Russie 2012/13 : présentation

 

Conférence Ouest

Division Bobrov : SKA Saint-Pétersbourg, Dynamo Moscou, Lev Prague, Dinamo Riga, Slovan Bratislava, Donbass Donetsk, Vityaz Chekhov.

Division Tarasov : CSKA Moscou, Lokomotiv Yaroslavl, Torpedo Nijni Novgorod, Severstal Cherepovets, Atlant Mytishchi, Dynamo Minsk, Spartak Moscou.

Conférence Est

Division Kharlamov : Ak Bars Kazan, Metallurg Magnitogorsk, Traktor Chelyabinsk, Yugra Khanty-Mansiysk, Neftekhimik Nijnekamsk, Avtomobilist Ekaterinbourg.

Division Chernyshev : Avangard Omsk, Salavat Yulaev Ufa, Barys Astana, Sibir Novosibirsk, Amur Khabarovsk, Metallurg Novokuznetsk.

 

 

Division Bobrov (Conférence Ouest)

 

Le SKA Saint-Pétersbourg poursuit deux courses parallèles : une compétition sportive face aux adversaires de la conférence ouest, pour essayer d'atteindre enfin la finale de KHL, et une compétition médiatique face au Zénith Saint-Pétersbourg. Le club de football, historiquement beaucoup plus implanté et populaire dans la ville, a recruté Hulk, le Brésilien de Porto ? Deux semaines plus tard, le SKA réplique avec un autre super-héros, Ilya Kovalchuk, le Russe le mieux payé de NHL qui devient ainsi le joueur le mieux payé de KHL.

C'est pour amplifier sa présence médiatique que Kovalchuk a été nommé capitaine sitôt arrivé. Un comble pour un hockeyeur dont la présence est temporaire, tant que dure le lock-out. Kovalchuk l'a appris en conférence de presse et en était lui-même surpris ! Son arrivée est surtout une bénédiction pour Viktor Tikhonov jr : le "petit-fils" venait de se faire critiquer par son entraîneur parce qu'il cherchait chaque été à signer en NHL et qu'il arrivait en mauvaise forme physique, et le voilà qui devient centre attitré d'une star qui n'a pas connu de meilleures conditions de préparation.

Pour les ailiers en revanche, la venue de Kovalchuk et le retour de Vladimir Tarasenko (qui complète parfaitement cette ligne avec son énergie) est une mauvaise nouvelle, car elle annonce une concurrence terrible. Tout l'été, le SKA avait pourtant essayé de désamorcer l'abondance de vedettes en refusant poliment à Maksim Sushinsky de revenir dans sa ville natale et en recrutant plutôt des joueurs complets pour une troisième ou une quatrième ligne, Anton Burdasov et Konstantin Glazachev. Après une excellente pré-saison, ils ont pourtant dû se contenter de miettes. Glazachev a même été écarté de l'effectif trop-plein et se recasera... au Sibir, le club d'origine de Tarasenko !

Saint-Pétersbourg ayant toujours été richement pourvue en attaquants, la défense avait constitué la priorité de base du recrutement. On s'est débarrassé de Kirill Koltsov pour engager à coût presque égal deux joueurs, Kevin Dallman et Maksim Chudinov, qui sont aussi productifs offensivement, mais meilleurs dans les tâches purement défensives. Surtout, ces deux arrières tirent de la droite et ouvrent les solutions qu'attendait leur coach Milos Riha pour le powerplay, avant même d'obtenir Kovalchuk.

Le pauvre international tchèque Jakub Stepanek, déjà en difficulté dans sa concurrence avec Ilya Ezhov, se retrouve en tribune avec l'arrivée d'un gardien de NHL, Sergei Bobrovsky. Mais sera-t-il encore là au moment où le SKA a surtout besoin d'un gardien, en play-offs ? Tout dépendra des négociations entre Gary Bettman et Donald Fehr, de l'autre côté de l'Atlantique...

 

La démission du Ministre de l'Intérieur Rachid Nurgaliev a failli coûter cher au Dynamo Moscou, car ce sont ses réseaux qui amenaient la plupart des sponsors au club historique de la police. Le champion de KHL risquait donc de ne plus pouvoir assumer son budget. Et cela alors que la réussite sportive aiguise l'appétit financier des joueurs. Le directeur sportif Andrei Safronov avait connu la même situation du temps du HK MVD en 2010, quand il avait dénoncé l'appât du gain de son capitaine Aleksei Tsvetkov qui avait monnayé son talent ailleurs. Deux ans plus tard, il a réembauché Tsvetkov, comme quoi aucun conflit n'est définitif.

Tant mieux, au vu du feuilleton de l'été Mikhaïl Anisin. L'attaquant de poche, avant d'éclater lors des play-offs, avait une rémunération "modeste" de 150 000 dollars par an. Un "simple" quadruplement de son salaire ne lui convenait pas. Il voulait au moins un million. Il a mal pris la rebuffade qu'il a subie de "l'allergique aux millionnaires" Safronov, qui a minimisé la valeur du joueur dans ses arguments de négociation. Et quand on fait 165 cm, on n'aime pas être minimisé... Anisin ne s'est donc pas présenté à la reprise de l'entraînement, et si son club le bloquait, il menaçait de partir en NHL. Sauf que son gabarit ne le destine guère à une grande carrière en Amérique du nord.

La situation a été réglée par l'intervention d'Arkady Rosenberg, qui est à la fois un des oligarques qui montent en Russie grâce aux contrats publics et un ancien partenaire de judo de Vladimir Poutine (une coïncidence). Dès son arrivée, l'entrepreneur de Saint-Pétersbourg a conclu un accord avec Anisin. Mais il a aussitôt précisé que son soutien financier n'était pas illimité, et qu'il valait mieux investir dans les jeunes que de verser trois millions de dollars à un Ovechkin. Oulà !

Il est vrai que le Dynamo tient à sa politique de modération face à l'escalade salariale. Ses recrues sont parmi les moins prestigieuses de la KHL : Konstantin Kasyanchuk revient du championnat ukrainien et Richard Gynge n'est même pas international en Suède.

Néanmoins, était-il sérieusement envisageable de renoncer à Aleksandr Ovechkin ? L'idée d'imaginer l'enfant du club sous le maillot rival du CSKA donnait des cauchemars aux supporters. C'est une décision de la KHL qui a mis fin au débat : elle a en effet imposé que les pigistes du lock-out soient plafonnés à 65% de leur salaire en NHL (qui est de 9 millions de dollars dans le cas d'Ovechkin). À partir du moment où la règle est la même pour tous, le Dynamo était prêt à payer. À salaire fixé, la question ne se posait plus : Ovechkin reviendrait bien sûr au Dynamo, remplaçant ainsi Komarov sur la première ligne.

L'équipe moscovite très homogène recevait ainsi la star du cru en bonus. Une star beaucoup plus facile à intégrer que le petit Anisin, car le vestiaire n'a pas pardonné à celui-ci sa bouderie au camp d'entraînement et son comportement. Ovechkin a même śuvré pour faire venir un cadeau bonus : le centre suédois Nicklas Bäckström, son coéquipier à Washington.

 

Le Lev Poprad de la saison passée était un projet tchèque qui s'était exilé en Slovaquie pour obtenir l'autorisation de jouer en KHL. Le nouveau Lev Prague n'a rien à voir avec lui, hormis son nom (qui signifie "lion"). Il ne s'agit pas de la même entité juridique, ni de la même équipe sportive. Elle n'a conservé que trois joueurs, le défenseur Jiri Hunkes et les attaquants internationaux slovaques Lubos Bartecko et Juraj Mikus.

