Bilan de la division 1 française 2006/07

 

Résultats du championnat de France 2006/07 de division 1

 

Cette saison de division 1 a été mémorable. Certes le favori annoncé n'a pas fait défaut à sa réputation, mais des prétendants aux dents longues ont ménagé le suspense pour la place de barragiste. Mais ce qui a rendu la compétition si disputée, ce sont les trois relégations directes dont peu de clubs pouvaient se sentir prémunis. La lutte pour le maintien avait déjà commencé en première phase, où les qualifications pour la poule "sûre" s'étaient arrachées à l'issue d'incroyables scénarios, à deux secondes près dans le nord, après d'incroyables renversements de situation dans le sud.

 

Premier : Tours. L'ASGT n'a pas fait aussi bien qu'en 1987, quand elle était remontée en élite en ne concédant qu'un match nul (à Anglet) de toute la saison. Cette fois, elle a subi une défaite en première phase à Gap, et deux matches nuls, à Valence chez une équipe bien en place et face au Vésinet dans une phase de décompression après le titre. Cela n'empêche pas l'essentiel d'avoir été fait : revenir en Ligue Magnus avec des ambitions intactes, mais en ayant apuré la dette. L'objectif a été atteint sans le moindre accroc, hormis le départ de Gamelin en cours de saison.

La meilleure défense du championnat a fait le ménage et imposé sa supériorité physique autour des fidèles Simak et Stepan, du bon duo Drzik-Divisek et d'un Vladimir Sabol qui prend la taille patron. Le quintet tchéco-slovaque sera intégralement conservé à l'étage au-dessus, avec un Canadien au slap fameux en supplément... Le gardien de haute taille Pierre-Olivier Girouard, gagnant dans sa concurrence avec Goetz, a aussi mérité de rester et de vivre un nouveau challenge face à Hiadlovsky. Bob Millette faisant rarement de cadeaux gratuitement, la quantité de joueurs gardés pour la saison prochaine est une preuve du bilan positif qu'il tire de cette saison. Pendant que la défense verrouillait, le petit Dominic Perna a fait le spectacle à l'avant et régalé une patinoire qui ne demandait que ça. L'alliance de gros bras et de mains magiques, c'est le cocktail que Bob Millette essaiera bientôt de transposer en Ligue Magnus. Quelques renforts de choix sont prévus en conséquence et font saliver d'avance la rue de l'Elysée.

 

Deuxième : Gap. Jiri Rambousek sortait déjà du lot techniquement en Ligue Magnus, son survol de la division 1 était donc prévisible. La classe au-dessus pour le Tchèque, qui a logiquement emmené la meilleure attaque du championnat. Insuffisant cependant pour venir à bout de Tours, qui a réussi son pari de venir chercher le titre chez son principal rival (2-1). Lorsque le calibre de l'adversaire montait, Gap a souffert de son manque de densité, et on l'a revu en barrages contre Dijon. Au moins les Rapaces mettaient-ils un point d'honneur à rester concentrés contre ce genre d'adversaires. Le plus gênant, c'était plutôt ces coupables relâchements défensifs face aux équipes jugées plus faibles. Cela n'a pas totalement aidé Cédric Dietrich à reprendre confiance, contaminé qu'il a été par l'inconstance défensive générale de son équipe. L'arrière suédois Henrik Ärnström était certes "lourd" au sens propre, mais si peu utile qu'il a été finalement renvoyé avant terme.

Le bilan sportif reste mesuré, mais le plus important est que le public gapençais ait retrouvé de l'enthousiasme après des saisons moroses en fin de classement. La relégation n'a pas entamé le crédit du club, elle lui permet de prendre un second souffle et de retrouver des partenaires motivés. L'enjeu capital est toujours le même : que la vigueur sportive du club (qui compte trois Haut-Alpins en équipe de France 18 ans) puisse participer au lobbying pour une nouvelle patinoire répondant aux critères de confort indispensables de nos jours. Un travail de longue haleine pour un dossier qui n'en est pas encore à la pré-programmation et qui n'aboutira pas avant six ans au bas mot.

