Allemagne 2010/11 : présentation

 

La DEL aura connu son été le plus chaotique, cassant totalement l'effet positif des championnats du monde à domicile. Cinq clubs ont craint pour leur avenir immédiat, et si Hanovre, Cologne et Krefeld sont toujours là, les deux clubs de la Hesse ont tous deux disparu.

Le retrait de Francfort s'est fait dans le calme, dans la mesure où les dirigeants n'ont pas voulu garantir la dette léguée par leurs prédécesseurs. Les supporters ont organisé une marche funèbre a eu lieu pour déposer une plaque sur les murs de la patinoire en souvenir des Lions, mais l'atmosphère de recueillement s'est muée en alertume lorsque l'habituel speaker de la patinoire Rüdiger Storch s'est mué en tribun : "La bonne volonté était sûrement là, mais comment a-t-on pu en arriver là ? Il y a quatre mois, [le président] Siggi Schneider déclarait ici même que l'on continuerait à investir dans le hockey mineur et que l'on voulait atteindre la demi-finale la saison prochaine. Les dirigeants devaient déjà savoir qu'il y avait des problèmes. Que l'on ait vendu des abonnements à des spectateurs fidèles sans les informer, pour le formuler prudemment, c'est inhumain. Rendez l'argent aux supporters ou ne vous montrez jamais plus ici." Le speaker sera le seul élément familier référence à la rentrée, avec bien sûr l'inoxydable Michael Bresagk, lorsqu'il faudra repartir de Regionalliga, le quatrième niveau.

L'éviction de Kassel a en revanche occupé les tribunaux allemands pendant tout l'été. La conclusion a été défavorable aux Huskies, qui n'auront rien gagné à ce jusqu'au-boutisme qui leur a mis à dos tout le hockey allemand. Une fois leurs espoirs d'admission en DEL douchés, ils ont essayé de se raccrocher aux branches en demandant leur intégration en 2e Bundesliga. Beaucoup trop tard, à moins de deux semaines du début de saison, alors qu'ils avaient toujours refusé d'envisager cette hypothèse en décrétant "la DEL ou rien" puisqu'ils étaient sûrs de leur bon droit.

Les supporters des Huskies étaient les seuls en Allemagne qui soutenaient l'absence de promotion/relégation, puisqu'on leur disait que cela permettrait la planification nécessaire pour construire une nouvelle arena. Ils auraient bien été contents aujourd'hui de descendre sportivement au lieu de couler financièrement. Ils se sont opposés encore plus vivement à l'opinion générale (presse, autres clubs et supporters) pour défendre le "droit" de leur club à recourir à une faillite sans subir de conséquences sportives. Cette folle lutte "seuls contre tous" a laissé une profonde amertume chez ceux qui y ont cru. Espérons que l'obstination d'un entrepreneur en bâtiment et de son avocat n'auront pas détruit la passion du hockey à Kassel, qui doit tout reconstruire.

 

 

 

La DEL

 

Les Eisbären Berlin sont devenus la principale affluence du sport allemand hors football. Un marketing extrêmement actifs, avec des actions de communication qui se superposent en permanence, a permis de remplir presque en permanence les 14200 places de leur O2 World. Après deux saisons, on peut conclure que la mue est achevée et que l'ex-Dynamo est devenu le club de toute une ville, loin du confinement imposé par leur petit Wellblechpalast.

Il n'y a plus d'autre référence que les Eisbären. Sur les huit dernières années, 14 clubs ont atteint la barre des 100 points en saison régulière : Berlin 7 fois (sur 8), Cologne 2 fois, Francfort, Mannheim, Nuremberg et Hanovre 1 fois. Dans ces conditions, pourquoi modifier une recette qui gagne ? À cause de l'élimination en quart de finale ? Simple péripétie... L'entraîneur Don Jackson a cité en exemple les Edmonton Oilers des années 80, à qui il arrivait de se rater une fois de temps en temps en play-offs. Les autres années, ils amassaient les Coupes Stanley. La comparaison est claire : Berlin a établi une dynastie et compte la maintenir.

Mais comme Anschutz en a assez de perdre de l'argent en Europe, même les Eisbären se serrent la ceinture. Ils ont recruté Leur nouveau défenseur offensif Jimmy Sharrow remplace deux joueurs à lui seul (Andy Roach et Marvin Degon), et pour environ cinq fois moins d'argent. Il a été recruté en ECHL, non mais vous vous rendez compte ? Alors qu'ils se servaient autrefois entre NHL et AHL... Ce transfert - "un joueur d'ECHL à Berlin !" - a été décrit comme l'illustration que les rêves de grandeur sont passés en Allemagne. Et pourtant, la victoire dans l'European Trophy, qui ne pouvait pas mieux lancer la saison, est un jalon de plus. Une assurance retrouvée : cette équipe est toujours forte, même presque sans recrutement.

En attaque, Berlin est toujours redoutable. Normalement, l'international danois Mads Christensen était la seule arrivée, avec comme départs les deux principaux cadres étrangers du club Steve Walker et Denis Pederson. Là, on est carrément au-delà du facteur 5 en terme d'économie salariale... Pederson est finalement revenu sur sa retraite fin août, mais quoi qu'il arrive, le discours de l'encadrement est clair : c'est le moment pour la jeune génération allemande des Florian Busch et André Rankel de reprendre le flambeau et de devenir des leaders. Ils se sont donc partagé le capitanat durant la pré-saison... avant que le vétéran Stefan Ustorf ne soit désigné comme le porteur du "C" lorsque les choses sérieuses ont commencé.

 

Les championnats du monde à Mannheim, avec leur organisation parfaite, ont rappelé que la SAP Arena, à l'ambiance fantastique les grands soirs, était une enceinte idéale pour le hockey sur glace. Ajoutez-y le plus gros budget de DEL, et les Adler ont toutes les cartes en main pour dominer. L'ennui, c'est que depuis leur saison parfaite en 2007, ils vont de déception en déception.

