Allemagne 2010/11 : bilan

 

Les résultats du championnat allemand

 

Toute la saison s'est déroulée avec un cadavre dans le placard, celui de la fin de l'agrément donné par la fédération allemande à la DEL. L'accord entre les deux parties prévoit la promotion du vainqueur de 2e Bundesliga dans l'élite, mais comme il s'arrête à l'été 2011, l'interprétation contractuelle diverge. Pour la fédération et les clubs de 2e Bundesliga, cela signifie que le champion de cette année gagne le droit de monter. La DEL au contraire part du principe qu'un promu éventuel devrait l'intégrer pour la saison 2011/12, donc après l'expiration du contrat, ce qui ne l'engagerait donc plus.

Les négociations étant restées infructueuses, les deux camps ont fait appel à la fin de la saison au Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Celui-ci a donné raison aux arguments des deux parties : d'une part il a confirmé que Ravensburg avait obtenu la promotion... mais d'autre part il a fait valoir que les statuts de la DEL la limitaient à 14 clubs, et donc qu'elle ne pouvait pas admettre de nouveau membre tant qu'il n'y aurait pas de place libre (la dérogation à 16 clubs est en effet échue). On ne savait pas que le TAS avait déménagé de Lausanne en Normandie pour réussir à émettre une réponse aussi ambiguë...

Ce jugement sanctionne finalement l'absurdité du précédent accord : une promotion sans relégation ne peut avoir de sens, sauf à attendre les faillites pour faire de la place, ce qui est une organisation quelque peu curieuse. Mais les clubs de DEL se prononcent contre la relégation, ce qui paraît évident vu de leur chapelle. Leur description de la division inférieure comme un championnat mal organisé sans infrastructure (alors que la majorité des clubs y ont rénové ou reconstruit leur patinoire) enflamme un peu plus le débat en donnant un sentiment de mépris.

Les positions des deux camps restent donc antagonistes. Au risque de s'aliéner totalement les clubs de division inférieure, la fédération ne peut guère signer un agrément qui ne comprendrait pas de promotion/relégation. Or, si aucun compromis n'est trouvé, la DEL deviendrait une ligue sauvage, en dehors du cadre de l'IIHF. Comme elle vient de publier son nouveau logo où disparaît la mention "1re Bundesliga", certains se demandent si elle ne précipite pas elle-même cette conclusion qui ferait beaucoup de tort au hockey allemand. Un compromis - par exemple sous forme de barrage de promotion/relégation - sera-t-il trouvé ?

 

 

Berlin (1er) : l'expérience des titres

L'expérience reste l'atout le plus précieux pour remporter un titre. Les derniers play-offs n'étaient qu'un accident, et leur capitaine Stefan Ustorf a eu beau pester contre les séries au meilleur des cinq manches jugées trop brèves et risquées, heureusement que cette formule maintient un minimum de suspense. Les Eisbären de Berlin ont été sacrés champions pour la cinquième fois en sept ans.

Cette dynastie doit beaucoup à la stabilité de l'effectif. Les cadres allemands ont participé aux cinq titres, mais c'est aussi le cas de deux joueurs étrangers, Denis Pederson (gravement blessé au genou par une mise en échec de Bakos avant les play-offs) et Steve Walker, qui sont tous deux revenus sur leur retraite parce qu'ils ne voulaient pas rester sur un échec. Même ceux qui n'avaient connu les titres précédents avaient quelques habitudes de tels enjeux, tel Jeff Friesen avec sa Coupe Stanley et ses deux victoires en championnat du monde.

La défense n'a pas été en reste : si Derrick Walser a obtenu meilleure fiche de la DEL (+25), c'est que cet arrière offensif a été protégé de façon très complémentaire par Frank Hördler, son dauphin dans cette statistique (+22), qui a ensuite été le meilleur joueur allemand au championnat du monde et a réussi une saison parfaite.

Dans ces cinq couronnements, la particularité de celui de cette année, c'est qu'une ligne a dominé les play-offs comme jamais. Autour du centre de métier Ustorf ont éclaté T.J. Mulock, avec son fore-check très actif, et surtout André Rankel, avec une très forte présence sur la glace et un sens du but de plus en plus affirmé. Personne n'a trouvé la solution face à ce trio. Rankel, le meilleur joueur des play-offs, a été formé à Berlin-ouest et a été recruté à 17 ans dans le club rival des Capitals, à une époque où le mur - même démoli - était encore une barrière psychologique. Son ascension comme joueur-phare des Eisbären atteste de leur nouvelle emprise sur toute la ville.

 

Wolfsburg (2e) : le patinage comme atout maître

Wolfsburg a réalisé une saison quasi-parfaite : une première place convaincante en saison régulière, des victoires en trois manches sèches en quart de finale et en demi-finale... et une élimination tout aussi sèche contre Berlin. L'expérience a parlé, et les joueurs de Basse-Saxe se sont inclinés pour leur première finale.

Ex-adjoint promu chef, le Tchèque d'origine Pavel Gross a réussi son pari en réussissant à améliorer des performances déjà bonnes et a été élu entraîneur de l'année. Le hockey qu'il a mis en place est attractif car il s'est appuyé sur des joueurs au très bon niveau de patinage. Le meilleur exemple en est Christopher Fischer, qui a éclaté pour sa première saison comme titulaire en DEL, même s'il a regretté d'avoir été le dernier joueur envoyé à la maison par le sélectionneur allemand Uwe Krupp, qui préférait des profils plus défensifs.

Si Wolfsburg a eu la meilleure défense, c'est grâce aux gardiens Jochen Reimer et Daniar Dshunussow qui ont terminé avec les deux meilleurs pourcentages d'arrêts du championnat, au-dessus de 93%. Reimer a confirmé en play-offs et a fait ses débuts en équipe d'Allemagne, où le centre de la première ligne Kai Hospelt est maintenant devenu un élément de référence.

