Chamonix, pan pan pan !

 

Le Chamonix Hockey Club commençait à être considéré comme la Vieille Dame du hockey français. On lui vouait un respect poli, on restait impressionné par son vécu, mais on s'intéressait de moins à moins à elle. Elle tombait dans l'oubli, et se renfrognait un peu elle-même. Internet lui permettait alors de communiquer de nouveau avec le monde. Les rencontres du club ont en effet été retransmises en direct, initiative reprise par une fédération désireuse de... fédérer ces inspirations locales. La FFHG a donc édicté cette saison des exigences minimales à l'attention de ceux qui voudraient diffuser la Ligue Magnus. Le but ultime étant, un jour, d'assembler un magazine vidéo sur la Ligue Magnus à partir de ces images.

Le plus beau cru depuis la crue

Ces règles sont plus un canevas des conditions idéales recherchées (notamment de la part des télévisions régionales) que des contraintes obligatoires pour tous. D'ailleurs, le canal du CHC lui-même ne les respecte pas : il n'a pas de ralenti, et pas non plus deux commentateurs (sauf quand le capitaine Alexandre Audibert est venu jouer les consultants pour la venue de l'équipe de France A'). Il faut dire qu'une seule personne peut parfois faire autant de bruit que deux, car les commentaires sont assez peu caractéristiques d'un "club du troisième âge". À vrai dire, les "Chamois, Chamois, Chamois" hurlés brusquement risquent plutôt d'entraîner des coups de balai dans les murs de la part de votre voisine âgée, ulcérée que l'on puisse faire un tel boucan.

Ces commentaires à coups de "Pan pan pan pan" auraient pu paraître déplacés en d'autres circonstances, mais l'enthousiasme était bien approprié cette année. La saison 2011/2012 a en effet marqué le grand retour au sommet du club doyen du hockey français. Chamonix a atteint sa première demi-finale depuis 1995, la première donc depuis l'inondation de la patinoire (été 1996) qui a dispersé une belle équipe jamais totalement reformée.

Parmi les joueurs qui n'auraient sans doute jamais quitté Chamonix sans cet incident, il y avait Laurent Gras et Richard Aimonetto. Ils étaient rentrés un an plus tard lorsque Chamonix avait remonté une équipe, mais ils étaient vite repartis. Seize ans plus tard, Ce sont encore eux qui montrent l'exemple. Aimonetto vient même de connaître sa meilleure saison statistique depuis son retour à Chamonix en 2005.

Quant à Laurent Gras, honoré par l'équipe de France lors du passage des A' à Chamonix et qui ne connaîtra sans doute plus d'autre sélection, il continue d'être un élément essentiel du jeu collectif mis en place par son ami Stéphane Gros. Celui-ci vient de vivre une consécration méritée : il est le premier homme à avoir été entraîneur de l'année avec deux équipes différentes (Morzine en 2007 puis Chamonix en 2012).

À l'époque, les Pingouins de Morzine-Avoriaz avaient perdu leur première ligne et n'avaient donc pu rééditer son exploit. Chamonix semble mieux loti pour continuer sur sa lancée car le système de jeu y semble plus fort que les hommes. Mais il sera difficile de revivre une telle saison où tout s'est parfaitement déroulé. Une telle alchimie ne se revit pas deux fois, y compris avec les mêmes hommes. Surtout que ce ne sont pas tout à fait les mêmes...

La base arrière a perdu ses piliers

Malgré sa volonté de continuité, Chamonix a perdu quelques éléments-clés. Notamment son seul international actuel, le gardien Florian Hardy, reparti dans sa région natale à Angers. Le CHC a vite réagi en engageant Clément Fouquerel : arrivé à Caen à 10 ans après ses quatre premières saisons de hockey à Cherbourg, il était prêt à s'y engager de nouveau, mais il a changé d'avis et est sorti de son "cocon" normand. Il a vu dans la proposition de Chamonix une opportunité de se rapprocher des Bleus. Les Chamois tiennent là un portier agréable qui s'intègre facilement, et qui a déjà prouvé ses réflexes et sa mobilité. Fouquerel est assurément un gardien d'avenir, mais à court terme c'est un pari car il manque d'expérience dans un club de haut de tableau.

