Bilan de la division 1 française

 

Résultats du championnat de France 2004/05 de division 1

 

Premier : Mont-Blanc. Le champion a bâti son succès sur son impressionnante régularité. Pourtant, la saison n'a pas toujours été une partie de plaisir. Les fuites de fréon de la patinoire de Megève ont occasionné sa fermeture pour travaux, et toutes les équipes du Mont-Blanc se sont retrouvées coincées à Saint-Gervais. Cela a posé des problèmes au hockey mineur, qui avait multiplié les équipes engagées en championnat (souvent avec les mêmes joueurs) et a eu du mal à caser toutes les rencontres du calendrier, mais moins aux seniors : même si la patinoire de Saint-Gervais est plus petite que celle de Megève, l'ambiance n'en est que meilleure. Les deux défaites à domicile contre Caen et Strasbourg au début de la poule finale n'ont pas engendré de crise ni de panique. Le Mont-Blanc a montré sa capacité à réagir au pied du mur et à répondre présent dans les grands rendez-vous. Solide, s'appuyant sur un très bon Arnaud Goetz dans les cages, il a fait parler son expérience, symbolisée par les anciens Carry et Fleutot, qui ne doivent pas faire oublier la qualité des jeunes comme Bastien Sangiorgio. Le pari est gagné pour l'entraîneur-joueur Stéphane Barin, qui a très souvent ouvert la voie et montré le chemin sur la glace. Orchestrateur au premier chef de l'accession en Ligue Magnus, l'ancien international a surpris à l'issue de la saison en annonçant qu'il quitterait le club.

Deuxième : Caen. Les lignes arrières normandes se sont encore densifiées autour du capitaine Sébastien Bergès, bien que Jaroslav Filip ait un peu trop de déchet dans ses relances pour un renfort étranger et que Peter Hruska abuse parfois de son physique. Après une première phase moyenne, Caen a donné sa pleine mesure en poule finale avec la meilleure défense du championnat. La stratégie de Rodolphe Garnier, parfaitement illustrée par l'envie et la vivacité de l'étonnant junior Arnaud Hascoët, a été une réussite totale. Même la blessure de Tuomo Määttä, nonchalant mais toujours capable d'une accélération fatale, n'a pas nui au plan de jeu. Les favoris présumés ont rarement pu imposer leur jeu contre le HCC, qui a progressé plus vite que prévu grâce à l'éclosion de jeunes talents. Un an après Damien Fleury, c'est un autre cadet, Pierre Bennett, qui est brillamment sorti de la formation caennaise. Il a véritablement explosé et a été le meilleur Français aux championnats du monde des moins de dix-huit ans... devant un autre membre des Drakkars, l'épatant défenseur Jonathan Janil. Cette jeune garde incarne l'avenir, et ces grands espoirs ont un nouveau défi à relever en Ligue Magnus.

Troisième : Chamonix. Il faut croire que la seule radio que l'on arrive à capter à Chamonix, c'est radio-patinoire... Cette station a été très active cette saison avec des émissions quasi-quotidiennes de libre antenne. Il ne s'est pas passé une semaine sans qu'un nouveau bruit ne soit lancé sur les relations tumultueuses de l'entraîneur avec tel ou tel joueur, des vétérans aux plus jeunes, en passant par les étrangers, tous supposés plus ou moins allergiques au système de jeu proposé, jugé trop canadien et trop peu imaginatif. Effectivement, le potentiel était là, et le titre de champion de France espoirs obtenu par Chamonix le prouve... mais il a aussi contribué à fatiguer les joueurs qui ont dû courir les deux lièvres à la fois et n'en ont attrapé qu'un. Mais le problème n'est-il pas qu'il est plus difficile qu'ailleurs de travailler à Chamonix, où l'exigence d'un public de connaisseurs est particulièrement forte ?

Quatrième : Strasbourg. Royale en première phase, l'Étoile Noire a encore explosé dans la dernière ligne droite, y compris face à des adversaires qui ne lui avaient pas posé de difficultés à l'automne. C'est tout le paradoxe d'une équipe qui devrait être handicapée en début de championnat par l'ouverture tardive de sa patinoire, mais qui peine au contraire dans la phase finale. Strasbourg avait pourtant une attaque de feu et disposait de trois bonnes lignes avec l'arrivée dynamique du très vif Julien Mauget. Cependant, sa défense n'a toujours pas eu le métier nécessaire pour éliminer les erreurs rédhibitoires dans les moments importants. Beaucoup de points ont été abandonnés au passage dans des matches gâchés, alors que les Alsaciens valaient mieux que ça. Il faudra donc attendre la nouvelle patinoire pour les voir fêter une promotion.

