Russie 2003/04 : bilan

 

Résultats du championnat russe

 

La limite principale de la Superliga actuellement, c'est l'absence de génération médiane. Il y a quelques jeunes joueurs de grand talent, il y a beaucoup de vétérans dont des revenants de NHL, mais presque tous ceux qui ont accédé au haut niveau dans les premières années après l'effondrement de l'URSS sont partis en Amérique du nord. Pour que le hockey russe revienne vers les sommets, il faudrait que les nouvelles générations puissent grandir et progresser en restant au pays. Le fait que la Russie n'ait pas complètement digéré ces années de transition est le principal bémol à ses prétentions d'avoir le meilleur championnat au monde hors NHL. Car l'argument majeur généralement évoqué pour nuancer la valeur de la Superliga, son déséquilibre des forces, est aujourd'hui caduc.

En effet, le calendrier densifié a non seulement fatigué les organismes, mais il a aussi changé complètement la physionomie du championnat : tout le monde connu des pics et des creux de forme, et la vérité d'un jour a rarement été celle du lendemain. Le vainqueur final Omsk, au fin fond du classement à l'automne, peut en témoigner. Les surprises ont été nombreuses, presque à sa journée. Un bienfait pour le spectacle ? Oui et non. Car dans ces conditions où la moindre contre-performance est sanctionnée au classement, les entraîneurs privilégient le résultat à court terme pour garder leur place, comme en NHL, et la Superliga a été dominée par des équipes qui jouent la défense à outrance, même si les deux finalistes ont combattu cette tendance.

 

Premier : Avangard Omsk. Sergueï Gersonsky n'avait pas la confiance totale de ses dirigeants, puisqu'il avait déjà été obligé sur ordre d'en haut de nommer Tverdovsky capitaine à la place de Prokopiev, mais il n'avait pas non plus celle des leaders de l'équipe (Patera, Vlasak, Sushinsky et Sokolov). Ce fut fatal au jeune entraîneur, remplacé fin octobre par Valeri Belousov. Celui qui avait emmené Magnitogorsk aux sommets européens a alors donné un visage similaire, résolument tourné vers l'attaque, à sa nouvelle équipe. Et c'est son ancien club qu'il a battu en finale pour s'affirmer aux yeux de tous comme l'entraîneur russe actuel le plus apprécié, un titre de gloire qui ne représente pas peu de choses dans un pays qui a toujours voué un profond respect aux maîtres tacticiens et aux connaisseurs du jeu.

Il faut dire aussi qu'il avait tout le talent nécessaire à sa disposition, grâce au portefeuille garni du milliardaire russo-londonien Roman Abramovich, qui finance le club via sa compagnie pétrolière Sibneft. Le gardien Maksim Sokolov, brimé par Gersonsky qui ne croyait pas en lui et n'acceptait pas de compromis, au point de l'envoyer en équipe-réserve, est devenu le héros des play-offs quelques mois après cette humiliation. Oleg Tverdovsky, qui a appris à gagner chez les défensifs New Jersey Devils, a retrouvé en Russie son style originel d'arrière offensif. Et surtout, l'Avangard disposait d'un potentiel unique en attaque, avec deux lignes d'exception, une russe (Zatonsky-Prokopiev-Sushinsky) et une tchèque (Vlasák-Patera-Bednar). Sur ces six joueurs, cinq ont terminé parmi les sept meilleurs marqueurs du championnat, dans une domination sans partage sur ce classement mené par Maksim Sushinsky. Quant au sixième larron, Jaroslav Bednar, il a comme excuse pour son absence de n'avoir été engagé qu'en cours de saison en lieu et place de Richard Kapuš.

 

Deuxième : Metallurg Magnitogorsk. Marek Sikora, qui était autrefois à Plzen le passeur préférentiel et le grand ami d'un certain Boja Ebermann, aurait bien aimé succéder à son compatriote Vladimir Vujtek et devenir le second entraîneur étranger champion de Russie. Il aurait ainsi pu marcher sur les pas de son père, ancien fameux entraîneur de la Tchécoslovaquie, qui l'avait initié au hockey et à la musique, ses deux passions, dès sa prime enfance à Kladno. Il avait pour cela des joueurs talentueux et créatifs, qui n'ont pas dérogé à la tradition résolument offensive du Magnitka.

Mais cette Superliga en double aller-retour, dans un pays où les déplacements sont longs et où on ne lésine pas sur les entraînements, est un véritable marathon. En Russie, la préparation est intense et longue, on reprend la glace dès la fin juin, et les nombreux tournois amicaux sont disputés avec sérieux. Ensuite, il y a une saison régulière de soixante rencontres, que le Metallurg Magnitogorsk a achevée à une brillante première place, puis les play-offs très condensés. Or, la finale, dont trois manches sur cinq se sont terminées aux tirs au but, s'est jouée sur la fraîcheur. Après avoir joué quatorze matches en vingt-cinq jours, Magnitogorsk a succombé au rythme fou des demi-finales.