 

Troisième : Courbevoie. En dominant la première phase et en réussissant un exploit en Coupe de France (victoire 5-3 à Caen malheureusement dilapidée en perdant contre Garges au tour suivant), le COC s'est rapidement imposé comme un des favoris. Il est vrai qu'il disposait d'un atout dans sa manche au cours de cette première phase, puisque l'international israélien Alon Eizenman, qui cherchait simplement à garder l'entraînement pendant son semestre à la Sorbonne et avait fixé la plupart de ses week-ends avec sa compagne, a finalement pu se libérer de temps en temps pour constituer un beau joker offensif. Mais ce petit plus automnal n'était plus utile pour la suite. Et puis les saisons précédentes avaient démontré que la victoire en poule nord n'est pas une garantie suffisante.

Mais Courbevoie était vraiment plus fort cette saison, en ayant enfin trouvé un patron en défense avec Stanislav Mistrik. Il a seulement manqué un point pour chiper la place de barragiste à Gap, mais le lot de consolation est plus qu'encourageant. Car le COC a aussi gardé un point d'avance capital sur Neuilly : cette troisième place n'est pas seulement synonyme de podium, mais aussi du statut de meilleure équipe d'Île-de-France, détenu depuis quatre ans par le rival du 93.

 

Quatrième : Neuilly-sur-Marne. Forcément, la déception est donc de mise à l'est de Paris. Les Nocéens, souvent gênés dans leurs ambitions par leur faiblesse à l'arrière, ont gommé ce défaut : ils ont terminé deuxième meilleure défense de la division 1, ne trouvant comme maître que l'invulnérable cuirasse tourangelle. Le défenseur canadien Karl St-Pierre, précieux en infériorité numérique, est pourtant reparti au Québec début janvier pour poursuivre sa formation de policier. Mais son compatriote Christian Gagnon, devant presque jouer pour deux, a tenu le choc. Neuilly-sur-Marne était en position de jouer la montée en Magnus : cette culture de la gagne était une nouveauté bénéfique dans la région mais ne s'est malheureusement pas traduite par un afflux de spectateurs.

Le déplacement à Tours, après cinq victoires d'affilée et avec la première place en jeu, n'a pas donné lieu à un miracle (6-2). Le contrecoup a été brutal, avec des résultats en berne et une dose de malchance sous la forme d'une déchirure musculaire du gardien Roman Svaty. Évidemment en manque de compétition, sa doublure Thomas Lachambre n'a alors pu empêcher la défaite à Valence. Rien n'était encore perdu, car le joker médical Jonathan Pelletier arrivé d'Amsterdam a ensuite assuré un bon intérim dans les cages. Mais la défaite à Gap, concluant une série de six journées sans succès, a scellé le sort des Bisons. Ils ont réussi la meilleure phase finale de leur histoire, mais le podium leur a échappé in extremis.

 

Cinquième : Amnéville. Jonathan Paredes a réussi son pari de stakhanoviste en prouvant qu'il pouvait encadrer le hockey mineur, entraîner l'équipe senior, et marquer de surcroît 40 points au sein de celle-ci. Il faut dire qu'il était bien entouré avec Peter Zambori, qui à 37 ans a terminé deuxième meilleur marqueur de D1 derrière Rambousek. Même si un autre vétéran du même âge, Vadim Karpov, a mis un terme à sa carrière après une blessure à l'épaule, la technique et l'expérience ont été des atouts importants. L'équipe la plus fair-play de D1 a fait fructifier ses supériorités numériques.

A priori hors course pour le barrage de promotion en raison de ses trois défaites consécutives à domicile au début de la poule finale (Tours, Courbevoie, Neuilly), Amnéville a pris sa revanche en revenant gagnant de ses déplacements franciliens. Les Mosellans sont ainsi restés en embuscade jusqu'à la fin, au moins mathématiquement, même si le dernier déplacement à Tours n'a laissé aucun espoir en pratique. Mais cette 19e place nationale, la meilleure de l'histoire du club, est déjà une belle satisfaction.

 

Sixième : Valence. Personne n'aurait parié que les Lynx se retrouveraient aussi haut avec une équipe très jeune et composée uniquement de joueurs français. Les quatre nettes défaites d'entrée paraissaient rédhibitoires dans une poule sud très compétitive où la qualification se jouait à un cheveu. Après la victoire des Montpelliérains dans la Drôme, leur retour impossible était déjà perceptible, mais sûrement pas celui des Valentinois. Et pourtant, ils ont battu les quatre équipes finalement éliminées dans cette bataille serrée, Avignon, Limoges, Annecy (dans un match en retard qui avait contribué au leurre en laissant Valence loin derrière au classement) et Bordeaux.

