Allemagne 2012/13 : présentation

 

Le grand changement pour la DEL, c'est l'arrivée de Servus TV. La chaîne du patron de Red Bull a en effet étendu son influence pour se faire connaître en Allemagne, en appliquant la même stratégie qu'en Autriche, avec le hockey sur glace comme un des outils. La DEL n'est pas perdante financièrement, puisque son nouveau diffuseur verse un peu plus que les 200 000 euros de Sky, et surtout elle peut augmenter son audience, puisqu'elle n'est plus retransmise sur une chaîne à péage mais sur une télévision gratuite. Servus TV n'est certes pas encore disponible partout, puisqu'il lui manque nombre de réseaux de câble analogique nombreux en Allemagne, mais elle est déjà reçue par 80% des foyers dont les régions de hockey les plus importantes.

La chaîne autrichienne apporte aussi diverses innovations : caméra dans les vestiaires, micros sur certains joueurs volontaires, analyse 3D avec reconstitution des trajectoires et de l'angle de vue du gardien... En plus, le système sera complété d'une retransmission internet via Laola.tv. Cela vaut bien de sacrifier la moitié des retransmissions : un match par semaine au lieu des deux. Même s'il avait rapporté beaucoup d'argent au départ, le départ du hockey des chaînes gratuites a en effet beaucoup nui à la popularité du hockey allemand.

 

La DEL

 

Les ours polaires (Eisbären) sont menacés... sauf à Berlin. Leur banquise, le O2 World, ne risque pas de fondre, et 15 000 personnes en ont fait leurs protégés. Leur réserve de pêche (la DEL) semble abondante : chaque année ou presque, ils se nourrissent d'un nouveau trophée de champion.

Les anciens, cependant, semblent bien en voie d'extinction. Denis Pederson (genou), Stefan Ustorf (commotion cérébrale) et sans doute Sven Felski (présent sur la photo d'équipe mais souffrant du genou) ne rechausseront plus les patins. Privés de leurs mentors, les jeunes devront donc s'encadrer tout seuls ! Le vide laissé semble trop grand pour les recrues. Jamie Arniel, centre d'AHL, n'a ni le métier ni la réussite aux mises au jeu d'Ustorf. Et pour une équipe qui a eu tant de monde à l'infirmerie depuis un an, on peut s'inquiéter du recrutement de Matt Foy et de Mark Katic, qui ont tous deux connu de graves blessures à l'épaule ces deux dernières années.

En défense, la situation paraît critique. Katic est un bon patineur et relanceur, mais ne peut pas remplacer le slap de Richie Regehr (engagé par MODO). Et en plein été, le défenseur américain Nick Angell a annoncé qu'il ne reviendrait pas pour raisons personnelles. État d'urgence ? Pas à Berlin. On y a appris la patience, même quand l'équipe est décimée. Le manager Peter John Lee tourne toujours son stylo sept fois dans sa bouche avant de signer un joueur... et les faits lui ont toujours donné raison... ou presque.

Depuis huit ans, le rite est en effet immuable : après deux titres consécutifs, les Eisbären chutent à leur troisième tentative. Arriveront-ils ce coup-ci à réaliser le premier triplé depuis Mannheim en 1997/1999 ? Pour cela, il faudra passer sur le corps des Adler qui seront leur plus sérieux rival.

 

Quand on passe aussi près du titre (trois buts d'avance en dernière période), on ne peut qu'être animé d'un sentiment de revanche. Et après cette saison enfin - presque totalement - réussie, Mannheim a gardé ses joueurs et n'a donc plus rien à envier à Berlin sur le plan de la stabilité, l'atout maître habituel des Eisbären.

Les changements sont en effet extrêmement limités. Plutôt que d'attendre que Fred Brathwaite choisisse le moment de la fin de sa carrière, Mannheim a pris les devants et réussi un coup d'éclat en s'offrant un autre excellent gardien, Dennis Endras. Le meilleur joueur du Mondial 2010, qui ne retournera en NHL qu'avec un contrat "one-way" (le Minnesota Wild l'a trimbalé en AHL puis en Finlande), a signé pour trois ans et s'inscrit dans la durée dans les ambitions de Mannheim. Des ambitions jamais rangées, mais qui semblent dorénavant en passe de se concrétiser.

Tout comme Berlin, Mannheim a vu son meilleur défenseur (Chris Lee) happé par un club suédois (Färjestad). Son remplaçant a un style de jeu différent : Doug Janik, qui oscille entre NHL et AHL depuis des années, est moins spectaculaire offensivement mais est plus complet et plus physique.

En attaque, Niko Dimitrakos est parti mais il a passé une partie des play-offs en tribune. On peut donc le remplacer sans dommages par Mirko Höfflin, prêt à intégrer l'équipe première après une saison d'exil convaincante dans la ligue junior majeur du Québec.

L'effectif est déjà au moins aussi fort, en quantité comme en qualité, que la référence berlinoise, mais ce n'est pas fini car le lock-out en NHL ouvre de nouvelles opportunités. Le défenseur Dennis Seidenberg avait promis de rejoindre son frère Yannic, et le centre Marcel Goc l'imitera en arrivant auprès de son frangin Nikolai.