 

Troisième : Lada Togliatti. À la trêve de décembre, le jeune papa de jumeaux Jean-François Labbé décide de rentrer près de sa famille au Québec et laisse le club dans la panade. Comment trouver un gardien au débotté en pleine saison ? On se tourne vers le Tchèque Jiri Trvaj, mais ses premières prestations ne sont guère convaincantes, et déjà on regrette le gardien canadien qui avait aligné neuf blanchissages en un peu plus d'une demi-saison. C'est oublier qu'à l'abri du bouclier qu'est le système défensif de Piotr Vorobiev, n'importe quel gardien peut vite trouver ses marques. Au bout de quelques semaines, Trvaj bat ainsi le record de la Superliga avec 259'41" d'invincibilité, et il réussit un blanchissage de plus en saison régulière que son prédécesseur (ce qui fait 19 au total en 60 matches...), puis deux autres en quarts de finale pour éliminer le champion en titre Yaroslavl, qui était le club précédent de Vorobiev.

Dès lors, le Lada Togliatti semble avoir tous les atouts pour devenir champion : un gardien en confiance et une gangue défensive qui écśure tous ses adversaires. En plus, le jeune ailier Igor Grigorenko fait un retour dans l'effectif pour ces play-offs, moins d'un an après son accident de voiture, ce qui ajoute encore au moral de l'équipe. Mais Togliatti est pris à son propre piège en demi-finale par l'Avangard Omsk, la meilleure attaque du championnat qui se met alors à défendre avec application. À court de talent, le Lada n'arrive à marquer qu'un seul petit but. Il ne peut plus compter sur ses propres capacités, alors il cherche des poux à l'adversaire en la jouant "à la canadienne". Il demande à mesurer la courbure de la crosse de Krivokrasov, de quoi finir de scandaliser les puristes du hockey russe déjà offusqués par le non-jeu préconisé par Vorobiev qui ferait se retourner Tarasov dans sa tombe. Comme le joueur d'Omsk se fait prestidigitateur et présente à l'arbitre une crosse sans doute subtilement échangée, Piotr Vorobiev demande alors à ses joueurs de quitter la glace alors qu'il reste trois minutes à jouer. Le résultat sera entériné, et c'est sans gloire et sans finir son match que Togliatti sera éliminé des pla-offs.

 

Quatrième : Ak Bars Kazan. Si Vladimir Poutine veut faire du sport une affaire de politique nationale, au Tatarstan, c'est le cas depuis longtemps. La région est représentée au plus haut niveau dans onze sports, le dernier en date étant le football. Et les gouverneurs locaux disent que leur choix est respectable et qu'il n'y a aucune raison pour ne pas préférer le financement du sport à d'autres dépenses comme l'amélioration des routes. Les "Ak Bars" (panthère blanche en langue tatare - c'est le symbole de la région) sont la fierté de Kazan, et pour le millième anniversaire de la ville, ils n'auront d'autre choix que de gagner l'an prochain.

Le faire avec un an d'avance n'aurait pas été de refus, mais cela n'a pas réussi. Vladimir Vujtek, l'entraîneur tchèque deux fois champion avec Yaroslavl, aimait à répéter qu'il n'est pas magicien, il l'a prouvé. Lui aussi, il peut perdre ! Les Tchèques le savaient (il n'avait jamais gagné en Extraliga et perdu deux finales), les Russes l'ont appris. Vujtek a échoué pour la troisième fois en play-offs face à son compatriote Marek Sikora, les deux précédentes confrontations ayant eu lieu dans leur pays. Yaroslavl n'a pas gagné sans Vujtek, mais Vujtek n'a pas non plus gagné sans Yaroslavl. Il n'a pas pu imprimer ce jeu stable et imperturbable qui portait sa patte, Kazan donnant plutôt un sentiment d'impuissance à la fin de la demi-finale. Vladimir Vujtek a-t-il raison en prétendant que l'on a surestimé son équipe en la faisant favorite ? L'effectif est pourtant impressionnant, mais il est vrai que, contrairement à d'autres équipes, on ne saurait trop dire parmi tous ces bons joueurs qui est censé être le leader dans les moments décisifs. Le recrutement du gardien tchèque Zdenek Orct pour mettre Tsarev en concurrence avant les play-offs a également raté. Aucun des deux portiers n'a su soutenir la comparaison avec Maracle en demi-finale contre Magnitogorsk.

 

Cinquième : Metallurg Novokuznetsk. Personne n'attendait Novokuznetsk aussi haut cette année. Non pas que ce club arrive de nulle part. Après sa montée dans l'élite, en 1999, le Metallurg marchait sur les traces de son homonyme de Magnitogorsk et s'était déjà glissé parmi les meilleurs clubs du championnat, emmené par la ligne au jeu collectif fluide Tkachuk-Evtyukhin-Epantchintsev et le jeune gardien Vadim Tarasov. Mais aujourd'hui, il ne reste plus que cinq joueurs de la demi-finale de 2000, et le niveau du championnat s'est nettement relevé. Pourtant, après trois années sans play-offs, le Metallurg a terminé à une étonnante quatrième place de la saison régulière, soutenu par un public nombreux et fervent caractéristique de la Sibérie (il en va de même à Omsk et Novosibirsk).