Cinquième : Neuilly-sur-Marne. Les recrues étrangères des Bisons ont connu des sorts très dissemblables. L'attaquant canadien Bruno Richard a tellement peu convaincu qu'il est vite reparti, mais l'Américain Trevor Beaney, dur sur l'homme, a été précieux dans une défense perméable, de même que Cvejn. L'arrivée de Jérôme Veret devait permettre de créer une bonne deuxième ligne, mais celle-ci a péché par manque de jeu collectif. Encore une fois, c'est le premier bloc qui a passé la majeure partie du temps sur la glace, mais il manque de constance et finit par s'épuiser. Quand tout le monde contribue, par exemple quand Milan Vastusko s'implique dans la récupération et n'attend pas uniquement en zone neutre pour recevoir le palet et profiter de sa très belle glisse, les Bisons sont capables de belles performances et ont un potentiel non négligeable. Mais il faut que chacun y mette du sien pour que l'équipe se présente comme un vrai groupe. Dans ces cas-là, aucun adversaire n'a la partie facile. Neuilly-sur-Marne éprouve toujours les pires difficultés à construire du jeu, mais les autres n'arrivent pas pour autant à trouver une solution.

Sixième : Courbevoie. On a senti un léger frémissement de la fréquentation des patinoires franciliennes cette saison. Même Garges commençait à recevoir un peu de public en fin de saison. L'évolution la plus spectaculaire a sans doute eu lieu à Courbevoie, avec la création d'un club de supporters, les Roosters, qui ont vite pris l'habit et coloré les tribunes de rouge. Ce qui était moins prévu, c'est qu'un visiteur importun se mette à voir rouge et à tirer sur Thierry Monier lors d'un match contre Caen. L'incident a suscité plus d'écho dans la presse locale que toute une saison du COC en temps normal, et il est regrettable qu'il faille que quelqu'un s'y introduise avec une arme pour que les journalistes s'intéressent à ce qui se passe dans les patinoires. Car l'équipe avait une belle allure sur la glace, et elle a bien honoré son entraîneur, vite remis sur pied. Le capitaine Rishi Ovide-Étienne a été exemplaire et a réalisé une grosse saison. La flèche Zdenko Sarnovsky a vu comme prévu son potentiel décupler en retrouvant son fournisseur officiel de palets Jan Timko. Le recrutement ne s'est donc pas fourvoyé cette fois-ci, même si Robert Blasko joue trop perso pour s'insérer aussi parfaitement dans le puzzle qui se construit patiemment.

Septième : Montpellier. Le MAHC a poursuivi ses efforts en matière de merchandising et de communication, mais sur le plan sportif, le bilan n'est peut-être pas à la hauteur de ce que les premières semaines avaient laissé espérer. L'attaque a eu des problèmes récurrents d'efficacité, au point que seul Juraj Ozorak arrivait encore à marquer avec un minimum de régularité en phase finale. Ce sont les anciens du club qui sont restés les cadres, alors que la plupart des recrues ont déçu. La curiosité japonaise Junji Sakata a paru être le prototype du hockeyeur visuellement non dénué de qualités mais en pratique dramatiquement inefficace. Les satisfactions ont été le gardien Fabrice Agnel, qui s'est complètement relancé à Montpellier, et le très physique Oliver McGee. Mais l'assureur du club a conseillé à celui-ci de ne pas reprendre le jeu après des douleurs au genou apparues début janvier, et la défense héraultaise a été beaucoup moins performante sans lui, car le décevant joker médical Janne Kinnunen n'a pas pu compenser son absence.

Huitième : Lyon. Le joker suédois Jonas Lund n'avait pas le niveau de la Ligue Magnus lors de son essai à Briançon, mais il avait celui de la division 1 où il a accumulé les buts. Avec le retour en forme de Sylvain Favreau et la qualité du jeu de Pierre Carabalona, les Lyonnais avaient suffisamment de talent offensif. Mais autour du capitaine Pavel Prochazka, qui a la particularité de ne jamais se souvenir du nom de ses coéquipiers et les interpelle par des "hé" ou des "oh" en match, les lignes arrières étaient trop faibles. Et l'équipe lyonnaise dans son ensemble ne savait pas tenir un match défensivement. Alors, le LHC n'a pas attendu la fin de saison pour claironner ses ambitions et expliquer que celles-ci étaient incompatibles avec le maintien comme entraîneur de Roger Dubé, qui s'est vexé et a claqué la porte sans attendre. Celui-ci n'avait peut-être pas tous les torts, et l'effectif à sa disposition ne permettait pas de faire beaucoup mieux, mais la nouvelle impulsion ne sera pas sans effet. Car l'annonce de l'arrivée de l'ex-sélectionneur national Heikki Leime la saison prochaine a déjà ravivé l'intérêt que suscite Lyon dans le hockey français, qui suit désormais avec attention ce qui se passe dans la capitale des Gaules.

