr pour le hockey adulte doit donc ronger son frein.

D'où l'idée de venir jouer en Europe... et d'empocher un salaire net de 400 000 francs suisses (ce qui fait autant en dollars et presque autant en euros). Un problème de permis de travail en raison de sa minorité a failli faire capoter le transfert, mais l'autorisation démarrera finalement le jour de ses 18 ans, et Matthews a donc commencé la saison avec quelques jours de retard.

Que le grand espoir du hockey américain déploie ses talents sur le continent européen avant la NHL, c'est un évènement inédit. Ce fait exceptionnel ne se reproduira sans doute pas, car il faudrait une conjonction de phénomènes : un super-talent né dans une période précise de l'année, fin septembre. Cela rend le cas Auston Matthews encore plus unique.

Le junior fait figure de "Monsieur Plus" dans une équipe finaliste qui a conservé absolument tous ses joueurs sauf deux vétérans, l'attaquant de quatrième ligne Mark Bastl et le défenseur suédois Henrik Tallinder, dont la place d'étranger a été libérée pour faire venir Matthews.

Il est néanmoins un point qui peut compromettre la saison zurichoise : le gardien essentiel Lukas Flüeler, qui reste sur deux saisons à plus de 93% d'arrêts, connaît des soucis persistants avec ses adducteurs. De sa bonne santé au moment des play-offs dépendra la quête de titre des Lions.

 

Calme comme le lac : c'est ainsi que s'est déroulé le changement de présidence à Zoug. Après quatre années comme vice-président, le pharmacien Hans-Peter Strebel succède à 54 ans à Roland Staerkle, dont le mandat restera marqué par le déménagement dans la nouvelle Bossard Arena. Même stabilité au poste d'entraîneur : avant même que le championnat ne commence, Harold Kreis a été prolongé pour la saison 2016/17.

On en oublierait presque que l'EVZ s'est fait sortir en quart de finale par Davos. Non, Zoug n'a pas oublié. Ici, on n'a pas digéré la blessure au sixième match de l'indispensable gardien Tobias Stephan, dans une collision avec Marc Wieser que l'on soupçonne de ne pas avoir été fortuite.

L'EVZ s'est renforcé au centre avec l'international finlandais Jarkko Immonen et avec Emanuel Peter (après 9 ans à Bienne). Ces deux joueurs sont performants aux mises au jeu et pourront donc alimenter en palets un contingent d'ailiers plus agiles que costauds.

Le symbole de cette virtuosité aux ailes, c'est Lino Martschini, dont la famille a émigré de Tchécoslovaquie lors du Printemps de Prague en 1968. Son oncle Ludek a entraîné l'équipe féminine de Suisse de patinage artistique. Son père Peter a joué au hockey sur glace jusqu'en LNB, et le petit Lino a choisi ce sport auquel son gabarit modeste (167 cm, 65 kg) ne le destinait pas. Très explosif et par conséquent imprévisible dans son appropriation des espaces, Martschini est le chouchou de Zoug et veut désormais démontrer tout son talent avec l'équipe de Suisse. Il a prolongé jusqu'en 2021, avec une clause de sortie vers la NHL, preuve qu'il ne se fixe aucune limite. Et surtout pas celles de la toise ou de la balance.

 

Critiquer Fribourg-Gottéron est l'exercice favori de la presse alémanique. La caricature va bon train envers ces Romands forcément paresseux et incapables à jamais de gagner un titre à cause de leur faiblesse de caractère. Le licenciement à l'automne 2014 de Hans Kossmann, victime des plaintes des cadres du vestiaire envers la direction, était censé symboliser l'impossibilité de faire régner la discipline.

Même si, en tant qu'ex-coéquipier, il est soupçonné d'être un coach-copain, Gerd Zenhäusern n'a aucune envie en réalité de se complaire dans cette image de confort. Après l'élimination précoce en Ligue des Champions, l'entraîneur valaisan n'a pas hésité à hausser le ton et à suggérer qu'il voulait faire jouer la concurrence à fond. Message parfaitement reçu par les principaux intéressés, et notamment par les enfants du pays Julien Sprunger et Andrej Bykov, les deux joueurs les plus visés par les critiques sur le style de jeu fribourgeois.

