Lettonie 2005/06 : présentation

 

C'est la rentrée des classes pour les hockeyeurs lettons. Le championnat national débute avec, en ouverture, les vice-champions d'Ogre face aux promus de Daugavpils. Un championnat de Lettonie, qui certes, va intéresser les fans, mais pas au point d'occulter le grand évènement de mai prochain : les premiers championnats du monde organisés dans le pays, du 5 au 16 mai à Riga. Un évènement d'autant plus attendu, qu'il a failli de jamais avoir lieu. On se rappelle des difficultés a boucler le dossier de la construction de deux grandes patinoires dans la capitale balte. Finalement, un accord de dernière minute a été trouvé et deux patinoires sont en train de sortir de terre : la "grande" et la "petite", la Riga Arena et la Skonto Arena. Skonto étant le sponsor "miracle" du sport letton puisque son patron possède déjà la principale équipe de football du pays (le Skonto Riga) et le stade où joue l'équipe nationale de football. Il faut préciser que son PDG Guntis Indriksons est également président de la fédération lettone de foot, en plus de son club majeur ! Il possède également l'équipe de basket du Skonto Riga, le basket étant également un sport très populaire en Lettonie.

Les fans du "grenat power" vivent donc la fébrile impatience du Mondial. Toutes les places des matches concernant la Lettonie au premier tour (contre les champions du monde tchèques, les Finlandais et les Slovènes) se sont arrachées en une heure et demie. Mais pas que celles-là... Se sont toutes vendues toutes celles où l'équipe nationale était susceptible de jouer au second tour et pour les phases finales ! Une heure et demie ! Pourtant les prix sont exorbitants : plus de 200 lats (280 euros), soit plus que le salaire moyen ! Il y avait bien eu une vague tentative de mobilisation de certains supporters pour boycotter un championnat du monde trop cher. En vain. La passion a été trop forte. En attendant de voir les couleurs grenats triompher (la pression risque cependant d'être impressionnante sur les épaules des hockeyeurs locaux...), le championnat national fait patienter tout le monde.

Un championnat qui évolue. Tout d'abord, pour la première fois, il est sponsorise. C'est donc le championnat Falck (une entreprise spécialisée dans les systèmes de sécurité anti-incendie). Une première annoncée comme révélatrice d'une évolution positive pour le hockey letton par la fédération. Ensuite, ce championnat change de composition. L'an passé, il était à huit équipes, il devra cette année se contenter de sept clubs. Deux équipes ont fait défection et une arrive. Premier départ, celui du Zemgale Jelgava. Le petit club de la ville la plus lettonophone du pays a rendu l'âme. Déjà qu'il avait dû renoncer à son dernier match des play-offs l'an passé, faute d'effectif valide après avoir été décimé par un virus. Les difficultés financières et d'effectif ont été les plus fortes. Exit également, le Riga 18, l'équipe des juniors 18 ans de l'école des sports de la municipalité de Riga. Une équipe qui de toutes manière passait son temps à se prendre des claques. À la place, on signale une arrivée importante, celle du club de Latgale Daugavpils. Important, car "le château sur la Daugava" est la deuxième ville du pays. Un apport capital dans le développement du hockey en dehors de la capitale. Un championnat qui cette année brille par sa continuité. Pas de bouleversements, pas de changements spectaculaires d'entraîneurs, ni de transferts massifs. Cela change des années précédentes.

 

Le favori, comme d'habitude, restera le HK Riga 2000, champion en titre depuis deux saisons. Le club-phare va une fois encore se dédoubler. Son équipe-type évolue en championnat ouvert du Belarus et présentera, en fonction des circonstances, une équipe panachée entre remplaçants et titulaires en baisse de forme ou relevant de blessures. Le Riga 2000 a fait dans la continuité à l'intersaison. Pour une fois, serait-on tenté de dire. Tout d'abord, il n'a pas viré son entraîneur ! Le célèbre Slovaque, Julius Supler, est toujours sur le banc. Deux autres de ses compatriotes seront sur la glace, le gardien Matus Kostur, formé à Banska Bystrica, passé par Zvolen puis par l'ECHL et l'AHL, et l'attaquant international junior du Dukla Trencin, Marek Hascak. Trois autres arrivées seulement. L'excellent attaquant Aigars Cipruss, pas conservé lors du ménage total effectué à l'intersaison au Spartak Moscou, le jeune international Armands Berzins, qui arrive d'ECHL, et l'attaquant junior Raimonds Danilics, en provenance des Texas Tornados (NAHL). Au rayon des départs, pas de saignée non plus. Certes, Karlis Skrastins est reparti logiquement en LNH, à l'Avalanche du Colorado... Mais cette année, les départs se sont faits pour la Suède. Le défenseur international Rodrigo Lavins a signé au Brynäs IF, l'attaquant Sergejs Senins est allé à Tyringe, le défenseur international Mihelis Redlihs est lui à Björklöven. Enfin deux autres départs à l'étranger, celui de l'attaquant international Janis Sprukts en Finlande à Hämeenlinna et le retour au pays du Russe Dimitri Outkine. Voilà, c'est tout.

Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! Je rigole, tout ce que je viens de vous dire, on s'en fout ! Le Letton de base s'en moque comme de son premier sprat ! LA vraie info, la SEULE, l'UNIQUE, c'est le RETOUR au pays du mythe, du Dieu vivant, de la légende. Mesdames et messieurs, Arturs 1er, roi de Lettonie, est de nouveau parmi ses sujets ! Arturs Irbe a signé au Riga 2000. Parti du Dynamo de Riga en 1992 pour la LNH (San José), il n'avait plus jamais rejoué en club au pays. À 39 ans, après une saison blanche pour cause de cessation d'activité de la LNH, il aurait pu prendre une retraite méritée sur sa terre natale. Sauf qu'en mai, je ne sais pas si on vous l'a dit, mais il paraît que la Lettonie organise les championnats du monde pour la première fois de son histoire. Comme il était impensable que l'icône n'y participe pas, Arturs est rentré à la maison pour reprendre sa place dans les cages de son club. Autant dire que la nouvelle a réjoui la nation ! Certes, il ne participera pas à toutes les rencontres, mais rien que sa présence assure une publicité sans limite au club de la capitale. Moi, si j'étais Matus Kostur, je m'inquiéterai au premier but "casquette" de la saison...

Autant dire que le Riga 2000 espère faire mieux que l'an passe en championnat du gai moustachu bélarussien et conserver son titre national... En attendant la fête de mai, mais je crois que vous êtes au courant de ce petit rendez-vous printanier...

 

Ça suffit comme ça ! Telle devrait être la devise du Metalurgs Liepaja. Champion en 2000, 2002 et 2003, le club du complexe métallurgique du grand port militaire est en panne depuis deux saisons, où il doit se contenter de la victoire en petite finale, après être à chaque fois sorti par son éternel rival de la capitale. L'an passé, les dirigeants de Liepaja avaient donc décidé de chambouler leur effectif. Cette année, comme d'ailleurs les autres clubs lettons, le Metalurgs a fait dans la modération. Déjà, il a maintenu en fonction son duo d'entraîneurs en provenance du Belarus, avec Vladimir Golobouvitch et Valeri Varonine. Ensuite, l'effectif est redevenu plus letton qu'avant. Fini les wagons de joueurs russes ou bélarussiens. Le Metalurgs compte cette saison deux Russes, les défenseurs Konstantin Sidoulov et Georgui Tchirkov, et trois Lituaniens, Rolandas Aliukonis en défense, Darius Pliskaunas et Darius Lelenas (meilleur joueur de son pays contre la France au dernier Mondial) en attaque. Six nouveaux joueurs sont arrives au bord de la Baltique. Cinq attaquants, deux d'Ogre (l'ex-international Marek Jass et Juris Galajevs) et trois en provenance du Riga 20, Valentins Feoktistovs, Helmuts Eniks et Janis Petersons. Enfin, un défenseur est venu des Vilki de Riga, Aleksejs Terjohins. L'attaquant Maris Gravitis a lui quitté Liepaja, mais l'on ne connaît pas encore sa destination.

Comme l'an passé, le Metalurgs privilégiera le championnat ouvert du Belarus, et, comme le Riga 2000, enverra les doublures en championnat de Lettonie, jusqu'aux play-offs évidemment. Le HK Metalurgs Liepaja devra également tenir compte de la "concurrence" du FK Metalurgs Liepaja. La section foot du club est actuellement en tête du championnat national où elle va tenter de déboulonner l'indéboulonnable FC Skonto Riga... Enfin, rappelons qu'en tournoi préparatoire cet été à Homel, au Belarus, Liepaja a corrigé les Brûleurs de Loups de Grenoble, 4 à 0...

