Suède 2010/11 : présentation

 

L'unanimité a toujours quelque chose de louche. Pour tous les observateurs, HV 71 restera champion car il a tous les atouts de son côté : une organisation efficace, une structure économique saine, une ville universitaire attractive (Jönköping), une équipe stable, autant d'arguments qui ont attiré les deux recrues les plus convoitées du marché estival suédois (Larsson et Bremberg). Cependant, personne n'a conservé son titre en Suède depuis dix ans, ce qui donne une idée de l'ampleur du défi.

Le HV71 a perdu deux pièces importantes en direction de la KHL. Stefan Liv, tout d'abord : bien qu'il ait des détracteurs, il était présent dans tous les succès du club et ça ne peut pas être un hasard. Daniel Larsson, qui a décidé de revenir en Suède après deux ans en AHL sans avoir sa chance à Detroit, est considéré le meilleur gardien disponible, avec plus de potentiel technique que Liv puisqu'il n'a que 24 ans. L'entraîneur des gardiens de HV71 l'a coaché en équipe nationale junior.

Plus ennuyeux, le distributeur de jeu David Petrasek est parti au Dynamo Minsk, et il avait pris une telle importance dans l'équipe qu'il n'est pas substituable en l'état, même si le HV71 dispose de lignes arrières denses.

Si denses d'ailleurs qu'on ne sait plus quoi faire de Lance Ward, le grand ami des arbitres suédois, collectionneur de pénalités pour gestes douteux et de méconduites pour paroles du même style : utilisé à peine quelques minutes en raison de la concurrence, le Canadien a été envoyé en tribunes puis a été testé en attaque.

L'attaque, pour HV71, c'est avant tout un trio magique : Johan Davidsson pour la maîtrise du jeu, Jukka Voutilainen pour mettre les palets au fond et Martin Thörnberg pour le (parfois très) sale boulot. Année après année, cette ligne ne déçoit jamais, que ce soit à 5 contre 5 ou en supériorité numérique. Une garantie de réussite, qui se sent cependant seule en ce début de saison. Où sont les autres lignes ?

On attendait pourtant monts et merveilles du retour au pays de Fredrik Bremberg. Lui qu'on pensait lié pour toujours à Djurgården a choisi HV71. Il peine cependant à trouver sa place dans une équipe déjà formée. Après le retour de blessure de Teemu Laine, Bremberg a rétrogradé en troisième ligne, pas vraiment la place pour son talent offensif. Il reste invisible, et c'est une des raisons pour lesquelles le club de Jönköping a attendu sept journées pour gagner dans le temps réglementaire.

 

Le principal - voire seul - concurrent annoncé est Färjestad, qui a fait revenir les anciens. Les défenseurs Jonas Frögren et Martin Sevc (le porte-bonheur : deux saisons, deux titres !) sont capables de faire le ménage devant la cage aux côtés de Sanny Lindström. L'ailier Pelle Prestberg (Leksand) constitue déjà un duo intéressant avec le centre international norvégien Anders Bastiansen, tandis que son collègue Christian Berglund peine à convaincre pour son retour de Suisse. Et surtout, Rickard Wallin revient après sa parenthèse d'un an en NHL, avec le statut de capitaine.

Comme ils sont tous de la maison, ils connaissent la philosophie de Färjestad : un jeu collectif qui part de la zone défensive et s'appuie sur de grandes qualités de passes. Du talent, le FBK n'en manque pas, à commencer par Dick Axelsson, béni des dieux par sa technique et son patinage, mais qui n'a jamais exploité ce potentiel à cause d'un mental défaillant.

Même l'affaire de dopage de Robin Rahm, suspendu deux ans, a été réglée avec l'arrivée d'Alexander Salak, le gardien tchèque observé par les recruteurs du club depuis son passage à Turku il y a deux ans. Et le blueliner Jonas Junland devrait réveiller le powerplay endormi depuis le départ de Thomas Rhodin.

