Clermont : la jeunesse s'impatiente

 

À Clermont-Ferrand, les Sangliers Arvernes font partie du paysage, au même titre que le Puy de Dôme qui surplombe la capitale auvergnate ou encore la sombre cathédrale en pierre volcanique dont les flèches noires auraient pu elles aussi donner un nom à l'équipe de hockey locale. Une grande partie des 250 000 habitants de l'agglomération connaît le nom de l'équipe, et le club a déjà 32 ans cette année, une longévité respectable pour un club "de plaine". Il y a bien, à Clermont, une culture hockey : trouvez un Clermontois, dites-lui "hockey ?", il ne vous répondra ni "NHL", ni "kézako", mais "Sangliers Arvernes". La couverture médiatique au niveau régional est excellente : un partenariat avec Clermont Première, la chaîne de télé de la ville, a permis la retransmission télévisée en différé d'une poignée de rencontres du S16, et un lien très fort a été tissé avec le quotidien régional La Montagne.

Cependant, si le Clermont Auvergne Hockey Club (CAHC) fait bien partie du patrimoine sportif de la ville, il souffre d'une concurrence qui se durcit d'année en année. La concurrence s'inscrit jusque dans les noms employés : ainsi, en rugby, l'AS Montferrand est devenue le Clermont Auvergne, probablement en contrepartie des importantes subventions versées par la ville et la région. Concurrence pour les subventions, concurrence en termes de public également : l'équipe de rugby bénéficie de 6 000 abonnés, le club de foot en Ligue 2 attire en moyenne un nombre voisin de spectateurs, le Stade Clermontois monte cette année en Pro A et compte remplir régulièrement sa salle.

Que peut espérer dans ces conditions le club de hockey et sa modeste moyenne de 900 spectateurs par match pour une capacité de 1 500 places assises ? Car tel est le principe de répartition des subventions en Auvergne : remplis ta salle et nous remplirons tes caisses.

Le tarissement des subventions d'origine institutionnelle est la pire des tuiles qu'un club de hockey français puisse envisager. À l'intersaison, Clermont s'est retrouvé avec Tours dans la zone orange tracée par Luc Tardif. Il existe des solutions de secours, comme la réduction du nombre d'invitations aux matchs, mais le CAHC n'a ni l'expérience ni les structures pour se muer en un club plus attractif pour les sponsors. D'ailleurs, ce n'est pas le nouveau logo de l'équipe, très laid (il semble que Clermont soit en concurrence avec Grenoble pour trouver le logo le plus hideux de la Ligue Magnus), qui permettra d'attirer l'attention d'investisseurs potentiels. Pas très attirant non plus, et peut-être révélateur d'une certaine immaturité du club au plus haut niveau national, le site officiel, malgré quelques efforts à l'approche du début de saison : vide, ignorant des meilleurs initiatives des supporteurs du club (aucun lien vers le site non officiel, beaucoup plus complet, sérieux dans les mises à jour et agréable à visiter), ce site est l'illustration d'un côté club-famille qui a quelques avantages mais aussi d'énormes inconvénients.

Par contre, les nouveaux maillots, oranges et bleus, rappelant les couleurs du Tappara Tampere pour les connaisseurs, sont réussis, d'autant plus qu'ils représentent un retour aux maillots d'origine. Apprécions également le slogan du club "ensemble, brisons la glace !", injonction faite aux supporteurs à s'investir dans un travail d'ambiance. Remarquons d'ailleurs que, la saison dernière, le club lui-même en est venu à monter un groupe de supporteurs (le président du club de supporteurs était le vice-président du club...), tellement l'ambiance dans la patinoire tenait de la messe du dimanche matin à la cathédrale gothique, la ferveur en moins.

