Finlande 2002/03 : présentation

 

Résultats du championnat finlandais

 

Encore une fois, la SM-liiga a subi une petite saignée à l'intersaison, voyant partir une douzaine de joueurs outre-Atlantique, parmi lesquels Lasse Pirjetä ou Tom Koivisto. Mais ils sont encore plus nombreux à avoir fait leurs valises pour la Suède, quinze pour être précis. Le championnat finlandais, qui était peut-être le meilleur d'Europe il n'y a pas si longtemps, va-t-il encore s'affaiblir par cette nouvelle tendance ? Cela paraît inévitable, mais le retour au pays, gros contrats à l'appui, de joueurs de NHL, comme Juha Ylönen, Timo Pärssinen ou Jukka Hentunen, contrebalancent en partie les pertes. De nouveaux arrivants compensent également les dix-sept étrangers qui ont quitté le championnat. Enfin, il faut noter que la SM-liiga a abandonné son système à deux arbitres principaux. Selon un sondage, les joueurs étaient pourtant à 70% favorables à la poursuite de l'expérience, mais les dirigeants en ont décidé autrement, et on ne verra plus qu'un seul arbitre en chef dans les patinoires finlandaises.

Après être redevenu champion à l'issue des derniers play-offs, le Jokerit Helsinki sera plus que jamais l'équipe à battre. Les millionnaires de Harkimo seront attendus sur toutes les glaces du pays, même si Tom Koivisto et Pavel Rosa n'ont pas résisté à l'appel de la NHL et si l'espoir Tuomo Ruutu est passé chez les rivaux de la capitale. Compte tenu des changements effectués, le style de jeu du Jokerit devrait être un peu différent. Il a en effet perdu de sa dimension physique avec Alex Brooks, Kari Haakana et Niko Mikkola, et a vu arriver des joueurs plus techniques, dont les internationaux finlandais Jukka Hentunen, Toni Sihvonen et Antti-Jussi Niemi. Le défenseur canadien Terry Sandwith sera quand même le garant du maintien d'une certaine rugosité. Si le gardien junior Kari Lehtonen continue sur la lancée d'une saison exceptionnelle qui l'a révélé au monde entier, le Jokerit est le net favori pour le titre.

Mais le Tappara Tampere sera un opposant motivé après deux défaites en finale. Il a encore le goût amer de la défaite face au Jokerit après une saison qu'il a pourtant dominée. Ses ambitions restent intactes puisqu'il a su conserver l'essentiel de son effectif, dont le vétéran Janne Ojanen. Ceci dit, les rares modifications ne sont guère positives. Toni Mäkiaho et même Kimmo Koskenkorva (Kärpät) auront du mal à faire oublier Jani Hassinen et Roman Meluzin en attaque, mais c'est surtout le poste de gardien qui suscite des interrogations, car Tom Draper n'y a pas vraiment été remplacé. Le nouvel arrivant Mika Lehto n'y est pas un titulaire indiscutable et devra d'abord gagner sa place face à Sasu Hovi.

La venue de Tom Draper, ce n'est pas la seule chose qui enchante les supporters de l'HIFK Helsinki. Avec son recrutement en attaque, l'inspiré centre Timo Pärssinen (revenu d'Anaheim), le Tchèque Roman Simicek (de Minnesota) et le très prometteur Tuomo Ruutu, l'HIFK a en effet de quoi composer une ligne offensive de feu. Ruutu ne sera pas le seul espoir d'une équipe qui possède Kim Hirschovits et Joonas Vihko d'autres représentants d'une jeunesse flamboyante. Autres adjonctions, celles de Niklas Hedberg, qui a passé une demi-saison à Timrå qu'il a aidé à se maintenir, et bien sûr le gardien Tom Draper, qui pourra compter sur une défense solide menée par Marek Zidlicky. Ce dernier est un exemple parfait de ces Tchèques qui réussissent parfaitement en SM-liiga, même si cela les coupe généralement de leurs rêves d'équipe nationale. Avec cet effectif bien équilibré, l'HIFK devrait pouvoir enfin sortir de la crise.