 

Ce lock-out en NHL, c'est une carte qu'Ingolstadt avait joué à fond en 2004/05 en embauchant quatre joueurs. Mais cette fois, la probabilité qu'il dure toute la saison est plus faible. Le club des bords du Danube préfère donc compter sur leurs propres moyens, car l'équipe est déjà belle.

Le trio Jared Ross - Derek Hahn - Thomas Greilinger, qui avait dominé le classement des marqueurs l'an passé, a été reconduit. John Laliberté, qui tourne à un point par match de moyenne depuis trois ans à Wolfsburg, vient s'ajouter. De quoi composer deux lignes redoutables, car Joe Motzko et Christoph Gawlik sont capables de bien mieux que ce qu'ils ont montré l'an passé.

Mais ce qui manquait à cette équipe, ce n'est pas le talent offensif, c'est un peu de force physique et d'agressivité. Le manager Jim Boni a donc clairement orienté son recrutement dans ce domaine que l'entraîneur Rich Chernomaz affectionne également. Le costaud Sean O'Connor était le chouchou des supporters d'Augsbourg, qui ont détesté le voir partir chez leur rival local, et le jeune Alexander Oblinger n'est pas moins rugueux. D'un gabarit plus passe-partout, le jeune attaquant défensif Patrick Hager est rompu au jeu physique, ce qui en fait un régulier de la quatrième ligne d'attaque de l'équipe d'Allemagne. Enfin, reste à savoir comment le défenseur Tim Conboy (442 minutes de pénalité depuis deux ans en AHL) saura faire la loi dans les coins et dans l'enclave sans lâcher les gants. La panthère a clairement retrouvé son mordant...

 

C'est depuis novembre 2011, alors que l'équipe se traînait en queue de classement, que Nuremberg a préparé cette saison 2012/2013. Thomas Sabo, le créateur de bijoux en argent d'inspiration gothique, a annoncé qu'il reformerait une grosse équipe, et il a tenu parole. La tâche a été facilitée par les problèmes financiers concomitants de Düsseldorf : il n'y avait plus qu'à prendre son panier et à se servir avec des joueurs déjà éprouvés en DEL, ce qui limite les risques d'un recrutement périlleux en terre inconnue.

Nuremberg a donc engagé Dave Tomlinson et a déroulé la pelote. L'entraîneur canadien étant apprécié de ses joueurs, vu qu'il leur laisse pas mal de liberté, quatre hockeyeurs de Düsseldorf l'ont suivi : le marqueur régulier Connor James, les deux internationaux Patrick Reimer et Evan Kaufmann, et l'espoir défensif Marco Nowak. La meilleure ligne de l'an dernier Aab-Chouinard-Frosch restait comme troisième trio, et l'attaque avait de la gueule. Ne restait ensuite qu'à piocher un des meilleurs gardiens de la saison (Tyler Weiman) dans le club-qui-teste-les-joueurs-pour-les-autres (Augsbourg), et la grande équipe prenait forme. Quand on a de l'argent, ce n'est pas si difficile.

Il restait encore la défense à solidifier, et les Ice Tigers ont finalement mis la main sur ce qu'ils considèrent comme leur "candidat idéal", Brett Festerling. Il en a eu assez de ne jouer qu'une poignée de matches par an en NHL et s'est lancé un nouveau défi : il a signé à Nuremberg pour deux ans, délai nécessaire pour devenir sélectionnable en équipe d'Allemagne, le pays de ses ancêtres. Il s'appuie sur l'exemple de son frère jumeau Garret Festerling (Hambourg) qui avait obtenu son passeport allemand en un temps record à son arrivée du Canada.

Avant même de faire irruption dans les sommets du classement, Nuremberg a déjà fait sensation en organisant le premier match en plein air de l'histoire de la DEL. Le manager Lorenz Funk a visité les évènements similaires en Elitserien suédoise et en Extraliga tchèque, avant d'inviter les dirigeants du club à celui de l'AHL. Tous ont été emballés par l'idée. Thomas Sabo a donc réservé la date du 5 janvier au Frankenstadion, le stade de la ville. Il a aussi réservé l'adversaire, sans vouloir froisser personne : pas de meilleure affiche que Berlin.

Avec autant d'annonces, tous les supporters franconiens ont déjà la bave aux lèvres. Le plus dur sera de gérer la pression que le club s'est mis en affichant ses ambitions.

 

L'explosion inattendue de la quatrième ligne David Wolf - Garret Festerling - Jerome Flaake l'an dernier a ramené Hambourg du bon côté du classement. Cette densité offensive, avec 4 lignes capables de marquer, sera cette année encore l'atout majeur des Freezers. Le danger peut tout aussi bien venir de Brandon Reid, l'ex-chouchou de retour de Suisse, que de l'expérimenté Matt Pettinger, l'ancien joueur de NHL puis de Cologne. L'échec de Jesper Jensen n'a pas freiné la filière danoise puisqu'il est avantageusement remplacé par son compatriote Julian Jakobsen.

Cette philosophie de répartition des forces présidera maintenant aussi à la défense. Le club n'a pas dégoté de pur spécialiste des slaps de la ligne bleue, mais Benoît Laporte y voit un avantage pour son jeu de puissance puisque les adversaires ne savent pas d'où viendront les lancers.

Même le départ du gardien John Curry a été commué en opportunité. Cela a permis de faire signer Dimitri Kotschnew, l'international allemand de KHL qui avait ce point de chute dans la tête depuis longtemps. Il avait porté les couleurs de Crocodiles de Hambourg en Oberliga en 2000, et il réside depuis lors dans la ville hanséatique l'été. Il y restera dorénavant aussi l'hiver.

