Suisse 2008/09 : présentation

 

Les ZSC Lions, champions sortants, s'inscrivent logiquement parmi les favoris. Et même si l'effet de surprise ne jouera plus, les hommes providentiels d'hier seront toujours là, à l'exception de Harold Kreis, à qui Sean Simpson (Zoug) succédera sur le banc. Décisif en finale, Domenico Pittis remettra le couvert aux-côtés du redoutable Jean-Guy Trudel (Peoria, AHL), un gros bras qui fit notamment les beaux jours d'Ambrì-Piotta. Le vétéran Jan Alston connaît lui aussi la chanson et devrait encore tirer son épingle du jeu malgré ses tempes grisonnantes.

Sont-ils pour autant vieillissants, ces Zurichois ? Eh bien non puisqu'ils couplent l'expérience des "grognards" à la fougue de jeunes loups issus de leur pépinière des GCK Lions. Une structure réputée pour former les talents et les rôder en LNB, à l'image du défenseur Claudio Cadonau ou de l'attaquant Aurelio Lemm.

Comme abondance de biens ne nuit pas, Sean Simpson aura l'embarras du choix pour tisser son offensive, la complétant du "banlieusard" Cyrill Bühler (Kloten) et du centre Oliver Kamber (Rapperswil). L'essentiel des responsabilités reposant évidemment sur les étrangers, Jean-Guy Trudel donc, mais aussi le Slovaque Peter Sejna et, donc, le porte-bonheur canadien Domenico Pittis. Sans oublier les internationaux confirmés, un Adrian Wichser revenu d'une blessure l'ayant écarté de la course au titre ou même Thibaut Monnet. Le Valaisan, revendiquant une place de choix au pointage après une saison pleine dans la capitale économique. Le coup d'œil du centre au double passeport Ryan Gardner vaudra donc le détour.

Voilà autant de cordes à l'arc d'un champion stabilisé par sa continuité défensive, où les internationaux Severin Blindenbacher, Beat Forster, Mattias Seger (qui a conclu un pacte jusqu'en 2012 pour mieux encadrer les lionceaux présents et futurs) et même le Slovaque Radoslav Suchy se déploient encore et toujours devant l'éternel Ari Sulander. Si le chasseur d'hier est aujourd'hui devenu une proie, il ne faudra pas sous-estimer le cœur du champion.

 

Humilié par l'historique rival fribourgeois l'an passé, Berne est las de n'être qu'un champion potentiel. Toujours dominateurs en saison régulière, les Ours ne savent en effet plus tirer profit d'une force intrinsèque et d'une densité collective peu commune. Mais cette fois-ci John Van Boxmeer, remis d'un arrêt cardiaque subi dans l'été, espère avoir trouvé la recette gagnante...

Prévu de longue date, le retour du vétéran Martin Steinegger à Bienne n'altèrera guère un système défensif performant devant Marco Bührer, le gardien de référence en LNA. À cette pléiade d'internationaux (les Beat Gerber, David Jobin, Reto Kobach ou encore "l'autogoaler" le plus célèbre de l'année, Philippe Furrer) se greffera Travis Roche (San Antonio, AHL). Ce spécialiste des contrats bi-directionnels devra s'imposer, ce que n'avait pas fait son devancier Nathan Dempsey, pourtant nanti d'un cursus plus étoffé. Graine de Mark Streit, le prometteur Roman Josi tâchera de confirmer les attentes de Nashville, qui le drafta en juin dernier (le premier choix helvète du repêchage étant un autre blueliner, le Zougois de l'Ouest canadien Luca Sbisa).

En fait, ce qui va surtout changer à Berne, c'est l'arrivée d'une énième pointure offensive au sein d'une garnison déjà impressionnante, tenant déjà sous contrat un trio étranger de renom avec le Franco-Canadien Sébastien Bordeleau, toujours efficient dans le gain des mises au jeu, le créatif Simon Gamache et son parfait contraire, le dur à cuire Ramzi Abid. Sans oublier un Christian Dubé aux mains aussi précieuses que son passeport helvète. Avec ce quatuor, le SCB a rapatrié Martin Plüss (Västrä Frölunda, Elitserien) d'un exil suédois durant depuis près de quatre ans. Un retour au pays peut-être pas si étranger que cela à son éviction surprise des derniers Mondiaux...

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il apportera un "Plüss" indéniable aux côtés du petit mais costaud Ivo Rüthemann, des Patrik Bärtschi, Marc Reichert et autres Thomas Ziegler, tous piliers de la sélection nationale. De quoi relativiser la perte du Suédois Christian Berglund, rappelé par Rapperswil, et renforcer la cote d'un champion potentiel. Sans oublier les hommes de l'ombre, toujours essentiels. Du buteur naturalisé Trevor Meier, déniché de Zoug, à l'aboyeur Alex Chatelain en passant par le prometteur Étienne Froidevaux, les "seconds couteaux" se joindront aux vedettes pour que le plan se déroule - enfin - sans accrocs !