Une crise passagère, c'est ainsi que le TPS Turku veut voir la saison écoulée, absolument pas digne du collectionneur de titres des années 90. Il espère retrouver l'esprit d'équipe qui a fait son succès et peut compter sur ses propres forces si Kai Nurminen retrouve le chemin du but et si Mikko Koivu, le jeune frère de Saku, fait les progrès qu'on est en droit d'attendre de lui. Mais les transferts l'ont contraint à fortement renouveler son effectif. Kiprusoff, Eronen, Lehtinen, et les trois Canadiens Joseph, Shearer, Schaefer sont partis. Mais le plus embêtant a été le départ du gardien Fredrik Norrena qui a refusé l'offre de la NHL après sa draft, mais pas celle de Västra Frölunda en Elitserien. Comme sa doublure Antero Niitymäki est parti pour Philadelphie, où il n'évoluera probablement qu'en ligues mineures, le TPS n'avait plus personne dans ses cages. Le poste de gardien titulaire a été pourvu en dernier, mi-juillet, avec le Jason Elliott, un Canadien de 26 ans venu d'AHL. Néanmoins, on ne peut pas dire que l'effectif ait vraiment baissé en qualité. Mais il faudra attendre de voir si Kimmo Peltonen peut faire oublier Kiprusoff en défense et si Joni Lius peut diriger l'attaque. Le temps que la mayonnaise prenne, le début de saison pourrait être ardu, d'autant que le TPS doit commencer sa saison à l'extérieur parce que l'Elysee Arena est prise par le barrage de coupe Davis entre la Finlande (dont le n°1 Jarkko Nieminen est de la région de Turku) et les Pays-Bas. Mais les recrues ont du métier, par exemple le vétéran Tuomas Gronman, et le TPS espère redevenir "celui gagne toujours à la fin".

Les Blues Espoo se sont encore une fois signalés par un recrutement impressionnant. Le transfert-vedette de l'été est celui du centre défensif Juha Ylönen, l'un des meilleurs joueurs finlandais, qui revient avec un contrat de trois ans au club qui l'a formé et avec qui il a obtenu de nombreuses médailles en équipes de jeunes. Après six saisons de NHL, Ylönen a fui un rythme devenu intenable, qui l'obligeait à être constamment sous anti-inflammatoires pour ne pas ressentir ses problèmes articulaires. Autre retour d'Amérique du Nord, celui de Marko Tuomainen, qui après une saison à Los Angeles a dû pendant deux ans jouer principalement en AHL. Ils complètent une attaque déjà très fournie avec les Tchèques Caloun et Vykoukal et qui pourra compter sur quatre bonnes lignes. La défense devrait s'améliorer avec l'ajout de Sebastian Sulku et Rami Alanko, tandis que Jarmo Myllys fait figure de garantie tous risques. Espoo a donc une très belle équipe... sur le papier, comme toujours. Mais le retour sur investissement du club a la mauvaise habitude d'être assez faible.

Le Kärpät Oulu a perdu énormément de joueurs, dont son meilleur marqueur Lasse Pirjetä, engagé en NHL par Columbus, et son gardien Tim Thomas, dont la place va être disputée entre Niklas Bäckström et Markus Korhonen. Mais il ne sort pas nécessairement perdant de l'intersaison car son potentiel offensif déjà appréciable est encore augmenté par le duo de Petr (Ton et Tenkrat) et Sami Mettovaara. Le club du nord devrait donc gagner pas mal de matches grâce à deux très fortes lignes d'attaque, mais sa défense semble trop inexpérimentée pour qu'il soit ne serait-ce qu'un outsider pour le titre.

L'HPK Hämeenlinna, c'est un peu le contraire des Blues. Ils perdent leurs meilleurs joueurs chaque année, mais parviennent toujours à surprendre, comme l'an passé avec une troisième place. Ils n'ont de nouveau pas été gâtés par le départ de Zdenek Nedved et surtout de Vladimir Vujtek, le fils de l'entraîneur homonyme champion de Russie avec Yaroslavl, mais ont bien réagi en engageant Jan Pardavy. Par contre, la recrue prévue Hannes Hyvönen a fait faux bond au dernier moment pour rejoindre la NHL. Surtout, il sera très difficile d'oublier le capitaine Kimmo Peltonen (TPS), indiscutable leader de la défense. Joni Puurula, 20 ans, confirmé comme titulaire dans les buts après d'excellents play-offs, aura encore beaucoup de travail et l'HPK devra comme toujours compenser par son attaque.

Ilves Tampere risque d'être dans le même cas. Arto Tukio a cédé aux sirènes du Jokerit et les deux piliers étrangers Ivan Majesky et Matt Smith ont eux aussi quitté une défense maintenant livrée à elle-même. Les lynx (Ilves) devront avoir l'œil perçant pour trouver le chemin du but et marquer plus que l'adversaire. Ils comptent pour cela sur leur légendaire leader offensif, le recordman mondial des sélections Raimo Helminen, qui évoluera sur la première ligne aux côtés de son coéquipier en équipe nationale Vesa Viitakoski. Ils seront désormais appuyés par un deuxième bloc mené par les inévitables recrues tchèques, Lubomir Korhon et Petr Vala, qui remplaceront Pettinen et Salmelainen partis en NHL. Ilves devrait pouvoir atteindre les play-offs, mais pourrait être victime d'une surprise d'un club a priori inférieur qui viendrait lui chiper sa place.