Avec des joueurs un peu plus attachés localement et une grande homogénéité, Hambourg semble prêt à tenir ses promesses.

 

Cela fait quatre années que Cologne occupe une position indigne de son rang. Cette saison, le club qui fête son 40e anniversaire doit retourner au sein d'une compagnie qu'il ne quittait jamais avant ces années de vaches maigres : le top-6.

La phase de consolidation semble terminée. Les nouveaux dirigeants ont apparemment remis les finances sur les rails, et Uwe Krupp a redonné une seconde jeunesse au KEC en donnant confiance aux jeunes. Il ne restait plus qu'à leur adjoindre des cadres étrangers capables de tirer l'équipe vers le haut et d'endosser des responsabilités.

La bonne piste a mené en Suède. Cette filière existait déjà avec Johan Åkerman (désormais à Rouen), mais Cologne est passé à la classe au-dessus pour son powerplay : deux défenseurs dans un meilleur âge et avec un vécu supérieur. Daniel Tjärnqvist et Andreas Holmqvist ont participé au doublé unique Jeux olympiques - Championnats du monde en 2006 (le premier aux JO et le second aux Mondiaux). Le malheur des uns fait le bonheur des autres : la relégation historique de Djurgården a mis sur le marché ces deux défenseurs alors que les grands clubs suédois avaient déjà largement planifié leur équipe. Ils sont accompagnés d'Andreas Falk, qui était réputé avec HV71 comme un des meilleurs attaquants défensifs d'Elitserien.

Le KEC semble donc - sur le papier - compact, travailleur, avec de bonnes unités spéciales. Ce qui lui manque peut-être encore par rapport aux meilleurs, ce sont de vrais leaders offensifs. Arrivé d'AHL avec l'étiquette d'un buteur, Chris Minard aura l'obligation de s'en montrer digne.

 

Maintenant que les six gros se sont tous (ré-)armés, Wolfsburg retrouve sa place d'outsider, tout de même nettement mieux doté financièrement - grâce à Škoda - que tous les petits. De là à conserver sa place sur le podium de la saison régulière, occupée sans interruption depuis trois ans, il y a un monde...

Une tuile est en effet survenue juste avant le début du camp d'entraînement avec le problème de cartilage au genou de l'international Christopher Fischer. La défense, déjà amoindrie par la blessure déjà connue d'Armin Wurm (clavicule), aurait dû commencer la saison avec cinq joueurs seulement, plus au mieux un junior sans expérience. Intenable. Il fallait trouver d'urgence un joker qui aurait peu de temps d'adaptation. On a donc opté pour Sean Blanchard qui a déjà connu quatre clubs en DEL.

L'attaque pose bien moins de soucis. Il était financièrement ardu de conserver cinq gros pointeurs, et l'un d'eux, John Laliberte, a donc pris... sa liberté. Il reste quand même les quatre autres marqueurs (Kai Hospelt, Norm Milley, Matt Dzieduszycki et Tyler Haskins) avec un potentiel d'un point par match. Et deux nouveaux attaquants arrivent, le buteur américain Greg Moore et un organisateur supplémentaire pour le powerplay avec Niko Dimitrakos. Ces six éléments offensifs sont disséminés sur les trois premières lignes, avec chacune un complément défensif à la Sebastian Furchner.

L'effectif est plus vulnérable aux blessures que celui des cadors, mais au complet il représente un équilibre idéal qui peut encore se mêler aux meilleurs.

 

Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître : pour ses premiers play-offs à ce niveau, Straubing a accédé aux demi-finales. Une performance incroyable qui a suscité un engouement phénoménal dans la région : les Tigers comptent maintenant plus de 2500 abonnés, soit plus que la moyenne totale de spectateurs de Wolfsburg. Le plus dur sera de les satisfaire. Après une telle saison, les Bavarois ne peuvent que redescendre. Telle est l'opinion de tout le monde... sauf de l'entraîneur Dan Ratushny qui raisonne à la canadienne. Toujours plus haut.

Le plus compliqué a été le remplacement du solide gardien Barry Brust, introverti mais capable de soudain péter les plombs sur la glace, ce qui lui a valu une suspension décisive dans sa non-reconduction. Straubing a attendu le milieu de l'été pour que le marché nord-américain se décante, mais le jeu en valait la chandelle : Jason Bacashihua, champion d'AHL 2010 et ancien international américain, a des réflexes épatants et est aussi plus causant dans le vestiaire.

Pour compenser les pertes offensives, Ratushny a misé sur Blaine Down, qu'il avait croisé et repéré en LNB suisse quand les ZSC Lions l'y parquaient comme étranger de réserve. Le Canadien a vite tapé dans l'œil des observateurs en formant une première ligne de choc avec Carsen Germyn et Laurent Meunier. Le Français, devenu un pion central des Tigers, a encore quelques détracteurs à convaincre. Il n'a jamais affolé les statistiques, et même maintenant que son pointage a crû, l'analyse comptable ne rend toujours pas grâce à ses efforts et son apport dans le jeu : l'étude d'un statisticien publiée cet été le cataloguait en effet comme le joueur le plus surestimé de DEL, parce que ses buts pèsent rarement sur le destin d'un match, tandis que ses pénalités sont toujours synonymes d'infériorité numérique.