Tout est là, donc : de la technique, du physique, du métier, un leader, une défense solide et trois lignes capables de faire la différence. Seul ingrédient en question face à des équipes plus jeunes qui n'ont pas sonné le rappel des anciens : la vitesse.

 

La présence de Djurgården en finale a rallumé la flamme du hockey dans la capitale Stockholm. Le système de Hardy Nilsson est la clé de la réussite pour ses admirateurs, ou la principale faiblesse pour ses détracteurs qui lui reprochent d'être prévisible. L'ex-sélectionneur provoque toujours des partis pris virulents, tout comme le DIF en tant que club de la capitale.

Les passions étaient à leur comble après une série de cinq défaites dès septembre. Djurgården a alors fait signer pour quatre ans son homme providentiel, Marcus Nilson, véritable leader offensif. Le meilleur marqueur de la saison dernière avait tenté sa chance sans succès au camp de New Jersey, et il a pu être rappelé au bon moment.

Mais le vrai problème de Djurgården est défensif. Le capitaine Marcus Ragnarsson souffre toujours de son épaule. La rumeur d'un retour de Staffan Kronwall, ancien de la maison parti en Amérique du nord depuis cinq ans, court depuis longtemps, mais elle n'était pas qu'un souhait de supporter. Elle s'est finalement concrétisée le 11 octobre, avant que Ragnarsson ne revienne sur la glace : les Calgary Flames ont prêté le "petit frère" de Niklas Kronwall, terme pas vraiment approprié car Staffan a un gabarit encore plus taillé pour une fonction de déménageur avec 194 centimètres et 102 kilos.

Le DIF espérait au moins s'appuyer sur les gardiens Gustaf Wesslau et Rolf Ridderwall, que personne n'attendait à un tel niveau l'an passé. Wesslau a profité de ces play-offs pour signer un contrat NHL d'un an à Columbus, certainement sans autre perspective que l'AHL, et Ridderwall est resté. Pour l'instant, l'un et l'autre partagent la même infortune, celle d'être blessés (genou pour l'un et commotion pour l'autre). C'est donc l'ancien numéro 3 Mark Owuya, ex-international junior formé au club mais prêté dans des clubs de division inférieure depuis un an et demi, qui a sa chance à 21 ans et réussit des performances sidérantes par moments.

 

Après deux demi-finales de suite, Skellefteå n'est plus un outsider. C'est une équipe qui est maintenant prise au sérieux en Elitserien. Le vétéran Andreas Hadelöv et la jeune recrue Joacim Eriksson forment la meilleur paire de gardiens de la ligue, celle dont nul ne peut dire qui gagnera le poste de titulaire.

Une répartition des générations qui se retrouve en défense avec trois trentenaires et quatre gamins. Le bon équilibre, y compris entre profils portés vers l'avant ou destinés à rester dans leur zone. Il est ainsi intéressant de voir que le grand espoir Adam Larsson évolue vers un style plus défensif, où son gabarit (100 kilos à pas encore 18 ans) est plus efficace. Un autre jeune défenseur prometteur, David Rundblad, est aujourd'hui l'organisateur attitré à la bleue.

L'équilibre est aussi valable en attaque. On n'y trouvait pas de superstar, mais une équipe homogène où le danger peut venir de partout. Par exemple de Pierre-Édouard Bellemare et Johan Forsberg, un duo qui avait fait parler la poudre en play-offs et était prêt à continuer sur sa lancée. Malheureusement, Forsberg a été victime d'un décollement de la rétine et le Français est donc privé de ce partenaire habituel.

Déjà au point défensivement, Skellefteå est devenu plus dangereux devant. Joakim Lindström est revenu dans sa ville natale quittée très jeune (pour MODO, alors plus fameux pour la formation) après de récentes expériences en NHL et KHL. Sa vision du jeu peut aider à révéler le potentiel de Mikko Lehtonen, le meilleur marqueur du Mondial junior 2007. Un potentiel porté à ébullition dans une marmite pendant deux années de AHL. Le couvercle NHL n'ayant pas sauté, c'est le SAIK qui se fait servir le plat. Les deux recrues offensives du club sont mêmes devenues les deux meilleurs marqueurs du début de championnat.