Les équipes de stars qui dysfonctionnent, on en assez soupé. Cette saison au moins, on n'entendra plus dire comme parfois l'an passé que le septième défenseur (Reul) est le meilleur ou que les attaquants de la quatrième ligne (Arendt et Martinec) sont les plus efficaces. La raison est simple : il n'y aura maintenant plus que des juniors en fond de banc. Les mises en échec destructrices de Denis Reul sont insérées dans le top-6 défensif. Le travailleur Ronnie Arendt a pris du galon et se retrouve sur le premier trio avec les deux meilleurs marqueurs de la dernière saison Scott King et Justin Papineau.

Quant à Tomas Martinec, il est encore au chômage. La maxime "détesté des adversaires et aimé de ses supporters" colle toujours à la peau de l'ex-international allemand d'origine tchèque : pas mal de partisans des Adler ruminent encore son éviction... mais ce n'est pas pour autant que les équipes adverses veulent de lui en ces temps de crise.

Vu que Mannheim attire les meilleurs jeunes du pays et domine chaque année la DNL (le championnat junior autrefois réservé aux moins de 18 ans et qui a été rallongé aux 19 ans et à certains 20 ans), il était très dommage de ne pas se servir de ce réservoir, surtout pour obtenir des résultats aussi médiocres. Cette année, il ne doit donc plus avoir que des juniors en quatrième ligne : les Toni Ritter, Marc El-Sayed et Matthias Plachta sont enfin lancés dans le grand bain.

Pour autant, Mannheim reste à l'affût des opportunités : face aux problèmes de Kassel, les Adler ne pouvaient pas laisser s'envoler dans la nature un des meilleurs espoirs du pays, le jeune international Manuel Klinge. Ils l'ont rattrapé au vol et installé dans leur nid. Ils ont également aggripé David Cespiva pour compenser la blessure au genou de Sven Butenschön en ce début de saison.

Quand Mannheim veut un joueur, il est de toute manière vain pour ses rivaux de résister : Mannheim l'aura. Les Aigles agrippent toujours leur proie avec leurs serres en or massif. Le défenseur Robert Dietrich, ne voyant aucune chance d'être appelé en NHL, a choisi de revenir au pays et a fait grimper sa valeur par de très bons Mondiaux. Les enchères ont monté et l'acquéreur, forcément, était tout trouvé... Deux jolis oisillons enrichissent ainsi une équipe qui souffrait d'un déficit d'internationaux par rapport à Berlin.

 

Jim Boni avait deux joueurs en vue pour son recrutement : le gardien Dany Sabourin, l'ancienne doublure de Pittsburgh, et le centre Mike York, qui avait laissé de bons souvenirs à Ingolstadt lors du lock-out NHL. L'un comme l'autre ont pourtant décliné l'offre allemande : Sabourin a signé un contrat "two-way" NHL/AHL, et York s'est engagé en Finlande. Dans les deux cas, on s'est donc rabattu sur des seconds choix. Ian Gordon, libéré par la disparition de Francfort, a l'avantage de disposer d'un passeport allemand. Colin Forbes, l'ex-capitaine de Mannheim, est un joueur de métier dans les deux sens de la glace à défaut d'être une star.

L'ERC a donc misé uniquement sur des valeurs connues de DEL, ce qui est à la fois un atout et un piège. Un atout, parce qu'il sait exactement ce que vaut son effectif. Un piège, parce que tous les autres clubs le savent aussi. Si Ingolstadt espérait la discrétion, c'est raté : les observateurs le placent haut dans les pronostics et l'entraîneur au chômage Doug Mason, commué en expert, en a carrément fait son favori.

La bonne grosse pancarte placardée... sur une équipe qui n'a rien prouvé en play-offs. Les artistes offensifs Thomas Greilinger et Bob Wren y seront attendus, eux qui reçoivent le renfort du combatif Christoph Gawlik, originaire de Deggendorf comme Greilinger. C'est une vraie colonie qui s'installe car c'est de cette même ville, située à cent kilomètres à l'est d'Ingolstadt (et à côté de Straubing) que vient l'ancien défenseur international Stephen Retzer. Il représente la sécurité dans sa zone au sein d'une équipe qui s'est renforcée en défenseurs offensifs avec Christian Chartier et Marvin Degon.

Le talent offensif ne manque pas dans cette équipe mais la composante défensive semble suspecte pour en faire un favori désigné. L'étiquette sera surtout lourde à porter pour Greg Thomson, l'assistant qui se voit enfin confier la gestion de l'équipe à plein temps. À moins que ce pronostic soit une méthode machiavélique de Mason pour "libérer" une place. Vu qu'un spécialiste réputé comme Rich Chernomaz est aussi sans emploi, il se dit en DEL que les premiers entraîneurs pourraient être très vite balayés au premier coup de vent.

 

Autre cible facile : l'éternel adjoint Pavel Gross, qui débute comme entraîneur en chef. Il a eu le temps d'observer son prédécesseur Toni Krinner pendant deux ans à Wolfsburg. Mais comme l'équipe reste sur sa meilleure saison, les attentes sont élevées.

L'effectif est en effet quasiment le même. Le défenseur défensif letton Arvids Rekis a simplement été remplacé par le défenseur offensif américain Robbie Bina, qui a éclaté en quelques mois en Norvège. La principale carence de l'équipe se situait en effet à la ligne bleue en jeu de puissance depuis le départ de Degon l'été dernier.

Les deux premières lignes offensives sont inchangées. Kai Hospelt conserve donc la place sur le premier bloc qu'il avait chipée à Peter Sarno. Celui-ci est donc remplacé par un joueur de troisième ligne, mais un vrai : Jeff Hoggan a rempli ce rôle de l'ombre pendant 109 matches en NHL, et quand il était assigné en AHL, c'était comme capitaine. Un vrai plus pour la densité offensive.

La clé viendra des joueurs allemands qui devront confirmer leur dernière saison. Les gardiens Jochen Reimer et Daniar Dshunussow devront attester qu'ils forment un tandem équilibré. Kai Hospelt et Sebastian Furchner, prolongés jusqu'en 2013 et 2014 quelques jours avant le début de championnat, devront maintenir leur rendement offensif.