Le plus grand souci de Straubing pourrait venir de la réduction des étrangers : 9 sur la feuille de match, alors qu'il y en a 10 dans l'effectif. Les cadres allemands sont rares, surtout après le départ du capitaine Michael Bakos, et il faudra gérer le vestiaire toute la saison avec un étranger surnuméraire à envoyer diplomatiquement en tribune.

 

Même si le problème de visibilité depuis les tribunes est réglé, le club d'Augsbourg attend toujours que la ville lui livre définitivement - et en quel état ? - sa patinoire. La seconde glace est interdite depuis près d'un an pour un problème d'ammoniac, les nombreuses équipes de jeunes se serrent, et les seniors devront une fois de plus passer la pré-saison à l'extérieur. Et la dernière nouvelle qui a choqué les fans est l'absence des stands de restauration chaude dans le projet révisé. Eux qui salivaient d'avance de saucisses grillées et de frites, nourriture de base du supporter de hockey allemand, vont devoir se contenter de sandwiches froids, faute de prises installées...

Si les questions d'infrastructure ne sont toujours pas réglées, les perspectives sportives ont rarement été aussi bonnes. 17 joueurs conservés, c'est un record à Augsbourg, où l'on a pour une fois échappé au pillage. Certes, le gardien Tyler Weiman est parti à Nuremberg, mais le club estime s'en être bien sorti en procédant à un échange à moindre coût avec Patrick Ehelechner, encensé en 2010 mais beaucoup moins coté aujourd'hui après la dernière saison ratée de Nuremberg.

Une place d'étranger économisée, et même deux grâce au retour de Michael Bakos. Le défenseur aux cent sélections en équipe d'Allemagne revient à 33 ans dans sa ville natale pour jouer et encadrer les Knaben (benjamins). Il n'y a donc qu'un seul étranger officiel (et deux naturalisés) à l'arrière, avec le petit Américain J.D. Forrest, qui reste sur une saison décevante chez l'ambitieux Malmö et aura la lourde tâche de remplacer Christian Chartier dans le jeu de puissance.

Si l'entraîneur Larry Mitchell a sacrifié des renforts en défense, c'est qu'il voulait avant tout améliorer l'efficacité offensive, pas digne des habitudes d'Augsbourg. Tout en regrettant la réforme qui n'autorise plus que neuf étrangers sur la glace, il utilisera huit de ces neuf places pour l'offensive, qui compte maintenant six Américains (sept avec Forrest, autre record !) et quatre natifs du Canada, dont deux de passeport allemand. Cette attaque nord-américaine complète dans tous les styles, avec notamment l'adjonction de l'ailier défensif d'AHL Ryan Thang, correspond donc bien au style Mitchell.

 

Alors que les problèmes financiers de Düsseldorf et Munich ont longtemps fait parler, le club qui a eu le plus de mal à obtenir sa licence pour la nouvelle saison de DEL, c'est Krefeld ! Malgré les discours rassurants des dirigeants, il a fallu de longues semaines d'allers-retours et des garanties de dernière minute pour que le club convainque de sa capacité à tenir son budget.

La compression de masse salariale qui en a résulté a logiquement porté que la quantité plus que sur la qualité : puisque l'entraîneur Rick Adduono utilise peu de joueurs, la meilleure méthode anti-gaspillage est encore de lui en donner peu ! La densité offensive laisse sérieusement désirer, et si Adduono a expérimenté des lignes différentes en pré-saison, il s'est résolu à reformer l'indispensable ligne Boris Blank - Daniel Pietta - Herberts Vasiljevs.

Le centre de la deuxième ligne François Méthot risque d'être bien en peine de trouver un buteur à qui passer le palet, car son nouveau partenaire, la recrue d'AHL Mark Voakes, est lui-même plus un créateur de jeu. Quand une équipe est dans cette situation financièrement contrainte, la solution est normalement toute trouvée : faire confiance à la formation des jeunes, surtout qu'ils ne manquent pas à Krefeld. Beaucoup doutent cependant qu'Adduono puisse se mettre dans cet état d'esprit de développement.

Avec des dirigeants et des supporters toujours sur les nerfs, Krefeld pourrait presque être en crise avant même que la saison ne commence. Sa chance, c'est que d'autres clubs ne semblent pas mieux lotis, et qu'une place en pré-playoffs est donc tout à fait possible tant que les vieux cadres (et surtout le gardien de 37 ans Scott Langkow) tiennent le coup. Et surtout, le héros local Christian Ehrhoff est revenu jouer gratuitement pendant le lock-out NHL. L'excellent défenseur devrait rendre de précieux services... si on attend pas de lui qu'il gagne un match à lui seul.

 

Le recrutement clinquant d'Iserlohn l'été dernier a coûté cher pour un maigre rendement. Si c'est pour viser à peine une dixième place, autant le faire comme avant, sans transferts-chocs. L'investissement consenti l'an passé ne peut sans doute se faire qu'une fois, et pas sans contrecoup : ce coup-ci, les principales recrues ne viennent plus de NHL, mais... de série A italienne. Une "légère" différence de standing. Le défenseur Brandon Rogers peut être une bonne trouvaille grâce à son passeport allemand.