 

Le comportement en zone défensive est le gros problème de Frölunda depuis cinq ans. Si on s'est souvenu des stars offensives, il ne faut oublier que les titres 2003 et 2005 correspondaient aux deux seules années où l'équipe encaissait moins de deux buts par match en moyenne. Ensuite, l'effectif était toujours joli sur le papier, mais il manquait de besogneux prêts à faire les tâches ingrates.

L'entraîneur Kenta Johansson a été recruté pour apporter enfin cette cohésion défensive qui faisait défaut. En théorie, il a les joueurs pour le faire. Des attaquants comme Per-Johan Axelsson, Mikael Johansson, Riku Hahl et Joel Lundqvist n'ont pas peur de se sacrifier devant des lancers. Malheureusement, Lundqvist est indisponible jusqu'à la fin de l'année après une opération des ligaments du pouce et a été obligé de laisser le capitanat à Axelsson.

Frölunda a aussi dû commencer la saison sans son défenseur international Christian Bäckman, opéré du genou. Une solution a été trouvée avec Christoph Schubert. Le défenseur allemand aux 103 kilos avait déjà ouvert deux fois sa saison de NHL à Göteborg quand il jouait à Ottawa, et il s'est entretenu de Frölunda avec une des idoles de ce club, le champion 2005 Daniel Alfredsson. L'ex-international - évincé l'an passé par Krupp après son Mondial 2009 désastreux - n'a signé qu'un contrat "prudent", jusqu'au 15 décembre, et assorti d'une clause de sortie vers la NHL ou la KHL qu'il pourrait faire jouer à la trêve de novembre.

Le premier match de la saison a été un calvaire avec la commotion cérébrale de Ville Mäntymaa. Un choc terrible car tous ses coéquipiers savaient qu'il en avait eu deux l'an passé et craignaient le pire. Henrik Tömmernes et Mikko Mäenpää se sont ensuite blessés au genou, et Frölunda a dû rappeler des juniors. Tous se sont heureusement rétablis assez vite, mais la mission de recréer une défense n'est vraiment pas de tout repos pour Kenta Johansson.

 

Enfin, Tony Mårtensson et Matthias Weinhandl sont réunis ! Manque de chance, c'est au SKA Saint-Pétersbourg. C'est toujours Linköping qui a les joueurs sous contrat, jusqu'en 2014 et 2015. Mais à quoi bon si c'est pour qu'ils soient systématiquement prêtés à des clubs russes ? Mårtensson n'a été récupéré qu'un an, et son départ prive le KHL d'un joueur-clé.

Linköping semblait donc, de manière presque caricaturale, condamné à attendre ses deux Messies tchèques, Jan Hlavac et Jaroslav Hlinka, qui signent chaque saison de mi-octobre à mi-avril pour bénéficier de "contrats d'artiste" défiscalisés. Les performances médiocres lors du "European Trophy", où Hlinka et Hlavac ne jouaient que les rencontres à l'étranger, ont renforcé cette impression. Quel serait le retard de cette équipe quand arriverait le duo tchèque ?

Et puis, le championnat a commencé et le nouvel entraîneur Hans Särkijärvi a surpris tout le monde en formant une équipe compétitive. Même s'ils ne regorgent pas de talent, les attaquants ne rechignent pas au back-check et le travail de chacun ramène des points.

On se retrouve donc dans la situation exactement inverse : Linköping est en confiance et les deux Tchèques arrivent... en plein doute ! La pige dans leur club formateur du Sparta Prague s'est en effet mal passée cette année. Ils n'ont "pas répondu aux attentes" (1 but à eux deux) et ont été écartés de l'effectif avant même que leur contrat provisoire se termine !