Carte blanche a été donnée à Normunds Sejejs : il a longtemps joué en Extraliga, il parle donc tchèque, et il connaît bien la KHL en tant qu'ancien manager de Riga. Mais surtout, il dispose d'un budget deux fois plus gros que ce qu'il avait connu en Lettonie : 20 millions d'euros ! Il ne lui était donc pas difficile de ramener au pays les hockeyeurs tchèques : tant qu'à jouer en KHL, ceux-ci préfèrent le faire chez eux plutôt qu'au Neftogazovik de Pétaouchnok ! On comprend aisément que le défenseur international Ondrej Nemec n'a pas eu de mal à quitter les grises cheminées de Cherepovets pour les façades colorées de Prague. Et même Jakub Klepis, auteur du but du titre pour le Dynamo Moscou, a dit adieu à la mégalopole embouteillée pour une capitale aussi vivante mais plus vivable... C'est ainsi que s'est assemblée une belle colonne vertébrale, autour des centres Jiri Novotny et Petr Vrana. L'attaquant canadien venu de NHL Erik Christensen se charge alors de la finition.

Il fut également possible de garder quelques millions en réserve pour le lock-out : les attaquants Jiri Hudler et Jakub Voracek ont ainsi été parmi les tout premiers à débarquer en Europe dès l'annonce de l'interruption de la NHL, avant de se blesser (Hudler a été remplacé par Roman Cervenka). Et après le refus de Kris Letang pour raisons personnelles, on a "vu grand" pour la place de renfort défensif : Zdeno Chara !

Il y a suffisamment de grands noms pour attirer les spectateurs, mais ceux-ci restent fidèles aux "vrais" clubs de Prague. Le Lev a donc pris le parti d'une politique commerciale agressive : pour 200 euros à l'année, l'abonné bénéficie d'un bon siège, d'un maillot floqué à son nom et d'une entrée privilégiée. Les billets à l'unité coûtent de 4 à 10 euros, et des places gratuites sont distribuées aux étudiants. Le Lev s'assure ainsi de remplir correctement la O2 Arena (uniquement utilisée pour les grandes affiches contre le SKA, le Dynamo, le CSKA et le Slovan, à cause du loyer prohibitif) ou la vieille Tipsport Arena (le reste du temps). Les recettes aux guichets représentent à l'évidence une part mineure du budget : comme toute la KHL, qui le soutient comme cible majeure dans sa stratégie d'expansion, le Lev est financé à perte.

 

Puisque Normunds Sejejs est parti à Prague, son poste a été confié à Juris Opulskis au Dinamo Riga. Et pour Opulskis aussi, il s'agit d'un changement complet d'environnement professionnel. Il travaillait dans un championnat letton peuplé de gamins et de vétérans, et le voilà à gérer une masse salariale de plus de six millions d'euros.

Un tel montant est cependant peu élevé au regard des critères de la KHL et n'autorise nullement à en accorder un tiers au seul Sandis Ozolins qui voulait un dernier gros contrat. Il fallait donc rechercher un nouveau défenseur offensif, et ce sera un Québécois, Mathieu Carle, qui devra prendre un rôle important sur le powerplay où les arrières lettons manquent souvent de puissance de feu.

La filière nord-américaine est la solution choisie pour le Dinamo Riga pour compenser la perte de ses cadres lettons. Sprukts parti, deux centres offensifs ont été engagés pour deux ans, Rob Schremp et Jamie Johnson. Et pour remplacer Mikelis Redlihs, l'ailier physique Alexandre Giroux devra attaquer la cage adverse et finir les actions.

S'il a perdu certains internationaux vers des concurrents de KHL, le Dinamo Riga a rapatrié en revanche deux exilés nord-américains. L'un est Raitis Ivanans, qui fut membre du cercle fermé des goons de NHL, une clique au destin souvent peu enviable. Le sien fut brisé fin 2010 lorsqu'un puissant coup de poing de Steve McIntyre lui fractura l'os facial. Ivanans manqua une année complète avant de revenir en AHL. Aujourd'hui, l'homme aux 18 points et 569 minutes de pénalité en NHL rentre au pays en devant "réapprendre" le hockey, alors que sa seule expérience en équipe nationale en 2008 avait été un fiasco.

Le second retour est celui de Kaspars Daugavins, l'ancien prodige intenable parti à 18 ans outre-Atlantique et devenu enfin l'an dernier à 23 ans un authentique titulaire chez les Ottawa Senators. Son retour passager est une excellente nouvelle pour la sélection nationale dans la perspective du tournoi de qualification olympique de février... et une beaucoup moins bonne nouvelle pour le principal adversaire, l'équipe de France.

 

L'apparition du Slovan Bratislava est beaucoup plus naturelle que celle du Lev Prague. Il s'agit en effet d'un club existant au passé prestigieux. Le rôle de l'épouvantail d'une Extraliga slovaque en décrépitude, du club que tous ses adversaires de province aiment jalouser et détester, finissait par l'ennuyer. Il souhaitait que l'on reforme un championnat tchéco-slovaque, comme au bon vieux temps, mais les clubs tchèques, eux, n'y voyaient pas d'intérêt.

Alors, après avoir regardé le Lev Poprad essuyer les plâtres, le Slovan a toqué à la porte de la KHL qui se réjouissait de compter une capitale de plus. Et puis, il a déjà un sponsor "couleur locale" pour la ligue russe, une compagnie pétrolière (Slovnaft). Les spectateurs sont fidèles et ont faim de confrontations de niveau européen. Ils ont déjà rempli la patinoire en pré-saison pour l'European Trophy, pendant que toutes les autres salles du continent sont vides. Aucune inquiétude donc pour l'affluence.

Pour autant, le club de Bratislava a la moitié du budget de son homologue de Prague, et pas du tout la même facilité. Il comptes certes une star en la personne de Miroslav Šatan, mais à 37 ans, celui-ci ne fait plus se damner personne. L'autre attaquant majeur, l'international tchèque Michal Vondrka, est surtout réputé comme un joueur complet que comme un pur profil offensif. L'atout maître du Slovan sera donc essentiellement le système défensif de l'entraîneur tchèque Rastislav Cada, qui peut compter sur un joker intéressant. Comme au précédent lock-out, le défenseur Lubomir Visnovsky revient dans son club formateur, mais à 36 ans, l'ex-international incarne comme Šatan le passé.

Le Slovan contribuera-t-il à donner un avenir au hockey slovaque ? Oui, si on en croit ses efforts pour rapatrier les juniors slovaques qui ont tendance à se perdre en Amérique du nord et à y ruiner leur carrière naissante. Non, si l'on s'inquiète que les deux gardiens Branislav Konrad et Jaroslav Janus soient étouffés dans une concurrence à trois avec leur homologue finlandais Ville Hostikka. Cette compétition a eu des effets différents sur Konrad, gardien du club depuis trois ans et qui ne joue plus, et sur Janus, le champion AHL qui s'est vite emparé du poste de numéro 1.

 

Le gardien qui s'est révélé avec la Slovaquie aux derniers championnats du monde, Jan Laco, est quant à lui parti en Ukraine. La première exigence de l'entraîneur slovaque Julius Supler en signant au Donbass Donetsk, c'était en effet de recruter deux gardiens de bon niveau. Il les a. Pendant que Laco se remet d'une fracture de la clavicule, un Erik Ersberg revanchard rachète sa réputation ternie à Ufa par des buts de la ligne rouge.

