Dijon, le ravalement de façade

 

La saison 2008/09 n'aura laissé que deux bons souvenirs à Dijon, tous deux en Coupe de France : la victoire au premier tour sur Briançon, et le succès en demi-finale à Angers, match avant lequel l'entraîneur briançonnais Luciano Basile était venu tenir des propos cinglants dans la presse bourguignonne : "Angers est favori. Dijon pratique un anti-hockey. Ils font 15 à 20 dégagements interdits par rencontre. Il faudrait faire comme en NHL où l'équipe qui balance le palet n'a pas le droit de changer ses joueurs. Aujourd'hui, les Dijonnais se débarrassent du puck, les ailiers pressent. C'est du non-jeu. Maric se sert des règles. Il n'a pas d'état d'âme. Il n'y a pas de travail de construction. [...] Si on n'ouvre pas le jeu contre Dijon, c'est impossible de perdre."

Le nouveau règlement international interdit justement les changements de ligne après les dégagements interdits, et Basile a été exaucé. Il lui faudra trouver une autre excuse au prochain revers chez son "meilleur ennemi". Ce n'est sûrement pas demain qu'il dira du bien de son collègue Daniel Maric, mais à Dijon, comme en d'autres endroits, on fait la sourde oreille aux provocations de l'Italo-Canadien. Il n'empêche que le DHC veut prendre soin de son image et ne plus prêter le flanc à la critique. Il a tiré les leçons de son passé et se présente sous un tout nouveau visage : développeur, formateur, voire bâtisseur. Y compris dans le jeu ?

Dans un climat parfois morose, Dijon affiche avec fierté ses réussites. Il a atteint la barre des 300 licenciés, celle qui pose un club complet avec une pyramide bien organisée. La capitale de la Bourgogne est devenue la locomotive du COS Est, rôle autrefois occupé par Strasbourg ou Épinal. Dans la catégorie U13, les jeunes Ducs entraînés par Kevin Dugas ont même remporté tous leurs matches du tournoi final par 9 à 11 buts d'écart. L'équipe senior participe elle aussi de ce développement de fond avec des recettes de partenariat en hausse de cent mille euros et un budget qui doit passer de 650 000 à 1 million d'euros d'ici 2012, pour franchir le cap de la future ligue professionnelle prévue par la FFHG.

Ce club de Dijon, qui a remisé au placard les déboires des années passées, s'offre un changement de look qui accompagne cette nouvelle dynamique. Un nouveau logo soigné, un nouveau site internet, mais aussi de nouvelles fresques dans l'espace partenaires et sur les murs du bar de la patinoire, à qui la ville reprochait le manque de vie, mais qui sera dorénavant confié au club qui a embauchée une gérante et esprère ainsi une source de revenus supplémentaire.

Une nouvelle osmose se fait ainsi entre l'équipe de hockey et la vénérable patinoire de Trimolet. La dalle de béton a été peinte en blanc, rendant la surface de glace plus propre et lumineuse, et les balustrades ont été remplacées, ce qui devrait mettre un terme aux faux rebonds dans les "coins", qui méritaient leur nom puisqu'ils étaient anguleux, et non correctement courbés comme maintenant. Il y a toutefois un revers à la médaille : ces travaux signifient aussi qu'une nouvelle patinoire n'est pas à l'ordre du jour pour la municipalité, même si le terrain est réservé à proximité de la piscine en cours d'achèvement. Il faudra donc se contenter encore quelque temps de cette enceinte certes rénovée, mais pas toute jeune.

Un ravalement s'imposait aussi dans l'effectif. Les priorités ont été faciles à identifier : l'équipe 2008/09 a marqué autant de buts que sa devancière, mais elle en a encaissé 27 de plus. C'est pourquoi la défense a été entièrement changée à l'exception d'Aymeric Gillet, qui a re-signé le 1er juin après avoir de nouveau été convoité. Tous dehors sauf Gillet : c'était déjà le mot d'ordre l'été dernier !