 

Changement de style à Timrå où le nouvel entraîneur "Perra" Johnson devrait être plus en phase avec la discrétion locale que l'impulsif "Challe" Berglund.

La première ligne est 100% finlandaise puisque Timo Pärssinen est rejoint par deux joueurs qu'il avait côtoyés au HIFK, le club de Helsinki connu d'une part pour sa tradition suédophone (le sigle HIFK est en suédois), et d'autre part pour son hockey agressif. Kim Hirschovits n'est pas de nature violente, mais était le capitaine et meneur offensif. En revanche, Ilkka Pikkarainen, passé l'an dernier par les New Jersey Devils avant d'être prêté en janvier au CSKA Moscou, est un joueur imprégné de cette culture HIFK, qui franchit souvent la limite des règles.

Derrière aussi, on a confié des postes-clés aux Finlandais. Le nouveau gardien est Juha Pitkamäki, qui protégeait il y a quelques années la "légion étrangère" de Mora, et pour le protéger, on a engagé Mikko Jokela, un défenseur bien charpenté déloge l'adversaire en infériorité.

Timrå se défend contre les critiques en faisant valoir deux joueurs formés au club qui tiennent des rôles importants. Sebastian Erixon était le meilleur défenseur lors des derniers play-offs et est prêt à 21 ans à franchir un cap avec son jeu très sûr. Quant à Anton Lander, il est déjà assistant-capitaine à 19 ans. Mais est-ce Timrå qui met Lander dans les meilleures conditions, ou le contraire ? L'international junior a récolté des louanges en déclarant renoncer à une augmentation de salaire pour que son club puisse recruter plus de joueurs. Mais est-ce vraiment à un gamin, même promis à un brillant avenir, de faire cet effort ?

Lander doit en tout cas s'accoutumer à de nouveaux ailiers. Un international norvégien, Martin Røymark, a remplacé un international français, Laurent Meunier. Le capitaine des Bleus est retourné en Suisse et les experts suédois ont présenté son recrutement comme une erreur, non par la faute du joueur, dont les efforts ont été salués, mais par celle du club, qui l'avait recruté comme centre alors qu'il n'avait pas les qualités pour occuper ce poste dans le système de Timrå. Si Lander a dit adieu au Français, il n'a sans doute dit qu'au revoir à Magnus Pääjärvi, qu'il devrait rejoindre bientôt, aussi bien chez les Edmonton Oilers qu'en équipe nationale de Suède.

 

La lecture de la composition de Luleå ne fait pas peur a priori. Il n'y a que quelques joueurs à surveiller, les jumeaux canadiens Cam et Chris Abbott en attaque et Janne Niinimaa en défense. L'ex-international finlandais, venu chercher le temps de jeu qu'il n'avait plus chez le champion HV71, réside pour l'instant de l'autre côté de la frontière, à Oulu, pour raisons fiscales afin de bénéficier du contrat d'artiste. On ne trouve aucun joueur de l'équipe de Suède, même si le meneur de jeu Niklas Olausson, qui a perdu dix kilos cet été, pourrait bientôt porter le maillot aux trois couronnes.

Le seul joueur qui était régulièrement appelé en équipe nationale (mais jamais encore au Mondial), c'était Johan Fransson. En avril, il a signé une extension de contrat de 5 ans. En juin, les Los Angeles Kings l'ont quand même recruté, comme l'accord de transferts entre la NHL et la Suède l'y autorisait. Ce défenseur dont le principal atout est un excellent patinage n'a pas réussi à se faire une place dans l'équipe californienne, et il est donc rentré en Europe. C'est alors que son agent a expliqué que le contrat à Luleå (signé six mois plus tôt !) ne lui plaisait pas. Fransson est donc toujours sous contrat à Los Angeles, et "prêté" à Saint-Pétersbourg. Un détournement réglementaire, puisque Luleå ne touche aucune compensation, comme cela aurait été le cas s'il avait traité directement avec l'équipe de KHL. D'où un certain mécontentement envers l'accord NHL d'une part, l'agent d'autre part.