Pour les besoins de la Champions Hockey League, Berne aura même dépêché deux mercenaires supplémentaires en plus du gardien suisse Simon Züger (ex-Bâle). L'attaquant Lee Goren (Skellefteå) et le défenseur offensif Ric Jackman (Leksand), qui s'était révélé en Floride, furent de l'élimination conjointe de Nuremberg et Kosice pour la qualification bernoise à la CHL. Après cette échéance, Goren s'est toutefois vu cédé à Zoug, le temps que Dale McTavish se rétablisse d'une blessure acquise début septembre.

 

Le retour d'"il grande Lugano" ?

 

Lugano a un orgueil. Et de sacrés moyens financiers, c'est bien connu. Après une saison ratée, où l'horlogerie fut déréglée par la perte jamais compensée du précieux Jukka Hentunen, parti avec pertes et fracas à Kazan, les tifosi se remettent à rêver.

Il leur faudra toutefois digérer la perte du capitaine emblématique Sandy Jeannin, de retour vers sa Romandie natale après avoir connu tous les honneurs en LNA. En perdant l'une de ses dernières figures romandes, Lugano perd une partie de son âme, surtout que Flavien Conne, diminué par les blessures à répétition, n'a plus son calibre d'antan. Le jeune capitaine de Kloten Romano Lemm, un incontournable de la sélection nationale, aura donc la lourde tâche de succéder à Jeannin mais devra toutefois guérir une blessure à l'épaule avant d'endosser le chandail "bianconero".

Les grandes manœuvres estivales du Lugano de John Sletvoll ne faisaient que commencer. En guise de hors d'œuvre, le transfert retentissant d'un des meilleurs compteurs de la ligue, Hnat Domenichelli (arraché au rival ancestral d'Ambrì), ouvrait les appétits. Suivront ensuite l'Américain John Pohl, un buteur qui s'ignore, le Norvégien Patrick Thoresen, en rupture de NHL depuis son transfert à Philadelphie. Et surtout un certain Petteri Nummelin, dont le retour, après deux saisons au Minnesota, fait renaître les espoirs d'une saison sans fausses notes. La dernière remontant au sacre de 2006, pour ce qui était la dernière conquête du génial défenseur offensif finlandais !

Au contraire d'Anson Carter, qui ne rentabilisa pas grand-chose l'hiver dernier, Nummelin est une valeur sûre qui dopera à coup sûr le jeu de puissance et renforcera aussi le moral d'Aebischer et d'une défensive toujours patronnée par Julien Vauclair. Il faudra pour cela qu'Aebischer se refasse la cerise après une saison délicate et que les blessures épargnent les Steve Hirschi et autres Kevin Romy. La dimension physique, elle, sera bien présente avec le rugueux Timo Helbling, le vétéran Thierry Paterlini et le col-bleu maison, Andy Näser.

Aucun étranger n'aura donc survécu au fiasco qui éloigna Lugano des play-offs pour mieux l'enfoncer en play-out. Et vu le recrutement princier des bianconeri, qui ajoutèrent aussi un certain Randy Robitaille (Ottawa, NHL) à leur arsenal offensif cinq étoiles, Lugano a tout pour redevenir "Il grande"...

 

Que les cadors se renforcent ou non, Davos aura toujours son mot à dire. Il faut dire que l'expérience collective des Grisons, sans égal en LNA, leur confère un avantage notable sur certains concurrents puisque les automatismes tournent ici à plein régime. Le trio Alexandre Daigle - Reto von Arx - Michel Riesen, une combinaison gagnante depuis maintenant deux ans, a les épaules suffisamment solide pour concurrencer n'importe quelle ligne de parade. Une "Czech connection" semble en revanche se dessiner sur le deuxième trio avec Petr Sykora, le parfait homonyme de l'attaquant de Pittsburgh. Cette gâchette d'Extraliga tchèque devra toutefois récupérer de son opération estivale et pourrait s'associer aux camarades Josef Marha et Petr Taticek, deux polyvalents patentés.

