Quelle image d'Épinal à la mi-saison ?

 

Forts d'un recrutement prometteur, densifiés dans presque tous les domaines, les Dauphins d'Épinal avaient tout d'un plausible outsider. Mais le naturel revenant immanquablement au galop, c'est avec un sentiment d'inachevé que s'est clôturée la phase aller.

Excessivement indisciplinés (une conséquence de l'inéluctable "canadisation" du club ?) et sujets à de récurrents troubles de concentration (imputable à une cohésion difficile entre les genres ?), les Vosgiens ont une fois encore laisse traîné les points en chemin. L'explosivité initiale d'un jeu de puissance bien huilé ne fut qu'un feu de paille alors que l'assise défensive, rapidement amputée de Justin Vienneau finalement resté au pays, a d'emblée nuancé les ambitions de l'équipe. Jusqu'ici, le premier mandat de Shawn Allard n'est pas sans accrocs, et son enthousiasme débordant, sur glace et en dehors, n'a pas encore porté ses fruits. Petit gabarit véloce, mais pas buteur pour deux sous, le Québécois est récemment revenu au jeu après quelques semaines exclusivement consacrées au coaching.

L'avenir dira donc si Épinal pourra concrètement rectifier le tir. En premier lieu, gagner à Villard-de-Lans, même si l'Ours n'a pas la dent dure cette année, serait une première étape dans la mission sauvetage d'une campagne pour l'heure bien frustrante. Et cette fois-ci, sans un Bercy pour encadrer l'image...

 

Gardiens de but : chancelant, émergeant ou... insuffisant ?

Stanislav Petrik : s'il reste un gardien doué de réflexes parfois salvateurs ("petrikéens" comme on disait autrefois), Petrik perd toute crédibilité par son légendaire mental friable et sa récurrente inconstance. Ainsi, tel un disque rayé, le même refrain se joue perpétuellement devant le filet, où il alloue une moyenne indigne avec près de 3,55 buts par match. La fin de cycle est bel et bien atteinte.

Franck Constantin : les déboires de Petrik ont donc instauré une concurrence concrète avec le Chamoniard. Ayant légèrement gagné en régularité, Constantin aspirait ouvertement à mieux depuis longtemps mais restait jusqu'ici en relève du Slovaque. Ce dernier n'ayant plus vraiment l'étoffe d'un titulaire fiable, sa chance lui est présentement offerte.

 

Compartiment défensif : Gervais, Slovak et les autres

Stéphane Gervais : toute une trouvaille de Shawn Allard tant le blueliner canadien a rapidement pris ses marques en démontrant une remarquable polyvalence dans tous les secteurs du jeu. Infiniment plus mobile que Jan Bohacek, son apport offensif se différencie également du Tchèque par sa force de frappe, alliant puissance et précision. Son influence aura certes légèrement décru après un début de campagne flamboyant mais Gervais demeure un solide soutien offensif tant par la qualité de son lancer que sa capacité de distributeur (en agissant en relais d'un Jan Plch dans l'initiation des tic-tac-toe, avant que ceux-ci ne deviennent des classiques assimilés par toutes les défenses). Participant activement à l'effort défensif, s'y montrant solide en plus d'être discipliné, le Franco-Ontarien est sans conteste la recrue de la saison.

Peter Slovak : aux côtés de Gervais, le Slovaque brille dans un rôle purement défensif. À l'aise partout dans sa zone et rarement pris en défaut, Slovak a du métier et reste le meilleur dans son registre en ajoutant une touche de jeu physique. Limité offensivement, ce spécialiste des basses besognes excelle dans ce rôle sobre par sa couverture et un certain sens du placement. Précieux, comme son travail de sape, mais trop fréquemment soumis aux blessures...

