Grenoble à l'heure des économies

 

La saison 2008/09 des Brûleurs de Loups restera pour longtemps gravée dans les mémoires : avec la volonté de tout gagner, les Grenoblois ont réalisé un quadruplé historique en raflant tous les trophées mis en jeu, y compris le titre suprême, la Coupe Magnus qui revient sur les bords de l'Isère après un an d'exil en Normandie. Une saison exceptionnelle pour un groupe dont la cohésion et l'homogénéité ont fait la différence, avec une fin de parcours en apothéose qui a vu les Brûleurs de Loups éliminer Rouen en trois manches sèches puis ne concéder qu'une défaite face à Briançon lors de la finale.

Mats Lusth fut évidemment le grand artisan de ces succès avec le soutien de Patrick Rolland. En l'espace de deux ans, le technicien suédois a réussi à amener cinq trophées au club, une performance qui ne sera pas près d'être égalée. Conforté par sa victoire en coupe de France lors de sa première saison en Isère, il a su confirmer en poussant son groupe à ses limites et bénéficie désormais d'une aura qui lui permet de travailler dans la sérénité. Il a su insuffler une culture de la gagne à son groupe en prenant les matchs un par un avec l'objectif de les gagner, quelle que soit la compétition. Une attitude qui lui a valu quelques critiques dues à son utilisation parcimonieuse des jeunes joueurs mais qui au final s'est avérée très payante.

Sur la glace, son système de jeu a aussi fait ses preuves avec un bloc équipe solidaire : des attaquants qui participent beaucoup au travail défensif (la ligne Hammar-Tartari-Nilsson a accompli un travail de l'ombre énorme pendant les play-offs) et des défenseurs qui font souvent la différence en marquant des buts importants en power-play (Wallin, Bergström et Rouleau, tous buteurs lors de la finale de la Magnus). Et comme il l'avait pressenti, ses trois lignes homogènes se sont avérées suffisantes en play-offs, même face à l'armada briançonnaise et ses quatre lignes.

Conforté dans ses choix tactiques, Mats Lusth a bien évidemment reçu la confiance de ses dirigeants pour reconduire son bail. Il lui restait simplement à affiner son groupe en le renforçant par petites touches, histoire de le préparer pour un nouvel objectif majeur du club : la Ligue des Champions qui devait s'ouvrir à tous les champions nationaux.

Des premiers mouvements rassurants

Malheureusement pour les Grenoblois et le hockey français en général, l'IIHF décidait dans un premier temps de ne pas ouvrir la CHL aux nations plus modestes comme la France, ce qui de facto reversait les Brûleurs de Loups en Coupe Continentale. Par la suite, l'IIHF devait même se résoudre à mettre toute la compétition entre parenthèses, faute de financement. Une première déception dans l'intersaison grenobloise qui sera suivie de beaucoup d'autres. Heureusement, avec le soutien de la fédération, le club grenoblois obtenait l'organisation de la super finale de la Coupe continentale, un beau lot de consolation en soi.

Pour s'y préparer, les Grenoblois devaient s'atteler à renforcer leur effectif en commençant par combler les départs. Ils étaient peu nombreux à vouloir quitter la capitale dauphinoise au lendemain de la finale. De l'aveu même des dirigeants, "aucun joueur n'avait manifesté le désir de partir". Une euphorie légèrement tempérée par la suite avec le retour au bercail pour raisons familiales du "guerrier" Jan Hammar, surnommé Monsieur Propre par les supporters à cause de son physique. Les dirigeants auraient souhaité conserver ce travailleur infatigable, si précieux lors des infériorités numériques, mais ils devaient se résoudre à laisser partir leur joker médical, qui s'est parfaitement fondu dans le collectif. Autre départ non souhaité et non des moindres, celui de son quasi homonyme et capitaine grenoblois depuis deux ans, Baptiste Amar. En vue lors des championnats du monde en Suisse, notamment pour son temps de jeu très conséquent, le défenseur grenoblois a finalement eu l'opportunité qu'il cherchait pour évoluer en Eliteserien. Après avoir tout gagné à Grenoble, il saisit une dernière chance de donner une tournure internationale à sa carrière, mettant de côté pour quelque temps la reconversion professionnelle qu'il avait entamée. Son départ laissera un vide énorme, tant sur la glace que dans le vestiaire, qu'il sera difficile de combler.