La meilleure recrue de Luleå reste sur le banc. Il s'agit du jeune entraîneur Jonas Rönnqvist (37 ans), très remarqué en deux saisons d'Allsvenskan au petit club d'Almtuna, avec un style offensif fondé sur le patinage et le forechecking. Skellefteå l'avait approché, mais il a préféré revenir dans le club où il a passé sa carrière de joueur d'élite. La cote de Rönnqvist monte encore car il a fait de Luleå un leader inattendu. Il a amené trois joueurs d'Almtuna avec lui, et son système intensif convient bien aux Abbott. La défense qui n'intimidait personne est solide, et les deux gardiens formés au club, Anders Nilsson et David Rautio, réussissent une alternance parfaite alors que ni l'un ni l'autre ne jouissaient d'une haute réputation.

 

Peter Forsberg a longtemps été une idole pour Modo. Aujourd'hui, il est surtout une distraction médiatique et une source d'incertitude qui perturbe les plans du club. Mi-août, après avoir joué un match de gala avec ses Icebreakers (équipe d'amis entraînée par son père), il a - presque - mis les choses au point dans une interview pour Aftonbladet : "Oui, maintenant la fin est proche. J'ai mis trois points comme d'habitude, mais je ne pouvais presque pas patiner. Il y a peut-être 5% de chances que je continue. Mais cela n'a pas fonctionné depuis sept ans, l'espoir d'un miracle est mince. Si on me demandait une réponse définitive maintenant, je dirais non. [...] Je vis entre Stockholm [NDLR : d'où vient sa nouvelle fiancée, un mannequin] et Örnsköldsvik. C'est heureux que je possède ma propre compagnie aérienne, comme ça je fais des allers-retours pas cher."

Il n'y a pas que dans ses solutions contre la vie chère que Foppa se ridiculise et paraît déconnecté de la réalité. Il ne veut pas se résoudre à mettre fin à ce cirque de la retraite sans cesse reportée. Deux semaines après cet entretien, il rechaussait les patins pour MODO, simplement pour trois séances d'entraînement. Un mois plus tard, il se rendait à une réunions d'anciens au Colorado et se refusait à répondre à la presse nord-américaine qu'il excluait un retour en NHL, déclarant ne "pas encore avoir pris sa décision à 100%". Il faut se rendre à l'évidence : son pied ne le laissera jamais tranquille. Le problème est que personne à Örnsköldsvik n'ose le pousser à annoncer la fin inéluctable. Si ça continue, il va se déclarer retraité à 96%, puis à 97%. Sur la glace, il prenait ses décisions en une fraction de seconde : qu'il arrête une fois pour toutes pour ne pas donner à sa fin de carrière un tour grotesque.

MODO en souffre le plus, en ne pouvant se défaire de l'idée que son sauveur pourrait de nouveau rechausser les patins. Non, le club devra s'en sortir seul et ne plus compter sur les renforts gratuits des stars locales. Oui, MODO était un club formateur exceptionnel dans les années 90, mais aujourd'hui ces joueurs sont tous proches de la retraite. Les nouvelles générations ne sont plus exceptionnelles, et MODO a de faibles moyens pour recruter.

Le départ à New York du lutin génial Mats Zuccarello n'a rien changé à la mode des Norvégiens : cinq seniors, plus trois autres dans les équipes juniors. Les voisins sont peu chers, ils se connaissent tous bien, et on leur forme un environnement de plus en plus favorable puisqu'un responsable du matériel de l'équipe de Norvège a été recruté par MODO cet été.

Aujourd'hui, les recrues de MODO viennent donc de l'étranger. Les Nord-Américains (Byron Ritchie et Niko Dimitrakos) sont discrets pour l'instant, mais le poste le plus important est celui de gardien. Il change chaque année à Örnsköldsvik et il fallait trouver un homme de confiance. Tuomas Tarkki, deux fois meilleur gardien en Finlade mais beaucoup moins complimenté depuis que son club Kärpät a perdu de sa superbe, détient donc la clé de la qualification en play-offs.

