Caen, jeune et sans complexe

 

L'histoire du HCC est peuplée de grands noms et d'un palmarès assez récent, on retient un titre de vice-champion élite derrière Reims en 1999-2000 et le gain de la coupe de France cette même année... Malheureusement, ces efforts pour être au sommet de l'affiche ont rapidement contraint le club au dépôt de bilan après avoir été abandonné de la mairie et du principal sponsor. De cette époque, il reste un joueur devenu entraîneur qui n'est autre que Rodolphe Garnier. Malgré les blessures, il avait alors décidé de continuer le hockey et de remonter une équipe rétrogradée en division 3.

Ensuite la remontée fut spectaculaire puisqu'une année de D3, une de D2 et deux de D1 auront suffi à la bande de l'entraîneur-joueur Rodolphe Garnier pour retrouver la nouvelle Ligue Magnus, certes avec chaque fois des deuxièmes places, mais souvent synonymes de barrage et de montée. De cette fulgurante ascension dans les niveaux français, on se souviendra de joueurs-phares tels que le canonnier Jean-Marc Soghomonian, les buteurs Edmond Chan, Fred Chaisson et Petter Granberg, mais aussi bien sûr des joueurs encore présents comme Robert Marton, Tuomo Määttä, Sébastien Bergès et Rodolphe Garnier. Les deux meilleurs pointeurs de l'an dernier sont partis, comme cela a déjà été le cas les années précédentes, mais des successeurs viendront inexorablement prendre ces places. La remontée en élite aura surpris plus d'un club qui pensait pourtant facilement se défaire de ces petits Caennais mais qui sont des clubs qui sont souvent rester à les regarder passer devant eux tels que Reims, Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Chamonix (dans l'ordre des années et pour les clubs vraiment concurrents).

Si on observe la composition de l'équipe de Caen de ces dernières années, on se rend compte que l'équipe était très jeune avec vingt-trois ans de moyenne d'âge. Elle bénéficiait de l'apport d'une génération dorée qui aura réussi une année cadet extraordinaire (championne en cadets excellence) et dont les meilleurs joueurs étaient directement intégrés dans l'équipe première. Actuellement, les joueurs caennais manquent d'expérience mais ils sont maintenant sélectionnés dans les différentes équipes de France de jeunes et se mettent souvent à l'honneur en devenant des pièces maîtresses (Pierre Bennett a été le meilleur buteur français des championnats du monde de moins de dix-huit ans). Cela démontre un esprit conquérant mais surtout un amour du maillot qui aide à braver toutes les montagnes et gravir les échelons à moindre frais, puisque les renforts étrangers deviennent moins nécessaires. Ce lien avec la région, on le retrouve à travers le recrutement d'année en année où l'on voit revenir dans notre patinoire des anciens du club (Chauvel, Vandecandelaere). Cela fait chaud au cœur, mais on obtient surtout de meilleurs résultats avec des personnes forcément motivées par l'esprit d'équipe.

Dans les qualités de l'équipe, vous pouvez ajouter cette faculté de marquer de tous les joueurs, le danger venant de partout. Bien sûr, en élite, cela sera peut-être plus difficile, toutefois les défenses devront se méfier de chaque Caennais. Il est vrai que certains avaient de meilleures statistiques que d'autres, comme Granberg ou Garnier, mais cela provenait essentiellement du fait qu'ils jouaient les jeux de puissance et avaient plus de temps de jeu.

Après la chute des Léopards, les Drakkars sont repartis avec une nouvelle équipe dirigeante qui a les pieds sur terre. Désormais sur le banc, Rodolphe Garnier, un guerrier sur la glace parfois un peu trop violent, paradoxalement sûrement timide, a un tempérament qui entraîne les autres dans son sillage et un énorme amour du hockey. Ajoutez-y un Daniel Perez toujours disponible comme beaucoup des cadres autour de l'équipe première et aussi un nouveau président Pascal Lemasson qui tient à privilégier l'avenir (il y a cinq ans, avant le dépôt de bilan, il avait constitué une association pour la promotion du hockey mineur avec son prédécesseur à la présidence Bruno Marie) mais qui reste par sa personne très abordable. Combien de présidents de clubs sont présents et disponibles lorsque vous vous abonnez, et cela dans n'importe quel sport ? La politique caennaise reste en tout cas la même avec énormément de jeunes du cru, quelques renforts étrangers qui apportent leur expérience et la formation qui sera accentuée avec la venue de Luc Chauvel pour l'encadrement.

Au niveau structurel, des efforts ont été faits dans plusieurs domaines, le centre de formation et les structures des équipes toujours améliorés. On peut noter aussi des améliorations comme la gestion de la table de marque, le projecteur pendant les tiers-temps, la gestion des abonnés maintenant devenue parfaite, le site internet qui fonctionne et a été relooké. L'ambiance pèche encore un peu mais le retour de Petit Jean aide à retrouver de l'envie dans les tribunes. Tout cela rend les soirées attrayantes et les résultats sportifs des autres clubs bas-normands n'empêcheront pas de retrouver une patinoire comble pour cette nouvelle année.