Les Grizzly Adams s'installent donc dans le paysage du hockey allemand. S'ancrer dans le paysage sportif de leur ville marquée par le football reste cependant plus difficile, et la moyenne de spectateurs, qui a péniblement dépassé les 2500, reste la plus faible de DEL.

 

Düsseldorf (3e) : le syndrome berlinois

Lorsque Düsseldorf était avant-dernier après douze journées, le siège du nouvel entraîneur Jeff Tomlinson vacillait. Le nouveau système offensif était remis en question. La confiance a cependant été maintenue et l'équilibre a progressivement été trouvé. La défense n'a pas failli, même si l'ancien premier tour de draft NHL Sacha Pokulok a confirmé être un joueur fragile mentalement et commettant trop d'erreurs. En plus de la première ligne connue Kreutzer-Collins-Reimer, un deuxième trio offensif très intéressant s'est formé, où Evan Kaufmann a agi en stabilisateur et régulateur du duo de recrues Beechey/James.

La deuxième place en saison régulière était une belle satisfaction, et le DEG a franchement cru à un possible titre. Il menait 2 manches à 1 en demi-finale et n'était qu'à une prolongation de la qualification. Mais ce sont les Eisbären, pour la cinquième fois, qui ont éliminé Düsseldorf en play-offs. Une série noire que les Metro Stars n'arrivent pas à renverser.

Sous le coup de la déception, le manager Lance Nethery a eu des mots très durs sur son centre Rob Collins, sur le départ après cinq ans. Il l'a jugé absent, comme s'il avait déjà la tête à son futur employeur Hambourg, et a vu dans cette contre-performance de son "joueur le plus cher" le motif de cette élimination cruelle.

Nethery sait qu'un titre aurait peut-être permis de briser une dynamique peu favorable au niveau de l'adhésion populaire depuis le changement de patinoire. Le parcours en play-offs aura au moins permis de compenser le déficit né de la nouvelle chute du nombre de spectateurs. Le sponsor Metro s'arrête en 2012, presqu'aucun contrat n'est donc conclu au-delà, et la prochaine saison sera donc celle de la dernière chance pour cette équipe avant le temps des incertitudes.

 

Krefeld (4e) : miracle pour un club donné mort

L'été dernier, quand ses actionnaires devaient remettre la main à la poche pour sauver le club de la faillite, on ne donnait plus cher de la peau de Krefeld. La quatrième place du championnat, confirmée en play-offs, est donc un petit miracle.

L'atout de Krefeld est toujours le même : son cinq majeur. Le capitaine letton Herberts Vasiljevs est le meneur d'une première ligne complétée de deux attaquants allemands, un Boris Blank à la protection de palet solide et un Daniel Pietta qui s'affirme de plus en plus même s'il n'a pas encore pu intégrer le groupe de l'équipe nationale aux championnats du monde. En défense, le duo slovaque continue d'assurer. Le champion du monde 2002 Dusan Milo est revenu de blessure comme si de rien n'était à 36 ans, et Richard Pavlikovsky est toujours aussi puissant dans ses slaps comme dans ses duels.

L'entraîneur canadien Rick Adduono a su rassembler le vestiaire, et même le second gardien Danijel Kovacic a fait taire sa frustration, pourtant plus légitime que jamais : Scott Langkow n'a pas été remplacé une seule minute de toute la saison, ce qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de la DEL.

Avec l'appui d'une telle vitrine sportive, les efforts du nouveau manager Robert Haake pour multiplier les réunions publiques avec les supporters et apaiser les rancunes n'ont pas été vains. Les spectateurs sont revenus, et la désaffection causée par le comportement des anciens dirigeants n'est plus qu'un mauvais souvenir. Le KEV est de retour.

 

Scorpions de Hanovre (5e) : et dans l'économie réelle ?

La gestion douteuse des Scorpions a de nouveau fait débat en début de saison. Après seulement deux mois, le propriétaire Günter Papenburg, annonçait déjà des coupes de salaire, comme l'an passé, ajoutant que les joueurs étaient libres de partir. Le défenseur international Nikolai Goc et le gardien Travis Scott l'ont fait, préférant fuir une ambiance qu'ils décrivaient aussi grise que les finances.

Peu de temps après, la blessure aux ligaments croisés du second gardien Youri Ziffzer a mis Hanovre dans la panade. En faisant alterner deux juniors sans expérience dans la cage, Jonas Langmann et Lukas Steinhauer, on se disait que les Scorpions n'iraient pas bien loin. Au contraire, la défense réduite d'une unité se montrait solidaire pour protéger les "gamins", le vestiaire se rassemblait dans l'adversité... et Hanovre défiait toute probabilité en figurant pendant tout le mois de novembre en première place de la DEL !

Cela pouvait-il durer ? Malheureusement, non. Les deux gardiens juniors éprouvaient de plus en plus de mal à tenir le rythme. Début janvier, les Scorpions étaient tombés dixièmes, et n'avaient plus que deux points de marge sur une élimination des play-offs. C'est le moment où est arrivé le gardien canadien Tyler Moss, qui a rassuré tout le monde. La cinquième place a pu être assurée, et avec elle la qualification directe pour les quarts de finale, où Hanovre a vendu chèrement sa peau en cinq manches contre Krefeld.

Une performance due essentiellement à l'artilleur de la ligne bleue Sascha Goc, encore meilleur marqueur bien que défenseur, et à la première ligne Thomas Dolak - Tore Vikingstad - Klaus Kathan, la plus efficace aussi bien offensivement que défensivement. Mais aucun de ces trois éléments d'expérience ne sera conservé. L'équipe doit être rajeunie, et surtout les rémunérations pharaoniques appartiennent au passé. Désormais, les Scorpions ont promis de ne proposer que des salaires qu'ils étaient effectivement capables de payer, un changement appelé de leurs vœux par tous leurs concurrents. Pas sûr que, dans l'économie réelle, Hanovre puisse rester dans le haut du tableau.