Cette rigueur est une condition sine qua non pour faire son trou dans l'organisation du passionné et fidèle Arno Del Curto (12 ans au club), où les intenables Andres Ambühl et Peter Guggisberg performent comme en équipe nationale. D'autres bons calibres nationaux complèteront les rotations du HCD, du précieux Sandro Rizzi au jeune Dino Wieser en passant par un Dario Bürgler en pleine progression. Sven Helfenstein, acquis l'an passé de Rapperswil en retour de Loïc Burkhalter, et le Canado-Suisse Robin Leblanc, célèbre pour avoir scoré l'ultime but de la finale de 2007, sont d'autres alternatives. L'essai concluant du vétéran Patric Della Rossa (ex-Bâle) rajoutera quant à lui une densité bienvenue en vue des futures joutes printanières.

Si abondance de bien ne nuit pas aux avant-postes, la sûreté est aussi de mise pour couvrir les arrières d'un Leonardo Genoni ayant fait ses preuves l'an passé. Sa doublure, l'immense Reto Berra, restant une solution intéressante en cas de coup dur. La perte du Finlandais Janne Niinimaa est relativisée par la complémentarité des troupes, où le métier du capitaine Marc Gianola et du défensif Jan von Arx s'ajoute à l'application des Florian Blatter, Pascal Müller, Andreas Furrer et du physique Lukas Gerber (ex-Bâle). L'émergence attendue du jeune Lukas Stoop se greffe à noyau dur qui saurait à lui seul écarter tout pessimisme.

 

Meunier passe à l'est

 

Finaliste malheureux l'an passé face à Zurich, Genève-Servette a peut-être laissé sa chance. Car entre-temps, on l'a vu, les poids lourds jadis déchus n'auront pas manqué de réarmer...

Toutefois Chris McSorley aura observé des pertes minimales à l'intersaison, préservant l'essentiel de son ossature et tous ses leaders. Du gardien Gianluca Mona au blueliner Goran Bezina. En passant par Serge Aubin et Juraj Kolnik, les deux pointures d'une attaque diversifiée autour du vétéran Igor Fedulov, du robuste international Thomas Déruns et du polyvalent Jean-Pierre Vigier. L'éclosion prochaine du jeune Jérémy Gailland donne encore davantage de relief à cette profondeur de banc, d'où émerge également les Paul Savary, Florian Conz et autres Daniel Rubin (ex-Bâle).

Aussi l'arrivée du rapide ailier finlandais Tony Salmelainen (Lokomotiv Yaroslavl, RUS) compense-t-elle la perte de Kirby Law, attiré par les roubles de la nouvelle ligue continentale russe (KHL). Pour ce dernier, tout comme pour Laurent Meunier d'ailleurs, la KHL était une nouveau défi à relever. Née en grande pompes sur les cendres de la Superliga russe, la nouvelle ligue majeure du hockey européen est richement dotée et aspire à faire de l'ombre à la NHL. Law parti à Nijnekamsk (Russie), Meunier à quant à lui choisi le challenge offert par le Dynamo de Minsk, seul représentant biélorusse de la puissante ligue eurasienne.

Le Français n'y sera pas dépaysé par la perspective d'une concurrence acharnée, qu'il connut durant ses deux années au bord du Léman. Une situation qui forgea son caractère et lui donna une toute autre dimension, décisive sur la scène internationale. Mais pour l'instant, il doit ronger son frein en revenant d'une blessure au coude, et cela pourrait signifier - comme l'an passé quand il était encore à Genève - un prêt à Lausanne à la place d'un étranger blessé (Tremblay). L'esprit de compétiteur de Meunier, ses "trois poumons" et sa détermination manqueront à coup sûr aux fidèles des Vernets. Privant également Chris McSorley (qui souhaitait évidemment le conserver) de son joker préféré ! Le système-maison, alliant homogénéité, dynamisme et responsabilisation, ne s'en trouvera toutefois pas affecté puisque ce diable de McSorley possèdera un nouvel atout dans ses manches avec le centre canadien Byron Ritchie (Vancouver, NHL) !

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la belle mécanique de l'an passé n'a pas été altérée, en témoignent le gain des Hockeyades et les succès de prestige sur trois clubs russes, dont le CSKA Moscou de Slava Bykov. En fait, seul le nouveau chandail, d'un design pour le moins épuré (novateur diront ses concepteurs, qui y ont de surcroît effacé l'aigle emblématique), avait de quoi tracasser les partisans !

 

Club formateur devant l'éternel, Kloten mise traditionnellement sur la jeunesse. Cette nouvelle saison ne dérogera pas à la règle puisque les jeunes loups auront encore les dents longues. En s'appuyant sur le nouvel international Roman Wick, en passe de devenir un cadre en sélection nationale, les Aviateurs pourront miser sur le savoir-faire des Marcel Jenni, Michael Liniger, Sven Lindemann et autres Frédéric Rothen pour encadrer la relève. On pense notamment à Arnaud Jacquemet, grand espoir romand rentré au pays après deux ans passés dans l'ouest canadien. Le patineur Damien Brunner et le robuste Viktor Stancescu ayant déjà fait leurs preuves dans le circuit offensif.