Fribourg-Gottéron ne risque donc pas de manquer les play-offs une seconde année de suite, car les Dragons ont cette fois réussi leur début de saison, se montrant en particulier intraitables à domicile. Mais pour faire définitivement taire les caricatures, il n'y a qu'un seul moyen : devenir champion. Le talent ne manque pas, a fortiori avec l'arrivée en joker (à cause des commotions de Greg Mauldin et Marc-Antoine Pouliot) du talent slovaque Martin Reway. La volonté et le mental, eux, se prouveront au printemps.

 

Le SC Berne aurait bien aimé stabiliser son poste d'entraîneur et convaincre Guy Boucher de s'engager pour deux ans de plus. Mais le Canadien a fait connaître son intention de retourner au pays à l'issue de son contrat en fin de saison, à la fois pour se rapprocher de sa mère qui souffre d'un cancer et parce qu'il aimerait entraîner de nouveau en NHL. Une fois cette décision prise, Boucher savait que le club risquait d'anticiper son départ car les résultats ne plaideraient pas pour la patience. Quatre défaites plus tard, il a été effectivement renvoyé... Son bilan de 16 victoires et 23 défaites depuis la victoire en Coupe de Suisse en février était devenu trop problématique.

Éternel adjoint, parfois intérimaire, Lars Leuenberger a cette fois été nommé entraîneur de plein droit jusqu'à la fin de saison, avec tous les risques que cela comporte. Sa place est conditionnée à la performance, sinon le directeur sportif pourra le virer. Or, le directeur, c'était son frère Sven Leuenberger... Pour éviter que la presse ne mette en scène le dilemme fraternel au moindre problème, Sven s'est donc "sacrifié" en échangeant son poste avec celui du directeur du hockey mineur Alex Chatelain. Il n'aura ainsi plus de lien hiérarchique avec son frère.

Le poste de coach est loin d'être facile. Les Ours pâtissent des blessures de leurs attaquants, notamment étrangers. Seuls deux d'entre eux sont épargnés par la scoumoune. L'ailier Cory Conacher (25 ans), ancien meilleur joueur d'AHL que sa taille réduite (1m73) handicapait en NHL, est une recrue idéale sur grande glace. En revanche, le centre Derek Roy (32 ans) n'apporte pas tout ce qu'on était en droit d'attendre d'un titulaire depuis 10 ans en NHL, où il a marqué plus de 500 points. La défense, solide, mais sans vraie créativité offensive à l'exception d'Eric Blum, n'est pas toujours d'un grand soutien.

Surtout, il y a la triste fin de Marco Bührer, le gardien qui a tout donné au club depuis 15 ans (trois titres de champion). Il se savait poussé dehors à l'issue de la saison, et n'aura même pas le droit à des adieux dignes car il doit se faire opérer du pied et ne rejouera plus cette saison. Berne est donc obligé de recourir au prêt d'un club concurrent (Daniel Manzato de Lugano) pour finir le championnat. Un prêt révocable à tout moment en cas d'absence forcée du nouveau titulaire de Lugano, Elvis Merzlikins.

 

Les performances d'Elvis Merzlikins sont en effet la bonne surprise du début de saison raté de Lugano. Quand l'éternel troisième gardien de l'équipe suisse Manzato s'est blessé au genou, le jeune Elvis Merzlikins a brillé dans les cages au point de lui prendre sa place de numéro 1, et devra retranscrire ce succès avec l'équipe nationale de Lettonie où il n'était que quatrième ou cinquième dans la hiérarchie nationale.

Dans le même temps, l'entraîneur Patrick Fischer a été viré en octobre alors que le HCL se traînait en dernière place. Un "revers personnel" pour la présidente Vicky Mantegazza, qui avait décidé et négocié l'extension de contrat du coach jusqu'en 2018 pendant l'été... Son successeur Doug Shedden semble tirer meilleur profit de l'indéniable potentiel de l'équipe.

Les Suédois Fredrik Pettersson et Linus Klasen ont dominé individuellement et enchanté la Resega, sans parvenir à franchir le cap des quarts de finale. La venue de leur compatriote Tony Mårtensson, avec sa grande expérience du haut niveau, a donc été conçue pour mieux équilibrer l'équipe. Avec le joker de la saison dernière, le revenant de NHL Damien Brunner, attendu en meilleure forme, le HCL a donc une belle attaque.