 

Ingolstadt (6e) : le changement de coach prévisible

Nous avions suggéré dans notre présentation de la DEL que la première expérience de Greg Thomson comme entraîneur principal risquait de tourner court, car Rich Chernomaz, au chômage par la faillite de Francfort, constituait un "candidat libre" extrêmement attrayant pour tout club ayant un doute sur son coach. Rarement prédiction fut plus avisée... Au bout d'un mois, alors qu'Ingolstadt était dixième et qu'il ne semblait pas y avoir urgence, le manager Jim Boni s'est précipité pour mettre Thomson à la porte et être le premier à recruter Chernomaz.

Celui-ci a dû se confronter aux mêmes problèmes que son prédécesseur, à savoir les blessures de ses joueurs-cadres. Deux des tout meilleurs attaquants ont manqué la moitié de la saison régulière : l'international Thomas Greilinger s'est blessé deux fois, et le combatif Rick Girard a été victime d'une mononucléose. Quant au capitaine Tyler Bouck, il s'est rompu les ligaments croisés fin novembre.

Il restait quand même Bob Wren, mais s'il est toujours en bonne santé, son déclin est cependant évident. Sa maestria technique n'apparaissait plus que par phases.

Avant Noël, la qualification en play-offs était toujours en grand danger, et Ingolstadt se devait d'agir : renvoi du défenseur Marvin Degon, acquisition de deux joueurs d'AHL... et surtout recrutement début janvier de Peter Schaefer. Après s'être entraîné toute une année de son côté à Vancouver pour préparer le camp des Canucks et revenir au jeu, ce vétéran n'a été conservé que deux mois dans l'effectif des leaders de la NHL. Après 572 matches dans la grande ligue, le retour en AHL ne l'intéressait pas et il avait demandé la résiliation de son contrat. Il était cependant encore motivé pour une nouvelle aventure en Allemagne, et a grandement contribué à faire remonter Ingolstadt à la sixième place.

L'objectif du début de saison, la qualification directe en play-offs, a donc été atteint, in extremis. En début de saison, on rêvait bien sûr d'aller au moins en demi-finale, mais avec la blessure aux ligaments croisés du défenseur tchèque Jakub Ficenec, clé de voûte du powerplay, le quart de finale contre Berlin relevait d'une mission impossible. Les sourires prédominaient quand même car Ingolstadt a longtemps cru que le bilan serait bien pire.

 

Mannheim (7e) : les plus gros salaires par but marqué

En salaire cumulé c'est probablement l'attaque la plus chère de DEL. Elle a pourtant le total de buts marqués le plus faible de tout le championnat... Le "paradoxe Mannheim" a atteint son comble. Le joker Manuel Klinge, qui avait planté 19 buts dans son club d'origine Kassel en a ainsi inscrit 3 en tout et pour tout sous ses nouvelles couleurs. Craig MacDonald avait fait trembler 21 fois les filets à Düsseldorf, mais seulement 6 à Mannheim...

Les trois meilleurs buteurs ont été Mike Glumac, joueur de slot qui avait été mis au chômage par la faillite de Kassel et avait manqué son essai à Straubing avant d'être engagé par les Adler en octobre, Yannic Seidenberg, spécialiste des buts de raccroc, et Ronny Arendt, le préposé aux infériorités numériques. Comme un problème de casting...

Les seconds rôles ont en effet volé la vedette aux têtes d'affiche, qui avaient laissé leur talent au placard. Mannheim comptait pourtant dans sa troupe trois ses joueurs les plus habiles de la ligue, mais Scott King et François Méthot sont restés à l'arrière-plan et l'individualiste Nathan Robinson a été coupé au montage en janvier. On a alors recruté en "vedettes américaines" le dynamique Niko Dimitrakos et le créateur Steven Reinprecht, qui ont mérité leur cachet mais n'ont pas changé la fin du film.

Dans ce marasme offensif, le meilleur pointeur a été un défenseur, Mario Scalzo, l'invité-surprise du Canada aux championnats du monde. Il est le seul à avoir tenu son rôle de défenseur offensif, car le canonnier présumé Jame Pollock a connu une saison catastrophique sanctionnée de la seconde pire fiche de DEL (-19). On a même racheté sa dernière contrat. Les Adler se sont d'ailleurs juré de ne plus accorder de contrat pluri-annuel que dans des cas exceptionnels.

Plusieurs années de nanars ont rendu les producteurs méfiants et le public boudeur. Au lieu de surfer sur la vague des Mondiaux 2010, la SAP-Arena a perdu 1400 spectateurs de moyenne. La seule satisfaction de la saison est que la confiance témoignée aux jeunes pour occuper la quatrième ligne a payé : Matthias Plachta, Marc El-Sayed et le rugueux Denis Reul (le défenseur à la tête de Fantômas sans la couleur bleue) ont été aussi convaincants que les pros du métier. La fraîcheur des acteurs débutants...

 

Cologne (8e) : ne pas jouer avec les fusibles

Les dirigeants de Cologne avaient été brocardés pour avoir donné les pleins pouvoirs sportifs à Bill Stewart, homme au lourd casier. Ils ont eu d'autant plus de mal à se dédire quand le début de saison a pris une tournure aigre. Stewart lui-même leur a pourtant montré l'exemple en avalant son chapeau : après avoir tenté de mettre en cause les vedettes locales comme Philip Gogulla pour détourner l'attention, il a dû reconnaître ses erreurs en excluant de l'équipe le gardien Adam Dennis et l'arrière Ross Lupaschuk, ses deux recrues qu'il avait défendues contre de nombreux sceptiques.