Si l'on peut craindre que la perte de l'ancien capitaine Romano Lemm ne dérègle le collectif bien huilé d'Anders Eldebrink, la perspective d'un duo finlandais aux avant-postes peut soulager le technicien suédois. On le serait à moins vu le rendement métronomique du redoutable Kimmo Rintanen, à qui se greffera un Tommi Santala qu'il croisa au tout début de sa carrière au Jokerit Helsinki. Avant que Santala ne fasse son trou, notamment en SM-liiga !

Le métier du NHLer Curtis Brown, un spécialiste des missions défensives du côté de San José, sera requis dans les deux sens et complétera l'expérience du gardien-vétéran Ronnie Rüeger. Lequel composera avec une arrière-garde couverte par le défensif Benjamin Winkler (Davos) et le dominant Radek Hamr. Plus qu'un compagnon de glaçon, le Tchèque reste une remarquable référence pour Patrik von Gunten, qui pourrait cette année franchir un palier le menant à des championnats du monde à domicile au printemps 2009. Une perspective pas encore d'actualité pour les jeunes Marc Welti et Marc Schulthess alors que Julien Bonnet (Genève-Servette) quittera pour la première fois de sa carrière le contexte romand.

La plus importante évolution a eu lieu en coulisses. Le président-mécène Peter Bossert, qui avait sauvé le club il y a sept ans au moment de la faillite de la Swissair, a cédé la majorité du capital à un nouvel investisseur, Jürg Bircher, qui injecte de l'argent et veut permettre à Kloten de rivaliser bientôt avec les grands.

 

Une page se tourne à Zoug avec le départ de Sean Simpson, en même temps que s'ouvre l'ère Doug Shedden. Venu de l'équipe nationale finlandaise, le Canadien ne craint rien et surtout pas les attentes générées par la succession du coach champion de Suisse en 1998. La nouvelle mouture de l'EVZ joindra encore expérience et jeunesse à des postes stratégiques. Les clés de l'attaque restent ainsi propriétés du centre canadien Dale McTavish, un routier de référence en LNA, et du légendaire Paul Di Pietro, auxquels s'ajoute un Josh Holden (Langnau) étincelant l'an passé. De quoi voir venir si l'on rajoute l'international Patrick Fischer, un Duri Camichel remis d'une blessure l'ayant écarté des derniers playoffs, le toujours efficace Björn Christen et l'émergent Jannick Steinmann, appelé à développer son potentiel.

Pareilles attentes furent surmontées l'an passé par le jeune international Rafael Diaz, qui côtoiera à l'arrière les Canadiens Jay Harrison (Toronto Marlies, AHL) et Micki DuPont (Peoria, AHL). Ce dernier connaît bien l'Europe pour avoir déjà patiné en Allemagne et son instinct offensif sera plus qu'utile pour supplanter le jeune retraité américain Barry Richter, un spécialiste du jeu de puissance. Pour le reste, l'expérience conjointe du vieux briscard Patrick Sutter, du défensif Michael Kress et du sniper Dominic Meier aidera Lars Weibel a rester une assurance tous risques devant le filet et l'homogénéité des troupes leur confère un légitime statut d'outsider.

Pour la petite histoire, Zoug participa, avec Viège, au match en altitude (3 883 m) le plus haut de l'histoire. Les environs proches du Cervin furent donc le théâtre d'une improbable rencontre, qui se solda par un gain zougois dans une surface de jeu trop étroite, et inédite de surcroît, pour dépasser la sympathique anecdote.

 

Fribourg-Gottéron, pour confirmer

 

Les Dragons de Fribourg-Gottéron en ont fini avec les années de vaches maigres. Du moins, ils l'espèrent en fructifiant leur étonnante transformation observée au printemps passé, où leur antre Saint-Léonard retrouva une ivresse qu'elle croyait à jamais oubliée. Les conséquences sont nombreuses puisque leurs liquidités (et donc leur cote, toutes deux désuètes sur le marché helvète) ont repris des couleurs et leur permet désormais de retrouver une attractivité oubliée. Ainsi Serge Pelletier peut se satisfaire d'avoir pu conserver son joyau Julien Sprunger.

Le jeune ailier international a tapé dans l'œil des recruteurs lors d'un printemps suscitant des envies d'Amérique. Néanmoins Sprunger, conscient de ses capacités actuelles, a sagement ajourné son transfert outre-Atlantique, bien décidé à emmagasiner un maximum d'expérience au sein d'un contingent emprunt d'une nouvelle notoriété. Valentin Wirz, autre international confirmé, est ainsi revenu de Lugano en compagnie d'un certain Sandy Jeannin.

