Dijon, le pari de la jeunesse

 

Une nouvelle fois, Dijon a signé une saison au-delà des attentes, en se hissant en demi-finale en dépit d'une phase régulière catastrophique et d'une élimination sans gloire en Coupe de France.

Le départ de Jarmo Tolvanen, après quatre ans au service des Ducs - un record de longévité pour le tacticien finlandais globe-trotter - laisse de fait perplexe : que faut-il retenir de cette saison 2014-2015 en Bourgogne ? Que les play-down sont passés tout près ? Que le DHC a échoué, mais face au futur champion et en enregistrant pour la première fois une victoire en demi-finale ? La méthode Tolvanen était-elle arrivée au bout, ou le coach était-il en train de stabiliser les Bourguignons en haut de tableau sur le long terme ?

Si la réponse à cette question ne sera jamais connue, la volonté du club, elle, transparaît dans le choix du remplaçant : Jonathan Paredes, jusqu'alors en charge du mineur dijonnais, puis coach assistant de Tolvanen. Débarqué de Rouen à l'intersaison 2011, après trois années à Limoges en tant qu'entraîneur-joueur, et une année en Normandie à la tête des U18, le nouvel entraineur dijonnais est jeune. Le plus jeune de Ligue Magnus cette saison, en réalité. Personne ne semblait pourtant mieux placé pour assurer la continuité du travail de Tolvanen et, surtout, poursuivre la politique d'intégration des jeunes mises en place par le club.

Pour l'assister, Paredes a fait appel à Julien Guimard, Rouennais d'origine, expatrié à Mulhouse ces deux dernières années. Il semblait difficile de faire venir un assistant-coach plus expérimenté que l'entraîneur principal, et les deux hommes se sont côtoyés à Rouen. Le choix est donc autant logique que judicieux : tous les deux partagent également la même philosophie de jeu.

Premier chantier pour le nouveau duo : le choix d'un gardien. Dijon avait clairement exprimé sa volonté de conserver Henri-Corentin Buysse, auteur d'une saison 2014-2015 rien moins que fabuleuse, mais des raisons extra-sportives ont conduit l'Amiénois d'origine dans les Alpes, à Chamonix. Quant à Julian Barrier, il est, très logiquement, parti tenter sa chance en D1 chez les Corsaires de Nantes, à la recherche de temps de jeu.

Pour les remplacer, le duo dijonnais a misé autant sur l'expérience que sur les jeunes pousses locales - un choix en droite ligne de la politique du club, et que l'on retrouve à tous les postes. Jakub Cech, gardien tchèque - bien nommé - de 30 ans, a passé l'essentiel de sa carrière à faire la navette entre le premier et le deuxième échelon tchèque, avec des statistiques en dents de scie, avant de rejoindre le MHC Martin, en Extraliga slovaque, pour deux saisons plus probantes. D'un beau gabarit, le nouveau portier des Ducs bénéficie entre autres de la bienveillance de Daniel Babka, dont les Rouennais se rappellent sans doute.

Pour le seconder, le DHC a misé sur un jeune presque du cru : Pierre Pawelek, 17 ans seulement et né à Longjumeau, mais déjà pensionnaire de la U18 dijonnaise depuis 2013 après deux années de U18 à Viry. C'est dire si le terme prometteur s'applique ; les supporters dijonnais ont d'ailleurs d'ores et déjà pu assister à des prestations convaincantes de sa part avec les seniors, que ce soit en amical ou en coupe de la Ligue. Victor Pimbert, quant à lui, ne devrait que peu voir la glace avec les "grands" Ducs cette saison.

