Russie 2013/14 : présentation

 

Conférence Ouest

Division Bobrov : SKA Saint-Pétersbourg, Lev Prague, CSKA Moscou, Dinamo Riga, Medvescak Zagreb, Slovan Bratislava, Dynamo Minsk.

Division Tarasov : Dynamo Moscou, Lokomotiv Yaroslavl, Donbass Donetsk, Spartak Moscou, Severstal Cherepovets, Atlant Mytishchi, Vityaz Podolsk.

Conférence Est

Division Kharlamov : Ak Bars Kazan, Metallurg Magnitogorsk, Traktor Chelyabinsk, Torpedo Nijni Novgorod, Neftekhimik Nijnekamsk, Yugra Khanty-Mansiysk, Avtomobilist Ekaterinbourg.

Division Chernyshev : Avangard Omsk, Salavat Yulaev Ufa, Barys Astana, Sibir Novosibirsk, Admiral Vladivostok, Amur Khabarovsk, Metallurg Novokuznetsk.

 

 

Division Bobrov (Conférence Ouest)

 

C'est bien sûr la sensation de l'été : Ilya Kovalchuk, un des meilleurs attaquants du monde, renonce aux 77 millions de dollars restant à son contrat avec New Jersey en NHL pour retourner jouer dans son pays avec le SKA Saint-Pétersbourg. C'est le gros gibier de l'année pour la KHL, qui a besoin d'une belle prise chaque été pour bomber un peu plus le torse face à la NHL. Le SKA, club de Gazprom et du président de la KHL Aleksandr Medvedev, est bien évidemment le chasseur attitré du camp russe dans ce combat de superpuissances.

Pour autant, cette agressivité sur le marché n'a jamais permis au SKA d'atteindre la finale de la Coupe Gagarine. Cela fait deux ans qu'il bute sur le Dynamo Moscou, qui ne recrute aucune star mais s'appuie sur un système de jeu bien établi. Ces bases tactiques, Jukka Jalonen a été chargé de les mettre en place depuis décembre dernier. Il peut désormais reconstruire l'équipe à son image, maintenant que les vétérans insatisfaits (Afinogenov, Artyukhin, Rybin, Nepryaev) sont partis. Et le moins qu'on puisse dire est que les critiques le laissent froid.

L'attaque a donc été rajeunie, avec beaucoup de vitesse. Jalonen a maintenant l'embarras du choix : remettre Viktor Tikhonov - en deuil de son père mort dans un accident domestique - sur la ligne de Patrick Thoresen et Tony Mårtensson avec laquelle il est devenu meilleur buteur en play-offs, ou l'apparier de nouveau à Kovalchuk comme en début de saison pendant le lock-out. L'arrivée du Tchèque Roman Cervenka, qui peut jouer centre ou ailier comme Tikhonov, multiplie les possibilités. Le SKA a aussi recruté les deux vedettes offensives du Severstal, le mobile et très créatif Vadim Shipachyov, à qui il manque juste un peu de physique, et Evgeni Ketov, qui possède justement cet ingrédient supplémentaire qui en fait un hockeyeur très complet. Ajoutez-y les joueurs qui ont fait leurs preuves au sein du club (Kucheryavenko, Makarov), les jeunes (Panarin, Burdasov) et la dernière recrue Aleksei Ponikarovsky, arrivé tout droit de neuf saisons NHL pour amener sa percussion physique sur la quatrième ligne, et vous comprendrez que la composition offensive du SKA n'a rien à envier à la majorité des formations de NHL.

La défense a été peu modifiée : Pervyshin, qui n'était même pas titulaire, a simplement été échangé au CSKA contre Evgeni Ryasensky, étonné de cette transaction soudaine "à l'américaine". Il a avoué ne même pas connaître l'identité de l'entraîneur de son nouveau club. Ryasensky ne sait donc pas qui est Jalonen... mais Jalonen, lui, sait qui est Ryasensky : "C'est vraiment un défenseur de haut niveau. Il joue constamment la tête haute, ne fait pas d'erreurs dans sa zone et peut accélérer l'attaque par sa première passe."

L'interrogation concerne toujours le même poste : celui de gardien. C'est le seul secteur où le recrutement du SKA n'arrive jamais à ses fins. Avant d'embaucher Kovalchuk, il avait envisagé d'utiliser son "joker" (le SKA tutoie la limite salariale de 39 millions de dollars mais chaque club a droit à un joueur-star ne comptant pas dans le plafond) pour Sergei Bobrovsky, fraîchement élu meilleur gardien de NHL. Il aurait facilement pu doubler son salaire, mais après s'être révélé sur une saison écourtée, il a encore des choses à prouver aux États-Unis. Bien des clubs se satisferaient d'un Aleksandr Salak dans les cages, surtout avec une doublure éprouvée comme Ilya Ezhov. Mais depuis l'expérience Stepanek, le SKA se méfie de profil du jeune international tchèque de Salak. Mais si aucun gardien n'avait supporté jusqu'ici la pression du SKA, n'était-ce pas parce que les entraîneurs n'avaient pas un système défensif aussi sûr que celui de Jalonen ?

 

Le Lev Prague est le seul club "hors URSS" à disposer de gros moyens, en l'occurrence le 9e budget de toute la KHL. Le club tchèque a donc embauché une douzaine de recrues, dont une vedette russe : Nikolaï Zherdev. L'ailier a été poursuivi tout l'été par les magazines people, jusqu'à ce que sa femme s'excède des photos de filles et d'alcool. On pensait que ce talent gâché pourrait relancer sa carrière "au calme" à Prague, où on lui avait même réservé une place en première ligne malgré l'effectif riche. Mais à la fin de la pré-saison, le Lev a annoncé que le joueur avait résilié son contrat parce que la Russie et sa famille lui manquent.

La vérité que le club tchèque a poliment cachée, c'est le président de la KHL Aleksandr Medvedev qui s'est chargée de la dire : "Selon nos informations, il était ivre. Lisons le code d'honneur de la KHL. Quand un de nos hockeyeurs a un problème avec l'alcool, on l'envoie en traitement obligatoire sur le modèle de la NHL." Zherdev est rentré à Moscou et signera au Spartak.

Malgré ce recrutement avorté, le Lev garde une belle armada de toutes nationalités : deux gardiens internationaux finlandais (Petri Vehanen et Atte Engren) et une incroyable défense avec quatre défenseurs canadiens dont le gabarit estampillé NHL (196 cm, 106 kg) de Ryan O'Byrne, deux Finlandais plus trois internationaux tchèques. En attaque, on compte quatre Suédois : deux champions du monde en mai dernier (Martin Thörnberg et Nicklas Danielsson), le meilleur marqueur de DEL Calle Ridderwall et le centre défensif Patrik Zackrisson.

Mais pourquoi pas plus de Tchèques ? D'une part, les clubs non-russes ne subissent aucune restriction sur le nombre d'étrangers en KHL. D'autre part, le Lev reste licencié à la fédération tchèque et soumis à ses règlements. S'il recrute un joueur de son pays, il doit payer une indemnité de transfert à son ancien club. Il préfère donc se fournir "gratuitement" ailleurs. Après, ce sera à l'entraîneur Vaclav Sykora de trouver la bonne formule parmi ces nombreux éléments qui pourraient tous prétendre aux premiers rôles, mais vont devoir formé un collectif soudé.

 

Les couloirs du CSKA Moscou ressemblent à un nid d'intrigues, qui dépassent même les règlements de compte entre apparatchiks de l'époque soviétique. Le grand vainqueur de cette guerre de pouvoir est le manager Sergei Fedorov, qui a complètement fait le ménage autour de lui. Il a eu la peau de tous les contre-pouvoirs potentiels : son prédécesseur et adjoint Sergei Nemchinov, mais aussi Slava Bykov qui a appris d'un journaliste son éviction du conseil de surveillance du club.