La génération 1986-1987 (18-19 ans) apporte énormément à l'équipe. Comment rester de marbre devant l'évolution sur la glace et la maîtrise d'un Pierre Bennett, malheureusement absent jusqu'en janvier car blessé à deux minutes de la fin du dernier championnat de D1. Comment ne pas se régaler des rushs et des slaloms de Damien Fleury ou de Jonathan Avenel dans les défenses ? Notez la puissance et le sérieux aussi des jeunes défenseurs que sont Antoine Sentenac ou Jonathan Janil, qui peuvent aussi apporter leurs tirs de la ligne bleue. Et enfin la petite merveille, de l'envie, de la fougue, un tout petit gabarit mais qui patine très vite du fait de son centre de gravité bas, Arnaud Hascoët.

Caen remonte dans l'élite du hockey et il fallait donc combler les départs d'éléments importants mais aussi apporter toute l'expérience de haut niveau pour envisager un maintien tout en tenant compte d'un budget assez restreint. Les étrangers partis sont ceux qui n'ont pas forcément pris leurs rôles de meneurs, à l'exception de Petter Granberg qui rentre en Suède par nostalgie de son pays. Le recrutement a donc été basé sur le renouvellement des étrangers mais aussi sur le retour d'anciens Caennais. Certains ont peu joué, sortent de blessure comme Frédérick Brodin (donc plus abordables financièrement) ou évoluaient dans des équipes en difficulté, mais le recrutement a surtout été l'occasion d'augmenter l'effectif (quatre départs pour huit arrivées) pour permettre une plus grande liberté de choix dans la composition des lignes. Les départs seront complétés par des retours en D3 pour certains joueurs jugés trop justes pour évoluer en Magnus, mais il reste la possibilité à l'entraîneur de reprendre ses joueurs si l'effectif venait à être un peu court.

Les premiers matchs amicaux ont montré que Caen n'était pas ridicule comme certains pouvaient le penser. L'amalgame entre les anciens, les jeunes et les nouveaux semble déjà donner de l'équilibre à un groupe qui de toute façon en surprendra plus d'un. Certes l'équipe ne joue que le maintien, d'après les propos de tous, mais je ne serais pas étonné que l'appétit vienne en mangeant et qu'elle trouve le niveau adéquat pour chahuter les grands de la Ligue Magnus, voire obtenir une inconcevable invitation pour les play-offs. L'équipe est généreuse dans l'effort, très physique, et elle apportera beaucoup de spectacle à une patinoire qui ne demande qu'à vibrer sur de futurs exploits.

Les questions qui restent sur cette prochaine année se situent sur le rôle de chacun. Qui reprendra la place de meneur que Rodolphe Garnier avait dans le jeu ? A priori c'est l'année pour que certains prennent une autre dimension dans l'équipe comme Tuomo Määttä ou Damien Fleury, mais qu'en sera-t-il ? La composition des lignes nous montre quelques indices sur la volonté de Rodolphe, mais est-ce que l'équipe sera capable de s'imposer comme elle a pu le faire sur les jeux de puissance en play-offs de la dernière année de D1 ? Les renforts étrangers auront-ils le niveau Magnus, et les convalescents français retrouveront-ils leur niveau de jeu antérieur ? Les jeunes recrues françaises parviendront-elles à s'adapter à un groupe qui se connaît maintenant depuis plusieurs années ?

Christophe Vasnier

 

 

Départs : Hruska (Avignon), Granberg (Hudiksvall, SUE), Filip, M. Janil (entraînera la D3).

Arrivées : L. Chauvel (Amiens), F. Brodin (Clermont-Ferrand), Jelen (Pisek, TCH), Gavalda (Clermont), Supuka (Tours), Boldron (Briançon), Cesnek (Dubnica, SVK), Raux (Chamonix).

Effectif

Gardiens : Robert Marton (SVK, 25 ans), Jérôme Salley (24 ans).

Défenseurs : Jan Supuka (SVK, 26 ans), Michal Cesnek (SVK, 25 ans), Frédérick Brodin (29 ans), Sébastien Berges (26 ans), Jonathan Janil (17 ans), Olivier Vandecandelaere (26 ans), Samson Samson (23 ans), Alexis Gomane (24 ans), Antoine Sentenac (18 ans).

Attaquants : Tuomo Määttä (FIN, 25 ans), Jiri Jelen (TCH, 27 ans), Cédric Boldron (27 ans), Luc Chauvel (30 ans), Damien Raux (20 ans), Damien Fleury (19 ans), Pierre Bennett (18 ans), Cyril Gavalda (20 ans), Arnaud Hascoët (19 ans), Jonathan Avenel (18 ans), Pierre Feutry (27 ans), Pierre-Antoine Devin (19 ans), Maxime Cheradame (19 ans).

Entraîneur : Rodolphe Garnier (37 ans).

 

 

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