Présentation de la division 2 française

 

Résultats du championnat de France 2002/03 de division 2

 

"Étêtée" par le passage de ses treize premiers dans la nouvelle division 1, la D2 devrait être débarrassée de certaines différences de niveau criantes constatées l'an passé. On ne peut pas s'attendre non plus à une homogénéité parfaite du fait de l'évolution des valeurs et de l'intégration de nouveaux de D3, mais au moins le champion n'est-il pas connu à l'avance. Il y aura donc de l'incertitude, à la fois pour le titre, pour la qualification en poule finale, et pour le maintien (même s'il ne concernera en théorie qu'une équipe - si le Super 16 passe à seize et si tout le monde repart l'an prochain, ce qu'on espère pour la réussite de la réorganisation des championnats).

Poule nord

Après une saison d'apprentissage, La Roche-sur-Yon sera très compétitif pour sa deuxième année de D2. La présidente Anita Selin a en effet assemblé une grosse équipe. Le Nantais David Guérard remplacera Yann Vandaele comme entraîneur-joueur, mais à la différence de son prédécesseur, il se concentrera uniquement sur les seniors, le hockey mineur étant confié à Cédric Gassiot, le Dijonnais qui apportera également son sens du but. Paul Charret, gardien formé à Nantes, doublure l'an passé de Groeneveld à Rouen où il est devenu vice-champion de France junior, obtient une place de titulaire en D2 où il pourra emmagasiner de l'expérience. De l'expérience, Bertrand Pousse (Briançon) n'en manque pas. C'est un des nombreux grands noms qui rejoignent une équipe renforcée par les qualités de buteur de Julien Thomas et surtout du Canadien Frédéric Corbeil (tous les deux d'Asnières), ainsi que par Samson Samson (Le Havre), meilleur produit du hockey cherbourgeois (à jamais ?). Même s'il a perdu Karol Jurcik et Miroslav Capka, cet effectif a vraiment fière allure. Désormais, il ne joue plus le maintien, une telle équipe peut envisager la montée en D1. Si elle dispose d'une force offensive impressionnante (déjà à l'œuvre en passant dix buts à Courbevoie, équipe de division 1, en amical), on ne connaît pas encore ses capacités défensives dans les matches importants. Les lignes arrières, où ne restent que Frédéric Grimaud et Cyril Sabatier, ont en effet été remaniées, et n'ont pas encore été mises à l'épreuve. Mais Guérard, lui-même défenseur, sera au cœur du débat et pourra suivre cela de près.

Après avoir arrêté sa carrière après une blessure à l'épaule et s'être reconverti comme entraîneur, Rodolphe Garnier a cédé à la tentation de rechausser les patins l'an passé au lendemain d'une défaite chez l'ACBB, et s'est ainsi assuré de la montée de Caen en D2. Il sera donc sur la glace avec deux autre monstres sacrés, Jean-Marc Soghomonian et Fred Chaisson. D'autres figures locales comme Mickaël Babin, Martial Janil ou Nicolas Hue sont toujours là, bientôt peut-être rejoints par Lecomte. Complétés par le jeune gardien slovaque Robert Marton, ces joueurs ont les moyens d'amener les résultats. Mais le but n'est pas de faire une réunion d'anciens, c'est de construire l'avenir du hockey à Caen. En bons "Vikings" cherbourgeois, Alexis Gomane et Edmond Chan (21 ans tous les deux) devraient être à leur aise chez un club qui a adopté le surnom de "Drakkars" depuis le dépôt de bilan de l'été 2001. Ils ont quitté une galère en perdition pour embarquer sur un nouveau navire, et n'aimeraient pas être éloignés de la barre. Il y a beaucoup de jeunes motivés, notamment l'international junior Maxime Caillard. Sauront-ils convaincre Garnier de les faire jouer plus ? On comprend que leur entraîneur veuille leur enseigner les exigences du haut niveau, mais son discours passera mieux s'il sait aussi leur donner du temps de glace. Même s'il ne parvient pas à monter cette année, Caen sera probablement en D1 dans deux ou trois ans, mais il faut préparer la relève pour ne pas devenir une assemblée de vétérans radotant sur leurs vieux souvenirs d'élite.

Garges-lès-Gonesse a souffert l'an passé dans une poule nord remplie de grosses écuries, mais il devrait être plus à son aise cette année. Son atout maître est sa grande stabilité. Seuls deux joueurs, Aurouze et Gadeau, sont partis au Vésinet. Ses leaders seront les mêmes que l'an passé : deux Tchèques qui n'ont pas encore 24 ans, Petr Jaros en défense et Jaroslav Sikl en attaque, ainsi que l'entraîneur-joueur Simon Genest. La principale différence est le remplacement du gardien canadien Thivierge par le Tchèque Milan Zpevak. Si elle ne perd pas sa rigueur défensive en cours de route, cette équipe bien équilibrée devrait trouver le chemin de la poule finale.