Dans le staff technique, il ne reste plus personne ! L'entraîneur de l'an passé Vyacheslav Butsaev est toujours salarié mais a été expulsé de son bureau et envoyé au "placard", un bureau proche du vestiaire et occupé préalablement par Nemchinov, pour le pousser à son tour à la démission. Ses adjoints ont disparu : le regretté Vassili Tikhonov au sens propre, et Evgeni Namestnikov viré, comme l'entraîneur des gardiens Yuri Shundrov. Même le responsable matériel Konstantin Rohatyn a démissionné après s'être vu refuser une augmentation de salaire. Quand son remplaçant a mal affûté les patins d'Aleksandr Radulov, la star râleuse s'est vite emportée...

Après avoir fait le vide, Fedorov a confié les clés du CSKA aux Américains ! L'ancien club de l'armée rouge encadré par les ennemis d'hier (et d'aujourd'hui ?)... Certains doivent se retourner dans leurs tombes ! En plus, il s'agit d'un inconnu d'AHL, John Torchetti. Peut-être s'agit-il au moins d'un esprit cultivé, ouvert à l'international ? La première impression fut une catastrophe médiatique. Dès sa première interview sur le sol russe, Torchetti a dit ne pas savoir qui est Gagarine ! Le cosmonaute héros de toute la Russie, même 50 ans après, au point qu'on a donné son nom au trophée de champion KHL ! Torchetti a amené tout son staff avec lui : l'assistant Daniel Brooks (fils de l'homme-miracle Herb Brooks), le préparateur physique Barry Brennan et le kiné Hassan Saïd.

Face aux critiques virulentes, Sergei Fedorov a dû s'expliquer : "Inviter des entraîneurs étrangers semble peut-être une tendance illogique, mais ce sont de vrais professionnels, prêts à travailler 24 heures par jour, et si la journée est de 48 heures, ce sera 48. Quant aux experts russes, c'est un grand point d'interrogation. Torchetti et Brooks nous donnent l'horaire des six mois à venir, jusque dans le moindre détail. Ils ne pensent qu'à l'équipe. Ils parlent beaucoup, essaient de parler en russe. Leur venue, c'est une mise à niveau pour le CSKA Moscou." Les arguments employés, vexants pour les entraîneurs russes, ont encore plus braqué l'opposition.

Et en ce qui concerne l'effectif ? Le CSKA a accepté l'ultimatum de Yakov Rylov en lui accordant un très gros salaire, et en a donc fait de loin son défenseur numéro 1. Le même effort ne pouvait pas être fait sur Evgeni Ryasensky, d'où l'échange a priori déséquilibré de l'international au SKA contre Andrei Pervyshin. Les lignes arrières moscovites semblent maintenant manquer de profils purement défensifs.

En attaque, par contre, le CSKA s'est beaucoup amélioré : des ex-internationaux en perte de vitesse (Oleg Saprykin, Fedor Fedorov, Ivan Nepryaev), des étrangers (Ilari Filppula, Brandon Reid) et surtout l'ancien capitaine de l'équipe nationale Aleksei Morozov. Mais en privant Aleksandr Radulov - " un joueur qui avait un problème de discipline " - du capitanat au profit du nouveau venu Morozov, Torchetti prend un risque avec un caractère difficile que l'on a déjà privé de son frère Igor Radulov, mais qui reste le joueur indispensable quoi qu'il arrive.

 

Après quatre saisons en play-offs, le Dinamo Riga a pu se rendre compte la saison dernière de la concurrence accrue en KHL en terminant dernier de la conférence ouest, avant de remporter la "coupe de l'espoir". Pour remonter, il a rappelé deux idoles de toujours : Marcel Hossa, l'ailier slovaque qui semble perdre le chemin du but quand il quitte la Lettonie et le retrouver quand il ré-endosse le maillot grenat, et Sandis Ozolins, âgé de 40 ans et évidemment nommé capitaine.

L'ancien capitaine, le meilleur marqueur Martins Karsums, est parti au Dynamo Moscou, et il faudra apprendre à se passer de cette pièce maîtresse. Peut-être une occasion supplémentaire pour le jeune Miks Indrasis de franchir un palier supplémentaire.

Mais faute de joueurs lettons aussi dominants, le sort de Riga est désormais principalement confié à des Canadiens. Le centre Paul Szczechura avait déjà convaincu l'an passé, il a été rejoint par deux compatriotes. Mat Robinson est un défenseur offensif bien connu en Scandinavie (deux saisons à Timrå après avoir été champion de Norvège). Kyle Wilson est un profil assez comparable à Szczechura, pas très physique pour le jeu nord-américain, mais bon patineur solide aux mises au jeu et utile en KHL. Il a même un potentiel offensif supérieur.

Le poste de centre étant faible en Lettonie, le Dinamo a choisi de le confier au pays-référence en la matière en se dotant de cette colonne vertébrale canadienne. Les principaux ailiers sont en revanche slovaques, avec Hossa mais également l'autre international Marcel Hascak.

 

La KHL a adopté en son sein une équipe... nord-américaine. C'est ainsi qu'est considéré le Medvescak Zagreb par les Russes, au vu de sa composition, et même s'il est établi en Croatie. Dans la ligue autrichienne, ce club devait composer son effectif en fonction d'un règlement complexe qui limitait indirectement les joueurs étrangers sans double passeport. Maintenant qu'il est en KHL, il n'a plus la moindre bride. Il paraît que la contrainte développe la créativité, le Medvescak n'a donc pas eu à se creuser la tête.

Les Nord-Américains d'ascendance croate formaient le socle initial, et ensuite ils ont simplement invité leurs amis et les amis de leurs amis. Le résultat se laisse regarder. La grande star se nomme Jonathan Cheechoo, meilleur buteur de NHL en 2005/06. On retrouve aussi des défenseurs de la trempe de Kurtis Foster (408 matches de NHL avec 162 points) ou de Steve Montador, qui compte 614 matches de NHL mais rentre d'une saison quasi-blanche sur blessure.

L'entrée en matière tonitruante contre le CSKA (7-1 !) a immédiatement envoyé un message à toute la KHL. Le déplacement à Zagreb, sur une patinoire réduite à 58 mètres sur 28, est à redouter. Le fait de puiser dans l'inépuisable réservoir nord-américain permet au Medvescak de contourner son infériorité budgétaire. Et comme l'équipe entraînée par Mark French (coach champion d'AHL à Hershey en 2009) pratique un hockey agressif inhabituel dans ces contrées, elle peut prendre de court les adversaires qui peineront à s'habituer à ce changement de style par rapport au reste du championnat.

 

Le Slovan Bratislava a l'avant-dernier budget de la KHL, juste devant le Medvescak Zagreb. Le "petit poucet" slovaque pourra-t-il se qualifier à nouveau en play-offs, comme l'an passé ? Passée l'euphorie de l'intégration en KHL, la deuxième saison s'annonce plus difficile.

Le point positif est que le Slovan a conservé ses six meilleurs marqueurs. Le point négatif est qu'aucun joueur de ce top-6 offensif n'a inscrit plus de onze buts ! L'équipe slovaque valait en effet surtout par le système mis en place par l'entraîneur Rostislav Cada et n'a aucun vrai tueur en attaque. A priori, cet esprit fondé sur l'homogénéité et le travail défensif peut tout à fait se conserver avec un petit budget.

Mais la difficulté, c'est de savoir - a posteriori - quelle part les deux défenseurs de NHL Andrej Sekera et Lubomir Visnovsky ont eu dans les bons résultats du Slovan. Quand le lock-out s'est terminé en janvier dernier, Bratislava s'était tourné vers un joker tchèque, Tomas Mojzis, qui avait à son tour tenu le choc.