En plus, l'équipe entraînée par Nikolaï Soloviev a pratiqué un beau jeu russe à l'ancienne, fondé sur la passe et la recherche permanente du partenaire, où la créativité est un souci constant. Mais elle a d'autres atouts, comme par exemple le gardien Vadim Tarasov qui commence à retrouver son niveau d'antan, d'avant son départ au Canada, ou comme le défenseur tchèque Jirí Marušák qui a gagné haut la main le concours de puissance de slap au All-Star Game de la Superliga. En revanche, elle a perdu l'habitude des play-offs, et cette inexpérience s'est ressentie pendant le quart de finale face à Kazan, qu'elle a jouée de surcroît avec sa bonne paire de gardiens (Tarasov - Shabanov) diminuée par les blessures.

 

Sixième : Dynamo Moscou. Le Dynamo a longtemps partagé la tête de la Superliga avec Togliatti, avec un peu les mêmes recettes, un hockey défensif tenace et discipliné, en moins extrême tout de même. Mais il a connu une légère panne de victoires en janvier qui l'a fait rentrer dans le rang au sein d'un championnat extrêmement serré. Une rumeur de mise à l'écart de l'entraîneur Zinetula Bilyaletdinov a même surgi, vite démentie. C'est en effet lui qui a forgé cette équipe, et supporters et dirigeants étaient unanimes pour penser que s'en séparer n'aurait fait qu'empirer le mal, même si le jeu n'était pas toujours spectaculaire.

Mais ce n'était qu'un sursis. Le Dynamo n'avait plus la fougue du début de saison, qui était symbolisée par les deux meilleurs juniors du championnat, Aleksandr Ovechkin et Igor Mirnov. D'ailleurs, le prodige Ovechkin lui-même a subi le contrecoup du championnat du monde juniors où, capitaine, il n'avait pas pu mener son équipe russe à la victoire. Il a semblé perdu et au bout du rouleau en play-offs, comme la plupart de ses coéquipiers. Avec un seul but marqué contre Omsk en quart de finale, l'inefficacité offensive du Dynamo est apparue au grand jour. Le club s'est donc séparé de Bilyaletdinov à l'issue de la saison. Son système de jeu a en effet rarement convenu aux stars qui avaient été recrutées ces dernières saisons, et le Dynamo a justement l'intention d'engager des vedettes de NHL l'an prochain. D'un autre côté, l'entraîneur a obtenu une promotion, puisqu'il a été désigné à la tête de la sélection russe. Est-ce qu'il saura y convaincre tout le monde d'adhérer à ses choix tactiques qui ne font pas l'unanimité ? Ce poste ne sera pas simple.

 

Septième : Lokomotiv Yaroslavl. Comment rebondir après le départ de Vladimir Vujtek, premier entraîneur étranger recruté en Russie avec le succès fulgurant que l'on sait ? Le double champion en titre, club "occidental" dans son management et sa culture, a continué à faire confiance à des étrangers. En effet, Vladimir Yurzinov jr a fait l'essentiel de sa carrière en Finlande et porte lui aussi un śil extérieur sur le championnat russe. Et quand il s'est vite agi de le remplacer après un début de saison raté, on a appelé l'ex-entraîneur Vujtek pour lui demander des noms de Tchèques et Slovaques de sa connaissance. Il en a recommandé trois. L'ex-entraîneur de Vsetín Jan Neliba a visité Yaroslavl, mais finalement c'est Julius Šupler qui a été choisi. Le Slovaque n'a pas hésité à quitter le Keramin Minsk - qui comptait sur lui pour la Coupe Continentale dont la finale s'est jouée au Belarus - pour cette proposition plus intéressante. Il a promis de rallumer la flamme dans les yeux des joueurs, une lueur qu'il dit ne pas avoir vue à son arrivée, mais c'était la première fois de sa carrière qu'il prenait en mains une équipe en cours de saison.

Au cours de ces divers changements, le Lokomotiv a en effet perdu sa stabilité, ce petit plus qui faisait la différence. Il construisait ses succès sur une première ligne forte, or celle-ci a connu cette saison quatre ou cinq versions différentes. Et même si par moments on a semblé retrouver l'étincelle, comme lorsqu'Andreï Kovalenko a inscrit un quadruplé en un match, évènement rare dans une Superliga pauvre en buts, ce n'était qu'un feu de paille de la part du meilleur joueur des deux dernières saisons, aujourd'hui plus irrégulier. Toute l'équipe avait perdu la confiance qui faisait sa force, cédant à huit reprises des points dans les deux dernières minutes d'un match. Se qualifiant de justesse en play-offs, le Lokomotiv n'avait plus sa sérénité habituelle. N'ayant pas su gérer un calendrier plus surchargé, il a succombé d'entrée face au Lada.

 

Huitième : Neftekhimik Nijnekamsk. Le club le plus occulté du championnat a réussi l'exploit de se qualifier pour les play-offs. Déjà dans l'ombre de Kazan au Tatarstan, il ne jouit pourtant d'aucune considération de la part des médias nationaux, c'est même le seul club dont le quotidien Sport-Express ne diffuse pas les comptes-rendus. Et pourtant, il a poussé le leader de la saison régulière au cinquième match en quarts de finale, et a bien failli forcer la presse à ce qu'on parle de lui.