Mais cette fois, même les gardiens sont concernés. Radovan Hurajt a eu une part de responsabilité dans la baisse de performance et n'a pas été reconduit. À la place, Dijon disposera de deux gardiens français, ce qui n'était plus arrivé depuis sa première saison en D1 (2000/01) avec Philippe Ranger et sa doublure Christophe Blanchet. Si à l'époque il s'agissait de deux hommes d'expérience, les deux portiers actuels ne sont âgés que de 24 ans. Florian Hardy, qui vient de connaître sa première saison comme titulaire à Morzine-Avoriaz, vient de jouer son premier match en équipe de France et est à l'heure actuel le numéro 1 des jeunes gardiens français derrière le trio Huet-Lhenry-Ferhi. Une belle progression pour un gardien qui avait été convoqué chez les moins de 18 ans mais n'avait pas connu la sélection nationale chez les moins de 20 ans, devancé par... Andy Foliot, son nouveau coéquipier ! Le Saint-Pierrais joue la coupe de la ligue en ce début de saison et peut ainsi créer une saine émulation.

Un gardien n'est cependant rien sans une bonne défense. C'est parce qu'elle avait trop souvent craqué l'an passé que Hurajt et Roullier y avaient laissé des plumes et parfois perdu le moral. Mais comment ne pas s'enfermer dans un cercle vicieux en changeant chaque année les arrières pour découvrir qu'ils sont encore pires que les précédents ?

Un tri qui évite les mauvaises surprises

La méthode dijonnaise, c'est d'inviter une dizaine de défenseurs et de faire le tri sur pièce. Cela évite de devoir conserver des hommes dont on sait d'avance qu'ils ne feront pas l'affaire, comme ce fut le cas l'an passé du lourdaud Marek Jancek, que seuls ses deux mètres distinguaient du commun. Cette année, ce sont justement les grands gabarits qui ont fait les frais de la sélection "de visu" : le Suédois Erik Lindberg a été jugé trop juste, et le nouveau géant, l'Américain Gabe Yeung, est reparti sans avoir pu être vraiment jugé puisqu'il est arrivé blessé. Quand au dernier arrivé dans la préparation, le Suisse Serge Haas, il a été parmi les premiers partis.

Résultat : il ne reste plus le moindre coureur de cachet baladé par son agent. Les recrues défensives définitives, ce sont trois hockeyeurs bien connus en Ligue Magnus (dont Pavol Resetka, apprécié à Strasbourg pour son implication sérieuse), et deux Finlandais aux profils de joueurs fidèles et stables.

Si l'on excepte un bref prêt de quatre matches au Kiekko-Vantaa, Aki Nurminen a en effet passé toute sa carrière au HeKi Heinola, club avec lequel il est monté de troisième en deuxième division il y a trois ans. Il en a toujours été un leader et une figure marquante, mais, gêné par une blessure à l'automne dernier, il reste sur sa saison la moins productive depuis huit ans (7 petits points) alors qu'il était habitué à bien mieux. Défenseur complet doté d'un bon lancer et lisant bien le jeu, Nurminen a toujours été un joueur-clé en infériorité numérique avec le HeKi.

Jesse Lustberg était un défenseur offensif qui tournait à plus d'un point par match avec son club formateur du KooKoo Kouvola lorsqu'il jouait au deuxième niveau national junior. Lorsqu'il est passé dans la deuxième division senior, la Mestis, il a mûri dans un rôle plus défensif et plus sérieux. Dijon aura sans doute besoin de ces deux aspects : Daniel Maric n'est sans doute pas du genre à accorder des libertés dans le jeu telles que Lustberg en prenait en junior, avec parfois des excès de confiance en soi, par contre il utilisera certainement son puissant lancer à la ligne bleue en supériorité numérique.

Les Finlandais sont la seule inconnue puisqu'ils vivent leur première expérience à l'étranger. Les deux autres recrues font leur retour dans un club où ils avaient déjà vécu une saison. Mathieu Mille reste un défenseur solide, mais, après trois saisons à Morzine, il revient avec un statut de titulaire en équipe de France qu'il peinait à gagner à l'époque. Il sera aussi responsable commercial du DHC pour préparer sa reconversion. Peter Strapaty, parti l'été dernier, n'a pas convaincu à Turin. Cela n'est guère surprenant puisque le club piémontais de série A2 voulait faire de lui le leader étranger de la défense, alors que le Slovaque à la mobilité suspecte n'a jamais un premier relanceur idéal. Si Strapaty a connu une saison correcte à Dijon alors qu'il avait beaucoup déçu à Épinal, c'est sans doute que Daniel Maric avait mieux identifié ses limites, et qu'il saura donc utiliser son physique en tant que joueur de complément.