La défense a connu plus de changements que prévu. Le départ de Brent Patry, parti en série A2 à Egna, est dommageable. Le nouvel arrivant Omar Pacha est un joueur que rien ne destinait initialement à un grand parcours. Il a évolué en junior A puis en division III de NCAA. Il ne pouvait signer qu'en SPHL, le plus petit niveau professionnel d'Amérique du nord, mais dès sa première saison, il a été élu sur la ligne-étoile de la ligue. Il s'est alors testé en CHL, avec succès, marquant plus d'un demi-point par match. C'est un défenseur moins patineur mais plus puissant que Patry, qu'il devra remplacer en powerplay. À la relance et au patinage, c'est plus Riku Silvenoinnen qui remplacera le Canadien.

La mauvaise nouvelle est tombée en août. Kai Öhberg, le seul défenseur étranger qui était resté, s'est rompule talon d'Achille. Une très longue absence qui a obligé le club à chercher un joker. Andreas Nilsson aurait fait une carrière anonyme dans les petites divisions suédoises si son père, ancien entraîneur de Tilburg, ne l'avait pas recommandé à ce club. Il a ainsi utilisé les Pays-Bas comme tremplin vers un championnat plus huppé, mais n'a pas vraiment le talent d'un Öhberg. Il est en revanche plus baraqué, et il apportera une robustesse digne de l'autre "pur défensif", Fabien Veydarier. Ce n'est peut-être pas plus mal car les lignes arrières auraient pu manquer de muscles après le départ de Korenko, pas conservé.

Le langage fleuri de Latulippe

L'attaque a connu trois départs volontaires. Mathieu Séguy et Simon Lambert ont raccroché les patins, et Vincent Kara, qui avait besoin de changement, a fait fructifier sa bonne saison en signant à Dijon.

Trois arrivées compensent, deux jeunes pour le long terme et un leader offensif potentiel pour tout de suite, Jay Latulippe. Sa famille est originaire d'une région américaine à la frontière du Québec, où l'on est supporter des Canadiens de Montréal. Il a grandi à Saratoga Springs, à 200 kilomètres au sud de cette frontière, et a débuté le hockey sur glace dès l'âge de 3 ans avec comme coaches son père et son oncle. Son sens du jeu remonte donc à loin, comme son sens de la passe. Il tournait ainsi à plus d'un point par match en élite britannique. Son autre atout est son art de la provocation verbale, souvent à la limite. Il a ainsi été suspendu dans les derniers play-offs néerlandais pour un comportement agressif envers les arbitres. Ce joueur qui vit d'excitation ne risque-t-il pas de s'étioler dans la torpeur chamoniarde, devant un public moins expressif ? Jusqu'ici, il a surtout déployé ses talents dans des ligues très physiques. Son adaptation au style plus fluide de Stéphane Gros sera une des clés de la saison chamoniarde. Pour l'aider à s'intégrer, il a été entouré de deux compatriotes, les fines gâchettes Carl Lauzon et Francis Charland.

Les autres nouveaux venus sont parfaitement connus dans la région puisqu'ils arrivent droit du Mont-Blanc. Le plus âgé, Patxi Biscard, remplace Séguy poste pour poste, c'est-à-dire qu'il est dixième attaquant, même s'il espère plus de temps de jeu. L'international junior Jérémy Arès devra aussi faire preuve de patience, mais il est prometteur. Ce joueur très technique est une des bonnes surprises de la dernière saison difficile de Saint-Gervais/Megève. Il a déjà côtoyé ses nouveaux équipiers en espoirs avec l'association Mt-Blanc/Chamonix, et en particulier Mathias Terrier, dont les performances ont été récompensées d'une place en équipe de France A'.

Toujours pas de maillot bleu en revanche pour le petit Clément Masson, à la grande incompréhension de son coach et de ses supporters - qui l'ont élu MVP de la saison sur le site internet du CHC. Il n'y a pas de meilleure preuve de l'homogénéité des Chamois que Masson, qui a été meilleur marqueur du club toutes compétitions confondues alors qu'il est en apparence le centre de la troisième ligne.