L'attaque, déjà bien fournie, pourra en outre compter sur ses tauliers habituels (Caryl Neuenschwander et Benny Plüss, sans oublier le légendaire Gil Montandon) et son petit prince, le centre Andrej Bykov. Ce dernier, fils de qui vous savez, monte en puissance au fil des ans et pourrait troubler la hiérarchie. On demandera toutefois à Marc Chouinard davantage de régularité offensive, chose fatale au Finlandais Antti Laaksonen, non conservé. Faute d'avoir pu s'imposer comme joker à Berne, Mark Mowers s'en revient dans un club qu'il fréquenta lors du lock-out de 2004/05.

Les perspectives fribourgeoises dépendront également des productions de Sébastien Caron devant le filet. Souvent brillant et fréquemment décisif, le Canadien sera encore un atout-maître du jeu romand, au même titre que l'international Michael Ngoy, le jeune (mais expérimenté) Philippe Seydoux ou le robuste défenseur canadien Shawn Heins, qui a lui aussi fait ses preuves depuis maintenant deux saisons et demies. Le polyvalent Franco Collenberg (ex-Bâle), assisté des Alain Reist, Alain Birbaum et autres Marc Abplanalp travaillera dans l'ombre. Un rôle qui convient parfaitement au double-passeport Mike Knoepfli, venu de Lugano bonifier le repli.

 

C'est sur une ultime saison à Rapperswil-Jona que Mariusz Czerkawski, monument du hockey polonais, a pris sa retraite. De quoi libérer l'enveloppe budgétaire suffisante pour que Christian Berglund, le solide ailier suédois de Berne, consente à un retour chez les Lakers. Avec la vista du centre canadien Stacy Roest, le leadership offensif se voit déjà assuré dans un contexte plus scandinave que jamais.

Les Saint-Gallois seront donc empreints d'un Morgan Samuelsson confirmé à la barre. Le Suédois a donc prolongé l'ailier Niklas Nordgren et remplacé le défenseur finlandais Tom Koivisto par le rugueux Sanny Lindström (Timrå). Un solide argument pour diriger une défense articulée autour des Noël Guyaz, Gaétan Voisard, Marc Schefer et des internationaux occasionnels Patrick Fischer et Cyrill Geyer. L'ex-Chamoniard Marco Streit, s'il voit pointer la concurrence de Marc Klingler, débutera comme titulaire.

Samuelsson sait bien qu'il faudra une rigueur toute nordique pour troubler les cartes. Si le Finlandais Niki Sirén, l'ex-Bernois Raeto Raffainer et Sébastien Reuille sont de précieux joueurs d'équipes, le puissant Loïc Burkhalter risque de s'affirmer comme une autre option offensive de poids. Le retour d'Antonio Rizzello (Fribourg-Gottéron) se veut symbolique alors que les venues des Bâlois Sandro Tschuor et Stefan Voegele, qui ont eux fait leur trou dans un registre défensif, s'inscrivent dans la veine de l'emblématique Markus Bütler ou du tonique Stefan Hürlimann.

 

C'est la fin d'un beau chapitre en Léventine avec le départ de l'emblématique Hnat Domenichelli vers Lugano. Une migration dictée par la reconstruction du grand rival cantonal, qui ne facilite pas celle d'un Ambrì-Piotta en perpétuelle transition. Dans ce contexte, la re-signature du top-scoreur Erik Westrum est déjà une victoire vu les incessantes convoitises venues de l'étranger. Conquis par la ferveur de la Valascia, l'Américain, devenu une valeur sûre de la ligue, pourra montrer la voie à son compatriote Noah Clarke (Lowell, AHL) et compter sur l'appui du Canadien Martin Sonnenberg, précieux l'an passé lorsque Domenichelli se blessa.

Pour le reste, les "biancoblù" surveilleront les progressions conjointes des internationaux juniors Daniele Marghitola et Grégory Sciaroni, clairement surveillés. L'Américain John Harrington, qui participa au "Miracle sur glace" de 1980, est fraîchement nommé à la tête de ce club villageois très atypique. Sans espérer un autre miracle, il aura pourtant une marge de manœuvre restreinte mais misera toujours sur l'émergent Thomas Bäumle, qui s'affirme comme un sérieux candidat au filet de la Nati. Avec les Bâlois Ralf Bundi et Jakub Horak, la défense, pilotée par l'Américain Nick Naumenko et le solide Zdenek Kutlak, sera solidifiée. L'attaque, elle sera renforcée physiquement par le grand gabarit d'un autre Bâlois en vadrouille, Julian Walker, et par la polyvalence du Canado-Suisse Mirko Murovic (ex-ZSC Lions). Quant à Paolo Duca, l'un des cols-bleus les plus efficaces de LNA, il sera encore le poumon d'une Valascia en quête d'effervescence.