Un de ses principaux adversaires pour la qualification pourrait être Cholet, qui cherche à se stabiliser en division 2 et est finalement reparti du bon pied après de rudes années en D1. Gautier Gustin entamera sa deuxième saison comme entraîneur-joueur et sera le garant de la continuité de ce second départ jusqu'ici bien négocié. Malheureusement, il faudra faire sans le buteur Stanislav Simo, parti dans le Super 16 à Gap.

Promu de D3, l'ACBB se retrouvait pris en porte-à-faux puisque son arrivée en D2 coïncidait avec les travaux de rénovation de la patinoire de Boulogne-Billancourt. Mais l'équipe entraînée par Éric Lamoureux a pu trouver une terre d'exil à Paray-vieille-Poste, moyennant l'adoption du nom un chouïa pompeux de "Portes de l'Essonne". Cela amènera-t-il les Boulonnais, privés de leur gardien Charles Madonna en convalescence, à la grande porte de la poule finale ou à éviter la petite porte de la relégation ? Entre ambition et prudence, c'est difficile à estimer.

Le Havre a terminé la saison précédente par une relégation de tous les dangers car l'effectif sans les juniors rouennais était maigrelet. Finalement, la réforme des championnats l'a sauvé et il sera encore en D2, avec pour objectif d'obtenir cette fois le maintien sur la glace. Les Havrais ont perdu Samson Samson, mais ont gagné le jeune attaquant Miroslav Micuda de Cergy. Pour Le Havre, c'est déjà bien d'être là, à l'autre bout de la Normandie, d'autres n'ont pas eux cette chance...

Après sa relégation, Cherbourg avait au départ prévu de repartir en D3. Mais celle-ci est une morne plaine pour un club aussi isolé et les conditions d'un nouveau départ n'y sont pas meilleures qu'en D2. La restructuration des compétitions aurait pu permettre à Cherbourg de s'engager en D2, mais finalement les Nord-Cotentinois, qui ne sont pas parvenus à attirer l'emploi-jeune qu'ils recherchaient, manquaient de joueurs et de moyens pour inscrire une équipe et ont déclaré forfait. Il est maintenant très difficile de savoir ce que sera l'avenir du hockey dans la Manche, mais ce qui est sûr, c'est que le parcours cherbourgeois est vraiment un immense gâchis. Auparavant, Montpellier, qui devait monter de D3, avait lui aussi vu son dossier refusé, ayant trouvé le moyen de creuser un trou financier avant même d'avoir goûté aux prémisses du haut niveau (800 000 francs de déficit par un président, Michel Riedel, pour qui les comptes étaient son dernier souci) ! On espère que le retour en force du hockey dans la capitale languedocienne, qui aurait dû être permis par une belle patinoire flambant neuve, bénéficiera bien vite d'une gestion plus sage (et d'un comportement plus raisonné sur la glace, ajouteraient certains adversaires de D3 agacés par le jeu ultra-physique des Krakens la saison dernière). Ces deux forfaits ont repêché Viry et Valenciennes, les deux troisièmes des deux poules régionales de division 3 de la saison passée, qui avaient donc raté de peu le tournoi final.

Viry-Essonne repart avec pour base l'association Yerres/Viry qui a évolué en D3 l'an passé, ce qui comprend notamment des joueurs formés à Viry-Châtillon depuis leur plus jeune âge (comme Sébastien Roujon, seul rescapé de la dernière année en Élite) et dispersés dans les différentes équipes essonniennes. Le seul autre ancien de l'Élite est Olivier Monneau, ex-capitaine qui avait raccroché les patins (à glace tout du moins) après une blessure. Mais Viry a surtout annoncé la couleur en menant à bien la création d'un pôle espoir et en engageant l'ex-international Peter Almasy, ex-entraîneur des juniors rouennais, pour s'occuper du hockey mineur : il restera fidèle à son histoire de club formateur. On verra évoluer de nombreux juniors élite qui apporteront, parallèlement à leur propre championnat, leur envie chez les grands. Seul problème, du fait de la nouvelle tardive de l'intégration en D2, des juniors étaient déjà partis un peu plus au nord à Paray pour jouer dans cette division avec l'ACBB plutôt qu'en D3.