Le Lukko Rauma a clairement choisi de faire confiance aux jeunes, et en particulier aux joueurs formés au club. La génération montante pourrait franchir un palier cette année, notamment le gardien Petri Vahanen. Pour encadrer ces jeunes loups, on a engagé deux défenseurs expérimentés, Erik Hämäläinen (37 ans) et Toni Porkka (32 ans). Mais il reste à savoir si les trois nouveaux attaquants canadiens sauront aussi faire profiter de leur expérience les plus jeunes et permettre à ceux-ci de progresser à leur contact. Indéniablement, le potentiel est là et l'on suivra attentivement la pousse de ces graines.

Les Pelicans Lahti sont ceux qui ont le plus souffert du pillage des clubs suédois, voyant partir Kalle Loskinen, Veli-Pekka Lahtinen, Mika Niskanen et le capitaine Toni Koivunen. Il doit également faire son deuil de Kari Eloranta, qui avait brillamment réussi son passage de joueur à entraîneur et qui relève un nouveau challenge à Rapperswil, ainsi que de ses deux meilleurs attaquants Mikko Peltola et Tommi Turunen. Dans un tel contexte, il est difficile d'espérer atteindre à nouveau les play-offs. La seule façade qui est restée intacte est le bon duo de gardiens Pasi Kuivalainen - Pasi Rämö. Pour le reste, il va falloir que Jari Kauppila en attaque et Martin Cech en défense soient de vrais leaders.

L'Ässät Pori joue carrément banco en changeant toutes ses cartes. Dix-sept nouvelles recrues, dont six étrangers sans grandes références, et un entraîneur sans expérience à ce niveau, Mika Toivola, promettent une belle partie de poker. David Duerden, meilleur marqueur de Charlotte en ECHL, doit maintenant prouver qu'il a sa place à la table des initiés. L'international letton Vyacheslav Fanduls, plumé aux Berlin Capitals, a l'intention de se refaire. Quant à Scott Langkow, c'est lui qui a les cartes en main, et il devra rester solide et avoir des nerfs solides derrière une défense improvisée. L'as de pique cache-t-il son jeu ou n'est-ce que du bluff ? Rien ne va plus, les jeux sont faits...

Le JYP Jyväskylä a perdu sa vedette offensive tchèque Petr Ton ainsi que deux piliers de sa défense, Martin Cech et Jarkko Glad. Même si on attend donc beaucoup de la nouvelle recrue Eric Perrin, le JYP aura cette fois du mal à se mêler à la lutte pour les play-offs. Ces ambitions revues à la baisse sont tout de même une chance pour les jeunes de l'équipe qui vont avoir à prendre beaucoup plus de responsabilités.

Il faudra que la star Vladimir Machulda et l'international letton Aigars Cipruss marquent beaucoup de buts pour que le Saipa Lappeenranta ne passe pas une deuxième saison comme lanterne rouge, car sa défense risque encore de souffrir énormément. Du travail en perspective pour le gardien tchèque Tomas Duba... Ceci dit, tout n'est pas noir pour le SaiPa qui a de quoi remonter la pente avec de bons internationaux juniors dans son effectif.

 

La SM-liiga est une ligue fermée pour encore trois ans, ce qui signifie que les clubs de Mestis, la division inférieure, doivent ronger leur frein jusqu'à ce que la nouvelle structure du championnat soit réexaminée à l'issue de la période de test de cinq ans. Cette situation est particulièrement frustrante pour le Jukurit Mikkeli, qui a le niveau pour y monter mais qui ne peut prouver sa valeur qu'en amical, ou à l'occasion de la Coupe Continentale dont il a terminé brillant quatrième l'an passé. Même s'il a perdu certains de ses jeunes, le Jukurit a toujours une bonne équipe avec le recrutement de l'ailier Olli Sipiläinen, qui sort de deux années au JYP. Mais il n'est pas la seule équipe ambitieuse, car les joueurs de NHL Sami Kapanen et Kimmo Timonen ainsi que l'ex-gardien du club Pasi Kuvalainen (Lahti) ont pris des parts dans le Kalpa Kuopio, qui veut lui aussi être fin prêt lorsque les portes de la SM-liiga se réouvriront.

Marc Branchu

 

 

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