Neuilly-sur-Marne, l'aventure sans l'infrastructure

 

La dernière fois qu'un club francilien a évolué au plus haut niveau, c'était Viry-Châtillon en 2001/02. Cette saison-là, Neuilly-sur-Marne était... champion de division 3. Le club de Seine-Saint-Denis n'avait alors aucun passé notable si ce n'est une saison et demie en D2 à la fin des années 80.

Une infrastructure anachronique

De l'eau a coulé sous les ponts. En six ans, les Bisons ont franchi trois marches, chacune plus haute que la précédente. Peu auraient cru l'entraîneur Jérôme Pourtanel capable de transformer peu à peu ce qui était une bande de potes en un effectif aux allures plus professionnelles. Le conseil général du 93 a accompagné la progression de ce qui constitue un de ses rares fleurons de haut niveau dans le sport (avec le football américain à la Courneuve). Mais l'infrastructure n'a pas suivi aussi rapidement.

La patinoire de Neuilly-sur-Marne est restée au niveau D3. Même en la comparant au contexte déjà peu reluisant de l'Île-de-France, elle constitue le bas du panier. Cette enceinte, qui fête cette année ses 35 ans, laissait déjà sceptique en D2, et elle faisait franchement pitié en D1. Autant dire qu'elle est totalement anachronique pour la Ligue Magnus... Le club a des projets, y compris vis-à-vis du futur Centre Fédéral pour lequel le département de Seine-Saint-Denis fait partie des candidats via le site de la plaine de la Courneuve, mais il a rapidement été clair que les plexis ne s'installeraient pas par miracle dès cet été. La durée des procédures d'appels d'offre publiques ne l'aurait pas permis. Seuls quelques travaux cosmétiques ont été réalisés durant l'intersaison, notamment du côté de la table de marque. Pour le reste et en particulier les plexis, on en reste à l'intention affichée par la ville d'effectuer les travaux en 2009.

Les équipes de l'élite française vont donc devoir s'habituer à ce que les palets errent le long de ces fameux filets en fond de zone, quitte à ce qu'ils y disparaissent pour des arrêts de jeu qui nuisent au rythme, ou qu'ils reviennent dans le jeu par des rebonds parfois curieux avec l'aide des supports. Et comme le maillage fait désormais le tour de la patinoire, le public, qui bénéficiait il y a quelques années de la proximité de l'action, a depuis deux ans la vision particulièrement gênée par le filet de protection.

La disponibilité de la glace est aussi limitée dans la patinoire municipale. La séance publique du samedi soir oblige par ailleurs les matches à se tenir dès 18h15, ce qui n'a rien de nouveau en Ligue Magnus puisque c'est aussi le cas en Alsace. Par contre, la glace est aussi réservée au public le mardi soir, traditionnel jour de hockey dans l'élite française. Ses matches en semaine à domicile, Neuilly-sur-Marne devra donc les jouer le mercredi, en décalage par rapport aux autres.

Une étoile partie en fumée...

En dépit de ces conditions de jeu précaires voire épouvantables, c'est sur la glace que les Bisons veulent prouver qu'ils ont leur place en Ligue Magnus. Leur montée n'a pas à être remise en cause, elle a été brillamment obtenue sur la glace, avec deux artisans principaux, Martin Gascon et Garret Larson.

Comme on le pressentait, Martin Gascon est devenu le meneur de jeu nocéen la saison dernière, une bonne affaire à 18000 euros. Petit gabarit et excellent passeur, le centre canadien a eu le dynamisme escompté et s'est imposé comme le joueur-vedette et le meilleur marqueur de la division 1. Lorsque celui qui devait lui servir de collègue, l'attaquant d'ECHL Joel Irving, il s'était désisté avant la saison mais avait permis de recruter Garrett Larson à sa place. Le nouveau venu s'est montré rapide et déterminé devant la cage. Tout le problème de l'intersaison consistait donc à conserver ce duo de choc. Et les sirènes amiénoises n'ont finalement pas été les plus menaçantes. D'autres facteurs extérieurs sont venus s'en mêler.