 

Autre jeune entraîneur qui a fait son trou, Nicklas Czarnecki. S'il réussit confirmer pour sa troisième saison avec Brynäs (7e puis 6e jusqu'ici), il sera considéré à 45 ans comme un des meilleurs spécialistes du pays.

Cette progression semble naturelle. Trois joueurs sont dans leur première année senior, à l'âge où ils évoluent le plus vite et deviennent des cadres : le défenseur offensif Mattias Ekholm (arrivé de Mora cet été), le spectaculaire Anton Rödin et l'héritier Jacob Silfverberg (son père Jan-Erik a été quatre fois champion de Suède avec Brynäs). Il faut y ajouter les juniors de talent dont le seul défaut est d'être trop nombreux : il y en a six et il n'y a pas de place pour tout le monde chez les seniors. Le junior du moment est le centre Calle Järnkrok, déjà aligné en supériorité et en infériorité grâce à sa vision du jeu et à ses qualités techniques. Il a été drafté par Detroit qui a souvent le nez fin. Un nouveau meneur pour l'équipe de Suède junior.

Le problème est que cette pépinière est observée de près, et que l'accord de transferts avec la NHL a eu des répercussions très lourdes pour Brynäs. Très tôt, les gardiens Jacob Markström et Eddie Läck avaient fait connaître leur intention de signer des contrats en NHL. Le club de Gävle a donc réagi en engageant Mattias Modig de Luleå... Coup de tonnerre fin mai, Pittburgh récupère ses droits (il avait été drafté par Anaheim) et le fait signer. Modig saute sur l'occasion. Il a vite déchanté depuis, rétrogradé en AHL puis en ECHL.

Brynäs s'est donc retrouvé sans gardien en juin et a dû se rabattre sur Björn Bjurling pour faire un duo avec le jeune Niklas Svedberg. Les premières sorties de Bjurling ont été désastreuses, confirmant que l'international junior Markström était pour beaucoup dans les résultats de l'équipe de Gävle.

Mais en octobre, Brynäs a réagi à ce problème de gardien en recrutant Thomas Greiss. Doublure de Nabokov l'an passé chez les Sharks de San José, l'Allemand se rêvait déjà numéro 1 dans la concurrence annoncée avec Niitymäki. Et puis, fin août, l'équipe californienne a recruté Antti Niemi, le champion NHL. Greiss, déprimé, était alors de trop, d'où ce prêt en Suède pour qu'il retrouve le moral et surtout la glace.

 

Pendant deux ans de suite, Södertälje a gagné... la poule de relégation. Un destin dont il pourrait bien falloir se contenter une nouvelle fois. C'est le club qui compte le plus d'étrangers (11 !), ce qui est interprété comme une incapacité à recruter (par manque d'argent) ou à former (par manque de structures) des joueurs suédois de premier plan. Le défenseur slovène Blaz Gregorc, qui a appris le hockey à Bled, est cependant passé par les équipes juniors du SSK : ce gros gabarit, assez mobile et pas maladroit, devrait être dans les années à venir un pilier de l'équipe de Slovénie. Un défenseur titulaire en Elitserien à 20 ans, tous les pays qui jouent le maintien en élite mondiale en rêveraient !

La défense est la seule chance de Södertälje, et elle fait corps autour de cinq Finlandais, quatre arrières plus le gardien. Les Tampa Bay Lightning ont en effet prolongé le prêt de Riku Helenius, qu'ils avaient chois au premier tour de la draft NHL en 2006 parce qu'il venait d'être élu meilleur gardien du Mondial U18. Le jeune gardien finlandais était devenu titulaire pour le maintien en fin de saison dernière, mais Pontus Sjögren lui conteste de nouveau sa place en ce début de saison.