Dans une Superliga qui se plaît à recruter de grands noms, l'effectif de Nijnekamsk ne paie vraiment pas de mine malgré quelques internationaux de "petites nations" comme le défenseur international biélorusse Oleg Khmyl ou l'attaquant estonien Toivo Suursoo, revenu à la trêve de décembre dans le championnat russe qu'il a quitté il y a sept ans, et même un ancien champion du monde, Tero Lehterä, qui faisait partie de la seule équipe finlandaise titrée, en 1995, quand il était encore un grand espoir. Le meilleur joueur du Neftekhimik est l'imposant défenseur Nikolaï Tsulygin, très peu connu même s'il a joué autrefois une vingtaine de matches de NHL avec Anaheim. Et ses deux meilleurs marqueurs sont l'anonyme Maksim Kraev et le minuscule Alekseï Simakov, deux joueurs qui avaient été recrutés il y a deux ans... en deuxième division, à Ekaterinbourg. C'est cette formation tatare qui a terminé à deux points de Yaroslavl et de ses stars.

 

Neuvième : Salavat Yulaev Ufa. Sergueï Nikolaïev démissionne à la première trêve alors que son équipe occupe une excellente sixième place, pour "raisons de santé", et est alors remplacé par Nikolaï Makarov. Voilà d'étranges adieux pour cet entraîneur qui avait emmené en play-offs un club à l'ambition plus grande que ses moyens. Certains joueurs avaient choisi Ufa exprès pour travailler avec lui. L'explication, il l'a donnée après coup. Dans ses clubs précédents (Yaroslavl et Novokuznetsk), Nikolaïev a fait du travail du fond en collaboration avec les entraîneurs du hockey mineur. Mais quand il s'est intéressé à l'école de hockey d'Ufa, il a été terrifié par ce qu'il a vu. Cinq entraîneurs de talent partis vers d'autres clubs, des remplaçants qui n'ont pas l'ombre de leur compétence, des moyens dérisoires... La formation des jeunes est laissée dans un état d'abandon généralisé. Il s'en est donc plaint au président Tagir Daukaïev... mais celui-ci est le frère du directeur de l'école de hockey. On a donc rétorqué à Nikolaïev de se mêler de ses affaires, de ne pas se préoccuper de la formation. Dès lors, chacune de ses décisions était sous surveillance, et lorsqu'il a passé des examens médicaux fin octobre, on l'a forcé à écrire une lettre demandant sa démission pour raisons de santé, bien qu'il soit sorti de l'hôpital trois jours plus tard. Dès lors, il était interdit de séjour à la patinoire, gardes armés à l'appui.

Décidément, tout n'est pas net dans le club de la République de Bachkirie, car ce n'est pas la seule affaire de l'automne. Au même moment, Igor Volkov, jeune défenseur de vingt ans appelé pour la première fois en équipe nationale, déclinait l'invitation en raison d'une petite blessure. Nikolaïev lui avait pourtant conseillé de rejoindre la sélection dont le médecin aviserait de son état de toute façon, mais l'entraîneur était déjà proche d'être mis sur la touche, et les dirigeants du club ont ensuite décidé autrement, en envoyant un certificat médical qui préconisait un arrêt de deux semaines mais qui n'avait pas été écrit par un médecin du sport. Or, le joueur a été sur pied bien avant... et la fédération l'a alors suspendu trois matches pour avoir refusé la sélection de manière injustifiée. Volkov a ainsi compromis une chance inouïe pour sa carrière, et il l'a sans doute fait contre son gré et sur pression de ses dirigeants à la gestion douteuse. Mais comme l'image du club a fortement pâti de ces histoires, on ne s'étonne pas que son conseil d'administration ait licencié le douteux président Tagir Daukaïev en décembre.

 

Dixième : CSKA Moscou. Le recordman des titres termine à la même place que l'an passé, mais il avait laissé espérer mieux en début de saison. Il s'appuyait toujours sur la même base de joueurs, ceux qui avaient accompagné le club dans sa progression et l'avaient aidé à remonter dans l'élite comme la révélation de la saison Sergueï Mozyakin et le capitaine-symbole Nikolaï Pronin. Il disposait en outre d'un passeur d'exception avec Andreï Razin, qui a battu un record du championnat russe en totalisant 43 assists, flirtant ainsi avec les marques de Makarov à l'époque soviétique (en bien plus de matches certes). Mais l'homme le plus indispensable à l'équipe, c'est certainement le gardien tchèque Dusan Salficky. On a pu s'en rendre compte via les mésaventures de son suppléant Maksim Mikhaïlovsky, inexistant hors du micro-climat togliattien si favorable aux gardiens. Cette dépendance envers son dernier rempart traduit d'ailleurs les limites du CSKA, car on ne fait pas une équipe avec seulement quatre grands joueurs, assez mal entourés.