Peter Listiak : le vétéran slovaque ne sera décidément jamais l'appui offensif espéré à son arrivée d'Extraliga voilà deux ans. Frileux en attaque et longtemps réfractaire à toute prise de responsabilité offensives, Listiak s'est collé depuis la fin de saison passée une étiquette de récidiviste, plaidant notamment coupable de fréquentes négligences (pertes de contrôle du palet, étourderies... engendrant régulièrement de saignantes contre-attaques). Reste son expérience, ce qui est un minimum syndical vu son pedigree.

Marc-André Crête : embauché pour densifier une arrière-garde quantitativement (mais aussi qualitativement) limitée, le Québécois est en plein apprentissage de l'élite française. Un rodage logique pour un défenseur défensif tout juste sorti des rangs juniors où sa réputation en faisait un solide rouage du système défensif des MAINEiacs de Lewiston (LHJMQ).

Radoslav Regenda : l'ancienneté du Slovaque et sa maîtrise du microsome spinalien (ce qui en fait un solide lien entre la communauté slave et le reste de l'encadrement) lui confère un statut de cadre "officiel". Regenda reste, avec Petrik, l'une de ces pages restées malencontreusement ouvertes...

Borislav Ilic : le Franco-Serbe souffre toujours autant en élite par son jeu haché et stéréotypé, voire sa mobilité et la qualité très hasardeuse de ses relances. Reste son physique, pas toujours utilisé à bon escient.

Lionel Simon : devenu un titulaire presque indiscutable, le Saint-Gervolain joue dans son registre classique, sans dénoter dans la partition défensive.

 

Compartiment offensif : Chassard, bien plus qu'une alternative

Guillaume Chassard : le poumon du deuxième trio s'affirme clairement comme l'un des meilleurs attaquants français du moment après une entame tonitruante, ponctuée de statistiques en très nette hausse. Par son intensité et son abattage, Chassard est devenu un leader confirmé du groupe, presque un régulateur. Solide option offensive (et de loin la plus régulière d'une deuxième ligne brillant par son inconstance), il tire donc forcément profit de son expérience et de son intronisation sur le premier bloc de powerplay, en pointe aux côtés de Gervais. Sa polyvalence, si elle ne masque pas les carences de ses partenaires, prend ainsi une part prépondérante dans la prestation d'ensemble des Dauphins.

Jan Plch : tête pensante de l'offensive spinalienne, le Slovaque reste aussi son bras armé malgré une baisse de régime automnale due à une blessure contractée courant octobre. Point d'ancrage du jeu de puissance, qu'il organise autour de sa personne, Plch a longtemps dopé le rendement de ce secteur par son sens de l'anticipation et sa vision du jeu. Avec sa technique et son coup d'œil, Plch excelle dans ce registre créatif, usant de son habileté pour évoluer dans un petit périmètre. Ses automatismes avec Petrak, mais aussi ces fameux centres tendus devant la cage qu'il affectionne toujours autant, sont autant de caviars pour ceux qui sauront se placer au second poteau. En somme une arme presque fatale au vu de sa maîtrise technique. Mais voilà, depuis son retour de blessure, le Slovaque ne pèse plus autant sur le jeu, restant un attaquant hors-pair sans toutefois retrouver son habituel panache (ni son efficacité puisqu'il n'a plus marqué depuis un mois en championnat). Plus que jamais, quand Plch tousse, c'est toute l'équipe qui s'enrhume !

Michal Petrak : le poisson-pilote tchèque aura, un temps, profité de la blessure du stratège Jan Plch pour s'émanciper offensivement. En s'affranchissant temporairement de son aîné, le Tchèque n'avait alors pas hésité à prendre ses responsabilités, contribuant étonnement à la production offensive d'une attaque décapitée. Au retour du stratège, Petrak a dès lors repris son rôle "subalterne", celui d'un ratisseur soutenant chaque effort et chaque montée. Sa production offensive reste donc, malgré cette parenthèse, intimement liée à celle de Jan Plch. Malgré tout, le Tchèque semble prendre davantage d'initiatives.