Parallèlement, le club a choisi de se séparer de deux éléments : le buteur tchèque Martin Masa a appris assez rapidement que son contrat n'allait pas être renouvelé. Après deux saisons exceptionnelles et malgré une attitude exemplaire, Masa a vu sa production décliner significativement au cours de sa troisième saison grenobloise. Déjà en difficulté avec son entraîneur lors de la fin de la saison précédente, il n'a pas connu la même réussite cette saison malgré un temps de glace assez régulier. Son apport sur la glace s'est limité même si son association en fin de saison avec Sivic et Fleury lui a redonné un peu d'allant. Son départ est logique compte tenu de son âge (il était le joueur le plus âgé de l'équipe) même si ce joueur attachant manquera beaucoup aux supporters.

Autre départ voulu par le club, celui de Teddy Trabichet. Ce pur produit du club cultive le paradoxe d'être systématiquement sélectionné en équipe de France alors que sa position en club est beaucoup plus fragile. Souvent blessé, ses prestations quand il était sur la glace n'ont guère convaincu et sa position de sixième défenseur lui a valu de terminer régulièrement les matchs sur le banc. Dépassé dans la hiérarchie par Manavian, il risquait d'entrer en concurrence avec les jeunes du club, Moisand et Crossman. Le club n'a pas voulu bloquer son statut d'international en le laissant libre de partir dans une équipe où son temps de glace serait garanti (Amiens). À noter enfin le départ de deux jeunes à la recherche d'un temps de jeu plus important, le gardien remplaçant Lucas Normandon et le jeune Mathieu Frecon, blessé une bonne partie de la saison et victime de la concurrence parmi les jeunes.

Théoriquement il n'y aurait pas dû y avoir de départ supplémentaire. D'autant que le club avait anticipé en prévoyant les remplacements adéquats. Martin Jansson, remis de sa blessure contractée en début de saison, retrouvait logiquement sa place dans l'attaque grenobloise. Pour remplacer Masa, le club a activé la filière briançonnaise en allant chercher le meilleur compteur du championnat, Jean-François Dufour. Un recrutement, révélé par le club briançonnais pendant les play-offs, qui a fait couler beaucoup d'encre de part et d'autre du col du Lautaret compte tenu de sa précocité. Avec Dufour, les Brûleurs de Loups mettent la main sur un joueur offensif de premier ordre qui devrait s'intégrer facilement au collectif isérois dans lequel il sera accueilli par un autre Québécois, lui aussi ex-Briançonnais, Alexandre Rouleau. La complicité entre les deux compères, sur et en dehors de la glace, sera intéressante à suivre. Seul bémol le concernant : des play-offs relativement timides avec Briançon.

Outre Dufour, Grenoble est allé chercher un autre Briançonnais, le défenseur slovène Jakob Milovanovic, pour pallier le départ de Baptiste Amar. Même si ce dernier avait manifesté son intention de quitter les Hautes-Alpes pour des raisons financières notamment, c'est tout de même le quatrième Diable rouge à prendre le chemin de Grenoble en l'espace de deux ans (après Dufour, Rouleau et Sivic)... Une filière de recrutement qui tourne à la caricature et qui n'a pas fini de faire sortir de ses gonds un certain Luciano Basile. La présence de Sivic n'est d'ailleurs pas étrangère à la venue de Milovanovic, recommandé par son coéquipier en équipe nationale et auteur de très bons championnats du monde division 1 avec la Slovénie. Connu pour ses qualités offensives, Milovanovic a aussi fait parler de lui pour quelques gestes dangereux dont une charge appuyée sur Martin Masa lors des play-offs 2007 qui lui avait valu sur le coup les foudres du public grenoblois et après coup cinq matchs de suspension. Gageons qu'il voudra se faire rapidement pardonner auprès de son nouveau public.