Viré en février du CSKA, Supler a été vite attiré par les projets du Donbass. Il a d'abord donné son accord de principe, mais c'est seulement quand le club ukrainien a effectivement été accepté en KHL qu'il a signé son contrat. Il a été impressionné par la vitesse avec laquelle ils ont été admis dans cette ligue. Pour les Ukrainiens, les échecs - comme la Coupe Continentale à Rouen - ne sont qu'un contretemps qui ne contrecarre en rien leurs ambitions. Ils attendent la revanche pour janvier. Et ils sont déjà passés à la suite, en passant en deux ans du championnat ukrainien à une intégration en KHL, en deux pas de géant qui ont à chaque fois remodelé l'équipe.

Quand ailleurs on parle de construire une patinoire de 20 000 places dans une région sans passé hockey, cela fait ricaner. Quand c'est à Donetsk, le discours est plus crédible. Parce que l'ils ont déjà créé dès l'an dernier une télévision avec des moyens techniques cités en exemple par la KHL. Et plus généralement, parce que rien n'est trop grand pour les oligarques ukrainiens. Ce que son ami Rinat Akhmetov a fait en football au Shakhtiar Donetsk, Boris Kolesnikov veut le faire avec le Donbass. Et quand on veut, on peut. Ou plus exactement, quand on paye, on peut. Les Ukrainiens ont déjà un budget de top-6 de la conférence ouest pour leur première saison.

Le Donbass s'est vite fait connaître en recrutant Lukas Kaspar, un joueur jugé trop cher par Magnitogorsk. Comme les clubs non-russes n'ont aucune limite de nationalité, Donetsk a embauché une ligne finlandaise et une ligne tchéco-slovaque. Il n'a cependant pas réussi à attirer de grands noms russes, les vétérans Kovalev, Slava Kozlov ou Sushinsky se montrant trop gourmands. Son seul joueur russe de haut niveau est Evgeni Dadonov, qui a reçu un contrat inespéré de deux ans à son retour d'AHL.

Le Donbass a profité du lock-out pour engager les deux seuls attaquants ukrainiens de KHL, Ruslan Fedotenko et Aleksei Ponikarovsky, plus le défenseur Anton Babchuk, originaire de Kiev mais qui a choisi la nationalité russe à l'adolescence. Les autres hockeyeurs ukrainiens, eux, n'ont que des miettes en quatrième ligne. L'effet à long terme sur l'équipe d'Ukraine, coincée au troisième niveau mondial (division IB), risque donc d'être faible.

 

" L'idéologie du club est en train de changer. Nous voulons jouer un hockey agressif, dur et rapide, mais éviter les bagarres générales. " Mikhaïl Golovkov, ex-président du Dynamo Moscou de 2006 à 2010, exprime ainsi la révolution culturelle qu'il veut imposer au Vityaz Chekhov. Nanti de nouveaux sponsors, le club de la région de Moscou souhaite maintenant viser les play-offs, et a donc une autre échelle de valeur que la notoriété acquise à coups de poing.

Une volonté qui se traduit par le retour d'Aleksandr Korolyuk, meilleur marqueur de l'histoire du club et leader offensif de 2004 à 2008 à son retour de NHL. Ce grand technicien peut servir de modèles à la nouvelle génération 1990/1991, celle des Evgeni Timkin, Artemi Panarin et Nikita Dvurechensky.

Idem en défense avec les Markov, qui sont désormais deux. Daniil était déjà là, Andrei arrive le temps du lock-out. Le Vityaz maintient un équilibre entre ces vétérans et les potentielles découvertes comme Vladimir Malevich, 27 ans, révélé en Coupe Continentale et en VHL avec le Donbass Donetsk.

Les trois nouveaux Américains qui évoluaient en AHL avec des apparitions en NHL (le défenseur Brian Fahey et les attaquants Josh Hennessy et Mark Cullen) ont été recrutés pour leurs capacités de pointage, et pas pour autre chose.

Le Vityaz a-t-il totalement renoncé à sa marque de fabrique ? N'exagérons rien. Il s'est refait une virginité pendant la pré-saison en jouant sans gros bras, mais c'est parce qu'ils sont arrivés ensuite. Le combattant Jeremy Yablonski est de retour, et il est accompagné de Trevor Gillies, très vite remarqué par sa crête punk et sa barbe conçues pour lui donner un look méchant. Ils ne sont plus que deux, cependant, dans une équipe dont la principale occupation est - enfin - de jouer au hockey sur glace.

 

 

Division Tarasov (Conférence Ouest)

 

Les premiers mois de prise de contrôle du CSKA Moscou, autrefois club de l'armée rouge, par la compagnie pétrolière Rosneft furent agités. À l'évidence, seul un manager charismatique et doué d'une autorité naturelle était capable de prendre les rênes de ce club soumis à la pression étroite de son sponsor. Un défi qu'a relevé Sergei Fedorov, qui a arrêté sa carrière de joueur pour cette reconversion directement dans le vif du sujet. Sa première décision fut de valider l'engagement de Valeri Bragin - choisi par Rosneft - comme entraîneur.

Bragin présente l'avantage d'avoir commandé en équipe nationale junior à la génération montante du CSKA (Ilya Zubov, Sergei Shirokov, Denis Parshin). Mais sans cadre pour les mener, le CSKA a déjà constaté que ses jeunes ne le mèneraient pas loin. Il a donc fallu rattraper le retard pris (le temps d'embaucher Fedorov) sur le marché des transferts. Première étape, la signature pour trois ans de Denis Denisov, champion du monde en mai dernier et nouveau pilier défensif.

Mais le coup le plus spectaculaire fut l'engagement d'Aleksandr Radulov, la forte tête pointée du doigt par Nashville, lors de son bref retour en NHL, pour une violation de couvre-feu. Selon le joueur, c'était une situation montée pour faire baisser sa valeur de marché et le resigner pour pas cher comme agent libre. Si c'est le cas, c'était peine perdue : Radulov vaut toujours cher en Russie. Le CSKA a versé 8 millions de dollars à Ufa pour acquérir ses droits et lui a offert 7 millions de salaire annuel. L'acquisition du plus gros poisson sur le marché a eu un effet boule de neige. Le club a soudain multiplié les annonces en à peine trois jours : arrivée (bien sûr) du frérot Igor Radulov, et signatures pour deux ans de l'arrière finlandais Mikko Mäenpää, du centre letton Janis Sprukts et de l'attaquant NHL/AHL Vladimir Zharkov.

Plus de faux-semblants : le CSKA devient un favori après avoir enfin acquis des stars. La faiblesse du jeu en pré-saison a néanmoins semé le doute sur le niveau de ces recrues. Celui qui s'en sortait le mieux, c'est "l'anomalie" Patrick Davis, arrivé de la troisième ligne de Wolfsburg. Pas le pedigree d'un étranger de KHL, mais un joueur de devoir, utile en infériorité, en phase avec la nouvelle philosophie de jeu de Bragin qui veut bousculer les habitudes russes et introduire un hockey plus physique et nord-américain.

Le CSKA a cependant un atout dans sa manche : le lock-out en NHL et les excellents contacts de Fedorov avec ses anciens confrères. Les trois contrats temporaires autorisés par la KHL ont été utilisés pour compléter cette équipe qui se cherche encore. L'arrivée d'Ilya Bryzgalov permettra d'économiser le gardien slovaque Rastislav Stana, car les portiers étrangers ont le droit de jouer deux tiers des matches de saison régulière au maximum. L'intelligence de jeu de Pavel Datsyuk et la technique de Mikhaïl Grabovsky devraient donner une colonne vertébrale à une attaque en chantier... dont la maquette paraît déjà impressionnante !