Il y aurait pu en avoir d'autres. Mais Yuri Butsaïev est reparti en cours de saison vers son club formateur, le Lada Togliatti. Quant au jeune espoir Nikolaï Zherdev, frustré de glace sur la quatrième ligne, il a décidé de faire défection vers la NHL, comme un Mogilny au temps jadis, de quoi raviver les cris de trahison de Viktor Tikhonov, mais de nouveau sans qu'il puisse rien y faire malgré les recours judiciaires. C'est donc à Columbus que le joueur né en Ukraine a finalement affolé les compteurs. Le aurait pu se consoler avec Sergueï Berezin. Voilà un autre vétéran qui avait quitté la NHL et refusé quelques propositions de contrat pour rentrer en Russie près de dix ans après avoir quitté la mère patrie. Mais le problème est qu'il n'a pas marqué, et qu'il a été transparent sur la glace. Il faut dire que, pour ce pur buteur qui a besoin d'être placé dans de bonnes conditions, arriver dans une équipe en pleine débandade n'a fait que mettre en lumière son peu de goût pour le travail défensif. En effet, son arrivée a coïncidé avec la blessure au pied de Mozyakin. L'absence du jeune buteur, qui avait déjà passé à l'infirmerie la moitié de la saison précédente, a coûté cher aux Moscovites, même s'il s'est rétabli en moins de deux mois, plus vite que prévu. Autre handicap, les fréquentes absences de Tikhonov pour s'occuper de l'équipe nationale. Il a donc décidé de céder la place en club pour la saison prochaine... mais ne savait pas encore qu'il allait être poussé à quitter aussi son poste en sélection après le désastre des championnats du monde.

 

Onzième : Sibir Novossibirsk. Comme il n'y a que huit places en play-offs et que beaucoup de clubs en font leur objectif, il faut bien que les entraîneurs soient rendus responsables des inévitables échecs. La démission de Vladimir Golubovich, remplacé fin décembre par son adjoint Vladimir Semenov, le confirme. Elle a laissé des sentiments mitigés à Novosibirsk, où Golubovich, en à peine deux ans, faisait déjà partie du paysage. On n'a pas oublié que c'est lui qui a fait monter le club. Néanmoins, il est indéniable que le Sibir a progressé après ce changement. Il n'avait plus qu'un point d'avance sur le premier relégable, il y avait urgence, et il a ensuite pu se donner de l'air.

L'homme de l'année a été le gardien Aleksandr Fomichev. Parti tôt en Amérique du Nord avec l'ambition de faire carrière en NHL, où il n'a jamais pu jouer, il avait connu une réadaptation difficile à Khabarovsk, où il avait pris de mauvais buts et pâti de la concurrence avec l'Américain Alex Westlund. Mais pour sa seconde saison en Russie, il a percé au point d'éclipser le gardien canadien Christian Bronsard, dont le club a fini par se séparer à la trêve de décembre pour recruter Vyukhin et libérer une place pour un joueur de champ étranger. Les performances de Fomichev lui ont valu de débuter en équipe nationale et d'être le troisième portier aux championnats du monde. Alignant les blanchissages, il y est pour beaucoup si Novosibirsk a encaissé un but de moins que le leader de la saison régulière Magnitogorsk. Malheureusement, le Sibir a parallèlement eu de gros problèmes d'efficacité offensive. Seule la lanterne rouge Nijni Novgorod a eu une moins bonne attaque.

 

Douzième : Khimik Voskresensk. Très inquiétant et loin des espérances, le début de saison du promu, bon dernier. L'attaquant tchèque Martin Procházka est renvoyé alors que le championnat est à peine commencé. L'entraîneur Valeri Bragin ne tient pour sa part que neuf journées avant d'être remplacé par Vladimir Marinichev. Quant à l'attaquant tchèque Petr Tenkrat, qui est une des stars de la SM-liiga finlandaise, il ne réussit pas à marquer le moindre but dans la Superliga russe. Comme un symbole de ces quelques mois où tout semble aller à l'envers, il a suffi que l'attaquant canadien David Nemirovsky quitte Voskresensk pour Kazan à la première trêve de novembre pour que la fédération décide que le natif de Toronto ne serait plus considéré comme étranger (il possède un passeport russe depuis l'automne 2001 et un bref passage à Yaroslavl).

Mais, heureusement, il y a aussi eu des changements plus positifs. Peteris Skudra, qui a fait le voyage inverse de Nemirovsky, s'est mis plus en évidence qu'à Kazan où il était moins sollicité. Le gardien letton a même été le maillon décisif du maintien du Khimik. Celui-ci a aussi ramené au bercail les glorieux anciens, retraités de la NHL. Cela faisait plus de onze ans que Herman Titov avait quitté Voskresensk, et plus de dix-huit ans que Valeri Kamensky avait été appelé par le CSKA de Tikhonov. Eux qui avaient débuté en seniors la même saison, en 1982/83, ont pu se retrouver sur la même ligne. Mais si ces retours avaient été planifiés et souhaités avant même le commencement du championnat, le Khimik ne s'en est pas contenté. Il a sur-réagi à son mauvais classement, qui résultait d'une nécessaire période d'adaptation, et s'est mis à recruter à tout va, en engageant pas moins de vingt joueurs au cours des trois périodes de transferts en cours de saison ! Si l'intention de renforcer la concurrence en défense peut éventuellement se justifier, certaines embauches ont paru superflues, comme celle de Vladimir Vujtek jr, déçu de se retrouver en quatrième ligne. Le maintien assuré, il était inutile de bâtir une équipe au potentiel digne des play-offs, car le retard accumulé au début était trop conséquent pour envisager d'y accéder.