Du côté tricolore, particulièrement dépeuplé suite aux départs d'Amar et Trabichet, les Brûleurs de Loups profitaient du stage de préparation aux championnats du monde de l'équipe de France à Grenoble pour faire signer l'ex-Rouennais Nicolas Besch, blessé pour les Mondiaux et qui souhaitait revenir en France après une expérience mitigée en Finlande. Une signature qui à l'origine devait pallier avantageusement le départ de Teddy Trabichet, vu que les aptitudes offensives de Besch notamment sont nettement supérieures à celles du néo-Amiénois. Enfin les Brûleurs de Loups annonçaient rapidement le retour d'un autre international, Kévin Hecquefeuille, désireux de revenir en France après une saison difficile sportivement avec Nybro en Suède.

Théoriquement, le recrutement devait s'arrêter là et Grenoble semblait bien armé pour se présenter en sérieux candidat à sa propre succession avec un effectif encore plus dense que celui de la saison précédente avec des partants bien remplacés dans l'ensemble et la majorité des cadres toujours présente.

Une intersaison finalement mouvementée

Oui mais voilà, la "grande stabilité de l'effectif" annoncée par Jean-Luc Blache au lendemain de la victoire en Ligue Magnus allait s'effriter au fil de l'intersaison pour laisser place à une véritable saignée. Les mauvaises nouvelles vont se succéder au cours d'un été rocambolesque qui amènera au bout du compte les Brûleurs de Loups à se présenter bien amoindris sur la ligne de départ.

Première mauvaise nouvelle, la vraie-fausse venue de Kévin Hecquefeuille et l'imbroglio Raphaël Papa. Le jeune attaquant des Brûleurs de Loups était en effet annoncé comme treizième attaquant dans l'effectif, une position inconfortable que ne lui laissait entrevoir qu'un temps de jeu extrêmement réduit. Il s'était donc logiquement laissé séduire par les sirènes de Briançon qui souhaitait rajeunir sa quatrième ligne. L'affaire semblait conclue, son départ annoncé par Grenoble, mais deux jours plus tard, tout était bloqué : Kévin Hecquefeuille, courtisé depuis quelque temps par Cologne après des championnats du monde où il se mit particulièrement en évidence, recevait une proposition de contrat qui ne refuse pas quand elle vient d'un club de DEL. L'attaquant international fait volte-face et Grenoble ne s'oppose pas à son départ dans le championnat allemand pour le remplacer par... Raphaël Papa dont le transfert à Briançon est subitement bloqué puisqu'il redevient douzième attaquant. Au delà de l'impact médiatique négatif et la détérioration supplémentaire des relations entre les deux rivaux dauphinois, les Brûleurs de Loups y perdent beaucoup sportivement : sans faire injure à Raphaël Papa, son impact sur la glace n'est pas comparable et la venue avortée d'Hecquefeuille est un gros coup dur pour les Isérois.

Il sera suivi d'un autre aux conséquences encore plus dramatiques : épinglé par la commission de contrôle, le club grenoblois doit en effet signer un contrat d'objectif financier pour pouvoir être admis en Ligue Magnus pour la saison 2009/10. Et ce qu'on pense n'être qu'une formalité ou une opération technique (le club augmente son capital de 250 000 euros) cache en effet des problèmes plus importants : outre les primes de victoires importantes versées lors de la saison passée, le club subit la crise de plein fouet et plusieurs rentrées d'argent espérées de sponsors ne se concrétisent pas. En pleine période de recrutement, les Brûleurs de Loups doivent revoir leurs plans. Alors que l'annonce de la resignature des Suédois traîne en longueur pour des questions administratives, le club grenoblois se voit contraint de proposer une baisse de salaire de 12% à ses joueurs pour sortir du rouge financièrement. Tous les contrats signés doivent être revus avec les nouvelles conditions salariales.