Le palmarès des recrues parle pour elles : le Chaux-de-Fonnier Grégory Hoffmann a appris à gagner à Davos, même s'il a été plus discret en play-offs. L'ex-international Philippe Furrer, trois fois champion avec le SCB, quitte Berne pour la première fois à 30 ans pour relancer sa carrière. C'est donc au printemps que tout ce beau monde sera attendu au tournant. Lugano passera-t-il ce mur des quarts de finale ?

 

Chris McSorley a renoncé à la Coupe Spengler, gagnée deux ans de suite, pour que son équipe de Genève-Servette n'y laisse pas trop de forces. Au lieu de se surarmer pour jouer sur tous les tableaux, il préfère préserver son effectif pour qu'il soit prêt en play-offs. Le Canadien s'est aussi apaisé sur le marché des transferts pour garder l'essentiel de son équipe.

Après une dernière saison où il aura eu le plaisir de jouer aux côtés de son frère, ce qui est plus compliqué dans le système nord-américain, Taylor Pyatt a écouté son corps et arrêté sa carrière. Son successeur américain Jim Slater, après dix années comme attaquant de troisième ou quatrième ligne en NHL, aura plus de liberté sur les glaces suisses, mais pas forcément plus de garantie de jouer, car McSorley engage toujours plus de renforts étrangers qu'il n'y a de places disponibles.

Alors qu'il s'était habitué à recruter uniquement en NHL, McSorley y a dérogé cette fois pour engager le champion du monde 2013 Johan Fransson, qui a démontré être un des meilleurs défenseurs offensifs de LNA, même s'il n'a pu empêcher la descente de Rapperswil. En quelques saisons, les lignes arrières genevoises sont devenues beaucoup plus dynamiques, en particulier grâce aux progrès remarquables de Romain Loeffel, qui a changé de statut depuis son arrivée de Fribourg en janvier 2014 et est maintenant un des meilleurs défenseurs helvétiques.

Un nouveau Français - possédant une licence suisse car arrivé au club à 12 ans - a su faire une place dans l'effectif du GSHC, où il a été lancé du fait de l'avalanche de blessures en cours de saison dernière : le Haut-Savoyard Floran Douay, dominant physiquement chez les juniors en ayant progressivement appris à se servir de son gros gabarit (192 cm, 96 kg) pour finir ses mises en échec, est devenu un titulaire stable de la quatrième ligne. Sa masse n'obère pas sa vitesse de patinage, ce qui ne le rend que plus redoutable.

 

Les intersaisons ne sont jamais calmes à Kloten. Les nouveaux dirigeants nord-américains ont en effet décidé que les rencontres de play-offs ne seraient plus incluses dans les abonnements, mais devraient être payées en supplément, au prix unitaire d'un match de saison régulière. Les supporters se sont insurgés contre cette nouvelle méthode, maintenue malgré les pétitions en ligne. Ils avaient prévenu que l'insatisfaction se manifesterait en restant chez soi, et ils ont tenu parole : avec mille spectateurs de moins en moyenne en début de saison, il n'est pas sûr que le calcul des nouveaux dirigeants sont rentables.

Dommage de ne pas s'appuyer sur la foi des supporters, qui croient aux play-offs. Ils auraient pourtant des raisons de douter puisque la qualification a été manquée l'an passé. Le potentiel de Kloten le place dans le top-8, mais la marge d'erreur est réduite. Toute la responsabilité sportive est désormais sur Sean Simpson, l'ex-entraîneur de Zurich puis de l'équipe de Suisse. Il a succédé à Felix Hollenstein comme entraîneur en décembre dernier, puis a aussi pris la place de directeur sportif à la place d'André Rötheli. Alors que les quatre étrangers étaient sous contrat, Simpson n'a voulu en conserver qu'un seul, Tommi Santala. En défense, le pilier DuPont, jugé vieillissant, a été remplacé par Erik Gustasson, défenseur offensif passé par la NHL puis la KHL et champion du monde 2013 après avoir battu en finale... l'étonnante Suisse de Simpson.