À force de jouer avec la boîte à fusibles, Stewart a fini par s'électrocuter. À la trêve de novembre, Cologne a annoncé le renvoi du Canadien et le recrutement du sélectionneur Uwe Krupp pour les trois prochaines années. La saison en cours, elle, semblait pratiquement sacrifiée. Avec 15 points de retard sur la qualification, qu'y avait-il encore à espérer ? L'ancien adjoint Niklas Sundblad paraissait seulement chargé de nettoyer la maison pour laisser les lieux propres.

Lorsque Danny aus den Birken a débarqué fin novembre, son espoir de faire carrière de titulaire en DEL semblait compromis par son échec à Iserlohn. Il a été engagé uniquement parce que Wade Dubielewicz, ancienne doublure de NHL aux performances encore pires que celles de Dennis, était blessé. Et pourtant, après un premier match perdu 1-2 contre Ingolstadt, le nouveau gardien a amené les Haie à une série de 10 journées sans défaite dans le temps réglementaire, alors qu'ils n'avaient marqué que 7 fois en 22 rencontres auparavant. Le club a alors préparé à Danny aus den Birken un nouveau contrat... jusqu'en 2014 !

Le capitaine Christoph Ullmann a retrouvé son leadership offensif au meilleur moment en fin de saison pour amener le KEC à accéder aux pré-playoffs, et à éliminer Munich en deux manches. Cologne a donc en fin de compte retrouvé sa place "normale" en quart de finale, mais cet objectif minimal avait pris l'allure d'un miracle.

 

Munich (9e) : le meilleur promu

C'est justement l'année où la DEL a refermé les vannes à tout nouvel entrant que Munich a réussi le meilleur bilan jamais obtenu par un promu. Les Bavarois ont occupé deux fois la tête et ne sont jamais descendus plus bas que la neuvième place. Incroyable quand on sait que l'entraîneur Pat Cortina a choisi de faire confiance au même groupe qu'en 2e Bundesliga, n'ajoutant que cinq joueurs rejetés par les autres clubs. Il n'en a que plus facilement obtenu l'engagement sans faille qu'il exigeait d'eux.

Munich a terminé avec la deuxième meilleure attaque du championnat et s'est trouvé un leader offensif idéal en la personne d'Eric Schneider, le père de famille nombreuse à qui les dirigeants munichois ont accepté de trouver une maison. Sur son aile, le petit Martin Buchwieser, originaire de Garmisch-Partenkirchen (comme le manager Christian Winkler et l'entraîneur-adjoint Peppi Heiss, deux anciens gardiens), s'est révélé si vite qu'il a reçu une première convocation en équipe nationale après seulement deux mois en DEL. Ce joueur que personne ne connaissait il y a deux ans a même été invité à un camp d'évaluation des Toronto Maple Leafs en juillet.

Malheureusement, Buchwieser s'est blessé en fin de saison, comme le troisième homme de la première ligne Ryan Ready. C'est donc avec un premier bloc amputé de deux éléments que Munich a cédé la sixième place - et la qualification directe en quart de finale - dans la confrontation directe contre Ingolstadt à la dernière journée. Les barrages ont alors été rapidement fatals, après une première défaite en double prolongation face à Cologne.

Avec plus de 3900 spectateurs de moyenne, Munich a prouvé qu'elle pouvait être aussi une ville de hockey, capable de s'identifier à un club bien géré et plein d'enthousiasme. Malheureusement, l'ancienne patinoire de l'Olympiapark, avec un confort minimal et sans loges, ne lui permet pas de dégager des recettes de billetterie élevées. Le club attend donc le verdict en juillet de l'attribution de nouveaux Jeux Olympiques, ceux d'hiver de 2018, pour emménager sous un -toit plus moderne.

 

Nuremberg (10e) : agrippé à la corniche dans sa chute

Fin janvier, Nuremberg était quatrième et n'avait passé qu'une seule journée en dehors du top-4 du classement. Tout semblait aller pour le mieux pour ce club assaini et stabilisé. Qui aurait alors pu prévoir la série de 13 défaites sur les 15 dernières rencontres, pré-playoffs inclus ? Sachant que s'ils ont pu être "inclus", c'est uniquement parce que les poursuivants ont flanché et n'ont pas dépassé des Ice Tigers en chute libre qui se sont rattrapés à la corniche de la dixième place.

Le déclin avait eu des signes avant-coureurs. La doublure Sebastian Stefaniszin n'a pas pu soulager efficacement le gardien Patrick Ehelechner, le héros de la saison précédente qui a montré ses limites physiques et mentales dans le rôle de numéro un permanent. Sa défense, censée devenir plus mobile, a trop souvent négligé ses tâches premières à l'instar d'un Sean Blanchard que ses premières bonnes semaines ont rendu oublieux des nécessités du collectif.

En fin de compte, Nuremberg n'a eu qu'une ligne constante, celle avec le meilleur marqueur Éric Chouinard, le buteur Vitalij Aab et le passeur Dusan Frosch. Ces deux dernières recrues, formées en Europe de l'Est, ont montré plus de combativité qu'on en attendait d'eux. Tout au contraire, l'ex-joueur de NHL Clarke Wilm, censé être un centre complet, a beaucoup encaissé défensivement et a montré trop de lacunes en patinage. Les frères Leeb, qui sont des cadres de l'effectif depuis des années (et sont encore sous contrat l'an prochain) ont été les plus frappés par le déclin généralisé de l'équipe au fil de la saison, que rien n'a pu arrêter.

 

Iserlohn (11e) : Lone Wolf

Les Roosters ont échoué d'un souffle dans la qualification en play-offs pour la seconde année consécutive. Ils ont été blanchis au dernier match 0-1 par leur ex-gardien Danny aus den Birken, qui avait été viré en novembre et était devenu tellement plus performant sous le maillot de Cologne. Dans la cage d'Iserlohn, il avait dû faire place nette pour le joker inattendu, le gardien de NHL Manny Legace, qui n'a pas déçu et a clairement stabilisé sa défense.