Le lourd héritage de la Nationale 1

Le CAHC est un club durablement installé dans la Nationale 1 aujourd'hui disparue. Il s'agit là d'un lourd héritage, difficile à gérer lorsque, au gré des aléas du hockey français, il se trouve soudain propulsé au plus haut niveau hexagonal, en compagnie d'équipes à l'organisation rigoureuse. Il y a bien à Clermont une culture façonnée par la routine de la N1 : manque de sérieux dans la préparation hors glace, manque de concentration pendant les matchs, mentalité dilettante pour certains joueurs. Si l'on ne demande pas à la formation clermontoise de devenir une structure professionnelle, un minimum de rigueur est requis pour rester au plus haut niveau. Les joueurs ne sont pas les seuls à incriminer. Le club peut se sentir bien seul dans une région où il n'existe que deux autres clubs de hockey, Le Lioran et Mont-Dore, micro-clubs de montagne qui n'ont même pas d'équipe-fanion engagée en championnat. Dès lors, il est naturel que le personnel du club ait parfois l'impression d'être loin de tout : au cours de leur apprentissage, beaucoup de hockeyeurs auvergnats n'ont parfois pour référence que les autres jeunes du club. Ils ne grandissent pas dans le hockey en essayant de se hisser au niveau d'un Rouennais ou d'un Amiénois. Cet isolement explique l'attitude suffisante de ceux qui, adulés sur la glace clermontoise, n'ont pas le recul nécessaire à une ambition supérieure. Caractère autarcique, parfois proche de l'autisme, d'un club marqué par la routine de la N1.

La fin du cycle Evertsson : un tournant raté ?

De ce point de vue, l'arrivée d'un jeune coach suédois au passé de recruteur dans un grand club nord-américain ressemblait à un joli pari. Henrik Evertsson, à son arrivée au club en 2002, a tout de suite instauré une discipline rigoureuse, un principe de concurrence qui a abouti à la mise à l'écart de joueurs bénéficiant jusque là d'un statut injustifié de titulaires inamovibles (Villedieu, Saint-Aubin). De plus, Evertsson disposait d'un excellent carnet d'adresses. L'année dernière encore, Clermont s'est fait remarquer pour ses quelques jolis coups dans le domaine des transferts : Daniel Lombard, qui fut quand même le grand artisan du nul 0-0 à Rouen en demi-finale de la Poule nationale, fut de ceux-ci. Mais la recrue la plus emblématique de la saison 2003-2004 restera ce diable de Greg Willers, l'un des meilleurs défenseurs offensifs du dernier championnat, avec seize buts, et le premier joueur drafté en NHL à avoir enfilé le chandail auvergnat. L'attaquant québécois Éric Normandin, arrivé en cours de saison, fit son travail de manière honnête. Niklas Evertsson, arrivé un an après son coach de frère, devint tout simplement le meilleur compteur du club, et Mathias Karlsson fut toujours solide derrière. Mais il y eut aussi des désillusions dans le recrutement étranger : l'épisode Gourdeau, sur lequel il n'est pas nécessaire de revenir, laissera un goût amer du côté du Puy-de-Dôme. D'autre part, Bobby Davis, longtemps victime d'une pubalgie, joua seulement quinze matchs alors qu'il devait être un pilier de l'attaque clermontoise. Henrik Karlsson, pour sa deuxième année au club, fut lui aussi longtemps blessé. Ces deux derniers sont partis à la demande du club, tandis que les premiers cités se sont envolés vers des cieux plus rémunérateurs : Varèse et l'Italie pour Willers, l'Allemagne pour Mathias Karlsson (Haßfurt), la Suède pour Lombard (Piteå) et Niklas Evertsson (Jonstorp), le Canada pour Normandin. Pendant ce temps, l'un des symboles du club, Réjean Pageau, après quatorze saisons passés au club, et un apport qui justifierait que son maillot soit hissé sous le toit de la patinoire de Clermont-Communauté, raccrochait les patins. Plus discret, Vincent Quintard, après une carrière pourtant méritante, fit son adieu au hockey après une sortie par la petite porte.