 

Quand est-ce que cela sera la bonne ? En tête durant toute la saison régulière, en profitant de l'absence des meilleurs joueurs du Riga 2000 et du Metalurgs, les Vilki Riga ont échoué la saison passée lors de l'interminable cinquième manche des demi-finales contre Ogre, dans un palais des sports de Riga archi-comble. Certes avec les deux géants Riga 2000 et Liepaja, il est très difficile, voire impossible, de récolter le titre, mais ils aimeraient cependant bien accéder à la finale. Pour cela, le club fondé et présidé par la star lettone de la LNH Sandis Ozolinš a trouvé un peu plus de moyens financiers cette saison. Les loups ont désormais une meute sponsorisée. Le groupe LaRocca est non seulement le premier sponsor maillot du club, qui jusqu'à présent n'en avait pas, mais il a également accolé son nom à celui du "HK Vilki Op-LaRocca Riga". Bon, ce n'est pas non plus une grosse entreprise, juste un groupe spécialisé dans le loisir et la communication (boîtes de nuit, restaurants, casinos, et internet). Là aussi, le club a fait dans la stabilité en conservant son entraîneur, Guntars Paste, viré avec fracas (comme d'hab...) en cours de saison l'an passé du Riga 2000.

Les Loups ont cependant réussi un bon coup en faisant revenir au pays l'international Grigorijs Pantelejevs, qui a bourlingué sur toute la planète (il est même né sur l'île de Sakhaline, dans l'Extrême-Orient russe) et qui était l'an passé à Arborg (Allsvenskan) en Suède, après une carrière qui l'a mené en LNH, DEL, Superliga, LNB, Elitserien et SM-liiga. Rien que ça... À 34 ans, il rejoint un groupe de "serial papys" qui ont fait la réputation des Vilki. Un club où les retraités font régner la terreur sur les patinoires lettones avec leurs beaux restes. Le gardien Viktors Durnovs a 44 ans, les défenseurs Konstantins Kikass, Andrejs Maticins et Agris Freimanis ont 40, 42 et 47 ans, les attaquants Sergejs Nikitins, Nikolajs Sirotkins, Igors Brezgins, Sergejs Povecerovskis et Vilnis Vabolis ont respectivement 48, 39, 39, 45 et 38 ans et les crocs toujours acérés ! Surtout que les jeunes loups ne manquent pas, comme le défenseur Sergejs Durdins (25 ans) ou les attaquants Nikita Krilovs (20 ans), Aleksandrs Sirotkins (21 ans) ou Dmitrijs Kornilovs (23 ans). Cette saison, les Vilki vont, enfin, essayer de battre Ogre en phase finale...

 

Depuis deux saisons, les militaires du Club Sportif de l'Armée, ASK Ogre, jouent les trouble-fête en se qualifiant pour la finale (en éliminant Elektrenai en 2004 et les Vilki en 2005)... Des finales qu'ils perdent contre Riga 2000 ! Reste que les Castors d'Ogre se satisfont de ce rôle d'empêcheur de patiner en rond. Pour rappel, ce club a été créé en 2003 afin de permettre aux joueurs faisant leur service militaire de continuer à jouer, à ceux qui recherchaient un emploi d'être salariés par l'armée, et au hockey letton d'avoir une troisième structure professionnelle. Dans le club de l'armée lettonne, il n'y a donc pas de joueurs étrangers (la Lettonie est quand même membre de l'OTAN, ce serait donc comique de voir des "militaires-hockeyeurs" russes ou bélarussiens !).

Ce statut un peu particulier fait qu'Ogre est plus que les autres "victime" des changements importants à l'intersaison, soit que le joueur a terminé son armée, soit qu'il tente sa chance ailleurs, vu que ce club a quand même moins de moyens que ses rivaux. Cinq joueurs sont donc partis voir si l'herbe était plus verte ailleurs. Edijis Brahmanis sera l'un des nouveaux attaquants des Basingstoke Bison, club de la ligue élite britannique, désormais seule représentante du hockey professionnel dans son pays. À 21 ans, Brahmanis a inscrit 33 buts et 33 assistances l'an passe, terminant deuxième meilleur compteur du championnat. Ce qui lui a valu, évidemment, d'être intégré à la sélection nationale et considéré comme l'un des grands espoirs du hockey letton. Nos deux amis voyageurs (qui avaient tentes leur chance en France, à Amnéville, et en Allemagne, à Nordhorn, en vain...) Gints Gredzens et Edgars Grundmanis essaient, de nouveau, de partir au troisième niveau suédois à Asplöven, où ils côtoieront un autre duo étranger, français celui-là, Ludovic Garreau et Benjamin Arnaud venus de Gap. Quant à Marek Jass et Juris Galajevs, on l'a dit, ils sont désormais au bord de la mer à Liepaja.

Mais les Castors ont encore du répondant, avec par exemple le retour au pays, après une saison en Amérique du Nord, du défenseur international junior Aleksandrs Jerofejevs et toute une série de jeunes joueurs d'une vingtaine d'années. Finalement, peut-être qu'Ogre va encore "manger" un favori en demi-finale...