Ilpo Salmivirta : le Finlandais gravite quant à lui dans un domaine bien précis, l'enclave. Aimant s'enraciner dans le slot, guettant les rebonds et autres déviations en jouant efficacement l'écran devant le gardien adverse, Salmivirta a confirmé un certain sens du but (déjà huit cette saison) et de l'opportunisme. Également doté d'un lancer puissant et précis, le transfuge de Mestis tire forcément profit de l'influence de Plch et s'inscrit comme un soutien efficace en toute circonstance.

Marc Lefebvre : le premier des deux jokers automnaux a rapidement pris ses marques dans le système spinalien, s'affirmant comme l'attaquant défensif qui faisait jusqu'à présent défaut. Relativement fiable et généreux dans l'effort, le Franco-Ontarien s'est montré dissuasif en échec-avant et efficace en récupération. Ayant déjà fait ses preuves en Elite League britannique ces dernières années, Lefebvre a donc immédiatement convaincu et même démontré, à de rares moments, une certaine pertinence offensive.

Simo Romo : l'énigmatique Finlandais est un modèle d'inconstance. Malgré un potentiel certain, Romo a jusqu'alors distillé très parcimonieusement sa vision de jeu, ce qui limite forcément son impact offensif. Quelques bonnes séquences ne comblent pas totalement des attentes jusqu'alors insatisfaites, et son adaptation, plus délicate que prévue, rendait son rendement vraiment très incertain. Ces dernières journées auront toutefois démontré un léger frémissement aux côtés de Salmivirta.

Jan Simko : plus irrégulier que jamais, l'ailier slovaque reste consternant par son manque récurrent de réalisme devant la cage. Ce spécialiste des breaks ratés, mais aussi des accélérations finalement plus spectaculaires que réellement efficaces, reste pourtant capable de sortir de bons matchs lorsque son patinage s'harmonise avec le reste. Malgré tous ses atouts physiques, techniques et sa fameuse propension à se glisser dans les espaces, l'ex-Tourangeau n'a rien d'un buteur, n'est ni un travailleur et encore moins un créateur. Son rôle bâtard rend ainsi son impact très aléatoire et le définit comme le "joueur d'exploits" par excellence.

Guillaume Papelier : reconduit dans son rôle complémentaire à l'aile droite du troisième trio, Papelier s'acquitte toujours sérieusement de sa tâche. Sans jamais se disperser, faute de moyens techniques et physiques insuffisants à ce niveau.

Luc Mazerolle : une malédiction pèse-t-elle au centre de la troisième ligne ? On serait forcément tenté de le croire vu le rendement plate du boute-en-train québécois depuis de longues, très longues semaines. Mazerolle fait désormais montre d'un impact limité à ce niveau.

Tarik Chipaux : avec son investissement incessant, le feu-follet belfortain est sorti du chapeau. Petite teigne sans cesse sur le brèche, l'ex-Ajoulot se réserve uniquement pour les basses besognes. Son dynamisme lui valait un statut de dépanneur en cas de blessures ou de suspensions.

Daniel Scott : qu'attendre d'un importé issu du deuxième niveau britannique ? Scott n'a évidemment pas l'envergure d'un joueur de Ligue Magnus. Recruté pour sa supposée polyvalence (ou son faible coût, chacun voyant midi à sa porte), l'Anglais s'est surtout distingué par sa rudesse naturelle (son compteur affichait, aux dernières nouvelles, cinquante et une minutes de cachot en une petite poignée de présences...). Scott n'apporte tout simplement rien à ce niveau. La faible profondeur de banc l'a même conduit à faire une courte pige en défense, où il fut un tantinet plus convaincant qu'à l'avant...

Sébastien Geoffroy : principal bénéficiaire de la politique de la "main tendue" de Shawn Allard envers certains joueurs du cru, Geoffroy a déjà vu plus d'action en un automne qu'en presque deux saisons ! Le Spinalien goûte régulièrement aux shifts d'une quatrième ligne où Michal Petrak est souvent utilisé comme chaperon au centre. Cela concerne également - mais beaucoup plus occasionnellement - Anthony Pernot.

Jérémie Dubief

 

 

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