Des défenseurs offensifs locaux apporteront la vitesse de leurs jeunes jambes. Daniel Masik, Dijonnais aux parents tchèques, avait déjà pointé le bout de son nez l'an passé, et le petit gabarit Thomas Lecoanet est maintenant intégré à plein temps. Et encore n'évoque-t-on là que l'effectif officiel. Un autre gamin du cru, Pierre Sanchez, né en décembre 1992, a joué en coupe de la ligue à Strasbourg aux côtés de Mille, ce qui en fait le plus jeune joueur aligné au niveau élite.

Des responsabilités pour les jeunes

Cet appel à la formation locale est plus net encore en attaque, où les joueurs de bout de banc (David Dauphin et Antoine Cohen) ne seront pas remplacés pour faire la place aux jeunes, parmi lesquels l'international junior Nicolas Ritz est en train de réussir des débuts en senior très prometteurs. Loïc Chabert s'est aussi mis en évidence. Les gamins compensent bien les absences comme celle de Luc Mazerolle, qui a un peu attendu sa licence, et ils sont bien encadrés par le capitaine Stephen Dugas qui a encore le goût du hockey (déclarant dans le Bien Public "la presson, je la bois"), voire par Mathieu Séguy qui a la surprise d'être le 5e joueur le plus vieux de l'offensive... à 23 ans et demi à peine !

Cette jeune attaque de Dijon reste très stable puisqu'elle n'a perdu aucun joueur qu'elle voulait garder à tout prix. Kévin Dugas ne s'était vu proposer qu'un salaire en baisse, ce qui donnait blanc-seing à son retour en région parisienne. Parmi les partants, seul Erik Bochna est un pointeur. Son collègue Tomas Janak, amené dans ses bagages, s'est signalé par un total de zéro but en Ligue Magnus et n'a trouvé le chemin des filets qu'en coupe de la ligue. Le fait d'avoir un étranger de moins n'est donc pas un handicap si c'est celui-là.

La nouvelle ligne des recrues, alignées ensemble en ce début de saison, contient donc deux jeunes joueurs tricolores, sélectionnés en équipe de France A' : Erwan Pain, qui a enfin vécu une saison sans grande blessure, et le petit mais hyperactif Arnaud Hascoët.

Pour l'expérience, ils peuvent compter sur le troisième renfort, Anton Lezo. Il a passé 10 saisons en Extraliga slovaque et 2 en Extraliga tchèque, des championnats prestigieux, avant de partir à l'étranger pour ses vieux jours. Il s'est classé 4e marqueur du championnat hongrois en 2008, avant de passer une année en Pologne au Zaglebie Sosnowiec (club de Teddy Da Costa). Il y a obtenu des statistiques moins réjouissantes, manquant pas mal de matches sur blessure, mais les dirigeants du Zaglebie étaient prêts à le garder avant qu'il n'opte pour la France.

Cette ligne des nouveaux cumule 23 buts sur la saison précédente, soit autant que Miroslav Kristin tout seul ! Sauf révolution, le buteur slovaque sera une fois de plus la pierre angulaire de l'offensive... et malheureusement, l'indispensable Kristin souffre d'une sciatique et manquera trois semaines à partir de fin septembre. Une lourde perte !

En son absence, il sera intéressant d'observer le comportement d'Anthony Guttig, qui s'est imposé l'an dernier comme un joueur majeur avec une technique remarquable. Placé en première ligne aux côtés de Kristin (et de Thomas Decock jusqu'ici), le nouvel espoir du hockey français Guttig va devoir assumer dans les prochaines semaines un rôle de leader offensif, fort rare à 21 ans. La façon dont il va s'en sortir sans Kristin sera surveillée de près.

Dans une équipe de Dijon, les jeunes peuvent être amenés aux responsabilités assez vite pour les plus matures d'entre eux. La charge d'encadrer la relève a été confiée à Yassine Fahas, nommé entraîneur-joueur de la toute nouvelle équipe-réserve, engagée en division 3. Celle-ci remplace en effet l'équipe U22, une catégorie qui a disparu dans la COS Est. Encore un signe que la ligue régionale qui est à la traîne sur Dijon, au contraire de ce qui se passait il y a quelques années.