 

Il y a un an, l'avion qui transportait le Lokomotiv Yaroslavl s'abîmait au décollage, anéantissant ce qui était peut-être la plus belle équipe de l'histoire du club. Une équipe internationale dont la disparition plongeait peu à peu le monde du hockey dans la consternation. L'enquête a conclu à la mise en cause de Vadim Timofeev, un ancien directeur de la compagnie aérienne Yak Service qui aurait produit des documents falsifiés car l'équipage n'avait pas toutes les qualifications requises pour piloter le Yak-42.

L'émouvante cérémonie du souvenir prouve que les supporters de Yaroslavl n'ont pas oublié les disparus. Psychologiquement, les nouveaux arrivants devront vivre avec ces "fantômes". Même si l'entraîneur canadien Brad McCrimmon était son ami, Tom Rowe n'a pas été effrayé par cette perspective. L'Américain (ancien adjoint de Paul Maurice, le nouvel entraîneur de Magnitogorsk, chez les Carolina Hurricanes) ne se voyait proposer qu'une place d'entraîneur-chef en AHL, qu'il aurait vécue comme une régression dans sa carrière. Il a préféré le challenge russe. L'entraîneur historique de Yaroslavl, continue pour sa part de diriger l'équipe de VHL, devenue la réserve. Le Lokomotiv est donc le seul club à s'engager dans les deux principales ligues. Il remercie ainsi la VHL qui lui avait tendu les bras en cours de saison pour lui permettre de reconstruire une équipe.

À l'époque, les manifestations de compassion envers le Lokomotiv se multipliaient. Le président Yuri Yakovlev avait même refusé la qualification automatique en play-offs pour 2013 que lui proposait la KHL. Cette place, il faudra la chercher sur la glace. L'an dernier, on parlait beaucoup du retour volontaire des anciens de Yaroslavl, que leurs clubs actuels cèderaient gracieusement par solidarité. Les belles paroles ont été oubliées. Les seuls cadres revenus sont le défenseur Vitali Vishnevsky (SKA) et l'attaquant de grande expérience Viktor Kozlov (Ufa). Pour le reste, le Lokomotiv a acheté son équipe, comme tout le monde. C'est en surenchérissant qu'il a "soufflé" l'international letton Mikelis Redlihs à Kazan. Il a surtout misé sur les Finlandais puisque Sami Lepistö s'impose en leader de la défense et que Niklas Hagman est destiné à la première ligne aux côtés du vétéran biélorusse Aleksei Kalyuzhny. Pour l'essentiel, c'est donc sa masse salariale qui a rebâti le Loko.

L'élément nouveau qui a permis le retour de joueurs avec de vraies attaches locales, c'est en fait le lock-out en NHL. Le gardien Semion Varlamov et l'attaquant Artem Anisimov sont ainsi rentrés dans leur club formateur. Le défenseur Dmitri Kulikov, qui jouait à Yaroslavl avant son départ outre-Atlantique en junior, y a aussi remis les pieds : il était pourtant convoité car il ne rentre pas le quota des trois joueurs sous contrat en NHL, étant agent libre. Avec de tels renforts, les fans se sentiront sans doute plus proches de leur équipe, qui fera moins office d'usurpatrice.

 

Dans une KHL où les clubs sont souvent versatiles, le Torpedo Nijni Novgorod applique une formule gagnante : "on ne change pas une équipe gagne". Le duo de gardiens Vitali Koval - Nikita Bespalov a été conservé. Les dix meilleurs marqueurs sont tous restés, et ils ont même vu arriver l'ex-international russe Piotr Schastlivy en complément.

Pour autant, il sera très difficile de répéter la saison passée. Le Torpedo était devenu champion de la division Tarasov l'an passé dans des circonstances très particulières liées à la disparition du Lokomotiv. Cette fois, non seulement le favori est de retour, mais il y a deux clubs moscovites dans sa division. La réorganisation est due à l'apparition de nouveaux clubs. Ils sont maintenant 14 à l'ouest, la 12 à l'est.

La logique aurait été de rééquilibrer et de créer deux conférences de 13. Dans ce cas, il aurait fallu déplacer le Torpedo en Conférence est. Mais la KHL a considéré que Nijni Novgorod était une ville "occidentale". Elle a en effet été fondée en tant que dernière ville russe sur la Volga, poste défensif face aux invasions des Mongols de la Horde d'Or puis de leurs héritiers, les Tatars du khânat de Kazan. Psychologiquement, les dirigeants de la ligue ont donc maintenu la limite entre les conférences quelque part sur la Volga entre Nijni Novgorod et Kazan, sur une frontière historique, culturelle et religieuse.

Il y a aussi des arguments sportifs dans leur choix : on a tellement dit que la Conférence ouest était moins forte que, d'un extrême à l'autre, l'équilibre s'est inversé. Avec 14 équipes, dont aucune ne veut lâcher l'affaire, pour 8 places en play-offs, la lutte s'annonce serrée, même pour une équipe de valeur comme le Torpedo toujours entraîné par Kari Jalonen.

 

Andrei Nazarov, le plus jeune entraîneur de KHL, est arrivé au Severstal Cherepovets précédé d'une réputation sulfureuse acquise au Traktor et surtout au Vityaz. Dès son arrivée, il a vanté les mérites du beurre de Vologda, reconnu dans toute la Russie, et a promis que cette région au nord de Moscou serait bientôt connue pour ses hockeyeurs. Néanmoins, on soupçonne Nazarov de moins aimer le beurre... que les pains !

L'ancien enforcer n'a pu s'empêcher de chercher un clone capable de jeter les gants. Et pas un Canadien comme au Vityaz, mais un Russe pour " préparer les Jeux Olympiques de Sotchi " (on ose espérer que la Sbornaïa n'alignera pas un goon au tournoi olympique, ce serait du jamais vu !). Il a fait fort en dénichant Pakhrudin Gimbatov, qui s'est battu à chaque match de préparation. Il a grandi à Saint-Pétersbourg, mais comme il est né dans la région explosive du Daghestan, les médias russes ont évidemment adoré le rôle de la brute venue du Caucase...

Nazarov a été lui-même dépassé et a demandé aux journalistes de porter plutôt leur attention sur les vraies vedettes locales : le meilleur passeur de KHL Vadim Shipachev, le champion du monde Evgeni Ketov et bien sûr Vassili Koshechkin. Le gardien a manqué la première semaine d'entraînement car il est devenu papa de jumeaux : décidément, on fait tout en grand chez "double mètre" Koshechkin ! Il partageait jusqu'ici la cage moitié/moitié, mais Nazarov veut l'aligner plus souvent afin qu'il revienne en équipe nationale. Il montre là son autre facette, celui du formateur qui veut développer ses joueurs.

La tâche de Koshechkin est compliquée car tous les meilleurs défenseurs sont partis, dont le grand espoir local Maksim Chudinov (engagé au SKA). Il fallait retrouver un leader des lignes arrières, et Nazarov a obtenu le " rêve de tout coach " Petr Caslava. Passé par Cherepovets il y a cinq ans, l'international tchèque sait se mettre les supporters dans la poche, et a déclaré à la cérémonie de présentation que le Severstal serait " une équipe de vrais hommes ". En voilà un qui parle déjà comme son coach ! L'autre recrue défensive majeure a aussi le profil : Aleksandr Ryazantsev a gagné une forme de concours de virilité en janvier dernier en signant le slap chronométré le plus puissant du monde.

