Oublier les saisons passées

 

Ancien club de l'élite, Angers faisait partie des grosses équipes du hockey français lors de la création du Super 16. Les objectifs étaient réalisables : participer à la poule Magnus et y faire bonne figure... Finalement, Angers a fini treizième sur quatorze, puis douzième l'année dernière. Des places bien loin des objectifs affichés et un spectacle bien terne proposé au "Haras". Les raisons à ces échecs : un collectif jamais trouvé et un recrutement approximatif sur les postes clés (un gardien trop fébrile, une première ligne défensive inefficace, et des nouveaux joueurs qui connaissent trop de problèmes d'adaptation...).

Alors, quels sont les objectifs réels d'Angers cette année ? Une place en play-offs bien évidement. Est-ce réalisable ? Est-ce que les années se suivent et se ressemblent en Anjou ? En tout cas, tout est fait pour qu'Angers réussisse une meilleure saison cette année : la nouvelle formule du championnat, une stabilité importante au sein de l'effectif et de l'encadrement, et un budget stable (proche de 750 000 €).

Un recrutement conditionné par les resignatures

La stabilité au sein d'un effectif est quelque chose qu'Angers n'a jamais su trop mettre en place. Cette année, l'ASGA y est presque parvenue, et on a même l'impression que c'était l'objectif principal de cette intersaison.

Ainsi François Dusseau, qui entame sa seconde saison au plus haut échelon national et à la tête de l'équipe angevine, est parvenu à conserver Claude Devèze, le capitaine angevin qui entamera sa dix-septième saison de hockey de haut niveau, dont douze à Angers. Il sera secondé par Julien Pihant, lui aussi toujours aussi fidèle au club avec déjà sept saisons passées en Anjou. De même pour Patrick Bargman qui re-signe pour une cinquième saison. Autre re-signature importante, l'espoir canadien Jonathan Bellemare, qui voudra prouver qu'il s'est enfin adapté au jeu européen et que les espoirs fondés en lui n'étaient pas vain, à l'image de sa fin de saison passée, où il a su diriger l'équipe en inscrivant deux buts importants et en distillant quatre assistances lors de la demi-finale et de la finale de Nationale. Tomas Mysicka aura aussi beaucoup à prouver pour faire oublier la saison passée et retrouver son niveau vosgien (145 points en quatre années à Épinal). Il sera accompagné de son compatriote slovaque Radek Hovora, seul joueur ayant pleinement convaincu l'année passée. Enfin, le dernier attaquant à rester est le jeune Gianni Huet, formé au club, qui devrait avoir plus de temps de glace cette année.

En défense, en plus de Bärgman, trois autres défenseurs demeurent, Patrice Bellier, Mikael Irani, ainsi que Sébastien Rousselin pour sa quatrième saison. Enfin, Frédéric Gilbert, second gardien arrivé l'année passée, poursuivra son apprentissage en élite à Angers.

Du côté des départs, Ocelka et Côté n'ont pas été conservés, jugés trop décevants l'année passée. François Ferrari ne demeurera au club qu'en tant qu'entraîneur des jeunes, il a décidé de prendre sa retraite après quinze ans de carrière en senior, deux à Saint-Gervais, quatre à Grenoble et neuf à Angers, c'est-à-dire plus de 400 matchs pour 300 points et un état d'esprit exemplaire pour l'attaquant formé à Morzine. Le jeune gardien Stefan Lindquist, arrivé en janvier dernier, n'a pas été conservé et retourne en Suède. Pierre-Yves Albert, jeune joueur formé au club et passé par le sport-études d'Amiens, part au Québec pour poursuivre ses études tout en pouvant parallèlement mener une carrière de hockeyeur. Serge Crochetière quitte également la douceur angevine pour rejoindre les patinoires américaines et l'AHL, précisément chez les Hershey Bears, l'équipe-ferme des Colorado Avalanche. Malgré un début de saison difficile par sa lenteur d'adaptation au jeu européen puis une blessure qui le priva de glace pendant trois mois, le défenseur canadien avait réussit à séduire le cœur des supporters. De même pour Daniel Socha, très apprécié à la fin de la saison dernière, notamment grâce à une seconde phase étonnante (meilleur pointeur de l'équipe à égalité avec Mysicka, alors qu'il est défenseur). Il a dû rentrer en Slovaquie car sa femme a une grossesse difficile.

Pour pallier ces départs, Angers a effectué un recrutement prudent. Il allie des joueurs expérimentés qui ont déjà bourlingué sur toutes les patinoires de l'hexagone à de jeunes joueurs.