 

Treizième : Severstal Cherepovets. D'étonnant finaliste, Cherepovets est tombé dans le fin fond du classement, en se trouant également qui plus est dans la finale de Coupe Continentale où il représentait la Russie. Cette décadence, il la doit en grande partie à une intersaison mal gérée. Ce n'est qu'avant la finale du championnat l'an passé que les dirigeants avaient enfin confirmé que le club aurait le même budget pour cette saison, mais chacun était alors plus concentré sur l'évènement en cours que sur la constitution du futur effectif. Or, à l'issue de cette finale perdue contre Yaroslavl, l'entraîneur Sergueï Mikhalev, qui occupait également les fonctions de manager général, avait été hospitalisé. Les contrats n'avaient pas encore été prolongés et les autres équipes ont alors profité de cette période de latence et d'incertitude pour convaincre les joueurs. Quand il a été re-contacté par Mikhalev, l'attaquant-vedette Vadim Yepantchintsev avait déjà signé à Kazan.

Le Severstal avait pourtant encore une bonne équipe sur le papier, mais les ennuis ont commencé dès la mi-août en apprenant que le gardien canadien Marcel Cousineau ne reviendrait finalement pas. L'effectif était certes équilibré, mais il n'avait pas de vraie première ligne, un défaut qui s'est accentué à cause de joueurs qui se sont laissés aller et n'ont pas pris leurs responsabilités. Sergueï Mikhalev choisit de démissionner le dernier jour de novembre, lui qui avait amené cette équipe vers les sommets en près de cinq ans. Cela n'a pas fondamentalement arrangé les choses, et à l'issue de la saison les dirigeants ont eu comme première priorité de rappeler Mikhalev, après une saison à oublier.

 

Quatorzième : SKA Saint-Pétersbourg. Dans son histoire, la NHL a eu son lot d'équipes de "bad boys" qui essayaient de faire la loi sur la glace par la force plus que par la crosse. Mais la Russie avait jusque là été épargnée par ce phénomène contraire à sa tradition du hockey... jusqu'à cette saison. Car le SKA Saint-Pétersbourg a peut-être été la première formation russe à compter ostensiblement sur son jeu dur pour s'imposer. Ce n'est pas un hasard si l'on sait que son entraîneur est Boris Mikhaïlov. Certes, celui-ci jouait sur la ligne exceptionnelle des années soixante-dix en compagnie de l'artiste du palet au destin tragique Valeri Kharlamov. Mais celui-ci aurait du mal à se reconnaître dans ce SKA... même si son fils y joue. Pour être franc, Aleksandr Kharlamov, qui avait été sélectionné au premier tour de la draft NHL par Washington il y a dix ans (voilà ce que c'est de faire une confiance outrancière dans la génétique), est loin du niveau de son père et n'a joué que six matches avec l'équipe première, se contentant plutôt de la réserve.

Il faut se souvenir que Mikhaïlov était déjà un cas à part comme joueur, le plus Canadien des hockeyeurs soviétiques. Non pas qu'il voue une affection particulière au Canada, la réciproque étant encore moins vraie depuis son fameux et odieux coup de patin sur Bergman lors de la série du siècle, mais il en avait le style. Ce gratteur de palets dans les coins et de buts dans l'enclave était extrêmement hargneux. Son équipe lui ressemble un peu, avec en cerise sur le gâteau le premier authentique enforcer russe de l'histoire, Aleksandr Yudin, le colosse de Mourmansk - cela fait surnom de catcheur et ça lui va bien.

Pour que ce type de hockey plus physique que technique soit efficace, il faut un bon gardien dans les cages. Mikhaïlov le sait mieux que quiconque, lui qui avait emmené la Russie (dépourvue de talent technique mais pourvue de Yudin) en finale des Mondiaux il y a deux ans grâce aux prestations éblouissantes de Sokolov. Et il a justement recruté... le gardien qui l'avait battu en finale, le Slovaque Ján Lašák, qui a remplacé en novembre le Letton Sergejs Naumovs envoyé à Cherepovets. Le gardien de Zvolen, revenu en Europe car Nashville ne lui avait laissé jouer que six matches de NHL en deux ans, n'a pas l'intention non plus de rester en Russie car il regrette l'absence de vie sociale qu'implique le système de vie en vase clos toujours en vigueur dans les équipes de hockey russe. En six mois, il a néanmoins été en grande partie responsable du maintien du SKA Saint-Pétersbourg. L'objectif minimal a donc été atteint, mais ce n'est pas avec ce style rude et primaire que le SKA convertira l'intellectuelle Saint-Pétersbourg au hockey sur glace.

 

Quinzième : Amur Khabarovsk. Huit ans après avoir été promu dans l'élite, le club d'Extrême-Orient redescend en Vysshaya Liga. Il aurait pourtant bien aimé que le seul évènement de la saison soit l'inauguration de sa nouvelle patinoire de sept mille personnes. C'est que sa naissance n'a pas été si facile. Il a fallu trouver une place dans les limites de la ville, et un projet de centre commercial a été supprimé pour qu'elle voie le jour. Elle a été construite avec des moyens humains et matériels locaux, quitte à produire un peu plus cher, afin que toute la région se solidarise autour de club qu'elle finance - que ce soit via le budget public ou via le consortium minier local. Malgré sa capacité plus que doublée par rapport à la précédente, la nouvelle patinoire a souvent fait le plein. De plus, il y avait une atmosphère incroyable pour une salle récente, comme quoi confort moderne et ambiance passionnée ne sont pas forcément antinomiques.