Après le pari de deux jeunes gardiens allemands, le jeune entraîneur allemand Uli Liebsch était lui aussi sacrifié. L'expérimenté Doug Mason a amené une amélioration dans le jeu pratiqué, et Iserlohn a cru de nouveau à la dixième place. Encore raté. Le nouveau logo n'aura pas "redynamisé" le classement en tout cas.

Michael Wolf fait toujours peu parler de lui, mais le capitaine de l'équipe d'Allemagne est toujours exemplaire dans son implication. Il marque moins en équipe nationale qu'en club, où il est toujours un métronome. Ses 34 buts en font encore cette année le buteur numéro 1 de la DEL. Iserlohn se repose énormément sur lui, probablement trop, et le doigt cassé du joker Michael Hackert a compliqué la mise en place d'une deuxième ligne capable de le soutenir.

 

Hambourg (12e) : "À vendre"

Commençons par la bonne nouvelle : la coulisse s'est stabilisée à 7000 spectateurs de moyenne. C'est un moindre mal après en avoir perdu cinq mille en six ans, sachant que cette nouvelle saison passée dans le fond du classement n'a guère été propice à attirer les foules.

On a vite compris qu'il ne s'agissait pas que d'une phase d'adaptation, toujours à craindre dans une équipe totalement remaniée. Le gardien Marc Lamothe, déjà déclinant dans ses dernières escales, laissait trop de rebonds, et le nouveau directeur sportif Stéphane Richer se résignait à reconnaître ce mauvais choix. Il rompait le contrat avec ce vétéran de 37 ans (qui mettait un terme à sa carrière) et engageait le portier d'AHL Daniel Taylor, plus un défenseur d'ECHL, le physique mais lent Sean Curry.

Toutes les licences réservées aux étrangers étaient alors dépensées... et juste après, comble de malchance ou/et d'imprévoyance, le premier centre Joey Tenute s'est blessé. Les Freezers n'avaient donc plus de possibilité de le remplacer. Ils semblaient réduits à finir la saison avec cet effectif en pratique peu convaincant, où seuls émergeaient Colin Murphy et Brett Engelhardt, le duo offensif venu d'Augsbourg.

Et puis, début décembre, coup de théâtre : Hambourg recrutait Christoph Schubert qui avait vu son expérience suédoise tourner court à Frölunda après cinq années en NHL. Seul joueur allemand de haut niveau disponible, il réussissait pleinement son retour au pays en s'imposant clairement comme le leader des lignes arrières. Deux semaines plus tard, Richer provoquait un changement supplémentaire. Il abandonnait de lui-même sa double fonction en engageant Benoît Laporte pour prendre sa place au coaching. Par moments, Hambourg a pu sembler guéri... pour replonger aussitôt.

Les nouveaux arrivés Schubert et Laporte auront une seconde chance l'an prochain, dans un environnement qu'ils connaîtront sans doute mieux. Ils ne compteront plus sur le capitaine Alexander Barta, la seule figure d'identification des Freezers, victime de cette saison ratée. Après lui, il ne reste aucun élément stable de cette franchise, pas même le propriétaire. Le groupe Anschutz en a assez de perdre de l'argent et l'a officiellement mise en vente.

 

Straubing (13e) : blessé et trahi de l'intérieur

Straubing a longtemps cru atteindre pour la première fois les play-offs de la DEL. Les Tigers étaient bien installés dans le top-10, et la commotion cérébrale du meilleur joueur Derek Hahn en novembre n'a pas cassé l'élan, grâce au joker Laurent Meunier. Le capitaine de l'équipe de France, après avoir vécu trop longtemps les vicissitudes du rôle d'étranger surnuméraire ou prêté en Suisse, s'est excellemment adapté en Allemagne en endossant tout de suite un costume de meneur de sa ligne, depuis les mises au jeu jusqu'aux buts en passant par sa combativité coutumière dans les coins.

C'est en janvier, alors que l'équipe était revenue presque au complet, que six défaites de suite ont brutalement stoppé les Tigers. La série noire trouvait son point culminant dans le dernier week-end avant la clôture des transferts. Les Bavarois y perdaient leurs deux meilleurs marqueurs et leur entraîneur !

Le premier à dire "pouce" était Hahn qui se cassait le pouce, justement. Mais le problème majeur est que son collègue Lee Goren, pas le plus rapide sur la glace, se montrait beaucoup plus prompt pour filer en quatrième vitesse vers la Suisse et une proposition de contrat bernoise. Lorsque le joueur refusait de participer à l'entraînement en annonçant son désir de partir, Straubing le laissait filer, ne souhaitant pas conserver un joueur non motivé.

C'est dans ces circonstances difficiles que le coach Jürgen Rumrich, qui n'avait pu guérir le moins bon powerplay de DEL, était licencié et remplacé par Dean Fedorchuk. Avec un effectif réduit par la force des choses à trois lignes, l'Américain n'a pas pu sauver la dixième place. Straubing a fini avant-dernier, loin de son potentiel affiché. Trahis par certains renforts étrangers, les Bavarois ont aussi pâti du trop faible soutien de leurs joueurs allemands, à la contribution diminuée par la mononucléose de Michael Bakos. Après un bon début de saison, le gardien Dimitri Pätzold a ressenti comme dans son précédent club Ingolstadt un certain manque de confiance dès qu'il a donné quelques mauvais buts.