Dans la mesure où les Slovaques disponibles avaient déjà été rassemblés, le recrutement estival a continué de s'orienter vers cette même filière tchèque. Oui, pendant que le Lev recrute des étrangers, le Slovan engage des Tchèques ! Il s'agit de deux autres défenseurs, l'ex-joueur de NHL Martin Skoula et l'international Zdenek Kutlak qui rentre de six saisons de LNA suisse à Ambrì-Piotta, de l'attaquant au patinage énergique Tomas Netik et du second gardien Miroslav Kopriva. La formation slovaque gardera-t-elle son bon équilibre avec cette petite adjonction étrangère ?

 

La baffe de la non-sélection olympique et la nécessaire préparation des championnats du monde 2014 à domicile ont forcé les dirigeants du Dynamo Minsk se limiter strictement à un gardien et six joueurs étrangers. Les deux Canadiens naturalisés, le portier Kevin Lalande et l'ailier Geoff Platt, ne sont pas inclus dans ce quota.

Avec l'international norvégien Lars Haugen, le duo qui prend place dans les cages est donc de formation étrangère. En revanche, la défense doit se contenter de deux imports, l'international tchèque Lukas Krajicek et l'ancien joueur de NHL Derek Meech. Les autres arrières biélorusses peuvent ainsi s'étalonner au haut niveau.

En attaque, le Dynamo Minsk a bénéficié de la libération providentielle d'Aleksei Kalyuzhny, aussitôt promu capitaine à la place de Platt. Il a été positionné sur la première ligne entre les deux ailiers Platt et Jacob Micflikier (ex-Bienne), qui se sont confrontés à une totale différence d'éducation : ils allaient droit à la cage pendant que le centre biélorusse jouait calmement et posément à la recherche d'une passe. Aleksandr Andrievsky, entraîneur débarrassé du qualificatif d'intérimaire, paraît prêt à ne pas s'entêter avec ce trio.

Le recours, qui a commencé comme deuxième centre entre le Tchèque Zbynek Irgl et le Slovaque Tomas Surovy, se nomme Artur Gavrus. Le joueur dominant du dernier Mondial U20 de division I à Amiens est assurément le grand bénéficiaire de la nouvelle politique du Dynamo Minsk : il dispose d'un gros temps de jeu à très haut niveau pour progresser, lui qui est le principal espoir d'un pays en manque de relève.

 

Division Tarasov (Conférence Ouest)

 

On ne change pas une équipe qui gagne, et encore moins quand elle est entraînée par Oleg Znarok. Il faudrait un observateur très attentif pour relever les différences entre le nouveau Dynamo Moscou et celui de l'an passé : les mêmes lignes, les mêmes unités spéciales, le même système de jeu parfaitement huilé. Le même Aleksandr Eremenko dans les cages. Le même Leo Komarov de retour de NHL comme s'il n'était jamais parti. Après deux titres consécutifs, il est tout naturel de poursuivre sur la lancée.

On compte tout de même une perte notable : Ilya Gorokhov, un des joueurs les plus respectés dans le vestiaire, est retourné chez lui à Yaroslavl. Cela n'entamera pas la cohésion de cette équipe sans star, qui ne compte qu'un seul joueur dans la pré-sélection olympique : Denis Kokarev, un pur joueur de devoir qui touchait moins de 200 dollars par mois comme junior à Tver avant d'intégrer le système du MVD/Dynamo.

La tentative d'un recrutement plus glamour s'est soldée par un échec : le Dynamo a payé dix millions de dollars les droits du prodige de 18 ans Valeri Nichushkin au Traktor... mais il est parti aussi sec en NHL. Le club pense que c'est trop tôt - et il a sans doute raison car les joueurs qui mûrissent en Europe réussissent mieux - mais il garde foi en un retour si jamais Nichushkin n'arrive pas à se faire une place dans la composition de Dallas.

D'un extrême à l'autre, en plus du très jeune Nichushkin, le Dynamo a également invité le très ancien Andrei Nikolishin (40 ans) qui avait arrêté sa carrière mais s'est remis dans le bain de la façon la plus brutale qui soit, par le camp de préparation de Znarok à Pinsk, réputé épuisant. Au bout de l'effort... rien ! La convalescence de Grigori Shafigullin devant s'achever plus vite que prévu, le Dynamo compte déjà six centres et n'imaginait pas parquer Nikolishin en équipe-ferme : il a donc proposé à ce joueur formé au club de lui organiser un match d'adieu à sa guise quand il le souhaiterait.

 

Le Lokomotiv Yaroslavl aimerait bien suivre les pas du Dynamo, car la stabilité a toujours été sa politique. Elle n'a été arrêtée que par des raisons indépendantes de sa volonté : un tragique crash aérien. Maintenant que le club s'est ré-établi en KHL, il s'est d'abord assuré de faire revenir deux vétérans de 36 ans formés au club, Aleksei Vasilyev et Ilya Gorokhov, gages de continuité avec les temps anciens. Gorokhov, qui compte maintenant quatre titres de champion de Russie (2002 et 2003 à Yaroslavl, 2012 et 2013 à Moscou), a été nommé capitaine.

La défense ne manque pas de leadership avec l'international suédois Staffan Kronwall, prolongé deux ans, et la recrue norvégienne Jonas Holøs, engagé avant son championnat du monde décevant pour un joueur qui avait toujours tenu son rang. Avec l'expérience du duo Sanford/Kolesnik dans les cages, le Loko a une bonne base arrière.

L'attaque semble un peu en deçà, par manque de grand talent. On a privilégié le travail défensif, et c'est pourquoi le meneur de jeu biélorusse Aleksei Kalyuzhny a vu sa dernière année de contrat rachetée (au tiers du prix selon le règlement KHL) après une saison douteuse conclue par une fiche de -10. Il n'a pas été remplacé pour l'instant. La seule recrue notable est David Ullström, qui alterne depuis deux ans entre AHL et NHL (New York Islanders), où il doit se contenter d'un rôle de troisième ou quatrième ligne avec ses 192 cm un peu trompeurs. Le jeu physique n'est pas sa caractéristique principale, et il pourrait retrouver sa vivacité offensive avec plus de temps de jeu à Yaroslavl.

 

La contradiction ne dérange pas Andrei Nazarov. Quand il entraînait le Severstal Cherepovets, club formateur, il se plaignait que la presse russe soit aveuglée par les recrues à paillettes venues de NHL et néglige les talents locaux tout aussi méritants. Maintenant qu'il a été embauché par le Donbass Donetsk, club de construction récente autour de la fortune d'un oligarque, il se plaint que la presse n'ait pas assez objectivement relayé le recrutement de Ruslan Fedotenko, selon lui parce que ce vétéran de NHL est ukrainien et non russe.

Quoi qu'il en dise, les clubs entraînés par Nazarov ont rarement à se plaindre d'un manque d'attention de la presse, car il est le meilleur chargé de communication qui soit. Sa méthode ? Les compliments emphatiques sur ses joueurs. Fedotenko est ainsi le "Datsyuk ukrainien, qui n'a pas gagné moins de trophées en NHL que Pavel ou Evgeni Malkin". C'est vrai si on ne compte que les Coupes Stanley (2), mais il ne s'est jamais vu décerner de distinctions individuelles, contrairement aux stars avec lesquelles cette comparaison hasardeuse est osée. Encore plus joliment tournés, les lauriers dressés à Teemu Laine : "Laine me plaît. Il travaille comme un Canadien et pense comme un Européen. Honnêtement, je ne peux qu'être heureux pour l'équipe nationale finlandaise qu'elle ne le convoque pas. Cela signifie que nos voisins du Nord ont dans leur équipe des étoiles du niveau de Crosby, et qu'on ne les arrêtera pas à Sotchi." Le tout s'achevant dans un éclat de rire.