 

Champions en titre, les Scorpions de Hanovre se présentent avec une équipe presque identique, hormis deux joueurs partis à Hambourg. Le défenseur Rainer Köttstorfer a été substitué trait pour trait par Paul Manning, qui a fait le chemin inverse. Ce sont deux joueurs au profil semblable, des gros gabarits solides qui patinent bien. L'attaquant Garrett Festerling, au temps de jeu insignifiant, a été remplacé avantageusement par le physique ailier américain d'AHL Ryan Maki.

Pourquoi donc, avec un effectif voisin voire meilleur, personne n'imagine-t-il que Hanovre soit capable de conserver son titre ? Peut-être parce que l'aura de Hans Zach est irremplaçable. On connaît peu d'autres cas où c'est la direction du club qui tremble quand l'entraîneur menace de démissionner parce que son équipe est dernière. Anton Krinner est de Bad Tölz, comme Zach, mais en dépit de cette origine commune, leurs systèmes sont différents. Le style qu'il avait mis en place à Wolfsburg est offensif. Il se retrouve maintenant aux commandes d'une équipe programmée à défendre.

Si Hanovre n'inspire pas confiance, c'est surtout parce que son modèle économique ne paraît guère durable. Les Scorpions ont remporté le titre grâce à des joueurs qui avaient accepté de réduire volontairement leur salaire de 20%, mais les primes accordées en échange ont fini par compenser cette baisse du fait de la victoire finale. On est donc revenu à la case départ, et les problèmes financiers ne paraissent pas réglés car les rémunérations offertes à Hanovre sont toujours démesurées.

En août, le propriétaire Günter Papenburg faisait ainsi savoir qu'il ne finançait plus la saison ! Hanovre se désincrivait de la DEL, avant de se réinscrire une semaine plus tard. En fait, le club a été utilisé comme otage des négociations entre Papenburg et les autorités régionales, au sujet de la prise en charge des pertes d'exploitation de la TUI-Arena que cet entrepreneur en bâtiment a construite. On peut toujours débattre pour savoir si c'est le club de hockey ou l'aréna qui est déficitaire : l'un dans l'autre (au sens propre), ça revient au même.

 

Cela fait dix ans de suite que Nuremberg occupe systématiquement une des cinq premières places de la saison régulière. Une incroyable constance pour un club revenu à sa discrétion coutumière. Plus encore que ses bijoux, la dégaine de Thomas Sabo (longs cheveux blonds et affreuse moustache à la Oleg Znarok) peut heurter les esthétiques délicates, mais comme sponsor, il paraît plus sûr et durable que le groupe para-pharmaceutique qui l'a précédé.

Si l'effectif a été largement modifié, il ne faut pas y voir un caprice, mais simplement la volonté planifiée de se débarrasser des contrats établis par la précédente direction - et considérés comme surévalué - lorsqu'ils arriveraient à leur terme. En défense, seul le duo complémentaire des naturalisés (Rob Leask - Martin Ancicka) a été conservé. En dépit de leur âge (39 et 35 ans), ils patinent encore bien correspondant au nouveau credo de mobilité qui a fondé les choix de recrutement, notamment ceux du duo d'arrières d'Augsbourg (T.J. Kemp - Jeff Likens).

En attaque, la seule ligne satisfaisante a été conservée, avec Björn Barta au centre et les frères Leeb aux ailes. Mais elle se voit adjoindre une deuxième ligne au moins aussi forte, avec le complet Clarke Wilm et l'intéressant Ryan Bayda, un ailier de petit gabarit qui était titulaire en NHL en 2008/09 avant de voir sa dernière saison gâchée par deux blessures au genou. Avec l'arrivée du passeur Dusan Frosch et du buteur Vitalij Aab, les Ice Tigers ont bien plus de potentiel offensif que la saison dernière où ils avaient terminé 13e attaque sur 15.

Encore faut-il que le reste suive. "L'entraîneur de l'année" Andreas Brockmann remet son titre en jeu pour prouver qu'il n'était pas un feu de paille d'une seule saison, et c'est tout aussi vrai de Patrick Ehelechner. Est-il le meilleur gardien de la ligue, comme on le pense à Nuremberg ? Ou uniquement le numéro 5 ou 6 dans la hiérarchie nationale, comme l'estime le sélectionneur Uwe Krupp ? C'est l'année de vérité.

 

Il y a vingt ans, Düsseldorf et Cologne constituaient à la fois le poumon économique, les meneurs des affluences et la locomotive sportive du hockey allemand. De nos jours, les deux clubs rhénans ne sont même plus dans le carré des plus gros budgets, ils peinent à remplir leurs patinoires respectives, et ils peinent à exister sportivement.

Autant les Eisbären ont réussi leur déménagement, autant le DEG a raté le sien. Le nouveau Dome, mal aimé et mal desservi par les transports en commun, n'aura jamais la même ambiance que la Brehmstraße d'autrefois. Le constat d'échec du remplissage a été publiquement avoué, puisque la tribune supérieure restera close au public cette saison, sauf pour les derbys contre Cologne.

Pour essayer au moins de combler - dans les deux sens du terme - les autres tribunes, Düsseldorf a fait appel à Jeff Tomlinson. Il est chargé mettre en place les ingrédients qu'il a connus au sein de l'organisation berlinoise, comme entraîneur de la réserve puis assistant-coach : la jeunesse, le rythme, le pressing, le spectacle offensif. Et comme tout le monde ou presque, le DEG a piqué des joueurs d'Augsbourg par pack de deux (Connor James et Tyler Beechey) pour essayer de bénéficier de cette dynamique. Oubliés, les vétérans de NHL, place aux jeunes attaquants pour soutenir la première ligne Reimer-Collins-Kreutzer.