En attaque, le technique et rapide Chad Kolarik s'est vite imposé, ce qui n'est pas du tout le cas de Mark Olver. Celui-ci a donc été remplacé par James Sheppard qui peut apporter de la présence physique utile à l'équipe. Cet ancien n°9 de draft avait réussi des débuts immédiats et convaincants en NHL avec le Minnesota Wild, avant de perdre confiance à sa troisième saison, puis d'être victime d'un accident de quad, en heurtant un arbre pour éviter un camion. Son contrat a été rompu parce que le quad faisait partie des activités interdites, et il a passé deux ans et trois opérations avant de revenir au jeu et de retourner en NHL, sans être le même.

Kloten a aussi perdu des cadres. Le capitaine Victor Stancescu a dû interrompre prématurément sa carrière à 30 ans à cause de ses problèmes chroniques de hanche (le leader de fait Denis Hollenstein porte ainsi le C comme autrefois son père), et Marcel Jenni a été forcé de raccrocher les patins à 41 ans après une convalescence plus longue que prévu. Au même âge de 41 ans, le gardien Martin Gerber s'accroche encore, mais beaucoup redoutent que ce soit la saison de trop : ses performances seront capitales pour la qualification de Kloten.

 

Pour autant, aucun gardien n'est plus important pour son équipe que Cristobal Huet, l'assurance tous risques de Lausanne, qui n'a "que" 40 ans pour sa part. Le LHC peine à gagner sans le Français, tant il donne confiance à ses coéquipiers.

Cette sécurité permet à l'entraîneur danois Heinz Ehlers de maintenir son système défensif, qui a survécu à la réduction de la zone neutre avec les nouveaux règlements internationaux : les joueurs continuent de l'appliquer consciencieusement avec la même efficacité. Le problème, c'est que la défense seule ne suffit pas. Huet a eu beau n'encaisser que 11 buts en 7 matchs, Lausanne s'était quand même fait éliminer en quart de finale par Berne.

Avec tout le respect qu'on doit au trio finlandais (Ossi Louhivaara, Harri Pesonen et Juha-Pekka Hytönen), il manquait un véritable attaquant majeur qui ne porterait pas le casque doré de top-scorer par défaut. Ce joueur-clé a été rendu disponible par la relégation "providentielle" de Rapperswil-Jona : Nicklas Danielsson est bien le meneur offensif attendu. De là à transformer le LHC en une machine à marquer, il ne faut pas exagérer. On compte toujours sur Huet pour "voler" des victoires avec des petits scores.

 

Normalement, l'entrée de Bienne dans sa nouvelle patinoire aurait dû marquer le début d'une nouvelle ère. Au lieu de ça, le nouveau logo, critiqué de toutes parts, a provoqué une première crise avec la révolte des supporters. Les couleurs historiques du club - rouge et jaune - ont en effet été sacrifiées pour passer à dominante bleue, couleur dans lequel le club joue à domicile depuis 2012. Le compromis (introduire du rouge et du jaune sur le maillot extérieur) n'a pas calmé les esprits. Lors du premier match amical, les ultras ont allumé des fumigènes et irrité les joueurs asphyxiés par la fumée.

Sur le plan sportif, la situation aurait dû être plus apaisée avec la prolongation pour trois ans de l'entraîneur Kevin Schläpfer. Celui-ci a eu tout ce qu'il voulait, il a obtenu de ne pas avoir d'adjoint étranger et de garder son staff. La politique du club a donc été construite autour de lui. C'était avant que la fédération suisse, confrontée au départ de Glen Hanlon, se mette soudain en quête désespérée d'un sélectionneur. D'un côté, un rêve de gosse - entraîner l'équipe nationale - et de l'autre, la reconnaissance envers un club qui a tout misé sur lui : tiraillé, Schläpfer a fondu en larmes dans la conférence de presse où il a annoncé rester à Bienne, qui refusait de le libérer.