Hold-up ? La suite prouva le contraire. Lors de la poule finale, les Lynx se sont attachés à démontrer qu'ils méritaient leur place. Mission ô combien réussie : que ce soit par l'hommage de Bob Millette ou par l'ovation réservée par le public gapençais, ils ont reçu de nombreuses marques de respect envers leur parcours. L'élection de Jérémy Valentin comme meilleur gardien de D1 n'en est pas la moindre. Le Grenoblois a été le rempart d'une équipe homogène capable de maintenir un rythme de patinage soutenu pendant un match entier. Espérons que ces superbes performances, réalisées sans joueur étranger, attirera l'attention de la presse locale encore acquise au rugby et au handball. Les tribunes du Polygone témoignent pourtant de l'intérêt du public drômois.

 

Septième : Montpellier. Lorsque vous avez 3 points au compteur après 8 journées sur 14 et que votre prochain déplacement vous envoie à Gap, une équipe qui vous a déjà battu 7-1, 7-3 et 8-1 (en incluant la coupe de la ligue), vos chances de se qualifier parmi les quatre premiers ne se chiffrent même plus. Pour Lionel Bilbao (remplaçant au pied levé l'entraîneur suédois Peter Karlsson dont le système en 1-4 était un peu contre nature pour une équipe portée vers l'avant), les objectifs avaient déjà changé. Ce qu'on demandait à l'ex-capitaine, après trois défaites supplémentaires à son actif, c'était uniquement de "préparer la poule de maintien". Défiant la logique, les Vipers se sont pourtant qualifiés, en se persuadant de ne plus rien avoir à perdre. Ils ont même pu se permettre de gâcher des points en se faisant remonter quatre buts d'avance à Bordeaux (7-7) et en concédant l'égalisation dans les dernières secondes à Limoges (5-5).

Le miracle n'a pas duré. Lors de la poule finale, les Montpelliérains étaient encore bien loin des objectifs initiaux. Même s'ils ont mieux défendu face aux grosses équipes, ils manquaient de profondeur offensive pour faire autre chose que limiter les dégâts. On pourrait se dire que cela a servi à préparer la saison prochaine, mais à part l'expérience du banc obtenue par Bilbao grâce à sa reconversion anticipée, les acquis sont limités : Yannick Riendeau est sur le départ parce que son but par match le rend encore convoité, et d'autres parce qu'ils n'ont rien fait pour qu'on les garde. Comme chaque année, les fondations sur lesquelles il faudrait bâtir l'effectif sont à reconstruire en bonne partie.

 

Huitième : Le Vésinet. C'est la seconde qualification consécutive en poule finale pour les Anges, mais celle-ci est venue de plus loin. Ils n'avaient jamais figuré dans les quatre premiers de leur poule, sauf quand ils ont doublé Garges à deux secondes de la fin pour la plus grande joie de leurs fidèles venus aussi nombreux qu'à Colombes. Cinq victoires à l'extérieur pour deux à domicile, tel était le bilan de cette qualif'. C'est après tout logique pour une équipe en exil, même si elle est maintenant habituée aux conditions de jeu de Colombes, patinoire louée 150 euros de l'heure mais pas toujours adaptée au hockey.

Jusqu'à quand ? Cela fait cinq longues années qu'un feu de friteuse suivi d'une explosion de bouteille de gaz ont réduit la patinoire en cendres. Le club a perdu entre-temps les trois quarts de ses licenciés. Le projet de reconstruction de la patinoire sur le même emplacement en centre ville, combattu depuis le début à coups de tracts "incendiaires" (est-ce le mot ?) et de recours juridiques par une association des "Amis de la Place du marché", a subi bien des déboires. La maîtrise d'œuvre attribuée en décembre 2003 avait été contestée par le cabinet d'architecte classé deuxième et annulée deux ans plus tard. Le conseil régional a retardé d'un an sa subvention le temps d'y voir clair, et n'a finalement versé que la moitié des cinq millions initialement promis. Mais le chantier a été lancé : le projet de réhabilitation à l'ampleur controversée, qui prévoit sur la place à la fois une patinoire semi-enterrée et un grand bâtiment abritant une MJC et une bibliothèque, a été lancé en avril pour une ouverture en 2009. Les pelleteuses ont remplacé les avocats, et la démolition du bâtiment brûlé et laissé depuis dans un état insalubre a enfin commencé. Les demandes d'inscription reviennent et le club voit enfin le bout du tunnel.