La plupart des joueurs acceptent mais cet épisode fait deux victimes parmi les acteurs majeurs de cette saison historique : Ludek Krayzel et Johan Forsander dont le départ est annoncé finjuillet. Le premier rebondit dans la foulée à Brest alors que le second est toujours à la recherche d'un club. Le club annonce qu'ils seront remplacés par... Julien Baylacq et Nicolas Arrossamena sur les trois premiers blocs tandis que le junior Loup Benoît est intégré au groupe professionnel. Autrement dit, Grenoble perd deux joueurs majeurs sans les remplacer, soit une ligne complète si l'on compte la non venue d'Hecquefeuille. Dernière victime de ces économies forcées : le préparateur physique Adrien Valvo, remercié pour limiter le budget, alors qu'il avait fait ses preuves en garantissant une condition physique exemplaire à ses joueurs en fin de saison.

Mais les mésaventures grenobloises ne s'arrêtent pas là. Après avoir dû réduire passablement la profondeur de son attaque, c'est la défense qui est touchée. Et d'une manière plutôt inattendue : le défenseur suédois Calle Bergström a en effet été contrôlé positif aux corticoïdes lors d'un match contre Mont-Blanc le 17 février. Asthmatique, il avait dû absorber en urgence avant le match un médicament à base de cortisone sans en avoir l'autorisation. Ce type d'infraction est sanctionnée normalement d'une suspension de douze mois. Le club grenoblois annule immédiatement le contrat du joueur mais l'aide dans sa démarche d'appel. Bergström plaide la bonne foi et reconnaît avoir commis l'erreur de ne pas avoir averti la fédération de la prise de ce médicament. La sanction en appel est bien plus clémente : un mois seulement. On s'attend alors à ce que le club réintègre son défenseur suédois dans son effectif. Mais surprise : il signe en Suède et le club décide de ne pas le remplacer. Que serait-il advenu de Calle Bergström s'il n'avait pas eu cette mésaventure ? Mystère, toujours est-il que les Brûleurs de Loups n'ont plus que cinq défenseurs séniors pour débuter la saison.

Le pari forcé de la jeunesse

Il y a deux saisons seulement, Grenoble disposait d'un effectif pléthorique de quatre lignes. L'an dernier, trois lignes seniors avaient été jugées suffisantes par Mats Lusth. Cette saison, Grenoble alignera seulement cinq défenseurs et sept attaquants seniors... L'évolution est sensible voire inquiétante mais Grenoble dispose d'un réservoir important grâce à la richesse de sa formation. Le staff des Brûleurs de Loups avait prévu d'intégrer progressivement ses jeunes joueurs sur un cycle de trois ans. Les événements de cet été l'auront forcé à accélérer le processus en titularisant plus tôt que prévu certains jeunes apparus dans le groupe professionnel seulement l'an dernier. Seront-ils capables d'élever suffisamment leur niveau de jeu ? De la réponse à cette question dépend en partie l'issue de la saison des Grenoblois.

Les jeunes sont donc présents dans toutes les lignes et auront leur dose de temps de glace, ce qui n'était pas forcément le cas l'an passé. Heureusement, Grenoble peut encore compter sur des vétérans de qualité pour les encadrer. Dans les cages, Eddy Ferhi est toujours fidèle au poste. Moins dominant que par le passé, il a dû laisser son titre de meilleur gardien à Tommi Satosaari. Avant de remettre les choses au point lors de la finale des play-offs. Ferhi a prouvé qu'il était capable d'élever son niveau de jeu lorsque les circonstances l'exigeaient. Il vise désormais une place de titulaire en équipe de France. À ses côtés, Sébastien Raibon est le nouveau back-up suite au départ de Lucas Normandon à Angers. Même s'il est plus jeune que son prédécesseur, son potentiel paraît supérieur. Très en vue lors des matchs de préparation, cet international junior est un grand espoir à ce poste et bénéficiera des précieux conseils de Ferhi et Rolland pour progresser. À suivre de près.