Ces larmes, très commentées, ne risquent-elles pas de laisser des traces ? Alors que l'euphorie régnait encore, Schläpfer avait mis en garde et rappelé que la place de l'équipe était "entre 8 et 12". La qualification en play-offs ne peut être obtenue que par une conjonction de phénomènes favorables, y compris des étrangers performants. Or, Pär Arlbrandt, Niklas Olausson et Ahren Spylo ont tous connu des absences passagères sur blessure, obligeant le club à engager un pigiste québécois (le centre défensif d'AHL Maxime Macenauer, au contrat progressivement rallongé). Le seul joueur présent en permanence, ce fut Tim Stapleton, mais ses 5 buts et 8 assists en 24 matchs sont très loin des attentes. Il a été envoyé à Lugano (chez Doug Shedden, l'entraîneur qui avait lancé sa carrière aux Jokerit) et remplacé par un autre international américain, le gros travailleur David Moss, qui mesure vingt centimètres de plus. Celui-ci pourra-t-il ranimer une équipe dont la saison est partie pour devenir... une vallée de larmes ?

 

Après sept années d'expérience en KHL, l'Italo-Canadien Ivano Zanatta, qui était sur le point de s'engager avec le Severstal Cherepovets comme entraîneur, a choisi un défi différent en devenant le directeur sportif d'Ambrì-Piotta. Lui, l'ancien coach du rival Lugano, accepte donc un poste en coulisses, qu'il occupait déjà pour l'équipe d'Italie. Ce n'est assurément pas un poste facile : Ambrì n'a atteint les play-offs qu'une seule fois depuis neuf ans.

Le club tessinois a dit adieu à son meilleur buteur suisse Daniel Steiner (parti à Bienne), car ce fort en gueule était considéré comme source de perturbation pour le vestiaire. L'engagement de l'ex-international Thibaut Monnet, plus tout jeune à 33 ans, est le seule réussite de l'intersaison sur le plan des joueurs helvétiques. Le gardien canado-suisse Nolan Schaefer a annulé son retour au dernier moment pour raisons familiales, ce qui laisse Sandro Zurkirchen toujours seul dans les cages, et Ambrì a renoncé à la venue annoncée d'un universitaire canadien, Ryon Moser, car son passeport suisse était plus compliqué à obtenir que prévu.

Pendant tout l'été, la priorité était de négocier avec la vedette locale Inti Pestoni, figure du club qui n'a jamais quitté son village natal, mais dont le contrat se termine en fin de saison. À 24 ans, il est extrêmement courtisé, et s'il n'a pas accepté les prolongations anticipées de contrat, c'est parce qu'il a envie d'aller voir ailleurs (ce sera à Zurich). Comme le capitaine également formé au club Paolo Duca décline, Ambrì dépendra de plus en plus de ses étrangers.

À chaque fois, un seul d'entre eux reste, l'ancien meilleur marqueur d'AHL Alexandre Giroux. Cet ailier a encore dû changer de centre, puisque l'option pour garder Keith Aucoin était conditionnée à l'atteinte des play-offs. Le nouveau créateur de jeu est Cory Emmerton, qui a passé une saison à Sotchi en KHL après 157 matchs pour les Detroit Red Wings. Un défenseur offensif de renom est aussi arrivé avec l'international finlandais Mikko Mäenpää.

Tout cela n'a pas sauvé Serge Pelletier, qui avait largement participé au recrutement. l'entraîneur canadien était arrivé en octobre 2012 à la place de Kevin Constantine alors que club était dernier. Trois ans plus tard, il a dû céder son poste, ne parvenant pas à convaincre qu'il avait une stratégie pour sortir de là. Hans Kossmann, qui a connu deux demi-finales et une finale dans son premier poste à Fribourg-Gottéron, a désormais les rênes.

 

Deux ans après sa relégation, Langnau a réussi à remonter en LNA. Un noyau dur est resté tout ce temps et a aidé le club à sortir du purgatoire : le défenseur et capitaine Martin Stettler, le centre Tobias Bucher, les jumeaux Moggi et bien sûr le meneur de jeu formé au club Lukas Haas.