Le seul défaut des déclarations survendues, c'est qu'il faut assurer le service après-vente. Mais aucun journaliste n'ose venir chicaner Nazarov en ressortant des questions qui fâchent, car tout le monde a en mémoire ses combats en NHL. Il a donc pu claironner en toute quiétude que l'équipe nationale d'Ukraine - qu'il entraîne aussi - "vengerait la Russie" de sa défaite face à la France au dernier championnat du monde. En fait, elle n'a pas réussi à battre ce qui n'était qu'une France A'. Qu'importe, le public a suivi et Nazarov sait jouer de la corde patriotique en portant au pinacle Fedotenko (qui a malheureusement une commotion cérébrale et ne rejouera pas avant mi-novembre). Mais les projets de naturalisations que Nazarov fomente pour la sélection nationale paraissent encore peu concrets. Et pour l'instant, c'est au contraire l'autre Ukrainien de NHL, Aleksei Ponikarovsky... qui a pris un passeport russe pour signer au SKA au lieu de rentrer au pays.

Le Donbass est sans doute mieux armé que l'équipe d'Ukraine pour aller loin. Il continue en particulier de blinder ses cages en proposant, en concurrence avec le meilleur joueur du Mondial 2012 Jan Laco, un gardien mieux payé que lui (un million de dollars environ), Michael Leighton, qui avait conduit Philadelphie en finale de Coupe Stanley en 2010 mais n'y a jamais retrouvé de place de titulaire par la suite.

 

Autrefois le "club du peuple", le Spartak Moscou est aujourd'hui aux mains des financiers. Ce qui ne signifie pas grand-chose sur sa gestion. Actionnaires banquiers ou pas, il est aussi peu rentable que les autres clubs russes. Et ce, même en restant parmi les plus petits budgets.

Le club moscovite, avant-dernier à l'ouest, a encore pas mal bougé à l'intersaison, mais cette fois, il semble enfin avoir réussi sa campagne de transferts. Il a commencé par racheter la dernière année de contrat de Branko Radivojevic, l'international slovaque dont le salaire avait grimpé (1,2 million de dollars) aussi vite que ses performances déclinaient, en plus de poser problème dans le vestiaire. Dorénavant, le meneur de jeu est le respecté Vyacheslav Kozlov (41 ans), flanqué des deux renforts Rastislav Spirko (slovaque) et Tom Wandell (suédois) qui se sont rapidement entendus malgré les différences de nationalité.

Les plus gros investissements ont été consentis en défense. Le centre Nikolaï Bushuyev a en effet été cédé au Severstal en échange du recordman du monde du slap le plus puissant, Aleksandr Ryazantsev, qui fait son grand retour dans son club formateur. Le Spartak a aussi offert un contrat de deux années à un million de dollars chacune afin d'attirer le vétéran américain Deron Quint (37 ans). L'accord a été préparé en février, avant qu'il n'atteigne la finale avec le Traktor.

Les discussions durent aussi depuis longtemps avec Jeff Glass, qui a presque doublé son salaire mais qui souhaitait aussi quitter la Conférence Est et les vols interminables en Sibérie. En fait de verre, Glass a plutôt tout de la vitre blindée. Et il prend d'autant plus d'importance que les règles limitant le temps de jeu des gardiens étrangers ont été abolies cette saison : il pourra être titulaire autant de fois que souhaité. Et le Spartak souhaite qu'il le soit très souvent afin de faire son retour en play-offs.

 

Le pillage du Severstal Cherepovets était annoncé. Le club ne s'est cependant pas laissé complètement faire en tirant le meilleur parti qu'il en pouvait. Il a retenu les deux attaquants internationaux très convoités, Vadim Shipachev et Evgeni Ketov, afin de s'en servir comme monnaie d'échange pour les envoyer au club le plus riche (le SKA Saint-Pétersbourg) et obtenir en retour de bonnes compensations, y compris financières.

Comme l'effectif du SKA déborde de toutes parts, le Severstal a aussi obtenu des joueurs sur lesquels reconstruire. Le plus attendu est Gleb Klimenko car il s'agit d'un grand retour : il a été formé au club mais n'y avait joué qu'en équipe-réserve. Ce petit gabarit n'a débuté en élite qu'à 24 ans, mais depuis ce temps, il a largement prouvé ses talents de buteur en KHL, même s'il ne défendait pas forcément assez bien pour une troisième ligne à Saint-Pétersbourg.

Ce n'est pas tout, puisque Cherepovets a également gagné dans ces échanges le gardien Ivan Kasutin, qui sera en duo avec un autre ancien du SKA (Jakub Stepanek) pour tenter de combler à eux deux l'ombre gigantesque laissée par le gardien de deux mètres Vassili Koshechkin.

Le Severstal a aussi embauché un cadre d'expérience avec l'ex-international Vladimir Antipov. Même s'il a perdu ses plus grands talents, le club de Cherepovets n'est pas pauvre. Sa masse salariale a même sensiblement augmenté grâce à des économies... au poste d'entraîneur. Il a en effet surpris en remplaçant Andrei Nazarov par son adjoint Igor Petrov, une véritable idole locale puisqu'il est le meilleur marqueur de l'histoire du club, mais qu'on ne destinait pas forcément à une carrière de coach. Sa première grande mission sera de "cornaquer" Pavel Buchnevich, grand talent de 18 ans que l'on dit rétif au travail et trop présomptueux de ses qualités indéniables. Quand il s'était plaint de son temps de jeu, Nazarov l'avait renvoyé en junior. Il devrait acquérir une place bien plus importante cette année.

 

L'Atlant Mytishchi a beau exister sous ce nom depuis cinq ans seulement, il a déjà succombé à la mode "occidentale" du relooking. Il aurait investi un million de roubles (23 000 euros) cet été pour remanier légèrement son logo et changer de maillot. Pour le premier match à domicile, il a donc mis les petits plats dans les grands en plaçant un T-shirt aux nouvelles couleurs sur chaque siège.

Mais l'équipe, comment a-t-elle relookée ? Avec des muscles, ceux du colosse aux 122 kilos Evgeni Artyukhin. Avec des défenseurs offensifs, surtout. Le manager Aleksei Zhamnov a fait signer des contrats de deux ans à l'ex-international Vitali Atyushov, dont le point fort réside dans les passes, et à l'Américain Bobby Sanguinetti, qui était sixième/septième défenseur des Carolina Hurricanes la saison dernière, et qui excelle surtout pour porter le palet à l'offensive. Mais il y avait déjà le Finlandais Janne Niskala, et on peut se demander si Mytishchi n'aurait pas dû mettre plus de soin à des joueurs au positionnement défensif sûr.

La pré-saison, commencée très tôt puisque l'entraîneur Sergei Svetlov a convoqué tout le monde le 12 juillet, a surtout démontré que l'Atlant souffrait d'un déficit de talent offensif. Il lui manque simplement un ou deux snipers capables de mettre les occasions au fond. Le meilleur buteur de SM-liiga Juha-Pekka Haataja est bien sûr le plus attendu dans ce registre, mais c'est la première fois qu'il quitte la Finlande et il semble peiner à s'adapter à son nouvel environnement. Du coup, l'équipe de Mytishchi n'a pris qu'un point en cinq rencontres... et Svetlov s'est déjà fait virer.