En défense, Viktor Wallin fait désormais figure de taulier. Il entame sa cinquième saison sur les bords de l'Isère, un exemple de fidélité. Valeur sûre à la ligne bleue, son apport offensif s'est fait sentir lors de la finale contre Briançon avec un hat trick mémorable lors du quatrième match de la finale. Il est amené à prendre plus de responsabilités dans l'équipe pour encadrer les plus jeunes. À ses côtés, Alexandre Rouleau est déjà un cadre. Rapidement intégré et adopté par les supporters grenoblois, le sympathique Québécois a connu une première saison particulièrement réussie. Au point de vouloir signer un bail à long terme qui le lie au club grenoblois pour quatre ans. Son arrivée n'est pas étrangère au regain d'efficacité du power-play. Et défensivement il fait preuve d'une hargne communicative en plus d'apporter un plus indéniable dans le domaine physique avec de solides mises en échec. Il lui reste à rester discipliné, lui qui est tout de même souvent pénalisé. Même constat pour Antonin Manavian dont le jeu physique pas toujours maîtrisé a souvent conduit à des pénalités préjudiciables. Malgré tout, Manavian s'impose désormais comme un titulaire indiscutable dans la défense grenobloise. Ses progrès sont réels au fil des ans et son intégration en équipe de France lors des derniers championnats du monde en est un signe. Sa présence physique fait du bien à l'équipe dans les moments "chauds". Il lui reste à développer l'aspect offensif de son jeu, quasiment inexistant jusqu'à présent.

Au delà de ces trois cadres, les deux nouveaux Besch et Milovanovic devront trouver leur place. Avec la lourde tâche de remplacer Amar et Bergström. Certes Nicolas Besch n'a pas le niveau d'Amar, certes Jakob Milovanovic n'a pas le tir de Bergström. Mais tous deux sont plus jeunes que leurs prédécesseurs et ont encore une belle marge de progression. Besch a gagné en maturité pendant son exil à l'étranger alors que Milovanovic a réalisé des progrès constants depuis son arrivée en France. Au point de devenir l'un des tous meilleurs défenseurs de l'équipe nationale slovène. Tous deux ont beaucoup à prouver pendant cette saison et le niveau d'attente sera élevé.

Quant à la place de sixième défenseur, elle sera dévolue à un junior, une première. Un choix qui peut paraître risqué mais pas si illogique compte tenu du faible temps de jeu de Trabichet l'an dernier. Maxime Moisand et Jason Crossmanauront tour à tour l'occasion de faire leurs preuves sur la glace pour gagner du temps de jeu. Le premier semblait avoir la confiance de Lusth l'an dernier vu qu'il était régulièrement aligné en cas de blessure d'un titulaire. Défenseur plutôt technique et offensif, son gros handicap reste son gabarit très léger. À l'inverse Crossman est plus solide physiquement mais plus défensif. Il a eu peu de temps de jeu l'an dernier alors qu'il semblait partir avec une longueur d'avance. La compétition sera intéressante à suivre entre les deux espoirs grenoblois.

Avec une défense très rajeunie, Grenoble prend le risque d'affaiblir son point fort de la saison précédente. Mais la typologie de la défense grenobloise reste fondamentalement la même avec quatre défenseurs capables d'apporter un plus offensivement (Wallin, Rouleau, Milovanovic et Besch) notamment lors des supériorités numériques. En revanche, si Bergström et Trabichet sont remplaçables (malgré d'excellents play-offs pour le premier cité), le poids du départ de Baptiste Amar reste difficile à évaluer. Son départ laisse un grand vide car on ne remplace pas si facilement un joueur de son niveau. À Wallin et Rouleau notamment de prendre le relais en assumant plus de responsabilités.