Riendeau ne revient pas seul

Du côté de l'attaque, le renouvellement est une nouvelle fois quasi-complet. Si les jeunes Français Gutierrez ou Briand ont décidé de prolonger leur aventure bourguignonne, Anthony Rech, lui, a choisi l'adversaire gapençais pour tenter une nouvelle aventure incluant rien moins que la CHL. Difficile de lutter. Mathieu Briand est considéré en Bourgogne comme un joueur à gros potentiel, mais qui devra cette année prendre plus de responsabilités. C'est exactement ce qu'a fait, jusque-là, Romain Gutierrez. Incontournables en infériorité numérique, Alexandre Mulle et Aram Kevorkian sont des habitués du DHC, que les supporters retrouvent avec plaisir chaque année.

Outre Rech, ce sont Cacciotti, Gauthier, Salmivirta et Gascon que l'on a vus partir ; pour les remplacer, Paredes a mis les petits plats dans les grands, avec le retour de Yanick Riendeau. Le natif de Montréal - qui, pour l'anecdote, a été l'adversaire de son nouveau coach au début de sa carrière française - revient de trois saisons plus que productives au Kazakhstan, où il a inscrit la bagatelle de 268 points en moins de 200 matchs. Rapide et physique, il possède un tir sur réception très rapide et précis, mais il devra impérativement cette année afficher plus de sérieux défensif que lors de son précédent passage à Dijon. Pour l'assister et doubler la mise sur les adversaires à venir, Jared Brown, qui débarque des Missouri Mavericks, une équipe d'ECHL établie à trente kilomètres à peine de sa ville natale (Gardner dans le Kansas). Ce très bon patineur, doté d'un tir de qualité, a enchaîné les saisons convaincantes sur le continent américain. Avant de tourner à 0,5 point par match en ECHL, il avait totalisé 166 points en 190 matches de CHL malgré deux blessures importantes.

En provenance lui aussi d'ECHL, Brian McMillin est quant à lui un centre défensif, destiné à piloter la troisième ligne ; particulièrement agile aux engagements et peu pénalisé, le natif du Minnesota doit cependant compter avec une récente grosse opération du genou, qui le ralentira sur la glace. Il lui faudra patiner fort pour rattraper William Wallén, le Scandinave de l'étape. International junior pour la Suède jusqu'en 2011, Wallen a vu sa carrière ralentie par une rupture d'anévrisme à l'âge de 17 ans. Joueur technique, rapide et travailleur, sa venue en Bourgogne a clairement pour but de relancer sa carrière.

Dernier attaquant étranger recruté, Marek Maslonka, partenaire de jeu de Riendeau à l'Arlan de Kokshetau, possède d'intéressantes capacités de buteur, mais devra canaliser son agressivité pour éviter les pénalités pas toujours utiles qu'on l'a vu prendre jusque-là.

Les Français ne sont pas en reste du côté du recrutement : Loïc Chabert est de retour dans sa Bourgogne natale après avoir montré suffisamment de choses en D1 pour retrouver dans un premier temps la ligue Magnus avec Morzine. Polyvalent, entre autres vers l'arrière, Chabert aura à coeur de se rendre incontestable sur un des trois premiers trios. Benoît Valier - frère de Peter déjà passé par Dijon - a le même objectif. À première vue un meilleur joueur de collectif que son aîné, le Rémois devrait également faire le bonheur de la U22 dijonnaise. Son atout ? Une bon patinage. Sa faiblesse ? Le secteur défensif. Moyennant un peu de travail, l'équipe senior lui tend les bras. Geoffrey Parisot et Bastien Lardière, quant à eux, devraient s'exprimer essentiellement en U22, bien que Lardière soit capable de rendre de bons services avec l'équipe première.

Une paire canadienne indissociable

Du côté de la défense, la part belle est faite aux Français, avec en premier lieu Thomas Roussel. Après un retour en grâce sous la houlette de Tolvanen et une dernière saison en demi-teinte, l’ex-Amiénois devra suppléer Quessandier dans les tâches ingrates et apporter son expérience aux plus jeunes, notamment Mahier. Son implication constante en fait un patron de l'arrière-garde dijonnaise. Benoît Quessandier, quant à lui, a manqué le tout début de saison en raison d'une nouvelle blessure ; si le Rouennais n'a pas été servi ces dernières années, force est de constater que chacune de ses absences coïncide avec un passage à vide des Ducs. De là à dire qu'on ne saurait se passer en Bourgogne du nouveau capitaine dijonnais...