 

Augsbourg (14e) : nucléaire et manifestations

Les Allemands sont-ils contre le nucléaire ? Pas toujours à Augsbourg, ville située à 40 km de la centrale nucléaire réputée la plus performante d'Allemagne (Gundremmingen, que le gouvernement vient quand même de décider d'arrêter comme les autres d'ici 2022). Ici, on aime bien donner des surnoms radioactifs aux hockeyeurs les plus productifs de l'équipe locale. Le légendaire duo Vostrikov-Maslennikov avait été baptisé "ligne atomique". Lorsque Darin Olver et Barry Tallackson ont à leur tour occupé les deux premières places du classement des marqueurs de DEL, on les a donc affublés du sobriquet de "ligne plutonium". Leurs réactions en chaîne n'ont cependant pas suffi.

Le vice-champion s'attendait à un début de saison difficile avec sept déplacements pendant les travaux de rénovation de sa patinoire. Les voyageurs ne se sortaient pourtant pas si mal de leur périple avec une cinquième place. C'est lorsqu'ils ont regagné leurs pénates que les ennuis ont commencé, avec trois défaites d'affilée. Le plus grave n'était pas là. Dès qu'ils ont pris place dans les nouvelles tribunes, les supporters ont constaté qu'ils voyaient plus la nuque de leurs collègues de devant que la glace : les gradins n'étaient inclinés que de 26 degrés et étaient disposés au-dessus d'un mur bien trop haut.

D'abord, l'agence municipale maître d'ouvrage et les architectes ont tenté de réagir par le déni. Mais le mécontentement n'a cessé de s'amplifier, et l'expertise indépendante commandée par les fans a fini par démontrer que les coefficients de visibilité étaient nettement en dessous des normes. La solidarité politique avec le cabinet d'architectes local a alors cessé. On a d'ailleurs assisté à un étrange glissement de vocabulaire puisque Hermann/Öttl, décrit comme un "cabinet d'architectes d'Augsbourg" au début de l'affaire, était par la suite qualifié de "cabinet d'architectes de Munich". Puisqu'ils ont deux bureaux, choisissons celui que l'on retient selon les circonstances... On notera que, sur le site des architectes, le lien relatif à la rénovation du Curt-Frenzel-Stadion s'y trouve toujours, mais la page n'existe pas, enlevée et cachée du public.

Après avoir tenté de rattraper le coup par des propositions qui limitaient les dégâts sans résoudre le problème, comme relever le niveau de la glace, la mairie a cessé d'écouter les architectes, les a attaqués en justice et s'est résolu à la seule solution valable : détruire les tribunes incriminées pour les reconstruire. La galère continue pour Augsbourg...

L'affaire de la patinoire mal conçue, relayée par tous les médias allemands, a gâché la saison sportive d'Augsbourg, qui n'avait encore jamais terminé dernier. Or, l'équipe, elle aussi, devra être reconstruite. Le gardien Dennis Endras part maintenant comme prévu en NHL, les défenseurs allemands Florian Kettemer et Benedikt Kohl ont été recrutés par de grosses écuries, et le double passeport Olver irradiera Berlin accompagné de son compère Tallackson. Le club bavarois n'aura pas les moyens de les remplacer par de nouveaux cadres allemands, car son budget a été encore entamé par la perte des spectateurs ayant fui cette patinoire où l'on ne voyait pas toute la glace.

Il faudra donc une fois de plus que Larry Mitchell fasse fonctionner ses réseaux pour engager de nouveaux Nord-Américains bon marché. Mitchell était lui aussi en partance, mais en annonçant dans les journaux ses contacts avec les Eisbären, il s'est grillé auprès des Berlinois qui n'apprécient guère que l'on étale les démarches de recrutement dans la presse. Heureusement pour Augsbourg, qui a besoin du coach et surtout du recruteur.

 

 

Les clubs de 2e Bundesliga

 

Premier : Ravensburg. La blessure du gardien Christian Rohde en novembre aurait pu remettre en cause la saison de Ravensburg, mais Mathias Lange, ex-international junior autrichien à passeport allemand au chômage, a été engagé à l'essai et a fini par garder les cages même après le retour du titulaire d'origine. Il a ainsi participé à la formidable aventure des play-offs, où les Towerstars n'ont concédé qu'une seule défaite, parfaitement préparés physiquement. L'intégration du caractère délicat Alex Leavitt s'est bien passée dans une équipe équilibrée, et le "joueur à problèmes" potentiel a ainsi terminé meilleur marqueur de la 2e Bundesliga avec plus de vingt points d'avance.

En quatre années de Bundesliga, Ravensburg a donc franchi les paliers en quatrième vitesse, du maintien jusqu'au titre. On passe à la prochaine étape ? C'est là que réside le problème, puisque la DEL se refuse à lui. Son directeur sportif Alexander Jäger qualifie de "schizophrène" le comportement autarcique des clubs de l'élite qui, en refusant la relégation, "protège les clubs des conséquences sportives bien que les responsables comme les joueurs, entraîneurs ou managers se les voient reprocher et soient licenciés en cas de mauvais travail". Le président Peter Horne fait quant à lui savoir qu'il a des arguments juridiques dans la manche pour forcer la main de la DEL. La radio locale partenaire a même organisé un voyage jusqu'au siège de la DEL à Cologne pour manifester en faveur de Ravensburg. La pression monte...

 

Deuxième : Schwenningen. Avec ses 3500 spectateurs de moyenne, Schwenningen était la référence et le favori en 2e Bundesliga. Aux deux tiers de la saison, il n'avait concédé que 7 défaites et était souverain au classement. Ce fut alors l'effondrement inexpliqué, avec 11 défaites dans les 16 dernières journées et un recul à la quatrième place. Un coach mental fut alors engagé pour cette équipe en pleine débandade psychologique.

Beaucoup doutaient qu'une telle dynamique puisse être inversée en play-offs. Pourtant, le SERC y a retrouvé la confiance en passant deux tours sans perdre un match. Mais une fois en finale, il s'est incliné en trois manches sèches, exactement comme l'an dernier. Les regards se sont donc tournés une fois de plus vers le gardien Steve Silverthorn, qui ne parvient pas à concrétiser les ambitions du club en play-offs et ne sera donc pas conservé.