La cure de jouvence en défense s'appelle Marco Nowak, qui sera enfin vraiment titulaire à tout juste 20 ans. Ce secteur pose quand même question après le départ en NHL de l'international Korbinian Holzer. Il reste le stable Marian Bazany et un Jason Holland qui ne peut pas faire pire que la saison dernière. Mais les deux arrivants de DEL - Andy Roach et Andrew Hedlund - ne sont-ils pas vieillissants ?

Tout dépendra finalement de la recrue Alexandre Grenier, alias Sasha Pokulok. L'envergure de ce Québécois de 195 cm en avait fait un 14e choix de la draft NHL 2005. Mais, après une commotion cérébrale en université, sa carrière pro avait dérivé d'AHL en ECHL. L'ancien champion du monde junior s'est surtout signalé pour avoir échappé à un incendie il y a deux ans en sautant par la fenêtre de son appartement après avoir jeté son chien et son chat. Il faudra qu'il fasse preuve de la même présence d'esprit lorsqu'il y aura le feu dans la défense du DEG !

 

Endetté jusqu'au cou, Cologne a été sauvé cet été par l'arrivée de nouveaux investisseurs, qui officient dans le secteur lucratif des logiciels médicaux. Les voilà au chevet d'un grand malade, qui faisait pourtant dans ses belles années la fierté du hockey allemand.

Une grande lessive a eu lieu à l'intersaison, et tous les joueurs ou presque ont été jetés avec l'eau du bain. Il ne reste plus que quatre cadres qui ont survécu aux coups de sabre. D'une part, les centres Christoph Ullmann et Jason Jaspers, qui formeront la colonne vertébrale de l'équipe. D'autre part, les chouchous Mirko Lüdemann et Ivan Ciernik, figures d'identification inestimables pour les supporters. ces deux derniers cas sont cependant à risque. Lüdemann peut-il encore tenir le rythme défensivement à 36 ans tant il semble de plus en plus loin de son niveau d'antan. Quant au buteur slovaque Ciernik, sera-t-il à son aise avec Bill Stewart au coaching dans une équipe plus nord-américaine que jamais ?

Quelques jeunes ont été aussi conservés, et ils permettent de se targuer de la plus faible moyenne d'âge de la ligue, mais en réalité ils ne comptent pas. Le KEC a eu le mérite de la franchise en annonçant à l'avance qu'ils ne joueraient presque pas et que le club renonçait à sa vocation d'intégration des espoirs en équipe première "parce que les autres ne font pas d'efforts". Les autres, mais quels autres ? Si c'est Berlin, c'est faux, si c'est Mannheim, ça le devient, et si c'est la franchise lambda de la DEL... cela prouve surtout combien les Haie ont revu leur référentiel à la baisse. Ils se comparent maintenant à des équipes fragiles et mal structurées. On ne leur reprochera plus leur ton supérieur et arrogant...

Le KEC a donc complété son effectif avec pas moins de quatre naturalisés. La seule vraie recrue allemande, c'est Philipp Gogulla, qui fait son retour après une année nord-américaine pour le moins décevante. Parti après son plus mauvais championnat du monde, il a souffert en AHL de relations difficiles avec son coach et a perdu au passage sa place en équipe nationale. Il est maintenant jugé mentalement peu résistant par la vox populi, et sa cote a chuté... Comme celle de Cologne en fait !

Personne ne s'attend à voir les requins revenir à la surface, y compris parce qu'ils ont recruté leur gardien Adam Dennis dans le championnat italien. Est-ce la meilleure référence pour succéder au portier suisse Lars Weibel, très apprécié du public mais pas du tout de Bill Stewart ? Des préjugés rendraient mal service à Dennis, un gardien qui a tout gagné en junior majeur au Canada : le titre national (Memorial Cup) plus des trophées individuels. Il a acquis très tôt de solides bases, même si ses réflexes n'étaient pas les plus rapides. Le passage en pro a cependant été délicat, avec de récurrents problèmes musculaires au niveau des hanches qui l'ont finalement contraint à se faire opérer lors de sa dernière saison en AHL. Il est alors parti se refaire en Italie où son excellent bilan plaide pour lui. À 25 ans, ce retour dans une grande ligue est un moment-clé dans sa carrière : il joue gros... et Cologne aussi.

 

Si Berlin a marié tradition et modernité pour s'imposer en modèle du hockey allemand, l'autre club du groupe Anschutz en est le contre-modèle. Franchise créée de toutes pièces, Hambourg n'a jamais eu de tradition, et son image de modernité s'érode comme les affluences, c'est-à-dire plus vite que les îles de la mer du Nord.

Sportivement, un patron est arrivé : Stéphane Richer, respecté pour son travail pendant cinq ans à Kassel, a été nommé en janvier et a donc pu préparer depuis longtemps l'équipe qu'il va lui-même coacher. L'exemple de Kassel a cependant démontré que ce n'est pas parce qu'un homme jugé compétent a les pleins pouvoirs sportifs que le club est bien géré...

Il est indéniable en tout cas que le redressement sportif est indispensable pour regagner la confiance. Troisième budget du pays, Hambourg ne peut plus se permettre de rater les play-offs. Richer, originaire de Hull où il avait amené l'équipe locale des Olympiques à un titre en LHJMQ quand il était joueur, s'est en touré de Québécois : en défense, le déménageur Jean-Philippe Côté et le passeur Patrick Traverse, et en attaque, le dynamique ailier Michel Ouellet, ex-joueur de NHL qui connaît encore des soucis d'adducteurs après avoir vécu une année galère à Fribourg-Gottéron.

À l'exception du gardien vétéran Marc Lamothe, qui a semblé décliner dernièrement en Russie et en Finlande, l'équipe est jeune : fera-t-elle montre de plus d'envie ?

Hambourg a reconstruit son équipe à un moment favorable, lorsque le marché était bas. L'évaporation de Francfort et de Kassel a même permis de récupérer deux joueurs tombés du nid, Alexander Dück et Aleksander Polaczek. Pour faire à ce dernier, on a renvoyé du camp Kyle Helms au motif que son épaule ne lui permettait pas de jouer. Ce Canadien à passeport allemand a cependant passé une contre-visite médicale au pays et veut maintenant poursuivre le club en justice. Le retour au calme n'est pas pour tout de suite à Hambourg...