Au-delà des questions financières, si le grand ménage a été fait dans l'effectif clermontois, c'est aussi que le club touche aujourd'hui à la fin d'un cycle. Les bons côtés de la période Evertsson, en particulier le fait que les Sangliers Arvernes se soient hissés deux années de suite à une place jamais atteinte dans la hiérarchie nationale (10e), n'ont pas pesé lourd face au sentiment de cassure de l'époque Evertsson. En effet, il y eut bien, pendant deux ans, à Clermont, deux équipes : une équipe d'étrangers et une équipe française. Isolés par la barrière de la langue (Evertsson ne parlait qu'anglais et s'adressait prioritairement, parfois même exclusivement, aux renforts étrangers), deux groupes se sont formés, sur la glace comme en dehors. Le délitement de l'ambiance dans les vestiaires a conduit le staff clermontois à revoir la politique du club.

Un réservoir de jeunes enfin valorisé : la bénédiction Nilly

En vérité, la politique de formation clermontoise n'est pas totalement nouvelle. L'an dernier, surtout, le club a commencé à fournir un effort conséquent en la matière. La création d'une équipe d'Espoirs élite fut un succès à elle seule, qui a contribué à l'ouverture soudaine d'une filière amiénoise : le gardien Brison, le défenseur Caron et les attaquants Voyer et Cozette ont débarqué de la capitale picarde, renforçant considérablement l'équipe junior clermontoise. Cette année, Anthony Cozette, fort de son expérience auvergnate est retourné dans la Somme, tandis qu'Alric Brison s'est vu chiper la place de troisième gardien par un jeune formé au club, Camille Vigier. Par contre, Mathieu Caron et Hugues Voyer sont restés, pour être intégré dès cette année à l'équipe une. Ils rejoignent le copain qui les avait amenés à Clermont, le défenseur Cyrille Gaby, qui a goûté sept fois au S16 au cours des deux dernières saisons, parmi les titulaires. Dans le même état d'esprit, le défenseur Laurent Ballet, formé au club, devrait connaître son premier match chez les seniors dès l'ouverture du championnat, contre Mulhouse. Tous ces jeunes joueurs contribuent à abaisser la moyenne d'âge de l'équipe senior aux alentours de vingt-quatre ans.

Fred Nilly, le corsaire dunkerquois débarqué à Clermont il y a deux ans, n'est pas étranger à ce rajeunissement. Son arrivée en Auvergne a même pris l'allure d'une bénédiction. Buteur, passeur, joueur courageux, présent en attaque comme sur les replis défensifs, Fred Nilly est devenu, au cours des deux dernières saisons, LA pièce maîtresse du jeu clermontois. De plus, Nilly s'investit dans les structures du club : il devient cette année l'entraîneur n°1 des Espoirs élite, fonction qu'il partageait auparavant avec Serge Messier, ancien joueur du club. La qualité de son enseignement est reconnue par tous au sein des structures clermontoises. Il a apporté un nouveau souffle à l'ensemble de la maison auvergnate. Cette année, son chandail sera frappé du C, Christophe Roux lui cédant la place de capitaine. Son rôle va donc crescendo dans la formation clermontoise.

L'ossature de l'équipe 2004-2005

En équipe une, l'ailier gauche clermontois s'appuiera sur les anciens du club, Christophe Roux, modèle à suivre dans la conversion de la N1 à l'élite, tant il a su se hisser au niveau du S16 les deux saisons passées, et François Martin, défenseur, doyen de l'équipe à 33 ans, pour guider les jeunes. Dans l'ossature que le CAHC a réussi à préserver à l'intersaison, Fabien Chardon reprendra son rôle de sempiternel deuxième gardien, en espérant qu'il soit capable de réduire la moyenne de six ou sept buts par match atteinte durant ses intérims de l'an passé, et qu'il revienne au niveau entr'aperçu alors qu'il était encore un grand espoir, il y a quatre ans.