Neuvième : Garges-lès-Gonesse. La réorganisation de l'organigramme s'est bien passée chez les Chiefs. Jaroslav Sikl a bien porté la double casquette d'entraîneur-joueur, et à son nouveau poste de manager, Simon Genest a redynamisé le club avec l'arrivée de sponsors locaux importants, dont Aéroports de Paris, et une médiatisation accrue avec des reportages hebdomadaires sur la télé du Val d'Oise. Sur la glace, le gardien joker au caractère fantasque Petr Sulan s'est bien intégré - après le flop Kus - sans pour autant faire oublier Zpevak, alors que le défenseur Petr Jaros a gagné en régularité. En attaque, Skokan a encore marqué plus souvent qu'à son tour (34 buts), mais la principale ligne française autour de Vincent Villette a eu plus de mal à s'exprimer offensivement même si elle a su museler les meilleurs trios adverses. Ce qui a manqué à Garges pour atteindre la poule finale, c'est comme toujours la profondeur de banc. Seuls deux espoirs ont joué régulièrement, Guillaume Langlois avec sa polyvalence attaque/défense et Damien Ilczyszyn qui s'est révélé en fin de saison en étant le premier à s'intégrer au duo Sikl-Skokan.

Dixième : Limoges. Jean-Claude Sozzi, installé en Haute-Vienne d'où sa femme est originaire, était sorti de sa retraite pour accepter le poste d'entraîneur, mais le courant n'est pas passé entre l'ex-international et ses joueurs. Il a été remplacé dès novembre par Carpentier, conseillé par les joueurs d'expérience comme l'attaquant tchèque Peter Svenk. Notons que - petite surprise - ce n'est pas Svenk qui a trouvé le plus souvent le chemin des filets chez les Taureaux de Feu. C'est en effet le petit Sébastien Aris, né et formé à Compiègne, qui a explosé avec ses vingt buts. Il était un des rares joueurs à être resté à l'intersaison dans une équipe soumise à de grands bouleversements après le décès de son ancien président, et cette seconde saison à ce niveau a été pour lui celle de la confirmation. Même si Limoges n'a pas accédé à la poule finale cette fois-ci, il s'en est fallu de peu, et cette saison tranquille peut être qualifiée de satisfaisante après qu'un cap difficile a été passé.

Onzième : Cergy. "Il suffit d'un ou deux excités", dixit un commentateur footballistique semi-retraité dont la maxime avait été transformée en "tube" il y a quinze ans. À Cergy, il en a effectivement suffi d'un seul pour influer radicalement sur le cours de la saison. Un spectateur un peu éméché s'est répandu en insultes sur un joueur montpelliérain en prison (Thomas Appert), il y a récolté une multiple fracture du nez, et le club a pour sa part récolté des ennuis, avec des mesures de sécurité imposées et surtout un match à rejouer à ses frais. Lorsque l'arbitre avait arrêté la première rencontre, les Jokers tenaient le bon bout avec un nul 0-0 après deux tiers-temps. Mais quand ils durent remettre le couvert contre Montpellier début janvier, dans un match à quitte ou double, ils ne purent rééditer leur exploit. C'est donc Lyon, une équipe qu'ils avaient dominée par deux fois, qui se qualifia in extremis. La frustration fut telle que Cergy eut du mal à relancer la machine pour la poule de maintien et se retrouva en position de relégable avant de retrouver ses esprits et un peu d'air au classement.

Douzième : Amnéville. Après la démission de l'ex-président Éric Biernat, las de lutter pour survivre financièrement en D1, son successeur Rudy Koenig a marqué le coup de sa prise de fonction en faisant revenir l'entraîneur canadien Gilles Provost, récemment passé par le Luxembourg. Celui-ci n'a pas convaincu tout le monde avec ses séances où il tente de réapprendre les bases du hockey et de pratiquer des exercices curieux comme des trois-contre-zéro plutôt que de s'occuper des situations importantes en match comme les sorties de zone ou les jeux de puissance. Du coup, l'attaquant letton Gints Gredzens, qui était venu en France pour progresser, a eu le sentiment de perdre son temps et est rentré dans son pays à mi-saison malgré un contrat en cours. Lui aussi très mal placé à un moment, le MAHC a tout de même sauvé sa tête en gagnant en Avignon à la dernière journée.