Par contre, Alex Nikiforuk - star de Valpellice l'an passé - n'a pas survécu à la pré-saison. On lui a signifié juste avant le début de championnat qu'on ne comptait plus sur lui. Petit attaquant technique, il ne convenait guère pour une troisième ligne d'un club comme Iserlohn, où l'on exige surtout un fort engagement physique. Il a été remplacé par Brendan Brooks (ex-Hambourg).

L'effectif d'Iserlohn est le plus "petit" de DEL. Par la taille tout d'abord, car il ne dépasse les 1m80 de moyenne que grâce au grand Lasse Kopitz, que le club ne voulait plus garder mais qui a insisté pour rester (sans doute avec de fortes concessions salariales) car il est installé à Iserlohn. En largeur, surtout, avec seulement 16 joueurs de champ plus 4 juniors. L'un d'eux, le défenseur international U20 formé au club Dieter Orendorz, devrait du coup avoir sa chance en DEL où il n'a fait que de rares apparitions.

Les stars offensives auront donc beaucoup de temps de jeu. Aussi bien le duo allemand Michael Wolf - Robert Hock, qui a trouvé un complément l'an passé avec Tobias Wörle, que le duo des vétérans américains Jeff Giuliano - Mike York devront assumer d'énormes responsabilités.

Et heureusement que Sébastien Caron est là. Après l'élimination précoce en mars, il avait fait une pige de fin de saison en NHL (à Tampa Bay) mais il est revenu dans le Sauerland où il sera certainement le principal garant d'une éventuelle qualification.

 

Quand on voit Red Bull arriver, on s'attend à ce que l'argent coule à flots. Rien de tout cela à Munich. Il faut dire que le sponsor autrichien ne s'est engagé que pour un an. Comme tous les autres partenaires potentiels, il attend de voir si le club de la capitale bavaroise est vraiment capable d'une gestion économique professionnelle. Il faudra faire ses preuves en coulisses, et pas seulement sur la glace.

Afin de le rendre plus réaliste, le budget a déjà été réduit de 10%. Pour remplacer la star de l'équipe Eric Schneider - victime de douleurs persistantes au genou - et le défenseur offensif Stéphane Julien, qui ont tous deux mis un terme à leur carrière, le nouveau sponsor a tout de même donné un coup de main. Deux jeunes Québécois arrivent en effet en droite ligne des Red Bulls Salzbourg : Brent Aubin et Ryan Kavanagh. Mais les fans doutent que ces deux petits gabarits puissent réellement remplacer leurs aînés.

Même scepticisme sur les capacités physiques de Libor Dibelka, meilleur marqueur de l'Oberliga puis de la 2e Bundesliga, dans le monde plus rude de la DEL. Pourtant, autour de Jason Ulmer, Aubin et Dibelka ont formé un premier trio efficace en pré-saison. Si la ligne "BMW" (Maurer-Wichert-Buchwieser, aux initiales réordonnées en allusion à la célèbre marque automobile de Munich) poursuit sur la lancée de sa dernière saison, les Bavarois auront donc quelques arguments malgré l'absence de star. Et on peut faire confiance à l'entraîneur Pat Cortina pour faire travailler son groupe.

 

Les Scorpions de Hanovre ont encore réduit leur budget au plus près de leurs ressources réelles - moins de 4 millions d'euros alors qu'ils en affichaient 8 l'année du titre - mais ils espèrent un nouveau départ après une saison catastrophique. Il leur manquait des joueurs offensifs de premier plan, qu'ils espèrent avoir retrouvés. Ivan Ciernik était une star en DEL, même si le buteur slovaque reste sur une saison noire à Malmö. Il a amené avec lui Morten Green, un centre intelligent et une valeur sûre de l'équipe du Danemark.

Aucune des recrues n'est nord-américaine, ce qui traduit certainement la patte du nouvel entraîneur Igor Pavlov. Ce Russe dont la famille habite Lipetsk jouait au Dinamo Riga à la chute de l'URSS et porta alors le maillot de la Lettonie tout comme son compagnon Oleg Znarok (actuel entraîneur du Dynamo Moscou). Les deux hommes ont ensuite fait carrière en Allemagne, et Pavlov peut ainsi profiter de ses réseaux entre différentes nations. Il a ainsi fait venir Maris Jass, un défenseur international letton. Denis Shvidki, mal-aimé de l'entraîneur canadien de Krefeld, devait également mieux s'exprimer avec Pavlov, malheureusement l'ailier russe doit être opéré du ménisque.

Comme il l'a vécu dernièrement à Rapperswil-Jona, Pavlov doit cependant s'attendre à s'occuper d'une équipe de bas de tableau. En plus, l'équipe a la réputation d'être rétive et le précédent entraîneur Anton Krinner a souffert. Pavlov devra rétablir la discipline, lui qui ne tolère aucune excuse. Comment les joueurs de Hanovre vont-ils réagir à ses entraînements à rallonge et à son comportement sans concession ?

Pas moins de 14 changements sont recensés au total. Il reste heureusement le plus irremplaçable de tous, le défenseur-mitrailleur Sascha Goc. Il ne sera plus seul à la ligne bleue en supériorité numérique grâce à l'arrivée d'Eric Regan, défenseur de l'année en ECHL qui personnifie à 23 ans une nouvelle génération de Scorpions.