 

Sitôt que l'ancien gouverneur Boris Gromov a été remplacé, l'oblast de Moscou a déjà prévenu tous les clubs professionnels de la banlieue moscovite : la manne est finie et ils devront être autonomes financièrement d'ici quatre ans. Une gageure pour l'Atlant Mytishchi, financé à 80% par la région (et né de la volonté de Gromov...). Certes, la subvention reste provisoirement identique pour cette saison, mais face à l'escalade salariale permanente de la KHL, cela ne suffit plus. Même les seconds couteaux se voyaient proposer des augmentations considérables ailleurs, et l'Atlant a commencé à vivre un exode.

Il ne reste plus que quatre joueurs de l'équipe finaliste de 2011. Un effort a quand même été fait pour conserver au moins une star, Nikolaï Zherdev, en lui offrant trois millions de dollars par an. Cette dépense faite, il ne restait pas de quoi engager des pointures. Le club faisait valoir que des stars de demain étaient peut-être les recrues anonymes d'aujourd'hui, mais les observateurs n'étaient pas convaincus. Ils lui prédisaient déjà sa première élimination en play-offs.

Et si cette stratégie prudente était bien pensée ? Vu le nombre de joueurs sur le marché, il suffisait en effet d'attendre la baisse des prix. La blessure à la jambe de l'attaquant suédois Patrik Zackrisson au camp d'entraînement a permis de négocier son départ et de libérer une place d'étranger. Le vétéran letton Sandis Ozolins, toujours sans club en raison de son prétentions salariales dignes de Zherdev, a alors été recruté à "moitié prix". Le quarantenaire a été mis en balance avec le défenseur de NHL Kurtis Foster et a été choisi car il a été jugé plus complet. Mytishchi a en effet déjà un pur défenseur offensif avec Janne Niskala.

Restait le problème du gardien, identifié comme la grande faiblesse par les experts. Remplacer Barulin et sa doublure Kotschnew par le jeune duo Galimov/Davydov était vu comme un défi insensé. Il suffisait en fait d'attendre le lock-out : l'espoir Anton Khudobin a été récupéré pour un demi-million de dollars. Les dirigeants ont précisé que ce n'était pas un signe de défiance envers les autres gardiens et que Khudobin n'aurait pas sa place de titulaire garantie. Le joker a effectivement commencé le match contre Riga sur le banc... et il est entré en cours de jeu car le malheureux Stanislav Galimov, qui avait très bien commencé sa saison, s'est blessé aux adducteurs dans un choc.

 

La déception du dernier championnat du monde a forcément causé des remous au Bélarus. Des hauts responsables avaient évoqué à chaud l'idée que le Dynamo Minsk devait se débarrasser de ses étrangers pour mieux aider l'équipe nationale. Mais contrairement à ce qui s'est passé au Kazakhstan, ce discours n'a pas été suivi d'effet. Les dirigeants ont déjà eu du mal à garder un international comme Aleksandr Kulakov, que lui disputait le Metallurg Magnitogorsk.

On compte certes un étranger de moins en défense, ce qui profite au poids lourd de 108 kilos Pavel Chernook qui sera titulaire pour sa première saison à ce niveau. Mais les attaquants internationaux biélorusses se contentent toujours des rôles secondaires, avec le seul Andrei Stas en titulaire affirmé au centre de la deuxième ligne. À moins de compter Charles Linglet, Geoff Platt et le gardien Kevin Lalande, naturalisés mais pas encore sélectionnables, on est loin de l'idée d'une base pour l'équipe nationale. Et même si Kari Heikkilä a la double casquette, il lui est difficile de penser à l'intérêt de la sélection sur le long terme car sa position est fragilisée et dépendante des résultats immédiats.

L'attaque ne doit normalement pas poser de soucis, elle est quasiment inchangée à une exception près. Sous contrat, Daniel Corso a été écarté après un petit bras de fer (il s'est présenté au camp et a commencé la saison jusqu'à ce qu'on lui verse les indemnités dues d'après les règles de la KHL) et a été remplacé au centre de la première ligne par Tim Stapleton, rapide attaquant américain venu des Winnipeg Jets.

La défense - normalement la priorité tactique de Heikkilä - tâtonne en revanche. Après le départ du duo slovaque Obsut-Podhradsky, les nouveaux Jonas Frögren et Cory Murphy restent à intégrer correctement. Et surtout, la première paire Jere Karalahti - Vladimir Denisov ne fonctionne tout simplement pas et a finalement été séparée. Le second a aussi volontairement cédé le capitanat au premier. Le taux d'erreurs restant important, Minsk attendait un gardien finlandais "de lock-out" pour sauver les meubles. Niklas Bäckström avait donné son accord, mais il s'est blessé. Il a fallu se "rabattre" sur (l'excellent) Pekka Rinne. Son arrivée pourrait sauver la tête de son compatriote Heikkilä...

 

Le plus pauvre des clubs de la capitale, le Spartak Moscou, a compris qu'il n'avait pas d'autre richesse que ses supporters. Or, ils étaient de moins à moins nombreux à venir dans l'antique Sokolniki. Comme le club n'arrive guère à faire avancer seul son projet de nouvelle patinoire, il a déjà commencé par re-décorer l'ancienne pour la rendre plus présentable, au moins en façade. Le kop a aussi été prié de se comporter moins "footeusement" et plus civilement pour ne pas effrayer les familles. Les campagnes de promotion ont fait leur effet, et les premières affluences sont en hausse.

Mais pour que la tendance se poursuive, il faut que les résultats soient à la hauteur. Cela ne s'annonce pas facile pour le Spartak qui a remanié les deux tiers de son effectif. Des changements en bonne partie volontaires. Les entraîneurs ont ainsi mis leur veto à un retour d'Ivan Kasutin, qui avait réclamé de quitter le club en janvier dernier quand le classement était mauvais. Qui va à la chasse perd sa place... Elle bénéficiera au jeune gardien canadien Mike Murphy, qui cirait le banc des Carolina Hurricanes derrière Cam Ward et qui aura plus de chance de jouer dans une concurrence avec Sergei Borisov.

Le coach Sidorenko vante une équipe travailleuse, qui a gagné en gabarit et qui tentera de s'imposer dans l'enclave. Celui qui correspond le mieux à cette description est Shaone Morrisonn, qui s'était fait connaître en NHL à Washington comme "l'assurance" du défenseur offensif Mike Green, mais qui a été parqué en AHL par Buffalo l'an dernier pour cause de plafond salarial, en raison d'un contrat trop gros pour son rendement (2 millions de dollars). Le Canadien a mal vécu cette expérience peu agréable pour un joueur de 29 ans et sera sûrement motivé pour prouver qu'on ne doit pas l'effacer des tablettes.

Mais ce qui manque au Spartak, c'est un vrai leader offensif. L'expérience ne manque pas, surtout avec l'ajout d'Oleg Petrov toujours en forme à 41 ans, mais il faudrait un joueur capable de porter l'équipe en attaque. Les clés de la première ligne ont été confiées à Branko Radivojevic, de retour de Mytishchi, mais le capitaine n'est pas un vrai joueur de premier bloc, et ça se sent. Quand à son compatriote Stefan Ruzicka, il en a le talent, mais pas l'envie. S'ils ne réussissent pas à se métamorphoser en meneurs offensifs, le Spartak peinera à se qualifier.