 

La qualification du plus petit budget en finale avait valu à Augsbourg la sympathie de toute la DEL. De quoi construire sur ce beau succès ? Pas vraiment...

On aurait pu imaginer que le public serait venu en masse voir les chouchous voir les nouveaux héros de la région. Cela ne risque pas d'arriver de sitôt. Les travaux de la patinoire, qui visent à enfin cloisonner cette enceinte ouverte, obligent en effet l'équipe à jouer les huit premières journées à l'extérieur. Ce que le club a appris plus tardivement, c'est qu'il ne retrouverait pas des tribunes complètes. La capacité est réduite à cinq mille places dans la nouvelle configuration, et surtout elle sera limitée à 2650 jusqu'en janvier. Un vrai coup de hache dans les recettes.

Au moins l'équipe est-elle formée, peut-on se dire. Pas du tout ! Tous les renforts étrangers sont partis. Ceux qu'on aurait voulu garder ont signé dans des clubs plus riches. Comme toujours, Augsbourg met les Nord-Américains au banc d'essai et les autres se servent ensuite.

Heureusement, la vedette de l'équipe est restée fidèle. Le gardien Dennis Endras, élu meilleur joueur du championnat du monde, a certes signé un contrat NHL avec Minnesota qui acquiert ainsi ses droits, mais il a obtenu de rester un an de plus en Bavière. Il ne serait jamais devenu ce qu'il est si Augsbourg ne lui avait pas offert un poste de titulaire en DEL, et en témoigne de gratitude il a tenu à honorer son contrat jusqu'à son terme. De nouveau, il aura beaucoup de travail. La défense n'est renouvelée qu'à moitié puisque les trois joueurs allemands sont restés, mais ce n'était vraiment pas le secteur fort.

L'offensive, qui avait été excellente, repart presque à zéro. Il ne reste que deux joueurs. Le premier, Thomas Jörg, ne sera cependant pas opérationnel avant novembre : après s'être blessé à la cheville pendant la demi-finale, il s'est fracturé le scaphoïde pendant sa préparation physique estivale, réveil d'une vieille blessure qu'il faudra opérer. Le second, Darin Olver, concentre donc tous les espoirs, et pas seulement à Augsbourg. Ce double passeport est maintenant sélectionnable pour l'équipe d'Allemagne, et son apparition sous le maillot frappé de l'aigle est une question de semaines. C'est à Augsbourg qu'il est devenu un joueur majeur, car Larry Mitchell a su exploiter ses qualités naturelles de centre.

Un Mitchell qui est plus que jamais l'homme-clé de la réussite d'Augsbourg. Le manager Max Fedra est en arrêt maladie après un "burn-out", comme il y a cinq ans à Hambourg. L'entraîneur canadien s'est donc chargé seul du recrutement, ce qui était déjà plus ou moins le cas. Ses réseaux dans les ligues mineures ont maintes fois prouvé leur performance. Il n'y a que lui pour dénicher en AHL dix nouveaux Nord-Américains capables de remplacer les dix partants.

 

Les maillots allemands sont généralement rendus hideux par l'envahissement publicitaire, mais celui de Straubing laisse une belle place à l'imagerie avec deux ingrédients systématiques : un tigre menaçant et le clocher de la basilique St. Jakob qui symbolise la ville. Le bleu et le blanc sont les couleurs bavaroises impératives, avec un troisième maillot en noir et or assez réussi l'an passé. Le nouveau l'est un peu moins, avec une troisième couleur verte qui est celle... des machines de chantier Sennebogen. Cette PME allemande typique est une entreprise familiale dont la fille est la gérante du club. Le détail pittoresque est la charrue (?!) qui a été rajoutée à l'image cette année. Avec le clocher en arrière-plan, on dirait une affiche de campagne électorale française !

Si Straubing se la joue "paysan", c'est qu'avec ses 44 500 habitants, c'est de loin la plus petite ville de DEL. Pourtant, les apparences sont trompeuses : le club n'a jamais eu tendance à mettre les charrues avant les bœufs ! Il a fait partie des deux premiers dossiers validés dans cette intersaison agitée, et continue progresser lentement année après année. L'objectif n'est plus seulement de se rapprocher des play-offs, mais de s'y qualifier pour la première fois.

Cette ambition naissante se traduit par l'arrivée de trois internationaux, trois joueurs que le sélectionneur Uwe Krupp apprécie beaucoup : les défenseurs Michael Bakos et Sebastien Osterloh, ainsi que le gardien Dimitrij Pätzold. Abandonné à Ingolstadt, ce dernier devrait reprendre confiance dans un environnement près à le soutenir dans le vestiaire et sur la glace, pour regagner sa place en équipe nationale, obtenue aux Jeux olympiques puis perdue aux Mondiaux.

Avec seulement deux arrières étrangers (les très appréciés Calvin Elfring et Andy Canzanello), Straubing prend un risque. Les joueurs allemands "accessibles" avec son budget sont en effet de faibles pointeurs, surtout assignés aux tâches défensives. Si Osterloh doit surtout jouer des épaules dans les coins et devant son cage, le club escompte que les slaps de Florian Ondruschka (venu de Nuremberg) et Michael Bakos leur permettent d'être un vrai soutien à la ligne bleue : ils n'était pas utilisés en powerplay dans leurs clubs précédents mais le seront forcément plus à Straubing, ce qui plaira sans doute au sélectionneur.