Dernier défenseur conservé par Paredes, Quentin Mahier est un pur produit du cru, que les supporters voient progresser au cours des années. Bon gabarit, travailleur et discret sur la glace, le jeune Dijonnais se fait encore parfois remarquer par quelques erreurs, mais son jeu défensif, simple et efficace, laisse globalement place à peu de reproches.

Exit, donc, les Mielonen, indubitable maillon faible l'an passé en sus de ses blessures trop fréquentes, Bergin, tellement plus à son aise en attaque, Sedlak - le joker médical que Dijon ne conservera décidément jamais - et Dame-Malka, dont la réputation sulfureuse ne doit pas faire oublier les incontestables qualités, Rouen ne s'y est pas trompé.

Pour les remplacer, Dijon a fait venir un duo de Canadiens : Rémi Blanchard et Samuel Groulx. Les deux joueurs avaient émis le souhait de réaliser leur première expérience à l'étranger ensemble, et Dijon y a vu l'opportunité de recruter d'une part un joueur rapide à la belle philosophie de jeu - Blanchard - et de l'autre un défenseur sage - Groulx. Grand et imposant, propre dans sa zone, il possède une bonne première passe mais son apport offensif devrait être limité, au contraire de son acolyte, capable de monter le palet assez loin en zone offensive ainsi que de créer le surnombre en attaque.

Plus surprenant au premier abord, Dijon a annoncé la venue d'Arnaud Lazzaroni, de Mulhouse. De l'aveu même de Paredes, le jeune défenseur est un joueur "oublié". Volontaire et doté d'une bonne technique, très propre, le Valentinois d'origine pèche par son patinage, mais démontre en revanche des capacités offensives intéressantes, si tant est qu'on sache les exploiter. Le Mont-Blanc s'y était employé, mais la rude concurrence subie par Lazzaroni à Mulhouse a coûté cher à son CV.

Dernière recrue du club - outre les jeunes pousses - Marek Kolba cherche encore ses marques après une arrivée en Bourgogne tardive. Le défenseur de 35 ans a joué l'essentiel de sa carrière en Extraliga slovaque, entre autres au MHC Martin où il a côtoyé l'année dernière Jakub Cech. La discipline sera une clé pour lui permettre de faire pleinement bénéficier l'arrière-garde de son expérience.

Terminons, enfin, avec Vincent Melin et Maxime Ritz. Tous les deux dijonnais et âgés de 17 ans seulement, ils ne formeront sans doute pas la première paire défensive cette saison. Néanmoins, dans l'optique de les faire progresser sur le long terme, leur intégration en Magnus est logique. Mahier, aujourd'hui incontestable, avait rejoint les seniors à peu près au même âge.

Moyennant un recrutement au budget serré, Dijon affiche une équipe beaucoup plus intéressante que les CV bruts pourraient le laisser penser. Les joueurs ont déjà montré une véritable solidarité d'équipe, poussée aussi bien par des vétérans toujours affamés de victoires que par des jeunes avides de faire leur place. De quoi déjouer les pronostics ?

Cécile Cretin, avec Mathieu Boussard

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom             Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2014/15   MJ  Min.  Moy.    %
30 PIMBERT Victor         09/01/1995  177  83  Poitiers           Dijon II    FRA-4   15        4,17
31 PAWELEK Pierre         02/10/1997  178  91  Viry               Dijon U18   FRAcd   15
33 CECH Jakub             13/08/1985  185  95          (Tchèque)  Martin      SVK-1   48  2759  2,76  91,3%