Malheureusement, la saison sportive a été moins rose. L'entraîneur Andreï Pyatanov a été remplacé après seulement huit journées par Leonid Beresnev, Letton d'adoption même s'il est originaire de la région de Kirovo-Chepetsk, et jugé "trop démocrate" par les dirigeants du club qui voudraient qu'il soit plus dur envers ses joueurs. Un licenciement trop précipité car la suite a révélé que l'équipe était à sa place au classement. Et ça n'a pas été la seule décision contestable. Le gardien américain Alex Westlund, jugé moins fiable que les saisons précédentes, a été viré en décembre. Était-il vraiment responsable ? L'attaquant Maksim Spiridonov, qui n'a pas pu s'imposer à Yaroslavl et est revenu à mi-saison, a été marqué par son échec chez le tenant du titre et n'était plus le même joueur, caractériel et inefficace. Et lorsque le vétéran Sergueï Krivokrasov, qui a longtemps tenu l'équipe à bout de bras en début de saison, part à Omsk à la dernière trêve de février, on comprend que le club a perdu tout espoir et qu'il abandonne. Car la recrue concomitante Dave Karpa (576 matches et... 1413 minutes de pénalité en NHL) n'a pas vraiment l'allure d'un sauveur. Ce n'est pas un hasard si Khabarovsk quitte la Superliga l'année où le calendrier a été surchargé, particulièrement éprouvant pour un club dont les déplacements sont si longs.

 

Seizième : Torpedo Nijni Novgorod. Qu'elles paraissent loin pour Nijni Novgorod (une ville qui s'appelait alors encore Gorki), ces années 80 dorées où la ligne Skvortsov-Kovin-Varnakov faisait partie des meilleures du pays. Les héros d'hier n'ont pas été oubliés, au point que les journalistes du quotidien russe Sport-Express ont interrogé Vladimir Kovin, l'actuel entraîneur de Reims, pour savoir ce qu'il pensait de la situation de son ancien club. Il s'est montré optimiste : "Il ne peut rien arriver de si mauvais à ce club, il a déjà connu le pire. Il a déjà deux fois quitté l'élite, et il est remonté deux fois. L'adaptation au nouveau mode de vie est plus difficile et plus longue en province que dans la capitale. Mais tôt ou tard tout retrouvera sa place. Le club de Nijni Novgorod a un solide avantage sur beaucoup de ses compétiteurs. Il compte sur son personnel - aussi bien les joueurs que les entraîneurs. Cela signifie que chacun des entraîneurs est passé en son temps par ce qui était alors une des grandes écoles du hockey soviétique."

Malheureusement, si Voskresensk a su s'appuyer sur son passé pour réussir la transition, la saison de l'autre promu a été ratée dès le début. L'entraîneur de la montée, Guennadi Tsygurov, a démissionné après dix journées et seulement deux points au compteur, car il ne voyait aucun moyen de sortir de la crise. Igor Averkin a tenté de redonner confiance à l'équipe, qui s'est peu à peu adapté au rythme de la Superliga, mais il n'a pas pu la sauver de la relégation, comme cela avait été déjà le cas pour lui dans la même situation en 2002. C'est un éternel recommencement car Nijni Novgorod est dans un cycle sans fin dont les données sont connues.

Les joueurs ne savent même pas qui est leur président - c'est en fait officiellement le maire de la ville, Vadim Bulavinov, qui n'assiste pourtant à aucune rencontre et n'a pas versé la subvention prévue. En effet, dans une Russie où le sport est plus que jamais un jouet d'oligarques, le destin d'un club est dépendant du soutien des grandes compagnies privées provinciales et bien sûr des autorités politiques. Or, bien que le redressement du sport dans la région soit en bonne place dans les promesses électorales, les collectivités n'apportent qu'une somme purement symbolique. Le budget total du club - pas seulement de l'équipe première - est de 200 millions de roubles - soit guère plus de 5 millions d'euros - et ce n'est pas suffisant pour survivre aujourd'hui en Superliga où, ailleurs, des collectivités locales et des bastions de l'industrie lourde investissent des sommes folles pour une surenchère sans limite.

 

 

Et en Vysshaya Liga...

Le Spartak Moscou a été vraiment au-dessus du lot dans la poule ouest. Il a survolé la compétition et a même obtenu de meilleurs résultats qu'il y a trois ans quand il comptait dans ses rangs de célèbres vétérans et la jeune star Kovalchuk. Il faut dire que sa tâche a été facilitée par les problèmes du Neftyanik Leninogorsk, que son manager a même menacé de rebaptiser Leninogorsk Hockey Club car son sponsor pétrolier ne lui avait en fait pas versé d'argent et laissait la ville comme seule source de financement. L'autre club tatar, le Neftyanik Almetievsk, est en bien meilleure position à tout point de vue. Il n'a pas de problèmes avec son sponsor Tatneft, il dispose de meilleures conditions de jeu avec une patinoire entièrement fermée, et a développé le hockey dans la ville avec une vingtaine de patinoires dans un petit périmètre. Mais il était moins expérimenté et n'avait pas un aussi bon compartiment défensif que le Spartak.