L'histoire de Valenciennes est le symbole du chaos dans lequel vit le hockey français, souvent emporté par son enthousiasme et dont les structures sont fragiles comme du verre. Les Valenciennois ont tout connu : la N1 (le Super 16 de l'époque en 1992-93), la N2, la D3, et même les compétitions belges... Ce parcours chaotique a empêché l'admission en D2 sur dossier espérée en début de saison dernière. Valenciennes a donc vécu une saison plus calme et plus stable en D3, et revient maintenant en D2, pour la plus grande joie d'un public qui ne demande qu'à s'enflammer à nouveau pour les Diables Rouges. Ceux-ci enregistrent le départ de Stéphane Bernaquez mais accueillent un ancien de la grande époque, François Bronsart. Ils ont engagé quelques joueurs expérimentés avec Marc-Antoine Richard (gardien passé par Amnéville) et Maximilen Lageard, l'ex-Mulhousien annoncé un temps à Dunkerque, et qui a finalement trouvé une place dans la région en D2. Pour le reste, l'entraîneur-joueur Christophe Van Wassenhove (qui succède derrière le banc à Fabrice Tanguy) a constitué une équipe de purs nordistes avec beaucoup de joueurs formés au club et le renforts de quelques Béthunois - Machen, Vandesteene, Stakowiack - et de deux ch'tis de Wasquehal - Rémy Lageard et Nicolas Havet.

Poule sud

Après une saison très médiocre, Lyon continue de se fixer pour objectif la D1. Les conditions d'entraînement, la patinoire Charlemagne, le soutien du public : tout est réuni pour que cette équipe réussisse, mais il faut désormais qu'elle s'en montre digne sur la glace. Six nouveaux joueurs ont été recrutés pour cela, trois défenseurs, Julien Lanthier (Nantes), Gabriel Piou (Saint-Gervais), et Gauthier Fontanel (Chambéry), et trois attaquants, David Pilleron (Dijon), Rémi Martinet (Annecy) et bien sûr Roger Dubé (Asnières). "Boom-Boom Dubé", qui fait donc son retour dans la capitale rhodanienne comme entraîneur-joueur, saura-t-il convaincre cette équipe d'atteindre son potentiel ? Après une première défaite, il a déjà menacé de réduire l'effectif à deux lignes et de tout faire tout seul. La solution de facilité de s'appuyer uniquement sur les buts de Dubé et Yvonnou pourrait peut-être marcher, mais le vrai challenge est d'amener tout le monde à son meilleur niveau et de gérer un effectif très large. Lyon a une bonne base de joueurs, c'est très appréciable pour reconstruire le club en profondeur, mais il faut maintenant prouver qu'abondance de biens ne nuit pas.

L'attaque de Bordeaux a perdu Mike Lechêne mais elle a largement compensé ce départ par l'arrivée du Slovaque Pavol Frano, et elle dispose toujours de son leader Stéphane Tartari et des jeunes comme Ludovic Hardouin ou Stéphane Labayle. La différence par rapport à la saison passée est que Christophe Latxague a devant lui une bien meilleure défense grâce à l'apport de l'expérience de Nicolas Carry et Tony Delage. Cette équipe est donc mieux équilibrée et possède un gros potentiel, qu'elle a montré dans un bon match amical contre une équipe d'élite, Anglet. Elle visera donc désormais le haut du tableau, en attendant de mieux se situer par rapport à ses adversaires.

Toulon a changé de président, puisque Antoine Rophé, trop pris par sa vie professionnelle, a passé le témoin à Patrick Coulon. Mais les cadres de l'équipe sont restés, à savoir l'entraîneur-joueur canadien Richard Brodeur, son compatriote Christian Ferland, et le minot Xavier Simoni (18 ans). Les Varois disposent toujours en outre de trois solides Slovaques : Eduard Janak en attaque, Martin Lesko en défense, et Mario Luterancik dans les buts. De plus, ils enregistrent le renfort de Pär Torstensson, le défenseur suédois d'Avignon, qui avait été annoncé à Vanoise, et de Jean-Philippe Pacull, l'attaquant de Chambéry. Cette équipe au style physique est donc un prétendant logique aux premières places dans la nouvelle D2.

Les leaders d'Avignon n'ont pas changé non plus. Ce seront encore le vétéran Jean-François Pointet (bientôt 37 ans), Benoît Parmentier (26 ans) et le jeune Olivier Oriol (20 ans), qui sont rejoints par le buteur slovaque Miroslav Böhme. Le départ de l'Américain Albretch a été compensé par l'arrivée de son compatriote Andrew Beasley, et celui de Torstensson a été pallié par le recrutement de deux défenseurs Vincent Quintard (Dijon, 30 ans) et Romain Gerbier (Besançon, 20 ans). Vous l'aurez compris, cette équipe au sein de laquelle cinq juniors font déjà bonne figure a donc maintenant les moyens de viser autre chose que le maintien, et compte sur sa forte volonté pour atteindre la poule finale, et plus si affinités.