Initialement, tout concourait à un départ de Larson. L'Américain, ne parlant pas français, ne se sentait vraiment à son aise que dans les séances matinales entre étrangers. Avec l'ensemble de l'équipe, dont certains joueurs pris par leurs obligations professionnelles qui arrivaient à peine cinq minutes avant l'heure, les entraînements le convainquaient moins. S'ajoutait à cela le désir de rester auprès de sa compagne retenue aux États-Unis, sans compter une opération à l'épaule.

Le club avait en revanche eu comme priorité de conserver Martin Gascon. Un ex-coéquipier à lui à l'université de Dalhousie, l'attaquant de grand gabarit Jimmy Cuddihy, avait même été recruté. Tous les supporters des Bisons se réjouissaient d'avance de revoir Gascon, jusqu'à ce qu'ils apprennent à la reprise ce contrôle positif au cannabis, survenu après le match de la saison dernière à Reims, qui a valu à Gascon quatre mois de suspension à compter de fin août.

Le résultat, c'est que Martin Gascon ne pourra plus remonter sur une glace française avant la nouvelle année. Neuilly-sur-Marne a donc été contraint de revoir ses plans... partis en fumée. Adieu, chouchou Gascon... Adieu également, son ami Cuddihy... et re-bonjour Larson, celui qu'on espérait plus ! On attend lui la même efficacité mais aussi le même effort défensif qu'en D1, en priant pour que son épaule soit bien remise.

... une autre brille déjà

Celui qui devrait remplacer Gascon dans les cœurs nocéens est déjà tout trouvé. Un remplaçant encore plus petit, plus souvent ailier que centre, un vrai gabarit de poche nommé Francis Charette. Ils sont nombreux, les petits Québécois avec de bonnes mains et une intelligence de jeu, à avoir laissé de bons souvenirs en France. Charette ne devrait pas déroger à la règle. Quand on sait que son entraîneur à Longueuil, Pierre Petroni, a dit de lui à plusieurs reprises qu'il était le "meilleur joueur junior au Québec toutes ligues confondues", il y a de quoi avoir l'eau à la bouche.

Ce genre de déclarations grandiloquentes a de quoi étonner. S'il était si doué, que faisait-il en junior A et non en junior majeur ? En fait, il y a bel et bien joué, mais a quitté la LHJMQ par choix en janvier 2007 pour rétrograder dans le "triple A" québécois, ce qui doit être une décision extrêmement rare pour un joueur qui dépasse par un point par match de moyenne.

Pourquoi ce choix ? Après des débuts tonitruants en junior majeur, Charette commençait en effet à accumuler les ennuis : une blessure au genou, une commotion cérébrale et surtout une mononucléose qui s'est déclarée en février 2006 et qui l'a vidé de son énergie. En étant diminué par un tel mal, l'enchaînement des voyages, des matches et des entraînements devenait trop lourd à supporter. Après avoir dû batailler avec son club qui ne voulait pas se priver de son talent, Francis Charrette a donc préféré refermer la porte d'une LHJMQ qui ne présentait pas le même intérêt pour lui que pour ses collègues. Compte tenu de sa taille, il ne se faisait en effet aucune illusion sur ses chances dans le hockey professionnel nord-américain et ne cherchait donc pas à être drafté en NHL. Il avait déjà décidé qu'il poursuivrait sa carrière en Europe à la fin de ses années juniors. Au niveau junior A, évidemment, il a explosé tous les compteurs. Il a emmené le Collège Français de Longueuil jusqu'en finale en terminant deuxième meilleur marqueur des play-offs. Il a rempilé à l'intersaison, malgré deux nouvelles offres de LHJMQ, avant de partir de nouveau à mi-saison pour toucher ses premiers salaires de semi-pro en LNAH.

Entre-temps, il est vrai, un très bon ami avait quitté l'équipe de Longueuil : Joshua Boileau, parti pour la France. Un an plus tard, les deux hommes se retrouvent comme prévu à Neuilly-sur-Marne. Lorsque Charette sera sur la glace, jetez un coup d'œil aux arrières présents en même temps et vous aurez de grandes chances d'y trouver Boileau. Les adversaires qui auraient dans l'idée de s'en prendre au petit attaquant peuvent s'attendre à avoir aussitôt son "défenseur" - dans les deux sens du terme - sur le dos.