En attaque, Straubing a peut-être mis la main sur le centre de première ligne le moins cher de DEL avec Derek Hahn, récupéré à bon compte dans le naufrage de Francfort. Il est flanqué du buteur Carl Corazzini et d'un nouveau venu en Allemagne, Lee Goren. Ancien double champion universitaire américain, la seconde fois avec le titre de meilleur joueur des finales, Goren a aussi été champion en Suède avec Färjestad et a promené son physique imposant dans les plus grandes patinoires européennes, dernièrement à Berne. Les leaders offensifs précédents comme le duo Meloche-Chouinard sont restés, mais en deuxième ligne. Ce premier trio inédit doit donc enfin donner aux Tigers le potentiel offensif qui leur a toujours manqué. De quoi ouvrir le chemin des filets... et des play-offs ?

 

Le défenseur Lasse Kopitz et l'attaquant Tobias Wörle avaient quitté Francfort bien avant les problèmes financiers, en manque surtout de temps de jeu. Les deux hommes n'ont pas été épargnés par les blessures dans la Hasse. Un peu tombé dans l'oubli alors qu'il était international dans sa jeunesse, Kopitz rentre logiquement à Iserlohn, où il était passé il y a huit ans, puisque c'est là qu'il avait rencontré celle qui est devenue son épouse (la fille d'un sponsor du club) et qu'il avait acheté son appartement depuis plusieurs années. Wörle, quant à lui, a expliqué qu'à Francfort les étrangers avaient un statut à part et que les Allemands passaient toujours au second plan.

Cela ne risque pas d'être le cas à Iserlohn, un club dont les têtes d'affiches sont nationales : le buteur Michael Wolf et le passeur Robert Hock, le plus célèbre duo offensif de la ligue. Ce dont Wörle, qui n'a jamais dépassé 20 point dans sa carrière, n'imaginait pas même en rêve, c'est qu'il serait choisi pour compléter cette doublette magique sur la première ligne ! De quoi combler cet ailier anonyme.

Le duo de gardiens allemand est aussi maintenu. Danny aus den Birken est conservé avec un nouveau concurrent. Pour remplacer Stefaniszin qui s'est grillé auprès du public et du club, on a choisi Sinisa Martinovic, ex-international croate à passeport allemand qui reste sur deux bonnes saisons en 2e Bundesliga à Bietigheim-Bissingen.

En compensation de l'arrivée des joueurs de Francfort, le club fait des économies sur les étrangers : huit seulement, quatre en défense et quatre en attaque dont aucun sur la première ligne. C'est du moins le point de vue du président, compte tenu du déficit du dernier exercice. Ce n'est pas l'avis du staff sportif qui aimerait bien un attaquant capable de jouer au centre. Il reste deux places d'étrangers en réserve, et elles pourraient être attribuées plus tard dans la saison avant que les play-offs ne s'éloignent.

 

Les tensions dans la direction de Krefeld, nées de l'affaire du licenciement des médecins, ont laissé de profondes traces. Wolfgang Schäfer, trésorier puis gérant depuis onze ans, a remis sa démission en plein mois d'août après dix ans au club, de même que son assistante en fonction depuis treize ans. Le patron Wilfrid Fabel, principal responsable de cette révolte du public puis de ses employés, n'avait plus personne pour gérer le club. Il venait pour calmer les esprits de rappeler comme conseiller Rüdiger Noack, ancien dirigeant du KEV à une époque où l'ambiance de travail était agréable. Il lui fallait trouver en urgence un gérant, qu'il a trouvé sur place : Robert Haake encadrait le club local de hockey... sur gazon (manager de l'équipe masculine et entraîneur des féminines et des jeunes).

La première mesure a été d'inviter les représentants des supporters à une table ronde cordiale. L'un d'eux avait déjà acheté sa place au conseil d'administration pour s'impliquer dans la gestion du club. Restaurer la confiance est la priorité car les Pinguine ne pourront pas s'en sortir si le public continue de tourner le dos. Ils ont besoin de retrouver des recettes spectateurs car leurs finances sont au plus mal après le retrait du sponsor principal RWE et la chute des affluences. Les actionnaires ont été obligés de sortir 350 000 euros en plein mois de juillet pour renflouer le club.

Il est à espérer que l'ambiance soit un peu meilleure sportivement. Ce n'est pas sûr. L'entraîneur canadien Rick Adduono a pour habitude de sur-utiliser ses meilleurs joueurs et a fait quelques mécontents. Le second gardien Danijel Kovacic a exprimé publiquement sa frustration de faire banquette derrière Scott Langkow. Aux autres postes, Adduono n'aura pas le choix : il devra largement faire jouer ses jeunes Allemands car le banc s'est sacrément raccourci. Heureusement que les joueurs formés au club sont bons car il n'y avait pas d'argent pour recruter.

En défense, il faut prier pour que les Slovaques Dusan Milo et Richard Pavlikovsky ne se blessent plus, car ils tiennent le fort à eux deux. Un troisième arrière, le vétéran au bon slap Pascal Trépanier, a été recruté, à moitié prix de son ancien salaire de Mannheim car ce club a versé un dédit pour la rupture anticipée.

En attaque, les négociations ont duré tout l'été pour que le capitaine Herberts Vasiljevs prolonge pour trois ans. Et les seules recrues viennent de deuxième division : le meilleur marqueur allemand de 2e Bundesliga (le Berlinois Marvin Tepper) et le meilleur marqueur tout court (le Canadien Justin Kelly).

Ce sont les seuls investissements que Krefeld pouvait se permettre. Plus que jamais, il y a un super-bloc, des jeunes au milieu du désert... en espérant que le désert ne décrive pas les tribunes.

 

Hockey sur glace et Munich font-ils bon ménage ? Ou la capitale bavaroise est-elle condamnée à rester une ville de football ? On s'était résigné à la seconde solution après l'échec des "Barons", cette équipe créée de toutes pièces par le milliardaire américain Anschutz en rachetant joueurs et entraîneurs de Landshut : elle était devenue championne dès la première année mais n'avait jamais trouvé son public. La faute à une allergie viscérale à la glace des Munichois ? Ou la faute à un produit qu'on a essayé de leur vendre de force.