Si la malchance ne s'en mêle pas trop et si le dos de Kristin retrouve sa souplesse, le Dijon Hockey Club devrait s'épargner assez facilement la lutte pour la relégation cette année. Il pourra alors se consacrer aux rencontres à élimination directe... et pourquoi pas à une nouvelle finale de Coupe de France à Bercy, un objectif dont l'affichage avait porté chance l'an passé, même si le résultat du match a ensuite déçu. Le président Olivier Ritz a donc réitéré l'allusion au POPB et a promis que son équipe traverserait la ville de Dijon sur une surfaceuse en cas de victoire...

Marc Branchu

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom        Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2008/09   MJ   Min   Moy.   Pén
30 FOLIOT Andy       07/07/1985  179  85  Saint-Pierre       Briançon    FRA-1    9   317   2,84   0'
49 HARDY Florian     08/02/1985  182  74  Nantes             Morzine     FRA-1   37  2243   3,53   2'

Défenseurs

N° NOM Prénom        Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2008/09   MJ   B   A Pts   Pén
 4 NURMINEN Aki      24/04/1980  182  82       (Finlandais)  Heinola     FIN-2   36   2   5   7   22'
 7 GILLET Aymeric    29/02/1980  190  89  Meudon             Dijon       FRA-1   37   6  12  18   66'
19 LECOANET Thomas   21/10/1989  171  68  Dijon              Dijon       FRA-1   10   0   0   0    0'
22 MASIK Daniel      13/04/1991  180  73  Dijon              Dijon       FRA-1   16   0   0   0    4'
28 RESETKA Pavol     06/12/1973  183  89         (Slovaque)  Strasbourg  FRA-1   38   3  12  15   70'
29 MILLE Mathieu     10/02/1981  183  92  Amiens             Morzine     FRA-1   39   7  19  26   64'
42 LUSTBERG Jesse    08/02/1986  184  90       (Finlandais)  Savonlinna  FIN-2   49   4   7  11   28'
44 STRAPATY Peter    31/08/1980  188  98         (Slovaque)  Turin       ITA-2   30   5  10  15   24'

Attaquants

N° NOM Prénom        Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2008/09   MJ   B   A Pts   Pén
10 RITZ Nicolas      26/02/1992  178  78  Dijon              Dijon U18
11 DECOCK Thomas     10/08/1986  179  79  Anglet             Dijon       FRA-1   30   5   9  14   16'
14 LEZO Anton        03/04/1972  177  77         (Slovaque)  Sosnowiec   POL-1   37   7  18  25
16 SEGUY Matthieu    28/01/1986  175  77  Chamonix           Dijon       FRA-1   36   1   6   7   22'
17 CHABERT Loïc      14/10/1991  185  76  Dijon              Dijon       FRA-1   11   0   0   0    4'
20 DUGAS Stephen     15/07/1977  188  87  Viry               Dijon       FRA-1   36   8  11  19   90'
25 HASCOËT Arnaud    02/08/1986  165  65  Caen               Morzine     FRA-1   38  12   9  21   14'
61 KRISTIN Miroslav  22/01/1982  180  83         (Slovaque)  Dijon       FRA-1   32  23  22  45  106'
71 GUTTIG Anthony    30/10/1988  186  82  Dijon              Dijon       FRA-1   32  17  16  33   44'
81 PAIN Erwan        14/02/1986  178  83  Champigny          Chamonix    FRA-1   32   4   6  10   46'
87 FAHAS Yassine     19/04/1987  172  78  Dijon              Dijon       FRA-1   27   0   0   0    2'
91 MAZEROLLE Luc     23/02/1982  178  80         (Canadien)  Dijon       FRA-1   36  14   8  22   56'

Entraîneur : Daniel Maric (52 ans).

Départs : Radovan Hurajt (G, Chamonix, 1849' et 3,86), Julien Roullier (G, Avignon, 380' et 7,11), Marek Jancek (D, Arizona, CHL, 3+2), Vladimir Sabol (D, Tours, 3+15), Juraj Senko (D, 2+11), Martin Balcik (D, 3+5), Erik Bochna (A, Gap, 16+17), Tomas Janak (A, 2+8), Kévin Dugas (A, Neuilly, 2+8), David Dauphin (A, Avignon, 2+2), Antoine Cohen (A, Viry, 1+0).

 

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