Pour ne pas rompre totalement les ponts avec le passé, Hanovre a fait revenir deux joueurs d'autrefois, l'élégant Andreas Morczinietz, parfois éteint dans un match physique, et le gardien Dmitri Pätzold, revenu dans le dernier club où il a gardé de bons souvenirs après deux années moroses à Ingolstadt et Straubing.

 

Pour survivre sans son sponsor Metro, Düsseldorf a dû autoriser tous ses joueurs à partir et repartir avec une équipe beaucoup moins chère. Pendant que tous quittaient le navire, seuls quatre hockeyeurs sont restés : Daniel Kreutzer, le fidèle parmi les fidèles, Bobby Goepfert, le gardien, Marian Bazany, le vétéran slovaque en fin de carrière, et Diego Hofland, jeune arrière qui attend de percer.

Le responsable d'équipe Walter Köberle a eu à cœur de rebâtir un nouvel effectif, avec beaucoup de passion mais sans les réseaux si importants dans les staffs très nord-américanisés de DEL. Dorénavant, le club est dirigé par des romantiques qui rêvent d'une équipe attachée à son maillot rouge et jaune (avec les lettres DEG en gros, sans sponsor) et à sa ville. Köberle a ainsi eu pour priorité de battre le rappel des joueurs formés au club : les expérimentés attaquants défensifs Tino Boos et Nikolaus Mondt ainsi que le jeune défenseur Yannick Woidtke, qui a ramené deux autres jeunes avec lui de Kaufbeuren.

Même si quatre joueurs viennent d'AHL, la source traditionnelle de recrutement de la DEL, il s'agit avant tout de profils défensifs. Les concurrents regardent donc de haut ce club qui se permet d'engager ses meneurs offensifs dans le championnat norvégien (l'Américain Justin Bostrom et Andreas Martinsen) ou directement en junior majeur : deux "potes" italo-canadiens, le lutin offensif Michael Catenacci et le rugueux défenseurs Marc-Anthony Zanetti, qui jouent ensemble depuis leur prime jeunesse.

La direction de la DEG ressemble maintenant à ses supporters : attachée à ses valeurs pour les uns, anachronique dans le hockey pro moderne pour les autres. Mais s'il en est un qui n'est pas un rêveur, c'est l'entraîneur Christian Brittig. S'il connaît la maison comme les autres, il s'est fait la réputation en 2e Bundesliga d'un coach défensif et même ennuyeux. S'il n'y a ni les résultats ni la manière, le public adhérera-t-il à cette équipe motivée mais sans références ?

 

 

La 2e Bundesliga

L'intersaison en 2e Bundesliga a pris la forme d'une guerre de pouvoir totalement disproportionnée. Enjeu, la direction de l'ESBG, la ligue qui dirigeait autrefois la 2e Bundesliga et l'Oberliga et qui ne chapeaute plus que la première. La fédération allemande, la DEB, voulait en reprendre le contrôle, déclenchant une contre-attaque du président de Landshut, Rainer Beck, qui a annoncé que "des têtes doivent tomber" (celle du président de la fédération Uwe Harnos) et promis de donner 1 million d'euros par an sur ses fonds personnels pour former une ligue déconnectée de la tutelle fédérale. À ce stade, la DEB aurait eu beau jeu de se présenter en institution modérée et sérieuse face à un adversaire instable. Mais elle s'y est tellement mal pris qu'elle s'est aliéné tout le monde. Elle a exprimé sa défiance envers Alexander Jäger, le directeur élu du ESBG, avec qui l'escalade a repris.

Les clubs de 2e Bundesliga étaient déjà furieux contre la DEB depuis un an parce qu'elle les avait abandonnés en signant un contrat de coopération avec la DEL sans accord sur la promotion/relégation. De ce fait, quand Ralph Bader, le président de Riessersee, a envoyé un e-mail aux clubs supposés amis pour provoquer une réunion des "légitimistes", il n'a eu qu'un seul écho : Kaufbeuren, le club d'origine d'Uwe Harnos. Avec seulement deux soutiens, la fédération était en minorité à l'assemblée générale du ESBG... mais a déposé un recours judiciaire relatif au comptage de ses droits de vote (elle détient en effet 60% des parts en comptant celles qui lui sont revenues parce qu'elles appartenaient aux clubs d'Oberliga). Depuis, on ne se parle plus et le moindre sujet est matière à polémique.

Point d'achoppement : le nombre de clubs. La DEB envisageait que la 2e Bundesliga - actuellement à 13 - se joue à 12, pour ne pas assécher une Oberliga qui a du mal à faire le plein depuis sa réforme. Les clubs tiennent à revenir à 14, considéré comme le chiffre idéal. Les modalités de relégation ont été validées sur le tard, sans la fédération et ses alliés : il y aura un barrage entre le dernier de 2e Bundesliga et le finaliste perdant d'Oberliga, division dans le champion montera directement.

C'est dans ce contexte vicié que reprend un championnat au niveau sportif occulté et pourtant intéressant. Landshut tentera de le prouver en Coupe Continentale, où le vainqueur de la Bundesliga participe pour la première fois. L'ancien manager Bernd Truntschka se plaignait régulièrement que le club ne tiendrait pas longtemps dans cette division bien trop chère; et son discours dépressif avait contaminé les esprits. Aujourd'hui que Landshut renaît à l'ambition, supporters et sponsors reviennent. Parmi ces sponsors, la maison "Lustra", un... bordel de la ville ! L'entraîneur tchèque Jiri Ehrenberger utilise ses filières et a recruté Jakub Grot, le défenseur qui a marqué le but décisif pour faire monter Chomutov en Extraliga tchèque. Il aimerait bien en faire autant en Allemagne... sauf qu'il n'y a toujours pas de promotion. Landshut ne peut pas rester longtemps sous ce plafond de verre et espère le briser.