 

Passé tout près des premiers playoffs de son histoire, Langnau mise sur la stabilité dans l'espoir d'à nouveau troubler les cartes. Il faudra certes se passer du buteur canadien Josh Holden, parti à Zoug, mais restent les passes du centre Jeff Toms. Du moins, lorsque le Canadien, présentement blessé aux adducteurs, fera son retour au jeu.

D'ici là, les Tigres ont manqué de faire appel à un vieux lion, Patrick Lebeau, pour assurer l'intérim. L'ex-vedette offensive de Francfort, qui avait tourné le dos à la DEL pour tenter l'impossible (à savoir trouver un dernier contrat en NHL à près de 38 ans), n'a toutefois pas réussi à convaincre une formation du circuit helvète. Langnau se rabattant sur le Suédois Håkan Bogg (Mora, Elitserien)...

Mais la force des SCL Tigers, c'est surtout la complémentarité de ses cadres nationaux. Le puissant attaquant Matthias Joggi frappe à la porte de la Nati alors que Fabian Sutter reste une solide option offensive des blocs subalternes. Daniel Steiner, lui, s'en revient avec son instinct de buteur dans son club formateur en compagnie d'un besogneux, le centre bâlois Andreas Camenzind. Les frères Moggi et le vétéran zurichois Michel Zeiter complétant l'essentiel des rotations. De quoi soulager les nouveaux mercenaires, un Martin Kariya enfin décidé à signer en Suisse après ses atermoiements de NHL et l'Autrichien Oliver Setzinger, dont la vitesse pourrait faire merveille.

L'autre gage de sûreté des Bernois, c'est également leur jeu défensif malgré l'année sabbatique prise par Simon Lüthi. Le néo-international, à la santé fragile, a donc fait l'impasse sur cette saison. Tout le contraire d'un Martin Stettler en prise de responsabilités croissantes aux-côtés du Canadien Curtis Murphy. Eric Blum côtoyant le vétéran Marco Bayer et les nouveaux arrivants Allan Tallarini (Ambrì), Joël Fröhlicher (Bienne) et Sandro Gmür (Rapperswil) complétant la garde rapprochée du cerbère Matthias Schoder. Et s'ils abandonnèrent leur clinquante tenue tigrée (!) en préparation, les Emmentalois risquent de faire grincer quelques dents aux abords de leur antique Ilfis-Halle

 

Bienne veut bien faire

 

Bienne, dominant à l'étage inférieur, doit se réadapter à une LNA qu'il n'a plus côtoyée depuis treize ans. Au vu du début de saison, cela semble bien parti pour que les hommes d'Heinz Ehlers fassent mieux que Bâle. Le visage du néo-promu n'a guère changé avec une ossature globalement préservée. Hormis le départ du pointeur canadien Alexandre Tremblay et d'Alain Miéville vers Lausanne, les fidèles de la première heure seront de la partie, de Mathieu Tschantré à Mauro Beccarelli en passant par Emanuel Peter. L'ex-Bâlois Stefan Tschannen tentera pour sa part de relancer une carrière en LNA compromise par deux saisons sans relief à l'instar d'un Gianni Ehrensperger barré à Kloten et cédé l'an passé dans le Seeland. Un autre artisan de la promotion, le sulfureux (mais talentueux) Marco Truttmann, fera pour sa part ses grands débuts en LNA.

Mais pour tenir son rang, Bienne dût agrémenter cette solide ossature offensive de quelques spécialistes du circuit. Comme le robuste Thomas Nüssli (Bâle), au potentiel certain mais dont la carrière a été freinée par des blessures récurrentes. Sans oublier le défenseur-vétéran Martin Steinegger (Berne), finalement bienheureux de ne pas terminer sa glorieuse carrière en LNB, dans son club formateur ! La blessure d'un autre nouvel arrivant, l'instable Claudio Neff, subitement devenu indésirable à Langnau (où il s'était pourtant enfin fixé, loin de son bercail davosien), sur la touche pour trois mois. Un coup dur nécessitant l'embauche d'un cinquième étranger, l'Italo-Canadien Rico Fata, bien connu du côté de Mannheim.