Une attaque clairsemée

Du côté de l'attaque, le rajeunissement est encore plus marqué. Certes Grenoble récupère deux joueurs offensifs de premier ordre avec Jean-François Dufour et Martin Jansson qui effectue son retour après une saison quasi blanche. Le Québécois, faiseur de jeu hors pair, a été le meilleur pointeur de la Ligue Magnus. Son apport en jeu de puissance est attendu et sa complicité naissante avec Ludek Broz laisse entrevoir beaucoup d'espoirs. Quant à Jansson, il était tout simplement le meilleur pointeur grenoblois au moment de sa blessure. Révélation du début de saison, il a été coupé en plein élan. Il retrouvera logiquement son compère de Mora, Anders Nilsson, avec qui il a déjà des automatismes. Dufour et Jansson devraient figurer tout en haut des compteurs grenoblois cette saison.

Et leur forte contribution est attendue car l'attaque grenobloise a subi une véritable saignée avec les départs de Masa, Hammar, Krayzel et Forsander. Auxquels on pourrait ajouter la non venue de Kévin Hecquefeuille, lequel aurait fait beaucoup de bien à l'attaque grenobloise. Si Hammar laisse un vide défensivement, l'apport offensif de Masa et Krayel manquera avec pour conséquence notamment de mettre un terme à la traditionnelle ligne tchèque, déjà séparée en fin de saison, et notamment à la doublette Broz-Masa qui aura été le cauchemar de tant de gardiens de la Ligue Magnus. Quant à Forsander, il avait réalisé une seconde saison meilleure que la première et effectuait un gros travail dans les deux sens de la patinoire.

Du coup, il sera demandé encore plus aux cadres que sont Broz, Nilsson et Mitja Sivic, meilleur compteur de l'équipe l'an passé. Mais les Français ne sont pas en reste. Damien Fleury, auteur d'une saison remarquable qui lui a valu de disputer les championnats du monde, a des automatismes avec Sivic et le duo a déjà fait parler la poudre lors des matchs de préparation. Ils seront associés à Christophe Tartari, centre aux vertus défensives qui aura l'occasion de faire gonfler son compteur auprès de deux joueurs à vocation offensive.

Enfin n'oublions pas le fil rouge de cette intersaison grenobloise : les jeunes. Car les départs inattendus de Krayzel et Forsander leur ouvrent grand deux places de titulaire sur les trois premiers blocs. À eux d'en profiter et de montrer leur capacité sur la glace. On peut être relativement confiant avec Nicolas Arrossamena. Parti de loin l'an passé, le Saint-Pierrais a grillé les étapes et progressé dans la hiérarchie établie en début de saison au point d'être devenu le remplaçant n°1 en cas de blessure d'un titulaire devant. Rapide, technique il a fait preuve d'un assurance plutôt rare pour un joueur de son âge. La similitude avec Damien Fleury est frappante et Arrossamena pourrait bien être la grande révélation de cette intersaison s'il venait à imiter son coéquipier. La dernière place devrait se jouer entre Raphaël Papa et Julien Baylacq. Malgré des performances sur la glace en demi-teinte jusqu'à présent, Baylacq, plus rapide et plus combatif, a les faveurs de Mats Lusth. Il lui faudra pourtant rapidement confirmer en senior ses excellentes dispositions affichées en espoirs, sinon la place pourrait revenir à Raphaël Papa, plus technique et dont le réalisme a déjà marqué les esprits en coupe de France face à Montpellier où il avait inscrit un "hat trick".

L'attaque grenobloise manque de profondeur, c'est une évidence. Avec seulement sept attaquants seniors, la moindre blessure de l'un d'entre eux peut s'avérer désastreuse. Et malgré toutes leurs qualités, Arrossamena et Baylacq auront difficilement le même apport que Krayzel et Forsander. En plus de cela, le manque de joueurs capables de faire la différence devant la cage risque d'accentuer le manque d'efficacité déjà chronique des Brûleurs de Loups. En effet, seuls Jansson et Sivic semblent avoir le profil pour remplir le rôle de buteurs, Dufour et Broz étant avant tout des faiseurs de jeu. Grenoble devra donc plus que jamais s'en sortir en "bloc équipe" et ne pas compter sur une ou deux individualités mais vraiment sur un collectif qui joue à cinq dans les deux sens de la patinoire.