En défense, Yann Lecompère continuera de répondre présent. Espérons qu'il montrera encore plus d'envie sur la glace et qu'il saura à la fois se discipliner pour éviter les pénalités stupides, et se concentrer pour éviter les relances hasardeuses ou les glissades. Le joueur formé à Chamonix semble parfois se reposer sur son statut, légèrement périmé à présent, de sélectionné des équipes de France juniors. De toute façon, Clermont ne peut pas se permettre de faire la fine bouche côté défense, et Lecompère aura encore un statut de titulaire indiscutable. Il faudra qu'il prenne conscience de ses lourdes responsabilités pour organiser une défense de fer. Lionel Simon, joueur mesuré, travailleur de l'ombre, satisfaction indéniable dans le recrutement de l'année passée, saura compenser et donner une certaine stabilité à la défense clermontoise. David Sarliève, le frère de l'éphémère entraîneur de Valence, reprendra le chemin de la patinoire après un an d'interruption. Avec ses dix saisons au club, il fera figure d'ancien, mais pourra-t-il assumer la lourde charge qui incombera cette année à l'ensemble des défenseurs clermontois ? D'autant plus que ce sera sa première saison au plus haut niveau puisqu'il n'a jusqu'à présent connu que la N1. Peut-on considérer Mazerolle comme un ancien ? À vingt-deux ans à peine, l'ailier gauche québécois débarqué l'an dernier semble avoir pris racine en Auvergne. Ses vingt buts et dix assistances en vingt-sept matchs lui ont valu une certaine reconnaissance dans le petit monde du hockey français, ainsi que le statut de goleador de la formation auvergnate. L'an dernier, il était noyé parmi les renforts étrangers. En préférant rester, Luc Mazerolle n'a pas choisi la facilité : il lui faudra désormais assumer seul désormais (peut-être avec Nilly) le rôle de pointeur de l'équipe. Ce choix est en tout cas signe d'une excellente intégration, d'un esprit d'équipe ainsi que d'un fort investissement tout à l'honneur du jeune Canadien. Peu de clubs peuvent se vanter d'avoir déniché un renfort étranger de 22 ans qui s'entraîne pendant l'été avec Daniel Brière. Clermont l'a trouvé, et l'a séduit. L'histoire d'amour entre Clermont et Mazerolle ressemble à une très belle love story, qui pourrait bien durer encore quelques temps.

Alors qu'il franchissait à peine le cap de ses vingt ans, Martin Jeannette a quand même totalisé neuf points la saison dernière. Cette année doit être pour lui une concrétisation. De même, William Mouly a déjà montré l'an dernier qu'il était devenu le meilleur produit de la formation clermontoise avec dix-sept points et quelques matchs exceptionnels. Face à Rouen, lors de la demi-finale aller de Poule Nationale, survolté, il a passé près de trente minutes sur la glace, et a été l'un des grands artisans de la victoire (4-2). À l'aune de sa fin de saison référence, il doit pousser plus loin encore son rendement, et s'adapter à une situation d'attaquant-vedette, sortant de l'ombre des grosses recrues étrangères. Il lui faudra pour cela chercher un peu plus de discipline sans abandonner ce grain de folie qui lui permet de faire la différence sur la glace. Avec vingt-six matchs et sept points en S16, l'ailier droit international espoir Cyril Gavalda fait, à dix-neuf ans, déjà figure d'ancien. Il lui faut à présent franchir un cap et vaincre l'énorme pression accumulée sur ses frêles épaules, après des débuts tonitruants à dix-sept ans. Doté d'une technique redoutable, il faut à ce produit du club, passé également par l'école angloye, structurer son jeu de manière à présenter un bagage plus complet, ne reposant pas seulement sur des enchaînements dribbles - prises de vitesse. Grosse déception de la saison dernière, Alexis Billard, que sa carte de visite - en particulier sa formation rouennaise - avait propulsé au rang d'exemple auprès des jeunes, doit, à 23 ans, recommencer à marquer (aucun but et deux assistances l'an dernier), sous peine d'être progressivement court-circuité.