Défenseurs

N° NOM Prénom             Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2014/15   MJ   B   A Pts   +/-  Pén
 3 BLANCHARD Rémi         27/06/1990  177  82         (Canadien)  U. Moncton   CIS    29   4  10  14   +5   21'
 5 KOLBA Marek            14/01/1980  186  87         (Slovaque)  Martin      SVK-1   53   3   9  12   -30  82'
16 QUESSANDIER Benoît     02/12/1985  183  89  Rouen              Dijon       FRA-1   23   0   7   7   +3   14'
20 LAZZARONI Arnaud       19/05/1992  187  75  Valence            Mulhouse    FRA-2   26   0   4   4   +2    6'
26 MAHIER Quentin         26/09/1993  185  81  Dijon              Dijon       FRA-1   39   2   4   6   -8   12'
27 MELIN Vincent          16/08/1998  181  83  Viry               Viry U18    FRAcd2  20  12  22  34        46'
38 ROUSSEL Thomas         25/11/1985  183  85  Amiens             Dijon       FRA-1   39   0   0   0   -11  28'
71 GROULX Samuel          28/06/1990  187  88         (Canadien)  U. Moncton   CIS    31   4  10  14   +7   46'

Attaquants

N° NOM Prénom             Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2014/15   MJ   B   A Pts   +/-  Pén
 7 MASLONKA Marek         17/01/1987  180  85         (Slovaque)  Kokshetau   KAZ-1   58  25  21  46   +32  75'
 9 McMILLIN Brian         26/02/1988  188 105        (Américain)  Allen       ECHL    22   2   4   6   +1    4'
10 MULLE Alexandre        11/05/1991  181  81  Rouen              Dijon       FRA-1   39   1  13  14   -16  28'
11 BROWN Jared            21/02/1986  180  91        (Américain)  Missouri    ECHL    70  11  24  35   -16  66'
12 VALIER Benoît          20/07/1995  175  74  Cergy              Reims       FRA-2   23   0   1   1   -11   6'
17 RIENDEAU Yanick        25/10/1984  176  80         (Canadien)  Kokshetau   KAZ-1   63  31  50  81   +33 110'
21 WALLEN William         16/08/1991  172  76          (Suédois)  Vita Hästen SUE-2   13   1   0   1    0    0'
                                                                  Kris./Lind. SUE-3   16   5   6  11   +4    8'
22 KEVORKIAN Aram         20/04/1982  172  72  ACBB               Dijon       FRA-1   33   3   8  11   -12   6'
25 PARISOT Geoffrey       09/08/1996  184  92  Morzine            Dijon II    FRA-4   16   9   2  11        75'
28 GUTIERREZ Romain       09/09/1992  175  80  Briançon           Dijon       FRA-1   39   5  12  17   -7   45'
29 LARDIÈRE Bastien       29/05/1994  180  82  Viry               Dijon       FRA-1   39   0   0   0   -1    2'
88 BRIAND Mathieu         23/10/1993  197  97  Saint-Pierre       Dijon       FRA-1   39  10  12  22   -12  50'
91 CHABERT Loïc           14/10/1991  186  90  Dijon              Morzine     FRA-1   28   2   4   6   -13  26'

Entraîneur : Jonathan Paredes (34 ans) assisté de Julien Guimard (33 ans).

Partis : Jarmo Tolvanen (entraîneur, Stjernen, NOR), Henri-Corentin Buysse (G, 37MJ et 92,4%, Chamonix), Julian Barrier (G, 4MJ et 87,4%, Nantes, FRA-2), Olivier Dame-Malka (D, 8+14, Rouen), Juho Mielonen (D, 3+8, LeKi Lempäälä), Kevin Bergin (D, 7+2, arrêt), Arthur Montenoise (D, 1+1, Grenoble), Anthony Rech (A, 18+13, Gap), Sébastien Gauthier (A, 9+27, Grenoble), Ilpo Salmivirta (A, 13+19, Chamonix), Steven Cacciotti (A, 17+16, Épinal), Martin Gascon (A, 9+25, Laval, LNAH).

 

Revoir la présentation 2014/15

 

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