 

Troisième : Dresde. La participation au championnat n'ayant été confirmée que tardivement après bien des acrobaties en coulisses, Dresde n'avait que la moitié de son équipe début août et un budget réduit pour la compléter. Il a donc fallu recourir à des essais à tout va pendant le camp d'entraînement, y compris à des postes-clés comme devant les filets. Heureusement que Pasi Häkkinen, champion d'Italie 2009 avec Bolzano, s'est présenté à Dresde, incité par la recommandation de son compatriote finlandais Kaartinen, car c'était un des meilleurs portiers de la division.

De plus, dès le début de la saison, le duo formé par Sami Kaartinen et le centre Patrick Jarrett se révélait le meilleur duo de championnat. L'effectif restait certes mince et dépendant des deux hommes, mais les supporters apportaient leur écot par une collecte de fonds rassemblant pas moins de 65 000 euros, largement de quoi recruter un joker. Hugo Boisvert arrivait alors pour former une seconde ligne forte et se révélait très précieux pendant la blessure à la main de Jarrett car il était aussi fort que lui aux mises au jeu. Et voilà comment un club dont on se demandait s'il arriverait à former une équipe s'est retrouvé en demi-finale.

 

Quatrième : Rosenheim. Le promu avait engagé un sacré numéro en la personne de Norm Maracle, hockeyeur atypique au physique bedonnant et couvert de tatouages. À 36 ans, l'ancien gardien de NHL et de Superliga russe a tenu à démontrer que sa condition physique n'était pas si déplorable et a réussi une excellente saison derrière une défense pourtant très lente.

Il a été le garant des incroyables performances de Rosenheim, qui a fini son quart de finale avec quatre attaquants en moins, dont le buteur joker Tommi Hannus, mais qui n'en a pas moins écarté Heilbronn. Même avec des lignes réduites, Stephen Werner a été plus que jamais le leader de l'attaque et les Bavarois ont même été la seule équipe à prendre un match à Ravensburg lors de ces play-offs très réussis.

 

Cinquième : Heilbronn. Les quatre défaites sèches contre Rosenheim ont été très brutales pour les Faucons, qui s'attendaient à beaucoup mieux. Ils venaient en effet d'aligner sept victoires consécutives pour finir la saison régulière et pensaient avoir trouvé un très bon gardien avec Kellen Briggs. Il avait pourtant été recruté tardivement car Heilbronn avait espéré plusieurs mois le rétablissement de Réjean Beauchemin - victime d'une blessure musculaire à l'entraînement foncier avant même de monter sur la glace - avant de se résoudre à chercher un remplaçant. Malheureusement, Briggs a faibli dès le premier match de play-offs, et l'équipe a perdu le fil.

Il faut dire qu'elle avait peu de références offensives. L'attaque a été faible toute l'année, car les marqueurs d'ECHL n'ont pas su transporter leurs qualités. C'est un jeune Allemand, Fabio Carciola, qui a terminé en tête des compteurs de l'équipe, ce qui permettra de le conserver comme leader l'an prochain.

 

Sixième : Bremerhaven. Neuf ans. C'est le temps qu'il aura fallu attendre pour que la nouvelle patinoire de Bremerhaven voie le jour. L'idée s'était imposée après la victoire en 2e Bundesliga en 2002, lorsqu'il avait fallu renoncer à la montée en DEL faute d'infrastructures suffisantes. Pour le dernière match de la saison régulière, le derby contre les Indians de Hanovre, ils étaient presque 4500 à découvrir la nouvelle enceinte et à fêter le neuvième succès consécutif.

Malheureusement, comme pour Heilbronn, cette belle série à la fin de la saison n'a auguré en rien du quart de finale, puisque les coéquipiers du capitaine et meneur offensif Chris Stanley se sont inclinés par quatre victoires à une contre Dresde. Il n'y aura donc eu que quatre rencontres (plus un match de l'équipe d'Allemagne) dans cette patinoire moderne, qu'il faudra attendre l'an prochain pour savourer.

 

Septième : Kaufbeuren. L'entraîneur Ken Latta a confirmé qu'il n'y avait pas d'erreur en qualifiant son équipe à petit budget pour les quarts de finale deux ans de suite. Le club bavarois n'a pas spécialement eu la main heureuse sur ses renforts étrangers, mais a pu compter sur le meilleur marqueur allemand du championnat (et quatrième marqueur au total) avec Daniel Menge, repoussant souvent les étrangers en deuxième ligne.

Dans ce pays d'alpages, on est toujours très attaché à l'élevage, y compris de hockeyeurs. Les défenseurs internationaux juniors Patrick Seifert (prêté par Augsbourg) et Bernhard Ebner (formé non loin à Peiting, qui vient d'ailleurs de piquer le titre national junior à Kaufbeuren) ont ainsi obtenu un temps de jeu précieux dans un club qui n'a pas peur de faire confiance aux jeunes, même à l'arrière.

 

Huitième : Landshut. Il y a un défaut assez commun aux clubs bavarois de tradition, c'est de recruter des étrangers assez faibles sur le papier, venus de ligues moins réputées (Landshut a innové cette année en recrutant en université canadienne), et de se lamenter ensuite que ses renforts soient peu performants sur la glace.

Cela n'a pas manqué cette année, surtout après un début de saison désastreux où la critique s'est répartie entre les joueurs et l'entraîneur Tobias Abstreiter. L'autre caractéristique des Bavarois est leur côté conservateur qui peut parfois avoir du bon. Ils n'ont viré ni les étrangers ni le coach, et après une phase d'adaptation plus ou moins longue, les Cannibals ont quitté leur position dangereuse au classement. Landshut s'est donc qualifié en quart de finale, comme chaque année. L'honneur est sauf.