Si Marko Tuomainen, le mercenaire le plus complet du circuit en LNB, a déjà fréquenté ces eaux-là avec Lausanne et Langnau, Eric Himelfarb, lui, n'a connu que le LHC l'an passé. Il n'en va pas de même pour l'ailier canadien David Ling, un goon repenti devenu fatigué des ligues mineures et déjà vu dans deux clubs d'élite moscovites. Mais surtout Sean Hill. Le vétéran aux dix-huit saisons de NHL, dernièrement au Minnesota, s'ajoutera aux grognards Jörg Reber et Serge Meyer pour tenir dans sa canne une petite partie des destinées biennoises.

Cette expérience fera toutefois défaut à une autre pièce-maîtresse, le gardien Marco Wegmüller. L'ex-Bernois, inexpérimenté à ce niveau, sera adjoint d'un autre "bleu", Pascal Caminada, et devra être à la hauteur pour que le collectif solidaire des Bernois, qui fit leur force, puisse se transposer en LNA.

 

 

Les clubs de LNB

 

Bienne enfin promu en LNA, le terrain semble dégagé pour Lausanne et La Chaux-de-Fonds, promis à la meilleure part du gâteau. C'est d'autant plus légitime pour un HCC disposant sans conteste d'un équilibre collectif sans égal dans l'antichambre. Porté par Jonathan Roy et Dominic Forget, les deux avants canadiens aussi complémentaires qu'efficace, le club des Mélèzes dispose donc d'un contingent alliant solidité, expérience et jeunesse.

Un cocktail qui a fait ses preuves l'an passé, avec des leaders fiables dans tous les secteurs. L'inusable Valeri Chiriaev a encore de beaux jours devant lui, accompagné du capitaine Alexis Vacheron et d'une poignée d'autres vétérans, comme le buteur Michael Neininger ou le lutin Régis Fuchs, sortant de deux saisons difficiles chez le cancre bâlois. Pourvu en outre d'un duo infaillible devant le filet, avec le prometteur Antoine Todeschini (révélé l'an passé) en soutien de l'expérimenté Sébastien Kohler, la troupe de Gary Sheehan a toutes les cartes en main pour succéder à Bienne. Dans ce contexte, l'épanouissement d'Antoine Lussier se confirme alors que la robustesse de Johann Morant (Mont-Blanc) devrait s'y avérer complémentaire.

 

L'autre favori, Lausanne, n'a pour sa part aucunement lésiné sur les moyens pour bâtir son armada. Sur le papier, une fois encore, le LHC aura fière allure avec un solide tandem Michael Tobler - Raffael Walter (Lugano) devant le filet, une défense équilibrée et un vrai potentiel offensif. Si le Canadien Cory Becker a promis de s'assagir, l'autre mercenaire, Alexandre Tremblay, est venu de Bienne avec Alain Miéville pour rééditer l'exploit seelandais.

Avec le très prometteur Jérémy Gailland, promis sous peu à la LNA (Genève-Servette et Chris McSorley l'ont sur leurs tablettes), les combatifs Thomas Rüfenacht, Silvan Lüssy et Julien Staudenmann, les Vaudois tiennent de véritables références à ce niveau. Encore fallait-il trouver le bon instructeur. Dany Gélinas, qui a fait des merveilles à Ajoie, semble tout désigné pour ne pas imiter ses prédécesseurs Paulin Bordeleau, Heikki Leime et Kevin Ryan, tous victimes du syndrome de Malley.

 

Ajoie, justement, devra avant tout digérer la perte de Gélinas pour confirmer ses nouvelles dispositions. Parfait bizuth en Helvétie, le Canadien Réal Paiement (Saint John's, LHJMQ) compte toutefois sur son expérience du junior majeur canadien et sur une troupe alliant homogénéité à tous les étages.

L'explosif James Desmarais et l'emblématique Stéphane Roy n'ont pas leur pareil pour assurer la production offensive alors que les nationaux savent eux-aussi assumer leur part de responsabilités. Et il faudra tout autant de rigueur à l'arrière Nicolas Studer (Bâle), perdu dans le marasme rhénan, pour succéder à Adrian Trunz, parti consolider la défense lausannoise. La paire de gardiens Simo Pfister - Simon Rytz a quant à elle donné l'an passé de solides gages de sécurité dans les cages malgré son inexpérience.

 

Sierre entend pour sa part retrouver les sommets, ce qui paraît naturel dans ce coin-là du Valais, qui rêve toujours secrètement à son impossible promotion. Fort d'une ambition retrouvée après une année galère, le HCS a retrouvé des couleurs en s'agitant le marché des transferts, ramenant de beaux poissons dans ses filets. Entre un Kevin Lötscher désireux de se relancer après une saison difficile à Lausanne et l'expérimenté baroudeur Omar Tognini, Sierre tient là deux vrais atouts offensifs. L'Ukraino-Suisse Oleg Siritsa, lui, retrouvera à Graben des responsabilités offensives qu'il n'avait pas en LNA à Ambrì.