 

Neuvième : Avignon. L'OHCA paraissait taillé physiquement pour la phase finale, mais en ne prenant qu'un point lors des six dernières journées de la poule sud, il n'a pas su conclure. Il a montré ensuite qu'il avait largement le niveau, puisqu'il a été le seul club jamais inquiété pour le maintien. Malheureusement, les pépins de santé se sont accumulées au fil de la saison. Sans compter que l'attaquant canadien Paul Thériault, arrivé l'an passé avec un visa vacances-travail d'un an non renouvelable, n'a pas pu obtenir de nouveaux papiers car il s'y est pris trop tard. Malgré les tentatives d'intervention de l'adjoint au maire Thierry Bourguignon (l'ex-cycliste) et malgré son contrat de travail chez Adecco (qui n'avait pas passé l'annonce à l'ANPE obligatoire avant l'embauche de tout nouvel immigrant), il n'a obtenu aucune mansuétude de la Préfecture qui a appliqué la procédure. Il a alors été remplacé par un Juraj Ozorak finalement bien utile... par sa polyvalence. Il a en effet dû se muer défenseur quand le genou de Vincent Lacaes a rendu l'âme.

Dans ces circonstances, Avignon ne s'en est pas si mal sorti. La défense, réduite à un quintet slovaque en comptant le gardien Mojmir Bozik, est restée solide. Les deux buteurs patentés, le Slovaque Juraj Dancsak et le manager général quarantenaire Jeff Pointet, ont compensé l'inefficacité de leurs collègues. Les nombreuses rencontres jouées avec une équipe affaiblie auront en quelque sorte servi d'entraînement à la prochaine saison. Car le trésorier a déjà averti qu'il faudra se serrer la ceinture.

 

Dixième : Bordeaux. Les Boxers sont trop irréguliers pour l'instant. Défensivement, ils ont encore à apprendre en D1. Heureusement pour eux, ils ont réussi à compenser ce péché mignon. Le gardien Christophe Burnet, dont la titularisation aux dépens de Telmosse avait été controversée à l'automne, a finalement justifié a posteriori cette confiance en réalisant une bien meilleure fin de saison. On aurait pu craindre un isolement de l'éternel Stéphan Tartari en attaque, car son compère Igor Szabados a dû mettre un terme à sa carrière en novembre en raison de problèmes de cervicales. Mais dans ce domaine, les recrues ont été très productives, avec Yann Vannienwenhove, Gautier Lafrancesca, le défenseur offensif canadien François Gauthier et surtout Raphaël Larrieu qui s'est vengé avec 17 buts de ne pas avoir pu trouver le chemin des filets lors de sa dernière saison de Magnus avec Anglet.

Le problème de fond n'est pas là. Comment le club bordelais pourrait-il prétendre à mieux que le milieu de tableau de D1 en étant privé une semaine entière d'entraînement en raison d'un concert de Johnny Hallyday ou en jouant son dernier match à domicile en février parce que des spectacles sont programmés par la suite ? L'utilisation de la patinoire Mériadeck comme salle de concerts est déplorée par tous les programmateurs musicaux et par les groupes en raison de son acoustique déplorable. Un Zénith dans la cinquième plus grande communauté urbaine de France ne serait vraiment pas un luxe. Il est réclamé par tous les amateurs de musique... et il permettrait de rendre à un équipement sportif sa vocation première.

 

Onzième : Annecy. Il y a trois ans, le SGA avait rassemblé les derniers membres manquants d'une bande de potes, que la vie faisait se croiser de nouveau pour une aventure commune, essentiellement pour le plaisir et pour leur attachement à leur club formateur. Ils se chargeaient de faire venir des connaissances pour renforcer peu à peu l'équipe, et ce collectif soudé marchait bien avec une montée de D2 en D1 puis une honorable septième place. L'été dernier, le nouveau président Richard Golaz a cependant décidé de prendre les responsabilités normalement conférées à sa fonction en s'occupant du recrutement. Il a ainsi mis sous contrat Patrice Fleutot, figure du hockey haut-savoyard laissée libre par le Mont-Blanc. Fort de l'expérience de ses douze saisons à Rouen, le vétéran megévan de 37 ans avait une certaine autorité à faire valoir à un groupe auquel il était étranger. Cela ressemblait donc à l'équipe annecienne que l'on connaissait, avec un homme de métier en plus.