Si le SSK défend avec combativité, c'est qu'il se sait incapable de faire la différence devant. Il n'avait que deux armes offensives, les deux Linus. Le capitaine et maître à jouer Linus Klasen étant maintenant parti en Amérique du nord, il ne reste plus que Linus Videll. C'est insuffisant et les limites techniques se ressentent particulièrement en jeu de puissance.

 

Depuis sa relégation en 2002, l'AIK est passé maintes fois au bord du gouffre. Il a été rétrogradé en Division 1 en 2005 pour raisons financières, et s'il est revenu en Allsvenskan, sa situation économique est restée plus que préoccupante. À la recherche d'une bouée de sauvetage, il a même espéré s'inscrire en KHL, ce qui lui a été refusé par la fédération. A posteriori, il peut la remercier. L'exposition au haut niveau et la manne financière qui va avec, il l'a obtenue de la manière la plus légitime qui soit, en gagnant la promotion sur la glace.

L'Elitserien, c'est ça et rien d'autre qu'attendaient les supporters de l'AIK. Le club partage le "Hovet" de Johanneshov avec Djurgården, mais la saison sera surtout rythmée par les cinq derbys dans lesquels les adversaires se retrouveront au Globen qui fera salle comble avec 13500 places.

Le directeur sportif Anders Gozzi s'est appuyé sur les joueurs qui ont obtenu la montée, par exemple Jonas Liwing, l'ancien défenseur de Rouen. Ont-ils assez d'expérience de ce niveau ? Hormis le capitaine Dick Tärnström, ancien joueur de NHL, on en doute. Deux recrues offensives amènent un peu de métier : l'excellent patineur David Rudslätt, revenu de quatre ans à Cologne, et l'ex-international Oscar Steen, qui doit endosser un costume assez grand de centre de première ligne. L'AIK a engagé d'autres joueurs de division inférieure comme le gardien de 28 ans Viktor Fasth (Växjö), que Färjestad avait renoncé à recruter en raison de nombreuses blessures passées au genou, et qui étonne en ce ébut de saison.

L'AIK a donc fait sa rentrée dans l'élite avec 23 joueurs tous issus de la région de Stockholm ! Une équipe locale qui plaît aux supporters, mais qui est jugée trop tendre par les experts. Ceci dit, les premiers étrangers sont arrivés en octobre. C'était prévu comme ça pour Josh MacNevin, de retour de prêt de Finlande. Mais ça ne l'était pas pour Kent McDonnell ni pour Rastislav Pavlikovsky, ce dernier n'étant pris qu'à l'essai car ses dernières expériences en élite n'étaient pas concluantes. L'AIK panique-t-il déjà ? Ou est-il enfin en train de se structurer à long terme ?

Marc Branchu

 

Les pronostics des experts pour l'Elitserien

SVT (Niklas Wikegård) : 1 HV 71, 2 Färjestad, 3 Djurgården, 4 Skellefteå, 5 Frölunda, 6 Timrå, 7 Brynäs, 8 Modo, 9 Linköping, 10 Luleå, 11 Södertälje, 12 AIK.

Expressen (Magnus Nyström) : 1 HV 71, 2 Färjestad, 3 Djurgården, 4 Skellefteå, 5 Frölunda, 6 Modo, 7 Luleå, 8 Timrå, 9 Linköping, 10 AIK, 11 Brynäs, 12 Södertälje.

Expressen (Leif Boork) : 1 HV71, 2 Färjestad, 3 Djurgården, 4 Frölunda, 5 Linköping, 6 MoDo, 7 Brynäs, 8 Skellefteå, 9 Timrå, 10 AIK, 11 Luleå, 12 Södertälje.

Radiosporten (Lars-Gunnar Jansson) : 1 HV 71, 2 Färjestad, 3 Skellefteå, 4 Frölunda, 5 Brynäs, 6 Djurgården, 7 Linköping, 8 Timrå, 9 Modo, 10 Södertälje, 11 Luleå, 12 AIK.