Ce qui ne veut pas dire que personne n'essaiera de le titiller. Si Charette était protégé en LNAH où les rôles sont compartimentés entre les bagarreurs qui se bagarrent et les joueurs qui jouent, il avait auparavant montré en junior une certaine perméabilité aux provocations que certains ne manqueront pas d'exploiter. Il a eu droit à un traitement de faveur des Dijonnais de Daniel Maric dès son premier match amical en France et a fini par sortir de ses gonds, ce qui était le but recherché.

Pour que Charette donne son plein rendement, il faudra attendre qu'il ait quelqu'un à alimenter. Cela sera bientôt le cas, avec Larson mais aussi avec l'ultime recrue T.J. Caig.

Ce blond Canadien est justement un chasseur de buts, décrit comme un phénomène depuis qu'il a égalé le record de buts de Paul Kariya (en plus de matches) avec son équipe junior de Penticton. Malheureusement, pour avoir été impliqué avec une formation junior majeur, T.J. Caig a été suspendu une année entière par la NCAA. Devoir passer un an en ne faisant que s'entraîner avec sa nouvelle équipe universitaire, cela a de quoi briser le rythme d'un joueur de 20 ans. Il a dû revenir au jeu en plein milieu d'une saison avec Minnesota-Duluth, avec une réputation à défendre. Il a alors réussi des débuts en fanfare, devenant l'étoile de l'équipe... qui s'est malheureusement éteinte petit à petit. À sa saison finale, dans une formation riche en joueurs de dernière année et pourtant déclinante, Caig a reculé au centre de la quatrième ligne et n'a plus inscrit qu'un seul but. Son dernier match universitaire, il l'a passé assis en tribune, puni. Après cette triste conclusion, ses chances de pro étaient devenues minimes. Seule destination possible : les Pays-Bas.

C'est à Nimègue qu'advint la résurrection de T.J. Caig, puisqu'il fut meilleur marqueur du championnat avec de la marge. Il obtint alors un poste en Oberliga avec Heilbronn, et dès son premier match officiel, un premier tour de coupe contre Hambourg, il a mis les défenseurs de DEL au martyre. Après cette démonstration face à des adversaires d'élite, on le présentait forcément comme la nouvelle star de la troisième division allemande. Il a connu une bonne saison de 42 buts, conclue par une montée, et a signé un net cran au-dessus, à Graz. Le championnat autrichien s'est révélé un trop gros morceau pour lui, et il a été viré après dix matches sans avoir trouvé une seule fois le chemin des filets. Retour à Heilbronn, en 2e Bundesliga cette fois, avec moins de succès puisqu'il n'a pas été repris.

Technique, rapide, travailleur même, Caig est surtout identifiable par son sens du but cyclique, parfois en panne, mais redoutable dans ses bonnes périodes. Neuilly espère tomber au bon moment. Attention, il est aussi connu pour des mauvais gestes passibles de suspension (notamment en play-offs lors de sa saison d'Oberliga). Or, comme pour Charette, les Bisons ne pourront pas se permettre d'être privés de l'un ou de l'autre.

Une attaque d'habitués

Le reste de l'attaque aura un visage assez familier. Deux joueurs ont toutefois raccroché les patins : Tomas Mysicka, marqueur très prolifique en D1 qui avait déjà connu l'aventure de l'élite avec Angers sans y convaincre, et le fidèle Pavol Svitana, qui a pu tirer sa révérence après une saison mieux remplie et moins perturbée par les hernies discales.

Son compère Milan Vastusko est en revanche toujours là. Ayant connu l'époque de la division 3, il est le plus ancien dans la cohorte slovaque qui a longtemps occupé les postes-clés de l'équipe. Autrefois, il était le pur buteur des Bisons, le "Vastugol", celui qui rodait à la bleue en attendant qu'on lui envoie le palet gagnant. Le niveau montant, la tactique est devenue moins primitive, et Vastusko accomplit aujourd'hui sa part de travail défensif.

L'autre survivant de la D3, Mickaël Goujot, ne peut pas accompagner le club à ce niveau. Il avait déjà été orienté vers la réserve depuis un an, comme le rude vétéran défensif Franck Legou. Ils ont finalement été présents l'an passé, mais sans beaucoup jouer. Thomas Appert a d'ailleurs connu le même sort et ne s'attendait sans doute pas à glisser sur le banc en signant à Neuilly.