 

 

Division Kharlamov (Conférence Est)

 

Le départ, l'été dernier, de l'entraîneur Zinetula Bilyaletdinov pour prendre la tête de l'équipe de Russie aura été un lourd sacrifice pour Ak Bars Kazan . Son successeur Vladimir Krikunov n'a pas réussi à imposer ses vues à des joueurs nostalgiques de leurs systèmes de jeu d'antan. Alors, puisqu'il est impossible de faire revenir le sélectionneur - à qui la fédération russe a imposé une clause d'exclusivité - on a recruté son adjoint en équipe nationale, Valeri Belov, dont le contrat est plus souple. Belov arrive en terrain connu : il a été l'adjoint de Bilyaletdinov pendant six ans à Kazan, et il connaît donc la grande majorité des joueurs.

La stabilité est en effet de mise à Kazan car les leçons ont été tirées de l'échec de l'équipe des millionnaires du lock-out de 2005. Outre l'entraîneur, le seul bouleversement fondamentale se situe dans les cages. Konstantin Barulin remplace Petri Vehanen, à qui il avait déjà succédé en mai comme gardien champion du monde (mais seulement en numéro 2 de l'équipe russe). Cette arrivée dans un grand club aux objectifs ambitieux sera capitale pour la suite de sa carrière.

Ak Bars garde sa défense expérimentée intacte, et le seul nouveau venu (Andrei Mukhachev) jouait déjà ici voici trois saisons. Offensivement, on ne part pas non plus dans l'inconnu. L'ailier rentré de NHL/AHL Maksim Maïorov est né en Ouzbékistan... mais a été formé à Kazan, même s'il jouait aussi peu en équipe première avant son départ d'Ak Bars qu'il ne le fait à Columbus depuis quatre ans.

La place d'étranger libérée par Vehanen a été confiée au pur buteur finlandais Janne Lahti, qui a trois compatriotes en attaque pour se familiariser. De retour après une année au pays, l'international Janne Pesonen retrouve en effet son compagnon de l'équipe nationale Jarkko Immonen. Autant dire que tout le monde se connaît ou presque, et qu'à l'instar du premier trio Danis Zaripov - Niko Kapanen - Aleksei Morozov, les lignes sont déjà rodées. Même en cas de lock-out, Kazan ne commettra plus la même erreur en invitant une collection de stars impossibles à souder.

 

L'an passé, le Metallurg Magnitogorsk avait établi le plus gros budget de son histoire et avait accordé de généreux contrats à des joueurs plutôt en fin de carrière, pour un piètre apport. Cette saison est donc placée sous le signe de la reconstruction en s'appuyant mieux sur le travail de formation réalisé avec les juniors par le mythique Evgeni Koreshkov.

Comme avec Dave King à l'époque, Magnitka a réinvité un prestigieux entraîneur canadien, Paul Maurice, le plus jeune coach de l'histoire à avoir atteint le cap des 1000 matches en NHL. N'ayant jamais été pro, il a fait carrière sur le banc grâce à sa précision théorique et méthodique. C'est lui qui a choisi Cal O'Reilly, un joueur intelligent et très assidu à l'entraînement. Ce centre de 25 ans a joué 113 matches (41 points) en NHL. Il a signé pour deux ans et devra endosser des responsabilités dans une attaque rajeunie après le départ de ses deux leaders naturels Sergei Fedorov et Tomas Rolinek. Un autre centre canadien arrive (de Finlande), le centre physique Justin Hodgman.

C'est surtout la défense qui paraît affaiblie après avoir perdu Kukkonen, Lajunen et Dmitri Bykov. La maigre recrue est Anton Poleshchuk, champion avec Magnitka en 2007 sans beaucoup jouer, qui s'est ensuite bien développé au niveau inférieur et vient de remporter la VHL avec Neftekamsk.

Tel quel, Magnitogorsk sera donc un simple outsider dans cette KHL. Mais si un lock-out est déclaré outre-Atlantique, c'est tout bonnement le meilleur joueur qui va arriver ! Le débat sur l'appartenance ou non des droits KHL d'Evgeni Malkin au Metallurg a été tranché par l'intéressé lui-même, qui a déclaré qu'il n'imaginait pas jouer ailleurs qu'à Magnitogorsk. Un autre enfant du pays est dans le même cas, Nikolaï Kulemin. Et comme la KHL autorise trois "renforts temporaires NHL", un certain Sergei Gonchar, grand ami de Malkin, pourrait débarquer comme en 2004/05.

 

Le Traktor Chelyabinsk a réussi à intégrer le clan des favoris et il a conservé son emblème, la jeune superstar Evgeni Kuznetsov, un casanier qui n'avait aucune envie de quitter sa ville natale. Mais pour une équipe qui a fini première de la conférence est, confirmer dans la durée sera forcément ardu. Et l'on commence à se dire que Kuznetsov est l'arbre qui cache la forêt. Si le jeune marié a certainement bien fait de rester une saison de plus, cela ne signifie pas qu'il a renoncé à rejoindre la NHL quand il se sentira assez mûr.

Cet été, beaucoup se sont demandés si Chelyabinsk faisait suffisamment d'efforts pour conserver ses autres joueurs formés au club. Le cas Anton Burdasov, qui refusait les termes de son nouveau contrat, a défrayé la chronique. L'entraîneur Valeri Belousov, alors en vacances, annonçait vouloir lui parler entre quatre yeux, sans son agent, dès son retour. Le club l'a finalement cédé au plus offrant (le SKA) et en serait content... si Burdasov ne s'était pas exprimé dans la presse pour critiquer son ancien club, et surtout son ex-coach Belousov qui ne l'aurait pas fait assez jouer.

Second cas, celui d'Evgeni Dadonov. Le Traktor lui proposait un million de dollars par an (ce qui est déjà fort généreux pour un joueur d'AHL)... mais le Donbass Donetsk a offert le double (!), plus une compensation également à sept chiffres pour le club formateur, qui a empoché l'argent ukrainien.

Financièrement, le Traktor s'y retrouve, grâce à ces coquettes indemnités de transfert. Mais sportivement ? Pour l'équivalent du salaire des jeunes, on a engagé Juhamatti Aaltonen, parce qu'il a l'avantage de former un duo éprouvé avec Petri Kontiola (ils étaient ensemble à Magnitogorsk en 2010/11). La différence entre le Finlandais et les jeunes du cru, c'est qu'il prend une des cinq places d'étrangers, obligeant à se séparer du défenseur Raymond Giroux, un des Canadiens de KHL qui a le mieux appris le russe.

Et surtout, Aaltonen se fait attendre. Comme le gardien Mike Garnett en février dernier, l'attaquant est en plein divorce dans son pays. De tournoi en tournoi, le Finlandais a joué l'arlésienne, occupé à régler ses problèmes familiaux. Au point que l'ex-indésirable du vestiaire de Magnitogorsk s'est attiré - avant même d'arriver - l'inimitié de ses nouveaux coéquipiers, qui n'ont pas apprécié qu'il s'autorise un traitement de faveur...

 

Dans une KHL où les dépenses inconsidérées sont fréquentes, c'est encore au pays du pétrole qu'on est le plus sage. Le Yugra Khanty-Mansiysk ne compte aucune star, saufà la rigueur le duo de gardiens Mikhaïl Biryukov et Edgars Masalskis, ou encore le défenseur international slovaque Tomas Starosta.

L'expression " la star, c'est l'équipe ", souvent galvaudée dans le milieu sportif, prend tout son sens ici. Ou plus exactement, on a ressuscité la philosophie soviétique : la star, c'est l'entraîneur ! On peut même ajouter le pluriel. Sergei Shepelev et ses assistants Nikolaï Soloviov et Sergei Kotov travaillent toujours en harmonie sans se marcher sur les pieds.

Les joueurs partis n'étaient pas majeurs et n'influencent donc en rien une équipe remarquable de continuité. Le défenseur canadien Danny Groulx, qui n'a pas forcément choisi le moment idéal pour retourner en Amérique du nord, a simplement été remplacé par Marek Troncinsky, une des révélations de la dernière Extraliga tchèque avec Liberec.