Les renforts étrangers

Pour diriger tout ce beau monde, un sorcier slovaque qui connaît bien la formation française, Milan Jancuska. À 45 ans, l'entraîneur de la réserve de Kosice relève le défi : Clermont recherchait un entraîneur francophone pour tourner la page Evertsson. Le club a trouvé Jancuska, qui a passé cinq ans à Megève. Au vu des entraînements de pré-saison, l'entraîneur impose un travail intensif. Charismatique, il a déjà acquis une certaine autorité et s'intéresse particulièrement au développement des jeunes. Dommage, par contre, qu'il n'ait pas fait jouer son carnet d'adresses slovaques. Même en prenant en compte les restrictions budgétaires clermontoises, le recrutement s'avère d'une maigreur inquiétante. La limitation quantitative des renforts est compréhensible, mais encore faudrait-il que la qualité compense le nombre. Or, force est de constater que le recrutement clermontois n'est pas très imaginatif. Le gardien tchèque Radek Lukes a été recruté en fonction des bons matchs qu'il avait disputés à Clermont (historiquement, les Rapaces de Gap sont les bêtes noires des Sangliers Arvernes). Parviendra-t-il à concrétiser les immenses espoirs placés en lui ? Par ailleurs, les deux autres renforts étrangers laissent songeurs. Le recrutement de Paul Kelley devrait tout de même se révéler positif. Celui que l'on surnomme déjà "le dentifrice" à cause de l'université américaine où il a joué toute sa carrière, Colgate, n'est en rien le gros compteur susceptible d'influer sur le score à la façon d'un Mazerolle. Il présente plus le profil d'un meneur d'hommes, puisqu'il assumait le co-capitanat dans l'équipe des Raiders, en NCAA. Toutefois, les matchs amicaux ont pour l'instant révélé un joueur irrégulier, parfois transparent. L'autre recrue nord-américaine a de quoi inquiéter. Carl Michaelson, de Hobart College, deux divisions universitaires en dessous de celle de Kelley, savait-il où il mettait les pieds en signant avec Clermont ? Nul doute que dès son arrivée, il a dû souvent entendre parler d'un certain Greg, déjà entré dans la légende du club. Willers tenait la défense à lui tout seul, et savait aussi bien marquer sur des lancers imparables de la ligne bleue que sur des remontées de palet vertigineuses. Michaelson n'a ni le même gabarit, ni les mêmes statistiques que son prédécesseur. À la lecture de son parcours, on se demande vraiment ce qu'un joueur de ce type va bien pouvoir apporter. Sans cloner Willers, n'était-il pas possible de trouver un défenseur un peu plus crédible ?

Puisque priorité était donnée à la francophonie, le nombre d'étrangers dans l'effectif semble bloqué à quatre, ce qui est finalement une bonne nouvelle, en espérant que l'Autorité exécutive du hockey français ait la bonne idée de donner des bonus aux équipes qui favorisent la formation, à défaut de pouvoir donner des malus à celles qui violent allégrement le gentleman agreement.

Les trois recrues françaises

Côté recrues françaises, Clermont, c'est le jour et la nuit. Commençons par la nuit pour être optimiste. Cas d'école : un attaquant de vingt-sept ans fait zéro point sur une saison où il n'est presque pas monté sur la glace. Il cherche une seconde chance. Question : que fait-il ? Réponse : il contacte Clermont et l'affaire est réglée. Ainsi, Jean-Michel Bortino va pouvoir montrer que son passage à Dijon n'était rien qu'un mauvais rêve. Nous laissons le lecteur apprécier une telle prise de risque de la part du club. Audace ou inconscience, seule la saison le dira. Certes, Bortino n'est pas un inconnu. Il a enchaîné quelques bonnes saisons à Briançon, où les supporteurs disent avoir apprécié ses qualités (trente-cinq points en 1998-99). Mais était-il vraiment nécessaire de tenter ce bien étrange pari ? Un autre recrutement assez curieux, coup de poker assez audacieux dont on ne saura qu'au bout de quelques rencontres de quoi il retourne : l'attaquant Paul Mottet, de Wasquehal, club de D3, signe à vingt-neuf ans à Clermont.