 

Le niveau du bas de tableau de la KHL semble se relever, surtout à l'ouest où plus aucune équipe n'est larguée. Le Vityaz est également devenu compétitif. Il faut dire que sa masse salariale a augmenté de 60%. Le gouvernement de l'oblast de Moscou a renforcé son soutien, en même temps qu'il a donné son accord à un nouveau déménagement. Le club quitte à nouveau Chekhov (où évolueront les juniors) pour retourner à Podolsk où il avait déjà évolué entre 2000 et 2003. Une patinoire de 5500 places l'y attend.

Le recrutement s'est adapté à ce nouvel environnement. Oubliée, la boxe sur glace, plus populaire dans l'ambiance particulière de Chekhov. Il y a bien encore des Nord-Américains, mais ils n'ont rien de gros bras. Comme Josh Hennessy, déjà présent l'an passé, Mike Iggulden ne joue pas énormément de son physique et amène surtout sa contribution offensive : il a toujours marqué au moins 30 points par saison depuis ses débuts professionnels.

Aleksandr Korolyuk n'est plus le seul à savoir dribbler. La nouvelle mode est au talent. Maksim Rybin et Maksim Afinogenov en ont toujours eu, mais ils étaient frustrés l'an passé où ils ont bien peu joué dans l'effectif pléthorique du SKA Saint-Pétersbourg. On compte sur la motivation intacte de ces trentenaires pour qu'ils retrouvent une seconde jeunesse. Du coup, le Vityaz est maintenant pris au sérieux comme une vraie équipe de hockey.

 

 

Division Kharlamov (Conférence Est)

 

Il faut toujours prendre garde à ce que les déclarations intempestives ne reviennent pas comme un boomerang quelques années plus tard. En revenant à l'Ak Bars Kazan, Aleksandr Burmistrov était attendu avec un sourire en coin. Tout le monde se souvenait qu'il avait déclaré il y a trois ans préférer la NHL parce que la KHL était une "ligue pour les joueurs âgés". À croire qu'il se considère déjà comme un vieux à même pas 22 ans ! Le prétexte du trou de mémoire ne tenant plus face à des archives implacables, il a été obligé de préciser sa pensée a posteriori : il ne voulait pas offenser la KHL, mais simplement souligner que les clubs russes ne font pas assez confiance à leurs jeunes...

C'est vrai pour les juniors, mais les trois années passées en NHL ont apparemment débarrassé son club formateur des prévenances à l'égard de Burmistrov. C'est en effet le plus jeune joueur à avoir été enregistré comme "joker hors plafond salarial" : on imagine donc que la rémunération proposée a joué un rôle dans ce revirement d'opinion. L'autre motif, c'est qu'il était barré pour les deux premières lignes à Winnipeg et qu'il veut se montrer pour participer aux Jeux olympiques de Sotchi.

Quoi de mieux que Kazan, ancien club du sélectionneur national Zinetula Bilyaletdinov, dont l'adjoint Valeri Belov entraîne toujours l'équipe, pour mettre toutes les cartes de son côté pour être sélectionné pour les JO les plus chers de l'histoire ? C'est le même raisonnement qu'a tenu Aleksandr Svitov, centre de la quatrième ligne aux derniers Mondiaux. Et le triple champion du monde Aleksei Tereshchenko est toujours là, puisqu'il a signé à 32 ans un nouveau contrat de trois saisons. Comme aune de comparaison, on ne peut pas rêver mieux : trois centres potentiels pour l'équipe de Russie se retrouvent dans le même club !

De ce fait, Kazan a pu recruter des étrangers aux ailes : Tim Stapleton, le meilleur marqueur du Dynamo Minsk qui peut jouer centre ou ailier, et deux joueurs de NHL, l'Américain Chris Bourque et le Tchèque Tomas Vincour. L'international finlandais Janne Pesonen est toujours présent. S'y ajoute un renfort de la sélection olympique élargie, Mikhaïl Varnakov. La défense s'est aussi enrichie de Shaun Heshka, le Canadien élu meilleur défenseur en élite finlandaise.

Pour faire oublier rapidement le légendaire duo Zaripov-Morozov, Kazan a donc mis les moyens : l'attaque est rajeunie avec des joueurs qui montent en puissance, et les Tatars veulent clairement rebâtir une nouvelle place forte.

 

Le Metallurg Magnitogorsk continue de miser sur des entraîneurs nord-américains, même si cela lui aura apporté peu de succès. Les négociations pour un retour aux affaires de l'ancien duo d'entraîneurs nationaux Bykov-Zakharkin étaient pourtant avancées, mais le grand patron Rashnikov a refusé leurs demandes salariales. Un des atouts des entraîneurs canadiens est en effet leur prix : eux se contentent de moins d'un million de dollars, même les plus célèbres.

Mike Keenan est en effet un nom qui marque, voire qui faisait peur. Il dirigeait à Philadelphie puis à Chicago les équipes les plus physiques de la NHL, avant de conduire en 1994 les New York Rangers à leur seule Coupe Stanley depuis la guerre. Keenan dit s'être assagi avec les années. Il est devenu un homme de réflexion, qui officie depuis quatre ans comme analyste pour la chaîne de télévision NBC.

Keenan sera vite mis au parfum : après quatre années sans médailles, Magnitka veut absolument faire un grand cadeau pour la vingtième année de présidence de Viktor Rashnikov, directeur du puissant combinat métallurgique dont le club est l'émanation. Le meilleur signe de cette ambition est l'acquisition de Vassili Koshechkin, jugé trop cher même par le SKA. Il est désormais le gardien le mieux payé de KHL. On parle de cinq millions de dollars par saison.

Autres recrues-phares, Danis Zaripov, qui n'a pas dit son dernier mot à 32 ans, et Jan Kovar, le meilleur marqueur des play-offs tchèques. Ils se joignent au buteur-vedette Sergei Mozyakin pour former une offensive redynamisée. Une offensive qui peut compter sur le soutien de Chris Lee : meilleur pointeur des défenseurs en DEL puis en élite suédoise, le Canadien réussira-t-il la passe de trois dans un nouveau championnat ?

 

Le Traktor Chelyabinsk a été bien avisé de prolonger les contrats de la plupart de ses joueurs avant les play-offs. Ils auraient pris de la valeur après avoir atteint la finale de KHL. Le plus important est évidemment d'avoir conservé Evgeni Kuznetsov, qui a changé son numéro 92 (référence à son année de naissance) en numéro 84. Les Capitals de Washington en ont assez d'attendre et veulent le voir dans leurs rangs en 2014/15, et le seul moyen de persuader Kuznetsov de rester dans sa ville natale serait un contrat très long. Si 2013/14 est sa dernière saison, elle est en tout cas mal partie : le jeune ailier a confessé sa "honte" après avoir terminé le match d'ouverture avec une fiche de -4, puis il s'est blessé à la première minute du deuxième match sur une mise en échec légale de Rybin. Il doit soigner à nouveau son épaule en Allemagne, où il avait déjà été opéré. Son absence pour trois mois paraît sonner le glas de sa participation aux JO de Sotchi, mais il veut toujours y croire.

La blessure de Kuznetsov n'ampute pas seulement la première ligne qu'il devait former avec Jan Bulis et Stanislav Chistov. Elle complique toutes les compositions d'équipe. Un nouveau règlement de la KHL impose deux joueurs nés après 1992 et deux joueurs nés après 1993 sur la feuille de match. Sans les deux super-talents locaux Evgeni Kuznetsov et Valeri Nichushkin (né en 1995 mais déjà parti en NHL), l'entraîneur Valeri Belousov estime ne pas avoir de jeunes prêts à jouer à ce niveau. Il s'en tire en laissant des jeunes cirer le banc, dont un second gardien junior : l'autre évolution réglementaire selon laquelle un portier étranger peut jouer sans restriction arrange en revanche Belousov, qui a toute confiance en Michael Garnett.