Une saison de transition ?

Les Brûleurs de Loups se préparent vraisemblablement à une saison de transition. Sportivement déjà, car cette apothéose de la saison 2008-09 a marqué la fin d'un cycle : rajeunissement de l'effectif avec le départ des joueurs les plus âgés Masa et Hammar, l'arrivée de jeunes recrues en défense et la titularisation des juniors en attaque. Changement de capitaine ensuite, puisque Baptiste Amar, parti tenter sa chance sous d'autres cieux, passe le témoin à Christophe Tartari. Un joueur encore jeune, pur produit du club, capable de faire le lien entre l'ancienne et la jeune génération. Tout un symbole. On notera également que Krayzel et Bergström n'ont fait que passer alors que l'engagement sur la durée avec les renforts étrangers était une marque de fabrique du club jusqu'à présent.

Car cette intersaison marque également la fin d'une forte stabilité de l'environnement économique. Alors que le club semblait présenter une assise financière solide ces dernières années, voilà que des difficultés ressurgissent. Le modèle du professionnalisme grenoblois, dont de nombreux clubs commençaient à s'inspirer, devient un colosse aux pieds d'argile. Et le manque d'anticipation des problèmes financiers soulève de nombreuses questions. Car il y a clairement eu deux intersaisons pour Grenoble : la première, euphorique, qui laissait entrevoir une équipe aussi compétitive que sa devancière voire plus. La seconde, tristement réaliste, qui voit les Brûleurs de Loups réduire leur train de vie en sacrifiant des joueurs "maison". Les supporters peuvent légitimement se poser des questions concernant cette volte-face du club en quelques mois. À l'instar de Briançon qui a consciemment réduit son budget et organisé son recrutement en conséquence, n'était-il pas possible d'anticiper un minimum les difficultés ? Avec du recul, était-il judicieux par exemple d'aller débaucher Dufour à Briançon pour ensuite remercier Krayzel et Forsander malgré les excellents services rendus dans la conquête des trois trophées ?

Dès lors, on peut se demander quelles seront les répercussions sur le domaine sportif. Comment l'ensemble des joueurs restants vivra avec le fait de baisser leur salaire de 12% alors que les conditions salariales proposées par les Brûleurs de Loups jusqu'à présent étaient un des facteurs attractifs du club ? Comment vont réagir également les recrues venues à Grenoble pour gagner des titres et qui se retrouvent dans une équipe aux ambitions forcément plus limitées ? Lusth et Rolland mais aussi les cadres, moins nombreux, auront un rôle important à jouer pour garder mobilisé l'ensemble du groupe.

Sur la glace, les Brûleurs de Loups partent dans l'inconnu, comme le fait remarquer Eddy Ferhi lui-même. On peut s'attendre à un renforcement du système défensif, compte tenu d'une marge plus réduite offensivement. Plus que jamais, la devise de Mats Lusth et Patrick Rolland, "prendre match après match", sera donc d'actualité. La victoire dans tous les trophées mis en jeu est un résultat exceptionnel et il sera très difficile d'avoir cette année des résultats sur tous les tableaux, surtout avec une équipe moins forte sur le papier et un effectif rajeuni aussi réduit quantitativement.

D'autant plus que Grenoble a le défi d'accueillir la Super finale de la Coupe continentale en janvier. Un défi qui devra mobiliser toutes les énergies au détriment peut-être d'autres compétitions. Car les Brûleurs de Loups ne peuvent pas rater cette échéance, vitrine du hockey français et "plus gros événement pour le hockey grenoblois" de ces dix dernières années, dixit Jean-Luc Blache. Rouen a mis la barre haut l'an dernier et une déroute lors de cette super finale ferait à coup sûr désordre. Cette année, Grenoble a moins de talent, moins d'expérience. Il lui faudra montrer encore plus de cœur et de cohésion pour continuer à gagner des trophées. Beau défi en perspective...