Côté jour, le meilleur coup depuis l'arrivée de Nilly : un deuxième Fred, qui nous vient du nord lui aussi, prend la route de Clermont. Frédérick Brodin a fait sensation en choisissant l'Auvergne pour prendre du recul vis-à-vis d'un Coliséum embouteillé. Plus de glace, plus de responsabilités, Fred Brodin se sent mûrir à 28 ans, et son éclosion risque d'apporter énormément à Clermont. L'ancien défenseur amiénois vient de jouer avec l'équipe de France les trois matchs du tournoi de Riga comptant pour l'Euro Hockey Challenge. Aligné sur le deuxième bloc défensif avec le capitaine tricolore Vincent Bachet, il semble avoir la confiance de Dave Henderson. À peine arrivé à Clermont, Brodin est en tout cas déjà un élément essentiel du dispositif. D'autant plus que son brevet d'État constitue un précieux sésame qui va lui permettre de participer au plan de formation clermontois.

Signalons encore, dans le bilan du recrutement, que le Chamoniard Yann Vannienwenhove, mis à l'essai, n'a pas été retenu, et que le Tchèque de La Roche-sur-Yon, Robert Blaha, ne viendra finalement pas.

Une dernière grosse déception : le joueur polyvalent Léo Rivon, 19 ans, 24 matchs en S16, deux buts et deux assistances, a choisi de suspendre sa carrière en seniors, se limitant à la saison espoirs élite, en raison de ses études de médecine. C'est dommage dans la mesure où Rivon était le symbole de la formation clermontoise avec Gavalda.

Malgré ce désistement, Clermont entame courageusement un travail de long terme, qui portera ses fruits dans quelques années. Il est dans l'intérêt du hockey français que l'expérience auvergnate du président Didier Triouleyre réussisse, et que les jeunes pousses du club puissent bientôt titiller les monstres sacrés du championnat. Pour l'année 2004-2005, les ambitions sont mesurées : priorité au maintien, objectif 9e-12e place, avec l'option "cerise sur le gâteau" en cas de qualification avec la 8e place.

Jocelyn

 

 

Départs : H. Evertsson (entraîneur), Lombard (Piteå, SUE), Pageau (arrêt), N. Evertsson (Jonstorp, SUE), Normandin (Canada), M. Karlsson (Haßfurt, ALL), H. Karlsson, Quintard (arrêt), Willers (Varèse, ITA), Davis (Miesbach, ALL), Cozette (Amiens), Rivon (études).

Arrivées : Lukes (Gap), Jancuska (Košice B, SVK), Kelley (Colgate University, NCAA), Bortino (Dijon), Brodin (Amiens), Sarliève (année sabbatique), Michaelson (Univ. Hobart, USA), Paul Mottet (Wasquehal).

Effectif :

Gardiens : Radek Lukes (TCH, 25 ans), Fabien Chardon (23 ans), Camille Vigier (18 ans).

Défenseurs : Carl Michaelsson (USA, 23 ans), Frédéric Brodin (28 ans), François Martin (33 ans), Yann Lecompère (23 ans), Cyrille Gaby (19 ans), David Sarliève (30 ans), Laurent Ballet (21 ans), Mathieu Caron (19 ans).

Attaquants : Martin Jeannette (20 ans), Luc Mazerolle (CAN, 22 ans), Paul Kelley (USA, 25 ans), Frédéric Nilly (30 ans), Alexis Billard (23 ans), William Mouly (23 ans), Jean-Michel Bortino (28 ans), Christophe Roux (28 ans), Cyril Gavalda (19 ans), Paul Mottet (29 ans), Lionel Simon (24 ans).

Entraîneur : Milan Jancuska (SVK).

 

 

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