SvD (vote de la rédaction) : 1 Färjestad, 2 HV71, 3 Skellefteå, 4 Djurgården, 5 Frölunda, 6 MoDo, 7 Timrå, 8 Linköping, 9 Luleå, 10 Brynäs, 11 Södertälje, 12 AIK.

Svenska Fans (vote de la rédaction) : 1 HV71, 2 Färjestad, 3 Frölunda, 4 Djurgården, 5 Linköping, 6 Skellefteå, 7 Timrå, 8 Luleå, 9 MoDo, 10 Brynäs, 11 Södertälje, 12 AIK.

 

 

Allsvenskan

 

La Suède est censée être une société égalitaire, pourtant il existe encore des privilèges. Malmö a ainsi eu le droit de participer à l'European Trophy et d'affronter une équipe de NHL, un honneur étonnant pour une équipe qui ne joue pas en élite. Accéder à ce statut, c'est l'objectif affiché par les Redhawks. Il faut pour cela que la gestion du club soit enfin digne de sa belle patinoire et de la culture hockey locale, qui existe bien plus que ne le croient les nordistes. Il y a des talents en Scanie, sans compter les trois internationaux danois (Damgaard, Green et Hardt) venus de l'autre côté du pont. L'enfant du pays Jesper Mattsson, qui a vécu les deux titres du club en 1992 et 1994 avant d'en remporter deux de plus avec Färjestad (et les Mondiaux 2006), est revenu pour être le capitaine qui fasse remonter Malmö en élite.

Si Malmö a la faveur des pronostics, c'est que Leksand a arrêté son recrutement tape-à-l'œil qui ne lui a servi à rien depuis quatre ans. Chaque année, les Stars ont dominé le championnat pour échouer en poule de promotion. Cette année, ils présentent une équipe plus jeune, qui ne sera pas forcément moins performante que les grands noms en préretraite. Le gardien international danois Patrick Galbraith a été récupéré dans la faillite de Björklöven, envoyé en division 1 pour incapacité financière.

Le relégué de l'élite, Rögle, a perdu l'essentiel de son équipe et devra sans doute se reconstruire avant d'espérer remonter. Très clairement, l'Elitserien n'avait été obtenue que par un seul homme, le défenseur double champion olympique Kenny Jönsson, aujourd'hui retraité. Le danger vient plutôt de deux villes dont la culture sportive était centrée autour du football mais qui pourraient s'éveiller au hockey : Växjö, avec une forte attaque emmenée par quatre Nord-Américains, et Örebro, qui a réglé ses problèmes défensifs et engagé un bon gardien en la personne de Mikael Zajkowski.

La saison de Västerås dépendra du rendement des étrangers. Un challenge pour Damien Fleury, qui le tient en étant le meilleur marqueur de l'équipe. Il vit pourtant des jours difficiles alors que sa femme malade fait face à des accusations de maltraitance sur leur bébé. Oskarshamn est l'équipe-surprise du début de saison : après avoir échoué comme coach, l'ancien gardien Tommy Salo y semble plus à l'aise dans une fonction de manager général.

Marc Branchu

 

Les pronostics des experts pour l'Allsvenskan

Nils Montan-Lund (blog sur Expressen) : 1 Malmö, 2 Leksand, 3 Växjö, 4 Örebro, 5 Rögle, 6 Mora, 7 Tingsryd, 8 Almtuna, 9 Västerås, 10 Oskarshamn, 11 Borås, 12 Bofors, 13 Troja-Ljungby, 14 Sundsvall.

Uffe Bodin (Hockeysverige) : 1 Malmö, 2 Leksand, 3 Rögle, 4 Växjö, 5 Örebro, 6 Almtuna, 7 Västerås, 8 Mora, 9 Oskarshamn, 10 Bofors, 11 Boras, 12 Tingsryd, 13 Troja-Ljungby, 14 Sundsvall.

 

 

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