Avec un cap aussi fermement tenu, Khanty-Mansiysk, déjà qualifié en play-offs pour ses deux premières saisons de KHL, peut donc appliquer un autre poncif : " jamais deux sans trois ".

 

Les premiers play-offs manqués depuis huit ans ont provoqué une mini-révolution à l'échelle du Neftekhimik Nijnekamsk puisque la moitié de l'effectif a été renouvelée. Dans certains cas, il s'agit de choix assumés du club : les gardiens Tuomas Tarkki et Denis Franskevich, assez moyens, ont été remplacés par le Canadien Matt Dalton et le vétéran Maksim Sokolov.

Dans d'autres cas, il s'agit d'un compromis financier à (ne pas) trouver. Aleksandr Korolyuk, Oleg Kvasha et Denis Arkhipov, trois vétérans qui avaient passé leurs jeunes années en NHL, ont refusé les propositions de prolongation et ont préféré partir vers des contrats plus alléchants, au Vityaz pour le premier nommé et au CSKA pour les deux autres.

La défense - qui reste le point faible - est livrée à elle-même sans joueur étranger, afin d'accueillir de nouveaux leaders offensifs : le duo Jan Kolar - Petr Koukal a été moteur dans le titre de champion tchèque de Pardubice.

 

L'Avtomobilist Ekaterinbourg reste un des parents pauvres de la KHL. Même s'il a annoncé mi-juin avoir réglé toutes ses dettes, ses moyens l'obligent à s'appuyer sur les jeunes joueurs de son vivier. Mais pas sur les prestigieux hockeyeurs formés localement.

Ne parlons même pas de Pavel Datsyuk, dont le retour même pour une pige relève de l'utopie. Le "simple" retour d'Aleksei Yashin, qui continue pourtant de dire qu'il considère Ekaterinbourg comme sa patrie, a avorté pour le second été consécutif. Son agent se montre toujours aussi gourmand, mais cette fois l'Avtomobilist n'est pas le seul à ne pas pouvoir - ou vouloir pour les autres - s'aligner. Yashin reste donc sans contrat !

Vu que les quatre meilleurs marqueurs (Subbotin, Bushuyev, Krutov, Abdullin) sont partis, il y a pourtant bien besoin de renforts offensifs. L'Avtomobilist a certes fait revenir le lutin Aleksei Simakov et engagé l'ex-vainqueur de Coupe Stanley Dmitri Afanasenkov, mais cela fait bien longtemps que ces noms un peu connus n'ont plus affolé les compteurs.

Des étrangers dominants sont donc indispensables. Les premiers bruits du printemps, selon lesquels il n'y aurait que deux mercenaires faute d'argent, annonçaient un calvaire. Finalement, le club affiche complet. Il a souscrit le talent offensif qui lui manque avec Josef Straka, Kamil Piros et Rastislav Spirko, il a musclé sa défense avec le gladiateur slovaque Branislav Mezei, et il a surtout récupéré Chris Holt, l'ancien gardien canadien de Riga, sans doute l'addition la plus importante.

Pour autant, le nouvel entraîneur Andrei Shaïanov, démis de toute fonction à Astana après la relégation du Kazakhstan, peut s'attendre à une mission aussi compliquée qu'avec l'équipe nationale d'Asie Centrale...

 

 

Division Chernyshev (Conférence Est)

 

Le 6 juillet, à une semaine seulement du début du camp de préparation, l'agent de l'entraîneur finlandais Raimo Summanen a appelé l'Avangard Omsk pour annoncer que son client, qui avait pourtant signé un nouveau contrat, ne reviendrait finalement pas, sans donner la moindre explication ! Summanen ne se serait pas senti assez écouté de ses dirigeants, car il aurait voulu se débarrasser de certains joueurs (Frolov, Pujacs et son compatriote Anssi Salmela) qui ne correspondaient pas à ses exigences. Pire, il n'identifiait même plus de responsable avec qui discuter le projet sportif.

La réorganisation du club se passait en effet dans le flou. Elle avait commencé par les déclarations de Viktor Nazarov, le gouverneur, qui trouvait que l'Avangard était un "jouet trop cher" pour sa région. Il a donc négocié avec Gazprom, qui a de nombreux intérêts à Omsk, pour que l'entreprise compense la baisse du financement public direct. Autre composante de ces discussions dans les hauts cénacles (dans lesquels Summanen ne risquait pas d'être convié), l'oligarque russo-londonien Roman Abramovich a cédé au club la propriété de la récente Arena-Omsk.

Le départ impromptu de Summanen a obligé Gazprom et le gouverneur à clarifier l'organigramme : ils ont étendu les pouvoirs d'Aleksandr Sterlyagov, le président nommé en cours de saison dernière. Il a maintenant le dernier mot sur la validation de tous les contrats, évidemment après consultation du gouverneur régional, pour être certain que toute décision soit mûrement réfléchie. Une embauche devait cependant être effectuée sans tarder : celle du nouvel entraîneur. L'Avangard a insisté dans la filière finlandaise en engageant Petri Matikainen. Celui-ci s'est vite démarqué de son prédécesseur en nommant capitaine... Aleksandr Frolov ! L'ancien joueur de NHL, passé du statut d'indésirable à celui d'homme de confiance, est le grand gagnant du changement de coach.

Malgré cet été agité, l'effectif finaliste de KHL a peu changé. Le créatif Aleksei Kalyuzhny a été remplacé par le centre plus défensif Andrei Taratukhin, revenu ainsi dans son club formateur qu'il avait quitté à 20 ans pour chercher ailleurs - avec brio - une place de titulaire. Et surtout, Roman Cervenka a obtenu de Calgary les conditions qu'il souhaitait pour signer en NHL : un contrat d'un an et 3,8 millions de dollars qui garantit qu'on compte sur lui sur une des deux premières lignes. La star de remplacement est toute trouvée : Tomas Zaborsky, qu'on ne désespère pas de voir enfin en championnat du monde avec la Slovaquie, est un pur buteur qui a explosé en SM-liiga finlandaise avec Ässät et qui a immédiatement démontré son talent en Sibérie.

L'Avangard devrait donc normalement terminer premier de sa division, qui semble affaiblie cette saison.

 

Depuis quatre ans, le visage du Salavat Yulaev Ufa se confondait avec celui d'Aleksandr Radulov, idolâtré en Che Guevara par les supporters bachkirs. Leur comandante parti, les guérilleros ne risquent-ils pas de se démobiliser ?

L'ancien champion 2011 a perdu beaucoup de plumes. Le gardien finlandais Iiro Tarkki sera-t-il le titulaire stable que n'ont été ni Kolesnik ni Ersberg ? Le défenseur offensif Kirill Koltsov, que le SKA a laissé partir sans regret pour dégraisser sa masse salariale, pourra-t-il mener le jeu de puissance avec autant d'efficacité que Nakladal ? Quant à Tomas Rolinek, l'ancien capitaine de la République Tchèque est effectivement un joueur fiable et combattant. De là à ce qu'il compense à la fois le départ du vétéran Viktor Kozlov et des centres Schastlivy et Taratukhin, cela fait peut-être un peu beaucoup pour ses épaules...

L'allègement de l'effectif, qui apparaît en filigrane de ces quelques exemples, a cependant un grand mérite : il pourrait apaiser les querelles d'égos. Le vestiaire était devenu invivable, faute de temps de jeu pour tous.