À défaut de Legou, il y a tout de même un joueur formé au club qui connaîtra l'aventure de l'élite : Clément Rey. Avec un jeu suffisamment physique pour affronter les joutes de Magnus, il est l'évident chouchou des supporters nocéens. Le talent local de 20 ans avait figuré parmi les meilleurs marqueurs du championnat espoir élite avant de faire sa place chez les seniors. Autre joueur devenu un cadre durant les années de D1, le Normand Grégory Tarlé, qui a eu le privilège de finir la saison de la montée sur la ligne de Gascon et de Larson.

On pourrait inquiéter que l'attaque soit quasiment inchangée, mais ce serait oublier que, pour réussir à monter, Neuilly-sur-Marne a déjà préparé le terrain depuis quelques années en accueillant des joueurs avec l'expérience de l'élite. Benjamin Galmiche l'a connue avec Reims, Caen, Mulhouse et Gap. Jérôme Veret avait quant à lui évolué au plus haut niveau avec Viry, Chamonix, Angers et Brest avant de rejoindre son frère à Neuilly. Les deux Veret ont vécu la montée par procuration, ayant passé la majeure partie de la saison à l'infirmerie.

Quant à Benoît Paillet, il n'a longtemps connu que ça, l'élite, à Amiens puis à Tours, avant d'être purgé de l'ASGT en même temps que son trésorier de père en 2005 et de passer une saison en D3 et deux en D1. Il reste toujours un adepte du sale boulot, le premier à aller au charbon pour embêter l'adversaire, mais aussi pour se coucher devant un lancer quand c'est nécessaire, ce qui le rend précieux en infériorité.

L'expérience est présente, il restait donc à ajouter des jeunes ayant quelque chose à prouver. Ils sont nombreux, les joueurs franciliens, à être partis tous ensemble dans les grands clubs et à se retrouver sans perspective une fois arrivé en seniors. Le technique Pierre-Charles Hordelalay et le physique Yvan Fontana ont suivi des parcours un peu similaires, quittant tous deux Viry-Châtillon en cadets.

Hordelalay a été une des victimes de la politique sportive des Gothiques d'Amiens, parfois frileux à incorporer les juniors prometteurs à la place de leurs aînés parfois un peu trop indéboulonnables au goût des supporters. L'impatience de la jeunesse ne se satisfait guère de miettes de temps de jeu, et Hordelalay espère avoir trouvé chez le promu de quoi s'exprimer. Fontana, de trois ans plus âgé, a fait la même démarche il y a un an, et avait peut-être même trop attendu à Rouen avant d'accumuler de l'expérience plus concrète à Dijon.

L'assurance Immonen

C'est en défense que Neuilly-sur-Marne n'avait pas du tout le profil de Ligue Magnus. Non seulement cela a longtemps été le point faible de l'équipe, mais en plus la saison dernière a été rendue plus difficile par des tas de pépins, dont la blessure de Laurent Veret et le départ de Nick de Jong. La mésaventure la plus symbolique aura été celle de Tony Delage. Le Saint-Pierrais, après une décennie de division 1 (Nantes, Toulouse, Bordeaux en D2, Avignon) s'est retrouvé pour la première fois dans une équipe qui jouait le titre, mais n'a même pas pu participer à l'épopée, en se faisant une rupture des ligaments avant même que le championnat ne commence.

En pratique, les Bisons ont acquis leur promotion avec seulement quatre arrières - dont l'attaquant Ludovic Duranceau reconverti pour l'occasion - et le meilleur d'entre eux, Francis Ballet, élu dans l'équipe-type Hockey Archives de D1 par les entraîneurs, a fait ses valises pour le Mont-Blanc. Son compagnon de ligne Jérôme Wagner est toujours là. Il a pas mal bougé durant son hockey mineur (ACBB, Viry en cadets, Volants en juniors) mais n'a connu que Neuilly en senior, et il sera précieux puisqu'il est le seul qui tire de la droite. Joshua Boileau a servi d'éclaireur pour son ami Charette.

Il est évident que ces deux rescapés ne suffisaient pas. Il fallait en premier lieu un cadre stabilisateur. C'est fait avec le recrutement de Santeri Immonen, considéré comme un des meilleurs arrières de Ligue Magnus, même si la dernière saison n'a pas été sa meilleure. Ce gabarit relativement modeste a une grande palette de talents : son habileté technique défensive en un contre un, sa relance variée, son patinage élégant, son placement exemplaire, sa précision de lancer... Immonen est le leader idéal pour le promu, celui qui rassure.