Ce n'est pas que le hockey n'a pas de tradition dans cette ville, le problème est qu'aucune des structures qui l'ont représenté n'a jamais été construite pour durer. Cette incarnation pérenne existe enfin avec le EHC Munich. Un club qui s'est bâti patiemment, en deuxième division, en attendant son heure sportivement. Il n'y a donc pas à "refourguer" le hockey à un "nouveau marché", mais simplement à ajouter des épisodes à une histoire déjà écrite qui a fait les preuves de son sérieux. L'incartade estivale, le non-respect des délais de remise du dossier d'inscription en DEL, est déjà oubliée.

Munich a fait le choix de conserver son ossature de la 2e Bundesliga. Les joueurs qui ont fait monter le club en DEL devra l'y établir. L'entraîneur Pat Cortina a parié sur ce collectif établi, tout en renforçant son staff avec un nouvel adjoint italo-canadien, Maurizio Mansi.

L'ancienne idole Peppi Heiss continue pour sa part de s'occuper des gardiens, qui auront bien besoin de ses conseils. Jochen Vollmer et Sebastian Elwing, tous deux âgés de trente ans, n'ont jamais été considérés comme des titulaires potentiels à ce niveau. En Bundesliga, les sceptiques fronçaient déjà les sourcils à leur sujet, alors en DEL...

Munich a choisi de se renforcer avec des joueurs ayant une grande expérience de DEL, mais pour qu'ils soient abordables financièrement, il fallait qu'ils sortent d'une saison ratée. Stéphane Julien était autrefois un défenseur au slap redouté, et Bryan Adams le meilleur attaquant défensif de la ligue, mais tous deux ont sombré dans le naufrage de Cologne. Felix Petermann était un grand espoir, mais son développement s'est arrêté à Mannheim avec des miettes de temps de jeu. Ryan Ready était un attaquant-vedette d'Iserlohn, avant que sa production ne chute brutalement l'an passé.

Reste la bonne affaire, Eric Schneider. Invité à s'entraîner à Munich après la faillite des Lions de Francfort, le centre canadien y est finalement resté, car c'est le seul club qui n'a pas été dissuadé par la perspective de devoir fournir logement et voiture à sa famille de cinq enfants et un chien.

 

 

La 2e Bundesliga

La saison de 2e Bundesliga s'ouvre sur un malentendu. Le vainqueur a normalement le droit de monter en DEL tant que celle-ci n'a pas atteint le plafond de 16 clubs. Cela doit donc être le cas cette saison, en vertu du contrat de coopération qui court jusqu'en avril 2011. Sauf que le président de la DEL Gernot Tripcke a indiqué avoir sa propre interprétation des textes et n'estime pas devoir admettre le champion l'été prochain si le contrat n'est pas renouvelé. Sans doute une manière de faire pression sur la fédération dans les renégociations que la ligue n'aborde pas en position de force, engluée dans ses crises tout l'été alors que la DEB reste sur le succès de "son" Mondial.

Un débat suivi avec une attention particulière à Schwenningen, désigné par tous comme le grand favori, maintenant que le principal concurrent Munich est monté. Après des années turbulentes (sept entraîneurs en quatre ans et d'incessants remaniements d'effectif), le SERC a gardé sa base de la saison dernière. Il a maintenant un coach compétent (Axel Kammerer) et un groupe déjà formé, auquel il a juste fallu retrancher un étranger (le meilleur marqueur Jason Guerriero) car le quota a été réduit de 6 à 5. Grosse cerise sur le gâteau (une Forêt-Noire bien sûr !), Andreas Renz, le récent capitaine de l'équipe d'Allemagne, revient chez lui après s'être dédit à temps d'un contrat à Kassel. Il n'aura donc connu dans sa carrière que deux maillots, son club formateur Schwenningen et la seule autre équipe dont il rêvait petit (Cologne). Recordman des parties jouées en DEL, Renz peut-il ramener sa ville à ce niveau, quitté il y a sept ans pour problèmes financiers ? Cela ne paraît plus utopique, et c'est pour ça que 1500 supporters ont accouru dès le premier entraînement.

1500, c'est le nombre d'abonnés à Ravensburg, qui devrait mener la vie dure au favori. Les "Towerstars" ont maintenu leur secteur défensif et gagné en talent offensif avec notamment l'arrivée d'Alex Leavitt, qui vient de passer deux ans en DEL à Kassel. Ce centre, ancien meilleur marqueur en ECHL à sa première saison, a toujours eu des mains d'or, mais aussi une forte tête. Peter Draisaitl sait qu'il devra gérer ce caractère sans tomber dans les excès de Mike Eaves, son entraîneur en université qui avait été condamné en justice pour avoir frappé ce joueur rétif.

La Bundesliga penche vers le sud-ouest puisque cinq clubs viennent du Bade-Wurtemberg, région située face à l'Alsace : les deux favoris, les deux principaux outsiders Bietigheim-Bissingen et Heilbronn, et le candidat à la relégation Fribourg-en-Brisgau.

Enfin rassuré par la décision tant espérée de construction d'une nouvelle patinoire, Bietigheim-Bissingen a réalisé des économies en supprimant le poste de directeur sportif, mais s'est permis de recruter deux stars. Aleksandr Selivanov a bien failli se voir refuser son permis de travail, normalement interdit dans les divisions inférieures aux ressortissants de pays n'ayant pas d'accord avec l'Union Européenne, mais l'administration locale a finalement assoupli sa position. La "diva" russe revient donc en Allemagne après un an aux Pays-Bas. Olivier Latendresse a sans doute un potentiel comparable puisque le Québécois a connu une saison à 125 points en junior majeur, mais après avoir été le dernier joueur coupé au camp NHL de Phoenix à ses débuts, il n'a plus jamais eu sa chance et a oscillé entre AHL et ECHL.

Si Mannheim donne du temps de jeu à ses jeunes, cela risque d'assécher l'effectif de son club-partenaire Heilbronn. Si besoin, la place est disponible, notamment dans une défense sans import où un talent comme Corey Mapes (18 ans) pourrait mieux se développer que sur les bancs de DEL. Les Falken ont perdu tous leurs étrangers, partis vers de meilleurs contrats, et les ont remplacés par des marqueurs établis d'ECHL. Finaliste de cette ligue de la côte est, Réjean Beauchemin arrive sans promesse d'être gardien titulaire face au jeune Felix Brückmann (20 ans).