À ceux qui croiraient leur place acquise, l'entraîneur Vener Safin a envoyé d'entrée un message : après un premier match de championnat piteux, il a fait s'asseoir en tribune Nikita Filatov - que l'on est bien obligé de présenter comme le remplaçant de Radulov faute de mieux. Mesure disciplinaire efficace puisque Filatov a marqué deux buts à son retour. Cet ex-espoir réputé peu collectif va-t-il ensuite se laisser pousser la barbe et haranguer ses compañeros ? N'exagérons rien : le Salavat en a clairement fini avec ses années folles et est redevenu un simple outsider.

 

Le Barys Astana dispose d'une dérogation pour jouer en KHL à cause de sa patinoire, la pire de la ligue. Les promesses non tenues de construire une enceinte de 10 000 places (la ville d'Astana aurait enfin alloué un terrain, actuellement un parking privé) commencent sérieusement à lasser la KHL. Surtout quand le Barys a essayé de contester une décision de la ligue devant une juridiction non sportive : il ne voulait pas payer les indemnités de départ dues à son ancien entraîneur Andrei Khomutov. Ça a sérieusement chauffé. La dernière fois qu'un hockeyeur a porté son cas devant un tribunal civil, il a pris deux ans de suspension. Le syndicat des joueurs (et des entraîneurs) s'est évidemment empressé de le rappeler à la ligue et aux médias. Menacé d'exclusion pure et simple, le Barys a fait machine arrière et a payé les 500 000 roubles dues à Khomutov.

Certains à la KHL sont excédés qu'Astana se croit intouchable, car protégé des autorités du Kazakhstan. Il s'agit d'ailleurs plus que jamais d'un projet national. La relégation au dernier Mondial a fait changer la politique du club : le Barys ne valait jusqu'ici que par ses renforts étrangers, mais le trio offensif tchèque (Kaspar-Kreps-Novotny) a été sacrifié afin de faire revenir trois joueurs disséminés dans toute la KHL (Dmitri Upper et deux sélectionnables potentiels, Konstantin Rudenko et l'ex-international russe Maksim Spiridonov) et ainsi former à Astana une vraie base de l'équipe nationale. Cette politique "pro-sélection" a connu un premier couac dès le mois d'août quand le gardien Andrei Ivanov, qui était venu à Astana pour devenir citoyen du Kazakhstan et aider l'équipe nationale, a été renvoyé (selon le joueur) ou a décidé de partir (selon l'entraîneur).

L'entraîneur, c'est désormais Vladimir Krikunov, l'ancien sélectionneur du Bélarus et de la Russie. Il devrait remodeler l'équipe, bâtie non plus sur une ligne de stars mais sur une discipline de fer et sur une condition physique maintenue par des entraînements à la limite de la torture. On attend de voir comment ce symbole de la vieille école soviétique s'accommodera de deux représentants de la vieille école... canadienne : le rugueux Josh Gratton, qui avait été renvoyé après un contrôle positif la saison dernière mais qui a re-signé pour deux ans, et John Mirasti, le bagarreur venu en droite ligne du Vityaz.

 

Même s'ils s'étaient habitués à vivre sans lui, puisqu'il était parti au SKA Saint-Pétersbourg dès le mois de janvier (et qu'il y retournera donc pendant le lock-out NHL), les supporters du Sibir Novossibirsk n'ont pas oublié Vladimir Tarasenko. Ils auraient bien eu besoin de lui pour fêter dignement l'anniversaire des 50 ans du club. L'enfant chéri manque tellement que, lors de la cérémonie d'ouverture de la saison, on a projeté son image laser sur la glace !

Malgré le départ du symbole et meilleur marqueur, le nouvel entraîneur Dmitri Kvartalnov a résolument décidé de pratiquer un hockey offensif. Il peut s'appuyer sur le meneur de jeu Jori Lehterä, qui a manqué la moitié de la saison sur blessure et compte donc comme une "demi-recrue". Sa prolongation de deux ans était la priorité de l'été, avant tout transfert.

Novosibirsk a aussi musclé sa défense avec le géant slovaque Kristian Kudroc et avec l'international letton Arturs Kulda, qui a fait carrière en Amérique du nord depuis ses années juniors jusqu'à ses 9 matchs de NHL avec Winnipeg l'an passé. Pas convaincu par la nouvelle proposition de contrat des Jets, il a préféré rejoindre la KHL, ce qui est une grande nouvelle pour la Lettonie en perspective du tournoi de qualification olympique (où elle affrontera la France). Il faudra tout de même laisser un temps d'adaptation à Jeff Glass, l'ancien gardien du Barys, recruté tardivement à la fin août.

 

Comme toujours, l'Amur Khabarovsk a connu un turnover important cet été, car les joueurs du club d'Extrême-Orient s'épuisent vite à cause des voyages interminables. Jakub Petruzalek, la révélation de la dernière saison, est toujours là, mais sans ses collègues tchèques Vrana et Ruzicka.

L'entraîneur finlandais Hannu Jortikka les a remplacés par des compatriotes, Mika Pyörälä et Juha-Pekka Hytönen. Mais il s'agit plutôt de besogneux qui travaillent fort sans palet, pas de vedettes offensives capables d'insuffler des idées à une équipe de Khabarovsk qui n'avait jamais brillé par son attaque avant la saison passée. Même problème en défense où un international finlandais en chasse un autre... sans qu'ils aient le même rôle en équipe nationale. Le partant Mikko Mäenpää est un profil offensif, l'arrivant Topi Jaakola un acteur essentiellement défensif (qui, de plus, est blessé en ce début de saison). L'Amur risque de revenir à sa configuration pré-Jortikka, une équipe peu talentueuse devant qui doit attendre des miracles de son gardien. Le vétéran slovaque Jan Lasak est prévenu...

Si l'effet de surprise ne jouera plus cette année, l'Amur a les moyens de revenir en play-offs car le découpage géographique lui est pour une fois favorable. La conférence orientale était la moins forte, mais cette année son niveau stagne alors que de nouveaux clubs ambitieux s'ajoutent à l'ouest. Douze équipes pour huit places, cela reste un ratio assez raisonnable pour que Khabarovsk puisse encore espérer être de la partie.

 

Une ambition que n'a même plus le Metallurg Novokuznetsk. La dette de 6 millions d'euros léguée par le sponsor Evraz a laissé un trou béant qu'il a fallu combler en vendant les meubles. L'expérimenté manager Leonid Weisfeld s'est adonné à cette tâche ingrate, et il a réussi un beau coup en vendant les droits KHL - pour l'instant théoriques - du gardien (de NHL) Sergei Bobrovsky au SKA Saint-Pétersbourg pour plus de 2 millions d'euros. Une belle somme pour un joueur déjà parti et peu susceptible de revenir...

En revanche, le fait de vendre au plus offrant (en l'occurrence le Torpedo) le meilleur espoir actuel, Maksim Kitsyn, donne un signal beaucoup plus négatif. Certes, Kitsyn déclinait dangereusement et un changement ne peut lui faire que du bien, mais Novokuznetsk a maintenant laissé partir toute sa jeune génération locale, celle qui aurait pu incarner l'avenir.

Tout ça pour réengager Chris Simon (40 ans et 3 points l'an passé en 24 matches) qui n'a signé que fin août et devra donc subir une nouvelle fois un entraînement spécifique pour le remettre en forme. Il suffit d'ajouter que le gardien finlandais Teemu Lassila n'a été remplacé que par Yuri Kluychnikov (le numéro 2 du Sibir Novosibirsk) pour comprendre que le Metallurg va souffrir.

 

Marc Branchu

 

 

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