Il manque tout de même une certaine dimension physique à cette défense. C'est ce qu'on est en droit d'attendre de Björn Willemse, qui fait partie des meubles en équipe nationale des Pays-Bas depuis qu'il a 19 ans. Il a passé toute sa carrière dans sa ville natale de Tilburg, mais son contrat avec les Trappers comportait une clause de départ pour l'Allemagne, l'Italie ou la France. Ce sont les Bisons qui lui ont fait une offre, pas échaudés par le récent précédent Nick de Jong, autre international néerlandais qui ne s'était pas adapté dans le quartier des Fauvettes et qui était reparti dans son pays. Les passages antérieurs de Björn Willemse dans l'Hexagone consistent en une assist chanceuse en Coupe Continentale à Grenoble et une charge genou contre genou qui avait blessé Erwan Pain au Tournoi du Mont-Blanc 2007. Lors des premières rencontres de préparation, il a montré qu'il disposait d'un bon potentiel physique, mais qu'il restait parfois un peu passif. Il devra être plus impliqué pour aider le promu dans son défi.

Le troisième recrutement défensif est en fait un retour. Originaire de Villemomble, ville frontalière de Neuilly à moins d'un kilomètre au nord de la patinoire, Alexis Birolini a grandi sur cette glace. L'international junior vient de passer quatre saisons à Amiens où il est devenu champion de France en cadet élite et en espoir élite, avec Hordelelay. Barré en élite pour les mêmes raisons que son camarade, Birolini vit cette montée en élite de son club d'origine comme une aubaine.

Deux gardiens et un espoir caché

Neuilly-sur-Marne s'appuiera dans les cages sur le même duo de gardiens. Un an après nous avoir annoncé qu'il quittait la Ligue Magnus pour préparer sa reconversion, Julien Figved y revient donc par la force des choses, auréolé d'une promotion acquise sur la glace. Il n'a pas connu une saison de tout repos derrière une défense réduite, et il a même pris quelques mauvais buts en demi-finale contre Montpellier, mais il a réussi les arrêts décisifs nécessaires lors de la finale face à Gap.

Son collègue Roman Svaty découvrira l'élite française à 33 ans. Cela vient sans doute un peu tard pour le gardien slovaque au style hérité de sa formation dans les années 80. Il y a quelques années, lorsqu'il était encore à Cergy, il était sans doute un des meilleurs gardiens dans les divisions inférieurs, mais il n'est pas renommé pour sa condition physique et n'est peut-être plus au même niveau. Il peut tout de même encore rendre de fiers services, car il y aura bien besoin de deux gardiens dans une saison qui s'annonce forcément difficile.

Aux entraînements, Figved et Svaty côtoient Mathias Horan, un gardien danois considéré dans son pays comme le meilleur espoir de sa génération à son poste. Que fait-il donc en France ? Né d'un père américain installé au Danemark, il a fait toutes ses classes à Rødovre, le meilleur club formateur de son pays, et a profité des championnats transfrontaliers pour devenir champion de Scanie - la région de Suède de l'autre côté du pont - avec son club danois. Il y a un an, cependant, sa mère a obtenu un poste à Paris et la famille a suivi. Horan s'est inscrit à la International School of Paris et a signé dans le club de la ville, les Français Volants, mais le niveau proposé lui a paru insuffisant. Il a contacté Courbevoie qui avait déjà ses gardiens et a ensuite atterri à Neuilly-sur-Marne, qui avait l'avantage d'avoir une équipe espoir élite (ce qui lui convient le mieux bien qu'il soit d'âge cadet). Ces espoirs se prenaient carton sur carton, mais faire face à cent tirs par match était plutôt positif pour le développement du gardien danois. Il a été repéré et contacté par Asnières, Bordeaux et Gap, mais il est retenu par l'école et ne veut surtout pas apparaître dans un championnat senior : cela risque de le qualifier comme "pro" et d'hypothéquer son éligibilité universitaire. Son plan de carrière est déjà tracé : une seconde année en France, un an en USHL puis la NCAA.