Et pourtant, ce groupe stable a laissé échapper la qualification en poule finale avec un seul point marqué lors des six dernières rencontres de la poule sud. En fait, le nouvel homme d'influence était devenu un facteur de division. Pour certains anciens, non rémunérés, la déférence manifestée envers un joueur pro comme Fleutot était injustifiée au vu de son rendement sur la glace. Ils se sont sentis abandonnés, mal remerciés de leurs investissements alors qu'eux ont les contraintes de leur travail en parallèle. La rupture est donc consommée entre les dirigeants et les cadres du club Rey-Gaurez, viré, puis Bussat, Martinet et Giet, partis. À présent, Annecy est devenu un club comme les autres. Les mécontents seront remplacés, il y a des joueurs ailleurs en France, mais cela risque de coûter plus cher.

 

Douzième : Garges-lès-Gonesse. Quatre secondes. Cela n'a l'air de rien, mais en hockey, cela peut vous ruiner une saison. C'est un laps de temps amplement suffisant pour perdre une mise au jeu et encaisser un but venu de nulle part sur un tir dévié. C'est ainsi que les Chiefs ont vu filer leur qualification au dernier match. Les pénalités malvenues de Tataryn, Mazzone et Frechette, une fois de plus, avaient coûté cher. Si l'an passé les Gargeois avaient subi en championnat le contrecoup de leur exploit manqué en coupe, ce fut le contraire cette année. Trois jours après cette élimination, l'ambiance était morose pour le quart de finale de Coupe de France qui aurait dû être une fête.

Car tout le monde savait que la survie en poule de maintien serait quasiment aussi difficile que prendre une place dans les quatre premiers de la poule nord. Surtout avec la blessure du gardien Francis Gourdeau : sa doublure inexpérimentée Xavier Beaudoin arrachait certes la victoire en rentrant à mi-match contre Viry, mais ne pouvait sauver que deux points sur les quatre journées suivantes. De retour, le gardien canadien Gourdeau a finalement défendu le maintien avec un blanchissage contre Avignon à l'avant-dernière journée. Si les Chiefs n'avaient pas vraiment le jeu adapté à la tolérance zéro, ils avaient par contre les moyens d'en gérer les conséquences : leurs bonnes unités spéciales les ont tirés d'affaire.

 

Treizième : Limoges. Les Taureaux de Feu ont échappé de peu à l'enfer. Après avoir changé leur entraîneur et leurs étrangers après un mois de championnat, ils ne pouvaient compter que sur une bonne pioche et un amalgame rapide. Malheureusement, le nouveau coach canadien Danny Malone n'a vraiment pas convaincu... ce qui n'est guère inédit puisque Limoges a consommé cinq entraîneurs en trois ans ! La poule de maintien, bien commencée avec une victoire et trois nuls, a tourné au désastre avec un enchaînement de cinq défaites. La pire de toutes, le 9-1 encaissé à Dunkerque avec une partie de l'équipe malade, a entraîné les suivantes car Jiri Jelen s'y est pris trois matches de suspension pour incorrection envers les officiels. Or, l'ex-centre tchèque de Caen était un élément-clé, productif et travailleur dans les bandes. Malheureusement, il a dû être comme contaminé ce jour-là par le caractère instable de son coéquipier slovaque Tomas Valko (viré lors du camp de pré-saison de Tours pour un coup de crosse au cou d'un coéquipier).

Le jour où Jelen est revenu de suspension, il a arraché le nul contre Bordeaux avec son compère Valko, et Limoges a été invaincu pendant tout le reste de la saison, barrages de promotion/relégation contre Brest compris. Ce rattrapage, Limoges l'a obtenu presque miraculeusement, en allant gagner à la dernière journée chez une équipe d'Avignon qui voulait fêter sa première place mais était un peu démobilisée. Les visiteurs ont fait passer le score de 5-3 à 5-7 au troisième tiers avec trois buts en 1'38", dans un ultime sursaut qui condamnait Dunkerque. Pour la seconde année de suite, Limoges dit "ouf" in extremis.