Christophe Laparra

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2008/09   MJ   Min   Moy.   Pén
 1 FERHI Eddy            26/11/1979  192  95  Français Volants  Grenoble    FRA-1   47  2847   2,23    4'
39 RAIBON Sébastien      03/11/1990  179  81  Grenoble          Grenoble juniors

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2008/09   MJ   B   A Pts   Pén
70 BESCH Nicolas         25/10/1984  177  78  Rouen             Mikkeli     FIN-2   38   6   7  13   58'
91 CROSSMAN Jason        15/03/1990  182  77  Montpellier       Grenoble    FRA-1   41   0   0   0    0'
                                                                Grenoble jr FRA22   17   3   6   9   32'
44 MANAVIAN Antonin      26/04/1987  191  96  Courbevoie        Grenoble    FRA-1   45   1   3   4  114'
18 MILOVANOVIC Jakob     18/03/1984  182  78        (Slovène)   Briançon    FRA-1   49   9  15  24   62'
22 MOISAND Maxime        11/06/1990  175  70  Grenoble          Grenoble    FRA-1   30   1   0   1    2'
                                                                Grenoble jr FRA22   16   2   8  10   28'
32 ROULEAU Alexandre     29/07/1983  186  86        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   48  19  22  41  119'
15 WALLIN Viktor         17/01/1980  192  98        (Suédois)   Grenoble    FRA-1   46  14  15  29   50'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2008/09   MJ   B   A Pts   Pén
90 ARROSSAMENA Nicolas   09/01/1990  183  73  Saint-Pierre      Grenoble    FRA-1   36   3   5   8    8'
                                                                Grenoble 22 FRAjr   16  14   6  20   69'
13 BAYLACQ Julien        10/04/1989  183  75  Grenoble          Grenoble    FRA-1   39   0   3   3    2' 
                                                                Grenoble 22 FRAjr   16  13  14  27   67'
14 BENOIT Loup           10/06/1991  177  67  Grenoble          Grenoble 22 FRAjr   13   3   0   3    0'
                                                                Grenoble 18 FRAcd   20  24  15  39   18'
19 BROZ Ludek            19/03/1975  180  93        (Tchèque)   Grenoble    FRA-1   48  13  38  51  100'
16 DUFOUR Jean-François  10/05/1976  182  91        (Canadien)  Briançon    FRA-1   47  24  57  81   48'
10 FLEURY Damien         01/02/1986  179  80  Caen              Grenoble    FRA-1   48  18  28  46   50'
77 JANSSON Martin        01/07/1978  186  94        (Suédois)   Grenoble    FRA-1    6   6   7  13    6'
43 NILSSON Anders        25/06/1977  181  87        (Suédois)   Grenoble    FRA-1   36  12  17  29   46'
74 PAPA Raphaël          26/02/1990  181  73  Grenoble          Grenoble    FRA-1   40   1   0   1    0'
                                                                Grenoble 22 FRAjr   16   6  22  28    2'
24 SIVIC Mitja           01/10/1979  177  85        (Slovène)   Grenoble    FRA-1   48  29  36  65   22'
73 TARTARI Christophe    03/12/1984  189  86  Grenoble          Grenoble    FRA-1   47   8  18  26   52'

Entraîneur : Mats Lusth (SUE, 47 ans).

Départs : Martin Masa (A, Guildford Flames, GBR-2, 17+19), Teddy Trabichet (D, Amiens, FRA, 1+2), Baptiste Amar (D, Rögle BK, SUE, 9+18), Lucas Normandon (G, Angers, FRA, 60' et 1,00), Mathieu Frecon (A, Angers, FRA, 0+0), Calle Bergström (D, Örebro HK, SUE-2, 10+27), Ludek Krayzel (A, Brest, FRA-2, 16+33), Johan Forsander (A, 18+25), Jan Hammar (A, 12+16).

 

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