Selon l'entraîneur Jérôme Pourtanel, lui-même ancien gardien, "Horan a un bon potentiel, de là à en faire un Huet je pense qu'il y a une marge. En revanche c'est un gros travailleur, et c'est peut-être plus par le travail qu'il va devenir bon. Il est rapide mais pas encore assez compact avec son corps devant les lancers. Il faut également qu'il travaille mentalement, il est encore un peu tendre, au niveau junior en France il devrait plus s'imposer. Mais pour le contexte entre Neuilly, un Danois, nos juniors et les horaires d'entraînements, il a du mérite."

Reste à savoir ce qu'il va faire pendant cette seconde année parisienne. L'équipe espoir de Neuilly-sur-Marne avait déclaré forfait général avant la fin du dernier championnat, imitant les cadets excellence. Faute de beaucoup mieux dans la région, Horan va cependant rester pour continuer à profiter des deux entraînements par semaine avec l'équipe de Magnus.

Quels billets pour les filets ?

C'est en effet le paradoxe de Neuilly-sur-Marne : le club monte en Magnus juste au moment où son hockey mineur touche le fond. De la génération championne d'Île-de-France en poussin en 1999 et vice-championne en benjamin en 2002, il reste certes Clément Rey et Guillaume Leclancher, plus de quoi compléter une réserve de bon niveau en division 3. Mais les équipes de jeunes sont aujourd'hui à la peine, même au niveau régional. On cherche vainement les héritiers, et la dynamique des seniors ne semble pas avoir contaminé le reste du club.

Le HCNM 93 part donc de loin sur le plan des structures, et ce dans beaucoup de domaines. Il en est aux premiers efforts de communication, avec enfin un site internet opérationnel.

Jusqu'ici, il était un club francilien typique. Il y a peu de temps encore, la "billetterie" ressemblait à ce qui se pratique dans beaucoup de patinoires de la région. On ouvrait une porte dans un coin sur la façade près de la glace, et on disposait une table avec une petite caisse. Il fallait presque attirer l'attention du bénévole pour pouvoir payer.

En fin de saison dernière, l'ambitieux club de D1 avait déjà rendu le processus plus sérieux, avec entrée à l'arrière par la billetterie classique de la patinoire publique. Le défaut est que cet accès est peu visible et que le couloir y est très étroit. Le transfert de l'entrée sur la place du Marché, qui permettra d'ajouter un vestiaire au lieu de l'entrée actuelle, est d'ailleurs prévu dans le plan de rénovation de la municipalité.

Si l'emplacement de la billetterie ne changera pas dans l'immédiat, il restait à se doter d'un mode de vente mieux adapté. Les places seront désormais accessibles par les réseaux classiques et sur internet (ticketnet).

Oui, mais à quel prix ? Jusqu'ici, celui-ci était modeste, dimensionné au confort de la patinoire et aux infrastructures proposées. Le maintenir aurait signifié relativiser le spectacle de la Ligue Magnus et le présenter au rabais. Les tarifs vont donc monter, quitte à choquer les fidèles supporters habitués à leurs abonnements bradés (qui vont tripler pour atteindre 153 euros toutes compétitions confondues, pour plus de matches), quitte aussi à faire tousser certains spectateurs vis-à-vis du confort et de la visibilité - tout relatifs - de la patinoire. 9 euros, ce sera donc le prix de l'entrée, qui passera à 11 euros pour les matches de gala : les trois premiers du championnat Rouen, Briançon, Grenoble et... Amiens, pas forcément attendu dans le carré mais géographiquement proche et qui déplace pas mal de supporters.

Il s'agit du prix des places en gradins, sur lesquels il vaudra mieux s'installer en avance pour réserver la meilleure perspective - centrale - sur les filets. En plus des 450 places assises, 150 places debout (qui coûtent deux euros de moins) seront également disponibles les soirs de match. Cela rappelle que la configuration des lieux n'autorise pas non plus des prix très attractifs, car la capacité de la patinoire ne permet guère de toute manière d'attirer les foules. Un tarif réduit de 5 euros sera appliqué pour les étudiants et pour les licenciés en Ile-de-France, que les Bisons cherchent donc à attirer au-delà de leur club.

Fédérer autour de son équipe de Ligue Magnus malgré ses handicaps structurels, tel est le défi de Neuilly-sur-Marne.