Treizième : Le Vésinet. Après l'arrêt prématuré d'Éric Pinard et la non-venue au dernier moment d'Éric Lamoureux, les Angers ont aussi dû composer avec diverses blessures (tibia cassé de Pons, trois mois ; arthrose de la hanche de Siegfried, six mois ; poignet et cuisse de Trabach, six semaines ; phalange de Morgant, trois semaines ; main de Daguerre, trois semaines ; genou de Ducam, cinq semaines) et avec les indisponibilités professionnelles de Bigand et Durreche. Comme ils disposaient d'un effectif réduit, ils ont donc joué une bonne partie de la saison à deux lignes. Dans une ambiance toujours bonne dans le vestiaire, les Vésigondins sont quand même restés volontaires en attaque, à l'instar de leur capitaine Laurent Labigne auteur de vingt-cinq buts. Mais malgré l'apport de l'unique étranger Rastislav Kurilovsky qui a rassuré la défense, ce secteur de jeu doit encore travailler sur la régularité.

Quatorzième : Avignon. Contrairement aux années passées, et malgré la stabilité de l'effectif, la mayonnaise n'a pas pris cette fois, et l'OHCA a perdu cette cohésion qui faisait sa force. L'arrivée de la glace une semaine après le début du championnat, les obligations professionnelles de certains joueurs dans leur nouveau travail, les blessures de quelques cadres et même les suspensions ont rendu la saison difficile. Il était alors impossible de faire des miracles avec deux étrangers, dont un, Jocelyn Perreault, était en fait venu pour ses études. Lorsqu'il s'est blessé et a été arrêté pour quatre mois, le club, fidèle à ses valeurs associatives, l'a conservé pour qu'il puisse terminer son année universitaire en Avignon, plutôt que de chercher à recruter un joker. En poule de maintien, les Castors avaient quand même un jeu suffisamment vif et solide défensivement pour dominer leurs adversaires, mais ils ont été fébriles devant la cage et ont dû attendre l'avant-dernière journée pour se maintenir.

Quinzième : Valence. L'entraîneur Jean-François Corront, débarqué en avril puis réengagé en juillet, a pu voir les méfaits d'un recrutement et d'une préparation amorcés dans l'urgence sans recul suffisant. Les Valentinois ont mal commencé leur saison, et ils l'ont aussi mal terminée avec trois défaites, alors que la poule de maintien, malgré le départ de leur attaquant canadien Kevyn Saville, avait débuté de façon plutôt encourageante. Le bilan est donc une nouvelle médiocre quinzième place, à nouveau de peu devant Asnières (6-1 et 1-5 aux confrontations particulières). C'est surtout sur le long terme que Valence travaille, avec une moitié de juniors dans l'effectif. Les bonnes prestations du jeune gardien Jérémy Valentin font partie des points positifs.

Seizième : Asnières. On peut toujours se dire que la lutte pour la relégation était plus serrée cette saison et que, avec six équipes qui se sont tenues en deux points, cela aurait pu tomber sur n'importe qui. Sauf que, si c'est encore tombé sur Asnières, cela ne peut pas être uniquement le fruit du hasard. Cette fois, il n'y a pas eu de miracle en barrage (contre Viry), et la sanction aurait dû être la relégation. La liquidation judiciaire de Clermont-Ferrand en décidera autrement, mais l'AHC ne peut pas se satisfaire de cette position de lanterne rouge perpétuelle de D1, car les supporters les plus fidèles commencent à se lasser. Les critiques se sont concentrées sur l'attaquant tchèque Zdenek Sikl en fin de saison, car il était jugé trop nonchalant et trop peu impliqué. Mais il était aussi un des rares à pouvoir marquer, et le reste de l'équipe va devoir prouver qu'elle a des capacités offensives au lieu de se reposer toujours sur les étrangers de la première ligne. Pour qu'Asnières tienne vraiment sa place en D1, il faut que chacun fasse les efforts nécessaires à ce niveau, y compris suivre avec assiduité les entraînements de Peter Zambori, au lieu de le laisser parler, de le laisser mettre les buts, et de le laisser se démener en vain.

Marc Branchu

 

 

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