Belousov est un entraîneur à l'ancienne, toujours prompt à calmer l'impatience des jeunes. Ses systèmes très soviétiques conviennent en revanche mieux à des hockeyeurs techniques comme le centre Anton Kuryanov (ex-Omsk) et l'ailier letton Lauris Darzins (ex-Kazan).

La principale faiblesse du Traktor est la défense, qui a perdu le vétéran américain Deron Quint. On espérait avoir gagné en mobilité avec Aleksandr Guskov et Renat Mamashev, mais cela n'est pas si évident. Arrivé en tant que meilleur compteur des défenseurs de KHL, Mamashev éprouve toutes les peines du monde à confirmer son explosion de la saison dernière. Il a même été envoyé dans l'équipe-ferme de VHL, le Chelmet Chelyabinsk. Une difficulté à confirmer qui ne concerne pas que lui, mais tout le collectif ouralien.

 

Le Torpedo Nijni Novgorod a été transféré dans la conférence est du fait de l'afflux de clubs à l'ouest. Un déménagement qui allonge ses déplacements mais lui assure certainement un retour en play-offs. Il n'y a pas que la division géographique qui ait changé. Tout est nouveau, même - et surtout - le coach. Le Torpedo avait initialement essayé d'engager Dmitri Kvartalnov, l'entraîneur du Sibir Novosibirsk, qui n'était pas disponible, et s'est finalement rabattu sur son adjoint, Peteris Skudra.

Le Letton de 40 ans n'était pas une célébrité, même dans son pays, car il n'a jamais été titulaire en équipe nationale. Mais il a très vite fait parler de lui dans sa nouvelle fonction, car il ménage aucun interlocuteur, ni les journalistes ni les joueurs que l'on dit froissés. L'agressivité n'est pas qu'en parole. Le credo de Skudra, c'est un hockey physique, où tout le monde finit ses mises en échec, et offensif, où les cinq joueurs participent à l'attaque.

Qui dit nouvelle philosophie dit nouveaux joueurs, avec 15 départs pour 19 arrivées. Le Torpedo a recruté des hockeyeurs motivés, notamment de ceux qu'on avait peut-être trop vite oubliés. Qui se souvient de Piotr Schastlivy, capitaine de la Russie gravement blessé aux Mondiaux de Moscou 2007 ? Qui a encore en mémoire que Georgi Gelashvili a conduit Yaroslavl en finale de KHL en 2009 ? Qui croit encore en Denis Parshin, porté disparu depuis son échange du CSKA à Kazan ? Skudra, lui, se rappelle avoir souffert de la technique de Parshin à l'entraînement quand il gardait les cages du club militaire, et il est certain que le jeune papa a mûri sans avoir rien perdu de sa vitesse. Il estime aussi que le défenseur Vadim Khomitsky, autre vieille connaissance du CSKA, a des qualités offensives qui n'étaient plus exploitées à Ufa.

Tout cela peut faire une sacrée équipe, surtout qu'il faut ajouter trois Finlandais, dont le meilleur marqueur des championnats du monde 2011 Jarkko Immonen, et deux Canadiens arrivant de NHL, le centre défensif Tim Brent et l'ailier Wojtek Wolski, deux joueurs a priori idéaux pour le nouveau style de Skudra.

 

Pour la troisième fois de sa carrière, Vladimir Krikunov est de retour au Neftekhimik Nijnekamsk. À chacun de ses passages, l'ancien entraîneur d'équipes nationales (Slovénie, Bélarus, Russie) est resté trois ans et a atteint au moins une fois les quarts de finale. Ce serait un beau challenge, et c'est ce qui a manqué l'an passé pour couronner une bonne saison. Les Tatars savent que c'est en fin de championnat qu'on fait le bilan, et sont lassés d'être performants en août en pré-saison pour ensuite échouer au printemps. La préparation intensive à la mode Krikunov devra viser plus loin. Mais avec la concurrence supplémentaire du Torpedo, il faut déjà aller en play-offs.

Le Neftekhimik a perdu son meilleur marqueur, Renat Mamashev, qui n'était autre qu'un défenseur. Sous Krikunov, la production offensive devrait surtout revenir aux attaquants. Un vrai talent a en effet été embauché avec Vyacheslav Anisin. Le petit prince du bel canto a subi une extinction de voix forcée la saison passée, pâtissant de déclarations intempestives au sujet du staff du Dynamo. C'est dans la discrétion d'une petite ville de province, où il pourra vainement chercher l'opéra, qu'Anisin devra relancer sa carrière en silence.

Autre joueur ayant gagné à Moscou une réputation de frondeur, l'ex-Spartakiste Branko Radivojevic rejoint son compatriote Martin Cibak, qui n'est autre que le capitaine du Neftekhimik. Radivojevic remplace ainsi le Tchèque Netik, tandis que les autres renforts étrangers sont toujours là : le centre international tchèque Petr Koukal et le colosse finlandais Oskar Osala. Après la retraite de Maksim Sokolov (aujourd'hui entraîneur des gardiens à l'Atlant), le gardien canadien Matt Dalton devra dorénavant partager la cage avec Aleksandr Sudnitsin, héros des play-offs de VHL 2011 qui fait donc deux ans plus tard ses grands débuts en KHL.

 

Andrei Belmach venait initialement du hockey sur glace, mais c'est dans le volleyball qu'il a acquis sa réputation. Il dirigeait les deux clubs d'Odinstovo (banlieue de Moscou), et a atteint la finale de la Ligue des Champions chez les hommes comme chez les femmes. Le club féminin a aussi été deux fois champion de Russie, par contre le club masculin vient d'être relégué. Belmach, pour sa part, vient d'être engagé comme nouveau directeur sportif du Yugra Khanty-Mansiysk.

Ses premières déclarations tracent un grand projet : "Un des objectifs de notre staff est de faire du Yugra une école de champions. Dans nos avant-postes du nord, nous n'avons que la volonté. Des garçons jouant avec des étincelles dans les yeux apparaissent dans les régions les plus rudes du pays. Tout le monde se souvient qu'Andrei Nikolishin a commencé sa carrière de hockeyeur à Vorkuta, et Sergei Fedorov à Apatity. Maintenant, c'est à Khanty-Mansiysk que les futures stars du nord se transformeront dans les nouveaux Fedorov."

Pour l'instant, il n'y a guère de futurs hockeyeurs à Khanty-Mansiysk. Le club n'existe que depuis sept ans, néanmoins, malgré sa position dans la capitale du pétrole russe, il se comporte comme devrait se comporter un club formateur, en maintenant un effectif stable. Les rares noms connus (Masalskis, Demagin, Glazachev et le capitaine Anton But) ne sont plus là, mais ce n'est pas pour autant que le Yugra est à écarter des pronostics. L'essentiel est d'avoir un collectif, et il peut même compter sur un retour, celui de Mikhaïl Yakubov, qui a pu constater à Magnitogorsk que le temps de jeu dans un grand club n'est pas garanti. Il est revenu à Khanty-Mansiysk nanti du statut de nouveau capitaine.

 

Cela fait quatre ans que l'Avtomobilist Ekaterinbourg joue en KHL, mais il ne suit pas une pente ascendante, tout au contraire. Il s'enfonce chaque année un peu plus bas et voit son total de victoires diminuer : 8 seulement la saison dernière.

L'arrivée de Leonid Vaisfeld comme directeur sportif doit marquer normalement un nouveau départ. Pour autant, le club ouralien ne séduit guère et a toute une réputation à refaire. Il n'a même pas réussi à remplir son quota d'étrangers (5) au début de la saison. Pas évident pour un hockeyeur venu d'ailleurs de débarquer chez la lanterne rouge de KHL, dans une équipe où il ne connaît personne !