Quant à Ronny Keller (Thurgovie), il espère trouver la santé pour encadrer une défense déjà bien fournie par Philippe Faust, Michel Kamber (Neuchâtel), Pascal Lamprecht et même le jeune Michael Jenni. Sans oublier l'inévitable Derek Cormier, tête pensante d'une attaque qu'il mène avec Lee Jinman. Bref, Bruno Aegerter, après une saison noire dans l'enfer martignerain, a plus d'un atout dans sa manche pour relancer les Sang et Or.

 

Derrière ce quatuor, les outsiders sont à l'affût. Viège, tenant de nouveaux étrangers avec l'expérimenté Steve Brulé (Coire) et le centre américain Jason Guerriero (Milwaukee, AHL), devrait assumer son habituelle constance. La défense comptera toujours sur le solide Beat Heldstab pour stabiliser le filet du jeune Fabien Hecquet alors que les Tomas Plana (La Chaux-de-Fonds) et autres Luca Triulzi savent tenir la cadence offensive.

 

Langenthal, avec Kevin Ryan, misera surtout sur l'apport du vétéran Steve Larouche et de son nouveau complice Marco Charpentier (Chiefs de Saint-Jean, LNAH), compteur prolifique dans le circuit semi-pro québécois. Olten, pour sa part, comptera énormément sur l'instinct offensif de Pierre-Luc Sleigher (Martigny). L'ex-Briançonnais, adjoint du rapide Sami Kaartinen, mènera une formation soleuroise pas avare d'arguments offensifs. Il serait également surprenant que la jeune garde des GCK Lions ne soit pas le trouble-fête attitré de la division. Le centre canadien Blaine Down (Herning, DAN), dominant en Serie A italienne et en élite danoise, devrait donc emporter dans son sillage une relève zurichoise toujours prometteuse.

 

Thurgovie, sans son taulier Félix Burgener (puisque les droits du club ont été rachetés par Weinfelden, voisin cantonal de 1re ligue qui lorgnait sur la LNB à court terme), misera sur un contingent largement recomposé et sur deux paris étrangers.

L'offensif Armin Helfer (Innsruck, AUT), défenseur de référence du hockey transalpin, s'amène comme mercenaire aux côtés de l'attaquant Greg Hogeboom, que Viège n'a pas conservé. Le métier de Rolf Schrepfer, un vieux loup de la LNA, ne sera donc pas de refus pour le coach italien Erwin Kostner (Bellinzona), venu des divisons inférieures pour découvrir la LNB.

 

Re-découvrir cet environnement, c'est toute l'ampleur de la tâche qui attend Bâle. Les Rhénans on perdu toute crédibilité en LNA et retrouvent une antichambre qu'ils survolaient jadis. Des temps lointains puisque, aujourd'hui transformé en farm-team, Bâle s'apprête à connaître le ventre-mou de la division.

Avec le seul Markus Wüthrich comme rescapé, le relégué est passé à l'heure finlandaise avec la paire Patrik Westerback (Thurgovie) - Pete Suonpää (Furuset, Norvège), bientôt rejointe par le vétéran Pasi Tuominen (Espoo Blues, SM-liiga). Kari Rauhanen, le nouvel entraîneur, drivera donc une formation très juvénile, parrainée par Lugano (retrait de Coire oblige) et sans grandes certitudes. La jeune garde rhénane reste pourtant capable de quelques coups ponctuels.

 

L'autre équipe-réserve de fond de grille, les Young Sprinters de Neuchâtel espèrent un jour décoller des profondeurs du classement. Dérivant tout l'hiver passé pour un piètre retour en LNB, le club de Neuchâtel, en plus d'avoir changé blason, couleurs et appellation (Young Sprinters HC devenant le nom officiel), dispose d'en troupe également très jeune.

Malgré l'appui de Berne et Fribourg-Gottéron (qui fournissent tous deux l'essentiel des forces) et les promesses de Damiano Ciaccio devant le filet, les play-offs restent difficilement envisageables au Littoral. La paire tchèque Radek Dlouhy - Pavel Vostrak (tous deux venus du Kometa Brno, en 1.liga) n'apportant pas plus de crédibilité au club dirigé par un de leurs compatriotes, Mirek Hybler.

 

Avec les retraits conjugués de Martigny et Coire, la LNB ne se renouvellera certes pas avec Bâle, mais retrouve une compétitivité accrue pour la convoitée place de barragiste. Dans ce concert, la sélection nationale des moins de 20 ans fera encore de la figuration une fois par semaine.

Jérémie Dubief

 

 

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