Pour remporter la LNB et le barrage de promotion/relégation, il a bien sûr fallu deux étrangers qui fassent la différence : ce sont le technique centre italo-canadien Chris DiDomenico et le défenseur offensif français Kévin Hecquefeuille. Mais ils ont été rejoints en cours de route par un "étranger formé localement" - et de ce fait non comptabilisé dans le quota : Anton Gustafsson avait joué à Langnau entre 1999 et 2001 quand son père y entraînait déjà. Ce premier tour de draft des Washington Capitals n'a jamais été heureux dans le hockey nord-américain, il était repassé en janvier 2011 mais était alors anonyme en LNA. Il est revenu en LNB quand son père a repris les rênes du club, et a vite explosé comme meilleur buteur des playoffs.

Le fiston est toujours là en finisseur, mais pas le père : les SCL Tigers se sont en effet séparés de Bengt-Åke Gustafsson, celui qui les a fait monter. Un promu qui remplace un entraîneur champion olympique, voilà qui a de quoi étonner ! Surtout quand son remplaçant se nomme Benoît Laporte, qui avait quitté la Suisse sur l'image peu flatteuse d'une valise lancée sur la glace à Ambrì, moyen trouvé à l'époque par les supporters tessinois pour réclamer sa démission. Peut-être les dirigeants ont-ils voulu un entraîneur moins théorique, mais plus autoritaire, pour maintenir l'intensité maximale dans une saison forcément difficile en LNA.

Laporte n'est pas venu seul, mais avec Kevin Clark, le joueur de l'année en DEL, qu'il avait déjà accueilli à Hambourg. Ce petit gabarit hargneux fait preuve d'une grande vitesse d'exécution dans de petits espaces. Le vétéran finlandais Ville Koistinen est également venu de Davos. Hormis le changement de coach, Langnau a en effet gardé l'essentiel de son effectif (y compris le gardien chaux-de-fonnier Damiano Ciaccio), s'adaptant simplement au nombre d'étrangers de la LNA, quatre... ou plutôt cinq pour quatre places après le recrutement du joker tchèque Rostislav Olesz qui créera une concurrence.

La progression la plus notable est celle de Yannick-Lennart Albrecht, formé à Viège et arrivé à Langnau à 15 ans. Encore timide en LNB, il est la grande révélation du début de saison en LNA, à 21 ans. Le club s'est empressé de le prolonger jusqu'en 2018 avant de perdre sa pépite.

 

 

La LNB

 

L'exemple de Langnau est maintenant à suivre par Rapperswil-Jona, descendu après 21 ans dans l'élite. Les Lakers ne proclament pas leur ambition de remontée immédiate et veulent d'abord retrouver confiance. Un autre favori vise la LNA dans sa patinoire rénovée : Olten n'a échoué qu'au septième match dans la dernière finale contre Langnau et a faim. La souris a croqué Stefan Hürlimann, le capitaine de Rapperswil... mais a aussi vu son gardien Michael Tobler partir chez ce même adversaire.

Trois autres équipes ont déposé un dossier de promotion (Martigny n'étant pas allé au bout de la démarche) et signé un contrat de montée en LNA pour jouer le barrage de promotion/relégation en cas de titre. Langenthal a toujours sa ligne offensive Tschannen-Kelly-Campbell et a densifié sa défense avec Philippe Seydoux et le revenant Claudio Cadonau. Viège fêtera ses 75 ans en fin de saison mais doit remplacer le meilleur marqueur du championnat James Desmarais, superstar offensive de LNB depuis neuf ans (il est parti à Belfast). Le costume est un peu grand pour le jeune Jason Bast, même s'il tournait à 1 point par match en ECHL. La Chaux-de-Fonds a choisi l'expérience en recrutant Laurent Meunier (36 ans) comme second étranger aux côtés de Dominic Forget (34 ans) et des deux piliers formés au club Loïc Burkhalter (35 ans) et Michael Neininger (38 ans). Dans cette attaque dominée par les quatre vétérans, un jeune joueur de 19 ans fait ses premiers pas chez les adultes : un certain Kevin Bozon...

Ajoie, Thurgovie et les GCK Lions n'ont d'autre ambition que d'atteindre les play-offs. Le promu Winterthur, très attendu pour porter la LNB à 10 équipes, ose un sacré pari en débarquant dans ce championnat sans le moindre étranger, et sans aucun joueur de plus de 28 ans ! Il bénéficie par contre de quelques jeunes joueurs prêtés par Kloten pour l'aider.

 

Marc Branchu

 

 

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