L'arrivée des frères Lacroix n'est pas fortuite, c'est d'abord la nécessité d'encadrer une équipe qui est très jeune. C'est sans doute aussi un choix de cœur concernant l'entraîneur François Dusseau puisqu'il avait participé à la montée en élite de l'équipe angevine en 1993/94 avec Martin Lacroix, qui avait déjà évolué durant trois saisons au sein du club angevin de 1992 à 1995. L'aîné des deux frères, âgé de 36 ans, revient en France après n'avoir disputé qu'une demi-saison à Rouen l'année dernière. Il avait quitté la Normandie fin décembre pour finir la saison à Trois-Rivières au Canada. En ce qui concerne Simon Lacroix, 30 ans, sa polyvalence sera sans doute utilisée cette année encore et son arrivée n'est pas étrangère à la présence de son ami Pat Bellier dans l'effectif angevin. Ils ont déjà évolué ensemble à Rouen en 2001/2002 et à Villard-de-Lans en 1998/99.

Côté attaque, le recrutement de Guillaume Rodrigue, un Canadien de vingt-six ans, n'est intervenu qu'en remplacement de Daniel Payette, qui avait donné son accord à Angers mais qui s'est désisté. Il évoluait depuis quatre saisons aux Royaux de Sorel avec qui il a inscrit 210 points pour 185 matchs disputés. Il a d'ailleurs évolué durant deux saisons avec Martin Lacroix au sein cette équipe de semi-pro. Néanmoins, son recrutement semble être un petit coup de poker, car l'attaquant avouait lui-même, après avoir signé avec les Ducs, qu'il ne connaissait pas réellement l'objectif de l'équipe angevine mais qu'il espérait que l'équipe visait le titre (!)...

Autre nouvel attaquant, l'international polonais Michal Piotrowski, vingt-trois ans, treizième pointeur de l'Ekstraklasa polonaise avec 32 points en 30 matchs (17 buts et 15 assists). Enfin, le dernier recrutement est plus un retour aux sources pour Benjamin Mocquard, qui après une année en exil chez le voisin nantais (D2) voudra prouver qu'il mérite plus de temps de glace que ne lui en avait accordé Derek Haas auparavant.

En défense, Benjamin Tijou, joueur formé au club qui était passé par l'association Angers/Nantes pour les catégories mineures et qui avait poursuivi en D2 avec Nantes, revient à Angers pour une première expérience en élite. Il a par ailleurs participé en 2000 aux championnats du monde des moins de dix-huit ans.

Enfin, une des arrivées les plus attendues était celle du futur gardien angevin. Le départ de Bradette et surtout la non-reconduction de Lindquist supposait l'arrivée d'un bon gardien. Pour cela, l'arrivée de Julien Figved en provenance de Brest devrait ravir les supporters. Âgé de vingt-quatre ans, formé à Briançon, il devra montrer l'étendue de son talent dans un effectif moins riche que Brest afin de pouvoir continuer à prétendre à une place en équipe de France.

Sept arrivées pour compenser sept départs, de nombreux retours en terrain de connaissance, et des joueurs qui ont, pour la plupart, déjà évolué ensemble. Mais des joueurs assez jeunes, puisque la moitié de l'effectif a vingt-trois ans ou moins. Deux joueurs vont devoir passer de D2, Nantes précisément, à l'élite et occuperont une place importante sur la troisième ligne.

Intrinsèquement, l'équipe paraît plus unie que la saison dernière avec des lignes homogènes et complémentaires. L'attaque, en ayant conservé deux joueurs de chaque ligne, garde sa complémentarité, et les nouveaux arrivants ne devraient pas avoir trop de mal à s'intégrer. La défense connaîtra plus de difficulté car avec Crochetière et Socha c'est le meilleur duo défensif qui part, et sans porter préjudice à l'expérience de Lacroix ou au potentiel de Tijou, il sera dur pour ces deux joueurs de remplacer à la fois l'apport offensif de Socha et la sécurité défensive d'un Crochetière certes rugueux mais très efficace. Ajoutons à cela la non-venue du Choletais Guillaume Drozdz qui aurait pu amener une profondeur de banc inédite, et c'est avec un secteur défensif à l'apparence friable qu'Angers débute cette nouvelle saison.

Probable ossature

Gardien : le poste de numéro 1, même s'il n'est jamais indiscutable, devrait revenir à Julien Figved, et Frédéric Gilbert devrait le seconder.

Défense : la première ligne devrait être composée de Patrice Bellier et de Simon Lacroix. La deuxième devrait être suédoise avec Bärgman associé à Irani, la troisième étant constituée des jeunes Rousselin et Tijou.

Attaque : Rodrigue devrait remplacer Albert au vu de ses qualités de jeu. C'est une ligne entièrement canadienne qui a été aligné au premier entraînement, Bellemare n'étant donc plus associé à Pihant. Les trios suivants sont plus panachés que la saison passée : l'imposant Piotrowski côtoie le petit Mysicka et le capitaine Devèze, alors que Pihant et Hovora réhaussent le niveau de la troisième ligne, où le rapide Mocquard devrait être rivilégié à Huet.

Avec une taille moyenne d'1m79 pour 75 kilos, l'équipe ne devrait pas baser son jeu sur le physique, mais sans doute plus sur la technique de ces cadres et la vitesse globale de l'effectif. La paire de gardiens semble prometteuse. La défense est assez jeune avec trois joueurs de vingt-deux ans. L'attaque devra travailler dans les deux sens et jouera sans doute beaucoup plus en contre qu'en création de jeu.