Faute de montée sportive, les candidats à la promotion n'avaient d'autre choix que d'essayer de racheter une licence appartenant à une équipe de DEL. Rainer Beck ayant beaucoup parlé et peu agi à Landshut, c'est Schwenningen qui en a été le plus près... avant de voir Red Bull lui passer sous le nez pour reprendre Munich. Quel contrecoup après ce rêve évanoui ? Il reste l'envie de revanche après les échecs sportifs répétés en play-offs. Une mission confiée à Stefan Mair, entraîneur italien très respecté dans son pays pour sa philosophie de jeu fondée sur le beau jeu collectif. Il a emmené avec lui son meilleur joueur Rob Hennigar. Ce centre sera chargé de délivrer ses passes à Pierre-Luc Sleigher et à l'ailier physique Stefan Meyer, la recrue-vedette de l'été : 27 ans, champion WHL en juniors, 20 matches de NHL, en provenance directe de Färjestad. Il devra cependant endosser un rôle offensif majeur alors qu'il était un joueur de l'ombre ces derniers mois en Suède.

Ces deux favoris devront composer avec un troisième larron : Heilbronn. L'ancien centre international Michael Hackert a en effet fait le "choix du cœur" en revenant à 31 ans dans son club formateur. Privés des échanges avec Mannheim par l'interdiction décidée par l'ESBG de coopérer avec la DEL, les Falken sortent ainsi de l'ombre tutélaire de leur voisin et prouvent qu'ils ont une existence propre en tant que club, illustrée par "leur" poulain Hackert. Heilbronn a réussi le recrutement le plus alléchant, avec également un ancien choix de premier tour de draft de Montréal, le défenseur offensif David Fischer. Si le "joueur de l'année" Fabio Carciola réédite une saison semblable, Heilbronn n'aura vraiment rien à envier à ses deux rivaux.

On voit mal qui pourra se mêler à cette lutte à trois. Le finaliste sortant Rosenheim a eu la mauvaise surprise d'apprendre que son gardien-vedette Norm Maracle, encore sous contrat, a arrêté sa carrière pour rester au Canada près de ses enfants (il est divorcé). L'identité du remplaçant, Pasi Häkkinen, rassure, mais ce sont tous les 5 étrangers que Rosenheim a remplacés. Il faudra donc qu'ils s'intègrent tous parfaitement aux jeunes du cru pour rester dans la dynamique de succès. Ravensburg reste aussi un outsider car la cure d'économies annoncée n'est pas si spectaculaire : le président et mécène Peter Horne a certes quitté son poste mais il reste impliqué, y compris comme principal sponsor avec son entreprise CHG. Les deux cadres Matt Kinch et Ben Thomson ne sont pas si mal remplacés par Matt Kelly, peut-être le meilleur défenseur de la série A italienne, et Tommi Hannus, l'attaquant finlandais redescendu de DEL.

Le principal outsider pourrait devenir Bietigheim-Bissingen, qui se délecte par avance de sa nouvelle patinoire. Elle ouvrira en décembre et accueillera son premier évènement international en février avec le tournoi de qualification olympique. L'entraîneur Kevin Gaudet était arrivé dans une équipe souvent plus lente que l'adversaire et l'a totalement rebâtie pour que ce ne soit pas le cas. Principaux arrivants, un fameux duo slovène, les frères David et Marcel Rodman.

Qu'une nouvelle patinoire ne soit pas une garantie de succès, Bremerhaven peut en témoigner, après une relégation sportive qui aurait pu être catastrophique. Craignant la dissolution de la société dans une Oberliga nord totalement amateur, les Fischtown Pinguins ont été repêchés par leurs pairs. Ancien arrière, le nouvel entraîneur Mike Stewart doit stabiliser l'équipe en défense. L'autre club nordiste, les Indians de Hanovre, continue de viser haut (officiellement un top-6 selon les dirigeants) en sachant que les objectifs ne sont jamais atteints. Le chouchou du public depuis six ans, Jamie Chamberlain, est resté au Canada pour devenir fonctionnaire alors qu'on avait prévu d'en faire le capitaine. Il a été bien substitué : le centre américain Jimmy Kilpatrick est un récent champion de Norvège avec Stavanger.

Les clubs de l'est doivent toujours faire avec de petits moyens : Crimmitschau mise sur des étrangers moins coté, tel un Jake Morissette pas vraiment flamboyant à Amiens, mais en les mettant à l'essai au cours du premier mois de la saison. Finalement écarté du jeu par une blessure à la main, Morissette se consolera en apprenant qui le remplace : Crimmitschau a engagé deux jeunes joueurs de NHL, Chris Stewart et Wayne Simmonds, pour le mois d'octobre ! Weisswasser ne fait pas dans les transferts-chocs (cela ne lui avait pas réussi) mais semble s'en être bien sorti avec l'international danois Christoffer Kjærgaard et trois marqueurs allemands de passeport allemand recrutés en Oberliga pour densifier l'effectif.