Les autres clubs de ce groupe ouest cherchent encore des hommes capables de leur donner un avenir. Le renommé Guennadi Tsygurov est ainsi arrivé pour entraîner le Kristall Saratov (avec son fils Denis comme assistant), signe que le club a encore des ambitions, même si un des meilleurs attaquants de son histoire, Andreï Korolev, international russe il y a une dizaine d'années, a mis un terme à sa carrière en novembre. Mais malgré les remaniements de l'effectif opérés par Tsygurov, Saratov n'a pas décollé de la septième place de la poule et n'a pas passé le premier tour des play-offs nouvellement mis en place. Le Dizel Penza, qui faisait son retour dans le championnat, a pour sa part engagé comme entraîneur le plus fameux produit du club, le champion olympique et quintuple champion du monde Vassili Pervukhin, qui formait en son temps la principale paire d'arrières du Dynamo avec le prochain sélectionneur national Bilyaletdinov.

La reconstruction est aussi à l'ordre du jour aux Krylia Sovietov Moscou, qui peuvent compter sur leurs jeunes joueurs et sur une poignée de fidèles, parmi lesquels l'entraîneur Vyacheslav Anissine. Le centre de la grande époque des "Ailes des Soviets" dans les années soixante-dix, lorsque le club avait été champion de Russie et d'Europe, est aussi accessoirement le père de Marina Anissina, devenue championne olympique de danse sur glace pour la France en 2002, associée avec Gwendal Peizerat. Après un début de saison ardu où il a fallu repartir de zéro ou presque, les Moscovites ont tout de même accroché les play-offs. On ne peut pas en dire autant de Voronezh, où l'argent promis a tardé à arriver. Les joueurs ont même fait une mini-grève pour réclamer le paiement de deux mois d'arriérés de salaire, un conflit vite désamorcé quand le président du club a obtenu du maire son soutien financier.

La poule est a été dominée par le Molot-Prikamie Perm qui a pu compter sur sa très efficace première ligne Evgueni Akhmetov - Nikolaï Bardin - Aleksandr Gulyavtsev et sur son gardien tchèque Vladimir Hudacek. Il a déjà commencé à préparer la saison prochaine en engageant en fin de saison pour un contrat d'un an et demi l'arrière tchèque Lukas Zib, qui avait été viré au préalable de Nijni-Novgorod bien qu'il y eût inscrit huit buts, car il était jugé trop peu sûr dans sa tâche première qui est de défendre. Perm fera son retour dans l'élite en compagnie du Spartak, et a confirmé la supériorité du groupe oriental en battant l'équipe moscovite en finale pour le titre honorifique de champion de la Vysshaya Liga.

Les deux clubs de Chelyabinsk, eux, ont été battus en demi-finale par les deux favoris. Il leur a manqué peu de choses pour accéder à l'élite. Même si leurs deux entraîneurs ont été autrefois coéquipiers et assurent qu'il n'y a pas de guerre entre les deux équipes, celles-ci sont intrinsèquement opposées. D'un côté, le Traktor, le club historique de la ville, que la municipalité soutient et veut maintenant voir remonter dans l'élite, ayant pour cela débloqué trente millions de roubles sur le budget provincial et commencé à investir (nouveau bus, nouvelles installations de production de froid). Il faut d'ailleurs noter que l'entraîneur champion Valeri Belousov est devenu consultant de son club d'origine le Traktor, même s'il a eu bien moins de temps à lui consacrer après avoir été engagé par Omsk. De l'autre côté, le Mechel, le club du complexe industriel situé en dehors des limites de la cité, et qui forme un monde à part. Il faut savoir que Chelyabinsk était du temps de l'URSS un pôle stratégique pour ses usines d'armement, surnommée "Tankograd" par les mauvaises langues.

Dans cette division est, le Gazovik Tioumen a par contre semblé en retrait par rapport à ses ambitions et à ses habitudes. C'est pour cela qu'il a remplacé son entraîneur Vladimir Safonov par Yuri Konovalov à quinze jours des play-offs, mais cela n'a rien changé et il s'est fait sortir dès le premier tour. La curiosité de ce groupe est la lutte à trois à laquelle se sont livrés Tioumen, le Motor Barnaul et le Zauralie Kurgan. Tout en faisant attention que le Kedr Novouralsk ne leur chipe pas la dernière place en play-offs, ils ont essayé de perdre suffisamment de points pour laisser leurs autres adversaires les devancer... et ainsi accueillir le prestigieux Spartak en huitièmes de finale. Kurgan, qui avait connu un début de championnat difficile avec une équipe renouvelée à 80%, a "remporté" cette étrange course en perdant ses deux derniers matches chez la lanterne rouge Ekaterinbourg. La fête a été complète quand le Zauralie a remporté la première manche contre le club le plus populaire du pays, qui a tout de même remis les pendules à l'heure par la suite.

Marc Branchu

 

 

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