En effet, les étrangers qui ont voulu venir viennent tous de pays différents : le plus connu est Sami Lepistö, l'international finlandais, mais il y a aussi un Suédois en défense, Tobias Viklund. La recrue la plus importante pourrait bien être le gardien Jakub Kovar, doté d'excellentes statistiques en Extraliga tchèque. L'adaptation la plus difficile a été celle du Canadien Éric Bélanger. Il était un peu surprenant de voir ce vétéran qui a fait toute sa carrière en NHL (861 matches, 365 points) débarquer ainsi dans ce petit club peu attractif, mais il n'avait plus trop le choix, viré par Edmonton après le déclin rapide de ses performances. Après une pré-saison prometteuse, il n'a pas réussi à inscrire un seul point en sept rencontres officielles et a fait part aux dirigeants de son mal-être. Il a donc mis un point final à sa carrière, remplacé par... un autre Canadien, Anthony Stewart, tout juste recalé au camp de San José. S'adaptera-t-il mieux ?

 

Division Chernyshev (Conférence Est)

 

Le Salavat Yulaev Ufa est une institution dans la République de Bashkirie, et il reste toujours aussi populaire. La vente des abonnements a été gelée à 6000 unités, car les dirigeants veulent permettre aux spectateurs occasionnels de venir eux aussi encourager leur équipe. La patinoire de 8000 places a donc un taux de remplissage de presque 100%, pas si fréquent dans la KHL.

Un attachement renforcé par la place importante que le club se fait une fierté de laisser aux joueurs locaux. Le centre international Aleksandr Svitov a été remplacé par un joueur formé au club, Dmitri Makarov, qui avait été envoyé en équipe réserve en 2006/07 mais a prouvé sa valeur depuis à Nijnekamsk et à Nijni Novgorod. Il revient avec un tout autre statut, assistant-capitaine.

L'effectif est très stable, puisque les neuf meilleurs marqueurs et les deux meilleurs défenseurs défensifs - Brent Sopel (36 ans) et Vitali Proshkin (37 ans) - ont tous été conservés. Les principaux changements concernent les lignes arrières avec le départ des champions du monde 2009 (Vitali Atyushov) et 2010 (Miroslav Blatak). Ils ont été remplacés par le passeur-relanceur Ivan Vishnevsky et le gros lancer d'Anton Babchuk, faisant de ce dernier son "joker hors masse salariale" car Ufa est proche du plafond. Babchuk le mérite-t-il vraiment après deux années polluées par les blessures chez les Calgary Flames et une carrière plutôt inconstante ?

Ce sont surtout des joueurs étrangers qui ont déçu en ce début de saison. Le talentueux mais indolent Slovaque Stefan Ruzicka a été envoyé en équipe-ferme au Toros Neftekamsk. Quant au gardien finlandais Iiro Tarkki, pourtant titulaire toute la saison dernière, on s'est séparé de lui au bout d'un mois. Le club bashkire annonce maintenant donner sa chance à Andrei Vassilievsky (19 ans), une opportunité rare pour un gardien de cet âge en Russie. Vassilievsky, qui reste couvert par Aleksei Volkov puisqu'Ufa avait trois gardiens, saisira-t-il cette chance unique, à rebrousse-poil des coutumes russes ?

 

Le rachat des contrats en cours de validité a fait l'actualité tout l'été en NHL en raison de la baisse du plafond salarial. L'Avangard Omsk s'y est mis aussi, mais pour un autre motif : certains joueurs sont soupçonnés de s'être reposés sur leurs lauriers depuis la finale 2012. Mais si un accord de résiliation a été trouvé avec Anton Kuryanov, la dernière année de contrat à 4 millions de dollars d'Aleksandr Frolov n'a trouvé aucun acquéreur, et la racheter (ce qui coûte les deux tiers de la somme) aurait coûté cher. Le nouveau manager Yuri Karamnov s'est résigné à assumer les contrats de son prédécesseur Anatoli Bardin, dont les 4,5 millions annuels d'un Aleksandr Perezhogin, champion du monde 2012 qui n'a plus jamais atteint le même niveau.

Mais Karamnov n'est-il pas en train de rééditer les mêmes erreurs ? Il a clamé haut et fort que Sergei Kostsitsyn était un des joueurs de NHL au meilleur rapport qualité/prix pendant le lock-out. Il s'est donc appliqué à ce que le Biélorusse se défausse de son contrat avec Nashville et à le faire signer pour trois ans. Mais depuis que Kostsitsyn a obtenu cette assurance à long terme, il semble faire plus d'erreurs et être atteint de la léthargie contagieuse de ses coéquipiers.

Karamnov n'a guère d'excuses car il a obtenu toutes les recrues voulues, sauf Svitov et le jeune défenseur international Zaitsev, financièrement inaccessibles. Certes, la région a réduit son soutien, mais le club compte toujours sur Gazprom et est sponsorisé par la société locale Mostovik, qui a obtenu le contrat certainement juteux de la patinoire de hockey des Jeux olympiques de Sotchi, les plus chers de l'histoire. Autant dire que l'Avangard est toujours un "oligarque" de la KHL.

La dernière place à laquelle il est tombée début octobre, à égalité avec Novokuznetsk, était donc impardonnable. La série de neuf défaites consécutives - 3 avec Petri Matikainen rapidement viré et 6 avec le nouvel entraîneur tchèque Milos Riha - est du jamais vu pour un cador de la KHL. Le (nouveau) bouc émissaire : le gardien Teemu Lassila, critiqué pour des bourdes dès la pré-saison, n'a pas su remplacer son compatriote Karri Rämö, parti aux Calgary Flames pour tenter de succéder à un autre Finlandais (Miikka Kiprusoff). Mais bien que les oreilles du gardien sifflassent, l'Avangard était incapable d'en dénicher un autre, les pistes n'aboutissant pas (la rumeur José Théodore par exemple).

Finalement, Omsk a engagé carrément deux gardiens d'expérience, le vétéran de NHL Mathieu Garon et l'ex-international biélorusse Andrei Mezin. Riha a aussi commencé à s'énerver en retirant le capitanat à Frolov pour le donner au défenseur Denis Kulyash, seule recrue satisfaisante. Tomas Zaborsky, meilleur marqueur mais avec une fiche de -10, a enfin été échangé... contre Stefan Ruzicka, le banni d'Ufa. L'Avangard va-t-il enfin se remettre ainsi en ordre de marche ?

 

Le Barys Astana est dans la situation inverse de l'Avangard et arbore un large sourire en ce début de saison. Même quand il ne joue pas excellemment, il gagne. Comme quoi tous les gardiens finlandais ne se font pas virer ! Ari Ahonen, après deux années à Magnitogorsk, est arrivé au bon moment car Vitali Eremeïev, le meilleur gardien du Kazakhstan de sa génération, commence à décliner à 38 ans.

Le club du Kazakshtan a confié son destin à un entraîneur finlandais : Ari-Pekka Selin, 50 ans, a signé pour deux ans, et compte parmi ses adjoints la légende vivante du hockey finlandais, l'homme aux six participations olympiques Raimo Helminen.

On aurait pu penser que le Barys pâtirait du départ à Nijni Novgorod de l'attaquant Vadim Krasnobolotsev, mais les autres internationaux se comportent de mieux en mieux et semblent bénéficier de leur temps de jeu pour progresser : attention, le Kazakhstan pourrait revenir plus fort dans l'élite mondiale en mai prochain. On a même eu droit à une surprise début août avec le retour définitif de Nikolaï Antropov, le seul joueur de NHL du pays et son gabarit de déménageur.