L'effectif sera donc composé de dix-huit joueurs c'est à dire juste trois lignes offensives et défensives avec à peine un attaquant de rab, et sans doute un apport de certains juniors. La polyvalence d'un Simon Lacroix pourra toujours compenser une blessure d'un attaquant, mais a contrario Angers se trouve démuni de remplaçant en zone défensive alors que justement c'est dans ce domaine-là que les Ducs ont toujours eu des problèmes (exemple l'année passée, entre les blessures et suspensions, Angers s'est retrouvé à trois défenseurs pour un match de coupe et a été obligé comme depuis plusieurs années à utiliser un pigiste en défense...).

Une saison plus importante qu'on ne le croit

La saison qui vient doit servir à rebondir afin d'effacer les saisons passées. Pour les joueurs tout d'abord, car treizième ou douzième sur un palmarès ne sert pas à grand-chose. D'autre part, ces résultats ont eu pour conséquence directe une chute significative de fréquentation au Haras. Petite patinoire certes, mais les trois à quatre cents spectateurs de moins sur mille places entre les deux phases l'année passée montre bien ce que le public angevin attend d'une équipe de l'ex-élite. Justement, le club n'avait plus depuis quelques années à prouver qu'il avait sa place dans le paysage français, mais avec les résultats passés et l'émergence de nouvelles places fortes du hockey, aujourd'hui Angers est en train de perdre ce statut, cette renommée, qui lui permettait de faire venir des joueurs talentueux (Gravel, Vogin, Doucet, Jokinen, Bordeleau, voire Bellemare... et cette année Julien Figved qui expliquait sa venue par l'expérience d'Angers au plus haut niveau et le sérieux du club). Combien de temps ceci sera-t-il encore possible si le club n'enchaîne que des résultats secondaires ? D'un point de vue économique, dans une région dynamique sportivement, combien de temps les entreprises accepteront de sponsoriser une équipe en perte de vitesse ? Et comment conserver les jeunes régionaux, qui en plus ont des résultats prometteurs à l'image des cadets excellence vice-champions de France avec une seule défaite ou encore des juniors en partenariat avec Nantes qui eux sont devenus champions de France dans la catégorie excellence.

En définitive, Angers joue gros cette saison : le recrutement prudent et réfléchi semble être un projet à moyen terme avec de nombreux jeunes mais également des re-signatures qui permettent de conserver l'ambiance saine qui régnait déjà l'année passée. Mais, malgré cette connaissance du club pour la majorité des joueurs, la différence de niveau par rapport aux autres clubs semblent être difficile à remonter : il sera dur d'accompagner les grosses "équipes" que sont Amiens, Grenoble, Rouen et Mulhouse en haut du classement, Anglet et Villard devrait confirmer leur renouveau, et Tours ou Dijon ont toujours su tirer leur épingle du jeu. Ajoutons à cela le recrutement prometteur de Morzine ou l'ambition légitime de Briançon et Épinal. Il n'est pas concevable pour les supporters, partenaires et autres qu'Angers lutte seulement pour une place d'honneur loin des quarts de finale.

Avec un rôle d'outsider à la participation en quarts de finale, il s'agit désormais pour Angers de ne plus vivre sur le passé, d'oublier ce statut d'équipe de l'ex-élite et surtout d'oublier les saisons passées pour refaire vibrer le Haras.

Damien B

 

 

Départs : Ocelka (?), Côté (Thetford Mines, LNAH), Ferrari (retraite), PY Albert (Université de Trois-Rivières, CAN), Lindquist (Avesta, SUE), Socha (Nitra, SVK), Crochetière (Hershey, AHL).

Arrivées : Piotrowski (Stoczniowiec Gdansk, POL), S. Lacroix (Rouen), M. Lacroix (Trois-Rivières, LHSMQ), Figved (Brest), Rodrigue (Sorel, LHSMQ), Mocquard (Nantes), Tijou (Nantes).

Effectif :

Gardiens : Julien Figved (24 ans), Frédéric Gilbert (23 ans).

Défenseurs : Patrice Bellier (29 ans), Simon Lacroix (CAN/FRA, 30 ans), Michael Irani (SUE, 22 ans), Patrik Bärgman (SUE, 31 ans), Sébastien Rousselin (22 ans), Benjamin Tijou (22 ans).

Attaquants : Jonathan Bellemare (CAN, 22 ans), Julien Pihant (26 ans), Guillaume Rodrigue (CAN, 26 ans), Radek Hovora (SVK, 27 ans), Michal Piotrowski (POL, 23 ans), Tomas Mysicka (SVK, 26 ans), Claude Devèze (34 ans), Martin Lacroix (CAN, 36 ans), Benjamin Mocquard (23 ans), Gianni Huet (22 ans).

 

 

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