En plus de ses lignes d'égale valeur potentielle, Chamonix peut envisager d'être encore mieux porté devant par une triplette canadienne réputée pour son efficacité offensive. Mais il faudra d'abord aider Clément Fouquerel à prendre confiance et reconstituer une défense affaiblie par la perte de son meneur Patry. Seul le même esprit soudé pourra aider un collectif complémentaire à faire de cette vieille dame un club toujours plein d'ambitions pour l'avenir.

Marc Branchu

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom           Naissance   cm   kg  Club formateur    Club & Ch 2011/12   MJ   Min  Moy.  Pén
41 CHARTON Tom          15/10/1984  185  94  Reims             Chamonix    FRA-1   11   615  3,03   0'
20 FOUQUEREL Clément    04/08/1990  180  69  Cherbourg         Caen        FRA-1   31  1846  4,03   4'

Défenseurs

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2011/12   MJ   B   A Pts   Pén
 2 SILVENNOINEN Riku    03/08/1984  180  81      (Finlandais)  Mont-Blanc  FRA-2   29   6  19  25   40'
 5 PACHA Omar           18/11/1986  180  91        (Canadien)  Huntsville  SPHL    14   3   8  11   27'
                                                               Bloomington  CHL    51   8  19  27   47'
19 COLOMBIN Clément     18/09/1991  176  78  Chamonix          Chamonix    FRA-1   26   0   0   0    2'
23 COCAR Arthur         20/07/1987  180  75  Le Vésinet        Chamonix    FRA-1   42   3   5   8    8'
27 TORFOU Damien        27/09/1985  175  74  Annecy            Chamonix    FRA-1   42   0   4   4   22'
42 ÖHBERG Kai           13/10/1979  180  87      (Finlandais)  Chamonix    FRA-1   26   1   9  10   36'
55 NILSSON Andreas      22/01/1986  181  95         (Suédois)  Tilburg     HOL-1   40   8  21  29  118'
71 VEYDARIER Fabien     04/11/1985  185  86  Chamonix          Chamonix    FRA-1   32   0   2   2   54''

Attaquants

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2011/12   MJ   B   A Pts   Pén
 3 MASSON Clément       03/05/1986  167  64  Viry              Chamonix    FRA-1   42  21  29  50   32'
 9 LAUZON Carl          06/03/1987  183  84        (Canadien)  Chamonix    FRA-1   42  20  30  50   34'
15 AUDIBERT Alexandre   10/03/1986  176  75  Chamonix          Chamonix    FRA-1   35   4   5   9    2'
18 LATULIPPE Jay        12/03/1982  180  78       (Américain)  Tilburg     HOL-1   45  31  65  96  174'
22 AIMONETTO Richard    24/01/1972  183  82  Chamonix          Chamonix    FRA-1   42  16  33  49   22'
25 ARÈS Jérémy          25/05/1992  182  74  Megève            Mont-Blanc  FRA-2   27  14   7  21   34'
26 CHARLAND Francis     28/04/1987  185  89        (Canadien)  Chamonix    FRA-1   39  24  22  46   16'
28 GRAS Laurent         15/03/1976  176  83  Chamonix          Chamonix    FRA-1   40  15  21  36   50'
51 BISCARD Patxi        18/04/1990  184  82  Wasquehal         Mont-Blanc  FRA-2   30   9  13  22   18'
52 HASCOËT Arnaud       02/08/1986  166  68  Caen              Chamonix    FRA-1   42  12   8  20    6'
91 TERRIER Matthias     05/08/1991  178  70  Chamonix          Chamonix    FRA-1   42   8   8  16   48'

Les statistiques incluent la Coupe de la Ligue, compétition d'adversité similaire à la Ligue Magnus.

Entraîneur : Stéphane Gros (FRA, 42 ans).

Départs : Florian Hardy (G, 2,79 en 1934', Angers), Brent Patry (D, 15+26, Egna, ITA-2), Michal Korenko (D, 1+8, Briançon).

 

Revoir la présentation 2011/12

 

Retour à la rubrique articles