 

Ça ne va pas fort pour l'Energija Elektrenai, le seul club lituanien, perdu au pays des géants basketteurs... L'an passé, les joueurs de cette petite ville industrielle, à mi-chemin entre la capitale Vilnius et la deuxième ville du pays Kaunas, ont vécu une saison plus que difficile, conclue logiquement par une élimination sans gloire en quart de finale face à Ogre. Elektrenai vivote donc, totalement isolé dans un pays qui ne jure que par le basket et dans une moindre mesure par le football. C'est donc toujours vers ses voisins que se tourne l'Energija. Vers la Lettonie pour participer à un championnat (il y a bien le tournoi de la Baltique à quatre avec les Polonais de Gdansk, les Lettons d'Ogre et une sélection estonienne, mais cela ne nourrit pas son homme).

Alors Elektrenai regarde naturellement vers l'est, puisque le hockey, dans l'ex-URSS, est souvent encore une affaire de russophones. Il y a donc quatre joueurs en provenance du championnat du Belarus dans l'effectif de l'Energija. Le gardien de Homel Siarhei Rahovski, le défenseur russe, également en provenance de Homel, Oleg Sapivouz, et deux attaquants, Dzmitri Medvedev et Siarhei Kisly qui vient du Neman Horadna. En plus, chaque année, les meilleurs joueurs lituaniens essaient de fuir cet enfermement pour aller jouer là où ils peuvent s'épanouir. C'est-à-dire partout sauf en Lituanie !

 

L'aventure continue pour le SK Riga, mais seulement pour les juniors 20 ans. L'école municipale des sports de la capitale lettone a mis en place un ambitieux programme de formation sportive dans diverses disciplines, dont évidemment le hockey, sport national. Il s'agit de permettre à des enfants de milieux parfois modestes de pouvoir pratiquer un sport à bon niveau, tout en étant pris en charge scolairement et sportivement. Un programme qui a également une mission d'intégration, puisqu'il concerne à la fois les écoles russophones et lettonophones. Jusqu'à présent, deux équipes étaient engagées en championnat de Lettonie, le Riga 18 pour les juniors 18 ans et le Riga 20 pour les 20 ans. Cette saison, seule cette dernière équipe est au départ.

L'an passe, le Riga 20 a connu une excellente saison avec une belle quatrième place en saison régulière, avant l'élimination logique en quart de finale face au Riga 2000. Alors, évidemment, les meilleurs sont allés tenter leur chance ailleurs, comme le trio Feoktistovs, Eniks, Petersons, qui, on l'a vu, est allé à Liepaja. Gundars Berkis est parti tenter sa chance à Sierre, en LNB suisse, mais il semble qu'il n'ait pas été conservé. Mais il restera toujours leurs successeurs. Des jeunes pousses nées entre 86 et 89, pour tenter de faire aussi bien que l'an passé.

 

Le DHK Latgale Daugavpils est l'inconnu dans la maison. Jusqu'a présent, la deuxième ville du pays, à l'est, près de la frontière bélarussienne, avec une forte communauté russophone et bélarussophone, n'avait pas d'équipe senior. Seul le hockey mineur était pratique sur les bords de la Daugava. Et puis cette saison, le club de Latgale (le nom de l'une des régions historiques lettones dont Daugavpils est la capitale) s'est lancé dans le grand bain. Cela tombe bien avec le jet d'éponge de Jelgava.

L'équipe est jeune, avec beaucoup de joueurs nés entre 1984 et 1986. Alors, pour ne pas prendre trop de claques, les dirigeants de Latgale sont allés faire leur marché à l'étranger. Six Tchèques et trois Lituaniens sont venus poser leur sac. Le gardien Adam Vrba (Havirov en 1. Liga et Sumperk en 2. Liga pour l'an passé), les défenseurs Robert Machalek (Opava, 1. Liga), Petr Formanek (Kobra Prague, puis Leuven en Belgique), et Lukas Zatopek (il court vite ?) en provenance d'Havirov et Prerov, et les attaquants Milan Preussler (Jablonec, en 2. Liga) et Jaroslav Petrka pour les Tchèques. Le défenseur Darius Janusonis et les attaquants Saulius Limontas et Dadydas Kulevicius pour les Lituaniens. Est-ce que cela sera suffisant pour les troupes entraînées par Guntis Balins ? Après tout, ce n'est pas grave, avec sept équipes seulement, Daugavpils ne risque ni la relégation, ni de faire pire que le Zemgale de Jelgava.

Bruno Cadène

 

 

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