 

Quatorzième : Dunkerque. Lorsque le championnat s'est ouvert par neuf défaites de suite, on ne donnait pas cher de la peau des Corsaires. Elle était pourtant coriace, car ils n'ont jamais baissé pavillon tant qu'une partie du navire dépassait encore de la ligne de flottaison. Leur équipe entièrement amateur avait été constituée en raison de l'urgence financière, pour combler le trou. Les jeunes Dunkerquois sans aucune expérience du haut niveau avaient été lancés tous ensemble dans le grand bain, et ils ont progressé pas à pas. Cette maturation accélérée concerne aussi ceux qui avaient été intégrés en senior auparavant : Loïc Destoop, international junior à l'occasion et candidat aux Mondiaux 20 ans l'an prochain, est déjà devenu le troisième meilleur marqueur de l'équipe derrière Dewolf et N'Guyen !

En seconde phase, avec un Ghislain Folcke présent plus régulièrement, avec le retour d'Alexis Thomas qui s'est ensuite malheureusement blessé en fin de saison, le HGD a trouvé des lignes stables et a pu croire de nouveau au maintien qui semblait impossible, sauf pour un public nordiste toujours chaud. Malheureusement, les jeunes joueurs peinent souvent à maîtriser leurs nerfs, et les pénalités à répétition ont ruiné plus d'un match. Avec un total de 264 minutes de prison dans la saison, Clément Thomas a même battu un record toutes catégories dans un championnat français ! Or, outre les effets immédiats des infériorités numériques, ses expulsions et suspensions ont eu pour conséquence de priver l'effectif d'un de ses rares cadres.

 

Quinzième : Cergy. La saison n'aurait pas pu mieux commencer pour les Cergypontains : 11 points sur 14 possibles, avec des victoires au passage sur Courbevoie et Neuilly, en avaient fait de surprenants prétendants à la poule finale. Mais cette récolte avait été obtenue avec seulement deux matches à l'extérieur, et la phase retour fut plus délicate avec seulement un maigre point face au Vésinet. Les Jokers avaient sans doute laissé passer leur chance alors qu'ils avaient du jeu. La main suivante était moins à leur avantage. Après avoir perdu les premières levées, Cergy s'est retrouvé dans une situation inextricable dans la poule de maintien qui se jouait à une carte près. Par rapport au voisin Garges, deux points faisaient la différence entre le maintien assuré et la relégation sans rémission.

Le président Erwan Personne a regretté que son club soit "victime de [sa] bonne politique" car la réduction de la division 1 privait le championnat d'équipes composées en grande partie de joueurs formés au club. Malheureusement, même si la contribution du jeune Mickaël Mahaut augmente chaque année, il aurait fallu un peu plus de soutien offensif. Le meilleur buteur et pointeur a en effet été le... défenseur Milan Sejna, dont le slap puissant a été une arme fatale trop isolée. Le recrutement de l'été dernier a montré que ce n'était pas dans le junior AAA canadien qu'il fallait chercher les renforts nécessaires.

 

Seizième : Viry-Châtillon. C'est à l'usure que l'incendie de leur patinoire a fini par avoir raison des Jets. Au bout de deux ans, le manque d'entraînement avait trop affecté la condition physique et la maturation collective, tandis que l'exil prolongé rejaillissait sur le moral. Pour en rien arranger, les blessures au genou de Harond Litim et surtout de Romain Danton ont achevé de diminuer une attaque déjà réduite. Privé de son partenaire de toujours, Kevin Ledoux était un peu seul pour assurer la production offensive.

Ce qui redonne le sourire aux Castelvirois, c'est que les travaux de reconstruction de la patinoire - transférée entre-temps à la Communauté d'Agglomération des Portes du Lac qui regroupe les communes de Viry-Châtillon et Grigny - ont enfin avancé. Chacun attend donc avec impatience le bel outil neuf livré à la rentrée. Malgré la relégation en division 2, la situation générale est donc plus réjouissante qu'il y a un an. Le club affiche d'ailleurs ses intentions de renouer au plus vite avec ce qui a fait sa force dans le passé, une culture du haut niveau dans toutes les catégories, tout en y faisant participer le maximum de joueurs.

Marc Branchu

 

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