Marc Branchu

 

P.S. : Larson, retenu aux États-Unis, a finalement signé en CHL avec les Mississippi RiverKings. Il sera avantageusement remplacé par le Canadien Terry Harrison (46 points en 43 matches l'an dernier à Fassa en série A italienne). Mais dans le même temps, Charette a quitté Neuilly-sur-Marne car les condition d'accueil ne lui plaisaient pas et est retourné en LNAH à Saint-Hyacinthe...

 

Départs : Svitana (arrêt, 7+13), Mysicka (arrêt, 12+22), Appert (4+5), Goujot (Évry, 0+0), Legou (arrêt, 0+0), Gascon (suspension, 35+54), Ballet (Mont-Blanc, 17+26).

Arrivées : Birolini (Amiens), Hordelalay (Amiens), Fontana (Dijon), Immonen (Morzine), Willemse (Tilburg, HOL), Charette (Saint-Jean, LNAH).

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2006/07   MJ   Min   Moy.  Pén
16 FIGVED Julien        05/03/1980  178  74  Briançon          Neuilly/M.  FRA-2   19  1137   3,32   4'
22 SVATY Roman          07/12/1974  180  82        (Slovaque)  Neuilly/M.  FRA-2   12   669   4,66   6'

Défenseurs

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2006/07   MJ   B   A Pts   Pén
61 BIROLINI Alexandre   25/12/1988  175  64  Neuilly/Marne     Amiens      FRA-1   17   0   0   0    2'
18 BOILEAU Joshua       14/11/1986  190  85        (Canadien)  Neuilly/M.  FRA-2   30   9  27  36   44'
37 IMMONEN Santeri      29/07/1972  174  75      (Finlandais)  Morzine     FRA-1   33   4  19  23   26'
 4 LECLANCHER Guillaume 25/04/1989           Neuilly/Marne     Neuilly/M.  FRA-2   20   0   0   0    6'
 3 VERET Laurent        21/10/1971  170  65  Paris FV          Neuilly/M.  FRA-2   12   0   6   6   30'
 5 WAGNER Jérôme        20/05/1983  181  74  ACBB              Neuilly/M.  FRA-2   30   2  11  13   36'
52 WILLEMSE Bjorn       11/12/1983  183  75     (Néerlandais)  Tilburg     HOL-1   52  13  24  37   74'

Attaquants

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2006/07   MJ   B   A Pts   Pén
   CAIG Trevor John     26/01/1981  182  90        (Canadien)  Graz        AUT-1   10   0   5   5    6'
                                                               Heilbronn   ALL-2   34  13  15  28   81'
72 CHARETTE Francis     11/01/1987  165  75        (Canadien)  Longueuil   LHJAAA  31  31  74 105  113'
                                                               Saint-Jean  LNAH    17   7   8  15    4'
 9 DURANCEAU Ludovic    10/07/1979  182  76  Courbevoie        Neuilly/M.  FRA-2   28  11  17  28   42' 
14 FONTANA Yvan         07/04/1986  192  86  Viry              Dijon       FRA-1   28   4   5   9   73'
 8 GALMICHE Benjamin    13/09/1979  175  75  Belfort           Neuilly/M.  FRA-2   14   8  11  19   20'
57 HORDELALAY Pierre-C. 05/01/1989  170  73  Mantes            Amiens      FRA-1   21   0   0   0    0'
12 LARSON Garrett       21/09/1980  185  85       (Américain)  Neuilly/M.  FRA-2   30  43  39  82   69'
15 PAILLET Benoît       01/09/1981  175  75  Tours             Neuilly/M.  FRA-2   27  14  18  32  149'
25 REY Clément          06/02/1988  181  74  Neuilly/Marne     Neuilly/M.  FRA-2   29  11  10  21   12'
 6 TARLÉ Grégory        11/04/1983  178  75  Rouen             Neuilly/M.  FRA-2   30  10  21  31   28'
20 VASTUSKO Milan       14/02/1980  180  80        (Slovaque)  Neuilly/M.  FRA-2   27  15  18  33   20'
33 VERET Jérôme         22/05/1976  172  75  Paris FV          Neuilly/M.  FRA-2    8   2   4   6    4'

Entraîneur : Jérôme Pourtanel (46 ans).

 

 

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