Le banc court reste toujours la règle à Dresde, très dépendant du duo Kaartinen-Jarrett, mais le plus gros problème est que les travaux du toit de la patinoire ont été arrêtés en juillet parce que la structure est moins solide que prévu. Le club dispose heureusement de la seconde glace pour s'entraîner, mais il doit jouer à l'extérieur au moins jusqu'à fin octobre.

Et les légitimistes, ne risquent-ils pas de quitter - sportivement - leurs camarades avec lesquels ils se sont fâchés ? Riessersee avait surpris en tant que promu, mais ce sera plus difficile cette fois sans le buteur Libor Dibelka. Il fallait tenter un pari pour trouver un joueur de ce niveau, c'est le cas avec Andrew Lord qui évoluait pour moitié en AHL et ECHL... mais a connu une saison blanche après des commotions cérébrales. En plus, le gardien Leonhard Waitl a pris sa retraite et le jeune Markus Keller, excellent depuis deux ans à Bad Nauheim, devra se révéler au niveau supérieur. Cela s'annonce encore plus difficile pour Kaufbeuren. Ce club formateur a vu partir quatre jeunes vers la DEL, et même s'il a encore de la réserve avec trois internationaux U18, une quatrième qualification de suite en play-offs serait encore plus miraculeuse que les précédentes.

 

 

Oberliga

La réforme de l'Oberliga a-t-elle échoué, comme le prétendent les critiques de la fédération ? En totalité, non, car elle a au moins remis sur pied un système clair qui tient sur plusieurs années. En partie, oui, parce que l'homogénéisation progressive entre les zones géographiques tient d'un idéalisme sans rapport à la réalité.

On en a eu la preuve cet été avec l'Oberliga Nord. Malgré les progrès enregistrés la saison passée, cela reste une division quasi-amateur, où Rostock est champion sans peine depuis trois ans. Les autres clubs n'ont pas les moyens d'importer des étrangers de bon calibre. L'ex-Dunkerquois Kim Wikström (Adendorf) est ainsi la meilleure recrue "extérieure". La modestie du recrutement est rassurante quand on voit ce qu'il est advenu de Braunlage, dont le liquidateur judiciaire a expliqué que les dirigeants ne tenaient même pas de comptabilité. La disparition de ce club, et le retrait de deux petites équipes de la région de Hanovre (les Braves et les Wedemark Scorpions) laissent cette division nord à un niveau critique - 7 clubs ! Encore heureux que le promu Nordhorn, à la frontière néerlandaise, soit arrivé pour sauver l'existence du championnat. À long terme, son autonomie totale paraît impossible.

Une seconde phase entre les meilleurs clubs du nord et de l'est (pendant que les autres joueraient une promotion-relégation dans leur zone sans trop de frais de déplacement) serait certainement plus judicieuse. En effet, à l'est, l'Oberliga Ost, même si elle compte 9 clubs, n'a guère de possibilité d'extension et risque de se résumer de nouveau à un cavalier seul de Halle.

Le chiffre de 12 clubs, utopique au nord et à l'est, est déjà peut-être trop gros à l'ouest au vu des différences de niveau. L'Oberliga West fonctionne cependant bien, et les petits clubs se consolident en recevant des adversaires prestigieux. Dans cette division se trouve une curiosité : Dortmund, contraint à l'économie après le départ du sponsor principal, a changé tous ses joueurs ! L'entraîneur Frank Gentges est parti avec ses meilleurs éléments à Francfort, qui a rebâti une équipe plus solide après son échec de l'an passé et est devenu le grand favori. Son rival traditionnel Kassel lui livrera une solide bataille sur la glace comme dans les tribunes. Les Huskies ont déjà remporté le premier round en enregistrant 1700 abonnés contre 1500. Des chiffres toujours impressionnants ! Le troisième club de Hesse, Bad Nauheim, tentera de se faufiler entre eux grâce à une étonnante recrue, Chris Stanley, meilleur marqueur et capitaine de Bremerhaven en 2e Bundesliga. Duisburg restera un arbitre avec sa troupe de jeunes Rhénans.

L'Oberliga Süd n'a guère de problèmes existentiels car la base de clubs est vaste, surtout en Bavière. Encore faut-il que ces clubs ne dérapent pas financièrement : cela a été le cas de Passau, et c'est pourquoi ils ne sont que onze au départ. Le champion sortant Bad Tölz a refusé la promotion car il aurait dû renoncer aux joueurs prêtés par Nuremberg (sa demande d'assouplir les règles anti-DEL en 2e Bundesliga a été vécue comme un "chantage" par certains et a été rejetée), mais espère encore pouvoir monter en des temps plus propices. Même avant de se frotter à Francfort et Kassel qui se poseront moins de questions avant de franchir le pas vers la division supérieure, Bad Tölz aura de l'adversité dans la zone sud, car deux clubs se sont clairement renforcés : Selb a enfin un gardien d'expérience avec Marko Suvelo ; Regensburg a "repêché" les meilleurs joueurs du club coulé Passau (qui ont remonté le Danube sur cent kilomètres avec leurs petits bras) et a fait revenir dans la ville de son épouse l'ex-international Petr Fical, qui avait fait monter le club en 2e Bundesliga en 2001.

Marc Branchu

 

 

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