 

Neuvième : EC Hanovre. Les Indians sont-ils condamnés à décevoir éternellement leur très fidèle public ? On pouvait se poser la question en les voyant commencer la saison avec seulement trois victoires en seize parties. Les absences de D.J. Jelitto, opéré de l'épaule, et Marcus Sommerfeld, blessé au poignet à la première journée, ont laissé une attaque démunie en manque de leaders. C'est un joueur allemand, Alexej Dmitrijev, né au Bélarus mais arrivé à dix ans à Herne, qui a fini meilleur marqueur.

Son suivant au classement est la révélation de l'année : Kevin Schmidt, défenseur offensif venu d'ECHL dont le père a passé les trois premiers mois de sa vie en Allemagne (cette double nationalité utile n'a pas échappé à Hambourg qui va mettre la main dessus), a pu se projeter vers l'avant grâce à la protection de Danny Pyka. En janvier, malheureusement, Pyka s'est blessé à son tour, obligeant le revenant Sommerfeld à boucher les trous à l'arrière. Durant le bref intervalle après le retour des blessés et avant la perte de Pyka, les Indians ont remporté six de leurs sept rencontres. Un intermède doré qui peut aviver des regrets.

 

Dixième : Bietigheim-Bissingen. Même s'il a conduit les Steelers au sommet il y a deux ans, l'entraîneur Christian Brittig n'a pas résisté à un début de saison désastreux. Il faut dire qu'il était aussi chargé du recrutement et que les transferts n'ont franchement pas été une réussite. Aleksandr Selivanov est reparti au bout de quelques semaines à cause de l'éloignement (500 km) avec sa famille restée à Krefeld, et s'est engagé en Oberliga avec Duisburg. Autre exemple, Brittig avait voulu disposer de deux bons gardiens en faisant venir Martin Cinibulk de son club d'origine Landshut, mais le vétéran ressortait battu à chacune de ses titularisations.

Comme à chaque fois qu'une saison tourne mal à Bietigheim, c'est Danny Held qu'on appelle comme pompier. Celui-ci a dû se rendre à l'évidence. Le départ en DEL de Justin Kelly n'avait pas pu être compensé, et l'ex-international Alexander Serikow était beaucoup moins productif sans son partenaire. En plus, le nouveau centre numéro un, Pierre-Luc Sleigher, s'est blessé au genou à la mi-décembre. N'ayant pas une équipe vraiment capable de jouer les premiers rôles, Held s'est donc appliqué à rassurer son groupe et à le focaliser sur les rencontres face aux "petits" qui ont permis d'assurer a minima les pré-playoffs et donc le maintien.

 

Onzième : Weißwasser. L'annonce a laissé tout le monde pantois : Bates Battaglia signe chez les "Lausitzer Füchse". Qu'est-ce que le joueur aux 580 matches de NHL venait faire à Weißwasser, le vieux bastion du hockey est-allemand, alors complètement largué à la dernière place de la 2e Bundesliga ? L'Américain ne le savait sans doute même pas lui-même, puisqu'il est arrivé hors de forme et est reparti une semaine plus tard... Son départ fut cependant discret en comparaison de celui de Karl Fournier : le Canadien, qui avait quitté Neuilly-sur-Marne pour La Chaux-de-Fonds en cours de saison dernière, a encore joué les filles de l'air, mais cette fois sans autorisation de son club ! Comme il avait pris la fuite avec une avance sur salaire en poche, les dirigeants du club ont appelé la police et le joueur s'est fait arrêter en gare de Cottbus !

Tous les jokers censés sauver la situation avaient donc disparu... Il restait cependant les joueurs formés au club, autour de Danny Albrecht et du capitaine Sebastian Klenner, qui se sont "battus pour toute la région" (Albrecht) lors de la poule de maintien... où ils ont été invaincus !

 

Douzième : Crimmitschau. En restant aux États-Unis pour un camp qu'il dirige et en n'arrivant que début septembre, l'entraîneur Larry Suarez prenait le risque d'un début de saison raté. Avec 19 points lors des dix premières journées, Crimmitschau occupait pourtant les premières places au classement. Mais lors des dix journées suivantes, les Saxons n'ont plus marqué que trois points, et Suarez a donc été licencié fin novembre.

Steffen Ziesche, qui avait déjà assuré l'intérim pendant la préparation, a donc de nouveau été prêté par les Eisbären de Berlin pour s'occuper de l'équipe. Son bilan n'a cependant pas été meilleur et Crimmitschau n'est jamais remonté au classement. L'essentiel a été obtenu avec le maintien, avant de préparer le Mondial des moins de 18 ans qui a été une vraie fête du hockey pour cette région sinistrée.

 

Treizième : Fribourg-en-Brisgau. Si les deux équipes est-allemandes se sont sorties d'affaires en poule de maintien, c'est surtout parce que Fribourg s'est complètement effondré. Avec 10 et 20 points d'avance sur leurs concurrents en saison régulière, les Loups étaient certainement meilleurs qu'eux. Ils avaient plus de talent. Le lutin canadien Dustin Sylvester avait souvent joué de jolis tours, et il avait même emmené à ses côtés l'inattendu Christian Billich (petit gabarit dynamique formé au club) vers le top-10 des marqueurs de la Bundesliga.

Mais la remise des compteurs à zéro a été défavorable pour les Wölfe de Freiburg. Ils se sont écroulés en même temps sur le plan sportif (condamnés dès la phase aller en quatre journées) et sur le plan financier, puisqu'on avait appris au même moment leur dépôt de bilan. Leur situation financière était précaire depuis leurs problèmes de patinoire et leurs entraînements en exil à Colmar. Leur faillite ayant été confirmée, ils seront donc relégués deux divisions plus bas, en Regionalliga.

Marc Branchu

 

 

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