Habitué du top-6, Landshut devra lutter pour y rester. Difficile d'être un club formateur quand les joueurs partent de plus en plus tôt. La ligne des espoirs Rieder-Kühnhackl-Forster a été complètement démantelée. Le dernier est parti chez le voisin Straubing, et les deux premiers au Canada alors que le club leur avait préparé des contrats leur permettant de jouer aussi en DEL. Tom Kühnhackl, échaudé par ses piges à Augsbourg la saison passée, et Tobias Rieder ne croyaient pas que les équipes de DEL leur donneraient vraiment du temps de jeu et se disent persuadés que le junior majeur canadien est la voie royale pour la NHL. Une thèse fermement soutenue en Amérique du nord, même si les chiffres démontrent que c'est faux pour les Européens. Maximilian Brandl avait fait ce choix à deux reprises sans rien y gagner. Son retour en Allemagne ne s'est pas fait dans le meilleur club pour se développer (Hambourg, 0 but et 8 assistances dans la saison). Heureusement pour lui, il est accueilli à bras ouverts dans sa ville natale et se voit offrir le poste de centre de la première ligne, entre deux ailiers canadiens recrutés dans la même université canadienne pour leur complémentarité et leur prix modique (Marc Rancourt et Cody Thornton).

Les deux équipes du nord ont raté leur saison et en ont tiré les conséquences. Les Indians de Hanovre n'ont gardé que six joueurs et se sont enfin séparés du turbulent coach canadien Joe West. Le nouvel entraîneur Bernhard Kaminski est très différent, c'est un théoricien qui prône la répétition des schémas. Il officiait dernièrement en Suède, pays de la tactique devant l'éternel, mais sans être aussi défensif que Gunnar Leidborg, l'entraîneur scandinave de Bremerhaven, qui a pour sa part recruté les joueurs d'expérience qui manquaient à son équipe. Les deux clubs se retrouveront pour la dernière journée dans ce qui est prévu comme le match d'inauguration de la nouvelle patinoire de Bremerhaven, promise en 2002 par le maire après le titre sans lendemain. Mieux vaut tard que jamais, la cité portuaire aura enfin une infrastructure digne d'accueillir le public du hockey.

Les clubs bavarois se sentent de plus en plus minoritaires dans cette division après le retrait volontaire de Riessersee. Après une saison étonnante, Kaufbeuren est revenu au classique. Plus aucun Bavarois à l'horizon, les étrangers sont maintenant tous canadiens. Le gardien italien Thomas Tragust a été remplacé par deux jeunes Bavarois observés en situation chez le voisin de Peiting (Stefan Vajs et Andreas Tanzer).

Le promu suivant, Rosenheim, a signé le gros coup des transferts avec Norm Maracle. Même si son gabarit laisse plus penser qu'il va chanter Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs que jouer au hockey, le gardien canadien a prouvé sa valeur dans une multitude de ligues et tenait à rester en Allemagne, quitte à descendre d'une division. Ce recrutement a poussé vers la sortie l'ex-international autrichien Claus Dalpiaz, très mécontent d'apprendre brutalement son éviction après avoir tant contribué à la montée. La direction n'a pas été tendre non plus envers les supporters, se demandant ouvertement si ceux-ci "méritaient" vraiment la 2e Bundesliga qu'ils souhaitaient rejoindre. Elle a "réclamé" 1000 abonnés avant juin pour s'inscrire à ce niveau, et en a eu... 400. Bien évidemment, elle s'est engagée quand même. Avec moitié de joueurs formés au club, Rosenheim débarque en terrain devenu inconnu, dix ans après le redémarrage du bas de l'échelle.

Les trois clubs de l'ex-Allemagne de l'est sont fidèles à eux-mêmes. Weißwasser fait toujours son maximum avec peu d'argent. Remplacer ses deux meilleurs marqueurs, tous deux allemands, par des joueurs à passeport égal est impossible. Les Lausitzer Füchse (Renards de Lusace) pourront cependant compter sur des étrangers de meilleur calibre, y compris le centre vétéran Richard Hartmann, une des grandes figures de l'Extraliga slovaque. Crimmitschau a encore changé d'entraîneur : Wayne Hynes avait depuis longtemps à rentrer pour raisons familiales à Schwenningen (où il encadrera le hockey mineur), mais le nouveau coach Larry Suarez ne découvre sa nouvelle équipe que début septembre, car l'Américain tient un camp dans son pays durant le mois d'août !

Si cette prise de fonction tardive ne fait pas sérieux, ce n'est rien à côté de Dresde, avec sa dette étalée jusqu'en 2018 et son organigramme en remaniement perpétuel. Le manager Steffen Ziesche a claqué bruyamment la porte cet été et a emporté avec lui à Berlin le partenariat avec les Eisbären. Le pauvre entraîneur Thomas Popiesch se retrouve avec une double casquette de directeur sportif, et il lui reste une demi-équipe, complétée de dix joueurs à l'essai. Le gardien finlandais Pasi Häkkinen aura finalement été inséré aux dépens de son collègue suisse Pascal Caminada, offrant un rempart rassurant à ce poste-clé.

Repêché, Fribourg-en-Brisgau veut éviter cette fois la dernière place de relégable. Deux recrues lui donnent cet espoir. Premièrement, Imrich Petrik, un des meilleurs gardiens slovaques, qui gomme enfin le point faible dans les cages. Deuxièmement, Dustin Sylvester, un lutin de 1m68 qui a été le huitième marqueur dans la ligue junior la plus physique du monde (WHL) avec 95 points. Trop petit pour les pros sur son continent, il pourrait se sentir chez lui à Freiburg, dont la tradition a toujours été plus technique que physique.

Marc Branchu

 

 

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