Toulouse a un nouvel entraîneur en la personne de Franck Fazilleau, alias "Fafie", qui s'est notamment occupé de Chamonix et Megève. Il se retrouve maintenant à la tête d'une jeune équipe sympathique qui a montré de belles choses mais qui devra faire preuve de plus de régularité si elle veut faire un tour dans le grand huit final. Parti à Valence, Benoît Gaulier a été remplacé par le jeune Yohann Crettenand (Annecy).

Chambéry dispose maintenant d'un bon duo de gardiens puisque Steve Corbet a été rejoint par Eric Savard. Mais le gardien canadien d'Amnéville, qui a trouvé un nouveau club sur le tard, n'a pas encore sa licence et devra patienter durant les premiers matches. C'est une des rares arrivées du club avec Bouvier, de retour de Villard-de-Lans, où il est parti jouer chez les juniors, et Traboulet, attaquant de La Roche-sur-Yon qui vient intégrer l'école supérieure de commerce locale. L'équipe est donc moins forte que l'an passé, ayant notamment vu partir Pacull et Litim en attaque. Mais c'est surtout la défense qui pose problème, car les départs de David Dollack et Gautier Fontanel n'ont pas été compensés. Le SOC est par conséquent à la recherche d'un grand défenseur expérimenté et solide, mais ce type de joueurs très recherché est difficile à trouver pour le club, qui ne dispose que d'un petit budget qu'il gère sagement.

Nantes s'acheminait vers un inévitable dépôt de bilan quand le conseil général de Loire-Atlantique s'est soudain inquiété de son sort, alarmé par la situation du hockey sur glace dans le département après la fermeture de la patinoire de Saint-Nazaire. Cette prise de conscience politique des problèmes des sports de glace est trop rare pour ne pas la souligner. Mais elle a été trop tardive pour que le club puisse constituer à temps une candidature solide pour la division 1. Les dirigeants se sont pourtant obstinés, cherchant à forcer la porte d'une D1 déjà pleine et négligeant de considérer l'opportunité offerte par la fédération de continuer en D2, pour laquelle ils n'ont pas daigné présenter un dossier. Cet entêtement à engager un bras de fer a failli leur coûter cher, puisque la place en division 2 dont ils ne voulaient pas a été donnée à Poitiers, qui a finalement prudemment décliné un repêchage auquel il n'était pas prêt. Nantes a récupéré in extremis cet ultime ticket, mais il ne donnait droit qu'à la poule sud, et donc à de longs déplacements en prime. Pour être en poule nord, il aurait fallu se résoudre à la D2 plus tôt. Si on se souvient par exemple de la lente dégringolade de Caen l'an passé, qui avait un temps envisagé la D2 avant de repartir de tout en bas, on se dit que c'est un moindre mal pour le NAHG, qui n'avait probablement pas les moyens de continuer plus haut que la division 2. La plupart des joueurs sont en effet partis, et la légende du club Dany Fortin a arrêté sa carrière pour prendre des responsabilités dirigeantes (au sein du NAHG) et familiales (mariage et peut-être un enfant). Il ne reste plus que le vétéran Philippe Ranger dans les buts et que les jeunes Yohan Bidet (en attaque) et Benjamin Tijou (en défense). Le reste de l'équipe est complété par des juniors et par des Canadiens, comme Rehault de l'université de Montréal. Il faut maintenant assainir les finances et reconstruire en s'appuyant sur la formation locale, qui a fait ses preuves et qui s'est maintenant enrichie d'un pôle espoir.

Grenoble voulait absolument avoir une réserve en division 2 pour aguerrir ses juniors, et a même sacrifié la finale du championnat junior l'an passé pour que son équipe D3 puisse obtenir cette montée. Les Brûleurs de Loups doivent donc prouver qu'une équipe-réserve est viable à ce niveau, alors qu'Amiens avait retiré la sienne il y a quelques années. On prête d'ailleurs aux Picards l'intention de jouer également le titre D3 et la montée, mais principalement avec des anciens comme Djelloul ou Duclos. A la différence de la deuxième formation amiénoise, on retrouve essentiellement dans l'équipe 2 grenobloise des juniors élite (dont Fabrice Agnel, le petit frère de Benjamin), qui se sont adjoints par rapport à l'an dernier Benjamin Dünner (un ex-junior du club qui était parti à Chambéry) et Mathieu Bellet, qui revient à la compétition.

Marc Branchu

 

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