La ligne nord-américaine Nigel Dawes - Dustin Boyd - Brandon Bochenski est restée, mais la très bonne surprise est la recrue Mike Lundin. Cet ancien défenseur de Tampa Bay a très peu joué depuis deux ans à Minnesota et Ottawa en raison d'un grand chelem de blessures (dos, "bas du corps", doigt cassé puis commotion cérébrale). Son patinage et sa vision du jeu rendent cependant cet Américain très pertinent sur grande glace.

 

Le Sibir Novossibirsk reste sur une bonne saison, et il a réussi à conserver la plupart de ses piliers, dont le roc défensif slovaque au slap de titan Kristian Kudroc. L'entraîneur Dmitri Kvartalnov a été préservé de la convoitise du Torpedo, qui vient renforcer la concurrence en conférence est. Avec Nijni Novgorod et Vladivostok en plus, Novosibirsk, septième l'an passé, aura la tâche plus difficile pour finir dans les huit premiers à l'est et retourner ainsi en play-offs.

Faute d'avoir des cadres locaux de niveau suffisant, le Sibir est extrêmement dépendant de ses joueurs étrangers. C'est une gageure d'avoir pu garder les deux attaquants finlandais Jori Lehterä et Jonas Enlund, qui marquent deux fois plus de points que leurs coéquipiers. Le défenseur letton a été mis de côté (réengagé par Ufa) afin d'engager un troisième attaquant finlandais, Jarmo Koskiranta, un joueur assez doué techniquement.

Mais il y a un joueur qu'il était impossible de retenir, car il a presque doublé son salaire en allant au Spartak Moscou : le gardien canadien Jeff Glass. La deuxième meilleure défense de la conférence est, c'était lui ! Comment lui succéder ?

Le gardien slovaque Julius Hudacek a essayé, mais il n'a tenu qu'un match de championnat avant de prendre la porte, remplacé par... un Finlandais de plus ! Avec ses deux mètres, Mikko Koskinen a de quoi occuper la place vacante.

 

Alors que Fetisov proclamait il y a quelques années que l'avenir de la KHL était en Asie, l'expansion s'était jusqu'ici dirigée vers l'ouest. L'annonce soudaine en juin de la création d'un club à Vladivostok - le port de la Mer du Japon au bout du Transsibérien - a rééquilibré le développement. La présidence a été confiée à l'ancienne star de NHL Aleksandr Mogilny, le plus célèbre hockeyeur originaire d'Extrême-Orient (de Khabarovsk précisément).

Le nouveau club a suivi la logique de "conquête du marché asiatique" en sélectionnant un Japonais et un Coréen à la draft KHL. Cela relève plus du marketing, car on sait que cette "draft" ne sert quasiment à rien et est très peu prise au sérieux. Le club a néanmoins déclaré envisager d'inviter ces deux joueurs un de ces jours pour voir à quoi ils ressemblent.

Deux autres scrutins étaient plus cruciaux. D'abord, le choix du nom. On a fait voter la population locale, attirée par le thème maritime. Admiral a recueilli les suffrages devant Kosatki (orque) et Forpost (poste avancé). Ensuite, la draft d'expansion organisée spécialement pour la nouvelle franchise, à la façon NHL, car elle ne s'appuie sur aucune structure pré-existante locale. Des joueurs comme Zherdev et Frolov n'avaient pas été protégés, et beaucoup se demandaient s'ils iraient de bonne grâce au bout du monde. La question ne s'est pas posée. L'Admiral n'a pas retenu ces gros salaires et a préféré piocher des joueurs vis-à-vis desquels il avait des arguments : Sergei Barbashev, un vice-champion du monde junior qui jouait peu dans son club formateur (le CSKA), pourra se développer ; Enver Lisin, toujours utilisé en troisième ligne en NHL puis à Magnitogorsk, tient une chance d'être le meneur offensif.

L'Admiral a aussi repêché des Suédois pas forcément très en vue à leur première saison de KHL, Richard Gynge et Niclas Bergfors. Il faut préciser qu'il s'est vu accorder un autre privilège, celui de jouer à 7 étrangers au lieu de 5. Le plus inattendu est Felix Schütz, premier joueur formé en Allemagne à jouer en KHL, qui a même plus de responsabilités qu'il n'en avait à Cologne.

L'effectif est essentiellement composé de joueurs qui n'ont jamais joué en KHL, venus de junior, de réserves, voire revenus d'un rêve nord-américain un peu éventé (l'ailier de 100 kilos Evgeni Grachyov, qui n'aura joué que 34 fois en NHL). De ce fait, l'entraîneur Hannu Jortikka dispose d'une équipe motivée par le défi, à condition que les jeunes ne soient pas rebutés par sa sévérité à leur égard.

 

Quelles conséquences l'arrivée du "voisin" Vladivostok aura-t-elle pour l'Amur Khabarovsk ? Bien sûr, il y gagne un derby, à 800 kilomètres à peine de distance, soit quatre fois moins que les autres équipes les plus proches. Mais il a un peu de quoi être jaloux du nouveau-né. En plus, celui-ci s'est permis de recruter Hannu Jortikka, le seul entraîneur à avoir fait rêver les supporters en propulsant l'Amur aux sommets du championnat (à l'automne 2011). Même si cela s'était moins bien passé ensuite, beaucoup regrettent le style actif et physique du Finlandais, et Evgeni Popikhin doit encore prouver qu'il peut faire mieux.

En plus, l'Amur, lui, n'a aucune dérogation : il doit jouer avec 5 étrangers "comme tout le monde", et en consomme déjà trois pour sa base arrière : le gardien finlandais Mika Järvinen (en tandem équilibré avec le gardien formé au club Aleksei Murygin) et les défenseurs américains Dylan Reese et Brian Salcido.

Il ne reste donc plus que deux places devant. L'un est bien connu. Jakub Petruzalek, devenu champion KHL après avoir été échangé en janvier au Dynamo mais qui a été rendu à l'expéditeur. Il passera donc sa troisième saison en Extrême-Orient, ce qui correspondra à six semaines entières de sa vie passés dans l'avion. L'autre est nouveau. Jan Mursak, qui s'est blessé à la cheville puis à l'épaule lorsque les deux dernières saisons des Detroit Red Wings commençaient, s'est lancé un nouveau défi en signant pour deux ans à Khabarovsk, où sa vitesse pourrait faire fureur. On le reverra aussi plus souvent en équipe de Slovénie.

 

Quo vadis, Metallurg Novokuznetsk ? À l'intersaison, le club de la région minière des Kuzbass a perdu son directeur sportif, son entraîneur, ses gardiens et l'ensemble de ses deux premières lignes.

Tous les gens au fait de la KHL connaissent la situation financière du club, et pour beaucoup, il s'agit donc d'un choix par défaut. L'ancien capitaine Aleksei Kosourov est revenu après une saison vite avortée chez le rival Khabarovsk et terminée un cran plus bas en VHL. Ses deux assistants, les défenseurs Raymond Giroux et Aleksandr Aksyonenko, n'ont joué qu'une poignée de rencontres l'an passé et ne pouvaient sans doute pas signer ailleurs.

On imagine Aleksandr Kitov plein de bonne volonté à l'idée de débuter comme entraîneur en chef en KHL. Il a eu le temps de sourire pendant deux victoires inaugurales... avant neuf défaites d'affilée. Le malheureux s'est déjà fait virer, remplacé par son adjoint German Titov. On souhaite bon courage au champion du monde 1993...

Ici, au moins on ne reprochera rien au gardien finlandais, car Niko Hovinen tient la baraque. Les deux internationaux finlandais, le centre géant Marko Anttila et le défenseur Tuukka Mäntylä, constituent même un peu la seule chance du Metallurg.

 

Marc Branchu

 

 

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